9
Louis
Martin-Chauffier
Il
est intermédiaire entre les
témoins mineurs qu'il dépasse en
essayant de dominer ou tout au moins d'expliquer
doctement les événements qu'il a
vécus, et les grands ténors comme
David Rousset
dont il n'a pas la puissance d'analyse ou comme
Eugen Kogon,
dont il n'a ni la précision, ni la
minutie. A ce titre, et compte tenu de la place
qu'il occupe dans la littérature et le
journalisme d'après-guerre, il ne pouvait
être classé ni dans les premiers,
ni dans les seconds. C'est un littérateur
de métier.
Il appartient à cette catégorie
d'auteurs qu'on dit engagés. Il s'engage,
mais il se dégage aussi souvent -- pour
se réengager, car l'engagement est chez
lui une seconde nature. On l'a connu communisant
-- sur le tard -- il est maintenant
anticommuniste. Probablement, d'ailleurs, pour
les mêmes raisons et dans les mêmes
circonstances: la mode.
Il ne pouvait pas ne pas témoigner sur
les camps de concentration. D'abord parce que sa
raison sociale est d'écrire. Ensuite,
parce qu'il avait besoin de se donner à
lui-même une explication de
l'événement qui l'avait
frappé. Il en a fait profiter les autres.
Sans doute ne s'est-il pas aperçu qu'il
disait comme tout le monde, à la
façon de s'exprimer près.
Titre du témoignage: L'Homme et la
Bête, 1948, chez Gallimard.
Originalité: A vu les boîtes de
carton qui contenaient la margarine --
tirée de la houille, bien entendu --
qu'on nous distribuait, affublées de la
mention: "Garanti sans matière grasse"
(Page 95. Déj
à
cité).
Témoignage qui est un long raisonnement
par référence à des faits
que l'auteur caractérise
antérieurement à toute
réflexion morale ou autre.
[page 144]
TYPE
DE RAISONNEMENT
Avant d'être déporté
à Neuengamme, Louis Martin-Chauffier a
séjourné à
Compiègne-Royallieu; il y a connu le
capitaine Douce, qui était alors doyen du
camp. Voici le jugement qu'il porte sur
lui:
- "M.
le Capitaine Douce, "doyen" du camp et
zélé serviteur de ceux qui lui
avaient confié cette place de choix,
juché sur une table, faisait son
compte à haute voix, en fumant sans
arrêt des cigarettes qui nous avaient
été refusées contre le
règlement." (Page
51.)
A
Neuengamme, il a connu André qui
était un des premiers personnages du
camp, fonctionnaire d'autorité choisi par
les S.S. parmi les détenus. Voici le
portrait qu'il en fait:
- "
Etroitement surveillé par les S.S.,
espèce des plus méfiantes, il
était, pour pouvoir tenir le
rôle qu'il avait choisi, et non sans
peine, obtenu de jouer, contraint de parler
rude aux détenus, de se montrer brutal
en paroles, insensible, inflexible. Il savait
que la moindre faiblesse entraînerait
une dénonciation et son renvoi
immédiat. La plupart se laissaient
prendre à ses façons, le
croyaient complice des S.S., leur
créature, notre ennemi. Comme il
était responsable des départs
et des attributions de postes, on lui
imputait à charge tous ceux qu'il
envoyait aux Kommandos, avec une
indifférence apparente, sans tenir
compte des prières, des plaintes, des
récriminations Quant un millier de
déportés devaient partir en
Kommandos et que 990 seulement étaient
enfournés dans des wagons à
bestiaux, on ne se représentait pas
toutes les ruses qu'avait employées
André, tous les risques qu'il avait
courus, pour soustraire dix hommes à
une mort probable Il se savait
généralement
détesté ou suspect. Il avait
choisi de l'être,
préférant le service rendu
à l'estime
"Tel que j'ai vu André, il acceptait
d'une âme égale la
cordialité menaçante des S.S.,
la servilité complice des Kapos et des
chefs de block, l'hostilité de la
masse. Je crois qu'il avait surmonté
l'humiliation, remplacé sa propre
vertu par une sorte de pureté
glacée, étrangère
à lui-même. Il avait
renoncé à son être, en
faveur d'un [page 145] devoir qui,
à ses yeux, méritait cette
soumission." (Pages
167-168-169.)
Ainsi, de
deux hommes qui remplissent les mêmes
fonctions, l'un a droit à la
sévérité laconique et au
mépris de l'auteur, tandis que l'autre
bénéficie, non seulement de son
indulgence approbative, mais encore de son
admiration. Si on approfondit, on apprend,
à la lecture de l'ouvrage, que le second
a rendu un service appréciable à
Martin-Chauffier, dans une circonstance qui
mettait sa vie en danger. Je n'ai pas connu le
capitaine Douce à Compiègne, mais
il est fort probable que, par rapport à
André, son seul tort est de n'avoir pas
su choisir les gens auxquels il rendait des
services --
car
il avait certainement, lui aussi, ses clients et
d'avoir des connaissances littéraires
trop limitées pour savoir qu'il y avait,
dans son doyenné, un certain nombre de
Martin-Chauffier
et Martin-Chauffier lui-même.
Il n'est d'ailleurs pas superflu d'ajouter que
ce raisonnement postule:
- "
J'ai toujours admiré, avec un peu
d'effroi et quelque répulsion, CEUX
qui, pour le service de leur patrie ou d'une
cause qu'ils estiment juste, choisissent
toutes les conséquences de la
duplicité: ou la défiance
méprisante de l'adversaire qui les
emploie, ou sa confiance S'IL LES abuse; et
le dégoût de ses compagnons de
combat, qui voient en LUI un traître;
et la camaraderie abjecte des traîtres
authentiques ou des simples vendus qui, LE
voyant attaché à la même
besogne, LE considèrent comme L'UN des
leurs. Il y faut un renoncement à
soi-même qui me dépasse, un
artifice qui me confond et me rebrousse.
"1
(Page 168.)
On se
demande ce que les avocats de Pétain
attendent pour prendre texte de cet argument qui
tient toute sa saveur [page 146]
d'être né sous la plume d'un des
plus beaux fleurons du crypto-communisme. Si la
mode revient au Pétainisme,
Martin-Chauffier, en tout cas, pourra en retirer
quelque fierté, et peut-être
quelque profit.
AUTRE TYPE DE RAISONNEMENT.
Au camp,
l'auteur converse avec un médecin qui lui
dit:
- "
Il y a actuellement dans le camp trois fois
plus de malades que je n'en puis accueillir.
La guerre sera finie dans cinq ou six mois,
au plus tard. Il s'agit pour moi de faire
tenir le coup au plus grand nombre possible.
J'ai choisi. Vous et d'autres, vous vous
remettez lentement. Si je vous renvoie au
camp dans cet état et dans cette
saison (on était à la fin de
décembre), vous serez morts en trois
semaines. Je vous garde. Et --
écoutez-moi bien -- je fais entrer
ceux qui ne sont pas très gravement
atteints, qu'un séjour au Revier peut
sauver. Ceux qui sont perdus, je les
refuse2.
Je ne peux pas me payer le luxe de les
accueillir pour leur offrir une mort
paisible. Ce que j'assure, c'est la garde des
vivants. Les autres mourront huit jours plus
tôt: de toutes façons, ils
seraient morts trop tôt. Tant pis, je
ne fais pas de sentiment, je fais de
l'efficacité. C'est mon
rôle.
"Tous mes confrères sont d'accord avec
moi, c'est la voie just.e Chaque fois que je
refuse l'entrée à un moribond
et qu'il me regarde avec stupeur, avec
effroi, avec reproche, je voudrais lui
expliquer que j'échange sa vie perdue
contre une vie peut-être sauvée.
Il ne comprendrait pas, etc. " (Page
190.)
Sur
place, j'avais déjà
éprouvé qu'on pouvait entrer au
Revier3
et y être soigné
--
relativement
--
pour
des motifs parmi lesquels la maladie ou sa
gravité n'étaient parfois que
secondaires: entregent, piston,
nécessité politique, etc. Je
portais le fait au compte des conditions
générales de vie. Si par
surcroît, des médecins
détenus ont fait le raisonnement que
Martin-Chauffier prête à celui-ci,
il convient de l'enregistrer comme argument
philosophique, et de la faire [page 147]
entrer comme élément causal
à côté du "sadisme" des S.
S, dans l'explication du nombre des morts. Car,
il faut beaucoup de science, d'assurance et
aussi de présomption à un
médecin pour déterminer en
quelques minutes, qui peut être
sauvé et qui ne le peut pas. Et j'ai bien
peur que, s'il en a été ainsi, les
médecins ayant fait ce premier pas vers
une conception nouvelle du comportement dans la
profession, ne soient progressivement
arrivés à en faire un second,
à se demander, non plus qui peut, mais
qui doit être sauvé et qui ne le
doit pas, et à résoudre ce cas de
conscience par référence à
des impératifs
extra-thérapeutiques.
LE REGIME DES CAMPS.
- "Le
traitement que nous infligeaient les S.S.
était la mise en oeuvre d'un plan
concerté en haut lieu. Il pouvait
comporter des raffinements, des
embellissements, des fioritures, dus à
l'initiative, aux fantaisies, aux goûts
du chef de camp: le sadisme a des nuances. Le
dessein général était
déterminé. Avant de nous tuer
ou de nous faire mourir, il fallait nous
avilir." (Page 85.)
Sous
l'occupation, il existait en France une
Association des familles de
Déportés et d'Internés
politiques. Si une famille s'adressait à
elle pour avoir des renseignements sur le sort
de son déporté, elle recevait, en
transmission, un rapport venant de ce "haut
lieu" allemand.
Voici ce
rapport4:
- "Camp
de Weimar. - -Le camp est situé
à 9 km de Weimar et y est relié
par une voie ferrée. Il est à
800 m d'altitude.
"Il comporte trois enceintes de
barbelés concentriques. Dans la
première enceinte, les baraques des
prisonniers, entre la première et la
deuxième enceinte, les usines et les
ateliers où l'on fabrique des
accessoires de T.S.F., des pièces de
mécanique, etc.
"Entre la deuxième et la
troisième enceinte s'étend un
terrain non bâti que l'on finit de
déboiser et où l'on exploite
les routes du camp et du petit chemin de
fer.
[page 148]
"La première enceinte de
barbelés est électrifiée
et jalonnée de myriades de miradors en
haut desquels se trouvent trois hommes
armés. Pas de sentinelles à la
deuxième et à la
troisième enceintes, mais, dans
l'enclos des usines, il y a une caserne de
S.S.; ils font, pendant la nuit, des
patrouilles avec les chiens, ainsi que dans
la troisième enceinte.
"Le camp se développe sur 8 km et
contient 30.000 internés environ. Au
début du régime nazi, des
opposants y étaient internés.
Sur la population, il y a moitié
Français, moitié
étrangers, Allemands antinazis, mais
qui restent Allemands et qui fournissent la
plupart des chefs de block. Il y a aussi des
Russes, parmi lesquels des officiers de
l'Armée rouge, des Hongrois, des
Polonais, des Belges, des Hollandais,
etc.
"Le règlement du camp est le
suivant:
- "4
h 30: Lever, toilette surveillée
torse nu, lavage du corps obligatoire.
"5 h 30: 500 cm3 de potage ou café,
avec 450 g de pain (parfois ils ont moins
de pain, mais ils ont une ration de pommes
de terre de bonne qualité,
abondante); 30 g de margarine, une
rondelle de saucisson ou un morceau de
fromage
"12 heures: Un café.
"18 h 30: Un litre de bonne soupe
épaisse.
- "Le
matin, à 6 heures, départ pour
le travail. Le rassemblement se fait par
emploi, usine, carrière,
bûcheronnage, etc. Dans chaque
détachement les hommes se placent par
rang de cinq et se tiennent par le bras pour
que les rangs soient bien alignés et
séparés. Puis l'on part,
musique en tête (constituée de
70 à 80 exécutants, des
internés en uniforme: pantalon rouge,
veste bleue à parements noirs).
"L'état sanitaire du camp est
très bon. A la tête se trouve le
professeur Richet, déporté.
Visite médicale chaque jour. Il y a de
nombreux médecins, une infirmerie et
un hôpital, comme au régiment.
Les internés portent le costume des
forçats allemands en drap artificiel
relativement chaud. Leur linge a
été désinfecté
à l'arrivée. Ils ont une
couverture pour deux hommes.
"Il n'y a pas de chapelle au camp. Il y a
pourtant de nombreux prêtres parmi les
internés, mais qui, en
général, ont dissimulé
leur qualité. Ces prêtres
réunissent les fidèles pour des
causeries, récitation de chapelets,
etc.
[page 149]
"LOISIRS. -- Liberté complète
dans le camp le dimanche après-midi.
Cette soirée est
agrémentée de
représentations données par une
troupe théâtrale
organisée par les internés.
Cinéma, une ou deux fois par semaine
(films allemands), T.S.F. dans chaque baraque
(communiqués allemands). Beaux
concerts donnés par l'orchestre des
prisonniers.
"Tous les prisonniers sont d'accord pour
trouver qu'ils sont mieux à Weimar
qu'ils ne l'étaient à Fresnes
ou dans les autres prisons
françaises.
"Nous rappelons aux familles des
déportés que le bombardement
allié des usines de Weimar, qui a eu
lieu vers la fin août, n'a fait aucune
victime parmi les déportés du
camp.
"Nous rappelons aussi que la plupart des
trains partis de Compiègne et de
Fresnes, en août 1944, étaient
dirigés sur Weimar."
Jean
Puissant, qui a cité ce texte, le fait
suivre de cette appréciation: monument de
fourberie et de mensonges.
Evidemment, il est écrit dans un style
bienveillant. On n'y dit pas que, dans les
ateliers de Buchenwald, les pièces
détachées de mécanique
qu'on fabrique sont des armes. On n'y parle pas
des pendaisons pour sabotage, des appels et
contre-appels, des conditions de travail, des
châtiments corporels. On ne précise
pas que la liberté du dimanche
après-midi est limitée par les
aléas de la vie de quartier, ni que si
les prêtres réunissent leurs
fidèles pour des causeries ou des
prières, que l'ambiance pourrait
assimiler à des complots, c'est
clandestinement et au risque de cruelles
tracasseries. On y ment même quand on
prétend que les déportés
s'y trouvaient mieux que dans les prisons
françaises, que le bombardement
d'août 1944 n'a fait aucune victime parmi
les internés, ou que la plupart des
trains partis de Compiègne ou de Fresnes
à cette date étaient
dirigés sur Weimar.
Mais, tel
qu'il est, ce texte est plus près de la
vérité que le témoignage de
Frère Birin, notamment quant à la
nourriture. Et il reste qu'il est un
résumé du règlement des
camps tel qu'il a été
établi dans les sphères
dirigeantes du nazisme. Qu'il n'ait pas
été appliqué est certain.
L'Histoire dira pourquoi. Vraisemblablement elle
retiendra la guerre comme cause majeure, le
principe de l'administration des camps par des
détenus eux-mêmes, et aussi les
altérations que, dans une administration
hiérarchisée, tous les ordres
subissent en descendant du sommet vers la base.
Ainsi en est-il, au [page 150]
régiment, des ordres du colonel traduit
sur le front des troupes par l'adjudant et dont
la responsabilité incombe au caporal
quant à l 'exécution: tout le
monde sait que, dans une caserne, c'est l
'adjudant qui est dangereux et non le colonel.
Ainsi en est-il en France, des règlements
d'administration publique qui concernent les
colonies: ils sont rédigés dans un
esprit qui concorde avec la peinture de la vie
aux colonies que font tous les maîtres de
toutes les écoles de village; ils mettent
en évidence, la mission civilisatrice de
la France, et il n'en faut pas moins lire
Louis-Ferdinand Céline, Julien Blanc, ou
Félicien Challaye, pour avoir une
idée exacte de la vie que les militaires
de notre Empire colonial font aux civils
indigènes pour le compte des colons.
Je suis, pour ma part, persuadé que, dans
les limites résultant du fait de guerre,
rien n'empêchait les détenus qui
nous administraient, nous commandaient, nous
surveillaient, nous encadraient, de faire de la
vie dans un camp de concentration quelque chose
qui aurait ressemblé d'assez près
au tableau que les Allemands présentaient
par personnes interposées, aux familles
qui demandaient des renseignements.
MAUVAIS TRAITEMENTS.
- "J'ai
vu de mes malheureux compagnons, coupables
seulement d'avoir les bras débiles,
mourir sous les coups que leur prodiguaient
les détenus politiques allemands
promus contremaîtres et devenus
complices de leurs anciens adversaires."
(Page 92.)
L'explication
suit:
- "Ces
brutes, en frappant, n'avaient pas d'abord
l'intention de tuer; ils tuaient cependant,
dans un accès de joyeuse fureur, les
yeux injectés, la face écarlate
et la bave aux lèvres, parce qu'ils ne
pouvaient s'arrêter: il leur fallait
aller jusqu'au bout de leur
plaisir."
Il s'agit
d'un fait qui, par extraordinaire, est
imputé aux détenus sans aucun faux
détour. On ne sait jamais: il est
possible qu'il y ait des gens qui tuent "dans un
accès de joyeuse fureur" et qui n'ont
d'autre but que "d'aller jusqu'au bout de leur
plaisir". Dans le monde, sinon normal, du moins
habituel et admis par tradition, il y a des
anormaux: il peut bien y en avoir aussi dans un
monde où tout [page 151] est
anormal. Mais je suis plutôt porté
à croire que si un Kapo, un chef de Block
ou un doyen de camp, se laissaient aller
jusqu'à cette extrémité,
ils obéissaient à des mobiles
relevant de complexes plus accessibles: le
besoin de vengeance, le souci de plaire aux
maîtres qui leur avaient confié un
poste de choix, le désir de le garder
à n'importe quel prix, etc. J'ajoute
même que, s'ils brutalisaient, ils se
gardaient généralement de
provoquer mort d'homme, ce qui était
susceptible de leur attirer des ennuis avec les
S.S., du moins à Buchenwald et à
Dora.
- En
dépit de cette explication, il faut
faire rémission à
Martin-Chauffier d'avoir cité encore
deux faits dont le caractère criminel
ne peut aucunement être
considéré comme
résultant de la "mise en oeuvre d'un
plan concerté en
haut-lieu":
- "
Chaque semaine, le Kapo du Revier passait la
visite (il n'y connaissait rien, examinait
les feuilles de température dont les
marges étaient couvertes
d'observations autour d'un diagnostic
inquiétant, regardait les malades: si
leur tête ne lui revenait pas, il les
déclarait sortants, quel que fût
leur état. Le médecin essayait
de prévenir ou d'incliner sa
décision, qu'il était difficile
de prévoir, car le Kapo à qui
des impressions tenaient lieu de science
était en outre lunatique." (Page
185)
Et:
- "Le
courant d'air polaire, la toilette
obligatoire le torse nu, étaient des
mesures d'hygiène. Chaque
procédé de destruction se
couvrait ainsi d'une imposture sanitaire.
Celui-ci se révélait des plus
efficaces. Tous ceux qui souffraient de
quelque mal de poitrine étaient
emportés en quelques jours."(Page
192)
Rien
n'obligeait le Kapo à adopter ce
comportement, ni les Stubendienst, Kalifaktor et
Pflegers5
du Revier à faire souffler ce courant
d'air polaire, ou à faire passer à
la toilette, torse nu, eau froide, et sans
distinction, les malheureux confiés
à leurs soins.
Ils le
faisaient cependant, dans le dessein de plaire
aux S.S. qui l'ignoraient la plupart du temps,
et de conserver une place qui leur sauvait la
vie.
[page
152]
On
eût aimé que Martin-Chauffier
dirigeât son acte d'accusation contre eux
avec autant de vigueur que contre
les
S.S.,
ou tout au moins partageât
équitablement les
responsabilités.
|