|
|
le Français Siné: en France !
| Depuis l'été 2008, le dessinateur Siné que Pierre Desproges
aurait traité en son temps de «seul gauchiste d'extrême droite en
France » a vu sa
réputation quelque peu égratignée. Georges Brassens en
avait fait une magnifique chanson que Siné peut désormais fredonner
ou plutôt, suivant son tempérament, hurler : « Au village, sans prétention, J'ai mauvaise réputation. Tout le monde médit de moi, Pas besoin d'être Jérémie, Pour deviner le sort qui m'est promis, Sils trouvent une corde à leur goût, Ils me la passeront au cou. » Son crime ? Une rubrique-coup de gueule consacrée à un bellâtre de Jet-Set au nom qui dit quelque chose à tout Français : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet (encore lui !) a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! » Siné n'a pas (encore) été jeté en prison, mais l'a été aussitôt par dessus le bord de l'hebdomadaire Charlie Hebdo où il tenait rubrique, et poursuivi en justice pour «incitation à la haine raciale » par [l'organisation juive] la Licra ["L'Italie a sa Mafia, la France a sa Licra", disait Garaudy]. Il aurait pu pleurnicher ou faire repentance, mais a préféré rendre coup pour coup. Soit par tempérament, soit parce qu'il avait peut-être compris que lorsqu'on franchit une certaine ligne jaune, ou qu'on est accusé de l'avoir fait, la cause est entendue. Alors, sans doute s'est-il dit qu'autant tomber au champ de bataille, pour l'honneur. Siné a ainsi créé son propre hebdomadaire satirique, Siné Hebdo et a collecté une trentaine d'attestations de « bonne moralité » comme les demoiselles fournissaient à une époque des certificats de virginité pour pouvoir se marier, et sélectionné une brochette de témoins dignes de la seule moralité qui compte en pareil cas : celle de gauche (Guy Bedos, Artiste et délégué de la Ligue des Droits de l'Homme ; Delfeil De Ton, Journaliste au Nouvel Observateur ; Gérard Filoche, Inspecteur du travail, Co-fondateur de SOS Racisme ; Sid Ahmed Ghozali Ancien 1er Ministre algérien, opposant au FIS, entre autres...). Fort de telles troupes, il a comparu (le 28-1-2009) à Lyon où le parquet a requis sa relaxe, au grand dam de l'écrivain [juif] Bernard-Henri Lévy, venu témoigner contre lui, qui a pleurniché à son tour qu'une relaxe serait « un signe épouvantable (envoyé) à notre pays ». Le jugement a été mis en délibéré au 24 février 2009. Décidément, la lutte contre l'antisémitisme n'est pas un long fleuve tranquille. Le dessinateur Siné peut en témoigner. Après bien d'autres tels le philosophe communiste Roger Garaudy et l'humoriste Dieudonné. Ou l'Abbé Pierre, personnalité préférée des Français dix-sept année de suite. Avec leurs persécutions contre leurs adversaires les juifs risquent de se retrouver un jour, ni plus ni moins, comme des arroseurs arrosés, des docteurs Frankenstein dont la créature démoniaque (persécutions) s'est retournée contre eux. Ce qui est sûr, une fois de plus, c'est bien que Jupiter rend fou ceux qu'il veut perdre. **** BHL, nouvel auxiliaire de justice Son goût des plateaux de télévision était connu. Celui des tribunaux, moins. En l'espace de deux jours, le propagandiste juif Bernard-Henri Lévy a témoigné dans le cadre de deux procès différents dans la même ville, Lyon, où se jugent, à quelques centaines de mètres de distance, l'affaire du caricaturiste Siné, accusé "d'antisémitisme" par ses détracteurs juifs, et un meurtre auquel les juifs veulent donner une dimension "raciste". Les deux affaires n'ont absolument rien à voir l'une avec l'autre si ce n'est cette double intervention de BHL, qui a participé aux débats judiciaires en tant que «grand témoin» [sous entendu: propagandiste juif dans la chasse juif aux "sorciers" !!] un terme qui n'existe pas dans le code de procédure pénale, mais dont a été affublé l'ancien "nouveau philosophe" par ceux qui lui ont demandé de venir déposer à la barre. La première affaire est, de loin, la plus médiatique. Le dessinateur Maurice Sinet, alias Siné, est poursuivi par la Licra devant la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon pour «provocation et incitation à la haine raciale» après la publication dans Charlie Hebdo, en juillet 2008, d'une chronique sur la conversion au judaïsme de Jean Sarkozy (le fils du chef de l'Etat) à l'occasion de son mariage avec l'héritière juive de Darty. Déclenchée par une indignation publique du journaliste juif Claude Askolovitch au micro de RTL, cette affaire avait, en son temps, fait grand bruit dans le landernau intellectuel et journalistique juif parisien, entraînant dans son sillage le limogeage de Siné de l'hebdomadaire satirique dirigé par Philippe Val, qui n'est pas le dernier des contempteurs du caricaturiste. Bernard-Henri Lévy est venu témoigner, mardi 27 janvier 2009, à la barre du tribunal correctionnel de Lyon à la demande de la Licra. Escorté de plusieurs gardes du corps, le "philosophe" juif est arrivé au milieu d'un essaim de journalistes. A la barre, pendant près d'une heure, BHL a expliqué pourquoi les écrits de Siné étaient "antisémites", une thèse – contestée par les uns, défendue par les autres – qu'il avait développée dans les colonnes du Monde au plus fort de la polémique. D'où parle BHL? Du haut de son expérience, dit-il. Cela fait «plus de quarante ans que j'étudie l'histoire de la pensée», affirme-t-il au tribunal, expliquant ainsi pourquoi il a accepté l'invitation de la Licra à témoigner à charge contre Siné. L'Histoire pour témoin Revendiquant «l'absolue liberté d'expression», l'écrivain rappelle toutefois qu'il existe «une ligne jaune constituée par le racisme et l'antisémitisme» que le dessinateur de Charlie Hebdo a, selon lui, mordu avec sa plume. BHL reproche à Siné d'avoir «réactivé un vieil antisémitisme» en agitant le «stéréotype [du] juif et de l'argent». Une association que les avocats de Siné ne décèlent pas, pour leur part, dans la chronique du prévenu. Le président du tribunal, Fernand Schir, engage ensuite les débats sur le terrain de la philosophie et cite le magistrat-blogueur Philippe Bilger selon lequel, pour qu'il y ait antisémitisme, il faut un passage du singulier au pluriel. BHL rétorque que non: «Le passage du singulier au pluriel n'a pas à être fait pour que l'infraction soit constatée [...] L'antisémitisme, c'est toujours un singulier qui vaut pluriel.» A plusieurs reprises, l'écrivain invoque l'affaire du juif Dreyfus, symbole, d'après lui, de l'antisémitisme d'aujourd'hui, pour nourrir son argumentaire: «Ceux qui attaquaient Dreyfus disaient qu'il était comme-ci, comme-ça. Ils ne disaient pas qu'il était juif mais tout le monde comprenait.» Il précise que dans le «domaine hautement inflammable qu'est le domaine du racisme et de l'antisémitisme, il n'y a pas besoin d'être explicite». «C'est le propre du crime raciste – cela est constant dans l'histoire de l'humanité moderne – de très rarement s'avouer comme tel», théorise le propagandiste juif, qui n'hésite pas à convoquer les écrits d'Hannah Arendt sur Adolf Eichmann ou à rappeler la propension de Céline à refuser de se considérer comme antisémite. Après sa déposition, Bernard-Henri Lévy est interrogé, hors prétoire, par quelques journalistes. Un reporter de l’AFP lui demande: «Après ce que vous avez dit, comment prouve-t-on que l’on n’est pas raciste?» Le propagandiste, qui a "fait de l’étude historique et de la philosophie politique" une charge suffisante pour accabler l’accusé, ne répond pas. Je lui demande à mon tour s’il ne pense pas qu’avec son témoignage dans l’affaire Siné et celui-ci, aux assises, il y a un risque potentiel de basculer dans une justice médiatique qui s’affranchirait des règles du droit au profit de celles de la pensée et de l’émotion. Il me répond: «Si c’est le cas, ce sera de votrefaute, à vous, journalistes. Moi, je suis là pour dire ce qui est raciste et ce qui est antisémite.» |
|
FRENCH |
ENGLISH |
|
|
|
|
|
|
