Mon Combat
ADOLF HITLER
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Les causes de la débâcle
La profondeur de la chute d'un corps quelconque est toujours mesurée par la distance entre sa position actuelle et celle qu'il occupait primitivement.Il en est de même de la chute des peuples et des Etats. Aussi la situation - ou mieux, la hauteur initiale - revêt-elle de ce fait une importance décisive. Il n'est possible de voir clairement la chute profonde, ou un écroulement, qu'autant que ce qui tombe s'élevait au-dessus de la moyenne. C'est pourquoi l'écroulement de l'empire paraît si dur et si terrible pour quiconque est capable de réflexion ou de sentiment : sa chute s'est, en effet, produite d'une hauteur telle que devant, son pitoyable affaissement actuel, il n'est presque plus possible de se la représenter.
Déjà la fondation de l'empire semblait dorée par la magie de cet événement même qui rehaussait toute la nation. Après une course sans égale de victoire en victoire, se développa enfin, comme récompense de l'héroïsme immortel des enfants et des petits-enfants, un empire. Consciemment ou non, peu importe, les Allemands avaient tous le sentiment que cet empire, qui ne devait pas son existence aux tripotages de groupes parlementaires, dominait les autres Etats, du simple fait de la beauté de sa fondation.
Ce n'est pas, en effet, dans le caquetage d'une lutte oratoire au Parlement, mais dans le tonnerre et le grondement du front d'investissement de Paris que s'est accompli l'acte solennel d'une manifestation de volonté par laquelle les Allemands, princes et peuple, ont exprimé leur décision de fonder, pour l'avenir, un empire et d'élever, de nouveau, la couronne impériale à la hauteur d'un symbole.
Et cela ne fut pas le résultat de meurtres, et ce ne furent
224 ni des déserteurs ni des « carottiers » qui fondèrent l'Etat bismarckien, ce furent les régiments du front.
Une telle origine et un tel baptême de feu enveloppaient déjà l'empire de l'éclat d'une gloire historique comme il n'a été donné que rarement et seulement aux Etats très anciens, d'en être revêtus.
Et quelle ascension commença !
La liberté au dehors assurait le pain quotidien au dedans. La nation s'enrichit par le nombre et par les biens terrestres.
L'honneur de l'Etat et, avec lui, l'honneur du peuple entier étaient gardés et sauvegardés par une armée qui pouvait faire clairement ressortir la différence avec le peuple allemand de ce temps-là.
Mais la chute de l'empire et du peuple allemand est si profonde, que tout le monde paraît saisi de vertige et privé de sentiment et de raison : c'est à peine s'il est encore possible de se souvenir de la grandeur passée ; tant la puissance et la beauté d'autrefois apparaissent comme dans un rêve en face de la misère d'à présent.
On peut ainsi comprendre comment le sublime nous éblouit au point de nous faire oublier la recherche des symptômes de l'effroyable débâcle, symptômes qui devaient pourtant déjà exister sous une forme ou sous une autre.
Sans doute, cette manière de voir ne concerne que ceux qui ne considèrent pas seulement l'Allemagne comme un séjour où l'on gagne et dépense de l'argent : il n'est, en effet, que ceux-là pour apprécier l'Etat actuel comme un désastre ; les autres, au contraire, le regardent comme l'accomplissement longtemps attendu de leurs vux jusqu'alors inassouvis.
Pourtant les symptômes de l'effondrement étaient alors manifestes, bien qu'il n'y eût que bien peu de gens pour en tirer un enseignement.
Mais, aujourd'hui, cela est plus nécessaire que jamais. De même que l'on ne peut guérir une maladie que si l'on en connaît la cause, de même faut-il agir pour les maux politiques. Certes, on soigne les manifestations extérieures d'une maladie, celles qui frappent la vue et qui sont plus faciles à discerner et à découvrir que la cause profonde. Et c'est aussi là la raison pour laquelle tant d'hommes ne parviennent jamais à distinguer les effets extérieurs et les confondent même avec la cause ; ils préfèrent même nier
225 la présence d'une telle cause. C'est ainsi qu'à présent la plupart d'entre nous considèrent la débâcle allemande, en premier lieu, dans le cadre seul de la détresse économique et de ses conséquences. Presque tous doivent d'ailleurs en supporter leur part et c'est une raison déterminante pour chacun de comprendre le sens et la portée de la catastrophe. Par contre, la grande masse regarde beaucoup moins cette ruine au point de vue politique, culturel et au point de vue des coutumes et de la morale. Là, le sentiment et la raison manquent totalement à beaucoup de gens.
Qu'il en soit ainsi, pour les causes de l'effondrement, de la part de la grande masse, admettons-le, mais que les milieux éclairés eux-mêmes considèrent la débâcle allemande comme étant, au premier chef, une « catastrophe économique » et par suite, attendent le salut dans une solution économique, cela me paraît être une des causes pour lesquelles il n'a pas été jusqu'à présent possible d'obtenir la guérison.
Si l'on vient à comprendre que le point de vue économique ne se trouve qu'au deuxième ou au troisième plan, et que le premier rôle est tenu par les facteurs politiques et moraux et le facteur « sang ., alors seulement il sera possible de saisir la cause des malheurs actuels et, par suite, de trouver le moyen et le chemin de la guérison.
Aussi la recherche des causes de l'écroulement allemand est-elle d'une importance décisive ; elle est à la base d'un mouvement politique dont le but doit être précisément de vaincre la défaite elle-même.
Mais, même au cours de ses recherches dans le passé, il faut bien se garder de confondre les effets qui sautent davantage aux yeux, avec les causes moins visibles.
L'explication de nos malheurs actuels qui vient le plus facilement à l'esprit et qui est, par suite, la plus répandue, est la suivante : nous avons à supporter les suites de la guerre que nous avons perdue, donc la cause de notre situation malheureuse, c'est la guerre perdue.
Peut-être y a-t-il beaucoup de gens pour croire sérieusement cette sottise ; mais il y en a davantage encore dans la bouche desquels elle ne représente que mensonge et hypocrisie réfléchie : il en est ainsi chez tous ceux qui approchent l'assiette au beurre gouvernementale.
Les protagonistes de la révolution n'ont-ils pas toujours
226 reproché amèrement au peuple son indifférence totale sur l'issue de cette guerre ? N'ont-ils pas, au contraire, très sérieusement affirmé que c'est tout au plus si le grand capitaliste pouvait avoir un intérêt à la fin victorieuse de l'immense lutte des peuples, mais non point le peuple allemand, le travailleur allemand ! Oui ! ces apôtres de la réconciliation mondiale n'ont-ils pas déclaré qu'il n'y avait de détruit que le militarisme, mais que le peuple allemand pourrait fêter la plus belle des résurrections ? N'a-t-on pas alors apprécié dans ces milieux les bienfaits de l'Entente et n'a-t-on pas rejeté sur l'Allemagne la faute de toute la lutte sanglante ? Mais aurait-on pu le faire sans déclarer que même la défaite militaire ne pouvait pas avoir pour la nation de suites particulières ? Toute la révolution n'a-t-elle pas été faite au nom de cette formule ? Elle déroba la victoire à nos drapeaux, mais, nonobstant, c'est par elle seule que le peuple allemand peut marcher vers ses libertés extérieures et intérieures !
N'en était-il pas un peu ainsi, camarades malheureux et trompés ?
Il y a là vraiment une véritable impudence, de la part des Juifs, d'attribuer désormais à la défaite militaire la cause de la catastrophe, tandis que le Vorwärts de Berlin, organe central de tous les traîtres, écrivait que, cette fois, le peuple allemand n'aurait pas le droit de ramener vainqueur son drapeau !
Et maintenant cela passerait pour être la raison de notre débâcle ?
Il serait, bien entendu, sans le moindre intérêt de chercher à combattre ces menteurs - et je ne perdrais pas mes paroles à le faire - si, malheureusement, ces insanités n'étaient pas colportées par une foule de gens complètement déraisonnables, mais dénués de toute intention mauvaise, et de toute fausseté.
Ces discussions offriront, en outre, des arguments à ceux qui luttent pour notre cause : ils sont utiles à un moment où les paroles sont dénaturées, à peine ont-elles été prononcées.
Voici donc ce que l'on peut dire, de cette affirmation, que l'écroulement de l'Allemagne est imputable à notre défaite, dans la dernière guerre.
Dans tous les cas, la perte de la guerre fut d'une impor-
227 tance tragique pour l'avenir de notre patrie, mais cette perte n'était pas une cause ; elle n'était elle-même que la conséquence d'autres causes. Qu'une fin malheureuse de ce combat à la vie et à la mort dût entraîner des suites catastrophiques, c'était parfaitement clair pour tout esprit pénétrant et exempt de malveillance.
Malheureusement, il y eu; aussi des gens auxquels cette pénétration sembla manquer, au bon moment, ou qui, bien que sachant le contraire, ont pourtant d'abord combattu, puis nié, cette vérité. Et c'étaient le plus souvent ces hommes qui, après l'accomplissement de leurs vux secrets, voyaient soudain maïs trop tard, l'étendue de la catastrophe à laquelle ils avaient contribué.
Ce sont eux les responsables de notre effondrement, et non pas la défaite comme il leur plaît de le concevoir et de le dire : en effet, la défaite n'a été que la conséquence de leurs agissements, et non le fait d'un « mauvais » commandement, ainsi qu'ils veulent maintenant le prétendre. L'ennemi, lui non plus, ne se composait pas de poltrons, lui aussi savait mourir ; depuis le premier jour, supérieur en nombre à l'armée allemande, il disposa, pour son équipement technique, des arsenaux du monde entier. Il est donc indéniable que les victoires allemandes, remportées pendant quatre années contre un univers entier, malgré tout cet héroïsme et cette organisation, ne sont dues qu'à la supériorité de notre commandement. L'organisation et la direction de l'armée allemande ont été ce que la terre a vu jusqu'à présent de plus grand.
S'il y a eu des déficiences, c'est qu'il était humainement impossible de les éviter.
L'effondrement de cette armée ne fut pas la cause de notre détresse actuelle, mais il ne fut lui-même que la conséquence d'autres crimes, conséquence qui, il faut le dire, constitua le commencement d'un autre effondrement, celui-là plus visible.
Cela résulte de ce qui suit :
Une défaite militaire doit-elle conduire à un effondrement aussi complet d'une nation ou d'un Etat ? Depuis quand une guerre malheureuse conduit-elle à un tel résultat ?
Les peuples meurent-ils, d'ailleurs, d'une guerre perdue ? La réponse sur ce point peut être brève.
Il en est toujours ainsi quand, dans leur défaite militaire,
228 les peuples reçoivent le prix de leur état de corruption, de leur lâcheté, de leur manque de caractère, bref de leur indignité.
S'il n'en est pas ainsi, la défaite militaire agit plutôt comme stimulant pour une nouvelle ascension vers un niveau plus élevé : elle n'est pas la pierre tombale de l'existence nationale.
L'histoire confirme par d'innombrables exemples la véracité de cette affirmation.
Malheureusement, la défaite militaire du peuple allemand n'a pas été une catastrophe imméritée, mais le châtiment équitable de la justice éternelle. Nous avons plus que mérité cette défaite. Elle n'est que le phénomène extérieur de décomposition le plus grand, parmi une série de phénomènes internes, qui, bien que visibles, étaient restés cachés aux yeux de la plupart des gens et que, selon la méthode de l'autruche, nul ne voulait voir.
Observez donc les phénomènes annexes qui caractérisent la manière dont le peuple allemand a accepté cette défaite.
N'a-t-on pas exprimé nettement et de la façon la plus éhontée, dans certains milieux, de la joie sur le malheur de la patrie ? Qui donc peut agir ainsi s'il ne mérite pas vraiment lui-même un tel châtiment ? N'est-on pas, à la vérité, allé plus loin et ne s'est-on pas vanté d'avoir amené le fléchissement du front, et cela ce n'est aucunement l'ennemi qui l'a réalisé : non, non, une telle honte, ce sont des Allemands qui en portent la responsabilité. Peut-on dire que le malheur les ait en quoi que ce soit injustement frappés ? Depuis quand se met-on à s'attribuer encore à soi-même la responsabilité de la guerre ? Et ceci contre toute raison, contre toute connaissance des faits !
Non et encore une fois non, dans la manière avec laquelle le peuple allemand a accepté sa défaite, on reconnaît bien clairement que la vraie cause de notre ruine doit être cherchée ailleurs que dans la perte, purement militaire, de quelques positions, ou dans l'échec d'une offensive ; car si le front avait vraiment cédé en tant que front et si sa ruine eût entraîné celle de la patrie, le peuple allemand aurait supporté tout différemment sa défaite.
On aurait alors subi les malheurs consécutifs à cette défaite en serrant les dents ; dominés par la douleur, nous aurions fait entendre des plaintes. La violence ou la colère
229 auraient rempli nos curs à l'égard de l'ennemi devenu vainqueur grâce à la perfidie du hasard ou aux volontés du destin s alors, la nation, semblable au Sénat romain, serait venue au devant des divisions battues en les remerciant, au nom de la patrie, des sacrifices déjà consentis, et en les invitant à ne pas désespérer du Reich. Même la capitulation n'aurait été signée qu'avec la raison, tandis que le cur aurait déjà battu pour le relèvement futur.
C'est ainsi qu'eût été acceptée la défaite si nous ne la devions qu'au destin. Alors on n'aurait ni ri ni dansé, on ne se serait pas vanté de lâcheté, an n'aurait pas glorifié cette défaite, on n'aurait pas insulté les troupes au retour du combat ni traîné dans la boue leur drapeau et leur cocarde ; maïs surtout on n'aurait jamais pu constater ce phénomène hideux qui a amené un officier anglais, le colonel Repington, à dire avec mépris « Sur trois Allemands, il y a un traître ! » Non, cette peste n'aurait jamais pu monter comme un flot asphyxiant, et qui, depuis cinq années, a noyé le dernier reste de considération que les autres pays du monde avaient pour nous.
C'est là qu'apparaît le mieux le mensonge de cette affirmation que la perte de la guerre est la cause de l'effondrement allemand.
Non, cette ruine, au point de vue militaire, n'était elle-même que la suite d'une série de phénomènes morbides et des excitations qui les avaient produits et qui, déjà en temps de paix, avaient atteint la nation allemande. ~e fut là la première conséquence catastrophale, visible pour tous, d'un empoisonnement des traditions et de la morale, d'une diminution de l'instinct de conservation et des sentiments qui s'y rattachent, maux qui, depuis de nombreuses années déjà, commençaient à miner les fondements du peuple et de l'empire.
Mais il incombait aux Juifs, avec leur habitude de mentir jusqu'à l'extrême, et à leur organisation de combat marxiste, d'imputer précisément la responsabilité de cet effondrement à l'homme qui, seul, doué d'une force surhumaine de volonté et d'action, essayait d'épargner à la nation l'heure de l'affaissement complet et de la honte. Tandis que l'on stigmatisait Ludendorff en l'accusant de la perte de la guerre mondiale, Ies armes du droit moral furent retirées des mains du seul accusateur dangereux qui pût se dresser
230 contre les traîtres à la patrie. On partit à cet égard de ce principe très juste que, du plus grand des mensonges, l'on croit toujours une certaine partie : la grande masse du peuple laisse en effet plus facilement corrompre les fibres les plus profondes de son cur qu'elle ne se lancera, volontairement et consciemment, dans le mal : aussi, dans la simplicité primitive de ses sentiments, sera-t-elle plus facilement victime d'un grand mensonge que d'un petit. Elle ne commet elle-même, en général, que de petits mensonges, tandis qu'elle aurait trop de honte à en commettre de grands.
Elle ne pourra pas concevoir une telle fausseté et elle , ne pourra pas croire, même chez d autres, à la possibilité de ces fausses interprétations, d'une impudence inouïe : même si on l'éclaire, elle doutera, hésitera longtemps et, tout au moins, elle admettra encore pour vraie une explication quelconque qui lui aura été proposée.
Qu'il reste toujours quelque chose des plus impudents mensonges, c'est un fait que les plus grands artistes en tromperie et que les associations de trompeurs ne connaissent que trop bien et qu'ils emploient dès lors bassement.
Ceux qui connaissent le mieux cette vérité sur les possibilités d'emploi du mensonge et de la dénonciation ont été de tous temps les Juifs. Leur existence n'est-elle pas déjà fondée sur un seul et grand mensonge, celui d'après lequel ils représentent une collectivité religieuse, tandis qu'il s'agit d'une race - et de quelle race !
Un des plus grands esprits de l'humanité les a pour toujours stigmatisés dans une phrase d'une véracité profonde et qui restera éternellement juste : il les nomme « les grands maîtres du mensonge » (1). Qui ne veut pas reconnaître ce fait, ou qui ne veut pas y croire, ne pourra plus jamais contribuer en ce moment à la victoire de la vérité.
On peut presque considérer comme un grand bonheur pour le peuple allemand que sa maladie, depuis longtemps en incubation, ait soudain pris l'allure brusquée d'une terrible catastrophe : s'il n'en avait pas été ainsi, la nation aurait succombé, plus lentement peut-être, mais d'autant plus sûrement.
La maladie aurait pris une forme chronique ; dans la
(1) Mot de Schopenhauer.
231 forme aiguë d'un écroulement, elle s'est, au moins, clairement et distinctement manifestée aux regards d'un assez grand nombre de gens. Ce n'est pas par hasard que l'homme est devenu plus facilement maître de la peste que de la tuberculose.
L'une vient en vagues de mort, terrifiantes, et qui ébranlent l'humanité ; l'autre rampe lentement. L'une provoque une crainte horrible, l'autre ne conduit qu'à une indifférence progressive. Mais le résultat, c'est que l'homme qui a marché contre la peste, avec toute son énergie et sans reculer devant aucun effort, n a, par contre, essayé que faiblement d'endiguer la phtisie. C'est ainsi qu'il a dominé la peste, tandis que la tuberculose le domine.
C'est exactement ce qui se passe pour les maladies de cet organisme qu'est un peuple. Quand la maladie n'a pas, dès l'abord, l'allure d'une catastrophe, l'homme commence lentement à s'y habituer... et il finit, fût-ce au bout d'un temps assez long, à en mourir, inéluctablement.
C'est encore un bonheur - amer à vrai dire - si le sort se décide à intervenir dans ce processus de décomposition, en faisant apparaître la maladie à celui qui en est victime : une telle catastrophe se produit, en effet, plus d'une fois. Il se peut, dans ces conditions, qu'elle provoque une guérison dès lors entreprise avec le maximum de décision.
Mais, même en pareil cas, la conviction première est encore la reconnaissance des causes profondes qui ont provoqué la maladie en question.
Mais ici encore, le point capital est la distinction entre les causes excitatrices et les troubles créés. Cette distinction sera d'autant plus difficile à établir que les éléments morbides auront plus longtemps séjourné dans l'organisme national et qu'ils seront parvenus à faire corps avec lui, comme cela peut se produire normalement. Il peut, en effet, très aisément advenir qu'après un certain temps, des toxines manifestement nocives soient considérées comme un élément constitutif du peuple, ou tout au plus qu'il les supporte comme un mal nécessaire, ne considérant plus du tout comme indispensable de rechercher l'excitateur étranger.
C'est ainsi que, durant les longues années de paix qui précédèrent la guerre, apparurent certes des maux reconnus comme tels : et pourtant nul ne se souciait d'en rechercher les causes efficientes, à quelques exceptions près.
232 Ces exceptions, ce furent ici encore, au premier chef, les phénomènes de la vie économique, dont chacun prend plus fortement conscience que des accidents qui se produisent dans toute une série d'autres domaines.
Il y eut bien des symptômes de décomposition qui auraient dû provoquer les plus sérieuses réflexions.
Voici ce qu'il conviendrait de dire au point de vue économique.
L'extraordinaire accroissement de la population allemande avant la guerre mit la question de la production du pain quotidien au premier plan de toute préoccupation et de toute action politique et économique, et ceci sous une forme de plus en plus aiguë. Malheureusement, il ne fut pas possible de se décider à la seule solution qui fût bonne : on crut pouvoir atteindre le but par des moyens moins onéreux. Renoncer à gagner de nouveaux territoires et rêver, en compensation, d'une conquête économique mondiale, ceci devait conduire, en dernière analyse, à une industrialisation tout aussi démesurée que nuisible.
La première conséquence - et de la plus haute importance - de cette conception, fut l'affaiblissement de la condition des paysans. Dans la mesure même de ce recul, croissait de jour en jour le prolétariat des grandes villes jusqu'à ce que l'équilibre se trouvât enfin complètement rompu.
Dès lois apparut aussi la séparation brutale entre riches et pauvres. Le superflu et la misère vécurent si près l'un de l'autre que les suites de cet état ne pouvaient et ne devaient en être que fort tristes. Détresse et chômage commencèrent à se jouer des hommes, ne laissant que des souvenirs de mécontement et d'amertume : le résultat fut, semble-t-il, la coupure politique entre les classes.
Malgré l'épanouissement économique, le découragement se fit plus grand et plus profond, et il atteignit un tel degré que chacun se persuada « que cela ne pouvait plus durer longtemps ainsi » sans que les hommes se soient représenté de façon précise ce qui aurait pu se produire, ce qu'ils feraient ou ce qu'ils pourraient faire.
C'étaient les signes typiques d'un profond mécontentement qui cherchaient ainsi à s'exprimer.
Pires étaient pourtant d'autres phénomènes, issus des premiers et auxquels donnait naissance la prépondérance du point de vue économique dans la nation.
233 Dans la même mesure où l'économique monta au rang de maîtresse et de régulatrice de l'Etat, l'argent devint le dieu que tout devait servir et devant qui tout devait s'incliner. De plus en plus, les dieux célestes furent mis de côté, comme si, vieillis, ils avaient fait leur temps et, à leur place, l'idole Mammon huma les fumées de l'encens.
Un abâtardissement vraiment désastreux se produisit alors ; il était surtout désastreux de ce fait qu'il se manifestait à un moment où la nation pouvait avoir plus besoin que jamais d'une mentalité sublime jusqu'à l'héroïsme, à une heure qui paraissait menaçante et critique. L'Allemagne devait se tenir prête, un jour ou l'autre, à répondre avec l'épée de son essai de s'assurer de son pain quotidien par la voie « d'un travail pacifique et d'ordre économique ».
Le règne de l'argent fut malheureusement ratifié par l'autorité qui aurait dû le plus se dresser contre lui : Sa Majesté l'Empereur eut un geste malheureux quand il attira la noblesse, en particulier, sous la bannière de la finance. Certes, il faut lui tenir compte de ce que même Bismarck n'avait pas reconnu le danger menaçant sur ce point. Mais ainsi les vertus élevées le cédaient en fait à la valeur de l'argent, car il était clair qu'une fois engagée dans cette voie, la noblesse du sang devrait céder la place à la noblesse financière. Les opérations financières réussissent plus facilement que les batailles.
Il n'était, dans ces conditions, plus engageant pour le véritable héros ou pour l'homme d'Etat de se trouver mis en rapport avec le premier venu des Juifs de banque : l'homme vraiment méritant ne pouvait attribuer aucun intérêt à se voir décerner des décorations à bon marché, et ne pouvait que décliner en remerciant. Mais, au point de vue du sang, cette évolution était profondément triste : la noblesse perdit de plus en plus la raison d'être « raciste » de son existence, et aurait mérité plutôt, pour la majorité de ses membres, la dénomination de « non-noblesse ».
Un phénomène important de dissolution économique fut le lent dégagement des droits de propriété personnelle et l'évasion progressive de l'économie générale vers la propriété des sociétés par action.
L'aliénation de la propriété, vis-à-vis du salarié, atteignit des proportions démesurées. La bourse commença à triompher et se mit, lentement, mais sûrement, à
234 prendre la vie de la nation sous sa protection et sous son contrôle.
L'internationalisation de la fortune allemande avait été déjà mise en train par le détour de l'usage des actions. A vrai dire, une partie de l'industrie allemande essayait encore, avec un esprit de décision, de se protéger contre cette destinée, mais elle finit par succomber, victime de l'attaque combinée de ce système de capitalisme envahisseur qui menait ce combat avec l'aide toute spéciale de son associé le plus fidèle, le mouvement marxiste.
La guerre persistante contre « l'industrie lourde » fut le début manifeste de l'internationalisation tentée par le marxisme de l'économie allemande, qui ne put être complètement détruite que par la victoire obtenue par ce marxisme pendant la révolution.
Pendant que j'écris ceci, l'attaque générale contre le réseau ferré d'Etat allemand vient à la fin de réussir : ce réseau est désormais passé aux mains de la finance internationale. De ce fait, la Social-démocratie « internationale » a atteint l'un de ses buts les plus importants.
A quel point fut réalisé cet émiettement économique du peuple allemand, ressort avec une clarté particulière de ceci : à la fin de la guerre l'un des dirigeants de l'industrie, et surtout du commerce allemand, put émettre l'opinion que les forces économiques, en elles-mêmes, étaient seules en mesure de produire une remise sur pied de l'Allemagne.
C'est au moment même où la France, pour obvier à cette erreur, prenait le plus grand soin à faire de nouveau reposer, sur la base des humanités, les programmes de ses établissements d'enseignement, que fut débitée cette insanité selon laquelle la nation et l'Etat devraient leur persistance aux causes économiques et non pas aux biens immortels d'un idéal.
Cette idée que Stinnes lança jadis de par le monde, produisit le plus incroyable désarroi ; elle fut pourtant aussitôt ramassée pour devenir, avec une étonnante rapidité, le leitmotiv de tous les charlatans et de tous les bavards que, depuis la révolution, la destinée a déchaînés sur l'Allemagne sous le qualificatif d' « hommes d'Etat ».
* Mais l'un des pires phénomènes de désagrégation dans l'Allemagne d'avant guerre fut le manque d'énergie qui
235 s'étendit de toute part sur tout et tous. C'est encore là une conséquence de l'insécurité où se sentait chacun à tous égards, et de la lâcheté qui en résultait elle-même pour cette raison et d'autres encore. Cette maladie fut encore aggravée par l'éducation.
L'éducation allemande d'avant-guerre était entachée d'un nombre incroyable de faiblesses. Elle était très étroitement et exclusivement limitée à la formation d'un « savoir » pur et beaucoup moins appliquée à la notion du « pouvoir ».
Il était attribué encore beaucoup moins de valeur à la formation du caractère de l'individu - dans la mesure où il est possible de la poursuivre - très peu au développement de l'amour des responsabilités, et nullement à l'éducation de la volonté et de la force de décision. Les produits de cette méthode, ce furent les érudits que nous passions pour être, nous autres Allemands, avant la guerre et qui étions aussi estimés pour tels. On aimait l'Allemand, parce qu'il était très utilisable, mais on l'estimait peu, justement en raison de sa faiblesse de caractère. Ce n'est pas étonnant si, plus que dans la plupart des autres peuples, l'Allemand perdait sa nationalité et sa patrie.
Ne dit-il pas tout, ce beau proverbe : « Le chapeau à la main, on peut traverser tout le pays. »
Cette souplesse accommodante devint pourtant néfaste lorsqu'elle s'appliqua aux formes seules admises pour se présenter devant le souverain : ne jamais contredire, mais toujours approuver tout ce que daignait exprimer Sa Majesté. Or, c'est justement là qu'eût été le plus utile, la libre manifestation de la dignité humaine ; la monarchie mourut d'ailleurs de ces flagorneries, car ce n'était rien d'autre que de la flagornerie.
Seuls, de misérables flatteurs et des êtres visqueux en un mot, une bande de décadents qui se sentaient plus à l'aise auprès des trônes les plus nobles de tous les temps que les curs loyaux dignes et honorables, ces décadents regardaient comme la seule admissible cette attitude vis-à-vis des têtes couronnées !
Ces créatures, sujets plus qu'assujettis, ont en tous cas montré, d'un côté, une pleine soumission à l'égard de leur seigneur et nourricier, d'autre part, et de tout temps, la plus grande impudence vis-à-vis du reste de l'humanité,
236 impudence qu'ils ont surtout témoignée lorsque, effrontément, ils se sont plu à se donner vis-à-vis des autres pauvres gens, comme les seuls monarchistes.
Véritable effronterie comme n'en peut montrer qu'un ver, noble ou non ! Car à la vérité, ce sont ces hommes qui ont encore été les fossoyeurs de la monarchie et surtout de l'idée monarchique. Et il n'en peut être autrement : un homme qui est prêt à agir pour une cause ne sera jamais un sournois ni un flagorneur sans caractère.
Celui qui tient à sauvegarder et à faire prospérer une institution, celui-ci s'y attachera par les dernières fibres de son cur et ne s'en détachera pas même s'il y découvre quelque défauts. En tous cas, ce n'est pas celui-là qui recriera à la ronde, et publiquement comme l'ont fait, le mensonge à la bouche, les démocratiques « amis » de la monarchie ; il avertira au contraire très sérieusement Sa Majesté, elle qui porte la couronne, et il cherchera. à la persuader. Il n'admettra pas, et ne se reconnaîtra pas le droit d'admettre que Sa Majesté reste libre d'agir encore selon sa volonté, même si cela doit conduire et conduit manifestement à quelque malheur v en pareil cas, il devra, au contraire, protéger la monarchie contre le monarque, quelque danger qui puisse en résulter.
Si la valeur de cette organisation reposait dans la personne du monarque du moment, cette institution serait la pire que l'on puisse imaginer.
Car les monarques ne constituent que bien rarement une élite de sagesse et de raison, ou même seulement de caractère comme on voudrait se les représenter. Seuls, pourraient admettre ce point de vue, les professionnels de la flatterie et de la fausseté, mars tous les hommes droits - et ce sont là les hommes les plus précieux dans un Etat - se sentiront rebutés à l'idée même d'avoir à repousser du pied une telle sottise. Pour eux, !'histoire est l'histoire, la vérité est la vérité, même quand il s'agit de monarques. Non, le bonheur d'avoir dans un grand monarque, un grand homme, n'échoit que si rarement aux peuples qu'ils doivent être déjà satisfaits, si la malice du sort leur épargne pour le moins les plus funestes de ses attaques.
La valeur et I'importance de l'idée monarchique ne reposent donc pas sur la personne du monarque lui-même ; seul le ciel décide de poser la couronne sur les tempes d'un
237 héros génial comme Frédéric le Grand ou d'un sage comme Guillaume Ier. Ceci se produit une fois dans un siècle, rarement plus souvent. Mais ici encore l'idée domine la personne, et le sens de cette organisation ne doit résider que dans l'institution prise en elle-même.
De ce fait, le monarque tombe au niveau d'un serviteur. Lui aussi n'est plus qu'une roue dans la machine et a des devoirs vis-à-vis de celle-ci. Lui aussi doit, dès lors, se plier devant des exigences supérieures et « monarchiste » n'est plus celui qui laisse silencieusement le souverain couronné commettre un crime à l'égard de sa couronne. Le monarchiste, c'est celui qui l'en empêcherait.
Si le sens profond de l'institution n'était pas dans l'idée, mais, à tout prix, dans la personne consacrée, on n'aurait même pas le droit de déposer un prince qui donnerait les signes de l'aliénation mentale.
Il est nécessaire de mettre à jour ceci dès aujourd'hui, nous voyons en effet émerger de nouveau, de nos jours, de plus en plus, les phénomènes disparus, mais dont l'existence lamentable fut l'une des causes essentielles de l'effondrement de la monarchie. Avec une certaine naïveté effrontée, ces gens parlent de nouveau désormais de leur roi, qu'ils avaient pourtant si honteusement abandonné il y a peu d'années, à une heure critique, et ils commencent à représenter comme de mauvais Allemands tous ceux qui ne veulent pas se mettre à unir leurs voix à leurs tirades mensongères. En vérité, ce sont exactement les mêmes poules mouillées qui, en 1918, se dispersaient et filaient dans tous les sens à la vue de chaque brassard rouge, qui laissaient leur roi être roi, échangeaient en toute hâte leur hallebarde contre une canne de promeneur, ceignaient des cravates neutres et, comme de pacifiques « bourgeois », disparaissaient sans laisser de traces. D'un coup, ils étaient partis, ces champions royaux et ce n'est qu'après que le vent de la tempête révolutionnaire se fut, grâce à l'activité d'autres hommes, suffisamment calmé pour leur permettre de roucouler de nouveau à tous les échos leur « Vive le roi ! e que ces « serviteurs et conseillers n de la couronne recommencèrent prudemment à se montrer.
Maintenant ils sont tous là et ils ouvrent de nouveau des yeux pleins d'envie, et commencent à regretter les oignons d'Egypte ; ils peuvent à peine contenir leur zèle pour le
238 roi et leur soif d'agir... jusqu'au jour où surgit de nouveau le premier brassard rouge et où se déchire de nouveau le mirage de l'ancienne monarchie... comme les souris fuient devant le chat.
Si les monarques n'étaient pas eux-mêmes responsables de cet état de choses, on pourrait au moins les plaindre très cordialement malgré leurs défenseurs d'aujourd'hui : mais ils peuvent être convaincus qu'avec de tels chevaliers, on perd des trônes, mais on ne conquiert aucune couronne.
Cette « dévotion » a été l'une des erreurs de toute notre éducation, erreur qui a entraîné à cet égard une vengeance particulièrement cruelle. Par suite de cette « dévotion n, ces mêmes phénomènes lamentables ont pu se produire dans toutes les cours et saper progressivement les bases de la monarchie.
Quand le bâtiment vint à chanceler... les ouvriers de cette uvre s'étaient volatilisés : bien entendu, des êtres vils, des flatteurs ne se font pas tuer pour leur maître.
Ces monarques n'ont jamais su cela, ils ne l'ont jamais appris à fond ; cela, de tout temps, a causé leur perte.
Un phénomène résultant de cette éducation absurde, fut la peur de la responsabilité et la faiblesse qui s'en suivit pour traiter des problèmes même vitaux.
Le point de départ de cette épidémie fut certes, en grande partie, pour nous, l'institution parlementaire dans laquelle l'absence de responsabilité est précisément développée en bouillon de culture. Malheureusement, la maladie gagna lentement toutes les activités, mais sévit surtout sur celle de l'Etat. Partout on commença à se soustraire aux responsabilités et à ne prendre, dès lors, que des mesures insuffisantes ou des demi-mesures. Dès que quelqu'un devait supporter une responsabilité, la mesure de celle dont on consentait à se charger était toujours réduite au minimum.
Considérez seulement l'attitude de tous les gouvernements vis-à-vis d'une série de phénomènes vraiment préjudiciables dans l'ordre de notre vie publique, et vous reconnaîtrez facilement la redoutable importance de cette médiocrité et de cette lâcheté générales.
Je ne veux extraire que quelques cas dans toute la masse des exemples qui se présentent.
On a volontiers coutume, dans les milieux journalis-
239 tiques, de désigner la presse comme une grande puissance dans l'Etat. En fait, son importance est véritablement immense et elle ne peut pas être sous-estimée : c'est le journalisme qui, en effet, continue l'éducation des adultes.
Il est possible à cet égard de diviser, en gros, ses lecteurs en trois tranches.
1° Ceux qui croient tout ce qu'ils lisent.
2° Ceux qui ne croient plus rien du tout.
3° Les cerveaux qui examinent avec un sens critique ce qu'ils ont lu et qui jugent ensuite.
Le premier groupe est numériquement de beaucoup le plus grand. Il comprend la grande masse du peuple et représente, par suite, la partie intellectuellement la plus simple de la nation.
Ce groupe ne comprend pas telle ou telle profession particulière, tout au plus peut-on le diviser à grands traits selon les degrés d'intelligence. Mais il comporte tous ceux auxquels il n'a pas été donné, soit par la naissance, soit par l'éducation, de penser par eux-mêmes, et qui, par incapacité ou par impuissance, croient tout ce qu'on leur présente imprimé noir sur blanc. Ce groupe s'étend sur cette catégorie de fainéants qui pourraient bien penser par eux-mêmes, mais qui, par paresse d'esprit, s'emparent avec reconnaissance de tout ce qu'un autre a déjà pensé, supposant par modestie que ce dernier, ayant fait effort, aura pensé juste.
Chez tous ces gens, qui représentent la grande masse, l'influence de la presse sera tout à fait considérable.
Ils ne sont ni en état ni en humeur d'examiner par eux-mêmes ce qu'on leur présente, de telle sorte que leur abstention totale à traiter les problèmes du jour est presque exclusivement imputable aux influences extérieures qu'ils subissent. Ceci peut constituer un avantage quand ils sont éclairés par des auteurs sérieux et épris de vérité ; mais c'est un désavantage, si ce sont des canailles ou des menteurs qui prennent soin de les renseigner.
Le deuxième groupe est bien plus faible numériquement. Il est en partie composé d'éléments qui avaient appartenu d'abord au premier groupe, puis sont passés après de longues et amères désillusions aux opinions contraires, et qui ne croient plus rien... dès que l'on s'adresse à eux sous la forme d'un texte imprimé. Ils haïssent tous les journaux ; ils n'en lisent aucun ou bien ils vitupèrent systématiquement
240 sur leur contenu qui, selon eux, n'est qu'un tissu d'inexactitudes et de mensonges. Ces hommes sont d'un maniement très difficile, car, même devant la vérité, ils restent toujours méfiants. Ils sont par suite perdus pour tout travail positif.
Enfin, le troisième groupe est de beaucoup le plus petit. Il se compose des cerveaux véritablement intelligents et affinés auxquels des dispositions naturelles, ainsi que leur éducation, ont appris à penser, qui cherchent à se faire un jugement par eux-mêmes sur tout sujet et qui soumettent tout ce qu'ils ont lu à un examen et à des méditations très profondes et répétées.
Ils ne regarderont pas un journal sans collaborer longuement, mentalement, avec l'auteur dont la tâche est alors difficile. Les journalistes n'aiment donc ces lecteurs qu'avec une certaine réserve.
Pour les membres de ce troisième groupe, les sottises dont un journal peut enduire ses textes sont peu dangereuses ou, tout au moins, peu importantes. Ils se sont habitués au cours de leur existence à ne voir, au fond, dans tout journaliste, qu'un plaisantin qui ne dit la vérité que de temps en temps. Malheureusement, l'importance de ces hommes éminents réside dans leur intelligence et non pas dans leur nombre, ce qui est malheureux en un temps où la sagesse n'est rien et où la majorité est tout.
Aujourd'hui, où le bulletin de vote de la masse décide, c'est le groupe le plus nombreux qui a le plus de poids : et c'est le tas des simples et des crédules.
C'est un devoir d'Etat et un devoir social de premier ordre d'empêcher que ces hommes ne tombent dans les mains d'éducateurs pervers, ignorants ou même mal intentionnés. Aussi l'Etat a-t-il le devoir de surveiller leur formation et d'empêcher tout article scandaleux. Aussi doit-il surveiller la presse de très près, car son influence sur ces hommes est de beaucoup la plus forte et la plus pénétrante, car elle n'agit pas de façon passagère mais constante. C'est dans l'égalité et la répétition constante de son enseignement que réside toute son immense importance. Comme ailleurs l'Etat ne doit pas oublier ici que tous les moyens doivent concourir au même but. Il ne doit pas se laisser induire en erreur ni enjôler par les hâbleries de ce qu'on nomme la « liberté de presse », qui le conduirait à manquer à son devoir et à priver la nation de cette nourri-
241 ture dont elle a besoin et qui lui fait du bien ; il doit, avec un esprit de décision que rien n'arrête, s'assurer de ce moyen d'éducation et le mettre au service de l'Etat et de la nation.
Quel aliment la presse allemande d'avant guerre a-t-elle fourni ? N'était-ce pas le plus odieux poison que l'on puisse s'imaginer ?
N'a-t-on pas inoculé dans le cur de notre peuple le pire pacifisme, à une époque où le reste du monde se mettait déjà en devoir de juguler l'Allemagne, lentement mais sûrement ? La presse n'avait-elle pas, déjà en temps de paix, insinué dans l'esprit du peuple le doute à l'égard du droit de l'Etat lui-même, afin de brider d'avance l'Etat dans le choix des moyens propres à le défendre ? N'était-ce pas la presse allemande qui a su faire savourer à notre peuple la folie de la « démocratie de l'Ouest », jusqu'à ce que, pris par toutes ses tirades enthousiastes, il crut pouvoir confier son avenir à une Société des nations ?
N'a-t-elle pas contribué à éduquer notre peuple dans le sens d'une lamentable amoralité ? N'a-t-elle pas ridiculisé la morale et les coutumes, en les faisant passer pour rétrogrades et béotiennes jusqu'à ce que notre peuple devint enfin « moderne » ?
N'a-t-elle pas, par la constance de ses attaques, miné les fondations de l'autorité de l'Etat jusqu'à ce qu'il suffise d'un seul coup pour faire écrouler cet édifice ? N'a-t-elle pas combattu, par tous les moyens, contre toutes les manifestations de la volonté de rendre à l'Etat ce qui est à lui ? N a-t-elle pas, par ses incessantes critiques, abaissé l'armée, saboté le service militaire général, exigé le refus des crédits militaires, etc., jusqu'à ce que son succès fût devenu inévitable ?
L'activité de la presse dite libérale ne fut pour le peuple et l'empire allemands qu'un travail de fossoyeurs. Il n'y a rien à dire à ce sujet des feuilles de mensonges marxistes : pour elles, le mensonge est une nécessité vitale, comme l'est pour le chat la chasse aux souris. Sa tâche n'est-elle pas de briser l'épine dorsale du peuple, au point de vue social et national, pour rendre ce peuple, mûr pour le joug servile du capital international et de ses maîtres les Juifs ?
Mais qu'a donc entrepris l'Etat contre cet empoisonnement massif de la nation ? Rien, mais rien du tout :
242 quelques décrets ridicules, quelques punitions contre les infamies par trop violentes, et c'est tout. On espérait, à ce prix, s'attirer la faveur de cette peste, tant par des flatteries, par la reconnaissance de la « valeur » de la presse, de son « importance » de sa mission éducatrice et autres insanités ; mais les Juifs ripostèrent par le sourire et la ruse et payèrent d'un remerciement sournois.
Pourtant la cause de cette carence mesquine de l'Etat ne résidait pas tant dans la méconnaissance de ce danger, que - et surtout - dans une lâcheté à faire crier et dans la faiblesse qui en est résultée, de toutes les décisions et de toutes les mesures prises. Personne n'avait le courage de recourir aux moyens décisifs et radicaux : on ne fit que bousiller de-ci, de-là, n'importe où, en n'employant que des demi-remèdes et, au lieu de frapper au cur, on excita violemment la vipère : le résultat fut le suivant : non seulement l'état de choses ancien ne fut pas modifié, mais, au contraire, la puissance des institutions qu'il fallait combattre augmenta d'année en année.
Le combat défensif des gouvernements allemands d'alors contre la presse qui contaminait lentement la nation, presse surtout d'origine juive, était sans directives, sans décision, et surtout sans but visible. Là, prudence et raison firent complètement défaut, aussi bien dans l'estimation de l'importance de ce combat que dans le choix des moyens et l'établissement d'un plan solide. On émettait, de côté et d'autre, des avis dogmatiques ; on enfermait parfois - quand on se sentait trop fortement mordu - tel ou tel journaliste venimeux, cela pour quelques semaines ou quelques mois, mais on laissait le nid de vipères subsister en son état.
A coup sûr, c'était le résultat, d'une part, de la tactique infiniment rusée de la juiverie, d'autre part, d'une bêtise ou d'une candeur véritablement profondes. Le Juif était beaucoup trop fin pour laisser attaquer également toute sa presse ; non, il y en avait une partie pour défendre l'autre. Tandis que les journaux marxistes entraient en campagne sous la forme la plus grossière contre tout ce que les hommes peuvent tenir pour sacré, tandis qu'ils attaquaient de la façon la plus infâme l'Etat et le gouvernement et qu'ils excitaient les unes contre les autres les diverses fractions du peuple, les journaux juifs, bourgeois-démocrates,
243 savaient se parer extérieurement de la fameuse objectivité et faisaient effort pour éviter tous les mots énergiques. Ils savaient bien, en effet, que les têtes creuses ne jugent que sur les apparences et qu'elles ne sont jamais capables de pénétrer au fond des choses, ne mesurent la valeur d'un objet que par son extérieur et non pas son contenu ; faiblesse tout humaine à laquelle ils doivent la considération dont ils jouissent.
Certes, pour ces gens-là, la Gazette de Francfort représentait le comble du journal bienséant. Jamais elle n'emploie des expressions crues, elle repousse toute brutalité corporelle et en appelle toujours au combat par les armes de l'esprit, combat préféré - ce qui est singulier - par ceux-là même qui sont le plus dépourvus d'esprit.
Ceci résulte de notre demi-éducation qui libère les hommes de leur instinct naturel, les imprègne d'une certaine science sans pouvoir les élever à la connaissance profonde des choses : pour atteindre ce niveau, l'ardeur et la bonne volonté seules ne servent à rien : il faut aussi la raison et une raison innée. L'ultime science est toujours la connaissance des causes profondes et naturelles ; je m'explique :
L'homme ne doit jamais tomber dans l'erreur de croire qu'il est véritablement parvenu à la dignité de seigneur et maître de la nature (erreur que peut permettre très facilement la présomption à laquelle conduit une demi-instruction). Il doit, au contraire, comprendre la nécessité fondamentale du règne de la nature et saisir combien son existence reste soumise aux lois de l'éternel combat et de l'éternel effort, nécessaires pour s'élever.
Il sentira dès lors que dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne, partout et seule, en maîtresse de la faiblesse qu'elle contraint à la servir docilement, ou qu'elle brise, l'homme ne peut pas relever de lois spéciales.
Lui aussi, l'homme subit la domination des principes éternels de cette ultime sagesse : il peut essayer de les saisir, mais s'en affranchir, il ne le pourra jamais.
C'est précisément pour notre demi-monde intellectuel que le Juif écrit les journaux de ce qu'il appelle sa presse intellectuelle. C'est à lui que sont destinés la Frankfur-
244 terzeitung et le Berliner Tageblatt. C'est à son diapason qu'est accordé leur ton et c'est sur lui que cette presse exerce son action. Tout en évitant toutes les formes qui apparaîtraient extérieurement comme trop crues, ils versent pourtant dans le cur de leurs lecteurs des poisons puisés à d'autres vases. Sous le geyser des sons harmonieux et des formes oratoires, ils endorment leurs lecteurs dans cette croyance que, seules, la science pure ou même la morale sont les forces motrices de leurs actes, tandis qu'il ne s'agit en vérité que de l'art, aussi génial que rusé, de voler à son adversaire, par ce moyen, I arme dont il aurait besoin contre la presse.
En effet, tandis que les uns suent la bienséance, tous les imbéciles les croient d'autant plus volontiers qu'il s'agit uniquement, de la part des autres, de légers excès quI ne constituent jamais une atteinte à la liberté de la presse, euphémisme pour désigner ce procédé scandaleux et d'ailleurs impuni, employé pour mentir au peuple et l'empoisonner. Aussi l'on redoute de marcher contre ce banditisme, de crainte d'avoir contre soi aussitôt dans ce cas la « bonne » presse : et cette crainte n'est que trop justifiée. Car, dès que l'on essaye d'attaquer l'un de ces journaux infâmes, aussitôt tous les autres prennent parti pour lui : mais ils se gardent bien d'approuver leur mode de combat, Dieu les en préserve !... Il s'agit seulement de prôner le principe de la liberté de la presse et de la liberté d'exprimer publiquement son opinion.
Mais, devant ces cris, les hommes les plus forts faiblissent, puisqu'ils ne sont poussés que par de « bons » journaux. Dans ces conditions, ce poison put, sans que rien ne s'y
opposât, pénétrer dans la circulation du sang de notre peuple, sans que l'Etat ait eu la force de supporter la maladie.
La désorganisation de l'empire, qui menaçait déjà, apparaissait dans la médiocrité ridicule des moyens employés pour l'en préserver. Une institution qui n'est plus décidée à se défendre elle-même par toutes les armes, s'abandonne.
Toute faiblesse est le signe visible de la décomposition intérieure : l'écroulement extérieur doit suivre tôt ou tard et suivra.
Je crois que la génération d'aujourd'hui, bien conduite, maîtrisera plus facilement ce danger. Elle a vécu des faits
245 qui ont pu fortifier les nerfs de ceux qui n'en ont pas perdu, l'usage. Sans doute, le Juif poussera-t-il encore bientôt dans ces journaux un cri puissant, dès que la main viendra se poser sur son nid de prédilection, dès qu'elle mettra une fin au scandale de la presse, qu'elle mettra ce moyen supplémentaire d'éducation au service de l'Etat et qu'elle ne l'abandonnera plus su pouvoir de gens étrangers au peuple et ennemis du peuple.
Mais je crois que cela nous gênera moins, nous, les jeunes, que jadis, nos pères : un obus de 30 centimètres a toujours sifflé plus fort que mille vipères de journalistes juifs... Alors, laissons-les donc siffler !
L'exemple suivant montre encore l'insuffisance et la faiblesse du gouvernement de l'Allemagne d'avant guerre, sur les questions vitales les plus importantes pour la nation.
Parallèlement à la contamination du peuple, su point de vue de la politique, des coutumes et de la morale, un empoisonnement tout aussi redoutable s'exerçait depuis déjà bien des années sur le peuple. La syphilis commença à sévir toujours de plus en plus dans les grandes villes, tandis que la tuberculose faisait également sa moisson funèbre dans la presque totalité du pays.
Bien que, dans les deux cas, les suites aient été terribles pour la nation, on ne sut pas se résoudre à des mesures décisives contre ces maux.
En particulier vis-à-vis de la syphilis, le peuple, comme l'Etat, conservèrent une attitude que l'on peut qualifier de capitulation complète. Dans un combat sérieusement conçu, l'on devait déjà pousser les efforts un peu plus loin qu'on ne le fit en réalité. L'invention d'un remède, douteux, et son application pratique ne peuvent plus guère agir contre cette contagion. Ici encore il ne pouvait être question que de combattre les causes, et non de faire disparaître les phénomènes apparents. Or la cause repose au premier chef dans notre prostitution de l'amour : même si cette prostitution n'avait pas pour effet la terrible contagion, elle serait déjà profondément nuisible pour le peuple, car il suffit déjà des dévastations d'ordre moral qu'entraîne cette dépravation pour détruire un peuple lentement et complètement.
Cette judaïsation de notre vie spirituelle et cette transformation de la pratique de l'accouplement en une affaire
246 d'argent, porteront tôt ou tard dommage à toute notre descendance : au lieu de vigoureux enfants nés d'un sentiment naturel, nous ne verrons plus que les produits lamentables d'une opération financière d'ordre pratique. Celle-ci demeurera, en effet, de plus en plus la base et la condition préalable de nos mariages. Si l'amour fait rage, c'est ailleurs.
Bien entendu, il est possible, à cet égard aussi, de railler pendant quelque temps la nature, mais la vengeance est inévitable, elle ne se manifeste que plus tard ou mieux l'homme ne la perçoit souvent que trop tard.
A quel point sont dévastatrices les suites d'une méconnaissance constante des conditions premières normales du mariage, il est aisé de le reconnaître en regardant notre noblesse. On constate là les résultats d'une reproduction qui repose, partie sur une contrainte mondaine, partie sur les raisons financières. L'une conduit à l'affaiblissement, l'autre à l'empoisonnement du sang, car toutes les juives de magasin ont la réputation d'être aptes à assurer la descendance de Son Altesse - qui, alors, a tout de l'Altesse ! - Dans les deux cas, il s'ensuit une dégénérescence totale.
Notre bourgeoisie s'efforce aujourd'hui de suivre la même voie, et atteindra le même but.
On essaie, avec une hâte indifférente, de passer devant les vérités désagréables comme si, par cette conduite, il était possible d'empêcher ce qui est d'exister. Non, on ne peut nier le fait que notre population des grandes villes est de plus en plus prostituée dans sa vie amoureuse, et que par là, elle est la proie, dans une mesure croissante, de la contagion syphilitique ; le fait est là.
Les résultats les plus plausibles de cette contamination massive, on peut les reconnaître, d'un côté, dans les maisons d'aliénés, d'un autre, hélas ! dans nos... enfants. Ceux-ci surtout constituent la preuve triste et misérable de « l'empestement » en progrès continuel de notre vie sexuelle : dans les maladies des enfants, se manifestent les vices des parents.
Il y a plusieurs moyens de trouver une solution : certaines gens ne voient rien ou, mieux, ne veulent rien voir ; c'est, bien entendu, la « prise de position » de beaucoup la plus simple et la plus économique. Les autres se drapent dans le manteau sacré d'une pruderie aussi ridicule que menteuse, parlent de toute la question comme s'il s'agissait
247 d'un grand péché et expriment avant tout leur plus profonde indignation à l'égard de tout pécheur qui s'est fait pincer ; ils ferment ensuite les yeux, dans une pieuse horreur devant cette maladie athée et prient le bon Dieu de laisser pleuvoir - le plus possible après leur mort - et le soufre et la poix sur Sodome et Gomorrhe, pour faire un nouvel exemple édifiant à cette humanité éhontée.
Les troisièmes enfin voient très clairement les suites affreuses que cette contagion doit un jour entraîner et entraînera, mais ils haussent les épaules, persuadés d'ailleurs de ne rien pouvoir faire contre le danger, de sorte qu'il faudrait laisser courir les événements, comme cela a lieu.
A vrai dire, tout cela est commode et simple, mais il ne faut pas oublier que la nation sera victime d'un laisser-aller aussi confortable. Le faux-fuyant, selon lequel cela ne va pas mieux chez les autres peuples, ne peut naturellement guère changer quoi que ce soit à notre propre décadence ; tout ce que l'on peut dire, c'est que le fait de sentir que d'autres souffrent du même mal, suffit déjà, chez beaucoup de gens, pour atténuer leur propre douleur.
Mais la question se pose alors de savoir précisément quel est le peuple qui, de lui-même, le premier et le seul, se rendra maître de cette peste, et quelles sont les nations qui en périront.
Cela aussi est une pierre de touche de la valeur de la race... la race qui ne résiste pas à l'épreuve, mourra et laissera la place à d'autres races plus saines ou plus opiniâtres, ou plus aptes à la résistance.
Car, puisque cette question concerne en premier lieu la jeunesse, elle est du ressort de ceux dont il est dit avec une effroyable exactitude que les péchés de leurs pères se vengent sur eux jusqu'à la dixième génération, vérité qui ne porte que sur ces attentats contre le sang et contre la race.
Le péché contre le sang et la race est le péché originel de ce monde et marque la fin d'une humanité qui s'y adonne.
Combien l'attitude de l'Allemagne d'avant guerre fut lamentable vis-à-vis de cette question ! Qu'arriva-t-il pour mettre un frein à la propagation de cette peste dans les grandes villes ? Que fit-on pour venir à bout de cette contamination et de cette mammonisation de notre vie amoureuse ? Que fit-on pour combattre la syphilisation de la masse populaire, qu'en résulta-t-il ?
248 La réponse se trouve bien facilement en précisant ce qui aurait dû se produire.
On ne devrait pas tout d'abord prendre cette question à la légère, mais on devrait, au contraire, comprendre que de la solution qui lui sera donnée, dépendra le bonheur ou le malheur de générations entières, on devrait comprendre qu'elle pouvait ou devait être décisive pour l'avenir de notre peuple. Mais une telle notion obligeait à prendre des mesures et des interventions radicales. Au premier plan de toutes les considérations, il y avait lieu de se convaincre de ce que, en tout premier lieu, il fallait concentrer l'attention de toute la nation sur cet effroyable danger, afin que chacun pût se convaincre intimement de l'importance de ce combat.
On ne peut certes conférer, le plus souvent, une pleine efficacité à des obligations véritablement tranchantes et dures à supporter que si, après avoir appliqué à chacun la contrainte, on le conduit, par surcroît, à reconnaître la nécessité des mesures prises : mais ceci demande à être puissamment éclairé, toutes autres questions du jour, susceptibles de détourner l'attention, ayant été éliminées.
Dans tous les cas où il s'agit de satisfaire à des exigences ou à des tâches d'apparence irréalisables, il faut que toute l'attention d'un peuple se groupe et s'unisse sur une même question, comme si, de la solution de cette dernière, dépendait en fait la vie ou la mort. Ce n'est qu'à ce prix que l'on peut rendre un peuple volontairement capable de grandes actions et de grands efforts.
Ce principe porte aussi sur l'homme isolé, lorsqu'il doit atteindre des buts élevés. Lui aussi ne devra entreprendre cette tâche que par tranches étagées ; lui aussi devra toujours grouper tous ses efforts pour obtenir l'accomplissement d'une tâche partielle nettement délimitée, et cela, jusqu'à ce qu'elle paraisse remplie et que le jalonnement de la tranche suivante puisse être entrepris.
Quiconque n'entreprend pas cette répartition du chemin à parcourir et à conquérir, en étapes distinctes, et ne fait pas un efFort méthodique pour accomplir victorieusement chacune d'entre elles, en ramassant intensément toutes ses forces, celui-là ne parviendra jamais jusqu'au but final, mais restera quelque part en route, et peut-être même hors du chemin.
Ce travail pour se hisser vers le but est un art, il exige
249 la mise en uvre constante des énergies suprêmes pour surmonter, pas à pas, les difficultés de la route.
La toute première condition nécessaire pour passer à l'attaque d'un secteur si difficile de la carrière humaine est celle-ci : il importe que le commandement réussisse à représenter à la masse du peuple l'objectif partiel à atteindre, ou mieux, à conquérir, comme l'unique, le seul digne de retenir l'attention des hommes, et dont la prise entraîne le succès de tout le reste.
Sinon la majeure partie du peuple ne peut jamais prendre sous son regard toute la route, sans se lasser ni sans douter de sa tâche. Dans une certaine mesure, elle conservera le but dans ses yeux, mais elle ne pourra regarder le chemin devant elle que par petits segments, tel le voyageur qui sait le terme de son voyage, et le connaît, mais qui pour mieux venir à bout de sa route interminable, la divise en secteurs et franchit chacun d'un pas résolu, comme s'il marquait lui-même le but attendu de son voyage. Ce n'est, il faut le dire, qu'à cette condition qu'il avance sans renoncer.
C'est ainsi qu'à l'aide de tous les moyens de la propagande, la question de la lutte contre la syphilis aurait dû être présentée comme le devoir de la nation et non pas comme un devoir. Il aurait fallu, dans ce but, enfoncer dans le crâne des hommes par tous les moyens possibles, et avec tout le développement nécessaire, que les dégâts de la syphilis constituent le plus affreux malheur, et ceci jusqu'à ce que la nation tout entière soit parvenue à cette conviction... à savoir que, de la solution de ce problème, dépend tout, l'avenir ou la ruine.
Ce n'est qu'après une telle préparation, longue, s'il le faut, de plusieurs années, que l'attention, et avec elle la décision d'un peuple entier, peut être suffisamment éveillée pour que l'on puisse désormais recourir à des mesures très lourdes, comportant de grands sacrifices, sans devoir s'exposer à l'incompréhension ou à l'abandon soudain de la bonne volonté de la masse du peuple.
Il faut, en effet, pour venir à bout de cette peste, consentir à des sacrifices inouïs et à des travaux considérables.
Le combat contre la syphilis exige la lutte contre la prostitution, contre des préjugés, de vieilles habitudes, des théories jusqu'alors en cours, des opinions répandues, et,
250 en lui attribuant toute son importance, contre la pruderie de certains milieux.
La première condition pour combattre ces faits sur la base d'un droit - ne fût-ce qu'un droit moral - est l'effort pour rendre possible le mariage jeune des générations à venir. Les mariages tardifs sont la seule cause de l'obligation dans laquelle on se trouve de maintenir une organisation qui - que l'on se retourne comme l'on veut - reste une honte pour l'humanité, qui convient on ne peut plus mal à un être qui, avec sa modestie coutumière, se plaît à se considérer comme l'image de Dieu.
La prostitution est un affront à l'humanité : mais on ne peut la supprimer par des conférences morales, une pieuse bonne volonté, etc. ; mais sa limitation et sa destruction définitive imposent au préalable l'élimination d'un certain nombre de conditions préalables.
Mais la première d'entre elles reste la création de la possibilité d'un mariage précoce qui réponde au besoin de la nature humaine, et en particulier de l'homme, car la femme ne joue à cet égard qu'un rôle passif.
A quel point les gens peuvent-ils divaguer, combien bon nombre d'entre eux sont-ils déjà dépourvus de raison, il est aisé de le découvrir si l'on entend souvent des mères de la « meilleure » société, comme l'on dit, affirmer qu'elles vous seraient reconnaissantes de trouver pour leur enfant un homme qui aurait « déjà jeté sa gourme ».
Comme il ne manque pas en général de sujets de ce genre - moins que de la catégorie opposée - la pauvre fille se réjouira de trouver ainsi un Siegfried-écorné (1) et les enfants constitueront le résultat visible de ce mariage de raison.
Lorsqu'on pense qu'en plus de cela, se produit une limitation aussi serrée que possible de la procréation, ayant pour effet d'interdire tout choix de la part de la nature, puisqu'il faut bien entendu, par surcroît, conserver tous les êtres, même les plus misérables, la question se pose vraiment de savoir pourquoi subsiste une telle organisation et quel but elle peut atteindre.
(1) Il y a dans le texte un joli jeu de mot : jeter sa gourme se dit : sich die Hörner abstoszen. Aussi Hitler dit-il « la jeune fille trouvera un Siegfried écorné » : double Witz, si l'on pense à la trompe d'argent de Siegfried (Horn).
251 N'est-ce pas exactement la même chose que la prostitution elle-même ? Les générations à venir ne jouent-elles plus leur rôle à cet égard ? Ou bien ignore-t-on quelle malédiction de nos enfants et des enfants de nos enfants retomberont sur nos épaules, pour avoir ainsi criminellement et inconsidérément violé l'ultime droit naturel, et l'ultime devoir naturel !
Ainsi dégénèrent les peuples civilisés... c'est ainsi que peu à peu ils disparaissent.
Même le mariage ne peut pas être considéré comme un but en soi : il doit conduire vers un but plus élevé, la multiplication et la conservation de l'espèce et de la race : telle est son unique signification, telle est son unique mission.
Ceci posé, l'opportunité du mariage précoce ne peut être mesurée qu'à la façon dont il accomplit sa mission. Le mariage précoce est déjà favorable du fait qu'il donne au jeune ménage cette force qui seule permet la naissance d'une descendance saine et résistante. A vrai dire, le mariage précoce ne peut être réalisé sans l'accomplissement préalable d'une série de mesures sociales sans lesquelles il ne faut pas y songer.
Or, cette petite question ne peut pas être résolue, si l'on ne fait appel à des mesures décisives au point de vue social.
L'importance de ces questions doit très clairement apparaître au moment où la République dite « sociale », incapable de résoudre le problème du logement, empêche tout simplement, de ce fait, de nombreux mariages et, par suite, pousse à la prostitution.
La stupidité de notre distribution des salaires qui prend trop peu en considération la question de la famille et de son alimentation, est une autre raison qui s'oppose si souvent au mariage précoce.
On ne peut donc en venir à la lutte proprement dite contre la prostitution qu'une fois que le mariage aura été rendu possible à un âge moins élevé qu'à présent, et ceci grâce à un changement profond des conditions sociales.
Telle est la question primordiale à trancher, pour résoudre cette question.
En deuxième lieu, l'éducation et l'instruction doivent bannir une série de fautes dont on ne se soucie presque pas
252 à présent. Tout d'abord il faut, dans l'éducation telle qu'elle est donnée jusqu'à présent, faire un compromis entre l'enseignement intellectuel et le développement physique. Ce qui s'appelle aujourd'hui Lycée est un défi à son modèle antique. Dans notre éducation, nous avons complètement oublié qu'à la longue un esprit sain ne peut demeurer que dans un corps sain.
A part quelques exceptions, c'est surtout lorsqu'on regarde la grande masse du peuple que cette formule prend sa pleine valeur.
Il fut un temps où, dans l'Allemagne d'avant guerre, on ne se souciait plus du tout de cette vérité. On se bornait à accuser le corps de tous les péchés et l'on pensait détenir une garantie sûre pour la grandeur de la nation en instruisant unilatéralement l'esprit. Erreur qu'il fallut expier plus tôt qu'on ne le croyait. Ce n'est pas un hasard que la vague bolcheviste n'ait trouvé nulle part un champ d'action plus favorable que dans une population dégénérée par la faim ou une longue période de sous-alimentation : au centre de l'Allemagne, en Saxe et dans le bassin de la Ruhr. Dans tous ces territoires ne se rencontre presque plus aucune résistance sérieuse de la part de ce que l'on nomme l'intelligence, contre cette maladie de Juifs, et ceci pour la seule raison que l'intelligence elle-même est matériellement complètement dépravée, moins encore en raison de la détresse que pour des raisons d'éducation. L'annihilation de la formation intellectuelle de nos classes supérieures rend celles-ci incapables - en un ,temps où ce n'est pas l'esprit, mais le poing qui décide - de se maintenir et, moins encore, de progresser. C'est souvent dans les infirmités corporelles que réside la première raison de la lâcheté personnelle.
Mais l'accentuation exagérée d'un enseignement purement intellectuel et l'abandon de l'éducation physique provoquent, chez des sujets trop jeunes, des manifestations sexuelles.
Le jeune homme que le sport et la gymnastique ont rendu dur comme fer subit moins que l'individu casanier, exclusivement repu de nourriture intellectuelle, le besoin de satisfactions sensuelles. Une éducation raisonnable doit tenir compte de ce fait : elle ne doit pas perdre de vue que les satisfactions qu'un jeune homme sain attendra de la femme seront différentes de celles qu'attendra un débile
253 prématurément corrompu. Ainsi toute l'éducation doit tendre à employer tous les moments libres du jeune homme, à fortifier utilement son corps.
Il n'a pas le droit de fainéanter pendant ces années de jeunesse, d'infester de sa présence les rues et les cinémas ; il doit, après sa journée de travail, cimenter son jeune corps et l'endurcir pour que la vie, un jour ou l'autre, ne le trouve pas trop amolli. La mission des éducateurs de la jeunesse consiste à préparer cet ouvrage, à l'exécuter, à le conduire et à le diriger: leur rôle ne consiste pas uniquement à insuffler de la sagesse. Les éducateurs doivent faire table rase de cette idée qu'il appartient à chacun pour soi de s'occuper de son propre corps : or nul n'est libre de pécher su détriment de sa descendance, et par suite de la race.
Parallèlement avec l'éducation du corps doit être mené le combat contre l'empoisonnement de l'âme : toute notre vie extérieure semble se passer dans une serre où fleurissent les manifestations et les excitations sexuelles. Regardez donc le « menu » de nos cinémas, de nos divers établissements et théâtres : il est indéniable que l'on ne trouve pas là l'alimentation qu'il faut, pour la jeunesse surtout. Dans les étalages et sur les colonnes de publicité, on travaille par les plus vils moyens à attirer l'attention du public : il est facile de comprendre, pour quiconque a conservé la faculté de méditer, que de telles pratiques doivent porter les plus lourds préjudices. Cette atmosphère molle et sensuelle conduit à des manifestations et à des excitations, à un moment où le jeune garçon ne devrait pas encore comprendre. On peut chercher d'une façon peu réjouissante, sur la jeunesse d'aujourd'hui, le résultat de ce mode d'éducation.
Mûrie trop tôt, elle est vieille avant l'âge.
Des tribunaux, parviennent à l'oreille du public, maints faits qui permettent d'avoir des vues affreuses sur la vie spirituelle de nos enfants de quatorze et quinze ans. Qui s'en étonnerait, si, déjà à ces âges, la syphilis commence à chercher ses victimes ? Et n'est-ce pas une misère de voir combien de jeunes gens, faibles de corps et pourris d'esprit, sont initiés au mariage par une prostituée de grande ville ?
Non, qui veut supprimer la prostitution doit tout d'abord éliminer les causes morales dont elle résulte.
Il devra éliminer les ordures de l'empestement moral
254 de la civilisation des grandes villes, et ceci sans égard pour quoi que ce soit, et sans hésitation devant les cris et les hurlements déchaînés que l'on ne manquera pas de pousser. Si nous ne relevons pas la jeunesse, en la tirant du marais où elle stagne aujourd'hui, elle s'y engloutira. Celui qui ne veut pas voir cet état de choses, se rend complice de la prostitution lente de notre avenir qui assurément repose sur la génération qui vient. Cette purification de notre civilisation doit s'étendre sur presque tous les domaines. Théâtre, art, littérature, cinéma, presse, affiches, étalages doivent être nettoyés des exhibitions d'un monde en voie de putréfaction, pour être mis au service d'une idée morale, principe d'état et de civilisation.
La vie extérieure doit être libérée du parfum étouffant de notre exotisme moderne, aussi bien que de toute hypocrisie prude et peu virile. Sur tous ces points, le But et la Voie doivent être tracés par le souci de maintenir la santé physique et morale de notre peuple. Le droit à la liberté individuelle le cède devant le devoir de sauvegarder la race.
Ce n'est qu'après l'exécution de ces mesures que peut être mené avec quelque chance de succès le combat contre l'épidémie elle-même. Mais là aussi, il ne peut pas n'être question que de demi-mesures : ici encore il faudra en venir aux décisions les plus lourdes et les plus tranchantes. C'est une faiblesse de conserver, chez des malades incurables, la possibilité chronique de contaminer leurs semblables, encore sains. Ceci correspond à un sentiment d'humanité selon lequel on laisserait mourir cent hommes pour ne pas faire de mal à un individu.
Imposer l'impossibilité pour des avariés de reproduire des descendants avariés, c'est faire uvre de la plus claire raison ; c'est l'acte le plus humanitaire, lorsqu'il est appliqué méthodiquement, que l'on puisse accomplir vis-à-vis de l'humanité.
Ce geste épargne des souffrances imméritées à des millions de malheureux, et il conduira ensuite à une guérison progressive. La décision de marcher dans cette direction opposera une digue à l'extension progressive des maladies vénériennes.
Car ici, on arrivera s'il le faut à l'impitoyable isolement des incurables, mesure barbare pour celui qui aura le malheur d'en être frappé, mais bénédiction pour les contemporains et la postérité.
255 La souffrance passagère d'un siècle peut et doit délivrer du mal les siècles suivants.
La lutte contre la syphilis et son intermédiaire la prostitution est une des tâches les plus considérables de l'humanité, considérable parce qu'il ne s'agit pas là de la solution d'une question isolée, mais de l'élimination de toute une série de maux qui donnent lieu, comme phénomène subséquent, à cette maladie contagieuse. Car cette lésion du corps n'est encore que la conséquence d'une maladie des instincts moraux, sociaux et racistes.
Si ce combat n'est pas mené, soit par nonchalance, soit par lâcheté, on pourra regarder dans cinq cents ans ce que seront les peuples. On n'en trouvera que peu qui seront à l'image de Dieu, sans vouloir se moquer du Très-Haut.
Comment l'ancienne Allemagne avait-elle donc essayé de lutter contre cette contamination ? En examinant à tête reposée, on en vient à une réponse vraiment troublante.
A coup sûr, on reconnut très bien dans les milieux gouvernementaux les dégâts effrayants de cette maladie, si l'on ne pouvait pas parfois en mesurer les suites. Mais dans le combat contre ce fléau, on demeurait complètement défaillant et l'on n'avait recours qu'à des mesures misérables plutôt qu'à des réformes profondes.
On émettait çà et là, au sujet de la maladie, des idées dogmatiques et on laissait les causes, être des causes. Chaque prostituée était soumise à un examen médical, examinée aussi bien que possible, et fourrée, en cas de maladie constatée, dans quelque hôpital d'où elle était relâchée et lancée contre le reste de l'humanité après guérison superficielle.
Il faut reconnaître que l'on avait inséré un « paragraphe de protection », d'après lequel celui qui n'était pas tout à fait sain ou guéri devait, sous peine de punition, éviter tout rapport sexuel. Sans doute, cette mesure est-elle bonne en soi, mais dans la pratique elle ne donnait presque aucun résultat.
D'abord la femme - si c'est elle qui est frappée de ce malheur - refusera, dans la plupart des cas, de se laisser entraîner, surtout devant un tribunal, pour témoigner contre celui qui, dans des circonstances souvent pénibles, lui a volé sa santé. A celle-là surtout cela ne servira qu'à peine, car le plus souvent c'est elle qui aura le plus à souffrir
256 de cette procédure, et elle éprouvera de la part de son entourage inamical un mépris plus grand encore que ce ne serait le cas pour l'homme. Représentez-vous enfin la situation, si c'est le mari lui-même qui a transmis la maladie ? Faut-il alors qu'elle porte plainte ? Ou que doit-elle faire alors ?
Mais en ce qui concerne l'homme, il s'ajoute le fait qu'il va malheureusement au-devant de cette peste, souvent précisément après une abondante absorption d'alcool : il est, en effet, dans ces conditions particulièrement hors d'état de juger des qualités de sa belle. Ceci n'est d'ailleurs que trop bien connu des prostituées malades qui sont, de ce fait, portées à pêcher précisément des hommes qui se trouvent dans cet état idéal.
Le résultat, c'est que l'homme surpris, mais un peu tard, même en réfléchissant de toutes ses forces, ne peut plus se rappeler sa bienfaitrice pitoyable, ce qui n'a rien d'étonnant dans une ville comme Berlin ou même Munich. Ajoutez à cela qu'il s'agit souvent de visiteurs de province qui restent complètement inexpérimentés en face des charmes de la grande ville.
Enfin, qui peut donc savoir s'il est malade ou non ? N'y a-t-il pas de nombreux cas dans lesquels un homme qui paraît guéri, rechute et se prépare le pire malheur, sans seulement s'en douter d'abord lui-même.
Ainsi l'effet pratique de cette protection, par la sanction légale contre une contamination coupable, est en réalité presque nul. Et il en est complètement de même en ce qui concerne la visite des prostituées, et enfin la guérison elle-même est incertaine et douteuse. La seule donnée sûre est celle-ci : la contamination s'est répandue de plus en plus malgré toutes les mesures ; ceci fait ressortir de la façon la plus frappante l'inefficacité de ces procédés.
Car tout ce que l'on a pu faire d'autre à cet égard était aussi insuffisant que ridicule : la prostitution morale du peuple n'était pas combattue ; on ne faisait en réalité rien contre elle.
Que celui-là donc qui est porté à prendre tout cela à la légère, étudie de bonne foi les données statistiques sur l'extension de cette peste, qu'il compare son accroissement dans les cent dernières années, qu'il réfléchisse à ce développement ; il faudrait qu'il ait I'intelligence d'un âne pour
257 ne pas sentir un frisson désagréable lui passer dans le dos I La faiblesse et l'insuffisance avec lesquelles déjà, dans l'ancienne Allemagne, on prit position en face d'un si terrible phénomène, peuvent être appréciées comme un signe de décomposition du peuple.
Car, si la force fait défaut pour un combat dont le prix est notre propre santé, nous avons, dans ce monde où tout est combat, perdu le droit de vivre.
Le monde n'appartient qu'aux forts qui pratiquent des solutions totales, il n'appartient pas aux faibles, avec leurs demi-mesures.
L'un des phénomènes de décomposition les plus apparents du vieil empire était la chute lente du niveau culturel, et quand je dis Kultur je ne parle pas de celle que l'on désigne aujourd'hui par le mot de civilisation. Celle-ci paraît être, au contraire, plutôt une ennemie de la véritable hauteur d'esprit et de vie.
Déjà à la fin du siècle dernier, commençait à s'introduire dans notre art un élément que l'on pouvait jusqu'alors considérer comme tout à fait étranger et inconnu. Sans ; doute y avait-il eu, dans des temps antérieurs, maintes fautes de goût, mais il s'agissait plutôt, dans de tels cas, de déraillements artistiques auxquels la postérité a pu reconnaître une certaine valeur historique, non de produits d'une déformation n'ayant plus aucun caractère artistique et provenant plutôt d'une dépravation intellectuelle poussée jusqu'au manque total d'esprit. Par ces manifestations commença à apparaître déjà, au point de vue culturel, l'effondrement politique qui devint plus tard plus visible.
Le. bolchevisme dans l'art est d'ailleurs la seule forme culturelle vivante possible du bolchevisme et sa seule manifestation d'ordre intellectuel.
Que celui qui trouve étrange cette manière de voir examine seulement l'art des Etats qui ont eu le bonheur d'être bolchevisés et il pourra contempler avec efFroi comme art ofFiciellement reconnu, comme art d'Etat, les extravagances de fous ou de décadents que nous avons appris à connaître depuis la fin du siècle sous les concepts du cubisme et du dadaïsme.
Même pendant la courte période de la république soviétique bavaroise, ce phénomène avait apparu. Déjà là on pouvait voir combien toutes les affiches officielles, les dessins
258 de propagande dans les journaux, etc., portaient en eux-mêmes non seulement le sceau de la décomposition politique, mais aussi celui de la culture.
Un efFondrement culturel, comme il commençait à s'en manifester depuis 1911 dans les élucubrations futuristes et cubistes, aurait été, il y a encore soixante ans, aussi peu prévisible que l'effondrement politique dont nous constatons la gravité.
Il y a soixante ans, une exposition des témoignages que l'on a appelés « dadaïstes » aurait paru tout simplement impossible et ses organisateurs auraient été internés dans une maison de fous, tandis qu'aujourd'hui ils président des sociétés artistiques. Cette épidémie n'aurait pas pu voir le jour, car l'opinion publique ne l'aurait pas tolérée et l'Etat ne l'aurait pas regardée, sans intervenir. Car c'était une question de gouvernement, d'empêcher qu'un peuple soit poussé dans les bras de la folie intellectuelle. Mais un tel développement devait finir un jour ; en effet, le jour où cette forme d'art correspondrait vraiment à la conception générale, l'un des bouleversements les plus lourds de conséquences se serait produit dans l'humanité. Le développement à l'envers du cerveau humain aurait ainsi commencé... mais on tremble à la pensée de la manière dont cela pourrait finir.
Dès que, de ce point de vue, on fait défiler devant soi l'évolution de notre culture depuis les vingt dernières années, on verra avec effroi combien nous sommes déjà engagés dans le mouvement rétrograde. Partout, nous nous heurtons à des germes qui donnent naissance à des protubérances dont notre culture périra tôt ou tard. Là aussi nous pouvons distinguer les phénomènes de dissolution dans un monde à l'état de lente décomposition : malheur aux peuples qui ne p8uvent plus se rendre maîtres de cette maladie !
Ces phénomènes morbides pouvaient d'ailleurs être constatés en Allemagne, dans presque tous les domaines : tout paraissait ici avoir dépassé le point culminant et se hâter vers le précipice. Le théâtre tombait visiblement plus bas et aurait déjà à ce moment disparu sans merci comme facteur de culture, si, tout au moins les théâtres de la cour, ne s'étaient pas dressés contre la prostitution de l'art. Si l'on fait abstraction de ces théâtres et de quelques autres
259 exceptions célèbres, les représentations de la scène étaient telles qu'il eût été préférable pour la nation d'éviter tout à fait de les fréquenter.
C'était un signe affligeant de décomposition intérieure, que de ne plus pouvoir envoyer la jeunesse dans la plupart de ces « centres d'art », comme on les appelait, ce que l'on avouait publiquement sans vergogne, avec cet avis général digne de figurer dans un musée : « Entrée interdite aux jeunes ! »
Pensez un peu que l'on était obligé de prendre de telles mesures de prudence, en des endroits qui devaient exister su premier chef pour participer à la formation de la jeunesse, et qui ne devaient pas servir à l'amusement de générations âgées et blasées. Qu'auraient pensé les grands dramaturges de tous les temps d'une telle mesure, et qu'auraient-ils dit surtout des circonstances qui l'avaient provoquée ? Comment se seraient détournés Schiller avec fougue, Goethe avec violence i
Mais que sont vraiment Schiller, Goethe et Shakespeare devant la nouvelle poésie allemande ? Des phénomènes vieux, usés, d'un autre âge et dépassés ! Car la caractéristique de cette époque, la voici :
Elle a non seulement produit plus de malpropreté mais, par-dessus le marché, elle souillait tout ce qu'il y a de vraiment grand dans le passé. C'est d'ailleurs un phénomène que l'on peut toujours observer à de pareilles époques. Plus les productions d'une époque et de ses hommes sont viles et misérables, plus on hait les témoins d'une grandeur et d'une dignité passées, si elles ont été supérieures. Ce que l'on préfère dans de telles époques, c'est d'effacer les souvenirs du passé de l'humanité pour présenter mensongèrement sa propre camelote comme de l'art, en supprimant toute possibilité de comparaison. Aussi chaque nouvelle institution essayera, plus elle sera lamentable et misérable, d'effacer d'autant les derniers vestiges du passé ; tandis qu'une rénovation véritable et grande de l'humanité peut se relier sans crainte aux belles uvres des générations passées, et même elle cherche souvent à les mettre en valeur. Elle n'a pas à craindre de pâlir devant le passé, mais elle donne par elle-même une si précieuse contribution au trésor commun de la culture humaine que, souvent, elle voudrait maintenir elle-même le souvenir des uvres
260 anciennes pour leur conférer l'estime qui leur revient, ceci afin d'assurer dès lors, à sa production nouvelle, la pleine compréhension du présent.
Celui qui ne peut donner au monde, par lui-même, rien de précieux, mais qui essaie de faire comme s'il voulait lui donner Dieu sait quoi, celui-là haïra tout ce qui a été réellement donné et il se plaira surtout à le nier ou même à le détruire.
Et ceci ne porte pas seulement sur les phénomènes nouveaux en matière de culture générale, mais concerne aussi les phénomènes politiques. Moins un mouvement révolutionnaire a de valeur par lui-même, plus il haïra les anciennes formes.
Ici encore, on peut voir combien le souci de laisser apparaître son propre ouvrage comme estimable, peut conduire à une haine aveugle contre ce que le passé a transmis de bien et de vraiment supérieur.
Tant que, par exemple, ne sera pas mort le souvenir historique de Frédéric le Grand, Frédéric Ebert ne peut provoquer l'admiration que sous réserves. Le héros de Sans-Souci se trouve, vis-à-vis de l'ancien ripailleur de Brème, comme le soleil vis-à-vis de la lune : ce n'est qu'une fois les rayons du soleil éteints que la lune peut briller. Voilà aussi la raison compréhensible de la haine des lunes nouvelles contre les étoiles fixes : quand, dans le cadre de la vie politique, le sort jette, pour un temps, le pouvoir entre les bras de telles nullités, celles-ci s'attachent, non seulement à souiller et salir le passé, mais encore à se soustraire elles-mêmes à la critique par des moyens superficiels. Un exemple qui porte, à cet égard, est celui de la législation de protection de la République du nouveau Reich allemand.
Aussi quand une idée nouvelle, un nouvel enseignement, une nouvelle conception du monde, comme aussi un mouvement politique ou économique essaie de nier tout le passé, de le présenter comme mauvais ou sans valeur, cette seule raison doit rendre déjà extrêmement prudent et méfiant. La plupart du temps, une telle haine a pour cause, soit la moindre valeur de celui qui la professe, soit une intention mauvaise en soi. Une rénovation vraiment bienfaisante de l'humanité aura toujours et éternellement à construire là où s'arrête la dernière fondation solide.
261 Elle n'aura pas à rougir d'utiliser des vérités déjà établies : car toute la culture humaine, ainsi que l'homme lui-même, ne sont bien que le résultat d'une évolution longue et une, dans laquelle chaque génération a apporté et introduit sa pierre pour construire l'édifice.
Le sens et le but des révolutions ne sont donc pas de démolir tout cet édifice, mais de supprimer ce qui est mal ou mal adapté, et de bâtir en plus et auprès de ce qui existe à l'endroit sain qui a été de nouveau libéré.
Ce n'est qu'à ce prix que l'on pourra et aura le droit de parler d'un progrès de l'humanité. Sinon le monde ne serait jamais délivré du chaos, car chaque génération s'attribuerait alors le droit de renier le passé, et par là chacune s'arrogerait le droit, avant de se mettre elle-même à l'uvre, de détruire le travail du passé.
Le plus triste dans l'état général de notre culture d'avant-guerre fut non seulement la carence intégrale de la puissance créatrice artistique et, dans l'ensemble, culturelle, mais aussi la haine avec laquelle on souillait et effaçait le souvenir d'un passé plus grand que le présent. Presque dans tous les domaines de l'art, en particulier dans le théâtre et la littérature, on commença, au début du siècle, à produire moins d'uvres nouvelles importantes - au contraire la mode était bien plutôt d'abaisser les meilleures uvres si elles étaient vieilles, et de les dépeindre comme médiocres ou surpassées : comme si l'insuffisance infamante de cette époque pouvait manifester quelque supériorité. Or de cet effort même de soustraire le passé au regard du présent, ressort clairement et distinctement l'intention de ces apôtres des temps futurs. On aurait pu reconnaître à cela qu'il ne s'agissait pas de conceptions culturelles neuves, voire fausses, mais d'un procédé de destruction des bases de la civilisation elle-même, d'un effort pour plonger de ce fait, le plus profondément possible dans la folie, le sentiment artistique sain jusqu'alors, et pour préparer, au point de vue spirituel, le bolchevisme politique. Si le siècle de Périclès paraît matérialisé par le Parthénon, l'ère bolchevique actuelle l'est par quelque grimace cubiste.
Dans cet ordre d'idées, il faut aussi attirer l'attention sur la visible lâcheté d'une partie de notre peuple à laquelle son instruction et sa situation auraient conféré le devoir de faire front contre cet outrage à la culture. Par pure crainte
262 des cris des apôtres de l'art bolcheviste, qui, après avoir attaqué avec la dernière violence tous ceux qui ne voulaient pas reconnaître en eux l'élite de la création, les ont cloués au pilori comme de misérables retardateurs, on renonça à toute résistance sérieuse pour se jeter dans ce que l'on estimait alors comme l'inévitable.
On redoutait véritablement les accusations de ces demi-fous et de ces escrocs de l'insanité ! Comme s'il aurait été honteux de ne pas comprendre des productions de ces gens intellectuellement dégénérés, ou de ces trompeurs.
Ces disciples de la Kultur avaient, à vrai dire, un moyen très simple de présenter leur folie comme une uvre, puissante Dieu sait comment. Ils présentaient au monde étonné chaque uvre incompréhensible et manifestement déraisonnable comme, ce qu'ils appelaient « un fait vécu » en eux-même, retirant ainsi d'avance, de la bouche de la plupart des gens, toute parole de contradiction.
Il n'y avait certes pas à douter que ce fut aussi une expérience intime, mais ce qui est douteux, c'est l'opportunité d'exposer au monde sain les hallucinations d'hommes atteints de troubles mentaux ou de criminels.
Les uvres d'un Maurice von Schwind ou d'un Böcklin étaient aussi des uvres vécues intérieurement, mais par des auteurs doués de grâces divines et non par des arlequins.
Mais, en cette matière, on pouvait apprécier la lâcheté lamentable de ce que nous appelons nos milieux intellectuels, qui restaient cloués devant toute résistance sérieuse contre l'empoisonnement du sain instinct de notre peuple, et laissaient au peuple lui-même le soin de s'en tirer avec ces impudentes folies.
Pour ne pas sembler ne pas comprendre l'art, on achetait tous ces défis à l'art, au point que l'on perdit à la fin toute sûreté dans la discrimination entre le bon et le mauvais.
Exposons encore la remarque suivante qui est digne de réflexion.
Au dix-neuvième siècle, nos villes commencèrent à perdre de plus en plus le caractère de centre de civilisation, pour descendre au niveau de simples centres d'immigration. Le peu d'attachement que le prolétariat moderne de nos grandes villes éprouve pour la localité où il habite, résulte de ce qu'il ne s'agit plus ici vraiment que du point de stationnement occasionnel de chacun, et rien de plus.
263 Ceci tient en partie aux changements de résidence fréquents, nécessités par les conditions sociales, qui ne laissent pas à l'homme le temps de s'attacher étroitement à sa ville, mais cela résulte aussi du manque de caractère au point de vue culturel général et de la sécheresse de nos villes d'aujourd'hui.
Encore à l'époque des guerres de libération, les villes allemandes étaient non seulement peu nombreuses, mais aussi de dimensions modestes. Le peu de villes véritablement grandes étaient, en général, des capitales et elles avaient presque toujours comme telles une valeur culturelle bien définie, comme aussi un cachet artistique propre. Par rapport aux villes de même importance d'aujourd'hui, les quelques villes de plus de cinquante mille habitants étaient riches en trésors scientifiques et artistiques. Quand Munich n'avait que 60.000 âmes, elle était déjà en train de devenir l'un des premiers centres artistiques allemands. Maintenant, presque toutes les localités industrielles ont atteint ce chiffre de population, ou l'ont même déjà souvent dépassé, sans pouvoir pourtant s'attribuer rien qui présentât une réelle valeur.
Ce ne sont que des amoncellements de casernes, où l'on gîte, où l'on loue et c'est tout. C'est une énigme que l'on puisse s'attacher à telles localités manquant, à ce point, de caractère. Personne ne peut s'attacher à une ville qui n'a rien de plus à offrir qu'une autre, qui n'a aucune touche personnelle et dans laquelle on semble avoir peiné pour éviter tout ce qui pourrait avoir la moindre apparence artistique.
Mais ce n'est pas tout : les grandes villes, elles aussi, deviennent d'autant plus pauvres en véritables uvres d'art que le nombre de leur population s'élève.
Elles ont l'air toujours plus brutes et présentent toutes le même aspect, quoique à une plus grande échelle que les pauvres petites localités industrielles. Ce que l'époque moderne a apporté comme tribut culturel à nos grandes villes est absolument insuffisant.
Toutes nos villes vivent de la gloire et des trésors du passé. Mais que l'on retire donc au Munich d'aujourd'hui tout ce qui y fut créé sous Louis Ier et l'on verra avec horreur combien est pauvre, depuis cette époque, l'accroissement du nombre de créations artistiques importantes. On pourrait
264 en dire autant de Berlin et de la plupart des autres grandes villes.
Mais l'essentiel est pourtant ce qui suit : nos grandes villes d'aujourd'hui ne possèdent aucun monument tranchant dans l'aspect général de la cité et qui pourrait être désigné comme le symbole de toute une époque. C'était pourtant le cas dans les villes du moyen âge, dont presque chacune possédait un monument de sa gloire. Ce n'était pas parmi les habitations privées que se trouvait le monument caractéristique de la cité antique, mais dans les monuments de la collectivité qui paraissaient voués, non à une destinée passagère, mais à l'éternité, parce qu'il ne s'agissait pas de les utiliser à refléter la richesse d'un propriétaire particulier, maïs la grandeur et l'importance de la collectivité. Ainsi surgirent des monuments qui étaient tout à fait propres à attacher chaque habitant à sa ville d'une manière qui nous paraît encore souvent aujourd'hui presque incompréhensible. Ce que cet habitant avait devant les yeux était, en effet, les maisons de médiocre apparence des citoyens, alors que les constructions imposantes appartenaient à la communauté tout entière. Devant elles, la maison d'habitation tombait au rang d'un accessoire.
Dès que l'on compare les proportions des constructions d'Etat antiques avec les habitations de la même époque, on comprend le poids et la puissance de l'affirmation de ce principe selon lequel les uvres publiques doivent être placées au premier plan.
Ce que nous admirons aujourd'hui, dans les quelques colonnes qui émergent encore des monceaux de décombres et des espaces couverts de ruines du monde antique, ce ne sont pas les palais d'affaires de ce temps-là, ce sont des temples et des bâtiments de l'Etat ; ce sont donc des uvres dont les propriétaires étaient la collectivité elle-même. Même dans la pompe de la Rome décadente, ce ne furent pas les villas ou les palais de quelques citoyens qui tinrent la première place : ce furent les temples et les thermes, les stades, les cirques, les aqueducs, les basiliques, etc., de l'Etat, donc du peuple entier.
Même le moyen âge germanique maintint le même principe directeur, bien que des conceptions artistiques fussent complètement différentes. Ce qui trouvait, dans l'antiquité, son expression dans l'Acropole ou le Panthéon, se drapait maintenant dans les formes du dôme gothique.
265 Comme des géants, ces constructions monumentales surplombaient le fourmillement écrasé de la ville du moyen âge avec ses constructions de cloisonnage de 'bois et de tuiles : et elles sont encore aujourd'hui caractéristiques, bien qu'autour d'elles grimpent toujours de plus en plus haut les casernes à appartements ; elles donnent à chaque localité son caractère et font partie de son visage : cathédrales, hôtels de ville, halles aux grains et tours de garde sont le signe apparent d'une conception qui, à la base, ne faisait que répondre à celle de l'antiquité.
Combien vraiment lamentable est devenue la proportion entre les bâtiments de l'Etat et les constructions privées. Si le destin de Rome venait à frapper Berlin, la postérité pourrait admirer un jour, comme uvre la plus puissante de notre temps, les magasins de quelques Juifs et les hôtels de quelques sociétés qui exprimeraient la caractéristique de la civilisation de nos jours. Comparez la fastueuse disproportion qui sévit entre les bâtiments du Reich et ceux de la finance et du commerce.
Déjà le crédit alloué aux bâtiments de l'Etat est la plupart du temps vraiment ridicule et insuffisant, c'est ainsi que l'on ne construit pas des édifices pour l'éternité, mais le plus souvent pour un besoin du moment. Aucune idée plus élevée ne prévaut en cette occurrence. Le château de Berlin était, au moment de sa construction, d'une autre importance que ne l'a été de nos jours la nouvelle bibliothèque, tandis qu'un seul navire de bataille représentait environ une somme de 60 millions, on n'accorda qu'à peine la moitié pour le premier et le plus beau monument du Reich, et qui devait durer pour l'éternité ! Oui, quand il fallut décider de l'installation intérieure, la Chambre haute fut opposée à l'emploi de la pierre et prescrivit de recouvrir les murs de stuc : cette fois-ci pourtant les parlementaires avaient vraiment bien agi ; des têtes de plâtre ne sont pas à leur place entre des murs de pierre.
Il manque donc à nos villes d'à présent la caractéristique dominante de la communauté populaire, et il ne faut pas s'en étonner si la communauté ne voit, dans ses propres villes, rien qui la symbolise.
On doit en arriver à une véritable désolation qui se réalise dans la totale indifférence de l'habitant de la grande ville vis-à-vis de sa ville.
266 Cela aussi est un indice de la décadence de notre civilisation et de notre écroulement général. Notre époque étouffe par la mesquinerie de ses buts, ou mieux dans le servage de l'argent ; aussi ne doit-on pas non plus s'étonner, si, sous la domination d'une telle divinité, disparaisse le sens de l'héroïsme. Le présent ne fait que récolter ce que le passé récent vient de semer.
Tous les phénomènes de décomposition ne sont, en dernière analyse, que les conséquences du manque d'une conception d'ensemble précise, également admise par tous, et de l'incertitude générale qui en est résultée, incertitude dans le jugement porté et la position prise dans chacune des grandes questions de l'époque. Aussi tout est-il médiocre et chancelant, à commencer par l'instruction ; chacun craint la responsabilité et finit par tolérer lâchement même des fautes reconnues. La rêverie humanitaire est à la mode, et, en cédant mollement aux aberrations et en épargnant les individus, on sacrifie l'avenir de plusieurs millions d'êtres.
L'examen de la situation religieuse avant la guerre montre combien s'est étendu ce déchirement général.
Là aussi la nation avait depuis longtemps, et en grande partie, perdu sa conviction, une, efficiente, sur ses conceptions au sujet de l'univers. Là, les adeptes officiels des diverses Eglises jouaient un rôle moindre que les indifférents.
Tandis que les deux concessions en Asie et en Afrique maintiennent des missions pour attirer de nouveaux adeptes à leur enseignement - activité qui, devant les progrès de la foi mahométane, ne peut enregistrer que de très modestes succès - on perd en Eutope même des millions et des millions d'adeptes, à l'intérieur du pays même, qui restent étrangers à la vie religieuse ou qui vont leur chemin de leur côté.
Il faut remarquer avec quelle violence continue le combat contre les bases dogmatiques de toutes les religions, dans lesquelles pourtant, en ce monde humain, on ne peut concevoir la survivance effective d'une fin religieuse. La grande masse du peuple n'est pas composée de philosophes ; or, pour la masse, la foi est souvent la seule base d'une conception morale du monde. Les divers moyens de remplacement ne se sont pas montrés si satisfaisants dans leurs
267 résultats, pour que l'on puisse envisager, en eux, les remplaçants des confessions religieuses jusqu'alors en cours. Mais si l'enseignement et la foi religieuse portent efficacement sur les couches les plus étendues, alors l'autorité incontestable du contenu de cette foi doit être le fondement de toute action efficace.
Les dogmes sont pour les religions ce que sont les lois constitutionnelles pour l'Etat : sans eux, à côté de quelques centaines de mille hommes haut placés qui pourraient vivre sagement et intelligemment, des millions d'autres ne le pourraient pas.
Ce n'est que par les dogmes que l'idée purement spirituelle chancelante et indéfiniment extensible est nettement précisée et transmise dans une forme sans laquelle elle ne pourrait pas se transformer en une foi. Sinon l'idée ne pourrait jamais se développer en une conception métaphysique ; en un mot, en une conception philosophique.
Le combat contre les dogmes en soi ressemble beaucoup, dans ces conditions, au combat contre les bases légales générales de l'Etat ; et de même que cette lutte s'achèverait par une complète anarchie, de même la lutte religieuse s'achèverait en un nihilisme religieux dépourvu de valeur.
Pour le politicien, l'appréciation de la valeur d'une religion doit être déterminée moins par les quelques déficiences qu'elle peut présenter, que par les bienfaits des compensations nettement plus bienfaisantes. Mais tant que l'on ne trouve pas une telle compensation, il serait fou ou criminel de détruire ce qui existe.
Certes, il ne faut pas attribuer la moindre responsabilité de la situation religieuse peu réjouissante à ceux qui ont par trop alourdi l'idée religieuse d'accessoires purement temporels, créant ainsi un conflit complètement inutile avec la science dite exacte. Ici, après un court combat, il faut l'avouer, la victoire sera presque toujours remportée par la science, tandis que la religion subira de lourds préjudices aux yeux de tous ceux qui ne parviennent pas à s'élever au-dessus d'un savoir purement superficiel.
Mais le pire ce sont les dégâts causés par le mauvais emploi de la conviction religieuse à des fins politiques. On ne peut pas s'élever assez sévèrement contre les misérables meneurs qui veulent voir, dans la religion, un moyen susceptible de servir leurs intérêts politiques et leurs
268 affaires. Et ces menteurs impudents gueulent leur profession de foi par le monde avec une voix de stentor, afin que tous les autres pauvres gens puissent les entendre, non pas pour en mourir, mais pour mieux pouvoir en vivre. Pour un simple coup d'épaule politique de valeur correspondante, ils vendraient toute leur foi. Pour dix mandats parlementaires, ils s'allieraient avec les marxistes, ennemis à mort de toute religion ; et pour un fauteuil ministériel, ils en iraient jusqu'au mariage avec le diable, à condition que celui-ci n'ait gardé aucune trace de décence.
Si, dans l'Allemagne d'avant guerre, la vie religieuse avait un arrière-goût désagréable, cela tient au mauvais usage qui fut fait du christianisme par le parti qui s'intitulait chrétien, et de l'impudence avec laquelle on s'efforçait d'identifier la foi catholique avec un parti politique.
Cette substitution fut fatale ; elle procura bien à une série de non-valeurs des mandats parlementaires, mais elle fit tort à l'Eglise.
Les conséquences de cette situation pesèrent sur les épaules de toute la nation, car le relâchement dans la vie religieuse qu'elles entraînèrent, se produisit précisément à une époque où, par ailleurs, tout commençait à s'amollir et à chanceler, et où, dans ces conditions les bases des traditions et de la morale, menaçaient de s'écrouler.
Mais toutes ces lésions et ces secousses de l'organisme social auraient pu rester inoffensives tant qu'aucun événement grave ne fût intervenu ; mais elles dévinrent néfastes dès que d'importants faits nouveaux conférèrent une importance décisive à la question de solidité intérieure de la nation.
De même, dans le domaine de la politique, des yeux attentifs pouvaient découvrir certains maux qui pouvaient et devaient être considérés comme les symptômes d'une ruine prochaine de l'empire, si l'on n'entreprenait pas, à bref délai, d'améliorer ou de modifier la situation. L'absence de but dans la politique extérieure et intérieure allemande était visible pour quiconque ne voulait pas rester aveugle. La politique économique de compromis semblait très bien répondre à la conception de Bismarck que la politique est « un art du possible ». Mais il y avait entre Bismarck et les chanceliers qui lui ont succédé une petite différence qui
269 permettait, au premier, d'appliquer cette formule à l'essence même de sa politique, tandis que, dans la bouche des autres, elle devait prendre une tout autre signification.
Par cette phrase, en effet, Bismarck voulait seulement affirmer que, pour atteindre un but politique défini, il faut employer toutes les possibilités et tout au moins y faire appel. Les successeurs, au contraire, n'ont vu dans cette phrase que la proclamation solennelle du droit de se délier de la nécessité d'avoir des idées politiques, et même des buts politiques.
Alors il n'y avait vraiment plus de buts politiques : c'est qu'il manquait à cet effet la base indispensable d'une conception mondiale précise et d'une vue claire sur les lois de l'évolution intérieure de sa politique.
Beaucoup de gens, voyant en noir en cette matière, condamnent le manque de plan d'idée directrice de la politique de l'empire ; ils reconnaissaient donc très bien combien elle était faible et creuse : mais ils ne jouaient dans la politique qu'un rôle secondaire. Les personnalités officielles du gouvernement ne se souciaient pas des jugements d'un Houston-Stewart Chamberlain, auxquels ils demeuraient aussi indifFérents qu'aujourd'hui encore. Ces gens sont trop stupides pour penser par eux-mêmes, trop instruits pour apprendre des autres ce dont ils auraient besoin. Cette vérité est éternelle ; c'est en s'appuyant sur elle qu'Oxenstiern (1) s'écriait : « Le monde n'est gouverné que par une fraction de la sagesse » ; de cette fraction, disons-le, chaque cabinet ministériel n'en incorpore qu'un atome. Depuis que l'Allemagne est une république, ceci n'est plus vrai, et c'est pourquoi il a été défendu par des lois de protection de la république de penser ou d'exprimer un tel avis. Mais ce fut un bonheur pour Oxenstiern d'avoir vécu dans ce temps-là et non pas dans notre république judicieuse d'aujourd'hui.
Déjà, avant la guerre, bien des gens reconnaissaient, comme le point de la moindre résistance, l'institution dans laquelle devait s'incarner la force de l'empire : le Parlement, le Reichstag. Lâcheté et crainte des responsabilités s'associaient ici de façon parfaite.
(1) Chancelier suédois, qui reprit les rênes du gouvernement à la mort de Gustave-Adolphe (1583-1664).
270 C'est une de ces idées creuses que l'on doit entendre assez souvent aujourd'hui que, en Allemagne, le parlementarisme a fait défaut depuis la révolution. On ne donne ainsi que trop facilement l'impression qu'il en était, dans une certaine mesure, difFéremment avant la révolution. En réalité, cet organisme ne peut pas agir autrement que par la destruction et il se comportait déjà ainsi à cette époque où la plupart des gens qui portaient des illères ne voyait rien ou ne voulaient rien voir. Certes l'abattement de l'Allemagne n'est pas dû, pour la moindre part, à cet organisme ; mais que la catastrophe ne se soit pas produite plus tôt, cela ne peut pas être considéré comme un mérite du Reichstag, doit être attribué à la résistance qui s'opposa, pendant la paix, à l'activité de ce fossoyeur de la nation allemande et de l'empire allemand.
De la somme immense des maux destructeurs qui sont dus directement ou indirectement à cette institution, je ne veux en faire ressortir qu'un seul, qui correspond le mieux à l'essence de cette institution la plus irresponsable de toutes : l'effroyable insuffisance et la faiblesse de la direction politique de l'empire à l'intérieur et à l'extérieur qui, imputable au premier chef à l'action du Reichstag, devint l'une des causes principales de l'écroulement de 1 empire.
Insuffisant était tout ce qui subissait, de quelque manière que ce fût, et dans quelque sens que 1"on veuille regarder, l'influence du Parlement.
Insuffisante et faible la politique d'alliances extérieures de l'empire ; tout en voulant maintenir la paix, on se trouvait inéluctablement obligé de placer le gouvernement dans Ie sens de la guerre.
Insuffisante, la politique à l'égard de la Pologne. On excitait, sans jamais s'attaquer sérieusement à la question. Le résultat ne fut ni une victoire du germanisme ni une réconciliation avec la Pologne : mais ce fut un état d'hostilité vis-à-vis de la Russie.
Insuffisante la solution de la question d'Alsace-Lorraine. Au lieu d'écraser une fois pour toutes, d'une poigne brutale, l'hydre française, et d'accorder à l'Alsace des droits égaux à ceux des autres Etats du Reich, on ne fit ni l'une ni l'autre. Et cela était d'ailleurs complètement impossible, car il y avait dans les rangs des plus grands partis les plus grands traîtres à la patrie, au centre, par exemple, M. Wetterlé !
271 Mais tout cela eût encore été supportable, si cette carence générale n'avait pas eu pour victime la puissance dont l'existence conditionnait, en dernière analyse, la conservation de l'empire : l'armée.
La faute commise, à ce point de vue, par ce que l'on nomme le Reichstag allemand, suffit, à elle seule, pour lui faire porter à jamais le poids des machinations de la nation allemande.
Pour les raisons les plus lamentables, ces loques de partis parlementaires ont volé, ont arraché des mains de la nation l'arme de sa propre conservation, l'unique protection de la liberté et de l'indépendance de notre peuple. Si les tombeaux de la plaine des Flandres s'ouvraient aujourd'hui, en sortiraient, dressés, les sanglants accusateurs : les centaines de mille de jeunes Allemands, qui, par le manque de conscience de ces criminels membres du Parlement, ont été poussés, mal instruits ou demi-instruits, dans les bras de la mort.
Eux et des milliers de mutilés et de morts, la patrie les a perdus simplement pour permettre à quelques centaines de trompeurs du peuple de poursuivre leurs manuvres politiques ou leurs exactions ou d'insinuer traîtreusement leurs théories doctrinaires.
Tandis que, par sa presse marxiste et démocrate, le judaïsme hurlait de par le monde entier le mensonge du « militarisme » allemand et essayait ainsi, par tous les moyens, d'accabler l'Allemagne, les partis marxistes et démocratiques refusaient toute instruction complète à la force populaire allemande.
De plus, le crime inouï ainsi commis devait apparaître aussitôt clairement à tous ceux qui pensaient simplement que, dans l'éventualité d'une guerre, toute la nation aurait, certes, à prendre les armes et que, par suite, la canaillerie de ces beaux membres de la « représentation populaire » (comme on l'appelle) elle-même, pousserait devant l'ennemi des millions d'Allemands mal ou à demi instruits.
Mais faisons même complète abstraction des suites entraînées par le manque de conscience brutal et grossier de ces souteneurs parlementaires : ce manque en soldats instruits, au début de la guerre, n'a pu que trop facilement contribuer à la défaite dans les premières opérations ; ce qui fut aussi confirmé ultérieurement dans une si terrible mesure au cours de la guerre mondiale.
272 La défaite, dans le combat pour la liberté et l'indépendance de la nation allemande, est le résultat des demi-mesures et de la faiblesse du temps de paix dans le rassemblement de toutes les forces du peuple pour la défense de la patrie.
$i à terre, trop peu de recrues avaient été instruites, de même une égale insuffisance d'efforts à l'égard des questions maritimes eut pour effet de diminuer plus ou moins la valeur de cette arme de conservation nationale.
Mais, malheureusement, le haut commandement de la marine subit lui-même la contagion de cet esprit de médiocrité. La tendance de mettre en chantier des navires toujours
plus petits que les bâtiments anglais qui étaient mis en chantier au même moment, était peu prévoyante et encore moins géniale.
Une flotte qui ne peut pas, dès le début, être portée, en ce qui concerne uniquement le nombre des unités, à un niveau égal à celui de son adversaire éventuel, doit essayer de compenser son infériorité numérique par la supériorité de la puissance de combat de chacun des bateaux.
Il s'agit d'une supériorité de la puissance de combat et non d'une supériorité mythique en « qualité ».
En fait, la technique moderne a fait de tels progrès et l'on est parvenu, dans tous les Etats civilisés, à une telle similitude à cet égard, qu'il faut considérer comme impossible de conférer aux navires d'une puissance une valeur combative sensiblement plus grande que celle des navires de même tonnage d'un autre Etat. Encore bien moins faut-il songer à une supériorité de bâtiment de déplacement inférieur, par rapport à des bâtiments de déplacement supérieur.
En réalité, le plus petit tonnage des vaisseaux allemands ne peut être obtenu qu'au détriment de la vitesse et de l'armement. Les formules avec lesquelles on cherchait à justi6er ce fait montraient d'ailleurs déjà en temps de paix un très grave défaut de logique chez les autorités compétentes en cette matière.
On expliquait notamment que le matériel d'artillerie allemand était si nettement supérieur au matériel britannique, que le canon allemand de 28 centimètres n'était nullement inférieur, au point de vue puissance de feu, au canon anglais de 30cm 5.
273 C'est justement pour cela que le devoir aurait été de passer alors, nous aussi, au canon de 30cm 5, car le but ne devait pas être d'atteindre une puissance de combat égale, mais supérieure.
Sinon la dotation pour I'armée du mortier de 42 centimètres aurait été superflue, puisque le mortier allemand de 21 centimètres était déjà en soi de beaucoup supérieur à tous les canons à tir courbe dont disposait alors la France et que les forteresses seraient tout aussi bien tombées sous les coups du mortier de 30cm 5.
Seulement, le commandement de l'armée de terre voyait juste, celui de la marine, non.
Si l'on renonçait à une efficacité d'artillerie prépondérante, ainsi qu'à une vitesse supérieure, cela était basé sur le principe complètement faux de la théorie du « risque ».
Le commandement de la marine renonçait déjà à l'offensive par la forme qu'il adoptait pour la construction des navires et il s'abandonnait a priori nécessairement à la défensive. De ce fait, on renonçait aussi au succès décisif qui ne repose et ne peut reposer que sur l'attaque.
Un navire, de vitesse moindre, et moins fortement armé, sera bombardé et coulé par un adversaire plus rapide et plus fort, et cela, le plus souvent aux distances de tir favorables à ce dernier. Un très grand nombre de nos croiseurs ont dû, combien amèrement, éprouver cette loi. La guerre a montré la fausseté profonde du point de vue de notre commandement maritime en temps de paix, en obligeant toutes les fois que c'était possible à changer l'armement des vieux bâtiments, et à mieux armer les nouveaux.
Si, dans la bataille navale du Skager-Rack, les bateaux allemands avaient eu le même tonnage, le même armement et la même vitesse que les bâtiments anglais, la flotte britannique aurait coulé dans la tombe humide sous la tempête des obus de 38 centimètres allemands, plus précis et plus efficaces.
Le Japon jadis a poursuivi une autre politique navale. Là on s'attachait, par principe, à fournir à chaque nouveau bateau une puissance de combat supérieure à celle de l'adversaire éventuel. Mais, à cette mesure, correspondait alors la possibilité qui en résultait, de mettre en uvre la flotte offensivement.
274 Tandis que le commandement de l'armée de terre ne suivait pas un ordre d'idée aussi foncièrement faux, la marine, qui était, hélas ! mieux représentée « parlementairement », souffrait déjà de la tournure d'esprit du Parlement.
Elle était organisée selon des points de vue étriqués et fut ensuite mise en uvre selon les mêmes principes.
Ce que l'armée sut ensuite acquérir en gloire immortelle, elle doit le porter au crédit du bon travail à l'allemande de ses généraux, à la capacité et à l'héroïsme incomparable de tous ses of6ciers et de ses hommes. Si le commandement en chef de la marine d'avant la guerre avait eu un génie équivalent, les victimes ne seraient pas tombées en vain.
C'est ainsi que l'habileté parlementaire consommée du gouvernement fut, en temps de paix, nuisible à la marine en ce que, malheureusement, le point de vue parlementaire commençait à jouer le rôle prépondérant dans les questions de construction, au lieu de le céder au point de vue purement militaire. La médiocrité, la faiblesse, l'insuffisance de logique dans la pensée - caractéristiques de l'institution parlementaire - déteignirent sur le commandement de la flotte.
L'armée de terre, comme nous l'avons déjà dit, ne se laissa pas encore entraîner par un courant d'idées aussi foncièrement faux. En particulier, Ludendorff, alors colonel au grand état-major général, menait un combat désespéré contre les demi-mesures et la faiblesse avec laquelle le Reichstag traitait les questions vitales de la nation et les niait la plupart du temps. Si le combat, que mena alors cet officier, demeura sans succès, la faute en revient, pour moitié au Parlement, pour moitié à l'attitude encore plus misérable et à la faiblesse du chancelier Bethmann-Holweg.
Ceci n'empêche pourtant pas le moins du monde aujourd'hui les responsables de vouloir imputer précisément cette faute à celui qui s'est dressé contre cette incurie à l'égard des intérêts nationaux.
Ces meneurs-nés n'en sont pas à un mensonge de plus ou de moins.
Quiconque pense à tous les sacrifices imposés par la coupable légèreté de ces ultra-irresponsables de la nation, quiconque se représente les morts et les mutilés inutilement sacrifiés, ainsi que l'outrage et la honte immense que nous
275 subissons, la misère infinie où nous sommes plongés, et qui sait que tout cela n'a eu lieu que pour ouvrir la voie vers les portefeuilles ministériels à quelques arrivistes et chasseurs de bonnes places, celui-ci, certes, comprendra que l'on puisse désigner ces créatures par les seuls mots de gredins, de canailles, de gueux et de criminels, sinon le sens et le but des mots du langage usuel seraient vraiment incompréhensibles.
Toutes ces fautes de l'ancienne Allemagne ne se sont montrées, avec une singulière clarté, qu'au moment où, de leur propre fait, la politique intérieure de la nation dut être compromise.
Oui, en pareilles circonstances, les vérités désagréables furent précisément criées de toutes forces à travers les grandes masses populaires, tandis que, par ailleurs, on taisait bien des faits plutôt honteux et que, en partie, on Ies niait tout simplement.
C'était le cas lorsque l'étude franche et ouverte d'une question aurait peut-être pu amener une amélioration. Mais les personnalités dirigeantes du gouvernement ne comprenaient pour ainsi dire rien de la valeur et de l'essence même de la propagande.
Qui sera capable, par une utilisation habile et constante de la propagande, de représenter au peuple le ciel comme un enfer, et inversement, l'enfer comme un ciel ? Seul le Juif saura le faire et agir en conséquence ; l'Allemand, ou mieux, son gouvernement, n'en avait pas la moindre idée.
Mais il fallut le payer très cher pendant la guerre.
Mais vis-à-vis de tous les maux innombrables que nous venons de signaler et qui entachaient, avant la guerre, la vie allemande, il y avait par contre des avantages nombreux.
En se livrant à un examen impartial, on doit même reconnaître que les autres pays et les autres peuples partageaient avec nous la plupart de nos infirmités, et même nous dépassaient encore largement dans ce sens, alors qu'ils manquaient de beaucoup de nos avantages réels.
On peut désigner comme la principale de ces supériorités le fait que le peuple allemand, parmi presque tous les autres peuples européens, essayait toujours de conserver au maximum le caractère national de son système économique, et, malgré de mauvais et fâcheux symptômes, se soumettait
276 encore moins que les autres au contrôle de la finance internationale.
C'était, en tous cas, un privilège dangereux qui, plus tard, devait être l'une des principales causes déterminantes de la guerre mondiale.
Certes, la monarchie était étrangère à beaucoup, et avant tout, à la grande masse. Ceci résultait de ce que les monarques n'étaient pas toujours entourés des cerveaux les plus... disons les plus clairs, et surtout des curs les plus droits. Ils aimaient malheureusement trop les flatteurs, plus même que les natures droites, et c'était des flatteurs qu'ils recevaient les enseignements.
Et ceci était un grand dommage à une époque où le monde avait subi un grand changement, à beaucoup de points de vue, changement déjà vieux qui, bien entendu, ne s'arrêtait pas non plus devant le jugement des nombreuses et vieilles traditions des cours.
C'est ainsi qu'au tournant du siècle dernier, l'homme moyen ne pouvait plus éprouver d'admiration pour la princesse qui passait à cheval, en uniforme, devant le front. On ne pouvait pas se faire une idée juste de l'effet, aux yeux du peuple, d'une revue ainsi passée, sinon, jamais on eût recouru à des pratiques si malencontreuses. De même l'humanitarisme, pas toujours très sincère, de cette haute société agissait souvent plutôt négativement que positivement. Quand, par exemple, la princesse X... daignait entreprendre de goûter... avec le résultat connu, les plats d'une cuisine populaire, cela pouvait peut-être paraître autrefois très bien... mais, au début de ce siècle, l'effet obtenu était absolument contraire.
Car, on peut admettre à coup sûr que Son Altesse ne se doutait véritablement pas que, le jour où elle se livrait à cette expérience, la nourriture était un peu différente de ce qu'elle était d'ordinaire ; seulement cela suffisait parfaitement, car chacun le savait.
Ainsi, les meilleures intentions devenaient ridicules, quand elles n'étaient pas carrément irritantes.
Des descriptions sur la frugalité toujours légendaire du monarque, son habitude de se lever beaucoup trop tôt, son travail effectif jusqu'à une heure avancée de la nuit, puis le danger constant pour lui d'une sous-alimentation, provoquaient pourtant des propos très scabreux. On n'avait pas
277 besoin de savoir ce que et combien avait absorbé le monarque ; on lui attribuait un repas « suffisant » et l'on ne lui refusait pas le sommeil nécessaire ; on était satisfait si, comme homme et comme caractère, il faisait honneur au nom de sa race et de son pays, et s'il remplissait ses devoirs de souverain.
Mais tout cela n'était encore que de la bagatelle. Ce qui était pire, c'est que la conviction se répandait toujours davantage dans des fractions malheureusement plus étendues de la nation, qu'étant gouverné par en haut, chacun n'avait plus à s'occuper de rien. Tant que le gouvernement était bon ou tout au moins animé des meilleures intentions, cela allait encore. Mais malheur si le bon vieux gouvernement bien intentionné laissait la place à un autre moins « comme il faut ». Docilité, absence de volonté, crédulité enfantine, étaient alors le pire des maux que l'on pouvait imaginer.
Mais vis-à-vis de ces faiblesses, et d'autres encore, se dressaient des forces incontestables.
Parmi ces forces, citons d'abord la stabilité de toute la direction de l'Etat, stabilité issue de la forme monarchique, puis l'éloignement de tous les postes d'Etat, hors du gâchis de la spéculation, de politiciens cupides.
De plus, l'honorabilité de l'institution en soi, ainsi que l'autorité qu'elle en tirait déjà de ce fait ; de même la supériorité du corps des fonctionnaires, et en particulier de l'armée, au-dessus du niveau des obligations politiques de parti.
Ajoutons à cela cet avantage de l'incarnation personnelle du gouvernement suprême de l'Etat dans le monarque ; et de ce fait que le monarque était le symbole d'une responsabilité, que le monarque devait plus vigoureusement que la masse, formée par le hasard d'une majorité parlementaire. La pureté légendaire de l'administration allemande était due, au premier plan, à cette situation. Enfin, pour le peuple allemand, la valeur culturelle de la monarchie était très élevée et pouvait bien compenser d'autres désavantages.
Les résidences des souverains allemands étaient toujours encore le sanctuaire de l'esprit artistique, qui, dans notre temps devenu par trop matérialiste, menace sans cela de disparaître. Ce que les princes allemands ont fait pour l'art et la science, précisément au dix-huitième siècle, était
278 symbolique. L'époque contemporaine ne peut, en tous cas, rien offrir de comparable.
Comme facteur de force, à cette époque où commence la décomposition lente et progressive de notre organisme social, nous devons pourtant inscrire : l'armée.
C'était l'école la plus puissante de la nation allemande et ce n'est pas sans raison que s'est dirigée la haine de tous les ennemis précisément contre cette protectrice de la conservation de la nation et de sa liberté. Aucun monument plus éclatant ne peut être voué à cette institution, et à elle seule, que l'affirmation de cette vérité qu'elle fut calomniée, haïe, combattue, mais aussi redoutée par tous les gens inférieurs. Le fait que, à Versailles, la rage des détrousseurs internationaux des peuples se dirigea, en premier lieu, contre la vieille armée allemande, désigne à coup sûr celle-ci comme le refuge de la liberté de notre peuple, opposée à la puissance de l'argent.
Sans cette force qui veille sur nous, le traité de Versailles, dans tout son esprit, se serait depuis longtemps accompli à l'égard de notre peuple. Ce que le peuple allemand doit à l'armée peut se résumer en un seul mot : tout.
L'armée inculquait le sens de la responsabilité sans réserve, à une époque où cette vertu était déjà devenue très rare, et où sa compression était de jour en jour encore plus à l'ordre du jour, et surtout de la part du Parlement, modèle de l'absence totale de responsabilité ; l'armée créait le courage personnel, à une époque où la lâcheté menaçait de devenir une maladie contagieuse, et où l'esprit de sacrifice au bien commun commençait déjà à être regardé comme une sottise, où seul paraissait intelligent celui qui savait le mieux épargner et faire prospérer son propre « moi ». C'était l'école qui enseignait encore à chaque Allemand de ne pas chercher le salut de la nation dans des phrases trompeuses, incitant à une fraternisation internationale entre nègres, Allemands, Chinois, Français, Anglais, etc., mais dans la force et dans l'esprit de décision du peuple lui-même.
L'armée formait à la force de décision, tandis que, dans la vie courante, le manque de décision et le doute commençaient déjà à déterminer les actions des hommes. A une époque où les malins donnaient le ton, c'était un coup de
279 maître que de faire valoir le principe qu'un ordre est toujours meilleur qu'aucun ordre.
Il y avait, dans ce seul principe, un témoignage de santé encore intacte et robuste comme on n'en aurait plus trouvé trace depuis longtemps dans notre vie courante, si l'armée, et l'éducation qu'elle donnait, n'avait pas toujours et constamment pris soin de renouveler cette force de base.
Il suffit de voir l'épouvantable manque de décision de notre gouvernement actuel du Reich, qui ne peut ramasser ses forces pour aucun acte, sauf s'il s'agit de signer sous la contrainte un nouveau Diktat de spoliation ; dans ce cas, il décline toute responsabilité et signe avec la prestesse d'un sténographe de la Chambre, tout ce que l'on croit bon de lui présenter. Dans ce cas, en effet, il lui est facile de prendre une décision : elle lui est dictée.
L'armée avait formé à l'idéalisme et au dévouement à la patrie et à sa grandeur, tandis que, dans la vie courante, se propageaient la cupidité et le matérialisme. Elle formait un peuple uni contre la séparation en classes et ne présentait peut-être à cet égard qu'un point faible : celui de l'institution des engagés d'un an. Faute, parce que, de ce fait, le principe de l'égalité absolue était violé et que l'homme plus instruit se trouvait de nouveau placé hors du cadre du reste de son entourage, alors que le contraire eût été préférable.
Devant l'ignorance générale si profonde de nos classes élevées et leur dissociation toujours plus accentuée avec le peuple de chez nous, l'armée aurait pu agir de façon très bienfaisante si, dans ses rangs au moins, elle avait évité toute séparation de ceux qu'on qualifie « intelligents »... Ne pas agir ainsi était une faute, mais quelle institution, en ce monde, sera infaillible ? En tous cas, dans l'armée, le bien a tellement prévalu sur le mal que le peu d'infirmités dont elle eût été atteinte, sont très inférieures à ce que sont en moyenne les imperfections humaines.
Mais le plus haut mérite que l'on doive attribuer à l'armée de l'ancien empire c'est, à une époque où tous étaient soumis à la majorité, à l'encontre du principe juif de l'adoration aveugle du nombre, d'avoir maintenu le principe de la foi en la personnalité. Elle formait, en effet, ce dont l'époque contemporaine avait le plus besoin : des hommes. Dans le marais d'un amollissement et d'un efféminement qui se propageait, surgissaient chaque année, sortant des rangs
280 de l'armée, 350.000 jeunes hommes, regorgeant de force, qui avaient perdu par leurs deux années d'instruction la mollesse de leur jeunesse et s'étaient fait des corps durs comme l'acier. Le jeune homme qui avait, pendant ce temps, pratiqué l'obéissance pouvait alors, mais alors seulement, apprendre à commander. A son pas, on reconnaissait déjà le soldat instruit.
C'était la grande école de la nation allemande et ce n'est pas en vain que se concentrait contre elle la haine furibonde de ceux qui, par jalousie et cupidité, utilisaient et désiraient l'impuissance de l'empire et le manque de défense des citoyens.
Ce que beaucoup d'Allemands ne voulaient pas reconnaître dans leur aveuglement ou leur mauvaise volonté, le monde étranger le reconnaissait ; l'armée allemande était l'arme la plus puissante au service de la liberté de la nation allemande et de la nourriture de ses enfants (1).
A la forme même de l'Etat et à l'armée s'associait un troisième élément : le corps incomparable des fonctionnaires de l'ancien empire.
L'Allemagne était le pays le mieux organisé et le mieux administré du monde. On pouvait facilement médire de la routine bureaucratique du fonctionnaire allemand ; dans les autres Etats, il n'en allait pas mieux, au contraire, peut-être.
Mais ce que ne possédaient pas les autres Etats, c'était l'admirable solidité de cet organisme et l'honorable et incorruptible mentalité de ceux qui le composaient. Mieux vaut encore un peu de routine - doublée de loyauté et de fidélité - qu'une absence de principe et qu'un modernisme dépourvu de caractère, et, comme cela se rencontre souvent aujourd'hui, ignorant et impuissant. Car si l'on se plaît maintenant à prétendre que l'administration allemande d'avant guerre, un peu bureaucratique peut-être, avait été incapable, commercialement, il suffit de répondre ceci :
Quel pays du monde avait une exploitation mieux dirigée et plus commercialement organisée que l'Allemagne avec ses chemins de fer ? Ce n'est qu'à la révolution qu'il fut réservé de détruire cet organisme modèle, jusqu'à ce
(1) Or, nous avons vu plus haut que pour assurer la nation il fallait étendre les territoires. D'où armée de conquête.
281 qu'il parût mûr pour être retiré des mains de la nation et être socialisé selon l'esprit des fondateurs de cette république, c'est-à-dire de servir le capital international de spéculation comme le déléguant de la révolution allemande.
Mais ce qui distinguait particulièrement le corps des fonctionnaires et l'appareil administratif, c'était son indépendance vis-à-vis des différents gouvernements, dont la mentalité politique ne pouvait exercer aucune influence sur la situation du fonctionnaire allemand. Mais, depuis la révolution, cela était complètement changé. A la place des facultés et de la capacité, intervenait la position dans tel parti politique et un caractère original et indépendant entravait plutôt qu'il ne favorisait le fonctionnaire.
Sur la forme de l'Etat, l'armée et le corps des fonctionnaires reposaient la force et la puissance magnifique du vieil empire. Celles-ci étaient, au premier chef, les causes d'une qualité qui manque totalement à l'Etat d'aujourd'hui : l'autorité de l'Etat. Car celle-ci ne repose pas sur des bavardages dans les Parlements ou les Landtag, ni sur des lois protectrices de l'Etat, ni sur des jugements de tribunaux destinés à terroriser ceux-là qui nient efFrontément cette autorité ; elle repose sur la confiance générale qui doit et peut être accordée à ceux qui dirigent et administrent une collectivité. Mais cette confiance n'est, encore une fois, que le résultat d'une conviction intime et inébranlable de ce que le gouvernement et l'administration du pays sont désintéressés et honnêtes ; elle provient enfin de l'accord complet sur le sens de la loi et le sentiment de l'accord sur les principes moraux respectés de tous.
Car, à la longue, les systèmes de gouvernement ne s'appuient pas sur la contrainte et la violence, mais sur la foi en leur mérite, sur la sincérité dans la représentation des intérêts d'un peuple et l'aide donnée à leur développement.
A quel point certains des maux de li période d'avant guerre aient pu menacer d'entamer et de saper la force intérieure de la nation, on n'a pas le droit d'oublier que d'autres Etats ont, encore plus que l'Allemagne, souffert de la plupart de ces maux, et que pourtant, à l'heure critique du danger, ils n'ont pas renoncé à l'effort et ne se sont pas écroulés. Mais lorsque l'on pense que, en face de ses faiblesses d'avant guerre, l'Allemagne avait aussi, par
282 contre, des forces susceptibles de compenser ces faiblesses, il faut admettre qu'il y avait encore une cause dernière de l'écroulement, et ceci dans un autre domaine.
C'est en effet le cas.
La cause dernière, la plus profonde de la chute du vieil empire, c'est la méconnaissance du problème de race et de son importance dans le développement historique des peuples.
Car, dans la vie des peuples, tous les événements ne sont pas des manifestations du hasard, mais des suites naturelles de l'effort de conservation et de multiplication de l'espèce et de la race, même lorsque les hommes ne peuvent se rendre compte de la raison profonde de leur activité.
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