"Tous les Palestiniens doivent être tués ; les hommes, les femmes, les enfants, et même leur bétail". Ceci est un commandement religieux [Fatoua] émis le 5 février 2009 par le rabbin Yisrael Rosen, directeur de l’Institut Tsomet, un institut  religieux - pour les étudiants et les soldats - et établi de longue date dans les colonies israéliennes de Cisjordanie. Dans un article publié deux semaines auparavant par de nombreux journaux religieux israéliens, et repris par le journal de gauche Haaretz, Rosen affirme qu’il y a des éléments dans la Torah [la bible juive] justifiant ce commandement religieux. Rosen, qui a autorité "religieuse" juive pour émettre des interprétations et commandements religieux, a écrit que:

 Il écrit que le dieux des juifs: "a émis dans la Torah un commandement qui a ordonné aux Juifs de tuer les Amalécites", et que: "ce commandement est reconnu comme faisant partie de la jurisprudence religieuse juive."
 

Commandement de la Thorah

L’article de Rosen, qui a été bien accueilli en Israël, incluait le commandement de la Torah juive qui ordonne aux juifs :

Rosen ajoute que:

Le "grand" rabbin Rosen exige:

Rosen n’hésite pas à définir les Palestiniens comme des "Amalécites de notre époque". Il écrit : "Ceux qui sèment la terreur [les résistants palestiniens] sont des Amalécites, et nous devons y répondre avec la haine. Pour que nous obtenions la victoire, Nous devons extirper de nous  toute pitié envers eux ".
 

La plupart des rabbins en Israël qui promulguent des commandements religieux soutiennent les points de vue du rabbin Rosen

La plupart des rabbins autorisés à émettre des commandements religieux partagent les vues du rabbin Rosen, comme l’a confirmé le journal Haaretz. A la tête de tous ceux partageant ces vues, se trouve le rabbin Mordechai Eliyahu, qui représente l’autorité la plus reconnue au sein du mouvement religieux en Israël, et qui a été le rabbin en chef de l’Est d’Israël. L’opinion de Rosen est également partagée par le rabbin Dov Lior, président du Conseil des rabbins de Judée et Samarie (la Cisjordanie), et le rabbin Shmuel Eliyahu qui est le rabbin en chef de Safed et candidat au poste de rabbin en chef d’Israël. Un grand nombre de leaders politiques israéliens ont également fait état de leur approbation concernant la "fatoua"  du rabbin Rosen,  y compris Uri Lubiansky, le maire de Jérusalem.

Un grand nombre de rabbins conduits par Daniel Satobsky a aussi émis un commandement adressé à la jeunesse juive et "à tous ceux croyant en la Torah", selon lequel il fallait se venger sur les Palestiniens le plus rapidement possible. Un autre groupe de rabbins juifs influents a émis un commandement religieux permettant à l’armée israélienne de bombarder les zones civiles palestiniennes. Ce commandement est émis par "l’Association des rabbins de la Terre d’Israël ", et il décrète que les lois religieuses juives permettent le bombardement des zones palestiniennes d’habitation civile."

Il y a une semaine, le rabbin Eliyahu Kinvinsly qui représente l'un des plus hauts niveaux des autorités religieuses juive, a émis un commandement religieux interdisant l’emploi d’Arabes, notamment dans les écoles religieuses. Ce commandement religieux fait suite à un autre commandement émis par le rabbin Lior interdisant l’emploi d’Arabes dans des quartiers juifs. En vue de renforcer l’ambiance permettant à des organisations juives de continuer à attaquer les citoyens palestiniens, le rabbin Israël Ariel, l’un des rabbins les plus renommés du complexe de colonies situées en Cisjordanie, a aussi récemment émis un similaire commandement religieux.

Le journal Haaretz a noté que ce que le rabbin Ariel tentait de faire passer via son commandement religieux était en réalité déjà mis en œuvre. Le premier cas est arrivé au tribunal de Kfar Saba qui a ordonné la relaxe d’une jeune femme juive dénommée Tsevia Teshreal, qui avait attaqué un fermier palestinien au cœur de la Cisjordanie. Et il y a des autorités religieuses juives qui glorifient le meurtre et célèbrent les louanges de terroristes, telles que le rabbin Yitzhaq Ginsburg, un grand rabbin d'Israël qui a publié un livre intitulé "Baruch ce héros", en mémoire de Baruch Goldstein qui a commis le massacre de la mosquée Ibrahimi en 1994, lorsque - sans raison - il a ouvert le feu tuant 29 Palestiniens qui étaient en train de faire la prière, à Hébron dans la partie sud de la Cisjordanie. Ginsburg estime son action "honorable et glorieuse".

Le danger représenté par de telles "fatoua" religieuses est basé sur le fait que les autorités religieuses les émettant bénéficient d’un grand respect parmi la jeunesse religieuse juive. Alors même que seulement 28 % de la population d’Israël est religieuse, plus de 50 % des Israéliens se définissent comme conservateurs et accordent un grand crédit énorme aux commandements émis par les autorités religieuses juives. Selon une étude menée par le Département des Sciences sociales à l’Université Bar Ilan, plus de 90 % de ceux qui se disent religieux estiment que si les lois étatiques et les consignes gouvernementales sont sans rapport avec le contenu des commandement religieux émis par les rabbins, alors ils doivent outrepasser les premières et agir conformément aux secondes.

Ce qui permet à ces commandement religieux racistes d’avoir un impact bien plus étendu et approfondi, c’est qu’au cours de la dernière décennie les adeptes du courant religieux, qui forment 10 % de la population, ont tenté de prendre le contrôle de l’armée et du complexe sécuritaire. Ils y arrivent en se portant volontaires pour servir dans les unités spéciales de combat. Le porte-parole de l’armée israélienne dit qu'ils représentent plus de 50 % des officiers de l’armée israélienne et plus de 60 % des commandants des unités spéciales. Selon un sondage effectué par le Centre interdisciplinaire d’Herzliya auprès d’officiers et soldats religieux et publié l’année dernière, plus de 95 % des officiers et soldats religieux disent qu’ils exécuteront les ordres du gouvernement élu et des dirigeants au sein de l’armée seulement s’ils sont en adéquation avec les commandements religieux: émises par les rabbins influents et les autorités religieuses.
 

Des députés arabes de la Kneset dénoncent ces rabbins représentatif de la "religion" juive qui incitent à l'extermination des non-juifs

Wasil Taha, un Arabe membre de la Knesset relevant du parti Tajammu qui était dirigé par Azmi Bishara, dit que ces commandements religieux mènent à ce que des crimes soient commis. Il mentionne les commandements religieux émis par plusieurs rabbins qui ont conduit à l’assassinat même d'Yitzhak Rabbin de accusé par eux de vouloir négocier avec les "Amalécites" voués à l'extermination. Il pose la question : "Si c’est ce qui arrive lorsque les commandements religieux incitent à des attaques contre des dirigeants juifs tels que Rabbin, quelle sera la situation lorsqu’ils inciteront à des attaques contre les dirigeants palestiniens et le public palestinien ? ". "Nous, les dirigeants arabes, avons commencé à nous sentir moins en sécurité après ce flot d’commandements religieux, et nous nous rendons compte que cette question exige une grande attention lors de nos déplacements, car nous sommes certains qu’il y a des gens qui cherchent à mettre en œuvre ces commandements" a-t-il déclaré à Al Ahram Weekly.

Quant au rôle du gouvernement et des responsables politiques vis-à-vis de ces commandements religieux Taha ajoute : "Les ministres du gouvernement israélien et les membres de la Knesset sont en compétition et concurrence lorsqu’il s’agit d'inciter les juifs contre les Palestiniens, et ils n’hésitent pas à menacer d’expulsion les Palestiniens - même de  nationalité israélienne - de leur propre terre en Israël et de les jeter à l’extérieur des frontières d’Israël. Une telle menace est formulée par exemple par Avidgor Lieberman et le député Effi Eitam". Il note que les citoyens palestiniens en Israël ont commencé à prendre de larges mesures de précaution depuis l’émission de ces commandements religieux, y compris des mesures sécuritaires autour des mosquées et des bâtiments publics, et en informant les officiels lorsqu’ils font des manifestations publiques, de façon à ce que les membres des organisations terroristes juives soient empêchés de passer aux actes attaquer ces manifestations. Taha indique que les couches de la population palestinienne les plus susceptibles d'être d’attaquées sont celles vivant au sein de diverses villes habitées par les Juifs et les Arabes, telles que Haïfa, Jaffa, Lod, Ramlé et Jérusalem.

L'influence dangereuse de ces rabbins sur les juifs et leurs institutions

L’écrivain et chercheur palestinien Abdel Hakim Mufid, de la ville arabe e Israël - Umm Al Fahem - est d’avis que les rabbins ont gagné une influence majeure en raison de l’adéquation entre la rhétorique officielle et celle des rabbins. Mufid note que les institutions israéliennes officielles n’ont pas tenté de faire face à la rhétorique exterminations exprimée dans ces commandements religieux, et elles ne sont en mesure de le faire. Il indique au Weekly : "La plupart des rabbins qui émettent ces commandements exterminationnistes religieux de nature raciste sont des fonctionnaires officiels au sein des institutions étatiques, et y perçoivent leurs salaires".

Mufid précise que, lorsque les institutions politiques étatiques et  officielles sont en situation de crise, le consensus juif sioniste est largement renforcé par ces commandements religieux ; il donne comme exemple ceux émis par le rabbin Meir Kahane au début des années 1980 en vue de justifier son appel à expulser de force tous les Palestiniens. Mufid ajoute qu' en pratique, l’Etat d'Israël encourage tous ceux qui tuent les Palestiniens, et souligne la façon dont le gouvernement israélien a traité le cas des recommandations de la Commission Orr qui a mené une enquête sur le meurtre de 13 Palestiniens détenant de nationalité israélienne en octobre 2000. Le gouvernement a fait clore le dossier, alors même que la commission a confirmé que la police avait agi avec brutalité à l’encontre de citoyens palestiniens. Mufid émet l’idée que, ce qui fait de la rhétorique raciste juive  propagée par les rabbins si influente, c’est l’absence de mobilisation pour la combattre.

http://www.france-palestine.org/imprimersans.php3?id_article=8706http://weekly.ahram.org.eg/2008/892/re72.htm