L'AVANIE DU JUGE
GRELLIER
Par: le professeur
Robert
Faurisson
(Ici, sur la photo, blessé par des
terroristes juifs qui l´ont sauvagement aggressé pour
les résultats de ses recherches historiques)
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25 février 1991
- "Vous allez changer de ton
pour me parler!
- Certainement pas!"
Le 22 février 1991, à la XVIIe
chambre, Robert Faurisson ne s'est pas laissé intimider par le
juge Grellier. Ce dernier, piqué au vif par une série de
répliques d'une cinglante précision, est entré dans une vive
colère. "Partez!" a-t-il dit à l'universitaire qui témoignait à
la barre.
Grondements, éclats de voix et
protestations de la salle, qui était comble. "Grellier, vous
avez peur!" lanca le professeur à l'adresse du juge.
La réponse ne tarda pas.
"Gardes, faites évacuer la salle!" Sur ces mots, le juge et ses
deux assesseurs quittaient précipitamment la xviie chambre, le
dos courbé comme sous l'orage, tandis que lentement, très
lentement, les gardes procédaient à l'évacuation de la salle.
La phrase de
soixante mots
Les inculpés, ce jour-là,
étaient Roland Gaucher et Francois Brigneau. La LICRA les
assignait pour "diffamation raciale" en raison d'un article
écrit par F.Brigneau et publié dans National-Hebdo (15
février 1990). A la rubrique intitulée "Journal d'un homme libre"
et sous le titre "Le long calvaire du professeur Faurisson", F.
Brigneau rappelait les multiples condamnations judiciaires de
l'universitaire lyonnais et, à titre d'exemple, une condamnation
à verser la somme de 3.600.000 francs (360.000.000 de centimes)
pour avoir, en 1980, prononcé à Europe-1 une phrase de soixante
mots, cent fois reproduite depuis, y compris tout récemment dans
Le Droit de vivre (nº550, avril-mai 1990, p. 12). Après
une mise en garde à l'auditeur ("Attention: aucun des mots que
vous allez entendre ne m'est inspiré par une sympathie ou une
antipathie politique"), R. Faurisson résumait ainsi la
conclusion de ses travaux:
" Les prétendues
chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs
forment un seul et même mensonge historique qui a permis une
gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux
bénéficiaires sont l'Etat d'Israel et le sionisme international
et dont les principales victimes sont le peuple allemand, mais
non pas ses dirigeants, et le peuple palestinien tout entier. "
F. Brigneau avait reproduit
cette phrase à de menues différences près. Le juge voulait faire
valoir que reproduire cette phrase déjà condamnée équivalait,
sauf pour un journaliste rapportant les faits, à une récidive.
Faurisson lui fit remarquer que, depuis sa condamnation de 1981,
heureusement très atténuée en 1982, il avait constaté de
profonds changements sur le sujet dans les décisions de justice
datant respectivement de 1983, de 1987 et de 1989. "La justice
est fluctuante!" fut la réponse du juge.
Dessinez-moi
une chambre à gaz!
L'audition du témoin Faurisson
avait mal commencé. Claude Grellier, fidèle à ses habitudes de
juge d'instruction, menait un véritable interrogatoire de
cabinet, sur un ton agressif. Il en aurait fallu plus pour
démonter un universitaire qui, rompu aux joutes de prétoire sur
le révisionnisme, s'attachait à confondre son interrogateur sur
des points d'histoire, de droit ou de simple vocabulaire. M.
Faurisson notait que, dans tous les procès intentés aux
révisionnistes, les magistrats fondaient leur attitude sur un
postulat inexprimé qui pourrait se formuler ainsi: "Les chambres
à gaz ont existé". Mais sur quoi ce postulat était-il fondé?
demandait-il. Et d'ajouter: "Pourquoi croyez-vous aux chambres à
gaz hitlériennes? Pour commencer, qu'est-ce qu'une chambre à gaz
hitlérienne? Décrivez-m'en une. Dessinez-m'en une. Le professeur
que je suis infligerait, je le crains, un zéro pointé à la copie
que vous me remettriez sur le sujet. Comment pouvez-vous nous
imposer de croire en une réalité physique dont vous ne pouvez
pas nous fournir la moindre représentation matérielle?"
Malgré les obstructions du juge,
M. Faurisson entreprenait alors une démonstration sur "l'impossibilité
physique et chimique des chambres à gaz hitlériennes".
Désigner les
juges par leur nom
Le juge voulut l'interroger sur
les condamnations en 1981 et 1982 de la "phrase de soixante mots".
Faurisson cita ces décisions de justice et quelques autres aussi.
Imprudence fatale, il se mit à désigner par leur nom les
magistrats auteurs de ces décisions contradictoires. Le juge
protesta: les décisions de justice étant collectives et
constituant le fait de la justice tout entière, il était "inepte"
de lier le nom d'un magistrat à une décision quelle qu'elle fût.
Sans doute Grellier craignait-il de s'entendre nommer à propos
d'un jugement où, en 1989, il avait estimé que cette phrase ne
comportait aucun appel clair à la discrimination à l'égard des
juifs.
De part et d'autre, le ton monta.
Me Jouanneau, avocat de la LICRA, se portant au secours du juge,
lanca: "Mais qui préside ici?" C'est à ce moment qu'animé de la
plus vive colère Grellier demanda au professeur de changer de
ton et, sur le refus de ce dernier, interrompit le témoin,
ordonna l'évacuation de la salle et battit en retraite.
Après la suspension de séance,
devant un Grellier encore manifestement sous l'effet de ses
tribulations, Me B. Jouanneau intervint pour la LICRA et Mes
Wallerand de Saint-Just et Eric Delcroix plaidèrent pour les
inculpés.
Jugement au 22 mars 1991.
Vérité
officielle
Les 21 et 22 mars, à 13h 30, R.
Faurisson passera en jugement, à la même xviie chambre, pour
infraction aux dispositions anti-révisionnistes de la loi
Fabius-Gayssot punissant d'un mois à un an d'emprisonnement et
de 2.000 à 300.000 francs d'amende quiconque se permet de "contester"
l'existence des "crimes contre l'humanité" tels que définis par
la charte du tribunal de Nuremberg. Dans une interview du
Choc du mois de septembre 1990, le professeur faisait savoir
qu'il refusait de s'incliner devant cette loi parue au
Journal officiel de la République francaise le 14 juillet
1990, sous la signature de Francois Mitterrand. |
Nous n'irons
plus au bois
par Robert
Faurisson
"..., il
faut observer que ce que j'appelle la
vertu dans la République est l'amour de
la patrie, c'est-à-dire l'amour de l'égalité.
Ce n'est point une vertu morale, ni une
vertu chrétienne, c'est la vertu politique;
et celle-ci est le ressort qui fait mouvoir
le gouvernement républicain,..."
Avertissement
à la seconde
édition de l'Esprit des lois.
La force oratoire des
Anciens tenait à la rigueur de leur argumentation et de la
part qu'ils prirent à l'invention de la démocratie et de la
république. Quand vint le déclin de ces expériences
politiques, la rectitude de leur parole put différer la
décadence civique que fomentaient sous leurs yeux la
méconnaissance, la lâcheté et l'intempérance d'une grande
partie de leurs concitoyens.
Les plus grands instants,
comme les vacillements du droit rappellent ces fondements.
Etablir le droit et rendre la justice sont les signes par
excellence de la santé dont les démocraties sont capables.
Ainsi les lois ségrégatives
de Nuremberg furent-elles en 1935 l'éclat sinistre d'une
démission. Cette ville funeste vit-elle en 1945 la justice
rétablir la sérénité compromise du droit? Pour rechercher
les responsabilités de ces excès guerriers, s'est-elle alors
soumise aux faits et au droit international plutôt qu'à la
houle inquiète de l'énorme tourmente? Il ne le semble pas.
Tout le monde sait en effet
que les Etats vainqueurs se sentant pressés, ou se croyant
tenus, de faire des "exemples", instituèrent un tribunal
spécial et surtout une méthode ad hoc au regard des
exigences de la preuve. Ces facilités rendent toujours ce
genre de règles vulnérables car celles-ci plongent la
punition dans l'arbitraire et font perdre à la sanction ses
raisons et sa vertu. Mais les inconvénients de ces règles
inédites pour établir les fautes semblent déborder de très
loin le problème de la condamnation des vaincus. A négliger
dans la preuve le substrat matériel, celui-ci se trouva
abandonné à la puissance illimitée d'une parole effrénée.
Dans le dire, la tragédie concentrationnaire reprit en
quelque sorte une seconde vie. Libéré de toute attache
empirique, ce drame déjà ancien s'organisa en un récit puis
se planifia.
Outrepassant les lois de la
physique, la vulgate déboucha vite, si l'on peut dire, sur
le merveilleux.
Aujourd'hui, le droit
n'est-il pas toujours et encore indûment requis de s'annexer
la possibilité de juger du vrai en histoire? Ce vrai-là ne
prend il pas, en nos républiques, sa source ordinaire et
suffisante dans la controverse des historiens réputés les
plus sages? Se pourrait-il que ceux-ci n'y pourvoient plus?
Ou bien ne veut-on pas les écouter? Ou pis, ne serait-on
plus en état de les entendre?
C'est en tout cas à
confirmer une vérité historique qu'un demandeur intempestif
convoque le droit en ses juges. On attend de ceux-ci qu'ils
restaurent par le geste sacré de la condamnation infamante,
le tabou défaillant qui prétend barrer l'accès au contenu de
la discussion, en soustrayant à l'examen l'élément essentiel
de l'enquête: l'instrument criminel.
Cette controverse sur le
droit à l'étude de la vie concentrationnaire et en
particulier à l'étude des usages et des moyens d'y
administrer la mort servile, porte à la fois sur l'existence
factuelle et sur la fonction aussi bien subjective que
collective du concept de chambre assassine.
Il convient de distinguer
ici l'existence de l'arme du crime des récits qui
l'affirment en la nommant. Les fresques interprétatives
résultantes sont plus soucieuses d'établir la culpabilité de
qui les contredit que d'examiner calmement les faits.
L'erreur va croissant, et croissent au fil des ans les
dommages qu'elle entraîne. Souvent par elle, la détresse des
proches crie sa pudeur; à rebours, la vérité est parfois
utilisée par la malveillance, mais l'erreur, à la longue,
n'est-elle pas grosse de tous les maux? Pour mettre fin à ce
funeste état des choses, il importe de cheviller avec
douceur les âmes au corps de la vérité. En un mot d'estimer
cette erreur.
Cette erreur n'a pas été, à
son origine, inspirée par le mensonge, ni d'un seul ni de
plusieurs. Elle fut produite dans une rumeur. Moyennant quoi,
en dépit de résistances variées, la rumeur se gonfla en un
récit épique menacant, nourri de vertiges et de terreurs,
mis au service de causes morales diverses et du ressentiment
profitable à quelques-uns. Aucune critique historique ne
contient plus désormais l'intempérance d'imaginations
fiévreuses souvent souffrantes, d'autres fois égarées.
C'est pourquoi les faits,
donnant une limite après tout humaine à la parole, nous
préservent de légendes qui pourraient, telles des épidémies,
affecter la santé psychique de nos concitoyens en les
dessaisissant par leurs allégories captieuses de leur
rapport concret et véridique à la mort. Des travaux sérieux
ont maintenant paru au grand jour. Un jugement inconsidéré
amputerait les historiens d'un domaine d'études qui pour
l'ensemble des problèmes concentrationnaires est une urgence
de la pensée. Un tel jugement ferait aussi accéder une
rumeur ingénue à la dignité de mensonge inondant et officiel.
Or a donc une Ligue
internationale, dont la visée proclamée est de combattre le
racisme et l'antisémitisme, dans l'accomplissement supposé
de sa mission, a signifié, le 14 mai 1982,
les conclusions que nous publions ici. Elles ont été
écrites à la suite d'un appel interjeté par le Professeur à
l'encontre d'un jugement obtenu par cette Ligue devant le
tribunal de grande instance de Paris.
Dans ses conclusions en
appel, la vertueuse Ligue demande confirmation de ce
jugement qui a sanctionné l'accusé pour imprudence (art.
1382-1383 du Code Civil). Ces conclusions réitèrent les
imputations accusatrices portées dans l'assignation
introductive, plutôt que de faire confiance aux motifs
paradoxaux de la condamnation. Les
conclusions du Professeur répondent point par point à
cette deuxième version de l'accusation qui contient des
éléments plus précis que n'en comportait la première.
Les conclusions de la Ligue
d'une part, les conclusions du Professeur d'autre part,
constituent les documents essentiels soumis à la cour par
chacune des parties pour lui permettre d'établir sa
conviction et à partir desquels elle devra rédiger son
jugement. Les plaidoiries, dans un procès civil de cet ordre,
ne servent en effet qu'à présenter et illustrer une
procédure essentiellement écrite.
Nous avons jugé à propos de
soumettre à l'attention d'un public alerté, sinon averti,
les conclusions écrites des deux parties. Elles composent ce
que les Anciens auraient appelé des dissoi logoi, des
discours contradictoires sur un même sujet.
Celui-ci consiste en un
point des plus controversés de l'histoire contemporaine.
Attendu que cela commence à
bien faire, nous avons jugé nécessaire de résumer l'état de
la dispute et d'esquisser les logiques qui la soutiennent et
ce, à l'intention des lecteurs que ces écritures judiciaires
dérouteraient aussi bien que des juges. Un tel exercice
n'est pas inutile pour apprécier le malaise du temps.
Commencons par l'accusation
que porte l'honorable Ligue. Le Professeur est accusé
d'avoir "faussé la présentation de l'Histoire" et d'avoir "volontairement
tronqué certains témoignages tels que celui de Johann Paul
Kremer", professeur de médecine, ayant effectué un
service de soixante-seize jours au camp d'Auschwitz.
Cette falsification et cette
troncation, sur lesquelles aucune indication textuelle n'est
apportée, sont censées constituer une atteinte aux intérêts
des membres de la Ligue. Ces intérêts sont définis dans
trois attendus de l'assignation:
"Attendu que la L.I.C.A.
est une Association régulièrement déclarée, que selon
ses statuts elle se propose de:
-- lutter par tous les
moyens en son pouvoir contre le racisme et
l'antisémitisme qui déshonorent l'humanité,
-- défendre par une
action à la fois préventive et positive le droit à
l'existence et à la paix des victimes du racisme dans le
monde entier,
-- réaliser par l'union
des hommes et des femmes de toutes opinions le
rapprochement des peuples, la paix entre les races et
l'égalité parmi les hommes;
Attendu que la remise en
cause de l'extermination de populations à raison de leur
appartenance à une race, dont l'Allemagne nazie s'est
rendue coupable sous l'influence et les directives du
Chancelier Adolf Hitler et la remise en question des
chambres à gaz qui ont été utilisées comme moyen pour
parvenir à cette "solution finale", constituent une
atteinte aux intérêts des membres de la L.I.C.A.;
Attendu en effet que le
rappel et le respect de la vérité historique qui a
conduit à l'extermination industrielle et organisée de
plus de six millions de personnes en raison de leur
appartenance à une race, par la mise en oeuvre d'une
politique et d'une organisation criminelle, constituent
précisément les moyens de lutte contre le racisme et
l'antisémitisme puisqu'ils permettent de démontrer les
aberrations et les crimes que ces fléaux ont engendrés
au cours de l'histoire contemporaine."
En première instance,
l'accusé fut condamné.
Le jugement ne lui impute
aucune falsification, volontaire ou involontaire. Il ne
relève aucune troncation. L'accusé fut condamné, non pas
pour falsification mais pour imprudence; pour avoir,
semble-t-il, traité d'un sujet trop récent. Le jugement ne
porte nulle part que l'accusé ait été imprudent pour avoir
proféré un quelconque mensonge ou commis une erreur. Le
tribunal se déclare à juste titre incompétent pour trancher
de la vérité en histoire. Le texte du jugement n'écarte donc
pas l'hypothèse que l'accusé ait commis sa coupable
imprudence en disant une vérité.
Ce jugement évoque celui du
célèbre procurateur romain. Ponce Pilate refusa de se
prononcer sur la vérité des accusations portées contre Jésus.
Comme le Christ n'était pas citoyen romain, le procurateur,
injustement décrié, refusa d'entrer en d'obscures querelles
de théologie judaique et dut, par conséquent, abandonner
l'accusé à la haine homicide de Sanhédrin.
C'est sans doute ce qu'eût
souhaité faire le tribunal, présidé par Monsieur Caratini.
Le professeur étant citoyen francais, il ne pouvait pas le
livrer au bras régulier de la ligue. Il le condamna donc sur
ce bien vague motif qui veut tout dire et ne dit en fait que
ceci: "Monsieur le Professeur, vous êtes imprudent parce que
nous vous avons condamné."
L'accusé considère cette
dérobade comme fautive. Il persiste en effet à affirmer que
ce jugement empêche la reconnaissance d'un fait vérace dont
il n'y a pas lieu d'interdire l'énoncé: les chambres
homicides n'ont d'existence qu'imaginaire. Les quarante-cinq
feuillets de ses conclusions exposent une partie des raisons
qui le contraignent à maintenir cet énoncé.
Ainsi, s'il est désormais
imprudent de répéter l'affirmation du Professeur, c'est
uniquement parce que celui qui s'y risquerait encourrait
ipso facto condamnation. Le jugement du président Marcel
Caratini est de caractère performatif, it does things
with words, il crée l'imprudence en la disant.
Si ce jugement était
confirmé, sa vertu performative se transmettrait aux
générations futures et il deviendrait, de fait, imprudent de
soutenir l'énoncé incriminé. On ne pourrait plus décider le
moins du monde si cet énoncé est vrai ou faux. Nos enfants
auraient au moins l'avantage de savoir ce qu'il convient de
ne pas dire, tandis que l'infortuné Professeur n'aura su,
qu'après avoir été condamné pour l'avoir dite, la vérité
qu'il y avait imprudence à dire.
Il y a ici un conflit inégal
entre la logique d'Aristote et celle du président Marcel
Caratini.
La logique d'Aristote pose
en effet que des deux énoncés suivants:
- les chambres à gaz
homicides ont existé
- les chambres à gaz
homicides n'ont pas existé, (elles n'ont pas
d'existence historique vérifiable)
seul l'un est vrai.
La Cour d'appel se trouve
maintenant devant l'alternative:
- ou bien se
prononcer sur le vrai et le faux,
- ou bien se déclarer
incompétente et débouter la Ligue.
On voit mal en effet qu'elle
puisse confirmer le jugement de première instance qu'elle
rendrait ainsi exécutoire. Il serait difficile à la Cour de
Cassation de maintenir un jugement évasif étayé sur un
énoncé performatif qui crée la loi pour éviter de
l'appliquer. Cette difficulté n'a pas échappé à nos voisins
d'outre-Rhin, puisqu'ils envisagent la promulgation d'une
loi qui interdirait la remise en cause des idées recues sur
le génocide et l'holocauste. Des organisations juives
réclament une loi identique en Grande-Bretagne et la
question a même été évoquée au parlement européen. Bien que
la discussion soit en cours depuis près de quatre ans, aucun
projet n'est à ce jour parvenu sur le bureau d'une de ces
assemblées.
Cette solution, qui
retirerait aux juges l'occasion de lourdes et épuisantes
réflexions, n'est cependant pas sans objections et tout
particulièrement celle-ci: il faudrait d'abord rédiger la
loi et, à cette fin, énoncer avec un maximum de précision la
vérité qu'il serait interdit de remettre en question, la "Vérité"
que défend la vertueuse Ligue, et que le législateur aura
alors reprise à son compte, c'est-à-dire au nôtre.
Il serait facile de trouver
une unanimité conformiste pour voter la loi, mais un citoyen
raisonnable se demanderait comment diable il se fait que la
vérité des chambres homicides soit la seule vérité
historique, dans l'histoire du droit laic occidental, qui
ait besoin de la loi pour exister. Car si la vérité
historique des chambres meurtrières est évidente, pourquoi
donc une loi?
En revanche, une loi civile
peut-elle imposer une vérité historique contraire aux
critères de l'évidence tels que les historiens les
définissent? Sera-ce désormais dans le Journal Officiel
qu'il conviendra d'aller rechercher la vérité historique? Si
une telle loi voyait le jour, les ayants droit des victimes
de ces chambres homicides n'auraient-ils pas enfin des
droits sur tous? Ne serait-ce pas la nouvelle division des
classes instituée, cette fois-ci, par la loi? Les ayants
droit des victimes de ces chambres primordiales ne
feraient-ils pas de tous les autres citoyens leurs débiteurs
à raison de ce droit victimaire vraiment nouveau?
Reprenons les deux énoncés
de la controverse:
- les "chambres à gaz
homicides" ont existé;
- les "chambres à gaz
homicides" n'ont pas d'existence historique.
Chacun de ces énoncés repose
sur des travaux qui se prétendent historiques, sur des
documents et sur des arguments. Les travaux qui soutiennent
l'énoncé faux (l'un des deux, rappelons-le, l'est
nécessairement) comportent inéluctablement des observations
lacunaires; leurs documents sont mal interprétés, leurs
arguments contiennent des faiblesses, fussent-elles
involontaires. Mais on pourra y trouver tout aussi bien des
omissions délibérées, voire des altérations, qui ont pour
résultat de falsifier la présentation des documents.
Volontaires ou involontaires, ces fautes sont matérielles,
c'est-à-dire identifiables par une saine méthode de
recherche historique, qui est ici à la portée de tout
lecteur de bonne foi.
Si, d'aventure, ces fautes
ont été commises de part et d'autre, on débouchera sur ce
que les Anciens auraient appelé une disputatio perennis sans
qu'il soit possible de décider lequel des deux énoncés en
litige est faux et ce, jusqu'à ce que de nouveaux documents
apparaissent. Le tribunal, lui, n'a pu considérer que les
documents notoires au moment de l'assignation et le
Professeur les a acceptés dans son argumentation.
Ces considérations sont
d'une austère généralité: elles s'appliquent à toute
recherche historique aboutissant à des résultats faux.
La Ligue honorable avait
donc le choix entre deux solutions:
- soit apporter la
démonstration de la vérité de son énoncé en
apportant une preuve, fût-ce une seule, de
l'existence d'une seule chambre homicide;
- soit apporter la
preuve de fautes rédhibitoires commises par le
Professeur en ses travaux.
En effet, si les chambres
assassines ont existé et si la Ligue cachottière en possède
la preuve, le Professeur sera enchanté de la connaître. Si
la preuve est, cette fois-ci, solide, il n'aura plus qu'à
faire amende honorable. Pratiquons toutefois ici le doute
hyperbolique immortalisé par Descartes et supposons qu'à
l'opposé le Professeur s'acharne à maintenir ce qui serait
son erreur. Alors, juste ciel, sa défense comportera
nécessairement des lacunes graves; ses arguments révéleront
leur faiblesse misérable; il sera contraint de risquer des
interprétations fallacieuses de documents; on relèvera des
omissions coupables, voire (horresco referens) des
falsifications de pièces. Nous n'avons, grâce aux dieux,
assisté à rien de semblable, et pourtant, c'est la faute que
la Ligue impute au Professeur en se gardant bien de
localiser, nous le verrons en détail, les falsifications
qu'elle dénonce.
Examinons, il le faut
maintenant, comment l'honorable Ligue s'est comportée devant
le tribunal à l'égard de ses propres preuves. Arguant d'une
abondance inépuisable de preuves qui seraient en sa
possession, elle a extrait sur les indications de M. G.
Wellers ce qu'elle considérait à l'époque comme une
pièce à conviction, certes unique, mais supputée suffisante
en raison de sa limpidité diamantine: le journal du médecin
SS J.-P.
Kremer. Pour plus de sûreté, elle y adjoignit une
seconde pièce: les aveux dudit
Kremer. Le diamant, terni par les critiques textuelles
du professeur dans son Mémoire en défense, fut
obscurci par les précisions linguistiques de J.-G.
Cohn-Bendit et lorsque ce dernier retrouva les rétractations
de
Kremer, le joyau perdit ses derniers feux.
Doit-on tenir pour épuisé le
trésor diamantaire de la Ligue? Nous ne le savons pas en
toute certitude, mais force nous est de constater que la
Ligue honorable manifeste depuis lors une sourde résistance
à soumettre de nouveaux solitaires à l'examen de la justice
et des historiens.
D'un strict point de vue
argumentatif, la situation présente se résume dans le
raisonnement suivant qui est un syllogisme aristotélicien (I.E.O.)
- majeure: la rumeur
dit que des chambres à gaz homicides ont existé; (I)
- mineure: mais les
preuves qu'on apporte à l'appui de la rumeur se
révèlent, l'une après l'autre, illusoires; (E)
- conclusion: donc, à
tout le moins, ces chambres-ci n'ont pas existé; et
en l'absence de tout document nouveau et irréfutable,
il est raisonnable d'inférer qu'il n'y a pas eu du
tout de chambres a gaz (O),
(ce qui laisse entier le problème de la
représentation "chambre de mort" dans les
consciences).
Les choses en étaient là
quand se propagèrent dans les milieux intellectuels, des
théories prodigieuses. L'un élucubra un argument merveilleux:
d'autres se drapèrent dans la position du célèbre
procurateur romain; les derniers en désespoir de cause
aventurèrent un diagnostic sur la santé mentale du
Professeur. Avant que de nous engager dans la sévère lecture
des conclusions, ne négligeons pas le délassement spirituel
que nous procurent ces supputations savantes.
Un éminent universitaire
donc, dans les colonnes respectables du Monde, se fit
fort, en utilisant la méthode réputée hyper-critique, prêtée
au Professeur, de pulvériser la réalité historique de la
guerre de 1914-1918. Examinons cependant la proposition
suivante: "mon grand-père a été gazé à l'ypérite. Il est
mort après la guerre des suites de ce gazage." Ce témoignage
est loin d'être une preuve suffisante. Le travail critique
de l'historien devra rechercher et vérifier les documents
concernant la date du décès, la pension d'invalidité, le
lieu de la blessure... S'il vérifie tout cela, la réalité de
la Grande Guerre, loin de s'évanouir, ne prendra-t-elle pas
une épaisseur concrète croissante, sans qu'il soit besoin de
chercher d'autres preuves? En revanche, l'étude de n'importe
quel témoignage relatif aux chambres homicides conduit, au
fur et à mesure des vérifications, à une perplexité
grandissante devant la désintégration des documents et
témoignages qui prétendent en établir l'existence. La
critique ne dissout pas le vrai, elle l'établit et le
conforte; mais elle dissout le faux. Comme le disent les
philosophes: verum index sui et falsi, le vrai s'indique
lui-même et il indique le faux. La sophistique peut certes
faire diversion et parer le faux des couleurs bigarrées de
la vérité, mais elle le fait de facon éphémère car
l'inévitable fragilité du sophisme ne peut longtemps
déployer ses charmes sans donner à voir, un jour ou l'autre,
les dessous éventrés de sa nature sophistique.
Passons aux autres. A
l'issue d'un colloque tenu à huis clos, Monsieur Raymond
Aron a énoncé deux choses. La première peut se résumer
ainsi: s'il n'existe pas de preuves documentaires du
génocide, il demeure cependant vraisemblable que
l'extermination ait été délibérée, décidée et organisée.
Quoi qu'il en soit, et c'est la seconde chose, les procès de
sorcières l'irritent. L'auditeur de la conférence de presse
aura pu constater des progrès notables par rapport à la
théorie hypercritique de l'universitaire précédent.
Raymond
Aron ne s'obnubile plus sur la preuve matérielle et
passe à la question suivante: il se fait un observateur
éclairé de ceux qui s'acharnent à la produire. L'éminent
sociologue est ici apaisant et il a raison. Peut il
cependant se contenter de tenir pour seulement vraisemblable
une décision comportant un si grand nombre de conséquences
pratiques? Il passe outre à cette difficulté qui, pour un
historien, est une muraille. Plus encore, il laisse entendre
que, d'une facon générale, ce qui authentifie les faits
historiques, même très importants, relèverait de la seule
logique du vraisemblable. S'il en est ainsi, Raymond
Aron, qu'en est-il alors de l'histoire? La réponse ne
peut être que celle-ci: l'histoire est inéluctablement une
grandiose commémoration sans fondement vérifiable qui
s'interprète indéfiniment et dont le souci n'est plus de
s'informer de ce que les historiens considèrent comme faits
historiques.
Quant au juste et courageux
dédain pour les procès de sorcellerie, dont Raymond
Aron témoigne, il appelle cependant une précision: de
sorcières il n'y a pas en effet. C'est, du moins, ce
qu'établit l'analyse anthropologique de la sorcellerie
européenne. Mais ce qu'elle confirme aussi, c'est que les
ensorcelés existent bel et bien. Ne serait-ce point eux qui
contraignent Raymond
Aron à aventurer ce concept invraisemblable?
Ces ensorcelés, que tout
débat effraie, jettent des sorts médicaux et profèrent des
imprécations millénaires. Ils répandent que Robert Faurisson
ne va pas très bien; entendez: de la tête. Il est,
disent-ils, vraiment impossible de discuter avec lui; il est
irascible; il s'emporte sur des détails. On ne le rencontre
donc pas. Davantage, on l'évite; mieux, on recommande de
l'éviter; on ne le lit pas et l'on en vient à cette
effronterie: ces dispositions calamiteuses seraient
commandées chez le Professeur par une malveillance foncière,
involontaire et incoercible envers les tentes d'Israel!
Trop, c'est trop!
Que les personnes qui
auraient un louable souci pour la santé mentale d'un
chercheur, qui dans l'exercice de sa profession a rencontré
des adversaires redoutables, se rassurent: le Professeur va
bien.
Mais quid de cette
sollicitude diagnostique? Ne révélerait-elle pas le souhait
déguisé d'un sombre pronostic?
Les secourables bontés
thérapeutiques, les fastes intempérants du vraisemblable,
l'admirable fiction d'une prétendue méthode hypercritique
qui dissoudrait magiquement le vrai, tout ceci n'était
qu'évasion vaine et agréable devant le problème considéré.
On pensait ainsi détourner l'attention par des insultes et
des exégèses piquantes pour enlever a priori toute
pertinence aux arguments spartiates du Professeur, pour
rendre dérisoires ses humanités, pour suppléer un temps à
l'argumentation et aux documents imminents.
Hélas, confrontée à la
liquéfaction incessante et douloureuse de ses preuves, la
Ligue, au lieu d'y trouver la révélation d'une méthode
historique éprouvée, ne vit là que motifs à s'irriter, et se
plut encore à des imaginations, cette fois, quasi
hallucinatoires. Bien qu'elle ait pu constater la capacité
prodigieuse du Professeur de transsubstantier les diamants
qu'elle produisait en verre, elle garda malgré tout sa foi
entière en d'autres diamants putatifs qui, à l'abri du jour,
s'épargnent d'éventuelles et pénibles métamorphoses.
C'est la méconnaissance du
dossier historique, adornée d'une anthologie d'obstinations
variées, scandée par d'opiniâtres hésitations, qui ont
transformé un simple pas de clerc en une authentique Affaire.
Pour qu'une affaire soit devenue l'Affaire, il aura fallu la
logique implacable dont la Ligue a fait preuve au cours du
procès. Cette logique consiste essentiellement en une
disputatio avec une école historique que la Ligue déclare
indigne d'exister, sur un sujet dont elle proclame avec
hauteur qu'il ne saurait constituer l'objet d'aucune
disputatio.
Qui s'étonnera que cette
syllogistique inattendue ait donné des résultats aussi
réjouissants?
Pour l'heure, la Ligue
préférerait sans doute oublier l'imputation de falsification.
Elle se contenterait de la confirmation du jugement obtenu
en première instance, à savoir: que cette vérité fût
coupable et imprudente à dire. Ceci lui suffirait pour
continuer à répandre allégrement le faux dans le meilleur
des mondes vraisemblables où le Professeur serait un menteur.
Venons-en à l'âpre texte des
conclusions. Si nous laissons de côté les attendus
techniques portant sur la recevabilité des demandes,
l'argumentation de la Ligue s'attache à énumérer: "les
fautes commises par Monsieur Faurisson au sens des articles
1382 et 1383 du code civil". Les voici:
- art. 1382. Tout
fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer.
- art. 1383. Chacun
est responsable du dommage qu'il a causé non
seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou son imprudence.
Les fautes imputées au
Professeur sont distribuées sous quatre chefs:
1. mise à l'écart d'un
certain nombre de sources judiciaires importantes
d'origine polonaise, autrichienne, allemande et
francaise, ainsi que de témoignages;
2. omission de documents
importants qui vont à l'encontre de la thèse du
Professeur;
3. dénaturation de
textes;
4. interprétations
techniques fallacieuses.
Après avoir pris
connaissance du contenu de ces imputations, le lecteur
constatera qu'en dehors du quatrième et dernier point, la
Ligue ne fournit aucune démonstration à l'appui
d'accusations accablantes. L'imputation de dénaturations de
textes n'est étayée sur aucune référence précise à l'endroit
aussi bien du texte dénaturé que du texte dénaturant qui
permettrait à la Cour de constater le fait de la
dénaturation.
Quant aux omissions ou mises
à l'écart, la Ligue affirme par exemple: "attendu qu'il
s'avère et qu'il est prouvé que..." (p. 7, al. 9). "Il
s'avère"? Comment? Où? En vertu de quels critères? "Il est
prouvé"? Au moyen de quelles preuves? La Ligue ne daigne
étayer aucune de ces affirmations mais n'hésite pas à
réitérer des assertions dont la fausseté a été admise par
les spécialistes mêmes sur lesquels elle s'appuie. Elle se
réfère tranquillement à des documents dont le caractère
apocryphe a été démontré dans le cours même de la procédure.
Qu'elle ait cependant obtenu
la condamnation du Professeur en première instance pose donc
un problème considérable même si le tribunal n'a pas suivi
la Ligue dans ses conclusions et s'il est resté évasif dans
la définition des imprudences qu'il reproche au Professeur.
Pour décrire ce troublant phénomène judiciaire, un
anthropologue est contraint d'émettre l'hypothèse suivante:
les lourdes accusations lancées par la Ligue
n'auraient-elles pas exercé un tel effet d'incantation ou
d'intimidation que le tribunal n'a pas pu exiger les
justifications élémentaires qu'il aurait réclamées en toute
autre accusation, ainsi qu'il était de son devoir de le
faire?
Le tribunal n'a-t-il pas
confusément pressenti que la simple application des règles
normales de la procédure judiciaire conduisait à la rupture
du consensus religieux qui entoure ces questions et n'a-t-il
pas alors reculé devant la toute-puissance du sacré?
Essayons de dégager les
ressorts essentiels de la controverse.
1. -- Commencons
par les "interprétations techniques fallacieuses".
En ce qui concerne la
crédibilité des aveux de
Hoess et les avis de Monsieur Truffert, le Professeur
fournit dans ses propres conclusions des éclaircissements
auxquels il n'est besoin d'ajouter qu'une simple remarque:
ils nous révèlent la singulière facon dont l'un des avocats
de la Ligue prétend s'enquérir des faits auprès d'un expert.
La lettre de Me Korman vise à obtenir un document revêtu de
l'autorité de l'expert, susceptible d'être utilisé dans un
procès contre le Professeur. Elle ne constitue guère une
tentative d'obtenir une réponse claire à la question
technique effectivement posée. Nous sommes pourtant au coeur
du sujet: des gazages homicides de masse sont-ils
matériellement et techniquement possibles, par exemple dans
le local présenté comme une chambre à gaz homicide par la
Ligue, la Leichenkeller 1 du kréma ii? Et notamment,
était-il possible de pénétrer sans masque à gaz dans ce
local pour y manipuler, sans précaution particulière, des
milliers de corps gazés? Répondre à ces questions techniques
par l'autorité généralement accordée aux aveux de
Hoess, c'est précisément suppléer à l'argument technique
par un argument d'autorité.
En quatre ans, cette
question n'a pas obtenu de réponse satisfaisante en dépit de
nombreuses tentatives. Dans son livre Les Chambres à gaz
ont existé Monsieur Georges
Wellers fait justement remarquer que la température des
cadavres supérieure à 26°, point d'ébullition du HCN,
éliminait la rétention de gaz par condensation, ce qui est
vrai, mais il n'a pas traité de la dissolution du HCN dans
la transpiration et les humeurs, de l'adhérence du HCN, des
poches de gaz entre les corps entassés, de la rétention par
capillarité, de la condensation sur les parois de béton, en
hiver notamment, ni de la condensation provoquée par
l'aération même lorsque la température de l'air est
inférieure à 26°. Aucune explication n'a été fournie sur la
possibilité de ventiler une pièce remplie de cadavres dont
le système de ventilation est connu, mais banal et très
insuffisant, alors que dans les chambres à gaz homicides
américaines, la présence d'un extracteur très puissant ne
dispense pas de la nécessité de laver soigneusement le corps
de l'unique condamné en prenant des précautions
particulières (masque à gaz, tablier de caoutchouc, gants de
caoutchouc), alors qu'il n'y a pas d'obstacle comparable à
la circulation d'air, et que la température du cadavre est
là aussi supérieure à 26°.
Si ces problèmes matériels
et techniques ont en effet connu une solution pratique,
celle-ci doit exister. Il faut bien cependant constater que
les témoignages d'hommes comme
Hoess ou
Gerstein, censés être des techniciens du gazage de masse,
alors mêmes que leurs aveux sont prétendus spontanés et
coopératifs, donnent des gazages une description sommaire,
simpliste et tout simplement irréelle. Ne doit-on pas en
déduire que la représentation qu'ils s'en font au moment où
ils écrivent ne procède pas d'une expérience véritable?
En se refusant à entendre
ces questions, en les refoulant, en opposant l'argument
d'autorité à des interrogations de nature strictement
technique, n'y a-t-il pas "interprétation technique
fallacieuse"? De même, en se référant à une aération magique,
sans étudier les capacités réelles de l'installation de
ventilation?
Ni la Ligue, ni M.
Wellers ne montrent en quoi les interprétations
techniques du Professeur seraient fallacieuses. L'une et
l'autre affirment qu'elles sont fallacieuses puisque les
gazages ont existé.
La traduction de
Vergasungskeller, dans le document du 29 janvier 1943
mérite un commentaire particulier. La Ligue, dans ses
écritures de justice, affirme de facon péremptoire que le
terme "Vergasungskeller" se traduit par "cave de
gazage", ce qui, dans son esprit, impliquerait gazage
homicide. Les preuves abondent pourtant que les Allemands
utilisaient le mot "Vergasung" pour désigner des
gazages de désinfection. "Vergasung" peut signifier,
selon le contexte, soit "carburation", soit "gazage". Le mot
"carburation" peut recouvrir des réalités diverses, selon
qu'il s'agit d'un carburateur de voiture, ou de
l'appareillage décrit dans les notices techniques d'un
constructeur de crématoires, et destiné à préchauffer le
mélange gazeux admis dans le four à l'aide des gaz chauds
recueillis à l'arrière du four. Le mot "gazage" également
peut signifier soit un gazage de désinfection, soit un
gazage homicide.
Dans Le Monde
du 16 janvier 1979, le Professeur avait protesté contre
l'utilisation téméraire de ce document et contre la
traduction abusive par "cave de gazage" au sens de gazage
homicide. Il écrivait: "... dans la lettre qu'on me cite du
29 janvier 1943 (lettre qui ne porte même pas l'habituelle
mention de "Secret") Vergasung ne signifie pas "gazage"
mais "carburation". Vergasungskeller désigne la pièce
en sous-sol où se fait le mélange gazeux qui alimente le
four crématoire."
Dans sa tentative de réponse
(Les Chambres à gaz ont existé), Georges
Wellers ne conteste nullement que le mot "Vergasung"
puisse, dans certains cas, signifier "carburation", ni que
les crématoires puissent être équipés de cet appareillage
identique à celui des fours Siemens, ni le fait que, lorsque
cet appareillage est installé en sous-sol, les notices
techniques utilisent le terme "Vergasungskeller" pour
désigner aussi bien l'appareillage lui-même que la pièce en
sous-sol qui le contient. Contrairement à la Ligue, Georges
Wellers a entendu l'objection, il l'a comprise. Et il a,
face a l'objection, une attitude partiellement scientifique.
Il se refuse à créer la chose à l'aide du mot. Il prend
l'avis d'un technicien des fours, il se renseigne sur les
contraintes matérielles d'une telle installation, et
démontre ainsi que la "Leichenkeller 1" du plan ne
peut pas avoir été une "Vergasungskeller", au sens où
le professeur prétend le traduire: "cave de carburation". Sa
démonstration est probante, à ceci près que le professeur
n'a jamais prétendu dans son article du Monde qu'il
identifiait la "Vergasungskeller" avec la
Leichenkeller 1. Ni le SS Hauptsturmfuehrer, auteur de
la lettre, ni le Professeur ne donnent la moindre indication
qui permette de localiser et de préciser l'emplacement de
cette "Vergasungskeller". A plus forte raison, rien
ne permet de l'identifier à la Leichenkeller 1 et
d'attribuer cette identification, comme une évidence, soit à
l'auteur de la lettre, soit au Professeur.
Ce que l'on sait, en
revanche, c'est qu'au moment où la lettre est écrite --
janvier 1943 -- l'installation n'est pas réalisée. On peut
donc penser que l'auteur de la lettre désigne par "Vergasungskeller"
l'emplacement en sous-sol prévu pour recevoir ces
installations et, à ce moment, vide. S'agit-il de la pièce
en sous-sol désignée sur le plan de Leichenkeller 3,
et qui connaîtra finalement une autre destination, ou d'un
espace non identifié clairement sous la salle des fours
elle-même?
Ces installations complexes
et de haute technicité pour l'époque n'ont finalement pas
été réalisées; non plus que les générateurs latéraux
indiqués sur certaines notices de la firme Topf und Soehne
et prévus initialement sur le plan. En fait, n'ont
finalement été installés que des ventilateurs latéraux plus
sommaires destinés à augmenter le tirage des cheminées. Dans
l'ensemble, la réalisation matérielle des Krémas II et III,
fin 1942-début 1943, est plus sommaire que les plans concus
en 1941-1942 ne le prévoyaient. La capacité de crémation des
fours s'en est trouvée réduite d'autant.
Dans l'état actuel des
recherches documentaires et archéologiques, aucun
spécialiste n'est encore parvenu à fournir une localisation
entièrement satisfaisante de cette "Vergasungskeller".
Or, cette localisation est nécessaire pour arrêter une
traduction définitive de ce terme.
Notons cependant que,
contrairement à la Ligue, Monsieur
Wellers ne refuse pas a priori le sens proposé par le
Professeur. Ayant identifié une fois pour toutes et sans
preuve la "Vergasungskeller" de la lettre et la
Leichenkeller 1 du plan, il fait intervenir des
arguments techniques pour prouver que cette Leichenkeller
1 ne peut en aucun cas avoir été une cave de carburation, ce
qui, répétons-le, semble évident et n'avait jamais été
envisagé par personne d'autre que lui. Il en conclut que le
mot "Vergasung" ne peut donc, dans ce cas, être
traduit par "carburation". Reste le sens "gazage" que, dans
son livre, il interprète aussitôt au sens de gazage homicide.
Il en conclut que la Leichenkeller 1 est une chambre
à gaz homicide. Le mot "Vergasung" crée la chose.
Mais, dans une lettre du 24
mai 1982 adressée au Bulletin des Amis de Paul
Rassinier, M. G.
Wellers prend la peine d'éliminer l'interprétation "gazage
de désinfection" que personne n'avait suggérée. Là encore,
il a une attitude partiellement scientifique. Il se refuse à
admettre que le mot suffise à créer la chose, il se
documente concrètement sur la chose elle même. Voici ses
propres termes:
"..., il serait bon de
préciser tout de suite, à l'intention des lecteurs de
Monsieur Faurisson, que cette suggestion ne tient pas
debout. En effet, dans une lettre datée du 28.5.1942, la
firme "DEGESCH", constructeur des chambres de
désinfection dans les camps de concentration nazis,
répond par la négative à une commande de chambres de
désinfection de 75 mètres cubes, parce que cela présente
de très grosses difficultés techniques par rapport à la
fabrication de chambres de désinfection habituelles de
25 mètres cubes, et déclare impossible l'aménagement des
chambres de désinfection de 200 mètres cubes. Alors, il
est évident que dans le cas d'une chambre de 506,10
mètres cubes, son aménagement en chambre de désinfection
est hors de question ".
Les arguments de Monsieur
Wellers semblent ici corrects, sauf à supposer que la
Leichenkeller 1 (210 mètres carrés x 2,41 mètres =506,10
mètres cubes) était divisée par des cloisons et comportait
des installations sur lesquelles nous n'avons pas le moindre
élément d'information. Mais comment peut-on, après avoir
valablement démontré que la Leichenkeller 1 du plan
ne peut avoir été ni une cave de carburation ni une cave de
désinfection conclure qu'il s'agit nécessairement d'une
chambre à gaz homicide, sans nous expliquer pourquoi les
sévères contraintes techniques évoquées par la DEGESCH
disparaissent magiquement dès lors qu'il s'agit de gazer des
hommes? N'y a-t-il pas ici "interprétation technique
fallacieuse"?
Nous avons dû nous écarter
des écritures judiciaires et du texte des conclusions pour
informer le lecteur d'une petite partie des débats qui se
poursuivent sur le sujet hors des prétoires et dont la Ligue
ne tient aucun compte alors même que les auteurs dont elle
tire ses certitudes y participent. La Ligue, elle, refuse le
débat et veut le bloquer par une décision judiciaire.
S'appuyant sur un avis d'expert déposé au tribunal et signé
de Monsieur
Borten, traducteur assermenté honoraire, la Ligue
prétend péremptoirement que "Vergasungskeller"
signifie "cave de gazage" et que "cave de carburation" ou "cave
de gazéification" seraient des fantaisies arbitraires,
linguistiquement impossibles. Dans un autre avis d'expert
que la Ligue mentionne à l'alinéa suivant, le même Victor
Borten prétendait que le mot "Leichenkeller"
n'existait pas en allemand, qu'il s'agissait d'un mot en
usage exclusivement parmi les dirigeants nazis chargés de
l'extermination pour désigner une réalité criminelle. Cette
manière d'interpréter un document (en l'occurrence le plan
du Kréma II, publié pour la première fois par le Professeur
dans le livre
Vérité historique ou Vérité politique? de Serge
Thion, où figure le mot "Leichenkeller" là où Victor
Borten s'attendait a trouver "Gaskammer",) fait penser
au test bien connu des psychologues et qui consiste à
présenter à un patient une planche de taches d'encre et à
lui demander de décrire ce qu'il voit. Les descriptions
renseignent davantage sur leur auteur que sur les taches.
Dans ses conclusions, le
Professeur rapporte de multiples preuves d'utilisation, en
dehors de tout contexte criminel, du mot "Leichenkeller".
Faut-il ajouter qu'en 1974 la municipalité de Berlin a
inauguré un crématoire doté d'une "Leichenkeller" de 500
places, dont la construction a commencé en 1978, le projet
décidé en 1969 sur des études préliminaires remontant à 1965
et l'idée première à 1963? Le mot "Leichenkeller"
figure bien sur les plans et dans les notes techniques.
II. -- Venons aux
"dénaturations de textes" reprochées au Professeur.
Il n'échappera pas au
lecteur que les deux attendus de la Ligue sont d'un
laconisme surprenant. Le Professeur aurait ainsi dénaturé le
journal de
Kremer sans que l'on sache où et comment puisqu'aucune
référence n'est fournie. Le lecteur désireux de vérifier les
affirmations de la Ligue sera donc contraint de tout lire et
de comparer sur ce sujet les écrits nommés avec ceux du
Professeur. Il constatera d'abord que ce dernier n'a rien
commis d'aussi inconvenant. Il remarquera à l'opposé que le
Professeur cite avec scrupule les documents et les arguments
susceptibles d'étayer la thèse de ses adversaires et qu'il
présente sa propre argumentation en prenant le soin constant
de différencier l'élément documentaire de l'activité
interprétative. Si, d'aventure, venait au lecteur l'idée de
poursuivre la comparaison, il serait contraint de découvrir
que d'immortels écrits, émanant d'historiens éminents tels
que MM.
Poliakov,
Wellers,
Klarsfeld, etc. comportent en effet des dénaturations de
textes.
Ainsi, les textes présentés
par la Ligue ont bel et bien été adultérés.
III. -- Abordons
maintenant les omissions
reprochées au
Professeur
Une confrontation avec les
réponses de l'accusé fait apparaître ici un mécanisme
similaire. La Ligue se révèle imprudente dans ses
accusations. Elle se réfère à des documents dont elle est
seule à croire encore qu'ils existent et va jusqu'à
attribuer à
Eichmann l'établissement d'un prétendu procès-verbal de
la réelle conférence de
Wannsee, et ce, contre l'opinion de tous les
spécialistes.
IV. -- Il reste,
enfin, les sources judiciaires écartées.
Les deux derniers attendus
méritent qu'on s'y arrête. Le Professeur y est accusé
d'écarter en "quelques mots et sans plus s'expliquer
sérieusement" les témoignages des "rares rescapés des
sonderkommandos"; il lui est ensuite reproché d'écarter "également
sans aucune explication" les "témoignages et récits" de cinq
"exécutants SS",
Hoess,
Kremer, Entress,
Broad et
Gerstein. Or le Professeur s'est expliqué sur chacun de
ces cas, y compris dans des documents et des pièces adressés
à la Ligue, et fournis à la justice. Certains de ces
témoignages et récits ont fait l'objet de critiques
exhaustives de la part d'autres historiens. Le Mémoire
déposé au tribunal est principalement consacré au témoignage
de
Kremer. Les récits de
Gerstein ont fait l'objet de réserves aussi bien du
Professeur que d'historiens qui lui sont hostiles. Quant au
récit de Pery
Broad, démenti par son auteur, il raconte un gazage dont
il aurait été témoin, vu de l'intérieur de la chambre
homicide, en adoptant le point de vue et les sentiments
d'une victime! Plus aucun historien, digne de ce nom,
n'accorde le moindre crédit au "témoignage" de
Broad, qui semble beaucoup devoir aux soins attentifs
des services britanniques.
Ainsi, en deux alinéas, la
Ligue commet-elle les imprudences fautives qu'elle reproche
au Professeur, en révélant l'extrême fragilité des sources
sur lesquelles elle entend asseoir sa certitude.
Dans l'alinéa suivant, la
Ligue, que rien n'arrête, reproche au Professeur d'avoir "au
surplus omis, par une négligence coupable, de mentionner des
documents importants allant à l'encontre de sa thèse". La
Ligue fait cette fois preuve d'une prudence trop facilement
remarquable, en ne mentionnant aucun des documents
prétendument omis. Faut il rappeler que la Ligue n'a jamais
mentionné aucun document allant à l'encontre de sa propre
thèse? Qu'elle n'a jamais mentionné de travaux critiques
qu'en les dénaturant? Qu'elle n'a jamais cité les opinions
des historiens sur lesquels elle s'appuie par ailleurs
lorsque ces opinions s'écartaient un tant soit peu de la
version des faits qu'elle entendait édifier? L'insaisissable
Ligue n'a-t-elle pas omis de mentionner enfin dans ses
écritures judiciaires les documents probants fournis par le
Professeur et déposés au tribunal?
Cette série d'imprudences
laisse transparaître le vague soupcon qui hante les ligueurs:
tout bien battu et rebattu, le Professeur ne serait-il pas
le dépositaire du savoir sur l'affaire?
Car enfin, les historiens
montrés du doigt pour "révisionnisme" ne sont-ils pas
obligés (il faut bien préserver son droit de vivre) de
consacrer l'attention la plus minutieuse aux arguments et
aux documents fournis par leurs accusateurs?
Aucun document n'a donc été
omis, ainsi que les covenants veulent le faire accroire.
Mais que penser, dès lors, d'accusateurs assez impitoyables
pour pousser l'ébriété de leur logique jusqu'à laisser
entendre dans leurs affirmations que l'accusé négligerait
leurs preuves, alors qu'un seul de leurs documents, s'ils
daignaient enfin le produire, déferait la thèse du
Professeur?
Nous commencons à comprendre.
L'on croit de bonne foi quelque rumeur, errare humanum est;
l'on y adhère par sympathie; l'on s'y habitue par crainte de
faire de la peine à ceux qui s'y sont attachés; l'on
commence cependant à déchiffrer chez l'incrédule les
défaillances de raisonnement que véhicule la rumeur; avec le
temps, les raisons de l'incroyant agacent, car
inconsciemment l'on a peur de s'être trompé. Perseverare
diabolicum: il reste l'impérieuse obligation de
bâillonner l'adversaire pour transformer une simple censure
collective en refoulement définitif; le problème n'existe
pas puisque l'on n'en parle plus; et comme l'on n'en parle
plus, il n'a jamais existé.
Le procédé est simple,
efficace et sans embarras.
L'expérience psychanalytique
permet d'élucider ce phénomène dans lequel le message issu
d'une culpabilité refoulée dans l'inconscient revient vers
son émetteur mais "sous forme inversée", selon la
formulation conjointe de Cl. Lévi-Strauss et J. Lacan.
Qu'est-ce à dire? La Ligue, de bonne foi, dit ce qu'elle
refoule, en croyant l'identifier chez l'adversaire qu'elle
accuse. La critique de la preuve lui renvoie cette
accusation de falsification dont elle est inconsciemment
coupable. Une alternative se présente alors ici. Ou bien
l'émetteur du message entend ce qu'il disait malgré lui dans
ses propos inconsidérés et le reconnaît noblement pour que
commence le dialogue; ou bien il n'entend rien, ni de ce
qu'il dit malgré lui, ni par conséquent ce que dit
l'adversaire et persiste à marcher sur l'eau. Dans la
première hypothèse, le fait d'entendre ce qu'elle disait
malgré elle, quoiqu'avec un temps de retard, permettrait à
la Ligue de couper les lauriers. Ce serait pour elle le
temps de conclure sur ce qu'elle désire et veut en vérité.
Elle reconnaîtrait s'être d'abord méprise sur la nature du
mystère; elle avouerait s'être inquiétée à tort; tout ceci
vaudrait pour amende honorable, puis elle entrerait, de
bonne grâce, dans le débat. Dans la seconde hypothèse: pour
maintenir son accusation, la Ligue -- ces conséquences sont
inéluctables -- doit se résigner à la falsification
consciente et volontaire, au mensonge officiel.
Plutôt que de se laisser
entraîner vers ces horizons, il est probable que chacun pour
soi, de près ou de loin, sera touché par l'effraction de
cette vérité dans l'histoire familiale et collective qui le
relie aux siens et à un Etat qui n'est pas ici sans
responsabilités.
C'est la question
essentielle, lecteur, que nous te laissons.
Pour ce qui concerne la
qualité de la vie civile, nous pensons qu'il est grand temps
de rétablir le respect que mérite l'histoire qui est
interprétation de faits vérifiables, ainsi qu'il est de
règle depuis Thucydide.
L'histoire documentaire est
ce bien universel qui rassemble les peuples et sans lequel
nos oreilles bourdonneraient encore à la répétition infinie
de récits ancestraux et inconciliables.
Le temps de
conclure est venu.
Que l'outrecuidante Ligue se
moque des faits, nous l'avons démontré avec les précisions
nécessaires pour que le lecteur puisse le constater.
Que la Ligue méprise les
autres, c'est ce qu'elle manifeste par le peu de cas qu'elle
fait des historiens et par l'impolitesse sans rivage avec
laquelle elle traite les arguments de son adversaire élu.
Rappelons ici une
déclaration publiée dans Le Monde par trente-quatre
historiens, le 19 janvier 1979. Elle se terminait sur ces
phrases:
"Il ne faut
pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre
de masse a été possible. Il a été techniquement possible
puisqu'il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé
de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité,
il nous appartenait de la rappeler simplement: il n'y a
pas, il ne peut y avoir de débat sur l'existence des
chambres à gaz."
La cause de tout ce tumulte,
c'est ici qu'il convient d'aller la chercher. Car enfin, les
véritables responsables, ce ne sont pas le Professeur, ni
quelques cohortes étiques d'un nazisme hyper-réaliste, et
pas davantage la Ligue. Non, les vrais coupables, ce sont
ces profs dans la foi et la notoriété desquels s'enracine la
frénésie de la Ligue.
Où en sont, trois ans plus
tard, ces Incroyables?
Le 21 avril 1982 a été
fondée l'ASSAG
(Association pour l'étude des Assassinats par Gaz).
L'association se propose de "rechercher et contrôler les
éléments apportant la preuve de l'utilisation des gaz
toxiques par les responsables du régime national-socialiste
en Europe pour tuer les (sic) personnes de différentes
nationalités; contribuer à la publication de ces éléments de
preuve; prendre à cet effet tous les contacts utiles au plan
national et international." Parmi les membres fondateurs,
figurent Madame Renée Aubry, chef de cabinet du ministre des
Anciens Combattants; M. Jean-Louis Crémieux-Brillac,
Directeur de la Documentation Francaise; M. Jacques Delarue,
commissaire divisionnaire honoraire au ministère de
l'intérieur; M. Augustin Girard, Directeur d'un département
au ministère de la Culture; M. Pierre
Vidal-Naquet, "historien-auteur notamment d'une étude en
réponse aux affirmations faurissoniennes"; Me Bernard
Jouanneau, "avocat du comité d'Action de la Résistance
dans le procès Faurisson en 1981 à Paris[(1)];
M. Jean-Pierre Faye, "écrivain -- engagé dans la lutte
contre les thèses révisionnistes". On relève aussi les noms
de Mme Geneviève de Gaulle Anthonioz, de Mme Anise
Postel-Vinay, de M. Serge Choumoff, auteur d'un opuscule
intitulé: Les chambres à gaz à Mauthausen (1972); ce
dernier, en 1982 est présenté comme l'auteur "d'un ouvrage
sur la (sic) chambre à gaz de Mauthausen". Madame
Germaine Tillion préside l'association et M. G.
Wellers est vice-président.
Il s'agit en principe d'une
association privée, mais cette association envisage d'en
appeler aux fonds publics. Si l'on en juge par l'entregent
des membres fondateurs, il faut s'attendre à ce que le
citoyen finance la Quête désormais mystique de la Preuve.
N'est-il pas stupéfiant que ces historiens perdus aient
fondé une association pour rechercher et contrôler les
éléments apportant la Preuve qu'ils ont toujours proclamée
indubitable? Ne l'auraient-ils donc pas contrôlée avant
d'écrire leurs ouvrages? La fondation de l'ASSAG
n'apporte-t-elle pas un démenti transparent à leur
fracassante déclaration du Monde?
En suite de quoi, ils
organisèrent un colloque à huis clos et répondirent aux
arguments adverses par du vent, sans abandonner l'insulte
d'antisémitisme que l'inflation émousse. On admire déjà la
merveilleuse sociologie et l'anthropologie incroyable qui
s'élabore sur cet homme privé d'histoire.
Ces conduites puériles sont
indignes de personnes de qualité.
Il n'est pas de plus grand
danger que l'abandon de la rectitude de la pensée dont les
clercs ont la garde. Nous faudrait-il assister sans rien
dire à la disqualification publique et au déclin dès lors
inévitable d'une prestigieuse école historique dont le
Peuple francais s'honore à juste titre: I'Ecole des Annales? |
Ceci appelle un
camouflet! Pour
l'heure, le problème de la Preuve fait quatre victimes:
le Professeur et les Juges de la Cour qu'irritent, eux
aussi, les procès de sorcière, intentés par des
ensorcelés.
Quelle sera donc
l'attitude de M. le Garde des Sceaux en cette situation
exigue? Sera-t-elle classique et conforme à la tradition
qui requiert de lui une politique propre des procès
politiques? Abandonnera-t-il à la mystique du
vraisemblable un problème de preuve circonscrit et
ponctuel? Livrera-t-il les juges aux forces obtuses et
passionnées?
Faut-il laisser ces
historiens interdire à leurs collègues, et du coup à
leurs concitoyens, d'interpréter l'histoire à partir de
faits vérifiables? Ceci reviendrait à empêcher l'étude
historique et anthropologique des phénomènes
concentrationnaires, car avant d'interpréter les faits,
encore faut-il avoir liberté de les établir en vérité.
C'est sur cet unique
plan qu'il est opportun de saluer et retenir les travaux
du Professeur.
Cette étude est d'autant
plus urgente que le phénomène concentrationnaire est un
fait récent et mal connu de pathologie politique,
caractéristique de notre siècle. Ses potentialités
mortifères sont loin d'être épuisées. Pour en élucider
la nature politique réelle, les règles de la méthode
anthropologique conseillent d'ouvrir largement
l'éventail de ses multiples interprétations possibles.
Ce ne sont pas, pour l'instant, les crédits qui manquent
mais les moyens éthiques.
L'interdit qui pèse sur
l'interprétation de la représentation "chambre où l'on
ne peut respirer sans mourir", dont la réalité psychique
ne fait, elle, aucun doute, entraîne enfin une
contamination inévitable du fantasme individuel et
universel de scène primitive et constitue, de ce fait,
un complexe fantasmatique pathogène, qui vient obnubiler
la mémoire collective et individuelle. Laisser
proliférer cet artefact, clef de voûte d'un mythe
international, met aussi à la merci d'un éventuel
passage à l'acte, c'est-à-dire, pourrait déterminer dans
l'avenir l'émergence historique de réelles chambres
criminelles.
Que l'opinion et la
République gardent un silence expectatif serait le
symptôme d'une vie civile molle où dorment les
procureurs, et que Monsieur le Garde des Sceaux n'est
pas homme de parquet.
Nous ne pouvons croire,
Juges, qu'en votre sagesse, vous le permettrez!
*********
Conclusions
Dagobert
Cour d'Appel de Paris-
1re chambre A
M.E. N° 81/162 A
R.G. N° 1 18042
1 15635
1 14650
Signifiées le 14 mai 1982
A Messieurs les
Président et Conseillers
composant la 1re Chambre de
la
COUR D'APPEL DE
PARIS
CONCLUSIONS
POUR:
- La "LICRA" (juive) 40, rue de Paradis à Paris
(10e), représentée par son Président juif Jean
Pierre-Bloch.
- INTIMEE Me ROBLIN
CONTRE:
- Monsieur Robert Faurisson
APPELANT
- Me Yves MENARD
Et en
présence de:
Monsieur Serge THION
Monsieur Maurice DI SCUILLO
Monsieur RITTERSPORN GABOR TAMAS
Monsieur REDLINSKI Jean-Luc, Dominique,
Monsieur COHN-BENDIT Jean-Gabriel,
Monsieur GUILLAUME Pierre, Noel, Charles
Monsieur ASSOUS Jacob
APPELANTS
- Me Yves MENARD
et en
présence des co-intimées:
1°.-
A.N.F.R.O.N.F.
2°.- U.N.A.D.I.F.
3°.- F.N.D.I.R.
4°.- C.A.R.
INTIMEES SCR
Garnier Dubosq
5°.-
A.D.A.C. Hte Silésie
INTIMEE Me
VARIN
6°.- M.C.R.P.A.P.
INTIMEE Me VARIN
7".- U.N.D.I.V.G.
INTIMEE SCR Garnier Dubosq
8°.- LE MONDE
INTIMEE Me RIBADEAU-DUMAS
9°- NOUVEAU QUOTIDIEN
MATIN DE PARIS
INTIMEE DAUTHY
10°.- Association des Fils et Filles des Déportés Juifs
de France
INTIMEE RIBAUT
PLAISE
A LA COUR
Statuant sur l'appel
interjeté le 21 juillet 1981 par Monsieur Robert
Faurisson d'un jugement rendu le 8 juillet 1981 par la
1re Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris le
condamnant à payer entre les mains de la LIGUE
INTERNATIONALE CONTRE LE RACISME ET L'ANTISEMITISME (LICRA)
la somme de 1F. "à titre de dommages et intérêts, ladite
somme constituant la réparation du préjudice moral subi
globalement et indivisiblement par chacune des
associations demanderesses ou intervenantes" et le
condamnant, en outre, aux frais de publications de la
partie du jugement figurant sous la rubrique "sur la
responsabilité de Monsieur Robert Faurisson" et de celle
du dispositif sous la rubrique "publications judiciaires
-- le problème des chambres à gaz" dans les publications:
- LE MONDE
- LE MATIN DE
PARIS
- HISTORIA
Attendu que Me ROBLIN,
Avoué à la Cour, s'est régulièrement Constitué par acte
du Palais en date du................ pour le compte de
la LICRA.
I.- LES FAITS ET
PROCEDURE
Attendu qu'il convient
de rappeler qu'à partir de novembre 1978, Monsieur
Robert Faurisson a publié divers écrits dans lesquels il
prétendait que "HITLER n'a jamais ordonné ni admis que
quiconque fut tué en raison de sa race ou de sa
religion" et que les chambres à gaz dont se sont servis
les Nazis pour exterminer des millions d'individus
n'auraient jamais existé.
Qu'à l'appui de sa thèse,
Monsieur Robert Faurisson, arguant de ses titres
universitaires de Maître de Conférence à l'Université de
Lyon soutenait qu'après 14 ans de réflexion personnelle
et 4 ans d'une "enquête acharnée", il avait la certitude
que "les prétendues chambres à gaz" à la réalité
desquelles il avait d'abord cru, n'avaient en réalité
jamais existé.
Que se voulant "porteur
d'une bonne nouvelle pour la pauvre humanité à qui il
était chargé de la révéler, Monsieur Robert Faurisson
proclamait que "les prétendues chambres à gaz
hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment
un seul et même mensonge historique 1".
Attendu que cette thèse
a été publiée notamment dans un article du "MATIN DE
PARIS" en date du 16 novembre 1978, puis répétée par
trois fois au titre du droit de réponse dans le journal
"LE MONDE" aux dates des 16 et 29 décembre 1978 et 16
janvier 1979.
Qu'à la suite de ces
publications, la LICRA a assigné Monsieur Robert
Faurisson devant le Tribunal de Grande Instance de Paris
pour le voir condamner, en raison du préjudice moral que
lui portent ses allégations.
Attendu qu'a la suite
d'une mise en état particulièrement longue et qui a
notamment impliqué que soient versés aux débats et
consultés par les parties à l'instance, les documents de
la procédure militaire ouverte après la guerre contre
les responsables des exactions commises au camp de
concentration du Stutthof que Monsieur Faurisson
désignait également dans ses écrits pour mettre en doute
qu'une chambre à gaz y eut jamais fonctionné, le
Tribunal a fait droit aux demandes de la LICRA en
condamnant Monsieur Robert Faurisson, d'une part à 1F.
de dommages-intérêts au titre du préjudice moral subi,
et d'autre part, à assumer les frais financiers
afférents à la publication du jugement entrepris.
Que Monsieur Robert
Faurisson a fait appel de ce jugement ainsi que les
divers intervenants à cette instance.
II.- DISCUSSION
1°.- L'irrecevabilité de
l'action de la LICRA et des autres Associations
demanderesses:
Attendu que Monsieur
Robert Faurisson reprenant purement et simplement
l'argumentation qu'il avait développée en première
instance soutient que les actions des Associations
intimées sont irrecevables en vertu des moyens suivants:
a) qu'il affirme en
premier lieu qu'aucune des Associations concluantes ne
prétend avoir été victime en tant que personne morale "d'injures,
de diffamation ou de malveillance fautive", et qu'elles
sont dès lors irrecevables en leur action, n'ayant pas
qualité à agir "pour réclamer la réparation des
atteintes qu'aurait porté, selon elles, Monsieur Robert
Faurisson au prétendu intérêt collectif de leurs membres".
Mais attendu qu'il est
aujourd'hui de jurisprudence constante qu'une
Association est recevable à demander réparation d'un
préjudice, résultat des atteintes portées à son objet ou
en rapport avec "la spécialité du but et l'objet de la
mission de l'Association".
Qu'en l'espèce, la LICRA
a subi un préjudice répondant à ces définitions,
distinct aussi bien de celui subi par ses membres que du
préjudice supporté par la société toute entière dont
seul le Ministère public peut poursuivre la réparation.
b) que d'autre part
Monsieur Robert Faurisson prétend que même à admettre le
droit pour les Associations d'agir dans l'intérêt
collectif de leurs membres, encore faudrait-il "que les
actions et interventions soient liées strictement à
l'objet de chacune des Associations, et non
génériquement à un trouble porté à l'ordre public ou à
l'intérêt général que seul le Ministère Public a
vocation, par hypothèse pour défendre dans le cadre des
lois et règlements".
"Qu'en l'espèce, aucune
des Associations requérantes n'ont [sic] un objet qui
postule la défense de telle ou telle thèse historique
relative à des réalités passées, et pour l'heure
concernant la nature véritable de l'univers carcéral du
IIIe Reich".
"Que dès lors, il
convient de réformer le jugement entrepris puisque les
Associations demanderesses ou intervenantes ne pouvaient
trouver un intérêt à agir, si ce n'est celui qui réside
dans la volonté d'imposer à l'opinion l'idée que leur
Président ou représentant des membres se font,
nonobstant les différents objets sociaux, d'une tranche
dramatique et controversée de l'Histoire du xxe Siècle".
Attendu que la thèse
soutenue par Monsieur Robert Faurisson peut être résumée
en deux propositions principales:
"HITLER n'a jamais
ordonné ni admis que quiconque fut tué en raison de
sa race ou de sa religion".
"Les prétendues
chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide
des Juifs forment un seul et même mensonge
historique 1".
Attendu que ces
affirmations publiées dans un esprit soi-disant purement
scientifique, articulent implicitement mais
nécessairement à l'égard de ceux qui sont rescapés de
cette tragédie, l'imputation d'être des menteurs;
Qu'au surplus, il est
apparu en cours de mise en état de la procédure de
première instance que ces allégations avaient pour
fonction de servir à Monsieur Faurisson de préparer
l'articulation d'imputations encore beaucoup plus graves
à caractère expressément raciste, ainsi qu'il résulte
des propos qu'il a tenus le 17 décembre 1980 sur les
ondes de la station de radio périphérique "Europe 1" et
qui sont rappelés par le Tribunal, sans que leur réalité
soit contestée par Monsieur Faurisson et qui sont les
suivantes:
"Les prétendues chambres
à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs
forment un seul et même mensonge historique 1
qui a permis une gigantesque escroquerie
politico-financière dont les principaux bénéficiaires
sont l'état d'Israel et le sionisme international, et
dont les principales victimes sont le peuple allemand,
mais non pas ses dirigeants, et le peuple palestinien
tout entier."
Attendu que La LICRA,
Association régulièrement déclarée, se propose selon ses
statuts de:
- lutter par tous
les moyens en son pouvoir contre le racisme et
l'antisémitisme qui déshonorent l'humanité,
- défendre par
une action à la fois préventive et positive le
droit à l'existence et à la paix des victimes du
racisme dans le monde entier,
- réaliser par
l'union des hommes et des femmes de toutes
opinions le rapprochement des peuples, la paix
entre les races et l'égalité parmi les homme;
Attendu que la remise en
cause de l'extermination des populations à raison de
leur appartenance à une race dont l'Allemagne nazie
s'est rendue coupable sous l'influence et les directives
du Chancelier Adolph Hitler et la remise en question des
chambres à gaz qui ont été utilisées comme moyen pour
parvenir à cette solution finale, constituent une
atteinte aux intérêts collectifs des membres de la LICRA;
Attendu en effet que le
rappel et le respect de la vérité historique qui a
conduit à l'extermination industrielle et organisée de
plus de 6 millions de personnes en raison de leur
appartenance à une race par la mise en oeuvre d'une
politique et d'une organisation criminelle, constituent
précisément les moyens de lutte contre le racisme et
l'antisémitisme, puisqu'ils permettent de démontrer les
aberrations et les crimes que ces fléaux ont engendrés
au cours de l'histoire contemporaine;
Attendu que la
déclaration précitée du 17 décembre 1980 est la
démonstration, -- si celle-ci devait encore être
nécessaire -- a posteriori que les affirmations
exprimées dans Le Matin de Paris et Le Monde
du 16 novembre 1978 au 16 janvier 1979 portaient une
atteinte directe à l'action que la LICRA se propose de
mener dans ses statuts;
Attendu que dans ces
conditions, c'est à bon droit que le Tribunal a constaté
que les écrits de Monsieur Robert Faurisson "portent
directement atteinte aux intérêts légitimes dont les
Associations ont la charge et pour la défense desquels
elles ont été créées".
2°.- Sur les Fautes
commises par Monsieur Faurisson au sens des articles
1382 et 1383 du Code Civil:
Attendu que Monsieur
Faurisson a commis dans l'exercice de son travail, dont
il prétend rendre compte dans les articles de presse
visés, un certain nombre de fautes:
1. -- Qu'il a tout
d'abord abusivement écarté, et sans en justifier
sérieusement, un certain nombre de sources judiciaires
importantes.
Ainsi, il écarte les
documents recueillis par la Justice polonaise après la
guerre.
Il écrit à cet égard:
"Les chambres à gaz
de Pologne (...) n'ont pas eu plus de réalité. C'est
aux appareils judiciaires polonais et soviétiques
que nous devons l'essentiel de notre information sur
elles. (Voyez par exemple l'ébouriffante confession
de R.
Hoess, commandant à Auschwitz)" (article du
Monde, 29 décembre 1978).
Que Faurisson ne
s'exprime pas plus sur cette question pour expliciter
l'insinuation qu'il fait au regard de la Justice
polonaise.
Qu'en vérité, de source
soviétique, il n'en existe pas et pour ce qui concerne
les pièces rassemblées par la justice polonaises,
celles-ci sont pour l'essentiel constituées de documents
d'origine allemande recueillis par la justice polonaise.
Qu'il s'agit des ruines
proprement dites des crématoires, des plans et indices
et des archives laissées sur place par les S.S.
Attendu qu'au surplus
Faurisson ne s'explique pas sur les raisons pour
lesquelles il écarte les actes et jugements rendus par
le Tribunal international de Nuremberg, les Tribunaux
allemands et autrichiens et enfin les Tribunaux
militaires anglais et francais;
Attendu que Monsieur
Faurisson ne s'explique pas non plus sur les raisons
pour lesquelles il écarte les aveux de Rudolph
Hoess et les expertises judiciaires de la justice
polonaise faites précisément au sujet des chambres à gaz
dont il ne craint pas d'affirmer faussement que jamais
aucune expertise judiciaire n'a été accomplie à leur
sujet;
Attendu enfin, que
Monsieur Faurisson écarte en quelques mots la plupart
des témoignages recueillis auprès des rares rescapés des
Sonderkommando sans plus s'expliquer sérieusement
sur les raisons pour lesquelles ceux-ci seraient
suspects.
Attendu qu'il écarte
également sans aucune explication, outre Rudolph
Hoess, les témoignages et récits d'autres exécutants
S.S. tels que Johan Paul
Kremer, médecin à Auschwitz, Friedrich Entress,
médecin de camp à Auschwitz, Perry
Broad, ou encore des hommes tels que Kurt
Gerstein;
Attendu qu'outre des
pièces abusivement écartées par Faurisson, il s'avère
que celui-ci a au surplus omis, par une négligence
coupable de mentionner des documents importants allant à
l'encontre de sa thèse.
2.- Les omissions de
Monsieur Faurisson:
Attendu qu'il s'avère et
qu'il est prouvé que Monsieur Faurisson n'a pas pris
contact avec la Commission centrale d'Investigation sur
les crimes hitlériens en Pologne, qu'ayant contacté le
Musée d'Auschwitz il n'a fait aucune recherche de
documents concernant à proprement parler l'extermination
des Juifs dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Qu'il n'a pas pris de
contact ni à Munich, ni à Ludwigsburg auprès de
l'Institut d'Histoire contemporaine mondialement connu
pour ses archives sur la question discutée par Faurisson.
Attendu que Faurisson a
tu un certain nombre de documents importants relatifs à
la décision de Hitler de procéder à la destruction
physique des Juifs.
Qu'il omet
volontairement les déclarations d'EICHMANN
lors de son procès à Jérusalem, d'Albert SPEER dans son
ouvrage "Technique et Pouvoir" ni de l'ordre donné par
le Reichsmarechal GOERING ou de l'allocution d'HIMMLER,
non plus que du compte-rendu de la Conférence dite de
Wannsee du 20 juin 1942 suivant un procès-verbal
établi par
EICHMANN lui-même.
Attendu que Faurisson se
tait également sur l'existence des nombreux documents
relatifs aux camions servant au gazage.
****
Attendu qu'après avoir
écarté indûment des documents fondamentaux, d'avoir omis
d'évoquer d'autres pièces et témoignages essentiels,
Monsieur Faurisson n'hésite pas à procéder à de
véritables dénaturations de textes.
3.- Les dénaturations de
textes:
Attendu qu'il en est
ainsi des dénaturations du journal de
KREMER (cité ci-dessus), ou des aveux écrits de sa
main par Rudolph
Hoess.
Attendu que des
dénaturations grossières sont également commises tant en
ce qui concerne les écrits de Madame Olga
Wormser-Migot, de Monsieur
Broszat ou du rapport de la Croix-Rouge au camp
d'Auschwitz.
4.- Attendu enfin que
Monsieur Faurisson se livre à des interprétations
techniques fallacieuses pour accréditer sa thèse.
Attendu qu'il en est
ainsi à propos de l'interprétation d'un document SS
relatif au crématoire n° 2 d'Auschwitz daté du 29
janvier 1943 où apparaît le terme allemand de "Wergasungskeller"
qui se traduit par cave de gazage et dont seul, et sans
l'appui d'aucun interprète officiel, il prétend qu'il
devrait signifier chambre de carburation.
Qu'à cet égard, la
demanderesse, intimée en appel, a produit deux avis
d'Experts signés de Monsieur Victor
Borten, Expert-traducteur assermenté auprès de la
Cour d'Appel, et du Tribunal de Grande Instance de
Paris, au sujet de cette interprétation, sans que
Monsieur Faurisson n'ait pu opposer autre chose que des
sarcasmes.
Attendu surtout que
Monsieur Faurisson, se permet, sans conforter son avis
par celui d'aucun spécialiste de ces questions, de
récuser la valeur des aveux de Rudolph
Hoess quant à la possibilité de procéder rapidement
à l'évacuation des chambres à gaz après que les
opérations de gazage se soient effectuées.
Qu'il est remarquable de
relever à ce sujet que:
a) Faurisson, dans
l'article du 16 janvier 1979 dans LE MONDE, procède à
une véritable manipulation du texte de l'aveu de Rudolph
Hoess et,
b) a intentionnellement
omis de citer l'avis de Monsieur Louis TRUFFERT,
toxicologue, Expert honoraire près la Cour d'Appel de
Paris, ex-liste nationale, Membre du Conseil Supérieur
d'Hygiène Publique de France et Président de
l'Association Internationale d'Expertise Scientifique
qui, consulté par lui, lui a donné des indications
démentant pour lui la possibilité de donner
l'interprétation qu'il a exprimée dans les colonnes du
Monde.
Monsieur TRUFFERT a
écrit à l'Avocat de la LICRA le 16 Février 1981 que:
"J'ai recu l'année
dernière Monsieur Faurisson qui m'a posé un certain
nombre de questions, mais je ne vois rien, dans les
réponses que je lui ai faites, qui permette de
conclure que les Allemands n'avaient pas utilisé des
chambres à gaz avec émission d'acide cyanhydrique,
provenant du Zyklon B."
Que dans cette même
lettre Monsieur TRUFFERT conclut:
"Il ne me paraît
nullement impossible que des personnes non munies de
masques à gaz pénètrent sans inconvénient dans une
chambre à gaz contenant des corps nus dont la
température devait encore dépasser 26° (donc non
susceptible de retenir du toxique par absorption)[(2)]
pour peu que celle-ci ait été ventilée, même très
modérément."
Attendu que les faits
énumérés ci-dessus constituent les fautes définies aux
articles 1382 et 1383 du Code civil,
Attendu que la
responsabilité civile de Monsieur Faurisson se trouve
donc ainsi engagée.
Qu'il y a lieu
d'indemniser l'Association concluante du préjudice subi
qui en est la conséquence.
***
Attendu que la LICRA a
été contrainte d'engager des frais importants de
traduction nécessités par la présente procédure.
Que par conclusions
signifiées le 9 octobre 1980, elle concluait et
demandait au Tribunal de dire que les dépens de
l'instance aux remboursement desquels elle demandait que
Monsieur Faurisson fut condamné comprennent les frais de
traduction et de photocopie exposés par la LICRA.
Attendu qu'il n'a pas
été fait droit à cette demande, au surplus même pas
évoquée par le Tribunal
Attendu qu'il convient
donc sur ce point d'émander le jugement dont appel, et
de faire droit à la demande de la LICRA.
PAR CES MOTIFS
Confirmer en tous points
le jugement dont appel,
L'émandant pour le
surplus:
Dire et juger que les
débours au remboursement desquels Monsieur Faurisson
sera condamné comprendront les frais et honoraires
engagé auprès des Traducteurs-Jurés.
Condamner M. Faurisson
en tous les dépens de 1re instance et l'appel dont le
montant pourra être recouvré directement par Me ROBLIN
Avoué dans les conditions de l'art. 699 du NCPC
SOUS TOUTES RESERVES
ET CE SERA JUSTICE
********************************************
CONCLUSIONS du PROFESSEUR FAURISSON
(devant la cour
d'appel de Paris, 1982)
PLAISE A LA COUR
Attendu, pour répliquer
aux conclusions régularisées pour la LICRA par acte du
Palais en date du 14 mai 1982, qu'il convient de
rappeler encore une fois que la demande initiale
reposait sur une simple et sommaire imputation précise,
quoique jamais explicitée, à savoir que le Professeur
Faurisson avait:
-- "volontairement
tronqué" le témoignage de Johann Paul
Kremer (assignation introductive, page 3, 1°
alinéa);
Attendu que les
conclusions susvisées, après trois ans et trois mois de
procédure, ont eu le mérite de circonscrire enfin
relativement la demande (la longueur de la procédure fut
imputable à la LICRA qui, quoique Monsieur Faurisson eût
conclu dès le 2 octobre 1979, mit deux ans à rechercher
des pièces pour justifier a posteriori son
assignation, au mépris de l'article 56 du Nouveau Code
de Procédure Civile, avant-dernier alinéa);
Attendu qu'au vu
desdites conclusions de l'intimée, il est possible en
effet de mieux cerner la demande, la LICRA reprochant,
moins génériquement cette fois, à Monsieur Faurisson ses
thèses et certains de ses articles de presse, articles
énumérés dans la demande initiale non limitativement ("divers
écrits", lisait-on dans l'assignation introductive,
avant l'énumération de quatre articles précédés de
l'adverbe "notamment");
Attendu que ces articles
de presse étaient et semblent demeurer ceux publiés
dans:
1° Le Matin de
Paris du 16 novembre 1978;
2° Le Monde
du 16 décembre 1978;
3° Le Monde
du 29 décembre 1978;
4° Le Monde
du 16 janvier 1979;
Attendu qu'on notera que
l'article du Matin de Paris invoqué doit être
écarté, s'agissant de l'oeuvre largement mensongère d'un
journal (au demeurant condamné pour diffamation envers
le Professeur Faurisson);
Attendu que doit de même
être écarté l'article publié par Le Monde du 16
décembre 1978 (page 12), Monsieur Faurisson n'y ayant
pas exposé ses thèses mais seulement élevé une
protestation contre les vexations, intimidations et
violences dont il était victime;
Attendu que les deux
articles restants étaient nécessairement concis,
puisqu'il s'agissait, dans un cas, d'un espace
parcimonieusement accordé au Professeur Faurisson par
Le Monde (numéro du 29 décembre 1978) et, dans
l'autre cas (Le Monde du 16 janvier 1980), d'un "droit
de réponse" étroitement limité par les règles du genre;
Attendu que l'intimée
n'hésite pas à utiliser de prétendus arguments qui sont
étrangers à ces articles;
Attendu toutefois que
les conclusions en appel de la LICRA permettent de mieux
définir ce que cette association reproche au Professeur,
à savoir de n'avoir pas, dans la concision desdits
articles -- et donc "en quelques mots" (conclusions de
la LICRA, page 7, 6e alinéa) -- donné exhaustivement ses
justifications;
Attendu que, si la Cour
devait suivre le raisonnement de la LICRA, il faudrait
tout d'abord détailler ce qui relève de la conviction de
Monsieur Faurisson d'une part (éléments subjectifs
incontrôlables), et ce qui relève des prétendues
omissions ou dénaturations des éléments matériels
d'autre part;
Attendu qu'il faudrait
ensuite à la Cour, motif pris de ce qu'aucune omission
ne saurait être tolérée, déclarer illicite le genre du "résumé"
au profit des seules oeuvres complètes (?), à condition
que celles-ci épuisent les sujets abordés, exigence
manifestement absurde;
Attendu qu'il convient
de remarquer qu'on en reste à deux imputations
suffisamment explicitées pour permettre la discussion à
savoir le reproche fait à l'appelant d'avoir:
1° dénaturé le Journal
de Johann Paul
Kremer (imputation que la LICRA ne cherche pas même
à fonder en raison);
2° omis de citer l'avis
de Louis Truffert, toxicologue (argument "exhaustiviste"
apparu en cause d'appel) et interprété incorrectement le
mot allemand "Vergasungskeller", comme l'auraient
prouvé deux avis d'expert de Monsieur
Borten (première esquisse d'une démonstration après
plus de trois ans d'attente);
Attendu que pour le
reste la LICRA n'oppose à l'appelant que des généralités
qu'elle prétend appuyer par des kilos de pièces versées
en vrac au débat en espérant voir Messieurs les
Président et Conseillers de la Cour y mettre de l'ordre
pour reconstituer une logique introuvable;
Attendu qu'en dépit de
cela, et pour bien marquer la faiblesse du travail de
son adversaire, le Professeur Faurisson entend répondre
jusqu'aux moindres allusions de la LICRA, si vagues
soient-elles;
Attendu, pour la
compréhension de l'exposé qui suit, que l'appelant se
propose de traiter les trois points suivants:
I. Le travail de
l'appelant est de caractère scientifique.
II. L'appelant est
en mesure de répondre à chaque objection de
l'intimée.
III. La LICRA, dans
sa légèreté, ne soupconnait pas la complexité du
problème posé.
I. Le travail
de l'appelant est de caractère scientifique
Attendu que la thèse de
Monsieur Faurisson, professeur à l'Université Lyon-2 et
membre du comité de rédaction de l'Institute for
Historical Review de Los Angeles, est celle de tout un
courant de pensée historique dit "révisionniste" et
qu'elle constitue, dans le cas particulier de l'appelant,
le fruit d'un travail méthodique et acharné qui s'est
étendu sur de nombreuses années;
Attendu que même les
adversaires de l'appelant, qui sont les tenants de la
thèse dite "officielle" ou "exterminationniste", y
compris celui d'entre eux qui ose le traiter de "falsificateur",
sont obligés de rendre à l'appelant cet hommage qu'il a:
"usé un nombre
incalculable de journées de travail dans les archives
francaises ou allemandes" (Professeur P.
Vidal-Naquet, "Un
Eichmann de papier", Esprit, septembre 1980,
page25);
Attendu que même la plus
grande autorité mondiale de l'école officielle, le
Professeur américain Raul
Hilberg, qui lui, s'abstient de toute attaque contre
l'appelant, vient de déclarer:
"Je dirai que, d'une
certaine manière, Faurisson et d'autres, sans
l'avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont
soulevé des questions qui ont eu pour effet
d'engager les historiens dans de nouvelles
recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage
d'informations, à réexaminer les documents et à
aller plus loin dans la compréhension de ce qui
s'est passé" (Le Nouvel-Observateur, 3
Juillet 1982, page 71);
Attendu que le
Professeur
Hilberg, auteur de l'ouvrage de référence The
Destruction of the European Jews, a depuis 1961
montré que, tout compte fait, pour un historien sérieux,
il ne pouvait pas y avoir eu de chambres à gaz homicides
ailleurs qu'en six points de Pologne occupée: Kulmhof,
Majdanek-Lublin, Treblinka, Sobibor, Belzec et
Auschwitz;
Attendu que, dans la
livraison susmentionnée du Nouvel-Observateur, le
Professeur
Hilberg confirme ses conclusions de 1961 (voy. page
12, début de colonne A), ce qui exclut ainsi
définitivement la possibilité de gazages homicides dans
des camps où, selon une tradition historique
généralement accréditée, ils avaient eu lieu:
- pour
l'Allemagne: à Dachau, à Buchenwald, à
Ravensbrueck, à Oranienburg-Sachsenhausen, à
Neuengamme, à Bergen-Belsen,...
- pour l'Autriche:
à Mauthausen, à Gusen, à Hartheim,...
- pour la France:
au Struthof-Natzweiler;
- pour la Pologne:
au Stutthof-Danzig;
Attendu que, pour en
revenir aux six camps de Pologne occupée susmentionnés,
le Professeur
Hilberg affirme que:
- pour Belzec,
Treblinka et Sobibor, nous ne possédons pas de
documents, pas même un plan des bâtiments (voy.
page 72, colonnes B & C);
- pour Kulmhof, "c'étaient
des camions. Ils en avaient amené deux ou trois"
(voy. page 72, colonne A): affirmation à l'appui
de laquelle le Professeur
Hilberg mentionne "une masse de documents
allemands";
- pour
Majdanek-Lublin, comme d'ailleurs pour tous les
autres camps, les Allemands "ont pris soin de ne
rien laisser derrière eux après la guerre" (voy.
page 71, colonne C);
- pour Auschwitz,
les preuves de gazages homicides seraient les
suivantes: aveux du premier des trois
commandants successifs (confessions de Rudolf
Hoess), "photos prises par des réseaux
polonais, communistes généralement", photos "prises
par avion, par les services de renseignement
alliés. On y voit des colonnes de gens entrant
dans les chambres à gaz", "documents sur les
livraisons de gaz précisant que c'est du
matériel destiné à des "regroupements juifs".
Cela ne signifie pas désinfection.";
Attendu que, sur ce
dernier point, l'interviewer demande au Professeur
Hilberg: "Qu'est-ce qui nous interdit de le penser?
Cela aurait pu n'être qu'un désinfectant?" et qu'il lui
est répondu: "Pas dans ces quantités. Bien sûr qu'ils
ont aussi désinfecté quelques vêtements...";
Attendu que
l'interviewer insiste et demande: "Dans les mêmes
chambres?" et qu'il lui est répondu: "Peut-être..." (voy.
page 76, colonnes B & C);
Attendu que, pour sa
part, l'appelant remarque que dans le cas des gazages
homicides d'Auschwitz, la thèse officielle n'est plus
soutenue que par des preuves rares et fragiles, dont il
est aisé de montrer, en les prenant une à une, qu'elles
n'ont en réalité pas la valeur qu'on leur accorde;
Attendu, d'autre part,
que l'école historique officielle a dû opérer, de 1960 à
1982, toute une série de révisions déchirantes, tant en
ce qui concerne, ainsi qu'on vient de le voir, les
prétendus gazages homicides, qu'en ce qui concerne:
- l'existence
d'un ordre d'exterminer les Juifs;
- le chiffre des
six millions de morts juives;
Attendu que, lors du
récent colloque de la Sorbonne et des Hautes Etudes sur
"l'Allemagne nazie et l'extermination des Juifs" (Paris,
28 juin- 2 juillet 1982), colloque présidé par MM. les
Professeurs Raymond Aron et Francois Furet, on
reconnaissait n'avoir, en trente ans de recherches,
trouvé aucun ordre d'extermination des Juifs provenant
soit de Hitler, soit de l'un des siens, et que
l'existence d'un tel ordre n'était pas démontrée "par
les recherches les plus érudites" (conférence de presse
du 2 Juillet 1982, à la Maison des Sciences de l'Homme);
Attendu qu'une autre
grande autorité mondiale de l'école officielle, le Dr
Martin
Broszat, directeur de l'Institut d'Histoire
Contemporaine de Munich, a dû convenir devant un
tribunal de Francfort que le chiffre des six millions
n'est qu'un "chiffre symbolique" (3 mai 1979, procès 50
Js 12 828/79 919 Ls contre Erwin Schoenborn);
Attendu que selon
l'appelant cette estimation exorbitante sera l'objet de
considérables révisions en baisse, comme cela a été le
cas pour le nombre des Juifs déportés de France (voy.
Réponse à Pierre
Vidal-Naquet, page 23);
Attendu d'autre part que,
pour en venir à la thèse même de l'appelant, il convient
de rappeler que celle-ci a été, jusqu'à ce jour,
notamment développée dans les publications suivantes:
- Le Monde
du 29 décembre 1978, page 8: "La Rumeur d'Auschwitz";
- Le Monde
du 16 janvier 1979, page 13: "Une lettre de M.
Faurisson";
-
Vérité historique ou
vérité politique?/Le dossier de l'affaire Faurisson.
La question des chambres à gaz/,
par Serge Thion (du CNRS), éditions de la Vieille
Taupe, 1980, 352p.; parmi les documents figurent
notamment la "pétition Chomsky" (page 163), une
longue interview de Robert Faurisson à
Storia Illustrata, août 1979 (pages 171-212),
une étude de Robert Faurisson intitulée: "Le
Journal d'Anne Frank est-il authentique?" (pages
213-300), des documents et photographies sur la
chambre à gaz de Baltimore; une documentation
photographique sur les chambres à gaz de
désinfection d'Auschwitz, sur la prétendue chambre à
gaz homicide du
Struthof, sur la chambre à gaz pour touristes
présentée à Auschwitz-I dont il est prouvé par deux
photos d'archives, découvertes par le Professeur
Faurisson, qu'il s'agit d'une chambre froide
transformée ultérieurement en abri antiaérien; sur
les grands crématoires d'Auschwitz-Birkenau (photos
de plans, des bâtiments achevés, des ruines) (pages
301-321);
-
Mémoire en défense
contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire/La
question des chambres à gaz/,
par Robert Faurisson (de l'Université Lyon-2),
éditions de la Vieille Taupe, 1980, 279 p.; parmi
les documents figurent notamment "Quelques
commentaires élémentaires sur le droit à la liberté
d'expression", signés du Professeur Noam
Chomsky; une étude précise du journal du
Professeur de médecine Johann Paul
Kremer et de ses "confessions" à l'appareil
judiciaire polono-communiste (page 13-148); une
étude technique sur l'impossibilité matérielle des "chambres
à gaz" homicides d'Auschwitz et notamment la
reproduction d'un document allemand intitulé: "Directives
pour l'utilisation de l'acide prussique (Zyklon) en
vue de l'extermination de la vermine (désinfection)";
la lettre du l9 août 1960 publiée par l'hebdomadaire
Die Zeit intitulée "Aucun gazage à Dachau" et
révélant qu'en fin de compte, pour le Dr Martin
Broszat, il n'avait existé aucun gazage homicide
dans tous les camps situés sur le territoire de
l'Ancien Reich (Allemagne dans ses frontières de
1937), mais seulement, "avant tout" (?) en de rares
points de Pologne occupée: à Auschwitz-Birkenau, à
Sobibor, à Treblinka, à Kulmhof et à Belzec (pages
179-184); une étude qui constitue un retour en
arrière sur les innombrables "preuves" et "témoignages"
qui avaient servi et qui parfois servent encore à "prouver"
l'existence de gazages homicides dans les camps de
Buchenwald ou de Dachau, laquelle étude donne la
mesure de la crédulité générale, y compris chez les
hommes de science, chez les magistrats, chez les
historiens, dans le monde ecclésiastique, etc.
(pages 185-222); une étude sur "les tricheries de la
LICA et tous autres" (pages 225-228); un rapport de
la Croix-Rouge internationale sur la rumeur de
gazages homicides à Auschwitz (cette rumeur
circulait loin du camp, mais, dans le camp lui-même,
elle semble avoir été ignorée par les détenus)
(pages 241-247); un échange de correspondance entre
le Professeur Faurisson et Monsieur Jean Daniel, du
Nouvel-Observateur, où il est notamment
question du témoignage de Filip
Muller intitulé Trois ans dans (sic) une
chambre à gaz d'Auschwitz: le témoignage de l'un des
seuls rescapés des commandos spéciaux,
Pygmalion/Gérard Watelet, 1980, 252 p., préface de
Claude
Lanzmann;
- Réponse à Pierre
Vidal-Naquet.
édité par Robert Faurisson, 1982 64 p.; cet ouvrage
propose une réponse à tous les arguments, sans
exception aucune, que le Professeur P.
Vidal-Naquet avait cru devoir développer dans un
texte d'abord publié par la revue Esprit,
septembre 1980, pages 8-56, puis repris dans son
ouvrage: Les Juifs, la Mémoire et le Présent,
Maspero, 1981, pages 196-289; cette réponse se clôt
sur des remarques inspirées au Professeur Faurisson
par l'"Exposition de la déportation 1933-1945",
tenue sur l'esplanade du Trocadéro (fin avril -
début mai 1982) sous l'égide du Ministère des
Anciens Combattants; la conclusion signée de Robert
Faurisson était la suivante:
"D'une facon
générale, cette exposition officielle de 1982
marque une évolution intéressante du mythe des
chambres à gaz homicides: les fragments que l'on
nous montre de prétendues chambres à gaz
homicides se font de plus en plus petits. On va
vers l'infinitésimal, le zéro, le néant. Déjà
beaucoup de ces chambres à gaz homicides ne sont
plus montrées du tout: on se contente de nous
montrer le bâtiment qui est censé les contenir."
Attendu que, pour se
limiter au monde scientifique francais, ces trois
publications, ainsi que celles de Paul
Rassinier, ancien déporté (Le
Mensonge d'Ulysse, Ulysse trahi par les siens. Le
Véritable procès Eichmann, L'Opération "Le Vicaire"
(à propos des "confessions" de Kurt
Gerstein),
Le Drame des Juifs Européens), constituent
quelques-uns des ouvrages de base, à lire de près, pour
quiconque entend affirmer ou nier l'existence des "chambres
à gaz" et du "génocide", sans se limiter à ce qu'il
croit savoir de la question par les journaux, la radio,
la télévision et les publications qui soutiennent la
thèse officielle;
Attendu que, s'agissant
d'un sujet aussi controversé (aujourd'hui qualifié de
délicat, voy. "Le nazisme et les mécanismes du génocide"
par Pierre Assouline, L'Histoire, n° 46, juin
1982, page 71: "L'Allemand Wolfgang Scheffler (Berlin)
aura la délicate tâche de parler des chambres à gaz"),
il sied de ne formuler une opinion qu'après avoir
entendu avec le moins de passion possible les arguments
de l'une et l'autre parties;
|
II. L'appelant est en
mesure de répondre à chaque objection de l'intimée
Attendu que l'appelant est
en mesure de répondre ci-après à chaque objection de
l'intimée dans l'ordre choisi par celle-ci pour ses
conclusions du 14 mai 1982;
Attendu, pour commencer, que
l'intimée (page 3, 3e alinéa) reproche à Monsieur Robert
Faurisson d'avoir écrit: "Hitler n'a jamais ordonné ni admis
que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa
religion";
Attendu que, pour répondre à
ce premier grief, l'appelant, qui n'a jamais nié ni les
persécutions, ni les massacres de la guerre, insiste sur le
mot de "tué" et que, pour l'explication de cette phrase, que
confirme au moins dans sa partie essentielle le récent
colloque de Paris susmentionné, il suffit de se reporter à
la page 91 de de l'Allemagne et des pays occupés par
Vérité.... où se trouve un développement intitulé: "Explication
de cette phrase";
Attendu que l'appelant
ajoute qu'à l'heure actuelle, en plus des documents qu'il
signale dans la note 45 des pages 210-211 de Vérité...,
il existe trois documents au moins montrant que Hitler,
soucieux avant tout de gagner la guerre, repoussait à la
période de l'après-guerre la recherche de la solution de la
question juive:
-- le document Zeltschel
du 21 janvier 1941;
-- le "libre-propos"
d'Adolf Hitler du 24 janvier 1942 (Vérité... page
188 et note 44 de la page 210);
-- le document PS-4025,
non utilisé aux procès de Nuremberg, daté de mars-avril
1942, et dont le résumé dû à l'officier américain
interprète est le suivant: "Note stating that Hitler
intended to postpone solution of the Jewish problem
until after the war" (Note établissant que Hitler avait
l'intention de repousser à l'après-guerre la solution du
problème juif); ce document n'est pas même mentionné par
la bibliographie "Holocaust" de Jacob Robinson, Yad
Vashem, Jérusalem, 1976, ouvrage qui sert pourtant de
référence à tout chercheur en la matière;
Attendu que (page 3, 5e
alinéa) l'appelant ne se présentait pas, comme le donnent à
croire les mots que lui prête l'intimée, en "porteur d'une
bonne nouvelle pour la pauvre humanité" "à laquelle il était
chargé de la révéler"; qu'il s'agit d'une citation fautive
puisque Monsieur Faurisson s'était contenté d'écrire: "L'inexistence
des "chambres à gaz" est une bonne nouvelle pour la pauvre
humanité. Une bonne nouvelle qu'on aurait tort de tenir plus
longtemps cachée" (Le Monde, 29 décembre 1978,
page8);
Attendu que le ton
messianique ici imputé à mal à Monsieur Faurisson est une
invention de la partie adverse, recopiée du vocabulaire
religieux du jugement entrepris ("sur un ton
quasi-messianique", page 13, 8e alinéa);
Attendu que (page 4, 2e
alinéa), en ce qui concerne le Struthof, et non comme
l'écrit l'intimée: le Stutthof, l'appelant rappelle (voy.
ses conclusions antérieures du 25 novembre 1981, page 6, 8e
alinéa et suivants) qu'il s'était opposé à ce que le dossier
de la Justice Militaire francaise concernant ce camp fût
versé au débat, faute par la LICRA de justifier auparavant
en quoi cela permettrait de conforter la thèse selon
laquelle Monsieur Faurisson serait un "falsificateur";
Attendu d'ailleurs que
l'intimée n'a pas exploité ce dossier, montrant ainsi sa
désinvolture vis-à-vis de la Justice et son désarroi, quand
les documents ne répondent pas à son attente;
Attendu que l'on comprend
ainsi l'oubli de ce dossier dont la LICRA avait demandé la
production par la Justice Militaire, puisque, aussi bien,
n'y figurent que des rumeurs non vérifiées dans le sens de
la thèse exterminationniste et même, semble-t-il,
controuvées par le seul expert toxicologue consulté, le
Docteur Fabre, doyen de la Faculté de Pharmacie de Paris,
dont le rapport a mystérieusement disparu et qui concluait
négativement, comme l'ont reconnu dans leur propre rapport
les Professeurs Simonin, Piedelièvre et Fourcade (voy.
dossier de la Justice Militaire);
Attendu que le Professeur
Faurisson versait au débat une lettre qu'il avait découverte
aux Archives Nationales de Washington, émanant de la société
Degesch, datée du 3 septembre 1943, prouvant qu'il ne
pouvait pas y avoir eu de gazages homicides à l'acide
cyanhydrique au camp du Struthof -- crime supposé perpétré
en août 1943, -- puisque les conditions d'emploi pour une
périlleuse chambre à gaz insecticide au Zyklon B n'étaient
pas même alors remplies (cela n'ayant rien a voir avec les
essais d'antidote au gaz phosgène qui provoquèrent quatre
décès accidentels de détenus, après hospitalisation;
Attendu que figurent au
dossier, pour les prétendus gazages homicides du Struthof,
deux "confessions" gravement contradictoires du commandant
Josef Kramer, et tout aussi absurdes l'une que l'autre, à
propos de mystérieux granulés qui, versés sur de l'eau,
auraient tué en une minute;
Attendu que les absurdités
et contradictions pourraient trouver leur explication dans
le fait que Josef Kramer a été torturé par ses geôliers
britanniques; voy. le témoignage suivant du médecin francais
Docteur J. L. Fréjafon dans son livre Bergen-Belsen,
préface de Louis Martin-Chauffier, Librairie Valois, 1945,
xv-103p.: "Après la libération, les (détenus) revirent le
commandant Kramer de beaucoup plus près, il avait des
chaînes aux pieds et d'excellents camarades de la Royal
Artillerie britannique lui prodiguaient leurs plus
énergiques attentions. Ils eurent un moment de relâchement
en l'oubliant, par une belle nuit de mai, dans une chambre
frigorifique, mais il avait la peau dure et on le retrouva
au petit matin, quelque peu givré et raidi, mais toujours
arrogant" (page 22);
Attendu que (page 5, 5e et
7e alinéas) l'intimée reproche à l'appelant une phrase de
soixante mots dont voici le début: "Les prétendues chambres
à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des Juifs forment
un seul et même mensonge";
Attendu que cette phrase est
hors débat puisqu'elle a été prononcée près de deux ans
après l'assignation introductive;
Attendu, cependant, que
l'appelant fait observer que cette phrase constitue un
résumé dont chaque mot, bien pesé, trouve son explication
dans les ouvrages susmentionnés (Vérité....,
Mémoire... Réponse...);
Attendu, en particulier, que,
comme l'appelant a eu l'occasion de le préciser le 17
décembre 1980, sur les ondes de Radio-Europe n°1, avant même
d'entamer la lecture de cette phrase, pas un seul des
soixante mots qui la constituent ne lui est dicté par une
sympathie ou une antipathie politique; qu'au reste il n'est
ni antijuif, ni même antisioniste et que, pour ce qui est de
la dernière guerre mondiale, il ne prend parti ni pour les
vainqueurs ni pour les vaincus; qu'il estime n'avoir aucune
compétence pour déterminer les torts ou les raisons de
quelque parti que ce soit et qu'il entend seulement se
limiter à des faits vérifiables;
Attendu que lorsqu'il parle
d'un seul et même mensonge historique, il fait allusion à
cent autres mensonges de l'Histoire qu'il s'agit toujours,
pour un esprit libre, de débusquer et de dénoncer;
Attendu que, pour ce qui est
de l'"escroquerie politico-financière", elle est celle d'un
Nahum
Goldmann face au Chancelier Adenauer pour la conclusion
du Traité de Luxembourg et que cette escroquerie est
expliquée de facon circonstanciée aux pages 190 et 199 de
Vérité... ainsi qu'à l'importante note 61 de la page
212;
Attendu que l'expression de
"sionisme international", loin d'être une formule vague du
langage antijuif, n'est que la traduction de "World
Zionism", le même Nahum Goldmann ayant d'ailleurs été
président de la World Zionist Organization
(Organisation sioniste mondiale);
Attendu que, pour ce qui est
de la distinction opérée entre, d'une part, le peuple
allemand victime du mensonge, et, d'autre part, ses
dirigeants qui n'en sont pas les victimes, cette distinction
est expliquée à la page 196 du même ouvrage;
Attendu que, en effet,
l'Allemagne amputée d'un tiers de son territoire, scindée en
deux états, occupée par quatre armées, est dirigée depuis
1945 par des hommes politiques qui, on peut le supposer,
sont bien obligés de faire passer les contingences
politiques avant le souci, propre au chercheur, de la vérité
historique; que la survie de ces deux états respectifs exige
apparemment que l'Allemagne de l'est fasse entendre la voix
de ses libérateurs de l'est et que l'Allemagne de l'ouest
fasse entendre la voix de ses libérateurs de l'ouest;
Attendu que nulle part la
répression contre le nombre croissant des auteurs
révisionnistes n'est plus déterminée qu'en Allemagne; que
quiconque y soutient la thèse révisionniste est poursuivi en
justice pour y être condamné, selon les cas, à des peines de
prison, à de lourdes amendes, à l'inscription de ses livres
à l'Index, à la saisie des ouvrages et même des plombs de
composition (cas de l'ouvrage scientifique du Dr Wilhelm
Staeglich sur Le Mythe d'Auschwitz/légende ou réalité?);
Attendu que le mythe de
l'Holocauste a largement contribué à la possibilité de
création d'un état comme l'Etat d'Israel et que le peuple
palestinien tout entier est en droit de se considérer comme
victime de cette création;
Attendu que l'appelant n'a
pas précisé quels étaient à ses yeux les bénéficiaires "non
principaux" du mensonge historique mais qu'il est prêt à le
faire maintenant en disant qu'il s'agit de l'ensemble des
vainqueurs de la seconde guerre mondiale; qu'en effet, si
les chambres à gaz homicides des Allemands n'ont pas existé,
le "crime de guerre" par excellence pourrait être Dresde,
Hiroshima ou Katyn;
Attendu que l'appelant n'a
pas non plus précisé quelles étaient à ses yeux les victimes
"non principales" mais qu'il est prêt à le faire maintenant,
en disant qu'il s'agit par exemple du Vatican et du Comité
international de la Croix-Rouge, tous deux accusés de
n'avoir pas vu et dénoncé les "chambres à gaz" et
l'Holocauste;
Attendu qu'à propos des
victimes "non principales", il convient de souligner
particulièrement que les jeunes Juifs sont, eux aussi, à
leur manière, les victimes de cette religion ténébreuse et
aberrante de l'Holocauste;
Attendu que cette religion
de l'Holocauste donne naissance à tout un monde de
phénomènes du genre de la "Victimologie", avec ses congrès
et ses symposiums internationaux en Israel, en Allemagne,
aux Etats-Unis (voy. "The Reparations Agreements: A New
Perspective", par Leslie Sebba, dans The Annals of the
American Academy of Political and Social Science,
Philadelphie, Juillet 1980, pages 202-217), à la création de
"chaires universitaires d'Holocauste", détenues par des "docteurs
en Holocauste", à des cours d'Holocauste dans les écoles
primaires et secondaires des Etats-Unis accompagnés
d'"expériences en Holocauste", etc.;
Attendu que, selon
l'appelant, le rappel incantatoire d'horreurs mythiques ne
semble pas constituer un moyen de lutte efficace contre les
haines raciales (page 6, 2e alinéa); que de telles
incantations risquent de dissimuler la réalité des conflits
et de rendre banales les atrocités réelles; que la mise en
spectacle de bons sentiments, la bonne conscience qui en
résulte, enfin la conviction d'avoir acquis des droits
particuliers alimentent une propagande de haine et de guerre
qui est toujours actuelle;
Attendu que (page 6, 1er
alinéa), pour l'appelant, l'"extermination" (c'est-à-dire le
crime) et les "chambres à gaz" (c'est-à-dire l'arme du crime,
par excellence) constituent non pas une vérité établie dont
la LICRA cherche à obtenir en justice
l'institutionnalisation, mais un mensonge historique qu'il
appartient au chercheur de réfuter;
Attendu que (page 6, 2e
alinéa) le Professeur Faurisson estime qu'il est de sa
liberté de chercher la vérité, c'est-à-dire ce qui est
vérifiable, sans avoir à se préoccuper de ménager telle ou
telle ligue;
Attendu que (même page et
même alinéa) le chiffre de plus de six millions de personnes
tuées en raison de leur appartenance à une race ne repose
sur aucune recherche statistique sérieuse et qu'il a été
lancé au lendemain de la guerre sans même qu'on ait eu le
temps de procéder au moindre décompte;
Attendu que, ainsi qu'il a
été dit plus haut, ce chiffre constitue une sorte de réalité
"symbolique" (voy., ci-dessus, page 8, 5e alinéa);
Attendu que (page 6, 7e
alinéa et page 7, 1er alinéa), loin d'écarter les documents
recueillis par la Justice polonaise après la guerre, le
Professeur en fait au contraire le plus grand usage:
Attendu que, pour ne prendre
que quelques exemples, le Professeur Faurisson a étudié les
fragments des diverses "confessions" de Hoess qu'a bien
voulu révéler la Justice polonaise tandis que d'autres
fragments restent encore aujourd'hui inaccessibles par la
décision de cette même Justice; qu'il a étudié de près le
texte des "confessions" du Professeur Johann Paul
Kremer; qu'il a lu un ouvrage publié par Jan
Sehn, juge d'instruction cracovien auquel nous sommes
redevables de ces "confessions" ou fragments de "confessions";
que dans l'ouvrage de ce dernier sur le camp d'Auschwitz (Le
camp de concentration d'Oswiecim-Brezezinka, Wydawnickwo
Prawnicze, Varsovie, 172p., 3e édition francaise en 1961),
l'on relève des affirmations qui donnent une idée
intéressante de la personnalité de ce juge communiste,
lequel n'hésite pas à écrire, par exemple, que le rendement
des "chambres à gaz" de Birkenau était de près de 60.000
personnes par 24h (page 132), tandis que le préfacier du
livre, directeur de cette Commission générale d'Enquête sur
les Crimes hitlériens en Pologne, que la LICRA reproche au
Professeur Faurisson de n'avoir pas consultée, écrit par
exemple: "Au total près de quatre millions d'êtres humains
ont été engloutis par Auschwitz.";
Attendu, d'autre part, que
le Professeur Faurisson s'est rendu en Pologne pour en
rapporter de nombreuses archives notamment photographiques
dont on trouvera un exemple avec la photographie de la page
320 de
Vérité... (photo n°12 publiée pour la première fois
au monde, semble-t-il); que, soit personnellement, soit par
l'intermédiaire de certaines aides, il a pu obtenir des
documents techniques d'origine allemande, détenus par les
autorités polonaises; qu'il a eu des échanges de
correspondance avec les autorités du Musée d'Auschwitz (voy.
Mémoire... pages 153-156 pour un exemple de lettre en
polonais de caractère rigoureusement technique),...;
Attendu que (page 7, 2e
alinéa) l'intimée prétend que l'appelant ne peut pas, comme
il le dit, avoir utilisé de sources soviétiques, pour la
raison que "de sources soviétiques, il n'en existe pas";
Attendu que cette
affirmation est tout à fait inexacte; que nous disposions au
procès de Nuremberg déjà de 522 documents soviétiques; qu'en
particulier nous disposons du résultat de l'enquête
unilatérale menée par les Soviétiques à propos d'Auschwitz,
ainsi qu'en témoigne l'important document URSS-008 du 6 mai
1945 qu'on trouve au tome xxxix, pages 241-261 (compte rendu
du Tribunal Militaire International), document cité et
commenté dans Mémoire..., page 261;
Attendu qu'il existe aussi
des ouvrages officiels soviétiques, comme celui de
Constantin Simonov, sur Majdanek, un camp d'extermination,
traduction francaise par les Editions Sociales, Paris, 1945
(?), 41 p., où l'on apprend, au passage, qu'à la différence
d'Auschwitz, qui ne semble pas en avoir possédé, le camp de
Majdanek avait des "machines asphyxiantes" (page 5);
Attendu qu'en annexe de cet
ouvrage figure un "communiqué de la Commission
Extraordinaire polono-soviétique chargée d'établir les
forfaits commis par les Allemands au camp d'extermination de
Majdanek, à Lublin" et que ce communiqué est signé de dix
noms dont trois sont soviétiques (page 40);
Attendu que (même page et
même alinéa) le Professeur Faurisson fait remarquer que les
"documents d'origine allemande" en question ont tous leur
intérêt mais que, recueillis par la Justice
polono-communiste, ils ont été triés et que certains d'entre
eux restent inaccessibles (voy. ci-dessus page 17, 1er
alinéa);
Attendu que (page 7, 3e
alinéa) l'intimée parle de fours crématoires alors que la
discussion porte sur les "chambres à gaz";
Attendu que, là, il s'agit
d'un procédé coutumier à la LICRA et que Monsieur Jean
Pierre-Bloch, son président, avait prétendu, sur les
antennes d'Europe n°1, le 16 décembre 1980, que Monsieur
Faurisson niait l'existence des fours crématoires, le même
Jean
Pierre-Bloch ajoutant que les oeuvres de Monsieur
Faurisson étaient traduites en chinois et que Monsieur
Faurisson recevait pour son travail de l'argent du Colonel
Khadafi;
Attendu que (page 7, 4e
alinéa) l'appelant s'explique sur les raisons pour
lesquelles, loin d'écarter les actes et jugements rendus par
le T.M.I. de Nuremberg, par les tribunaux allemands et
autrichiens et enfin par les tribunaux militaires anglais et
francais, il croit au contraire les analyser avec grande
attention;
Attendu que ces actes et
jugements constituent une bonne partie du matériel de base
que le Professeur utilise dans son travail; qu'il est
possible de vérifier ce point en constatant qu'il recourt
très souvent aux documents cotés à Nuremberg PS, NO, NI, NIK,
NOKW, etc.; que, par exemple, il déplore au contraire que
les historiens n'accordent pour ainsi dire aucune attention
au contenu du tome XLII (voy. Vérité... page 209,
note 35);
Attendu que le Professeur
Faurisson fait souvent référence aux dix-neuf tomes
jusqu'ici parus de Justiz und NS-Verbrechen
(Amsterdam University Press) où se trouvent réunis un grand
nombre de jugements de procès de "crimes de guerre";
Attendu qu'il fait référence
aux nombreux procès américains (extraits publiés dans les
"Green Series"), aux procès britanniques (par exemple pour
Hoess), aux procès francais (par exemple pour
Ravensbrueck et pour le Struthof), aux procès autrichiens
(par exemple le très intéressant procès de Walter Dejaco et
de Fritz Ertl en 1972, devant la Cour de Vienne où ces deux
architectes, qui avaient construit et entretenu les grands
crématoires d'Auschwitz-Birkenau, furent acquittés; voy.
Vérité... page 319);
Attendu que Monsieur
Faurisson a passé des années au
Centre de documentation juive contemporaine de Paris
pour y dépouiller notamment les pièces de procès afférentes
à la rubrique "Extermination-Gazage" (pièces de toutes
provenances);
Attendu qu'en divers centres
de recherche américains, en particulier aux Archives
nationales de Washington, il a, soit directement, soit par
personne interposée, dépouillé des centaines de documents
judiciaires répertoriés dans la bibliographie susmentionnée
de Jacob Robinson;
Attendu que, si Monsieur
Faurisson a cru devoir utiliser ces documents avec prudence,
c'est que tous les tribunaux en question s'inspiraient des
règles observées par le T.M.I. de Nuremberg dont les
articles 19 et 21 du Statut disposent:
"Le Tribunal ne sera pas
lié par les règles techniques relatives à
l'administration des preuves (...), n'exigera pas que
soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique,
mais les tiendra pour acquis";
Attendu que bien des
jugements des tribunaux alliés ont fini par être controuvés
par des recherches historiques ultérieures, par exemple pour
ce qui concerne la prétendue chambre à gaz de Ravensbrueck;
Attendu que le jugement
entrepris rappelle d'ailleurs, non sans raison, que la
vérité judiciaire est "par essence, relative" (page 11, 7e
alinéa);
Attendu que l'instruction de
bien des procès s'est accompagnée d'actes de torture avérés;
que même le Professeur
Vidal-Naquet ne conteste pas les mauvais traitements
infligés à Rudolf
Hoess par les Anglais, au point que ce dernier a signé,
sans en savoir le contenu, le document PS-3868 qui a
constitué la pièce la plus importante de toutes les pièces
présentées au grand procès de Nuremberg; que, par la lecture
de fragments de cette pièce, le Procureur américain
dévoilait à la stupéfaction des accusés allemands et de
leurs défenseurs que les Nazis avaient fait construire de
gigantesques "chambres à gaz" pour l'extermination des Juifs;
que Rudolf
Hoess avait alors étonné tout le monde par son "apathie
schizoide" à l'audience;
Attendu que, par exemple, au
"procès de Malmédy", d'affreuses tortures "systématiques"
avaient été utilisées par les Américains ainsi que
l'établissait la commission d'enquête Simpson/Van Roden/Laurenzen
(Vérité... page 208, note 32);
Attendu qu'à cet égard il y
a lieu de s'interroger sur la qualité des travaux
d'historiens qui, comme Francois Delpech, peuvent penser
qu'"on ne torturait pas dans les prisons alliées" (voy.
Le Monde du 8 mars 1979, page 31: "La vérité sur la
solution finale");
Attendu cependant que le
même historien qui déclarait ainsi ne pas croire aux
tortures avait le bon sens d'ajouter: "Les aveux des Nazis
aux divers procès de criminels de guerre sont généralement
encore plus sujets à caution (que les témoignages des
survivants) et doivent être critiqués de près." (voy. dans
la revue Historiens et Géographes, "La persécution
nazie et l'attitude de Vichy", mai-juin 1979, page 610);
Attendu que, pour ce qui est
des témoins, on peut, sans mettre en doute leur bonne foi,
manifester une certaine prudence et déclarer par exemple,
comme l'historien Jean B. Neveux, de Strasbourg: "Mais les
témoins, même s'ils utilisent ces sources (historiques)
sont-ils de bons historiens? Une fois de plus, je suis tenté
de répondre négativement. A. Wolowski a en effet un parti
pris: il dramatise, politise et héroise." (Bulletin du
Comité d'Histoire de la seconde guerre mondiale, n° 236,
mai-juin-juillet 1979, page 6, à propos de: Alexandre
Wolowski, La vie quotidienne à Varsovie sous l'occupation
nazie (1939-1945), Hachette, 1977, 381p.);
Attendu que (page 7, 6e
alinéa) le Professeur Faurisson apporte un soin particulier
à l'étude des "témoignages recueillis auprès des rares
rescapés des Sonderkommandos", précisément parce que
ces témoignages sont "rares";
Attendu, par exemple, qu'il
s'est attardé à l'étude du témoignage du "Témoin inconnu"
qui raconte que, dans une même "chambre à gaz", après la
vibrante allocution d'une jeune Polonaise nue, les Polonais,
à genoux, chantaient leur hymne national, cependant que les
Juifs chantaient la Hatikwa, le tout se confondant à
la fin pour donner paroles et chant de l'Internationale;
Attendu que ce dernier point
a fait l'objet, de la part de la LICRA, d'une coupure
volontaire (voy. nos conclusions précédentes du 25 novembre
1981, page 7, 4e et 7e alinéa, ainsi que page 9, 2e alinéa,
et Mémoire... pages 232-236);
Attendu que l'appelant
traite aussi des témoignages, entre autres, de Martin
Gray, auteur de Au nom de tous les miens, oeuvre
en réalité écrite par Monsieur Max
Gallo et que la LICRA a cru devoir mettre au nombre des
pièces déposées;
Attendu que Martin
Gray a complètement inventé son séjour à Treblinka et
qu'il le reconnaît aujourd'hui sans difficulté: ne
fallait-il pas témoigner pour les autres? (voy. New
Statesman, 2 novembre 1979, pages 670-673);
Attendu que l'appelant a
traité du témoignage de Filip
Muller, lequel a forgé une sorte de roman intitulé
Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz (voy.
Mémoire... pages 256-260 et Réponse... page 19);
Attendu que le Professeur
Faurisson serait également prêt à montrer quelle valeur il
convient d'accorder aux témoignages d'un Maurice Benroubi ou
d'un Docteur Sigismond Bendel;
Attendu surtout que la LICRA
a découvert à Paris l'un de ces rares rescapés;
-- qu'il s'appelle Alter
Fajnzylberg et qu'il a fait, le 6 octobre 1980, une
déposition par-devant notaire, qui figure sous la cote
133 des pièces versées par la LICRA;
-- que la Cour pourrait
convoquer à l'enquête ce témoin vivant dont la mémoire,
au fil de ses diverses dépositions de 1945 à 1980,
semble s'être améliorée;
-- que sur ce point il
ne serait pas sans intérêt de comparer les pièces
suivantes relatives à ce témoin, à savoir:
· la pièce 33
communiquée le 18 septembre l979 arec traduction
d'extraits par traducteur anonyme;
· la pièce 3
communiquée le 9 Juillet 1980 arec traduction
d'extraits par Monsieur Victor Borten;
· la pièce 133
communiquée le 6 octobre 1980: déposition par devant
notaire;
Attendu que si on veut avoir
le texte complet du témoignage de ce témoin il suffit de se
reporter à l'ouvrage suivant: Hefte von Auschwitz (Cahiers
d'Auschwitz), Sonderheft I, Handschriften von Mitgliedern
des Sonderkommandos, 1972, où on retrouvera sa déposition du
16 avril 1945 devant la Justice polonaise, à Cracovie (pages
32-71: traduction du polonais en allemand) (voy. nos
conclusions antérieures du 25 novembre 1981, page 9, 9e
alinéa);
Attendu que (page 7, 7e
alinéa) il est mensonger de prétendre que le Professeur
Faurisson "écarte sans aucune explication le témoignage du
Professeur Johann Paul
Kremer", vu que, dans son Mémoire..., précisément
rédigé pour répondre à cette imputation, il consacre à ce
témoignage environ cent trente pages (pages 13-148);
Attendu que dans le
Journal de Johann Paul
Kremer il n'est nullement question de "chambres à gaz"
homicides et que les "confessions" obtenues par la Justice
polonaise ne concordent pas du tout avec la matérialité des
lieux, des actes et des écritures;
Attendu qu'il convient de
signaler ici un point d'histoire intéressant que rapporte
sur le "procès de Muenster"
L'Anthologie (bleue) d'Auschwitz, tome I, première
partie, Varsovie, 1969, pages 239-261, à savoir que le
Professeur
Kremer, après dix ans de captivité en Pologne, revint
dans sa ville natale de Muenster, reprit sa chaire
d'anatomie à l'Université, protesta contre le traitement
qu'il avait subi de la part de l'appareil judiciaire
polono-communiste, expliqua que "seule la haine avait (eu)
voix au chapitre" (page 241), "contesta les explications
qu'il avait fournies pendant l'enquête à Cracovie et dont on
lui donna lecture" (page 242);
Attendu que ces
protestations avaient attiré, dit l'Anthologie,
l'attention "de certains cercles et de certaines personnes
qui le firent comparaître à nouveau devant la Justice" (page
239);
Attendu que le Professeur
Kremer fut condamné par la Justice de son pays une
nouvelle fois à dix ans de prison, peine dont il fut
dispensé pour l'avoir déjà subie en Pologne, mais qu'on lui
retira sa chaire ainsi que ses deux titres de Docteur
obtenus à l'Université de Humboldt (pages 275-276);
Attendu que le Juge
d'instruction polonais Jan
Sehn convoqué par le Tribunal de Munster affirma que
dans le cas de
Kremer: "une déclaration de non culpabilité aurait été
incompatible avec ce que l'accusé avait écrit" (page 246);
Attendu que, dans sa
dernière déclaration, l'accusé
Kremer dit: "Si en vertu des critères humains j'ai
accompli quelque chose de mal, je ne puis que prier de
prendre en considération mon âge et mon tragique destin. Je
n'ai connaissance d'aucune faute dans le sens juridique et
pénal. Je confie au juge suprême de tous les mondes le soin
de trancher un dilemme qui n'est pas simple pour
l'entendement humain" (page 258);
Attendu que (même page et
même alinéa) dans le document NO-2368, on remarquera que le
Docteur Friedrich Entress ne se présente pas un seul instant
comme le témoin oculaire de ce qui se rapporte précisément
aux prétendus gazages homicides d'Auschwitz; qu'il débite
sur le sujet un récit stéréotypé; que toute sa déposition
est manifestement rédigée pour aider la Justice américaine à
mettre en cause telles ou telles personnes; qu'elle contient
une affirmation qui sera totalement infirmée quinze ans plus
tard au "procès des gardiens d'Auschwitz" (à Francfort,
1963-1965), à savoir que c'était le personnel SS entraîné
pour la désinfection par le Zyklon B qui gazait les détenus,
puisque aussi bien à ce procès il a été établi que le
responsable des opérations de désinfection, A. Breitwieser,
n'avait jamais pu participer à des gazages homicides (pour
l'acquittement de ce dernier, voy. H. Langbein Der
Auschwitz Prozess, page 198);
Attendu au surplus que le Dr
Entress signait ce document alors qu'il était en attente
d'une mesure de grâce, qui d'ailleurs ne vint pas puisqu'il
fut pendu;
Attendu que (même page et
même alinéa), à propos du SS Pery (et non pas Perry)
Broad, même le Professeur
Vidal-Naquet parle de "témoignages qui donnent
l'impression d'adopter entièrement le langage des vainqueurs"
(Esprit, article susmentionné, page 28);
Attendu que, le 20 avril
1964, devant la Cour de Francfort, Pery
Broad révéla qu'il n'était pas l'auteur de la fameuse "déposition
de
Broad" qu'il aurait entièrement rédigée dans une prison
britannique (Agence AFP, Francfort, 21 avril 1964, rapporté
par le journal Le Monde du même jour);
Attendu que, pour savoir ce
que
Broad a déclaré à la Cour de Francfort, il est plus
prudent de s'en remettre au livre de B. Naumann,
Auschwitz-Bericht, Athenaeum Verlag, Frankfurt/Bonn,
1965, plutôt qu'à celui de H. Langbein, Der Auschwitz
Prozess, Wien, Europa Verlag, 1965, 2 tomes, ce dernier,
président du Comité international des Anciens d'Auschwitz,
ayant été partie prenante dans ledit procès; voy. dans le
livre de B. Naumann les pages 49 et 50 sur
Broad témoin d'un gazage de désinfection et répondant à
la question du tribunal: "Avez-vous su que des transports de
gens étaient tout entiers gazés? -- Je n'en ai pas entendu
parler et je n'ai rien vu.";
Attendu que (même page et
même alinéa) jusqu'à 1981 on connaissait cinq versions
différentes et nettement contradictoires de la "confession"
de Kurt
Gerstein;
Attendu à cet égard qu'un
chercheur francais, dont la thèse sur la "confession" de
Gerstein sera publiée en 1983, vient de découvrir une
sixième version où il n'est plus du tout question de "chambres
à gaz";
Attendu que, dans cette "confession"
protéiforme, les absurdités fourmillent; que, par exemple,
dans les "chambres à gaz" de Belzec l'ingénieur et chimiste
Gerstein prétend avoir vu 700 à 800 hommes debout sur
une surface de 25 m2 (soit, si on fait le calcul, de 28 à 32
hommes au mètre carré); que les victimes attendent ainsi
pendant 2h 49 qu'un moteur Diesel se mette en marche pour
les "gazer"; que cette absurdité se trouve répétée dans les
cinq premières versions;
Attendu que, pour les
défenseurs de la légende de
Gerstein, il serait radicalement impossible de lire de
bout en bout devant un tribunal les quelques pages de cette
"confession" et que, pour cette raison, quand on la cite,
c'est toujours en découpant soigneusement un extrait lyrique
fait de clichés; que c'est avec raison que ni un André
Brissaud (Hitler et l'ordre noir, Genève, Famot,
1974, page 443), ni une Olga Wormser-Migot (Le système
concentrationnaire nazi, 1932-1945, thèse, P.U.F., 1968,
page 11, note 1 et page 426) n'arrivent à admettre
l'authenticité intégrale de cette "confession" ou la
véracité de tous ses éléments;
Attendu que (page 7, 9e et
10e alinéa) le Professeur Faurisson a été ou reste encore
aujourd'hui en contact direct ou indirect avec ces
organismes qu'on lui reproche de n'avoir pas consultés;
-- qu'il a entretenu une
correspondance avec le Dr
Broszat, de l'Institut de Munich et qu'il lit et
cite des publications de cet Institut (par exemple, note
28 de la page 207 de Vérité...
-- qu'il a pris contact,
en se recommandant de Monsieur Simon
Wiesenthal, avec la Centrale de Ludwigsburg (M.
Biener) et qu'il a lu les ouvrages de l'ancien directeur
de cette Centrale, le Procureur Adalbert Rueckerl;
-- qu'il connaît les
ouvrages publiés par la Commission centrale des Crimes
hitlériens en Pologne et, en particulier, l'ouvrage
Les Crimes allemands en Pologne, Varsovie, 1948,
vol. I, 224 p.;
-- qu'en 1976, à
Varsovie, il a visité une exposition photographique sur
les crimes hitlériens organisée par cette Commission
sans y trouver d'ailleurs trace d'une seule photographie
de "chambre à gaz";
-- qu'il s'est rendu à
Auschwitz en 1975 et en 1976; qu'il a passé commande
d'un nombre important de photographies intéressant son
sujet; qu'il a été, de 1976 à 1979, en relation
épistolaire soit avec l'archiviste de ce Musée (M.
Tadeusz Iwaszko), soit avec un autre membre de ce Musée;
que, depuis 1976 jusqu'en 1981, il n'a cessé, par
personnes interposées, d'obtenir une abondante
documentation sur la prétendu "extermination dans les
chambres à gaz";
Attendu que Monsieur
Faurisson se demande si la LICRA voudrait insinuer que l'un
des organismes précités cache jalousement dans un fond de
tiroir, une preuve, une preuve enfin, de l'existence des "chambres
à gaz" de Hitler;
Attendu que Monsieur
Faurisson a même pu avoir accès à des procès-verbaux
d'interrogatoires par l'intermédiaire d'un magistrat
allemand chargé de la poursuite des "criminels de guerre";
Attendu que (page 8, 1er
alinéa) le récent colloque de Paris a conclu qu'il
n'existait apparemment aucun document relatif à la décision
de Hitler de procéder à la destruction des Juifs et qu'à ce
compte on est en droit de se demander quel peut être ce "certain
nombre de documents importants" dont parle la LICRA sans en
citer un seul et que celle-ci reproche à Monsieur Faurisson
d'avoir tus;
Attendu que (page 8, 2°
alinéa) le Professeur Faurisson, loin d'omettre
volontairement dans ses travaux les déclarations faites par
Eichmann lors de son procès à Jérusalem, prend le soin
de citer mot à mot et selon les sténogrammes du procès ce
que
Eichmann a dit des "bâtiments de mort" (voy. Vérité...
pages 209-210 ainsi que Réponse... pages 38-39);
Attendu que, de ce qu'il a
déclaré, il ressort que le captif, dans une cellule où on
lui faisait lire quantité d'ouvrages dont ceux de Léon
Poliakov, ne savait plus distinguer entre ce qu'il avait
réellement vu, ce qu'il croyait avoir vu, ce qu'il avait
entendu dire et ce qu'il avait lu;
Attendu en effet que le
Commissaire du Gouvernement israélien lui demanda: "Avez-vous
parlé avec
Hoess du nombre de Juifs qui ont été exterminés à
Auschwitz?" et que l'accusé
Eichmann lui répondit: "Non, jamais. Il m'a dit qu'il
avait fait construire de nouveaux bâtiments et qu'il pouvait
mettre à mort chaque jour dix mille Juifs. Je me souviens de
quelque chose comme cela. Je ne sais pas si j'imagine cela
aujourd'hui seulement mais je ne crois pas l'imaginer. Je ne
peux pas me rappeler exactement quand et comment il me l'a
dit et de quoi avaient l'air les environs où il m'avait dit
cela. Je l'ai peut-être lu et m'imagine peut-être maintenant
que ce que j'ai lu, je l'ai entendu de sa bouche. Cela est
aussi possible." (sténogrammes J1-MJ à 02-RM);
Attendu que (même page et
même alinéa), quant à Albert
Speer, dans son ouvrage Technique et Pouvoir, il
affirme n'avoir jamais eu connaissance ni d'un ordre de tuer
les Juifs, ni d'une exécution de cet ordre;
Attendu que, porté, ainsi
qu'il le dit lui-même, à l'"auto-accusation" (Journal de
Spandau, R. Laffont, page 411), il s'accuse seulement
d'avoir été aveugle;
Attendu que (même page et
même alinéa) le Professeur Faurisson répète que, pour le
récent colloque de Paris, on n'a trouvé aucun ordre relatif
à l'extermination des Juifs et que, loin d'omettre "l'ordre
du Reichsmarechal Goering", il mentionne cet ordre auquel il
consacre une longue note à la page 211 de Vérité...;
Attendu que la LICRA fait
ici allusion à la lettre que Goering adressa à
Heydrich le 31 juillet 1941;
-- que dans cette lettre
il n'est question ni de massacres, ni d'extermination
mais d'immigration et d'évacuation;
-- que l'expression de
"solution globale" ou de "solution finale" de la
question juive n'implique pas plus l'assassinat des
Juifs que l'expression de "solution finale de la
question palestinienne" ou de "solution finale de la
question du chômage" n'impliquerait nécessairement
l'assassinat des Palestiniens ou des chômeurs;
Attendu que (même page et
même alinéa) les allocutions ou discours prétendument "secrets"
de Himmler sont évidemment à replacer dans leur contexte, et
cela sans coupures ni traductions tendancieuses (voy.
Réponse..., pages 14-17);
Attendu que, selon une
certaine tradition, on prête à Himmler un ordre d'arrêter le
massacre des juifs, ordre daté du 22 novembre 1944, mais que
cet ordre n'a pas plus existé que celui d'entamer le
massacre des juifs;
Attendu que, dans sa thèse
susmentionnée, l'historienne Olga
Wormser-Migot écrit à la page 13: "Dernière remarque à
propos des chambres à gaz: ni aux procès de Nuremberg, ni au
cours des différents procès de zone, ni au procès d'Hoess
à Cracovie, d'Eichmann
en Israel, ni aux procès des commandants de camps, ni, de
novembre 1963 à août 1965, au procès de Francfort (accusés
d'Auschwitz "de seconde zone") n'a été produit le fameux
ordre, signé d'Himmler, du 22 novembre 1944, sur la fin de
l'extermination des juifs par les gaz, l'ordre de mettre fin
à la Solution finale";
Attendu qu'à l'historienne
cet ordre "semble aussi mythique que l'ordre écrit
d'exterminer les survivants des camps auquel maints témoins
ont fait allusion dans leurs récits";
Attendu que (même page et
même alinéa) la conférence de l'avenue de
Wannsee est du 20 janvier et non pas du 20 juin 1942
comme l'écrit l'intimée;
-- que son procès verbal
ne possède pas d'en-tête;
-- qu'il ne possède pas
de références;
-- qu'il n'a pas même de
signature;
-- qu'il ne porte pas
l'indication obligatoire des noms des destinataires;
-- qu'il s'agit d'un
simple papier dactylographié par un inconnu;
-- que, par ailleurs, il
ne parle pas d'extermination (voy. le colloque de Paris
susmentionné);
-- que la preuve que ce
curieux document est maintenant discrédité réside dans
le fait que plus aucun historien exterminationniste ne
se fait fort de dire quand a été donné l'ordre
d'exterminer les juifs;
Attendu que (page 8, 3e
alinéa), pour ce qui est des "camions à gaz ", on se
reportera à nos conclusions précédentes du 25 novembre 1981
(page 9, 8e alinéa) sur les "croquis enfantins et brouillons
dont on voudrait nous faire croire qu'ils sont les plans
probants de camions à gaz homicides" (pièce 66, page 3;
pièce 81, page 19);
Attendu que (page 8, 5e et
6e alinéa) le Professeur Faurisson, accusé d'avoir
grossièrement dénaturé les écrits de Johann Paul
Kremer, de Rudolf
Hoess, d'Olga
Wormser-Migot, de Monsieur
Broszat et de la Croix-Rouge, attend un commencement de
citation et de démonstration pour y donner une réponse;
Attendu cependant que, pour
ce qui est "des aveux écrits de sa main par Rudolf
Hoess", le Professeur Faurisson veut bien dire ceci:
-- cet "aveu" a été
rédigé au crayon dans une geôle communiste et en attente
soit de la grâce, soit du gibet;
-- de cet aveu, nous ne
possédons que des bribes, elles-mêmes tronquées ainsi
qu'il est facilement prouvé pour tous dans
Vérité..., note 26 de la page 206;
-- cet aveu que l'on dit
d'une importance capitale et qui est, en effet, la
pierre angulaire de la légende exterminationniste, il a
fallu attendre cinq ans pour en obtenir la version
polonaise et onze ans pour en avoir la version originale
en allemand, cela par les soins du Dr
Broszat;*
-- on peut se demander
quel crédit accorder à un texte où l'auteur raconte
qu'il a vu des fosses à cadavres où, à l'aide de seaux,
on recueillait la graisse des brûlés au fond des fosses
pour la reverser sur le bûcher (voy. Mémoires, en
allemand, Kommandant in Auschwitz, von Rudolf
Hoess, Eingeleitet u. kommentiert von Martin
Broszat, Deutsche Verlags Anstalt, Stuttgart, 1958,
page 126, ainsi que document le NO-1210; ce passage est
généralement omis par les traductions en francais);
-- dans cet aveu,
l'auteur dit que les Sonderkommandos affectés aux
crématoires traînaient hors de la chambre à gaz les
cadavres des victimes vers l'ascenseur, tout juste après
la mort des victimes, alors que se mettait en marche un
appareil d'aération, ce qui revient à dire que ces
hommes travaillaient dans une atmosphère encore pleine
de gaz cyanhydrique, et cela en mangeant et en fumant,
c'est-à-dire sans masques à gaz, ce qui est impossible,
comme est impossible le fait d'entreposer quelque part
près des fours crématoires 2.000 cadavres à incinérer,
incinération qui aurait exigé de huit à neuf jours pour
les quinze fours, et les arrivages de victimes, dit-on,
se faisaient tous les jours par milliers ou dizaines de
milliers;
Attendu que (page 8, 7e
alinéa) il n'est pas besoin d'un interprète mais seulement
d'un dictionnaire pour constater que "Vergasung" peut
avoir, entre autres sens, celui de "carburation" (voy.
Réponse... page 32);
Attendu que Raul
Hilberg, dans son ouvrage de référence mentionné
ci-dessus à la page 5, cite bien la lettre du 29 janvier
1943 où apparaît le terme de "Vergasungskeller" sans
y voir une preuve, semble-t-il, d'un quelconque gazage
homicide;
Attendu que (page 8, 8e
alinéa), pour ce qui est des traductions de Monsieur Victor
Borten, le Professeur Faurisson maintient ses
précédentes conclusions, signifiées le 25 novembre 1981,
page 8, 4e alinéa;
Attendu que, en complément à
ses écritures précédentes et pour appeler l'attention de
l'expert honoraire
Borten sur l'une de ses graves erreurs, Monsieur
Faurisson relève que ce dernier n'a pas craint d'affirmer:
"La langue allemande ignore le terme de Leichenkeller",
affirmation qui lui a permis, du moins le croyait-il, de
remettre en cause ce que Monsieur Faurisson soutenait, à
savoir que les bâtiments des crématoires possédaient tout
simplement, ainsi que l'indiquent les plans, des pièces
appelées "Leichenkeller", c'est-à-dire "cellier à
cadavres" ou "chambre froide en sous-sol";
Attendu, d'abord, que la
construction de ce mot est classique en allemand (Leichen:
cadavres; Keller: cave) et qu'elle est en tous points
comparable à un mot comme "Leichenhalle" qui signifie
"halle à cadavres" ou "chambre froide";
Attendu que ce mot est si
peu suspect que dans leurs écrits les Polonais l'emploient
eux-mêmes pour désigner une chambre froide en sous-sol, soit
que cette chambre se fût trouvée au bloc 28 d'Auschwitz-I où
il ne fut jamais question de voir une "chambre à gaz", soit
qu'elle se fût trouvée à l'Hôpital civil de Strasbourg où il
est question d'une "Leichenkeller der Anatomie" (voy.
L'Anthologie (bleue) d'Auschwitz tome I, première
partie, pages 63 et 190 ainsi que tome I, deuxième partie,
page 67);
Attendu que plus
généralement, les traductions faites à la requête de la
LICRA, y compris les traductions jurées, sont tendancieuses,
l'expert Madame Heesch ayant par exemple traduit le mot "Absetzgrube"
par "fosse à cadavres", alors qu'en réalité (voy. déjà nos
conclusions antérieures du 25 novembre 1981, page 8, 3e
alinéa) ce mot désigne simplement une "fosse de décantation",
sens qui figure littéralement dans plusieurs dictionnaires
techniques francais-allemand (voy. pièce jointe);
Attendu que (page 8, 9e
alinéa jusqu'à page 9, la fin de la citation de la lettre de
Monsieur Truffert) le Professeur Faurisson fait remarquer
qu'on lui reproche, encore une fois sans un commencement de
preuve, d'avoir procédé "à une véritable manipulation du
texte de l'aveu de
Hoess";
Attendu que, pour ce qui est
des expertises, l'appelant a dit, et il répète ici, qu'il
n'existe aucune expertise de l'arme du crime établissant que
tel bâtiment était concu pour fonctionner comme une chambre
à gaz homicide, contrairement à ce qu'affirmait la LICRA au
5e alinéa de la page 7; qu'il ajoute que l'intéressante
lettre de Monsieur Louis Truffert, toxicologue, mentionnée
par la LICRA, gagnerait considérablement en intérêt si on
lui ajoutait une autre lettre de Monsieur Louis Truffert que
la LICRA a omis de mentionner;
Attendu que Monsieur
Truffert a écrit à Me Kormann, avocat de la LICRA, une
lettre en réponse aux questions de ce dernier, lettre datée
du 16 février 1981, et que, d'autre part, le même Monsieur
Louis Truffert a envoyé à Me Kormann copie d'une lettre
complémentaire, d'une importance capitale, adressée à
Monsieur Faurisson, le 3 avril 1981;
Attendu que Monsieur
Faurisson verse donc au débat cette lettre du 3 avril 1981;
Attendu, en ce qui concerne
ces échanges de correspondance, que Monsieur Faurisson fait
les remarques suivantes:
-- il n'est pas vrai que
Monsieur Truffert, expert consulté par lui, ait donné
des "indications démentant pour lui la possibilité de
donner l'interprétation qu'il a exprimée dans les
colonnes du Monde";
-- en effet, il avait
consulté Monsieur Truffert à propos des effets des gaz
CO, CO2 et HCN sur le corps humain, mais sans jamais lui
révéler son opinion sur les prétendues "chambres à gaz"
nazies;
-- il est donc
compréhensible que Monsieur Truffert ait écrit à Me
Kormann qu'il ne voyait rien, dans les réponses faites à
Monsieur Faurisson, qui permette à ce dernier de
conclure que les Allemands n'avaient pas utilisé des
chambres à gaz avec émission de HCN provenant du Zyklon
B;
|
-- la lettre de Me
Kormann à Monsieur Truffert était captieuse; par
exemple, Me Kormann, posant en principe que les
chambres à gaz homicides avaient existé sans l'ombre
d'un doute, écrivait à Monsieur Truffert que "les
pièces où s'effectuaient les gazages étaient munies
d'un système de ventilation mis en marche au terme
de l'opération (...) ces pièces étaient nues (...)
elles étaient remplies au maximum de leurs
possibilités d'êtres humains nus": toutes choses qui
restaient précisément à démontrer et que Me Kormann
présentait comme définitivement acquises;
-- Me Kormann,
sachant que Monsieur Truffert était un expert en
toxicologie et non pas, comme certains de ses
collègues américains, un expert en exécutions
homicides par le HCN, aurait dû lui fournir tout
renseignement sur le mode d'exécution par chambre à
gaz américaine fonctionnant à l'acide cyanhydrique;
-- or, il s'en
gardait bien et ne lui envoyait sur le sujet aucune
information, alors même que dans
Vérité... il disposait de nombreux documents
sur le fonctionnement des chambres à gaz américaines;
-- il ne lui
envoyait aucune copie des nombreux passages (notamment
pages 172-180 et page 307) où le Professeur
Faurisson révélait combien l'exécution d'un seul
homme par le HCN, contrairement à ce que s'imagine
le profane, était redoutablement difficile à mettre
au point et quelles précautions draconiennes il
fallait prendre pour gazer un prisonnier et pour
extraire son cadavre de la chambre à gaz;
-- Me Kormann
n'envoyait à Monsieur Truffert aucune des huit
photos de chambre à gaz américaine figurant, avec
des explications à l'appui, aux pages 301-309 de
Vérité...;
-- il ne lui
envoyait pas le mode d'emploi suivi, par exemple,
pour une exécution par le gaz au pénitencier de
Baltimore, lequel mode d'emploi énumérait
quarante-sept opérations successives, la moins
périlleuse n'étant pas l'extraction du cadavre de la
chambre à gaz;
-- Me Kormann ne
révélait donc pas à Monsieur Truffert combien les
premiers toxicologues américains, vers 1917-1920, et
bien plus tard encore, avaient été surpris de voir
se lever sous leurs pas, toutes sortes de
difficultés techniques qui, à première vue, étaient
insoupconnables;
-- Monsieur Truffert
répondait donc à Me Kormann en toute bonne foi: "Il
ne me paraît nullement impossible que des personnes
non munies de masques à gaz pénètrent sans
inconvénient dans une chambre à gaz contenant des
corps nus dont la température devait encore dépasser
26° (donc non susceptible de retenir du toxique par
adsorption); Monsieur Truffert écrivait bien
"adsorption" et non pas, comme l'écrit l'intimée,
"absorption";
-- Monsieur Truffert
faisait dans sa lettre un rapprochement avec une
expérience personnelle: il lui était arrivé de
pénétrer, sans en être incommodé, dans une chambre
d'hôtel où gisait le cadavre d'un client tué par des
restes de HCN;
-- ce dernier fait à
lui seul prouvait qu'un homme pouvait être tué par
les restes ultimes d'une désinfection de sa chambre
au HCN, désinfection qui avait été pourtant suivie
d'une longue aération de la pièce;
-- le premier jour,
l'hôtelier avait déposé sous le lit un oeuf de
cyanure dans une solution d'acide sulfurique et
ensuite il avait soigneusement calfeutré la porte de
la chambre; le deuxième jour, il avait pénétré dans
la pièce en retenant sa respiration pour aller
ouvrir la fenêtre et assurer ainsi la ventilation
nécessaire, manoeuvre accomplie avec précipitation;
le soir du deuxième jour, ou peut-être le lendemain,
après le temps jugé nécessaire pour une bonne
aération de la pièce, celle-ci était mise à la
disposition d'un client... et le lendemain, il
pouvait arriver qu'on trouvât un cadavre: c'est que,
malgré la ventilation et étant donné que le HCN est
"d'une ventilabilité difficile, vu qu'il adhère
fortement aux surfaces" (document NI-9098; voy.
Mémoire..., page 161), la chaleur du corps du
client avait en quelque sorte éveillé les molécules
restantes du gaz HCN qui avaient imprégné la literie;
-- tout cela
confirme la dangerosité durable de simples traces de
HCN et fait comprendre qu'en France, à partir de
1949, on ait interdit aux hôteliers toute
désinfection au HCN;
Attendu d'ailleurs qu'il
suffit aux juristes francais de se rappeler les propres
termes du décret du 18 octobre 1950 "fixant les
modalités d'application de la loi autorisant
l'utilisation des gaz toxiques pour la désinfection, la
désinsectisation et la dératisation", pour prendre la
mesure des problèmes posés par les simples gazages de
désinfection à l'acide cyanhydrique sur les navires,
puisque en telle hypothèse:
-- "aucun autre
navire ne devra se trouver en couple ou en contact
direct avec le navire traité" (article 8);
-- "une fois les
opérations terminées, les locaux seront aérés
mécaniquement. L'aération naturelle prolongée ne
pourra être autorisée que pour les navires désarmés"
(article 12, 1er alinéa);
-- "La libre
pratique ne sera donnée par les agents de la santé
que si ces animaux (il s'agit d'animaux cobayes
obligatoires -- note du concluant), après trente
minutes de séjour, ont été remontés sains et saufs"
(article 12, 2e alinéa);
-- "...les objets de
literie ou de couchage devront être exposés à l'air
pendant six heures et battus à plusieurs reprises.
L'équipage ne couchera dans les postes traités que
24h après le début des opérations" (article 15);
Attendu d'ailleurs que
les relations des praticiens du Zyklon B confirment
surabondamment le danger que représente ce produit pour
qui le manipule;
Attendu que, pour avoir
une idée de ce danger, il suffit d'écouter ce que A.
Breitwieser, responsable à Auschwitz des opérations de
désinfection, déclarait au Tribunal à propos du Zyklon
B: "Le Zyklon B, il faut bien le dire, agissait avec une
rapidité foudroyante. Je me souviens que le sergent
Theurer est entré une fois dans une maison qu'on venait
de désinsectiser. On avait déjà commencé à aérer la
veille, au rez-de-chaussée, le soir; le lendemain matin,
Theurer voulut aller ouvrir les fenêtres du premier
étage. Il avait probablement respiré des vapeurs nocives
sur son passage, car il s'effondra soudain, perdit
aussitôt connaissance et roula jusqu'au bas de
l'escalier où il se retrouva au grand air. S'il était
tombé dans une autre direction, il ne serait pas
ressorti vivant de la maison." (B. Naumann,
Auschwitz-Bericht, Frankfurt, 1968,
Fischer-Buecherei, page 70).
Attendu que, après avoir
pris connaissance de la réponse écrite de Monsieur
Truffert à Me Kormann, Monsieur Faurisson, ainsi que son
éditeur, Monsieur Pierre Guillaume, allaient soumettre à
Monsieur Truffert une copie de la reproduction, par le
Musée d'Auschwitz, des crématoires d'Auschwitz-Birkenau
avec leurs prétendues "chambres à gaz" en sous-sol; que
M. Truffert, manifestant une grande surprise en voyant
la disposition des lieux, admettait sans aucune peine
que d'importantes réserves s'imposaient et, en réponse à
une lettre du Professeur Faurisson, envoyait donc la
lettre susmentionnée du 3 avril 1981 où Monsieur
Truffert, après avoir exprimé son désir de ne pas
participer à une polémique au sujet des chambres à gaz,
écrit notamment ceci: "Toutefois, l'observation que j'ai
faite, concernant la possibilité de pénétrer sans masque
dans une pièce contenant des corps intoxiqués par
l'acide cyanhydrique concerne le cas d'une chambre à gaz
au niveau du sol, débouchant à l'air libre, et il est
évident que d'importantes réserves doivent être faites
dans le cas d'installations en sous-sol. Une telle
situation nécessiterait un dispositif de ventilation
très important et des précautions draconiennes pour
éviter des pollutions susceptibles d'être à l'origine
d'accidents.";
III. La
LICRA, dans sa légèreté, ne soupconnait pas la
complexité du problème posé
Attendu que la LICRA,
dans sa légèreté, ne soupconnait pas la complexité du
problème et que, peut-être de bonne foi, elle s'est
lancée dans une affaire où l'ampleur du problème lui a
peu à peu révélé l'ampleur de son incompétence;
Attendu que le
Professeur Faurisson tient à rappeler une fois de plus
que dans cette affaire on compte en définitive très peu
de menteurs et une masse innombrable de victimes d'un
grand mensonge historique;
Attendu qu'à travers
l'histoire des hommes, les rumeurs, les illusions, les
rêves, les mensonges ont été peut-être aussi nombreux
que les scrupules d'honnêteté, les soucis de voir clair,
les ambitions de découvrir des vérités et que, comme l'a
dit Anatole France, on peut vouloir aimer la vérité mais
il faut bien convenir que sans le mensonge l'humanité
périrait de désespoir ou d'ennui;
Attendu qu'au
commencement de l'affaire des chambres à gaz la LICRA a
pu croire que Monsieur Faurisson soutenait une thèse
mensongère et facile à réfuter; que la LICRA s'imaginait
pouvoir trouver sans peine une quantité de preuves
matérielles, de photographies, de témoins oculaires;
tout le monde n'avait-il vu des chambres à gaz? entendu
parler du Zyklon B? su ce qu'il convenait d'entendre par
Solution finale? appris que Hitler avait tué six
millions de Juifs? compris que les Nazis n'étaient pas
des hommes et s'étaient mis, par des crimes
exceptionnels, en dehors des lois? N'avait-on pas encore
sous les yeux les charniers de Bergen-Belsen et les
fours crématoires? etc.;
Attendu que, se tournant
vers des spécialistes, la LICRA devait progressivement
découvrir qu'au lieu de lui apporter une preuve, une
seule preuve, mais bien solide, des "chambres à gaz" ou
du "génocide", on lui fournissait un ensemble de preuves
illusoires où chaque preuve, pour tenir à peu près
ferme, avait besoin de l'appui d'une autre preuve,
elle-même quelque peu chancelante;
Attendu que, décus ou
abandonnés par les spécialistes, les avocats de la LICRA
étaient bien obligés de prendre leur bâton de pèlerins
et de se rendre en Allemagne, en Pologne, et jusqu'en
Israel (voy. l'interview de Jean
Pierre-Bloch à Expliquez-vous, émission
d'Ivan Levai le 16 décembre 1980, sur les ondes de Radio
Europe n° 1);
Attendu que, toujours
plus décus et abandonnés, il ne leur restait plus qu'à
user de quelques subterfuges: communication de pièces
indigentes, suivie de communication de pièces disparates
et mal traduites, suivie encore de communication de
pièces en avalanches où l'on cherchait à suppléer à la
qualité par la quantité, demande à tout hasard des
dossiers de la Justice Militaire francaise sur le
Struthof, alors que l'Amicale des Anciens Internés du
Struthof se gardait bien de joindre ses efforts à ceux
de la LICRA;
Attendu que la LICRA,
voyant le problème s'aggraver de mois en mois, n'avait
plus que la ressource de publier les présentes
conclusions du 14 mai 1982, qui sont vagues, imprécises
et désordonnées;
Attendu que la LICRA
paraît aujourd'hui définitivement incapable de répondre
aux questions que se posent ses avocats;
Attendu que Monsieur
Faurisson n'est pas du tout le falsificateur qu'elle
croyait d'abord voir en lui mais un homme qui cherche
simplement la vérité sur un point délicat de l'histoire
contemporaine;
Attendu qu'il ne veut
pas imposer à quiconque la thèse révisionniste mais
seulement éveiller quelques doutes scientifiques dans
l'esprit de ses adversaires, et qu'en conséquence il
leur soumet les questions suivantes:
-- Si les chambres à
gaz homicides de Hitler n'ont en fin de compte pas
existé, faut-il le dire ou faut-il continuer à le
cacher? Dira-t-on alors, selon le mot de
Soljénitsyne: "Ce qui est exigé de nous, c'est
d'obéir au mensonge, c'est de participer chaque jour
au mensonge" (voy. Le Monde, 4 février 1978,
page 2);
-- Quand on détient
une parcelle de vérité historique et qu'on
s'interroge sur le point de savoir si le moment est
venu de la révéler au public, ne devrait-on pas
penser que, pour dire la vérité en cette matière, le
moment est toujours venu?
-- Si l'on pense que
certaines vérités sont dures à entendre et peuvent
froisser certaines personnes, ne faut-il pas penser
aussi que le mensonge ne peut survivre sans faire de
mal?
-- Comment se
pourrait-il que le falsificateur que serait Robert
Faurisson fît progresser, comme tend à le dire le
Professeur Raul
Hilberg, la recherche de la vérité historique?
-- Comment ce
falsificateur, usant d'une seule et même méthode
d'analyse, serait-il parvenu à découvrir que le
Journal d'Anne Frank est une supercherie
littéraire, point qui est aujourd'hui démontré par
une analyse des encres des manuscrits conduite par
les Laboratoires de la Police fédérale de Wiesbaden,
tandis que, appliquée à un problème comme celui des
"chambres à gaz", sa méthode l'aurait conduit à
accumuler falsifications sur falsifications?
-- On a fini, sur
l'insistance du Professeur Faurisson, par expertiser
sérieusement le
Journal d'Anne Frank et par découvrir ainsi
la supercherie; pourquoi, depuis trente-huit ans
refuse-t-on d'expertiser de même tous les locaux
qualifiés de chambres à gaz "en état d'origine" au
Struthof, à Mauthausen, à Majdanek, à Auschwitz-I?
Pourquoi n'a-t-on jamais voulu procéder à une
expertise archéologique des ruines des "chambres à
gaz" d'Auschwitz-Birkenau?
-- Pourquoi, dès
1944 et 1945, les Soviétiques n'ont-ils pas proposé,
pour Majdanek et pour Auschwitz, une expertise
internationale comme celle que les Allemands, en
1943, avaient sollicitée pour le charnier de Katyn?
-- Comment expliquer
qu'en plein coeur de l'Europe, de 1942 à 1944, une
énorme machinerie forcément sophistiquée ait pu tuer
des millions d'hommes pour ensuite disparaître sans
laisser de traces incontestables du genre de celles
qu'ont laissées soit les fours crématoires qui les
flanquaient, soit les camps de concentration qui les
contenaient?
-- Quelle
différence, en définitive, y a-t-il entre les
preuves des "gazages" de Dachau, qui sont désormais
controuvées, et celles d'Auschwitz auxquelles on
persiste à accorder foi?
-- D'où vient que
les documents francais, anglais ou américains qui
attestaient de l'existence de chambres à gaz
homicides aient, à juste titre, tant perdu de leur
crédit, alors que les documents polonais ou
soviétiques, c'est-à-dire communistes, devraient
garder tout leur crédit?
-- Pourquoi Monsieur
Wellers, dans son livre intitulé Les chambres
à gaz ont existé (Gallimard, 1981) ne
présente-t-il, parmi ses photographies, aucune
photographie d'aucune "chambre à gaz", qu'elles
soient d'Auschwitz ou d'ailleurs, et que des flots
de touristes ont visitées et visitent encore? Et
pourquoi, lorsqu'il veut prouver l'existence de
"chambres à gaz" présente-t-il des plans de
crématoires? Pourquoi enfin le même mot de "Leichenkeller"
est-il traduit par lui, selon les besoins de la
cause, par "chambre de déshabillage" ou "chambre à
gaz"?
-- Comment se
fait-il que les services secrets alliés, disposant
-- on le sait aujourd'hui -- d'innombrables
renseignements sur Auschwitz pendant toute la durée
de la guerre et possédant même des photographies
prises lors de trente-deux missions aériennes
au-dessus du camp, n'aient pas conclu un seul
instant à l'existence de formidables abattoirs, avec
foules humaines pressées à l'entrée des bâtiments
des crématoires, aux cheminées infernales lancant
jour et nuit des volutes de flammes et des langues
de feu?
-- D'où vient que
leurs très précises photographies aériennes prises
en 1943-1944 et au début de 1945, toutes publiées en
1979, ne montrent rien qui puisse laisser soupconner
l'existence d'immenses abattoirs humains, et tout
qui puisse faire penser qu'Auschwitz n'était qu'un
grand camp de concentration (voy.
Vérité..., page 318-319)?
-- Pourquoi
Auschwitz-Birkenau, qualifié après la guerre de
"camp d'extermination", possédait-il à proximité, à
la fois des fours crématoires et d'un terrain de
sport, des installations hospitalières modernes,
avec soixante médecins et trois cents infirmières
(voy. The Atlantic Monthly, "The Kingdom of
Auschwitz", par Otto Friedrich, sept. 1981, pages
30-60; page 27)?
-- Comment expliquer
que dans
L'Anthologie (bleue) d'Auschwitz, publiée
par le Comité international d'Auschwitz, on puisse
lire le rapport d'une sage-femme polonaise qui, sur
trente-huit ans de carrière, avait, en l'espace de
deux ans passés à Auschwitz-Birkenau, accouché 3.000
femmes juives et non juives, et cela, dit-elle, avec
un taux de réussite exceptionnellement élevé?[(3)]
-- Comment se
fait-il qu'à leur arrivée à Auschwitz le 27 janvier
1945 les Soviétiques aient trouvé des vieillards ou
des enfants apparemment en bonne santé comme nous le
montre le film tourné alors par leurs services?
-- Comment se
fait-il que vers 1965 les Polonais aient été en
mesure de procéder à toute une série d'études
médicales d'un grand nombre d'"enfants d'Auschwitz",
c'est-à-dire d'adultes qui étaient nés dans le camp
d'Auschwitz ou qui y avaient été concentrés avec
leurs parents dès leur plus jeune âge?
[(4)]
-- Pourquoi a-t-on
besoin, à ce point, d'aveux et de confessions pour
établir la réalité d'un massacre en abattoirs de,
dit-on, des millions d'hommes et de femmes en des
points précis de Pologne, alors qu'on n'a nul besoin
d'aveux ou de confessions pour prouver les massacres
de Dresde (135.000 morts environ: "le plus grand
crématoire du monde"), d'Hiroshima (71.370 morts),
de Katyn (4.143 morts), d'Oradour (642 morts), de
Lidice (184 morts)?
-- Pourquoi
n'accepte-t-on, du côté des historiens officiels,
aucune proposition d'une rencontre et d'une
discussion avec les auteurs révisionnistes?
-- Pourquoi déformer
presque systématiquement les travaux des
révisionnistes jusqu'à la caricature, jusqu'à leur
faire dire qu'ils nient tout; que pour eux il n'y a,
chez les exterminationnistes, que des menteurs; que
pour eux tous les aveux des prisonniers allemands
ont été extorqués par la violence, la pression ou la
torture; alors que, à bien les lire, les
révisionnistes ne font que perpétuer une tradition
historiographique, qui consiste à tout examiner et à
ne rien recevoir comme vrai qui ne leur paraisse
vérifiable?
****
Attendu que le
Professeur Faurisson voit dans la cascade de poursuites
en justice dont il est l'objet une tentative pour
interdire en France les recherches de l'école historique
à laquelle il se rattache;
Attendu que l'école
révisionniste date des années qui ont suivi la première
guerre mondiale; qu'elle a eu des représentants, en
particulier aux Etats-Unis (Professeur Harry Elmer
Barnes), en Grande-Bretagne (Lord Ponsonby), en France
(Jean Norton
Cru); que tous avaient cherché à faire justice de
mythes abominables comme celui des enfants belges aux
mains coupées, des aviateurs canadiens crucifiés, des
usines allemandes à savon et à engrais humains; qu'ils
avaient ainsi ramené la guerre à un épisode horrible et
détestable de l'aventure humaine mais sans tomber dans
le mensonge et la propagande de guerre;
Attendu que, après la
seconde guerre mondiale, ce mouvement de pensée a eu son
représentant le plus connu en la personne de Paul
Rassinier, ancien déporté; qu'il a essaimé à travers
le monde et qu'il connaît aujourd'hui une vitalité
exceptionnelle malgré une persécution vigilante, surtout
en Allemagne;
Attendu que l'intimée
semble ignorer les travaux, aux Etats-Unis du Professeur
Arthur Robert
Butz, de James J. Martin, du Professeur R. K.
Buchner; en Grande-Bretagne, de l'historien David
Irving; en Allemagne, du Docteur Wilhelm Staeglich (ancien
magistrat), de J. G.
Burg (ancien interné israélite), du Professeur
Helmut Diwald; en Autriche, du Dr. Franz J. Scheidl et
de Erich Kern; en Australie, de John Bennett (secrétaire
du Victorian Council for Civil Liberties:
équivalent, en plus libéral, de notre Ligue des droits
de l'homme), etc.;
Attendu que, pour se
limiter à la France, l'intimée semble vouloir ignorer
l'existence de publications comme celle de
La Guerre sociale, du Frondeur, du
Lutteur de classe, sur le mythe des "chambres à gaz"
et le livre même d'Intolérable
Intolérance (éditions de la Différence, 1981,
207p.) où sont dénoncés les procédés dont est victime
depuis 1978 le Professeur Faurisson à la fois dans
l'Université et hors de l'Université;
Attendu que tout
récemment, dans la conférence de presse qui a suivi le
colloque de la
Sorbonne et des Hautes Etudes sur l'Allemagne nazie
et l'Extermination des Juifs, les deux organisateurs du
colloque ont fait une déclaration à titre personnel sur
les procès intentés au Professeur Faurisson;
Attendu que le
Professeur Raymond
Aron a déclaré textuellement: "A titre personnel, je
suis contre les procès de cet ordre... Absurde... A
titre personnel, moi, je suis entièrement contre... Je
n'aime pas les procès de sorcellerie...";
Attendu que les mots du
Professeur Francois
Furet, Directeur de l'Ecole des Hautes Etudes en
sciences sociales, ont été textuellement: "Je trouve
cela absurde... enfin! Ce n'est pas à un tribunal de
trancher!";
Attendu que Paul
Rassinier, ancien député socialiste S.F.I.O., ancien
déporté, écrivait le 5 mai 1960 à Eugène Kogon et
faisait ainsi allusion à la persécution subie par
Galilée: "Il ne vous échappera peut-être pas que, si
l'idée a pu venir à l'esprit d'un Pape de faire trancher
un problème scientifique par des Juristes, quatre
siècles ont tout de même passé depuis, et qu'aujourd'hui
aucun homme vraiment cultivé n'aurait celle de soumettre
à ceux de notre temps un problème historique." (Ulysse
trahi par les siens, page 182);
Attendu que la Cour, en
réformant le jugement entrepris et en déboutant la
LICRA, rejettera l'argument du Tribunal selon lequel "il
est profondément vrai que "l'Histoire se doit d'attendre
que le Temps permette une étude sans agressivité de
certains problèmes d'horreur"", argument qui laisserait
supposer qu'il existe dans le temps une prescription
acquisitive de liberté;
Attendu qu'à ce compte,
certaines maisons d'édition n'auraient plus qu'à
supprimer les collections intitulées par exemple
"L'Histoire immédiate" (titre de collection des éditions
du Seuil qui, en 1973, ont publié sur Ravensbrueck un
ouvrage perturbant de Germaine
Tillion);
Attendu qu'après chaque
guerre où les passions et les haines se sont déchaînées
il faudrait interdire aux historiens de publier des
oeuvres du genre de celles du Francais Jean Norton
Cru qui, après la première guerre mondiale,
contribua à rétablir la vérité des faits, laquelle avait
été outrageusement violentée par des propagandes de
haine et de guerre; lequel Jean Norton
Cru fut insulté jusqu'à ce qu'on rendît hommage à
l'honnêteté et au courage qu'il avait manifesté en
publiant Témoins ou Du témoignage;
Attendu qu'on serait en
droit, par pur arbitraire, de rectifier l'histoire en ce
qui concerne, par exemple, le mythe des "75.000 fusillés
du Parti communiste francais" ou, à l'inverse, le mythe
des "105.000 victimes de l'Epuration", tandis qu'il
serait interdit de poursuivre, sur le mythe des "chambres
à gaz hitlériennes" ou du "génocide", le travail de
révision entrepris à contrecoeur par tant d'auteurs
exterminationnistes qui, après avoir ignoré ou insulté
Paul
Rassinier de son vivant, finissaient par lui rendre
hommage longtemps après sa mort;
Attendu que, pour
Monsieur Faurisson, il ne s'agit ni de triompher, ni de
faire triompher une thèse, mais qu'il s'agit d'obtenir
le droit de s'exprimer, de discuter, de critiquer, de
chercher... qu'il s'agit, en somme, du droit de vivre.
PAR CES
MOTIFS
Adjuger à Monsieur
Faurisson ses précédentes écritures dans l'ordre des
subsidiarités y énoncées;
Dire qu'il a été répondu
par Monsieur Faurisson à toutes les questions soulevées,
même de facon allusive, par la LICRA;
Lui donner acte de ce
qu'il ne saurait voir confirmer le jugement entrepris:
-- sans avoir été
mis à même de présenter à la Cour un film
vidéoscopique concernant le "problème des chambres à
gaz", film concu par Monsieur Faurisson expressément
à l'intention de la Cour et illustrant le sérieux de
ses travaux de chercheur;
-- sans avoir été
entendu en comparution personnelle sur lesdits
travaux afin que la Cour puisse vérifier s'il a fait
preuve ou non de souci d'information dans ses
recherches.
Vu:
R. Faurisson
Transcription
certifiée exacte et reçue comme pièce par la cour du
colloque de La Sorbonne de 1982
Je soussigné, (.......),
né le 24 septembre 1940 à Crafton (Australie), de
nationalité australienne, ingénieur indépendant en
informatique, domicilié (....) rue (...), 75004 Paris,
ayant assisté à la conférence de presse tenue par
Messieurs les Professeurs Raymond
Aron et Francois
Furet dans les locaux de la Maison des Sciences de
l'Homme, le 2 juillet 1982 à 18h30, à l'issue du
colloque "Le National-socialisme et les Juifs", déclare
avoir procédé à l'enregistrement sonore sur cassette
magnétique de la totalité de cette conférence de presse,
en accord avec les organisateurs et d'une manière
parfaitement visible, de sorte qu'aucun interlocuteur ne
pouvait ignorer le fait que j'enregistrais ses paroles.
Cet enregistrement
devait constituer un élément intéressant dans le dossier
que je prépare depuis quelque temps sur ce que l'on
appelle parfois l'"affaire Faurisson" et ses rapports
avec la liberté de l'expression en France, sujet dont je
pensais me servir éventuellement pour rédiger un ouvrage
en langue anglaise.
Je certifie que les
textes suivants constituent une transcription rigoureuse
de trois extraits de cet enregistrement, que je tiens
par ailleurs à la disposition du Tribunal. Je n'ai
effectué aucune coupure volontaire de mots à l'intérieur
de ces trois passages.
------------------------------------------
PREMIER EXTRAIT
Raymond ARON:...
l'incertitude tient que, pour les historiens, on a
besoin de documents d'archives, ou de preuves. Si on
fait simplement du raisonnement, disons, du type
compréhensif... (silence) Si on dit: "Etant donné sa
nature, ses propos, sa doctrine, il est tout à fait
compréhensible qu'il ait fait ceci ou cela..." Bon,
c'est ce qu'on fait quand on n'a pas de documents. Mais,
quand il y a des historiens qui disent: "Bien sûr que
c'est compréhensible à partir d'une certaine
représentation de Hitler..." (silence) Mais ils n'ont
pas les preuves, et ils ont... (silence) Tout le monde a
cherché, mais on a constaté que l'on n'a pas trouvé ce
qu'on cherchait; et que d'autre part dans le déroulement,
on n'a pas trouvé l'activité personnelle de Hitler.
------------------------------------------
SECOND EXTRAIT
Un journaliste: Et donc
aujourd'hui, après ce colloque, après les travaux qu'ont
faits tous les historiens qui étaient là, on peut
considérer comme un fait certain que la décision de la
solution finale a été prise? Et par Hitler
personnellement?
Raymond ARON: Non.
Francois FURET: Non, je ne dirais pas ca.
Raymond ARON: Non. On pourrait dire que c'est le plus
probable, mais en fonction de raisonnements. Mais ce
n'est pas démontré par les recherches les plus érudites.
------------------------------------------
TROISIEME
EXTRAIT
Un journaliste:
Est-ce que vous estimez judicieux qu'il y ait eu des
procès devant la justice?
Raymond ARON: Le
colloque n'a rien dit. Moi, à titre personnel, je suis
contre les procès de cet ordre.
Francois FURET: Je trouve ca absurde. Enfin, ce
n'est pas à un tribunal de trancher.
Raymond ARON: Je trouve absurde que les
organisations juives fassent des, des... (inaudible)
Interlocuteur:
On n'en a pas discuté.
Raymond ARON: On
n'en a pas discuté. Mais... C'est en dehors du colloque,
à titre personnel, moi, je suis entièrement contre.
Interlocuteur:
C'est aussi la position de
Vidal-Naquet.
Francois FURET: Je pense oui.
Raymond ARON: Je n'aime pas les procès de
sorcellerie.
--------------------------------------------
Fait à Paris le 7
septembre 1982
Pour valoir ce que de droit
BIBLIOGRAPHIE
Le lecteur désireux de
consulter les précédentes écritures du procès de
première instance pourra se reporter aux ouvrages
suivants:
Mémoire en défense,
Robert Faurisson, éditions de la Vieille Taupe, Paris
1980, 281p., pour le texte de l'assignation introductive:
p. 22731.
Intolérable Intolérance , Jean-Gabriel
Cohn-Bendit et alii, éditions de la Différence,
Paris, 1981, 208p., pour le texte du jugement: p. 17591.
(Les versions du
jugement publiées dans Le Monde du 11 juillet
1981, ainsi que dans le Dalloz-Sirey sont toutes les
deux gravement fautives).
La plupart des
références du Professeur renvoient à:
Vérité historique ou vérité politique?,
Serge Thion, La Vieille Taupe, Paris 1980, 352 p.
Robert Faurisson,
Réponse à Pierre
Vidal-Naquet, édité par l'auteur, imprimé à
Gentilly, [juin] 1982, 64 p., bib., Avertissement de P.
Guillaume
La présente plaquette
est en vente dans plusieurs librairies du quartier latin
et chez l'éditeur. |
Conclusion:
"Epilogue
judiciaire de l'affaire Faurisson"
(publié en brochure sous le pseudonyme de J. Aitken)
*****
Personne
ne peut, en l'état, le convaincre de
mensonge.
(Affaire Faurisson, cour d'appel de Paris
première chambre,
arrêt du 26 avril 1983) |
La présente
brochure s'ouvre sur le
texte intégral de cet arrêt dont la partie
essentielle se situe aux pages 10-14. On trouvera
ensuite un résumé de l'arrêt
(p. 16-17), une analyse
commentée (p. 18-26), un écho des
premières réactions (p.
27-30) et une conclusion
(p. 31-32) sur l'importance de cet arrêt.
LA
VIEILLE TAUPE
Robert Faurisson, professeur à
l'Université Lyon-2 et membre de l'Editorial
Advisory Committee du Journal of
Historical Review (Los Angeles),
fait partie des auteurs chaque jour plus
nombreux de l'école historique dite "révisionniste".
Ces auteurs considèrent que les
prétendues chambres à gaz homicides de
Hitler et le prétendu génocide des Juifs
forment un seul et même mythe de la
Seconde Guerre mondiale. Robert
Faurisson a exprimé son opinion dans
deux articles du Monde et dans
trois ouvrages:
-
Serge Thion,
Vérité historique ou vérité
politique?;
-
Robert Faurisson,
Mémoire en défense contre
ceux qui m'accusent de falsifier
l'Histoire;
-
Robert Faurisson, Réponse à
Pierre Vidal-Naquet (deuxième
édition, augmentée).
Ses prises de position lui ont valu
depuis 1978 de graves ennuis et une
série de procès dont le plus important
vient de prendre fin avec un arrêt de la
première chambre, section A, de la cour
d'appel de Paris.
Le texte du jugement de première
instance et les sévères commentaires
qu'il avait suscités peuvent se lire
dans l'ouvrage collectif intitulé
Intolérable Intolérance, édité aux
Editions de La Différence.
Sous le titre de
L'Incroyable Affaire Faurisson, La
Vieille Taupe a publié les arguments et
les conclusions présentés devant la cour
d'appel, d'un côté, par la L.I.C.R.A.,
le M.R.A.P. et d'autres associations et,
de l'autre côté, par le Professeur
Faurisson.
On peut se procurer
auprès des éditions de La Vieille Taupe
une vidéo-cassette, concue spécialement
pour la cour d'appel; M. Faurisson y
fait état de nombreux documents inédits
sur le "problème des chambres à gaz".
|
Texte de
l'arrêt *
COUR
D'APPEL DE PARIS
1re chambre,
section A
ARRÊT DU 26 AVRIL
1983
sur appel d'un jugement
du
Tribunal de Grande
Instance de Paris
du 8 juillet 1981
Confirmation
Parties en cause:
- 1° M. Robert
Faurisson, demeurant..., appelant ayant pour
avoué Me Ménard et pour avocats Me Delcroix et
Me Chotard du barreau de Nantes.
-
- Et aussi:
- 1° M. Serge
Thion, chargé de recherches au C.N.R.S.,
domicilié...
- 2° M. Maurice
Di Scuillo, demeurant...;
- 3° M.
Rittersporn Gabor, chercheur au C.N.R.S.,
demeurant...;
- 4° M. Redlinski
Jean-Luc, demeurant...;
- 5° M.
Jean-Gabriel Cohn-Bendit, enseignant, demeurant...;
- 6° M. Pierre
Guillaume, éditeur...;
- 7° M. Jacob
Assous, domicilié....
- appelants,
-
- ayant pour
avoué Me Ménard et pour avocat Me Berthout,
avocat à Flers.
* La partie
principale de l'arrêt figure ci-dessous en
caractères gras [NdR]
Et:
- 1° La Ligue
internationale contre le racisme et
l'antisémitisme (L.I.C.R.A.) dont le siège est à
Paris, prise en la personne de son président, M.
Jean
Pierre-Bloch, domicilié audit siège, 40, rue
de Paradis, intimée, ayant pour avoué Me Roblin
et pour avocats Me Bernard Jouanneau et Me
Korman;
-
- 2°
L'Association nationale des familles de
résistants et d'otages morts pour la France (A.N.F.R.O.M.F.)
dont le siège est à Paris, 8, rue des Bauches,
représentée par son président, Mme Irène de
Lipkowski;
-
- 3° L'Union
nationale des associations de déportés internés
et familles de disparus (U.N.A.D.I.F.) dont le
siège est à Paris, 8, rue des Bauches,
représentée par son président, M. Jean Cuelle;
-
- 4° La
Fédération nationale des déportés et internés de
la résistance (F.N.D.I.R.) dont le siège est 8,
rue des Bauches, à Paris, représentée par son
président, M. Teyssandier;
-
- 5° L'Union
nationale des déportés, internés et victimes de
guerre (U.N.D.I.V.G.) dont le siège est à Paris,
5, place des Ternes, représentée par son
président, fondateur, M. R. Clavel;
-
- 6° Le Comité
d'action de la résistance (C.A.R.) dont le siège
est à Paris, 10, rue de Charenton, représenté
par son président, Mme M. Madeleine Fourcade.
- intimées,
-
- ayant pour
avoué la S.C.P. Garnier-Duboscq, et pour avocats
Mes Dubarry et P.-F. Veil;
-
- 7° L'Amicale
des déportés d'Auschwitz et des camps de
Haute-Silésie (A.D.A.C.) dont le siège est 10,
rue Leroux, à Paris, représentée par son
président, Mme Marie-Elisa Cohen, intimée, ayant
pour avoué Me Varin, et pour avocat Me Imerglik;
-
- 8° Le Mouvement
contre le racisme et pour l'amitié entre les
peuples (M.R.A.P.) dont le siège est 89, rue
Oberkampf, 11e, représenté par son président, M.
Pierre Paraf, intimé, ayant pour avoué Me Varin,
et pour avocat Me Rappaport;
-
- 9°
L'Association des fils et filles des déportés
juifs de France dont le siège est 78, rue de la
Fédération, Paris 15e, représentée par Me
Klarsfeld, son président, intimée, appelante
incidente, ayant pour avoué Me Ribaut et pour
avocat Me Halimi;
-
- 10° La S.A.R.L.
"Le Monde" dont le siège est 5, rue des Italiens
à Paris 9e, intimée, ayant pour avoué Me
Ribadeau-Dumas et pour avocat Me Y. Baudelot;
-
- 11° La société
du "Nouveau Quotidien de Paris" ["Le Matin de
Paris"] dont le siège est 21, rue Hérold, Paris,
1er, prise en la personne de ses représentants
légaux, intimée, ayant pour avoué Me Dauthy et
pour avocat M. le bâtonnier Couturon.
Composition de
la cour (lors des débats et du délibéré): MM.
Grégoire, président, Fouret et Le Foyer de Costil,
conseillers.
Greffier: Mle Montmory.
Ministère
public (auquel le dossier a été communiqué)
représenté par Mme Flipo, avocat général, qui, à
l'audience du 15 février 1983, a développé ses
conclusions écrites.
Débats: aux
audiences publiques des 13 (et 14 -- N.d.R.)
décembre 1982 et 15 février 1983 (la cour siégeant
dans la même formation).
Arrêt:
contradictoire.
M.
Robert Faurisson est appelant d'un jugement du
tribunal de grande instance de Paris du 8 juillet
1981 qui, après avoir déclaré recevable la demande
formée contre lui par la L.I.C.R.A. ainsi que les
interventions des autres associations ci-dessus
énumérées, l'a condamné à leur payer un franc de
dommages-intérêts et a ordonné la publication dans
trois journaux des motifs de fond énoncés par les
premiers juges ainsi que du dispositif de leur
décision.
Les
associations estiment que M. Faurisson a porté
atteinte aux intérêts moraux qu'elles défendent en
rendant publiques les conclusions auxquelles l'ont
amené ses recherches sur les camps de concentration
créés, avant et pendant la seconde guerre mondiale,
sur le territoire de l'Allemagne et des pays occupés
par elle.
M. Faurisson, qui se
déclare "révisionniste" par opposition aux
historiens "officiels" ou "exterminationnistes",
prétend avoir démontré qu'aucune chambre à gaz n'a
jamais été utilisée dans aucun de ces camps. Après
avoir exposé cette thèse dans plusieurs ouvrages, il
l'a soutenue dans des articles de presse et des
entretiens accordés à des journalistes, puis dans un
"mémoire en défense" publié à l'occasion du présent
procès. Elargissant le débat malgré les vives
contestations qu'il a rencontrées, il en est venu à
affirmer que "ce qui est contesté c'est l'existence
dans l'Allemagne hitlérienne de camps
d'extermination", que 1'"intention criminelle que
l'on prête à Hitler n'a jamais pu être prouvée", que
"les prétendus massacres en chambres à gaz et le
prétendu génocide sont un seul et [Page 4.] même
mensonge", et finalement que "Hitler n'a jamais
ordonné ni admis que quiconque fût tué en raison de
sa race ou de sa religion", phrase pour laquelle il
a été condamné à trois mois de prison avec sursis.
Les
premiers juges, après avoir affirmé le principe de
la liberté de l'historien, ont ajouté que les
témoins encore vivants d'une époque récente "méritent
égards et considération" et qu'un "devoir
élémentaire de prudence" s'impose au chercheur,
l'histoire "se devant d'attendre que le temps
permette une étude sans agressivité de certains
problèmes d'horreur". Ils ont estimé que dans le cas
d'espèce M. Faurisson avait manqué à ses obligations
en écartant par principe tous les témoignages
contraires à sa thèse, en orientant son analyse des
documents "dans le sens de la négation" et en se
livrant "sur un ton messianique" à des proclamations
"qui relèvent plus du discours politique que de la
recherche scientifique". Ils ont enfin jugé que ces
fautes avaient bien porté atteinte aux intérêts
moraux dont les associations demanderesses assument
la défense.
MOYENS DEVELOPPES
PAR LES PARTIES
Sur la
recevabilité des demandes
Pour soulever
l'irrecevabilité des demandes formées contre lui, M.
Faurisson soutient:
- que les
intimées n'ont pas qualité pour ester en justice
au nom de l'intérêt collectif de leurs membres;
- que leur objet
"ne postule pas la défense de telle ou telle
thèse historique" et qu'elles ne peuvent
légitimement se prévaloir de leur volonté
d'imposer à l'opinion publique l'idée qu'elles
se font d'événements controversés;
- que le tribunal
devait débouter les demanderesses dès lors qu'il
ne se reconnaissait pas compétence pour trancher
un débat de cette nature.
En ce qui concerne
plus spécialement l'intervention de l'U.N.A.V.I.G.,
il relève qu'en première instance cette association
"n'a fait enregistrer sa cause" qu'après
l'ordonnance de clôture. Il reproche d'autre part au
jugement entrepris d'avoir fait bénéficier d'une
condamnation l'Association des fils et filles des
déportés juifs qu'il avait déclarée irrecevable à
demander par voie d'intervention principale la
réparation d'un préjudice réalisé avant la date de
sa constitution.
[Page 5.] Les
intimées répliquent en invoquant les décisions de la
Cour de cassation qui admettent les associations à
demander réparation d'atteintes en rapport avec "la
spécialité de leur but et l'objet de leur mission".
L'U.N.D.I.V.G.
rappelle qu'elle est intervenue par conclusions du 6
novembre 1980, alors que l'ordonnance de clôture n'a
été rendue que le 25 février 1981 après jonction des
diverses instances engagées contre M. Faurisson.
De son côté
l'Association des fils et filles des déportés juifs
fait état à l'appui de son appel incident d'une
série d'arrêts selon lesquels une association peut
demander réparation d'un préjudice réalisé
antérieurement à sa constitution.
Par ailleurs ont
interjeté appel principal M. Serge Thion et six
autres personnes qui étaient intervenus aux débats
de la première instance, d'abord à titre accessoire
en raison de leur solidarité intellectuelle et
morale avec M. Faurisson et dans la crainte qu'un
jugement favorable à la L.I.C.R.A. ne leur cause
préjudice, mais encore à titre principal en
réparation du dommage qu'ils auraient
personnellement subi du fait de la "propagande
émaillée d'illustrations mensongères" que la
L.I.C.R.A. pratique à leur égard. Le tribunal a
déclaré les interventions irrecevables, estimant que
leurs auteurs ne justifiaient ni d'"une volonté
positive et concrète de protéger des droits
personnels", ni d'un "préjudice direct et personnel"
que leur aurait causé la L.I.C.R.A. en recherchant
la responsabilité de M. Faurisson.
Sur le
fond
M. Faurisson fait
valoir que les critiques de la L.I.C.R.A. sont
dirigées contre quatre brefs articles de presse (Le
Matin, 16 novembre 1979, Le Monde, 16 et
29 décembre 1978, 16 janvier 1979) dont les deux
derniers seulement contiennent un résumé des
résultats de quatorze ans de recherches, ce qui
excluait toute possibilité de discussions
exhaustives. Ses conclusions développent longuement
les trois points suivants: son travail est de
caractère scientifique et lui permet de répondre à
toutes les objections qui lui sont faites par la
L.I.C.R.A., qui ne soupconnait pas la complexité du
problème qu'elle a soulevé. Il expose sur plus de
quarante pages quels documents et [Page 6.] quelles
études le mettent en mesure d'affirmer que la
croyance aux "prétendues chambres à gaz" se heurte à
une impossibilité de fait et qu'aucun des
témoignages recueillis ne permet de conclure à leur
existence. Il reproche au tribunal de s'être
contenté de généralités vagues et "simplificatrices"
pour l'accuser de légèreté ou d'imprudence, alors
que c'est lui-même qui met ses adversaires en
demeure d'apporter ne serait-ce qu'un "unique
témoignage" qui contredirait sa thèse de facon
convaincante, et que, d'autre part, aucune preuve
n'a davantage été apportée des prétendues "falsifications"
qui lui sont reprochées.
Il offre d'ailleurs
de comparaître devant la cour et de lui présenter un
film qu'il a réalisé sur "le problème des chambres à
gaz".
Il réclame la
condamnation de chacune des associations intimées au
paiement de un franc de dommages-intérêts en
réparation du préjudice moral qu'elles lui auraient
causé et de 35.000 francs par application de
l'article 700 du nouveau code de procédure pénale.
M. Thion et autres
réclament, outre le rejet des demandes formées
contre M. Faurisson, 10 francs de dommages-intérêts
pour chacun d'eux, la publication de l'arrêt
sollicité et le bénéfice de l'article 700 du nouveau
code de procédure pénale.
M. Faurisson a
également intimé devant la cour les sociétés du "Nouveau
Quotidien de Paris" ["Le Matin de Paris" -- N.d.R.]
et "Le Monde" contre qui aucune demande n'a été
formée et que les premiers juges ont mises hors de
cause.
La L.I.C.R.A., qui
fonde son action sur les articles 1382 et 1383 du
code civil, reproche à M. Faurisson:
- 1. d'avoir
écarté systématiquement et sans explications des
témoignages et des documents importants qui vont
à l'encontre de sa thèse;
-
- 2. d'avoir omis
de poursuivre ses investigations auprès de
certaines organisations qui ont elles aussi
étudié les mêmes questions et possèdent des
archives à leur sujet;
-
- 3. d'avoir
dénaturé le journal de Kremer, médecin du camp
d'Auschwitz, et les aveux de Hoess, commandant
du même camp;
-
- 4. d'avoir
exposé des interprétations techniques
fallacieuses;
Les autres
associations intimées reprennent les mêmes critiques.
L'Association des fils et filles des déportés juifs
ajoute que "M. Faurisson nie la réalité de la mort
des juifs" et cause ainsi "une violente souffrance"
à leurs descendants en même temps qu'il "fomente
sciemment la haine antisémite" et "ouvre la voie à
une possible tentative de réhabilitation du nazisme".
Ces associations, à
l'exception de la L.I.C.R.A. et des Fils et filles
des déportés juifs, sollicitent le bénéfice de
l'article 700 du N.C.P.C.
Cela étant exposé,
la cour,
Considérant que les
premiers juges ont rappelé avec raison que les
tribunaux ne sont ni compétents ni qualifiés pour
porter un jugement sur la valeur des travaux
historiques que les chercheurs soumettent au public
et pour trancher les controverses ou les
contestations que ces mêmes travaux manquent
rarement de susciter;
Qu'il importe avant
toute chose de réaffirmer le principe de la liberté
de la recherche et d'en assurer le cas échéant la
protection, en rejetant notamment l'idée d'une sorte
de délai de rigueur pendant lequel la critique
historique ne serait pas autorisée à s'exercer sur
les événements les plus récents et sur le
comportement de ceux qui s'y sont trouvés mêlés;
Considérant
néanmoins que, même dans l'exercice de son activité
scientifique, et en particulier lors de la
publication des résultats de ses travaux, tout
historien demeure soumis envers autrui au principe
de responsabilité édictée par les articles 1382 et
1383 du code civil; que ces textes faisaient en
l'espèce à M. Faurisson un devoir impératif de ne
formuler qu'avec la plus grande circonspection des
thèses ou des affirmations manifestement blessantes
pour les victimes des événements qu'il a choisi
d'étudier ou pour leurs descendants;
Considérant en
conséquence que si les neuf associations intimées ne
peuvent prétendre interdire à quiconque de remettre
en cause tel ou tel aspect de l'histoire des
persécutions raciales au XXe siècle, les demandes
qu'elles ont formées contre M. Faurisson sont
recevables dans la mesure où elles lui font grief
d'avoir, avec légèreté ou de mauvaise foi, porté
atteinte, par ses écrits ou ses propos, aux intérêts
collectifs de leurs membres dont elles ont recu pour
mission d'assurer la protection, étant rappelé que
leur objet commun est de défendre le souvenir des
victimes du nazisme et de la déportation et de
lutter contre toutes les formes du racisme;
[Page 8.]
Considérant plus spécialement que les intérêts
moraux collectifs des Fils et filles des déportés
juifs préexistaient à l'association créée en 1979 et
que celle-ci est donc recevable à agir alors même
que l'atteinte prétendument portée à de tels
intérêts aurait été réalisée avant cette date; que
le jugement entrepris sera en conséquence réformé
sur ce point;
Considérant que les
moyens relatifs à la recevabilité de l'intervention
de l'U.N.D.I.V.G. en première instance sont, devant
la cour, dépourvus de toute pertinence, dès lors que
l'article 554 du N.C.P.C. autoriserait cette
association à intervenir pour la première fois en
cause d'appel;
Considérant que MM.
Thion, Di Scuillo et autres ne peuvent intervenir à
titre principal dès lors que leur demande tend à la
réparation du préjudice personnel que leur
causeraient des écrits qui sont étrangers aux
présents débats et ne s'y rattachent pas assez
directement pour que se trouve satisfaite la
condition posée par l'article 325 du N.C.P.C.;
Considérant en
revanche que M. Pierre Guillaume, qui affirme sans
être contredit, qu'il a édité le Mémoire en
défense de M. Faurisson, possède de ce fait un
intérêt à intervenir à ses côtés, puisque la
condamnation sollicitée frapperait cet ouvrage à
travers son auteur;
Que les autres
intervenants ne justifient pas d'un intérêt distinct
de leur solidarité intellectuelle avec M. Faurisson
et que dans ces conditions le présent arrêt ne peut
en rien préjuger des appréciations qui pourraient
être éventuellement portées sur leurs propres écrits;
Considérant que la
présente instance a été initialement introduite par
la L.I.C.R.A. à l'occasion des articles de presse
visés ci-dessus -- et principalement des deux
lettres adressées au Monde par M. Faurisson en
décembre 1978 et janvier 1979 -- mais qu'au cours du
déroulement du procès celui-ci s'est élargi par le
fait de M. Faurisson lui-même, qui a versé aux
débats son ouvrage intitulé Mémoire en défense
dont l'objet est de préciser ses thèses et de
répondre aux accusations portées contre lui par les
associations intimées;
Considérant qu'il
ressort de ces diverses publications, comme des
conclusions prises devant la cour, que les
recherches de M. Faurisson ont porté sur l'existence
des chambres à gaz qui, à en croire de multiples
témoignages, auraient été utilisées durant la
seconde guerre mondiale pour mettre à mort de facon
systématique une partie des personnes déportées par
les autorités allemandes;
Considérant qu'à
s'en tenir provisoirement au problème historique que
M. Faurisson a voulu soulever sur ce point précis,
il convient de constater que les accusations de
légèreté formulées contre lui manquent de pertinence
et ne sont pas suffisamment établies; qu'en effet la
démarche logique de M. Faurisson consiste à tenter
de démontrer, par une argumentation [qu'il estime]
[(5)] de nature scientifique, que l'existence
des chambres à gaz, telles que décrites
habituellement depuis 1945, se heurte à une
impossibilité absolue, qui suffirait à elle seule à
invalider tous les témoignages existants ou à tout
le moins à les frapper de suspicion;
Que s'il
n'appartient pas à la cour de se prononcer sur la
légitimité d'une telle méthode ni sur la portée des
arguments exposés par M. Faurisson, il n'est pas
davantage permis d'affirmer, eu égard à la nature
des études auxquelles il s'est livré, qu'il a écarté
les témoignages par légèreté ou négligence, ou
délibérément choisi de les ignorer;
Qu'en outre,
personne ne peut en l'état le convaincre de mensonge
lorsqu'il énumère les multiples documents qu'il
affirme avoir étudiés et les organismes auprès
desquels il aurait enquêté pendant plus de quatorze
ans;
Que la valeur des
conclusions défendues par M. Faurisson relève donc
de la seule appréciation des experts, des historiens
et du public;
Mais considérant
qu'une lecture d'ensemble des écrits soumis à la
cour fait apparaître que M. Faurisson se prévaut
abusivement de son travail critique pour tenter de
justifier sous son couvert, mais en dépassant
largement son objet, des assertions d'ordre général
qui ne présentent plus aucun caractère scientifique
et relèvent de la pure polémique; qu'il est
délibérément sorti du domaine de la recherche
historique et a franchi un pas que rien, dans ses
travaux antérieurs, [Page 10.] n'autorisait, lorsque,
résumant sa pensée sous forme de slogan, il a
proclamé que "les prétendus massacres en chambres à
gaz et le prétendu génocide sont un seul et même
mensonge"; que, par-delà la négation de l'existence
des chambres à gaz, il cherche en toute occasion à
atténuer le caractère criminel de la déportation,
par exemple en fournissant une explication
personnelle mais tout à fait gratuite des "actions
spéciales" mentionnées à quinze reprises et avec
horreur dans le journal du médecin Kremer;
Que sans doute il
proteste dans ses dernières conclusions contre les "falsifications"
de sa pensée qui lui prêteraient l'opinion "qu'il
n'y a pas eu de victimes juives" de l'Allemagne
nazie; que cependant ses propos conduisent le
lecteur, de facon plus ou moins insinuante, à cette
idée que, "chambres à gaz" et "génocide" se
confondant, il y a eu assurément des "victimes
juives" mais que le massacre des juifs est une
exagération, voire une "rumeur de guerre", puisqu'il
semble bien, à lire M. Faurisson, que les déportés
d'Auschwitz mouraient avant tout du typhus, à quoi
s'ajoute que l'emploi du terme "génocide" serait à
strictement parler impropre, que le chiffre de six
millions de victimes juives est évidemment
approximatif et que d'ailleurs on n'a jamais pu
retrouver un ordre écrit de Hitler concrétisant sa
décision d'"exterminer" les Juifs;
Que M. Faurisson,
qui s'indigne de ce qu'il nomme "la religion de
l'holocauste", n'a jamais su trouver un mot pour
marquer son respect aux victimes en rappelant la
réalité des persécutions raciales et de la
déportation en masse qui a causé la mort de
plusieurs millions de personnes, juives ou non, de
sorte qu'en dépit du caractère partiel de ses
travaux son "révisionnisme", qu'il oppose à "la
cause des exterminationnistes", peut faire figure
d'une tentative de réhabilitation globale des
criminels de guerre nazis;
Considérant que les
positions ainsi adoptées par M. Faurisson sont aussi
blessantes pour les survivants des persécutions
raciales et de la déportation qu'outrageantes pour
la mémoire des victimes, dont le grand public se
trouve incité à méconnaître les souffrances, si ce
n'est à les mettre en doute; qu'en outre elles sont
évidemment de nature, ainsi que l'a justement relevé
le tribunal, à provoquer des réactions passionnelles
d'agressivité contre tous ceux qui se trouvent ainsi
implicitement accusés de mensonge et d'imposture;
Considérant que les
fautes de M. Faurisson ont causé le préjudice
invoqué par les associations intimées; que les
condamnations prononcées par le jugement entrepris
en assureront une juste réparation;
Considérant qu'il
serait inéquitable de laisser à la charge des
intimées l'intégralité des frais qu'elles ont été
contraintes d'exposer en cause d'appel; qu'il n'y a
pas lieu en revanche de préciser, comme le demande
la L.I.C.R.A., quels sont les débours qui doivent
entrer dans les dépens;
Considérant qu'il
n'y a pas lieu de faire droit à la demande de
réouverture des débats présentée au nom de M.
Faurisson, le dernier jour du délibéré, et qui fait
état de la découverte de prétendus carnets d'Adolf
Hitler; qu'il n'apparaît pas en effet, eu égard aux
motifs développés ci-dessus, que d'éventuelles
révélations apportées par ces documents puissent
avoir une incidence quelconque sur la solution du
présent litige;
Par ces motifs,
Joint les instances
suivies sous les nos 1.14.650, 1.15.635 et 1. 1
8.042;
Sur la recevabilité,
faisant droit pour partie aux appels, déclare
recevable l'intervention principale de l'Association
des fils et filles des déportés juifs de France et
l'intervention accessoire de M. Pierre Guillaume;
Confirme le jugement
sur le surplus;
Sur le fond,
Déboute M. Robert
Faurisson et M. Guillaume de leur appel principal;
Confirme le jugement
entrepris dans toutes ses dispositions;
Dit toutefois que la
mesure de publication ordonnée par les premiers
juges portera sur les pages 7 à 10 du présent arrêt,
qui seront suivies d'une mention résumée des
condamnations prononcées;
Condamne M.
Faurisson à payer, au titre de l'article 700 du
N.C.P.C., la somme de 2.000 francs à chacune des
associations intimées, à l'exception de la
L.I.C.R.A. et de l'Association des fils et filles
des déportés juifs de France;
Le déboute de ses
demandes reconventionnelles;
Le condamne au
paiement des dépens d'appel, à l'exception de ceux
qu'ont exposés MM. Thion, Di Scuillo et autres, qui
en supporteront la charge;
Admet Mes Roblin,
Varin, Ribadeau-Dumas, Dauthy, Ribaut et la S.C.P.
Garnier-Duboscq, avoués, au bénéfice de l'article
699 du N.C.P.C.
Prononcé à
l'audience publique de la cour d'appel de Paris, 1re
chambre, le 26 avril 1983, par M. le président
Grégoire, qui a signé avec Mle Montmory, greffier.
*******
Résumé de l'arrêt
LE Professeur
Faurisson nie l'existence des chambres à gaz
homicides dans les camps de concentration allemands.
En 1979, neuf associations avaient porté plainte
contre lui devant la juridiction civile pour dommage
à autrui (art. 1382 et 1383 du code civil). Elles
lui reprochaient de leur avoir causé ce dommage par
une tentative de falsification de l'Histoire. Le 8
juillet 1981, la première chambre, première section,
du tribunal de grande instance de Paris (président:
M. Caratini; premier vice-président et rédacteur du
jugement: M. Pierre Drai; vice-président: Mme
Martzloff), tout en refusant de dire s'il y avait ou
non falsification de l'Histoire, estimait:
M. Faurisson,
universitaire francais, manque aux obligations de
prudence, de circonspection objective et de
neutralité intellectuelle qui s'imposent au
chercheur qu'il veut être.
Le tribunal
précisait qu'un "devoir élémentaire de prudence"
s'impose au chercheur car
[l'histoire se
doit] d'attendre que le temps permette une étude
sans agressivité de certains problèmes d'horreur.
Le tribunal ne se
fondant, semble-t-il, que sur son intime conviction,
ajoutait:
[M. Faurisson a
permis] avec une légèreté insigne mais avec
conscience claire, de laisser prendre en charge
par autrui, son discours dans une intention
d'apologie des crimes de guerre ou d'incitation
à la haine raciale.
Le 26 avril 1983, la
première chambre, section A, de la cour d'appel de
Paris (président: M. Grégoire; conseillers: MM.
Fouret et Le Foyer de Costil) confirmait la
condamnation du professeur, mais réformait
sensiblement l'exposé des motifs. L'arrêt pourrait
se résumer en ces termes: le professeur Faurisson a
fait un travail scientifique au terme duquel il a
conclu à la non-existence des chambres à gaz; mais,
par certains aspects, ses propos sont dangereux et
blessants et les associations ont droit à réparation.
Le texte de l'arrêt
s'étend sur douze pages. Selon la cour elle-même,
l'essentiel figure dans les pages
7 à 10 (ci-dessus
reproduites en caractère gras).
En page 7, la cour
marque son désaccord avec le tribunal lorsque
celui-ci accusait M. Faurisson d'avoir manqué à un "devoir
élémentaire de prudence" en portant ses recherches
sur une question d'une actualité trop brûlante. La
cour prononce en effet:
Il importe avant
toute chose de réaffirmer le principe de la
liberté de la recherche et d'en assurer le cas
échéant la protection, en rejetant l'idée d'une
sorte de délai de rigueur pendant lequel la
critique historique ne serait pas autorisée à
s'exercer sur les événements les plus récents et
sur le comportement de ceux qui s'y sont trouvés
mêlés.
En page 8, les
considérants n'abordent pas encore la question
centrale; celle-ci est abordée et traitée dans les
pages 9 et 10. Dans les cinq premiers alinéas de
l'ensemble que constituent ces deux pages, la cour
réforme le jugement du tribunal et présente M.
Faurisson comme un chercheur sérieux; dans les cinq
alinéas suivants, la cour confirme le jugement du
tribunal sur plusieurs points et présente M.
Faurisson comme dangereux par certains de ses
propos.
**********
Analyse et
commentaire de l'arrêt
DANS cette analyse
et dans ce commentaire, apparaissent en italique les
mots qui nous semblent particulièrement dignes
d'intérêt.
La
réformation du jugement du tribunal
La cour estime que,
sur la question de l'existence ou de la
non-existence des chambres à gaz, M. Faurisson a
mené une recherche qui n'est ni critiquable, ni
condamnable.
1. Les
chambres à gaz qui auraient été utilisées.
La cour commence
par circonscrire le domaine des recherches
essentielles du professeur. A la différence du
tribunal qui posait l'existence des chambre à
gaz comme une vérité d'évidence, elle écrit avec
prudence:
Les
recherches de M. Faurisson ont porté sur
l'existence des chambres à gaz qui, à en
croire de multiples témoignages, auraient
été utilisées durant la Seconde Guerre
mondiale [...].
2. Il n'y
a eu, chez M. Faurisson, ni légèreté, ni négligence,
ni ignorance délibérée, ni mensonge.
Les associations
ont formulé contre M. Faurisson des accusations
de légèreté (p. 7 de l'arrêt: légèreté ou
mauvaise foi). Mais, pour la cour, ces
accusations manquent de pertinence et ne
sont pas suffisamment établies.
De plus les
accusateurs ont demandé que la cour condamne la
méthode et les arguments du professeur; mais la
cour ne s'estime pas en droit de porter cette
condamnation; les mêmes accusateurs se sont
également permis des affirmations selon
lesquelles M. Faurisson aurait fait preuve de
légèreté, de négligence ou d'ignorance
délibérée; mais, selon la cour, ces
affirmations ne sont pas permises.
Enfin, les
accusateurs ont voulu convaincre M. Faurisson de
mensonge, c'est-à-dire donner des preuves de ce
qu'il aurait menti. Mais, pour la cour, ils ne
l'ont pas pu et personne ne peut en l'état
(c'est-à-dire au point où en est l'affaire)
le convaincre de mensonge.
3. La
méthode, les arguments, les études du professeur.
M. Faurisson,
selon la cour, a voulu soulever un problème
historique. Il a une démarche logique.
Celle-ci consiste à tenter de démontrer
quelque chose de précis. Il a une
argumentation qu'il estime de nature
scientifique. Il dit que l'existence de ces
chambres à gaz homicides se heurte à une
impossibilité absolue.[(6)]
Il en tire la conclusion suivante: cette
impossibilité suffit à elle seule à invalider
tous les témoignages existants ou, à tout le
moins, à les frapper de suspicion. M. Faurisson
a une méthode. Il expose des arguments.
Il s'est livré à des études. Apparemment, il a
étudié de multiples documents et
enquêté pendant plus de quatorze ans
auprès de différents organismes.
4. Les
conclusions du professeur sont à apprécier par les
experts, les historiens et le public.
Pour la cour, la
valeur des conclusions défendues par M.
Faurisson relève de la seule appréciation des
experts, des historiens et du public, et non pas
de la seule appréciation des associations
demanderesses et des tribunaux. Pour la cour, il
n'est donc pas exclu que M. Faurisson soit en
droit de conclure, comme il l'a fait, d'une
part, à la non-existence des chambres à gaz et,
d'autre part, au caractère suspect des
témoignages selon lesquels ces chambres à gaz
auraient existé.
II
La
confirmation du
jugement du tribunal
Le premier des cinq
alinéas consacrés à une critique de M. Faurisson
joue un rôle de transition. La cour, tout en
commencant à critiquer le professeur, y répète
implicitement que son travail sur les chambres à gaz
est sérieux; sur ce sujet, M. Faurisson faisait un
travail critique; il avancait des assertions de
caractère scientifique; il se cantonnait dans le
domaine de la recherche historique et il avait à son
actif des travaux.
1. Pure
polémique.
Mais, selon la
cour, M. Faurisson se prévaut abusivement de son
travail critique pour tenter de justifier, sous
le couvert de ce travail, mais en dépassant
largement son objet (c'est-à-dire les chambres à
gaz), des assertions d'ordre général qui ne
présentent plus aucun caractère scientifique et
relèvent de la pure polémique.
Cependant, il
est à noter que la cour n'offre aucun exemple de
ces assertions qu'elle condamne.
2. Un
slogan.
La cour dit que
M. Faurisson est délibérément sorti du domaine
de la recherche historique, lorsque, résumant sa
pensée sous forme de slogan, il a proclamé:
les
prétendus massacres en chambres à gaz et le
prétendu génocide forment un seul et même
mensonge.
Pendant un
instant, on peut se demander si la cour n'a pas
voulu dire: La négation des chambres à gaz est
permise, mais non pas la négation du génocide;
cependant, ainsi que le montre la suite de
l'arrêt, la cour ne se prononcera jamais sur
l'existence ou la non-existence du génocide,
même lorsqu'elle viendra à prononcer ce mot de
génocide.
Un slogan est
une formule publicitaire ou de propagande, brève
et frappante.
Or, si le groupe
de mots incriminé est bien de M. Faurisson, il
faut savoir que ce bref groupe de mots figurait
au milieu d'une longue phrase argumentée dont
Le Matin de Paris du 16 novembre 1978, p.
17, avait coupé la fin et dont la cour, à son
tour, a enlevé le début, pourtant donné par le
journal. Ainsi, artificiellement isolé, ce
groupe de mots doit sa brièveté à deux
amputations successives. Il n'était pas un
slogan mais seulement un membre de phrase.
Les magistrats
auraient pu tenter de présenter comme un slogan
une autre phrase du professeur, une longue
phrase de soixante mots commencant ainsi:
Les
prétendues chambres à gaz hitlériennes et le
prétendu génocide des Juifs forment un seul
et même mensonge historique [...].
Mais cette
phrase avait été prononcée hors débat; elle
avait déjà valu au professeur deux condamnations
devant la juridiction pénale et, trop longue,
elle était difficile à présenter comme un
slogan. Elle constituait le résumé d'une thèse
historique et, précisément par les trois mots de
"hitlériennes", de "Juifs" et de "historique"
elle faisait avec insistance référence à
l'Histoire. M. Faurisson n'y mentionnait pas un
vulgaire mensonge, mais l'un de ces grands
mensonges qui prennent place dans l'Histoire.
Enfin, cette phrase était bâtie pour en faire
ressortir une succession d'arguments dont le
premier était celui-ci: il est difficile de
continuer à prétendre qu'un crime spécifique (le
génocide) a eu lieu, s'il se révèle que l'arme
spécifique (les chambres à gaz) n'a pas existé.
3. M.
Faurisson cherche à atténuer le caractère criminel
de la déportation.
La cour dit que
M. Faurisson cherche en toute occasion à
atténuer le caractère criminel de la déportation.
Elle tire argument, pour le prétendre, de la
manière dont le professeur explique le sens du
mot allemand Sonderaktion (" action
spéciale"). Elle affirme que "cette explication
est personnelle mais tout à fait gratuite".
Le professeur ne
cherche pas à atténuer le caractère criminel de
la déportation. C'est la vérité des faits,
rétablie sur ce point par M. Faurisson et les
auteurs révisionnistes, qui oblige à dire qu'au
terme des déportations, il pouvait y avoir pour
les déportés, selon le cas, mort ou survie, mais
certainement pas l'assassinat en chambres à gaz.
La cour commet
une erreur en attribuant au mot de
Sonderaktion un sens secret. Ce mot était
d'usage courant. Il désignait toute action
sortant de la routine, qu'il s'agisse de la
routine du militaire, du policier, du médecin.
S'il est bien
vrai que Kremer, dans son journal intime,
mentionne à quinze reprises une action spéciale,
il n'exprime son horreur que quatre fois: deux
fois à propos de typhiques arrivés au dernier
degré de la consomption et deux fois à propos
d'un groupe de condamnés, à l'exécution desquels
il doit assister en tant que médecin.
4. M.
Faurisson conduit le lecteur à l'idée que le
massacre des juifs est une exagération, voire une "rumeur
de guerre".
Dans le deuxième
alinéa de la page 10, le texte de l'arrêt tend à
devenir confus. D'une part, la cour rappelle que
M. Faurisson proteste quand on lui fait dire
qu'il n'y a pas eu de victimes juives de
l'Allemagne nazie; en effet, M. Faurisson a
clairement dit le contraire. Mais, d'autre part,
la cour dit aussi que les propos de M. Faurisson
conduisent le lecteur, de facon plus ou moins
insinuante, à cette idée que le massacre des
Juifs est une exagération, voire une "rumeur de
guerre". Ici les magistrats se trompent: le
professeur n'a employé l'expression de "rumeur
de guerre" qu'à propos de la "rumeur d'Auschwitz",
c'est-à-dire à propos de la rumeur publique des
chambres à gaz. La cour pense que le professeur
ergote en vue de minimiser la réalité des
horreurs et, à l'appui de cette accusation, elle
propose quatre exemples:
- Il semblerait
bien, à lire M. Faurisson, que les déportés
d'Auschwitz mouraient avant tout du typhus.
- En fait, M.
Faurisson s'est contenté de souligner qu'à
l'époque de la présence du Dr Kremer (30 août-18
novembre 1942) des épidémies de typhus, dont
personne ne conteste la gravité, ravageaient le
camp.
- Le professeur
ergoterait sur le terme de "génocide" en faisant
remarquer que ce terme serait à strictement
parler impropre.
- En fait, M.
Faurisson dit que l'emploi du néologisme "génocide"
(mot créé pour désigner un événement qui aurait
été sans précédent dans l'Histoire) est ici
abusif, si celui-ci est défini soit comme la
destruction méthodique d'un groupe ethnique,
soit, pour reprendre la définition donnée par
Simone Veil, le résultat d'une "volonté
d'extermination systématique de toute une
catégorie de population" ("On risque de
banaliser le génocide", France-Soir Magazine,
7 mai 1983, p. 47).
- M. Faurisson
ergoterait encore quand il dit que le chiffre de
six millions de victimes juives est approximatif;
c'est là, pense la cour, une évidence; on ne
saurait, en effet, donner un chiffre exact à
l'unité près.
- En fait, jamais
M. Faurisson n'a eu recours à pareille chicane.
En réalité, il a écrit que ce chiffre était
"extravagant" et il a donné ses raisons
là-dessus.
- Le professeur
ergoterait enfin en disant: "On n'a jamais pu
retrouver un ordre écrit de Hitler concrétisant
sa décision d'"exterminer" les Juifs."
- Cette
formulation donne à entendre que le professeur
prendrait prétexte de l'absence d'un ordre écrit
pour douter d'une volonté exterminatrice du chef
du IIIe Reich.
En fait, les doutes
de M. Faurisson ont bien d'autres raisons; il faut
ici rappeler que les recherches les plus érudites
n'ont permis de trouver aucun ordre d'exterminer les
Juifs, que cet ordre fût de Hitler ou d'une
quelconque autorité, du haut en bas de la hiérarchie
allemande. Sur ce point tous les historiens
paraissent aujourd'hui d'accord. M. Faurisson, lui,
a cité des faits qui excluent qu'un tel ordre ait pu
être donné.
5. M.
Faurisson n'a pas marqué son respect pour les
victimes et il paraît tenter de réhabiliter les
criminels de guerre nazis.
Selon la cour,
le professeur n'aurait jamais su trouver un mot
pour marquer son respect aux victimes en
rappelant la réalité des persécutions raciales
et de la déportation en masse qui a causé la
mort de plusieurs millions de personnes, juives
ou non.
La cour se
trompe et elle sort du débat, car, si ce point
avait été évoqué, la défense aurait fait valoir
aisément que, s'il est vrai que M. Faurisson n'a
pas, comme la cour, estimé le chiffre des
victimes à "plusieurs millions de personnes,
juives ou non", il est non moins vrai qu'il a
marqué son respect aux victimes; et même, à deux
reprises, il a précisément employé le mot de "respect":
- Dans le numéro
susmentionné du Matin de Paris, que les
magistrats avaient sous les yeux, figurait cette
phrase:
J'éprouve du
respect et de l'admiration pour tous ceux
que leurs idées ont conduit en camp de
concentration.
- Quant aux
victimes raciales et autres, M. Faurisson avait
spontanément manifesté le respect qu'il porte à
leur mémoire dans un long passage du film
vidéoscopique concu spécialement pour la cour
mais que celle-ci n'a pas cru devoir se faire
projeter. Il se trouve, par hasard, que dans ce
passage M. Faurisson répondait en quelque sorte
d'avance, point par point, à ce que les
magistrats exigent de lui. Il déclarait en effet:
Ce qui a
vraiment existé, ce sont les persécutions
contre les Juifs et contre d'autres: cela,
c'est la vérité. Ce qui est vrai, c'est
qu'une partie des Juifs européens ont été
déportés vers les camps. C'est vrai, en
particulier, pour les Juifs qui étaient
établis en France: le quart d'entre eux ont
été déportés, les trois quarts des Juifs
installés en France n'ont pas été déportés.
Il est également vrai qu'il a existé des
camps de travail forcé et des camps de
concentration. Il est vrai que certains de
ces camps ne différaient guère des bagnes.
Je dois dire
que, pour tous ceux qui ont eu à subir ces
souffrances, j'ai du respect et de la
compassion, et je vous demande de me croire.
Parlant de M.
Faurisson, la cour dit qu'"en dépit du caractère
partiel de ses travaux, son "révisionnisme",
qu'il oppose à "la cause des exterminationnistes",
peut faire figure d'une tentative de
réhabilitation globale des criminels de guerre
nazis". Il semble que la cour, par les mots "caractère
partiel de ses travaux" ait voulu faire allusion
une fois de plus à la partie des travaux du
professeur qu'elle considère comme scientifique.
Pour le reste, la cour n'est pas bien sûre de
son assertion, puisqu'elle écrit "peut faire
figure" et non pas "fait figure", -- ce qui,
d'ailleurs, marquerait déjà une hésitation. Elle
n'envisage qu'une hypothèse, l'hypothèse
fâcheuse pour M. Faurisson, qu'elle n'appuie
d'aucun argument, d'aucune citation. Elle serait
bien en peine de fournir une citation, vu que M.
Faurisson n'a jamais dit ou insinué rien de tel;
bien au contraire.
6. M.
Faurisson est blessant, outrageant, dangereux.
Le cinquième et
dernier alinéa de la page 10 de l'arrêt tire des
conclusions des quatre alinéas précédents, mais
ces conclusions ne peuvent être que contestables,
puisque, aussi bien, ainsi que nous venons de le
voir, les prémisses sont elles-mêmes déjà
contestables dans le fond et incertaines dans la
formulation.
L'une de ces
conclusions contestables est que M. Faurisson
aurait ainsi des positions blessantes pour les
survivants et outrageantes pour les morts. Les
positions auxquelles fait allusion la cour ne
sont pas en fait celles du professeur: on les
lui prête abusivement pour, ensuite, les
condamner. La cour en vient à parler de ce
qu'elle appelle le grand public; ce grand public
semble devoir être différent du public restreint
qu'évoquait la cour quand elle écrivait que la
valeur des conclusions du professeur sur les
chambres à gaz relevait de la seule appréciation
des experts, des historiens et du public.
D'après les magistrats, par la faute du
professeur, le grand public se trouverait incité
à méconnaître les souffrances des victimes des
Allemands, sinon à les mettre en doute. Selon la
cour, ces positions de M. Faurisson (en réalité:
ces positions prêtées à M. Faurisson) seraient
évidemment de nature à provoquer de
l'agressivité contre tous ceux qui se
trouveraient ainsi implicitement accusés de
mensonge et d'imposture. Ici, la cour ignore ou
affecte d'ignorer que, dans ses conclusions
écrites, le professeur déclarait, par
l'intermédiaire de ses avocats et de son avoué:
Le Professeur
Faurisson tient à rappeler une fois de plus que
dans cette affaire [du mythe des chambres à gaz
et du génocide] on compte en définitive très peu
de menteurs et une masse considérable de
victimes d'un grand mensonge.
Dans l'hypothèse
où M. Faurisson aurait raison de parler d'un
mensonge historique -- hypothèse que la cour ne
rejette pas du tout, mais dont elle ne songe pas
à tirer des conséquences -- ne faudrait-il pas
savoir trouver un mot, sinon plusieurs mots,
pour marquer notre respect aux victimes du
mensonge? Et ne conviendrait-il pas de formuler
le voeu, pour ces victimes et pour tout le monde,
que cet énorme mensonge soit dénoncé comme il le
mérite?
Dans les
conclusions communiquées à la cour, M. Faurisson
posait la question en ces termes:
Si l'on
pense que certaines vérités sont dures à
entendre et peuvent froisser certaines
personnes, ne faut-il pas penser, aussi, que
le mensonge ne peut survivre sans faire de
mal?
C'est une
singularité de cet arrêt que la cour,
envisageant clairement que les chambres à gaz
puissent être mythiques, ne se soit pas
interrogée sur le caractère blessant et
outrageant des accusations portées contre le
peuple allemand au nom de la prétendue existence
de ces abominables abattoirs scientifiquement
concus, réalisés et utilisés pour tuer des
quantités industrielles d'hommes, de femmes et
d'enfants.
***********
Premières
réactions
AU terme d'un
marathon judiciaire de quatre ans, la première
chambre, section A, de la cour d'appel de Paris a
rendu son arrêt le 26 avril 1983.'
Une
réaction de la L.I.C.R.A.
Aujourd'hui le
silence de la L.I.C.R.A. contraste avec le fracas
dont elle avait accompagné son assignation du
professeur devant le tribunal de grande instance de
Paris. Ce silence n'a été rompu que par un bref
article paru dans Le Droit de vivre du mois
de mai 1983 (p. 4), dont voici le texte:
CONDAMNATION CONFIRMEE EN APPEL
POUR FAURISSON
La première
chambre de la cour d'appel de Paris vient de
confirmer le verdict de juillet 1981 du tribunal
de grande instance reconnaissant Faurisson
coupable d'avoir "insulté la mémoire des
victimes du nazisme".
Il a été
condamné à payer 1 franc de dommages et intérêts
à la L.I.C.R.A. et à plusieurs associations de
déportés et d'anciens résistants.
En dépit du
caractère purement symbolique de ce verdict, ces
associations considèrent qu'il s'agit d'une
victoire importante, car il vient rappeler la
véritable nature et la réalité de l'holocauste.
En effet, la cour d'appel a souligné que le
défendeur essayait de nier l'existence des
atrocités commises pendant la guerre ainsi que
l'holocauste et "qu'il n'a jamais su trouver un
mot pour marquer son respect aux victimes".
Rappelons que
Robert Faurisson nie farouchement l'existence
des camps de concentration nazis et des chambres
à gaz. Il avait fait maintes déclarations dans
ce sens et a exposé ses théories dans de
nombreux écrits.
La cour l'a
également condamné à payer aux plaignants les
frais légaux qui s'élèvent à 14.000 F.
Nous rappelons que
M. Faurisson n'a jamais nié l'existence des camps de
concentration et que, comme l'annoncait en page de
couverture et en gros caractères le Droit de vivre
de mars 1979, il était assigné par la L.I.C.R.A.
pour "falsification de l'Histoire"; pour reprendre
exactement les termes de l'assignation, il était
accusé d'avoir "volontairement faussé la
présentation de l'Histoire".
Or, la cour a
clairement repoussé cette accusation.
L'échec de la
L.I.C.R.A., du M.R.A.P. et des sept autres
associations est d'autant plus net qu'à travers le
procès intenté au professeur, on voulait empêcher le
débat sur le problème des chambres à gaz de devenir
public.
L'arrêt de la cour
va exactement dans le sens inverse En effet, tenant
compte du sérieux des travaux du professeur sur le
problème des chambres à gaz et le problème des
témoignages, la cour prononce:
"La valeur des
conclusions défendues par M. Faurisson relève
donc de la seule appréciation des experts, des
historiens et du public."
Une
réaction de Simone
Veil
DURANT les quatre
années où M. Faurisson a eu à se défendre sur le
plan judiciaire, Simone
Veil a fait de nombreuses déclarations à propos
de l'affaire Faurisson.
Le 7 mai 1983,
c'est-à-dire, deux semaines après la publication de
l'arrêt, Simone
Veil déclarait dans l'"interview-événement"
susmentionnée, publiée sous le titre: "La mise en
garde de Simone
Veil à propos des carnets de Hitler: "On risque
de banaliser le génocide"":
Ce qui me frappe
aujourd'hui, c'est le paradoxe de la situation: on
publie un journal attribué à Hitler avec grand
renfort de publicité et beaucoup d'argent sans,
semble-t-il, prendre de grandes précautions pour
s'assurer de son authenticité, mais, dans le même
temps, au cours d'un procès intenté à Faurisson pour
avoir nié l'existence des chambres à gaz, ceux qui
intentent le procès sont contraints d'apporter la
preuve formelle de la réalité des chambres à gaz. Or
chacun sait que les nazis ont détruit ces chambres à
gaz et supprimé systématiquement tous les témoins.
"Chacun sait" n'est
pas un argument sérieux:
Il est paradoxal que
Simone
Veil, magistrat de formation, s'étonne de ce
qu'on demande à un accusateur de fournir la preuve
de son accusation. Les avocats de la partie adverse,
parmi lesquels figurait un fils de Simone Veil,
avaient pendant quatre ans soutenu qu'il existait
une foule de preuves et une abondance de témoignages
sur l'existence des chambres à gaz. Selon une
déclaration de M. Jean
Pierre-Bloch, "les meilleurs avocats" de la
L.I.C.R.A "maîtres
Jouanneau,
Badinter et Marc Lévy" avaient été envoyés en
Pologne et en Israel pour recueillir de telles
preuves. Le tribunal et la cour avaient été inondés
d'un flot de pièces. La partie adverse avait demandé
et obtenu communication par la direction de la
justice militaire francaise d'un énorme dossier:
celui d'un des procès du Struthof. Le Professeur
Faurisson avait démontré le caractère fallacieux de
ces prétendues preuves et de ces prétendus
témoignages. La parade que croit trouver Simone
Veil à cette absence de preuves et de témoins
est illusoire. Elle consiste à substituer à une
accusation sans preuve une autre accusation tout
aussi dénuée de preuves, car où sont les preuves que
les Allemands aient détruit ces chambres à gaz et
supprimé systématiquement tous les témoins? D'autre
part, que pense maintenant Simone
Veil des locaux encore aujourd'hui présentés
comme chambres à gaz "en état d'origine" ou même à
l'état de ruines et quel crédit accorde-t-elle aux
innombrables témoignages écrits et oraux, à
commencer par celui de Filip
Muller, intitulé Trois ans dans une chambre à
gaz d'Auschwitz, qui a obtenu à l'unanimité des
votants le prix Bernard Lecache décerné par la
L.I.C.R.A.?
Enfin, s'il n'y a ni
preuves, ni témoins, devant quoi se trouve-t-on?
************
CONCLUSION
LE Professeur
Faurisson n'est donc pas un falsificateur. Si pour
démontrer que les chambres à gaz sont mythiques, il
a pendant quatre ans utilisé des arguments et des
documents sans se rendre coupable de légèreté, de
négligence, d'ignorance délibérée, de mauvaise foi,
de mensonge et de falsification, il serait
intéressant de savoir comment ont travaillé pendant
près de quarante ans (1945-1983) ceux qui, de leur
côté, soutiennent que les chambres à gaz ont existé.
Dans les pièces communiquées aux tribunaux et
notamment dans son Mémoire en défense, M.
Faurisson avait produit un grand nombre d'exemples
de ce qu'il tenait pour des supercheries de la
partie adverse. Ces supercheries portaient sur des
textes, des photographies et des traductions. La
cour n'en souffle pas mot dans son arrêt. On peut le
regretter. Il aurait été intéressant d'avoir son
opinion sur le sujet. D'une facon plus générale, la
cour reste muette sur la valeur du monceau de
preuves que la L.I.C.R.A. invoquait à l'appui de la
thèse de l'existence des chambres à gaz et du
génocide.
Trois faits
contemporains de l'action judiciaire, portés à la
connaissance de la cour par les avocats de M.
Faurisson, ont pu influer sur la décision des
magistrats de ne pas cautionner la thèse de
l'existence des chambres à gaz:
- la création, le
21 avril 1982, de l'A.S.S.A.G., association qui
se donnait pour objet la recherche des preuves
de gazages homicides sous le régime
national-socialiste mais qui n'a jamais dépassé
le stade du dépôt de ses statuts;
- l'abandon, en
mai 1982, à la suite d'un texte du Professeur
Faurisson, d'une importante "Exposition de la
déportation 1933-1945" qui était appelée à
parcourir la France entière après son
inauguration à Paris sur l'esplanade du
Trocadéro; les exposants n'avaient pu produire
aucune preuve -- sinon quelques preuves
fallacieuses -- de l'existence de chambres à gaz
homicides;
- le fiasco du
colloque international qui s'était tenu à la
Sorbonne, du 29 juin au 2 juillet 1982, sur "L'Allemagne
nazie et l'extermination des Juifs".
Cet arrêt du 26
avril 1983 marque une importante étape dans les
progrès que depuis 1978 les tenants d'une révision
de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ne
cessent de faire, en France comme à l'étranger.
M. Faurisson et ses
sept intervenants volontaires, en particulier M.
Pierre Guillaume, se sont trouvés devant la plus
forte coalition d'intérêts divers qu'une école de
pensée historique ait peut-être jamais rencontrée.
Malgré la faiblesse de leurs moyens matériels et
malgré les obstacles rencontrés de toutes parts, ils
ont fait front sur tous les plans, à commencer par
le plan judiciaire grâce, en bonne partie, au
courage et au désintéressement de quelques avocats.
Cet arrêt leur aura
permis de marquer au moins deux points:
1. Il n'est plus
permis de traiter le Professeur Faurisson et ses
intervenants, comme on l'a fait de toutes parts
pendant plus de quatre ans, de menteurs, de
faussaires, de falsificateurs, ou encore de les
accuser de mauvaise foi, de légèreté, de
négligence et d'ignorance délibérée.
2. Il est
désormais permis, en se fondant sur les travaux
du Professeur Faurisson, de dire que les
chambres à gaz homicides des Allemands n'ont pas
eu d'existence dans la réalité et de suspecter
tous les témoignages émis en sens contraire
depuis tant d'années; ces opinions peuvent être
émises sous réserve de marquer, encore mieux que
ne l'a fait le professeur, du respect pour les
victimes des persécutions et des déportations,
et à condition de veiller, avec encore plus de
soin qu'il n'en a eu, à ne paraître outrageant
ou blessant pour personne.
|
Sarkozy,
lors du dîner du
Crif,
13 février 2008
Propadande médiatique juive...
Le professeur Faurisson face au conrôle douanier
juif dans les aéroports: - "Quelles sont les idées que vous transportez ?"
Dompter l´opnion occidentale...
Le pouvoir juif aux "négociationx" de paix...
Enfin... Israël a trouvé un "Palestinien"
acceptable pour "négocier"...
Rusé et déguisé
en "catholique", Les aventures de Rabi Sarko en France....
"À
tous les Ânes qui m´ont élu..."
Après sa capitulation "préventive" face
aux USA, le nouveau drapeau "vert" de Kaddafi...
Les frontières "mobiles" d´Israël
|
|
Juivre
ou
mourir
Sarkozy:
prédicateur
juif
ou
ambassadeur
d´Israël ?
La
"réponse" de la
"démocratie" juive "Crifienne" à un libre pensseur
français:
Garde à
vue et perquisition
!!
... et ...
aggressions
Et commment
Un
grand
menteur
juif fait une
belle carrière
Et un autre grand menteur
devient président !!
Un grand
héro
Faurisson Sauvagement aggressé par
des terroristes
juif
Un grand
idéaliste
Le harem
de Sarko
Le
pouvoir
juif
Le juif
Sarko
Président
juif
Gouvernement
juif
Nous avons maintenant
un président
juif
-
Ségo
ou
Sarko?
Police juive
de la
pensée
Histoire
du brouillard
Résistance
Sarko dans
timbre
israelien
Céline
et le mensonge
du siécle
La
mafia
menace...
Sarko et
son Harem
Les libertés
Bienvenue
en Sarköland
Carla
Carla
Terrorisme
juif
Générer des Kamikaz
Résistance
islamique
La Tragédie
Terrorisme
juif
Bonheur juif,
larmes russes
Débat
sur
Radio Islam
Kissinger
conseillers
du Pape !
Pape contre
la résistance
Caricatures «danoises»
Guerres
pour Israël
Protocols
de Sion
Application
des Protocols
Le juif
international
Histoire
juive
Mythes
juifs
Aux
musulmans
de France
Guerre
totale
Maroc
occupé
Le Roi
est nu
Divers-
Sarko
Jagger, amant
de Carla
Sarkozy,
danger
majeur
Carla
Résistance
Klarsfeld, le
soldat
juif israelien,
"Amiego"
de Sarko
Carla toute nue
Carla
Le juif Perez
&Carla-Bruni
La
tyrannie
juive
La synthèse
Juive
de Sarko
Les vraies présidentielles
Larmes
de Sakro
crocodile
Carla
avec un amant
Lavage de serveaux
Carla nue
Cecilia avec son amant juif
Richard Attias
Excès
de
zèle
pro-juif
Les juifs
forment le Gouvernement
Cecilia et
Hollande...
Bons baisers
de sion
Entre juifs:
avec Holland:
Je suis cocu...
je suis
content...
Le vrai gouvernement
en France
Résistance
en exil
La France
a perdu une
bataille
Sarko
aggrave les problèmes
Carla et son
amant Perez
Kouchner
jugé
par
l'abbé
Pierre
...est trop
longue...
Trahison
de Judas
Rama Yadé
Sarko
Dati et Yadé
Carla avec...
un autre amant...
Carla
Carla
Sarkozy:
prédicateur
juif
ou
ambassadeur
d´Israël ?
La
"réponse" de la
"démocratie" juive "Crifienne" à un libre pensseur
français:
Garde à
vue et perquisition
!!
... et ...
aggressions
Et commment
Un
grand
menteur
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belle carrière
Et un autre grand menteur
devient président !!
Un grand
héro
Faurisson Sauvagement aggressé par
des terroristes
juif
Un grand
idéaliste
Le harem
de Sarko
Le
pouvoir
juif
Le juif
Sarko
Président
juif
Gouvernement
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Nous avons maintenant
un président
juif
-
Ségo
ou
Sarko?
Police juive
de la
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Histoire
du brouillard
Résistance
Sarko dans
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israelien
Céline
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La
mafia
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Sarko et
son Harem
Les libertés
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Carla
Carla
Terrorisme
juif
Générer des Kamikaz
Résistance
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Radio Islam
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Protocols
de Sion
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Le juif
international
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juive
Mythes
juifs
Aux
musulmans
de France
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Le Roi
est nu
Divers-
Sarko
Jagger, amant
de Carla
Sarkozy,
danger
majeur
Carla
Résistance
Klarsfeld, le
soldat
juif israelien,
"Amiego"
de Sarko
Carla toute nue
Carla
Le juif Perez
&Carla-Bruni
La
tyrannie
juive
La synthèse
Juive
de Sarko
Les vraies présidentielles
Larmes
de Sakro
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Carla
avec un amant
Lavage de serveaux
Carla nue
Cecilia avec son amant juif
Richard Attias
Excès
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zèle
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Les juifs
forment le Gouvernement
Cecilia et
Hollande...
Bons baisers
de sion
Entre juifs:
avec Holland:
Je suis cocu...
je suis
content...
Le vrai gouvernement
en France
Résistance
en exil
La France
a perdu une
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Sarko
aggrave les problèmes
Carla et son
amant Perez
Kouchner
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par
l'abbé
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...est trop
longue...
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Rama Yadé
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Dati et Yadé
Carla avec...
un autre amant...
Carla
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juif
ou
ambassadeur
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"réponse" de la
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Garde à
vue et perquisition
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menteur
juif fait une
belle carrière
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