Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui se définit lui-même comme « la voix officielle et politique » de la communauté juive de France, a élu le 13 mai 2007 son nouveau président. Une élection qui se place sous le signe de la continuité puisque c’est le vice-président, conseiller du président sortant Roger Cukierman, qui a été élu : Richard Prasquier.
Roger Cukierman, qui ne pouvait plus se représenter à l’issue de ses deux mandats successifs, a connu une présidence quelque peu controversée et les dîners annuels du CRIF, auxquels se rendait néanmoins en bataillons serrés tout le gratin politique fracais, résonnaient en général de ses imprécations et de ses attaques en règle contre la politique « pro-arabe » de la France.
Difficile en effet de faire plus sioniste que lui qui avait épousé une Israélienne et fait toute sa carrière à la Compagnie Financière d’Edmond de Rotschild, grand ami d’Israël.
Son autoritarisme et sa vision particulièrement judéocentrée étaient par ailleurs régulièrement dénoncés.
A tel point qu’en 2005, à l’issue d’un de ces dîners, même le fidèle prosioniste François Fillon, alors ministre l’Education nationale, avait déclaré qu'il ne « trouvait pas normal que [ce dernier] se livre chaque année à une attaque globale de la politique étrangère (…) Ce n'est pas de cette manière là que je conçois le fonctionnement de la République».
De son côté, Alain Minc avait alors dénoncé en ces termes le même discours dans une interview donnée au Figaro: « Si l'on voulait réveiller le fantasme antisémite de la «double allégeance», qui empoisonne la relation des Français juifs avec leur pays depuis 1967, on ne s'y prendrait pas autrement. Lorsqu'on s'exprime au nom des Français juifs, on n'est pas comptable des intérêts légitimes de l'Etat d'Israël. Samedi dernier, M. Cukierman s'est comporté comme un ambassadeur in partibus de l'Etat d'Israël ».
Ce qui n’a du reste pas empêché le premier ministre Dominique de Villepin de se rendre cette année (2007) encore au dîner annuel du CRIF, en janvier, pour y tenir des propos intéressants, que nous évoquerons demain.
Le nouveau président du CRIF, Richard Prasquier, 62 ans, cardiologue, préside également l’association Yad Vashem France, ainsi que la commission « solidarité » de la Fondation pour la mémoire de la shoah. Tout comme son prédécesseur, il compte faire de la « lutte contre l’antisémitisme » son cheval de bataille et a immédiatement rappelé que « toute insulte à l’égard d’un juif doit toucher profondément en tant que citoyen français ».
Avant de rappeler également que le président du CRIF « n’est pas un homme politique, mais un homme qui a un certain nombre de positions et d’engagements qu’il doit mettre en œuvre ». Ce qui est, vous en conviendrez, tout à fait différent.
Le CRIF fédère 64 associations juives. Une partie de son Comité Directeur a également été renouvelé. Ont été élus, par ordre du nombre de voix obtenues :
- Martine Ouaknine, CRIF sud est
- Marc Zerbib, Fonds social juif unifié
- Roger Benarrosch, Alliance israélite universelle
- Meyer Habib, Fédération des sociétés juives de France
- Joseph Roubache, Comité français de l’Association internationale des juristes juifs
- Claude-Gérard Marcus, Judaïsme et liberté
- Bernard Korn-Brzoza, Fonds social juif unifié
- Claude Bloch, Union libérale israélite de France
- Eryck Schekler, Siona
- Maury Amar, Union des cadres juifs de France
- Albert Cohen, Centre Rambam.