Invité
de RTL, le lundi 5 janvier 2009, le président du
Conseil
représentatif des
institutions juives de
France [CRIF
], Richard Prasquier, a déclaré qu'il était «
absolument inconcevable que le conflit israélo-palestinien
se transplante en France. Il n'y a aucune raison que la
France vive le conflit israélo-palestinien. C'est quelque
chose qui a failli survenir, il y a huit ans, au début de
l'Intifada, il n'est pas question que cela recommence ».
Dans la logique de cette déclaration, ce grand humaniste et
ce grand démocrate a annoncé, peu de temps après, qu’il
prendrait la tête d’une délégation (qui comptera dans ses
rangs l’ancien ministre François Léotard, le maire-adjoint
de Neuilly Philippe Karsenty, le journaliste Ivan Levaï,
etc.) qui se rendra - du 10 au 13 janvier 2009 - dans les
territoires de l’entité sioniste pour apporter à celle-ci le
soutien des juifs de France…
De son côté, le « grand » rabbin Gilles Bernheim, qui vient
de prendre ses fonctions le 1er janvier 2009 a estimé sur
les ondes d’une radio commerciale « les responsables
communautaires juifs comme musulmans devaient redoubler
d’ardeur pour que le conflit du Proche-Orient ne se
transfère pas dans la société française ».
C’est sans doute pour cette raison qu’il s’était fait
remarquer, le 4 janvier 2009, lors d’un rassemblement de
soutien aux crimes de l’armée israélienne devant l’ambassade
israélienne à Paris. Comme si les représentants politiques
du sionisme en France, ne suffisaient pas pour exciter leurs
sympathisants à la haine raciale, le « grand »
rabbin Bernheim avait tenu, par sa
présence, à y ajouter une dimension religieuse, en prenant
officiellement la parole devant les manifestants.
Ainsi, pour le président du Crif, comme pour
celui du consistoire israélite, il est anormal que les
musulmans français puissent manifester leur soutien à la
résistance palestinienne, alors qu’eux même peuvent se
solidariser avec l’entité sioniste sans que personne n’ait
le droit de s’en scandaliser.
Pourtant, ce ne sont pas les Français issus de l’immigration
qui ont importé en France le conflit palestino-sioniste,
mais tout au contraire Prasquier, Bernheim, leurs
prédécesseurs, leurs amis et leurs affidés… Ce sont eux qui,
depuis des décennies, à l’imitation du lobby sioniste à
l’œuvre aux USA, jugent les hommes politiques français à
l’aune de leur sympathie pour l’entité. Ce sont eux qui dans
les annuels dîners du Crif s’arrogent le droit
de juger la politique étrangère française et de décerner
blâmes et satisfecit. Ce sont eux qui accordent aux partis
politiques français, aux historiens, aux artistes, etc., des
brevets de cacherout et malheurs à ceux qui ne le reçoivent
pas…
Mais il se peut bien que quelque chose ait changé ces
dernières semaines, il se peu qu’un mouvement de fond que
nous percevions depuis plusieurs années (nous l’évoquions
dans le n° 29 de Résistance, en décembre 2005) soit devenu
apparent pour tous, et c’est cela qui fait peur à Prasquier
et à Bernheim. Depuis trois décennies, tout a été fait pour
que les Français d’origine non-européenne n’aient pas de
représentation propre. Tout a été fait pour que leur parole
soit déléguée à des structures étroitement tenues en laisse
par des cadres politiques qui n’avaient qu’une seule peur :
que les masses populaires issues de l’immigration prennent
leur autonomie politique et se dotent de leurs porte-paroles
organiques. Tous avaient bien compris que si cela advenait,
tout pourrait changer... en particulier l’intouchabilité du
lobby dont le Crif est le vaisseau amiral.
Ainsi tout a été fait pour marginaliser et criminaliser les
structures indépendantes et rebelles (on pensera par exemple
au Mouvement de l’immigration et des banlieues, au Parti des
musulmans de France, au Mouvement des damnés de
l’impérialisme ou à Dieudonné et à sa mouvance) dans le même
temps où on mettait en avant SOS-Racisme,
Putes et soumises, etc..
Or, le soutient à la résistance gazaouie prouve soudain que
l’opération a échouée. Le meilleur symbole en est sans doute
l’apparition de Dieudonné à la dernière manifestation
parisienne et le triomphe que lui a réservé la foule au
grand dam des services d’ordre des partis collabos de
Besancenot et Buffet, soudain incapables de contrôler
quoique ce soit (1).
Un Dieudonné que la presse traînait dans la boue depuis son
courageux zénith et qui voyait ses spectacles annulés les
uns après les autres, et dont tout le monde a pu vérifier
que sa popularité n’avait pas faiblie, tout au contraire.
Pour notre part, nous ne pouvons que nous réjouir de cette
situation. Il y a longtemps que nous répétons le slogan « la
libération de la France passe par celle de la Palestine » et
nous sommes plus que jamais convaincus de son actualité.
Christian Bouchet