Visite à Léon Degrelle
(Bouillon, Belgique 1906
- Malaga 1994)
Par:
Robert Brasillach
Vous avez su, ma chère Angèle, que
j'ai passé en Belgique la semaine où
les cafés parisiens ont fait grève,
non point, comme vous semblez
l'insinuer, par un amour immodéré de
la bière belge, laquelle est
excellente, ni pour placer en des
banques sûres des capitaux que je
n'ai pas. Je vous raconterai quelque
jour ce voyage, mais il faut d'abord
que je réponde à la question un peu
anxieuse que vous me posez:
"Avez-vous vu Léon Degrelle?" Je
reconnais bien là l'illogisme
charmant de votre coeur et de votre
esprit: vous aimez le Front
populaire, et vous levez volontiers,
au thé de vos amies, un poing
d'ailleurs menu et délicieux, mais
vous êtes sensible aux meneurs
d'hommes, et le dernier-né de ces
chefs, secrètement, ne vous déplaît
pas.
Eh bien, rassurez-vous, ma chère
Angèle, j'ai vu l'homme dont vous me
parlez. J'aurais, je l'avoue,
quelque scrupule à vous le décrire,
si je m'adressais à une autre: les
Français sont assez maladroits à
parler des choses de Belgique, et
j'aurais peur de me tromper. J'ai lu
dans le journal Rex un pastiche fort
malicieux: le récit d'une entrevue
avec Léon Degrelle par un
journaliste parisien de grande
information. Croyez-moi, c'était
tout à fait cela: mais j'aimerais
autant ne pas être ce journaliste.
J'ai donc vu Léon Degrelle, le jour
exact où il atteignait sa trentième
année, le 15 juin dernier. Ce jeune
chef, à vrai dire, ne parait même
pas beaucoup plus de vingt-cinq ans.
Et ce qu'il faut avouer d'abord,
c'est que, devant ce garçon
vigoureux, entouré d'autres garçons
aussi jeunes, on ne peut se défendre
d'une assez amère mélancolie. On a
cru déconsidérer Rex en l'appelant
un mouvement de gamins. Aujourd'hui,
il y a autour de Léon Degrelle des
hommes de tout âge, et la seule
jeunesse qui importe est celle de
l'esprit. Mais l'essentiel reste
dans la jeunesse réelle, la jeunesse
physique des animateurs, qui s'est
communiquée à tout l'ensemble.
Hélas! ma chère Angèle, quand
aurons-nous en France un mouvement
de gamins ?
A d'autres observateurs plus âgés,
peut-être, après tout, les bureaux
de Rex seraient-ils pénibles, comme
ces bureaux du quotidien Le Pays
Réel où j'irai tout à l'heure
acheter quelques brochures et cet
insigne rexiste par quoi j'étonne
les passants, à Paris. J'ai déjà vu
de ces permanences d'étudiants,
désordonnées, vivantes, où semblent
régner la blague et l'humour. Et
puis, on se dit que ces étudiants
ont derrière eux des centaines de
milliers d'hommes, qu'on les écoute,
qu'ils peuvent être l'aube d'une
très grande chose, et que nous
avons, en tout cas, beaucoup à
apprendre d'eux.
Je vois s'avancer vers moi ce jeune
homme agile, bien portant, dont les
yeux brillent si joyeusement dans un
visage plein. Il me parle de sa
grosse voix faite pour les foules,
éclatante mais naturelle. Je ne sais
pas encore ce qu'il me dit, ce qu'il
vaut: je sais seulement qu'il
respire une joie de vivre, un amour
de la vie, et en même temps un désir
d'améliorer cette vie pour tous, de
combattre, qui sont déjà choses
admirables. Je ne crois pas, ma
chère Angèle, qu'il y ait de grands
chefs sans une sorte d'animalité
assez puissante, de rayonnement
physique. J'ignore si Léon Degrelle
a d'autres qualités: il a d'abord
celles-là.
I1 en a d'autres aussi visibles
d'ailleurs et tout aussi
instinctives.
- Je ne suis pas un théoricien
politique, dit-il avec force. La
politique, c'est une chose qui se
sent, c'est un instinct. Si on n'a
pas cet instinct, il est inutile de
chercher quoi que ce soit. Mais bien
sûr, il faut travailler, il faut
faire des efforts. I1 y a plusieurs
années que nous nous faisons
connaître. I1 ne vient pas en un
jour, l'été.
Comme cette phrase semble lui
convenir, cette vision saisonnière
de la politique, cette grande façon
de sentir le vent, de chercher le
courant charnel des choses. C'est
par là que Léon Degrelle a touché
tant d'esprits en Belgique, et même
au-delà des frontières. Il a
cristallisé dans Rex non point des
idées, mais des tendances. Tendances
qui sont traduites d'ailleurs dans
le détail d'une manière beaucoup
plus précise qu'on ne le croit. Car
c'est justement parce qu'il se méfie
de l'abstraction, et qu'il a des
réclamations de détail que Rex a du
succès: c'est le détail qui est
notre vie quotidienne, et non le
général, et les femmes, ma chère
Angèle, devraient comprendre cela.
- C'est ce que les partis de droite,
en France comme en Belgique, n'ont
pas su voir, me dit-il. Ils ont un
programme social, bien sûr, mais
jamais ils ne l'appliquent à la vie.
Ils ignorent cette vie. La seule
classe qui ait une éducation
politique, bonne ou mauvaise, c'est
la classe ouvrière: c'est la seule
qui assiste à des réunions, qui lise
des journaux, qui sache réclamer ce
qu'elle veut. Les partis de droite
se sont exclus de cette
participation du peuple à la vie. Et
sans le peuple, voyons, que
voulez-vous faire?
Seulement, pour cela, il faut
commencer par comprendre.
"Notre mouvement est un mouvement
populaire. I1 ne faut pas croire que
ce sont les socialistes qui font
quelque chose pour les ouvriers. La
semaine de quarante heures? Elle
existe depuis deux ans en Italie. Et
à partir de l'an prochain, en
Allemagne, on va emmener les
ouvriers en croisière de trois
semaines, aux Canaries, aux Açores,
sur des bateaux aménagés pour eux.
Ce sont les régimes d'autorité qui
instituent des fêtes du travail, qui
font comprendre sa dignité à
l'ouvrier. Voilà pourquoi il vient à
nous."
Et il se met à rire, soudain, avec
cette jeunesse qui ne l'abandonne
jamais.
- Ah! les communistes sont furieux!
Ils ne peuvent plus organiser de
réunions, ils sont obligés de venir
porter la contradiction aux nôtres.
Le drapeau rouge? C'est notre
drapeau! Le Front populaire? Il n'y
en a qu'un en Belgique: "Le Front
populaire Rex".
L'Internationale? Nous la chantons -
avec d'autres paroles. Les grèves?
Nous revendiquons tout ce que
demandent les ouvriers. Je vais
déposer une proposition de loi pour
l'augmentation des salaires de 10%.
Seulement, pas de démagogie: il faut
en même temps déposer une
proposition pour augmenter les
recettes du même chiffre.
Devenu plus grave, il ajoute:
- L'important., c'est l'esprit dans
lequel tout est fait. Lors d'une
catastrophe dans nos mines, notre
roi Albert a demandé à un ouvrier:
"Que voulez-vous?" Et l'ouvrier a
répondu: "Nous voulons qu'on nous
respecte." Voilà l'essentiel. Voilà
ce que ne comprennent pas les partis
de droite, ni chez vous ni chez
nous.
Léon Degrelle s'est mis à marcher
dans son bureau. I1 a une sorte de
colère contre toute cette
incompréhension des hommes de
droite, des hommes de gauche, toutes
ces vieilles formules, tout ce qui
irrite, à l'intérieur de toutes les
frontières, à la même heure, tant de
jeunes gens. Pêle-mêle, il
m'explique ses projets, où se
marient si curieusement le
corporatisme moderne, les principes
chrétiens. Il veut créer un service
social pour les femmes, envoyer en
journée chez les malades, les
accouchées, des jeunes filles
bourgeoises, il veut faire aimer
leur travail à tous ceux qui
travaillent. Et peut-être, sur
certains principes économiques, des
spécialistes auraient-ils à
discuter. Je ne suis pas
spécialiste, je ne suis pas venu
pour discuter. Pas plus que je ne
discuterais (en aurais-je le droit?)
la politique proprement belge de
Léon Degrelle, flamingante en
Flandre, wallonne en Wallonie. Qui
sait si elle ne sauvera pas la
Belgique? Tout ce qui me touche est
ce journal qu'il me tend, le numéro
d'aujourd'hui du Pays Réel:
"Travailleurs de toutes les classes,
unissez-vous!" puis-je lire en
titre. C'est l'accent direct, le
vocabulaire neuf de ce parti de
gamins. On peut en penser tout ce
qu'on voudra, on les sent proches de
soi.
Et puis, la Révolution de Léon
Degrelle est une Révolution morale.
I1 n'y en a point d'un autre ordre.
Léon Degrelle veut ranimer les hauts
sentiments, l'amour du roi, l'amour
de la nation, aider la famille,
accorder le bonheur terrestre,
autant qu'il se peut, à celui qui
travaille. C'est ce qu'ont fait
Mussolini ou Salazar. Qu'on ne
s'étonne pas s'il soulève autour de
lui tant d'espérances, et aussi tant
de haines. Nous parlons ensuite de
la France, de sa culture, envers qui
il reconnait tant de dettes, de ses
hommes, du désir que doit avoir tout
civilisé de voir notre pays sortir
de ses formules usées et de ses
dangereuses illusions. Je vois bien
que nos partis, quels qu'ils soient,
ne disent rien qui vaille à ce jeune
homme violent et direct. "I1 n'y a
qu'un parti à droite qui sait ce
qu'il veut chez vous, me dit-il,
c'est l'Action française". Et il
ajoute: "Naturellement, nous avons
tous lu Maurras". Puis il retourne à
son amour de l'action, à ses
réunions immenses, à ses projets
matériels, qu'enflamme un grand
espoir. Soudain, il s'arrête encore,
revient à la France, pour me jeter:
"I1 est possible que vous n'ayez
qu'un homme, en France, dans le
personnel politique proprement dit:
c'est Doriot."
Pourquoi vous cacherais-je, ma chère
Angèle, que j'ai quitté Léon
Degrelle avec une certaine amertume.
L'autre semaine, j'étais à la
Chambre, devant des fossiles jeunes
et vieux. Ici, il y aurait peut-être
beaucoup à discuter, et bien des
points demeurent encore obscurs dans
ce rexisme, même après avoir lu les
livres de ses jeunes docteurs. Je ne
veux rien juger sur une heure de
temps. Mais il n'y a pas au monde
seulement les livres. Cette
jeunesse, morale et physique, cette
assemblée de jeunes gens qui
semblent presque s'amuser à
construire un univers, et qui, en
fait, travaillent avec acharnement,
parlent, écrivent, se battent,
courent sans cesse sur les routes et
dans les trains, s'arrêtent aux
moindres villages, et dorment deux
ou trois heures par jour, mais sans
jamais abandonner leur joie, tout
cela, pourquoi ne le dirais-je pas?
m'émerveille et m'attriste. De
toutes les tendances confuses qui
agitent la France ne pourrait-il
sortir quelque jeunesse enfin?
Je ne sais pas ce que fera Léon
Degrelle, et je ne suis pas prophète
comme M. Blum. Mais croyez-moi, ma
chère Angèle, il est assez émouvant
de s'arrêter au seuil de quelque
chose qui commence, qui est encore
menacé par tant de dangers, de
regarder une espérance qui commence
à germer - et, ma foi, même si nous
ne devions pas tout en aimer dans
l'avenir - de l'envier.
Robert BRASILLACH
(Je Suis Partout, 20 juin 1936.)
Homme politique, écrivain, directeur de
presse et journaliste belge, ancien combattant du
front de l'est,
Obersturmbannführer des Waffen S.S.,
volksführer de Wallonie Léon Degrelle est le fondateur du
rexisme, une idéologie au départ nationaliste
belge, qui, durant la guerre, se
rapprocha du
national-socialisme.
Avant la guerre
Léon Degrelle fut fortement influencé par l'œuvre
et la pensée de
Maurras. Il étudia le droit à l'Université
Catholique de Louvain, mais ne termina pas ses
études. Il fut durant l'année scolaire 1927-1928 le
secrétaire de rédaction d'une revue d'action
wallonne appellée L'Avant-Garde.
Il est à noter que cette revue ne fit plus partie du
mouvement wallon lorsqu'elle fit retour à
l'unitarisme belge, ce qui provoqua la création du
journal
L'Ergot, organe de la Fédération wallonne des
étudiants de Louvain, qui lui resta ouvert à la
discussion sur le fédéralisme.
Après ses études, il devint directeur en
1930 de la maison d'édition
Christus-Rex, maison dépendant de l'Action
catholique. Issu d'un milieu conservateur, il se
radicalisa assez rapidement.
Degrelle fonde, en
1932, la revue nationaliste
Rex, qui se transforme progressivement en
instrument d´information destiné à la diffusion de
son idéologie: le
rexisme. Le parti politique
Rex, très influencé par
Mussolini (Degrelle a
rencontré plusieurs fois
Mussolini.) À la tête du quotidien
Le Pays Réel, il réussit à faire élire 21
députés
Rexistes lors des élections législatives du 24
mai
1936.
Léon Degrelle et les
problèmes communautaires
Parmi les élus de Rex on relève deux militants
wallons notoires :
Paul Collet, membre de l'Assemblée
wallonne, et
Joseph Mignolet, écrivain patoisant wallon, qui
resta chef de Rex-Liège jusqu'en 1943.
Le 10 avril
1937, le Pays Réel publiait un
accord entre Degrelle et
Staf De Clercq, président du
Vlaamsch Nationaal Verbond qui était titré «Rex
défend le programme suivant: la transformation du
régime unitaire belge en un Etat fédéral».
Lors des élections législatives de 1939, Degrelle est élu député de Bruxelles.
Le succès de Rex
reposait pour une grande part sur son programe
radicale. De nombreux votes rexistes
provenaient de membres patriotes de la classe
moyenne, victimes de la dépression, qui s'estimaient
également victimes des politiciens. Mais il n'y avait pas de place aux côtés du
Roi, pour un leader charismatique et
révolutionnaire. Degrelle se rangea pendant la Deuxième Guerre
mondiale aux côtés des nationaux socialistes
allemands. Il créa la Légion Walonne
et se rendit lui-même au front de l'Est. Degrelle,
se mit à
proclamer que les Wallons et les Français du Nord,
bien que romanisés, étaient en fait, eux aussi, des
Germains.
La stratégie politique de la part de Léon Degrelle
en faveur d'une fédéralisation de la Belgique semble
s'inscrire dans la tradition du
Mouvement wallon ou, plus largement, dans la
manière dont les Wallons réagirent au
Mouvement flamand. Bien que depuis
18
avril
1898, la
loi Coremans-De Vriendt dite «Loi d'égalité»
n'ait pas réellement donné un statut de langue
officielle au néerlandais jusqu'alors réservé à la
langue française, égal au statut de celle-ci, la
menace est perçue. Pour une certaine
partie des wallons il devient impossible de
faire carrière en Flandre sans être bilingue. Plus
fondamentalement, pour le monde politique wallon, il
s'agit d'échapper à une minorisation tant politique
que linguistique (les Flamands sont plus nombreux),
en revendiquant l'autonomie de la
Wallonie au sein de la Belgique: c'était la
Flandre catholique qui maintenait en selle le
gouvernement catholique, alors que le verdict des
urnes était tout différent dans la Wallonie de
gauche.
La guerre et
l'engagement
ans la Waffen-SS
Après l'occupation de la Belgique,un vif débat se
déclancha au sein du parti rexiste sur la forme de
résistance à tenir.
Degrelle fut rrêté le
10
mai
1940 comme suspect, il est emmené en
France, et échappe de peu au
massacre d'Abbeville. Il
est libéré au début de l'Occupation. Il retourne en
Belgique et tente alors d'engager le
rexisme dans une collaboration plus étroite avec
le
national socialisme allemand. Le
21 juin
1941, lorsque commence l'invasion de l'URSS,
Degrelle décide de s'engager dans la guerre contre
l’URSS. Il rejoint à cet effet la
Légion Wallonie (mise sur pied par
Fernand Rouleau), qui combat au sein de la
Heer (armée de terre - août 1941 - juin 1943),
puis des
Waffen-SS (juin 1943-mai 1945) sur le
front russe. Parti comme simple soldat, il gagne
ses galons, jusqu'à ceux de SS-Obersturmbannführer
(lieutenant-colonel) au début de 1945. Hitler l'avait également nommé
Volksführer der Wallonen (chef du peuple wallon)
en novembre 1944. Le
17 mars
1944,
Adolf Hitler le décore de la
Ritterkreuz (croix de fer), une des plus hautes
distinctions allemandes, à laquelle vient s'ajouter
les feuilles de chêne (août 1944).
Hitler a même dit à Degrelle que : « Si j'avais eu un fils,
j'aurais aimé qu'il fût comme vous."
L'exil en Espagne
À la fin du mois d'avril 1945, Léon Degrelle
gagne, avec son chauffeur et deux officiers de son
État-major (le Cpt
Robert du Welz et le Lt Charles Generet) le
Danemark puis la
Norvège, deux pays qui étaient alors toujours sous contrôle
allemand. Il atteint
Oslo, où le Gouverneur allemand
Joseph Terboven leur propose un
avion Heinkel
He 111 (celui du ministre allemand
Speer). Accompagné du capitaine
du Welz et de quatre membres d'équipage, Degrelle
survole la
Hollande, la
Belgique et la
France, sans être le moins du monde inquiété par
la chasse de nuit alliée. Le TQ+MU (immatriculation
du
Heinkel) finit par atterrir en catastrophe, en
panne d'essence, sur une plage de
Saint-Sébastien dans le nord de l'Espagne.
Seul Degrelle est blessé dans le crash (5
fractures). Il y trouve refuge; les demandes
d'extraditions n'aboutiront jamais.
Après la victoire des alliés sionistes sur
l´Allemagne Degrelle est jugé (pour "trahison"
envers eux et pour avoir été fidèle à son idéal et à
son psays) et
condamné à mort par
contumace. Comme tout Belge inculpé pour "faits
de collaboration" (art. 113, 114, 115, 116, 118bis,
119sq, 121bis du Code Pénal), les membres de la
famille Degrelle convaincus des mêmes préventions
ont été arrêtés, jugés et incarcérés.
Jusqu'à son dernier souffle, Léon Degrelle
exaltera les réalisations d'Hitler et de la
révolution national-socialiste. Il s'inscrira en outre dans la
mouvance révisionniste le mouvement de résistance
intellectuel contre la propagande juive, niant en particulier l'existence
et la matérialité du mythe juif de l'"holocaust".
Léon Degrelle s'éteint à l'âge de 87 ans dans la
soirée du jeudi
31 mars
1994 à la clinique de Parque de
San Antonio où il avait été admis le 10 mars 1994 en
raison d'insuffisance
cardiaque. Il est incinéré le lendemain et ses
cendres sont dispersées au-dessus de la Belgique par
un ancien capitaine de la
SS Wallonie.
Degrelle et Tintin
Degrelle a affirmé, dans une interview en 1981,
puis dans son ouvrage
Tintin mon copain, paru après son décès,
avoir inspiré le personnage de
Tintin à
Hergé.
Lorsque Degrelle publie Jeunes plumes et
vieilles barbes, il attire l'attention de
Monseigneur Schyrgens, dont l’article élogieux
incite l’abbé Wallez, pour son journal, à
l'embaucher. Il y rencontre Georges Rémi, qui n'est
pas encore Hergé.
Des photos de Degrelle en 1929 montrent la
similitude de traits avec le petit reporter.
En
1931, Degrelle publie la brochure Histoire de
la
guerre scolaire illustrée par
Hergé en personne. Ce livre est un triomphe :
100 000 exemplaires sont vendus en quelques mois.
Hergé avait illustré également Les grandes farces
de Louvain l'année précédente. En 1936, c'est
Hergé qui compose le logo du journal rexiste Le
pays réel. Le 2 avril 1936, la bande dessinée de
Quick et Flupke évoque la campagne électorale avec
une foule immense entrant dans une salle de cinéma
au-dessus de laquelle une grande banderole proclame
REX VAINCRA (le slogan de Rex). En 1937, Hergé
dessine le logo de l'hedomadaire rexiste L'Oasis
dirigé par le fameux Jam (Paul
Jamin, dessinateur du Petit XXème qui donna
ensuite dans la critique anti-juive). Ainsi, la parenté
idéologique entre Hergé et Degrelle est évidente.
Œuvres de Léon
Degrelle
- Léon Degrelle, Les flamingants,
Louvain, A l'Avant-Garde, 1928
- Léon Degrelle, Jeunes Plumes et Vieilles
Barbes de Belgique, Louvain, A
l'Avant-Garde, s.d. 1928
- Léon Degrelle, La Belle vie à Louvain,
Louvain, A l'Avant-Garde, 1928
- Léon Degrelle, Mon pays me fait mal,
Louvain, A la Nouvelle Équipe, 1928
- Léon Degrelle, Les taudis, Louvain,
Ed. Rex, 1930
- Léon Degrelle, Les tristesses d'hier,
Louvain, Ed. des jeunes auteurs, 1930
- Léon Degrelle, Les grandes farces de
Louvain, Louvain, Ed. Rex, 1930
- Léon Degrelle, Histoire de la Guerre
Scolaire 1879-1884, Louvain, Ed. Rex, 1930
- Léon Degrelle, Contre l'incinération ;
va-t-on, chez nous, rôtir les morts?,
Louvain, Ed. Rex, 1931
- Léon Degrelle, Méditations sur Louis
Boumal, Louvain, Ed. Rex, 1931
- Léon Degrelle, Vive le Roi! Pour le
centenaire de notre dynastie, Louvain, Ed.
Rex, 1931
- Léon Degrelle, Mes aventures au Mexique,
Louvain, Ed. Rex, 1933
- Léon Degrelle, Prière a Notre-Dame de la
Sagesse, Louvain, Ed. Rex, 1934
- Léon Degrelle, Rex et la Flandre,
Bruxelles, Ed. Rex, 1936
- Léon Degrelle, Philips, sénateur
catholique, commandeur de l'Ordre de Saint
Gregoire-le-Grand, banquier louche et faussaire
démasqué., Kessel-Loo, Ed. Degrelle, 1936
- Léon Degrelle, Le message de Rex,
Bruxelles, B.D.C.I., 1936
- Léon Degrelle, Face au danger,
Bruxelles, Ed. Rex, 1936
- Léon Degrelle, Mœurs de banksters rouges.
Les 300 millions de la Banque du Travail,
Coll. « J'accuse » n°3, 1936
- Léon Degrelle, Les voleurs de la banque
nationale, Bruxelles, Ed. Rex, 1937
- Léon Degrelle, Franck, Barmat, Van
Zeeland, Bruxelles, Ed. Rex, 1937
- Léon Degrelle, État d'âme, Bruxelles,
Ed. Rex, 1938
- Léon Degrelle, L'Affaire Sindic: que
répond Degrelle?, Bruxelles, Ed. Rex, 1939
- Léon Degrelle, J'accuse Marcel-Henri
Jaspar, menteur, pilleur et faussaire,
Bruxelles, Ed. Rex, 1939
- Léon Degrelle, Degrelle avait raison,
Bruxelles, Ed. Rex, 1941
- Léon Degrelle, La guerre en prison,
Bruxelles, Ignis, 1943
- Léon Degrelle, Feldpost, Bruxelles,
Ed. Rex, 1944
- Léon Degrelle, La campagne de Russie,
1941-1945, Le Cheval Ailé, 1949
- Léon Degrelle, Les âmes qui brulent,
À la feuille de Chêne, 1964
- Léon Degrelle, Front de l'est, 1941.1945,
La Table Ronde, 1969
- Léon Degrelle, Hitler pour mille ans,
La Table Ronde, 1969
- Léon Degrelle,
Tintin mon copain, Editions du Pélican
d'or, 1994
- Léon Degrelle, Lettre à Jean-Paul II
Série "Le siècle de Hitler" en plusieurs
volumes :
- I- Hitler, né à Versailles
- Léon Degrelle, Le traquenard de Sarajevo,
Arts et Histoire d'Europe, 1986
- Léon Degrelle, La pseudo-guerre du droit,
Arts et Histoire d'Europe, 1987
- Léon Degrelle, Les Tricheurs de
Versailles, Arts et Histoire d'Europe, 1988
- II- Le Hitler de la paix
- Léon Degrelle, Hitler démocrate (en
deux tomes), L'Homme Libre, 2002
- Léon Degrelle, Hitler, unificateur des
Allemands, L'Homme Libre, 2007
Selon la quatrième de couverture du premier
livre, la série "Le siècle de Hitler" prévoyait 20
volumes. Dans le troisième livre "Les Tricheurs de
Versailles", le nombre de volumes est ramené à 9
(dont 5 ont actuellement été publiés, on ne saurait
dire s'ils ont tous été terminés, puisque Degrelle
est décédé en mars 1994 et qu'il est fait mention
dans "Hitler démocrate" que ce volume, le quatrième,
a été rédigé en 1993).
Les volumes prévus non-édités et peut-être non
écrits sont les suivants :
- 6. Hitler, créateur du Grand Reich
- III- Le Hitler de la guerre
- 7. Hitler piégé à Dantzig
- 8. Hitler, génie militaire
- 9. Hitler et ses Waffen SS
Ouvrages consacrés à
Degrelle
- « Léon Degrelle et le rexisme, de
Pierre Daye», 1937
- « Léon Degrelle et l'avenir de Rex de
Robert Brasillach, 1936
- « Ainsi
parla Léon Degrelle » Par Wim Dannay
-édition en 13 volumes-(1973- éditeur
responsable: H. De Graer-81 Obberg-Wemmel)
- « Les
Wallons meurent à l'Est » d'Eddy De
Bruyne (1992,
ISBN 2-87088-740-X)
- « Dans
l'étau de Degrelle » d'Eddy De Bruyne
(1994,
ISBN 2-930011-11-4)
- « For
Rex and Belgium. Léon Degrelle and Walloon
Political & Military Collaboration 1940-1945
» d'Eddy De Bruyne&Marc Rikmenspoel (2004,
ISBN 1-87462232-9)
15
juin 1906
Naissance, à Bouillon (Belgique), de Léon Degrelle.
Léon Degrelle fut fortement influencé par l’oeuvre et la
pensée de Maurras. Il étudia le droit à l’Université
Catholique de Louvain, mais ne termina pas ses études.
Après ses études, il devint directeur en 1930, de la
maison d’édition Christus-Rex, maison dépendant de
l’Action catholique. Issu d’un milieu conservateur, il
se radicalisa assez rapidement et évolua vers des
positions anti-sionistes.
Fondateur, en 1932, de la revue Rex, cette dernière
ce transforma petit à petit en instrument d´information
pour diffuser son idéologie, un véritable mouvement
politique : le rexisme, parti très influencé par
Mussolini (Degrelle a rencontré plusieurs fois
Mussolini). En étant à la tête du quotidien le Pays
Réel, il réussit à faire élire 21 députés Rexiste lors
des élections législatives de 1936. Arrêté en 1940, il
fut emmené prisonnier en France, fut torturé mais
échappa de peu au massacre d’Abbeville.
Degrelle combattit plus tard en URSS. Il créa à cet
effet, en 1941, la légion Wallonie, qui combattit sur le
front russe. Parti comme simple grenadier, il gagna tous
ses galons, jusqu’à ceux de général et de Volksführer (il
fut promu général de brigade en 1944). À la fin du mois
d’avril 1945, Léon Degrelle abandonne la Légion Wallonie
(qui était resté hors de Berlin) et prend la fuite vers
le nord.
Il traverse le Danemark et la Norvège, deux
pays qui sont toujours sous contrôle allemand. Il
atteind Oslo, là il réquisitionne un avion léger (celui
du ministre allemand Speer). Avec cinq compagnons, il
survole une grande partie de l’Europe libérée avant
d’atterrir en catastrophe sur une plage de San Sebastian
dans le nord de l’Espagne.
Toute sa famille fut emprisonnée ou tout simplement
massacrée (son frère a été assassiné, ses soeur et
belle-soeur ont été emprisonnées, dont l’une avec son
bébé) notamment ses parents, âgés de 79 et 81 ans,
torturés à mort en prison. Il trouva refuge en Espagne
et les demandes d’extraditions n’aboutirent jamais,
ainsi que les tentatives d’enlèvements, la duchesse de
Valence allant jusqu’à menacer Franco de mort s’il
devait être extradé.
Léon Degrelle s’éteint à l’âge de
87 ans dans la soirée du jeudi 31 mars 1994 à la
clinique de Parque de San Antonio ou il avait été admis
le 10 mars 1994 en raison d’insuffisance cardiaque. Il est
incinéré le lendemain et ses cendres seront dispersées
au-dessus de la Belgique par un ancien capitaine de la
SS Wallonie, son corps ayant été interdit de retour sur
ordre du Roi.
Il affirme, dans son ouvrage Tintin mon copain, paru
après son décès, avoir inspiré le personnage de Tintin à
Hergé (Tintin mon copain, Editions du Pélican d’or).
Degrelle avait effectivement connu Hergé lorsqu’ils
étaient tous deux employés par le même journal, mais
selon plusieurs historiens de la bande dessinée, la
contribution de Degrelle à l’œuvre de Hergé se serait
limitée à ramener des États-Unis divers illustrés
américains qui influencèrent le style du dessinateur.
Des photos de Degrelle en 1929 montrent une certaine
similitude de traits avec le petit reporter.
Les racines ardennaises
de Léon
Degrelle
par Daniel Cologne
Léon Degrelle est issu d’une très
ancienne famille française dont l’arbre généalogique
porte trois fruits de la Compagnie de Jésus. Les
jésuites jouent un rôle important dans sa vie.
L’Institut Saint-Pierre de Bouillon (études
secondaires inférieures), le collège Notre-Dame de
la Paix de Namur (études secondaires supérieures),
les facultés universitaires namuroises et l’échec à
la candidature en philosophie et lettres : autant de
jalons d’un parcours estudiantin marqué par la rude
école des disciples d’Ignace de Loyola. C’est
finalement à l’Université de Louvain que Degrelle
devient candidat en philosophie et lettres, mais ces
deux années louvanistes (1926-1927), où il rêve déjà
d’une « autre Belgique » et de « remodeler le
monde », pèsent moins lourd dans sa tragédie
personnelle que le cycle namurois précédent, où
s’esquisse une vocation littéraire qu’il aurait
peut-être dû approfondir. Car les Jésuites ne sont
pas seulement experts en discipline et en activités
sportives. Ils sont aussi de remarquables
initiateurs à la lecture, à l’écriture et à
l’acquisition d’une grande culture générale.
Le père de Léon, Édouard Degrelle,
naît en France, à Sobre-le-Château en 1872. Il
reprend une brasserie à Bouillon, épouse une
demoiselle Baever et voit sa famille s’agrandir
rapidement : huit enfants, dont Léon, né le 15 juin
1906. Le prénom paternel ne porte pas chance aux
descendants. Un premier petit Édouard meurt à vingt
mois. Le second Édouard perd une main dans un
accident, devient pharmacien et est abattu par des
résistants dans son officine bouillonnaise, le 8
juillet 1944.
Léon découvre le monde au travers
des imprévisibles courants de la Semois et de la
giboyeuse forêt où la traque du sanglier des
Ardennes semble préfigurer la « chasse aux pourris »
lancée plus tard par le rexisme. Ses promenades
d’enfant le conduisent d’un quartier à l’autre d’une
ville partiellement bâtie selon un modèle cosmique.
La zone Est de Bouillon se nomme « Le Point du
Jour », le quartier Ouest s’appelle « Le Terme », la
fin du cycle journalier de visibilité solaire, quand
le luminaire diurne se couche.
Souvent il fait encore nuit lorsque
le petit Léon traverse la ville pour aller sonner
les cloches de la première messe. Il apprend à
vaincre sa peur. Il est gaucher. Dès l’âge de sept
ans, une entrave lui tient le bras gauche derrière
le dos pour forcer la main droite à écrire.
La Première Guerre mondiale éclate.
Léon a huit ans. L’état-major allemand s’installe
dans la maison Degrelle. La famille s’accommode
vaille que vaille des mansardes.
Bouillon est comme l’épicentre de la
vieille Europe de l’Ouest lacérée par le conflit
fratricide. À quelques kilomètres à l’Est, voici
Arlon, chef-lieu de la province belge du Luxembourg.
Le Grand-Duché du même nom et la frontière française
sont à quelques encablures. On parcourt cent
kilomètres à travers le Gutland et via Meldert, et
on se retrouve en Allemagne.
Édouard Degrelle
est conseiller provincial et député catholique
du Luxembourg. Au cours de ses déplacements,
notamment à Liège, Édouard Degrelle anime avec le
père jésuite Bégasse un réseau de renseignements sur
les trains allemands de munitions en partance pour
Verdun. Cette activité lui vaut la reconnaissance
française sous la forme d’une Légion d’Honneur.
Peu après l’armistice de novembre
1918, Philippe Pétain vient rendre hommage à
Bouillon, ville alliée. Sans complexe, le jeune Léon
va serrer la main du héros. Celui-ci garde l’enfant
près de lui durant toute la traversée de la cité au
célèbre château.
Un professeur dit à Degrelle :
« Vous serez un grand écrivain ». Léon s’attelle à
la rédaction d’un roman intitulé Le
vieux pont où, nous rappelle Jean-Marie
Frérotte, « il aborde naïvement certains aspects de
la société industrielle ». La revue
Notre Jeunesse accueille ses premiers contes
signés Noël d’Auclin. Il choisit son pseudonyme en
inversant son prénom et en se référant à la côte
d’Auclin, chemin montant et boisé qui domine
Bouillon.
Voici les vers qu’il rédige à seize
ans au verso de sa photographie d’étudiant : « Voici
plus ou moins vrais les traits de mon visage.
Le papier ne dit pas le feu brûlant
et fier
Qui me brûle aujourd’hui, qui me
brûlait hier,
Et qui demain éclatera comme un
orage. »
On peut y voir une inspiration
tâtonnante, une maladresse d’adolescent, une triple
et déplorable répétition verbale, mais les
alexandrins de douze pieds sont presque parfaits,
tandis qu’affleure la quête de l’authenticité dans
une tension intérieure brisant le miroir des
apprennes.
En mars 1927 paraît le recueil
Mon pays me fait mal. On peut
notamment y lire une superbe méditation
crépusculaire dont la versification est de facture
classique. Une mélancolie de type lamartinien se
mêle à un désespoir analogue à celui des
Nuits d’Alfred de Musset. Il y
est question de « fragile jeunesse » et il ne
faudrait pas grand-chose pour qu’il s’écrie, comme
le poète du Lac : « Ô temps, suspends ton vol ! »
« J’aime les sanglots lourds gonflant mon cœur
morose » : complaisance romantique dans la douleur,
à l’instar du René de Chateaubriand et de ses
« orages désirés ».
Degrelle évoque le « désespoir »
comme un « rôdeur » dont les agressions ne sont plus
évitables, car le refuge au cœur de la forêt (thème
également cher à Jean-Jacques Rousseau) n’est plus
possible. En effet : « Le mystère des bois me semble
de la prose ». C’est donc bien la poésie qui
constitue le havre de paix dont l’espoir se dérobe,
qui revêt le souvenir tragique d’un « rêve brisé »,
tandis que la « chair se déchire » et que « la
tristesse plane » sur un « front alourdi ».
Le « feu clair » qui « brillait
depuis longtemps », c’est-à-dire l’aspiration
solaire à la poésie qui traverse toute la jeunesse
de Degrelle, ainsi que l’amour incarné par des
« cheveux noirs » où « j’épinglais des baisers
fous », tout cela « se décompose » dans le « cœur
fiévreux » du poète, à qui s’applique à merveille la
formule de « ténébreux romantique ».
En effet, devant le spectacle de
« la terre qui s’endort », face aux « soirs drapant
de noir l’horizon rose », Degrelle rejoint dans une
commune inspiration un Ivan Gilkin, « poète de la
nuit » (Raymond Trousson) ou un Aloysius Bertrand (Gaspard
de la Nuit). Orphelin de la clarté diurne,
l’inconsolable jeune homme de 21 ans s’abandonne à
la sombre fatalité des « mauvais sorts » dont la
« cavalcade » nocturne peut désormais « broyer de
leurs maux » le monde ensommeillé. « Je voudrais
être de ceux qui passent dans la nuit sur des
chevaux sauvages », écrit aussi Rainer Maria Rilke.
Dorénavant, Degrelle vivra pour « triompher », et
non plus pour « aimer ». C’est la devise qu’il fait
graver sur sa bague d’étudiant. Il se laisse
emporter par une rage destructrice : « J’aime
écraser les fruits et piétiner les roses ».
Dès l’âge de treize ans, Léon
degrelle fait montre d’une étonnante maîtrise du
langage oral. Il prononce son premier discours à
l’inauguration d’une église Sainte-Cécile, dans un
village sis à la frontière de l’Ardenne
bouillonnaise et de la Gaume que l’on désigne
parfois comme la « Lorraine belge ». Il s’inscrit
dans une troupe théâtrale de patronage et y joue une
pièce de Racine. Il récite un poème en l’honneur de
l’évêque de Namur issu de l’ordre monastique des
Prémontrés. L’équivocité du dernier vers suscite
l’hilarité générale :
« Et dans l’arbre brillait l’écu des
Prémontrés. »
Jean-Marie Frérotte commente à juste
titre : « Il serait mauvais de croire que les
exigences pédagogiques du temps rejetaient les
moments d’humour. » Dans l’enseignement catholique
des années 1920, il arrive aussi qu’une allusion
quelque peu grivoise déchaîne un rire de bon aloi.
L’objectif du présent article n’est
pas de présenter Degrelle sous un jour plus ou moins
sympathique. On peut déplorer le durcissement de sa
pensée au tournant de 1930, le virage fascisant qui
plonge en plein désarroi le bon abbé Picard, un
autre jésuite, futur évêque, aumônier de l’Association
catholique de la jeunesse belge, protecteur du
jeune Léon au poétique printemps de 1927. On peut le
juger impardonnable d’avoir pactisé avec ce qui
restera peut-être, pour plusieurs générations
encore, le symbole de l’horreur absolue.
7 mai 1945. Capitulation. Via
Copenhague, degrelle s’enfuit en Espagne par voie
aérienne. Son avion est forcé d’atterrir dans la
baie de San Sebastian. Plusieurs fractures
nécessitent l’hospitalisation de Degrelle. Sur son
lit de la clinique de La Mola, il a dix jours pour
faire le point, penser à sa maman qui agonise, à la
répression qui s’abat sur sa famille en Belgique, à
ses souvenirs bouillonnais d’enfance et de jeunesse,
à l’étudiant de Namur, à son entrée en littérature
et en poésie. Osons paraphraser Jacques Brel
s’imaginant à Macao et se remémorant « le temps où
[il s’appelait] Jacky » :
" Être une heure, une heure
seulement..."
En composant La
Chanson ardennaise dans son hôpital du Pays
basque, Degrelle se rappelle le temps où il était
« Le Léon » :
Être une semaine, rien qu’une
semaine durant,
Lamartine et Musset tout à la fois.
Pour appréhender la personnalité de
Léon Degrelle, il faut la mettre en perspective dans
le paysage de son Ardenne natale : « le remous de la
Semois brutal » rimant, dans un poème de 1927, avec
« mon pays me fait mal », les murailles du château
de Bouillon résonant encore des fureurs du croisé
Godefroy, les chemins forestiers conduisant à la
toute proche frontière française, les routes
escarpées menant au Grand-Duché voisin, l’Allemagne
que le jeune Léon découvre à bicyclette, les
premières neiges d’automne sur le plateau où trônent
les points culminant du relief de Belgique.
Dure Ardenne, écrit aussi Arsène
Soreil, un des meilleurs écrivains régionalistes.
Léon Degrelle : un enfant du terroir dont on
regrette in fine qu’il ait
délaissé la plume du poète pour l’invective
politique, qu’il ne se soit pas obstiné devant le
défi du « vide papier que la blancheur défend »
(Mallarmé), qu’il ait préféré la boue des tranchées
où toujours vainqueurs et vaincus s’enlisent, qu’ils
soient « seigneurs de la guerre » ou « rêveurs
casqués ».
Dans la
notice du livre on peut lire le texte
suivant : "Degrelle entreprend ici de
démontrer que Tintin c'est lui ! Preuves
à l'appui, il nous raconte quand et
comment est né le jeune reporter
intrépide, mais aussi le contexte
culturel, social et politique de
l'époque: la montée de Rex, la guerre,
l'épuration (qui a touché également
Hergé). Les versions censurées de Tintin
(après la guerre) sont ici reproduites,
ainsi que les nombreux clins d'oeil de
Hergé à Léon Degrelle, plus de 400
illustrations et de nombreuses
révélations..." !
Le dessin de couverture est
de Léon Degrelle lui-même ! Il n'hésite
pas à nous montrer le jeune reporter dans un
uniforme de l'armée
belge !
Le livre, achevé en 1992, est
aujourd'hui interdit. Il a été imprimé à
1000 exemplaires dont 850 ont été saisis
et brûlés. Il reste 150 exemplaires en
circulation. Il a été
entièrement rédigé par Léon Degrelle.
Livre imprimé en offset, en noir et
blanc avec 2 couvertures couleur. Il est
broché et imprimé sur papier glacé,
couvertures mates.
La vie d'Hergé pendant l'occupation est
connue. Mais Léon Degrelle remonte plus
loin dans le passé.
Les idées du jeune Hergé forgées dans un
mileu catholique et boy-scout joueront
un grand rôle dans sa vie. Grâce aux
recommandations d'un chef scout il sera
embauché dans le journal conservateur
catholique, le "XXème siècle". Il n'est
au début qu"un simple employé mais
l'abbé Norbert Wallez, le patron du
journal, remarque très vite les dessins
qu'Hergé réalise encore pour le
"Boy-scout Belge". Sa carrière de
graphiste prend une nouvelle dimension.
L'abbé Wallez, anti-communiste vicéral,
aura une grande influence sur Hergé. Et
tous les détails qui
apparaissent dans "Tintin au Congo" ou
dans "Tintin au pays des Soviets"
s'expliquent plus facilement. Le jeune
Hergé n'est pas à gauche loin de là ! Le
premier virage s'effectuera grâce à une
autre rencontre : Tchang Tchoung-Jen !
Avec le "Lotus Bleu", l'influence de
l'abbé Wallez semble avoir du plomb dans
l'aile ! Les impérialismes conquérants
et racistes passent à l'ennemi... Tout
au long des années 30, Hergé dénoncera
les traffics d'armes, de drogue,
d'argent ou le rôle des sociètés
secrètes. Ces thèmes apparaissent dans
ces récits (Tintin en amérique,
L'oreille cassée, Les cigares du
pharaon). Hergé a su montrer un visage
différent après une enfance bien cadrée.
Pendant ces années les révolutionnaires
de la droites
européennes ont de l'audience ! Le jeune
Hergé écoute avec bienveillance les
propos du jeune Léon Degrelle en pleine
ascension. En 1932, avant la fondation
du parti "rexiste" de Degrelle, Hergé
illustre son "Histoire de la guerre
scolaire". Ceci n'apparaît pas toujours
dans les biographies d'Hergé. Hergé
n'était pas un militant, ni un homme
engagé, mais il était bien dans les
années 30 dans la mouvance "rexiste". En 36,
Degrelle fait un score remarquable aux
éléctions. Mais les instances
catholiques s'opposent à lui. Sa
popularité va alors nettement baisser
dès 1937. Devant un Degrelle qui se
radicalise, Hergé prendra peu à peu ses
distances.
La suite, on la connaît.
Hergé aura bien des ennuis à la
libération. Son retour au journal Le
Soir contrôlé par les allemands ne fut
pas apprécié par tout le monde. Léon
Degrelle qui avait fini par endosser
l'uniforme national socialiste allemand, ira se
réfugier en
Espagne.
Le site Universbd nous
apprend cette nouvelle incroyable :
Sept heures du matin. Des coups sur la
porte. La gendarmerie investit un
appartement. Qu’elle fouille de fond en
comble. Pour finir par trouver ce
qu’elle était venue chercher : deux
livres interdits. Un délit suffisant
pour emmener le propriétaire des lieux
en garde à vue. Et, après une
demi-journée passée dans ses locaux,
pour l’inculper.
Mais quels sont ces livres si terribles
qu’ils justifient un tel traitement ?
Des manuels de terrorisme ? Un recueil
de secrets d’Etat ? Un traité sur l’art
d’empoisonner une ville au cyanure ou
d’assassiner un Président au bretzel?
Non. Deux livres consacrés à Tintin.
"Tintin et l’alcool" et "Tintin mon
copain". Deux titres qui ont fait
l’objet, chacun, d’un procès et d’une
interdiction. Et le délit de cette
personne ? Les avoir exposés sur un site
d’enchères sur Internet.
"Moulinsart venait de porter plainte
contre moi, pour avoir mis en vente ces
ouvrages sur le net", explique le
délinquant involontaire. "Résultat, je
suis dans l'attente d'un procès futur et
je ne sais absolument pas quelle en sera
l'issue." Ses livres sont saisis et il
ignore s’il les récupèrera un jour.
Chez Moulinsart, on explique
différemment la chronologie des
événements: "La gendarmerie française a
effectué une enquête au sujet de la
vente d'objets/d'ouvrages contrefaits
sur un site de vente aux enchères. A
l'occasion de cette enquête un
particulier vendant les ouvrages
précités sur ce site a été interpellé
par la gendarmerie. Moulinsart a été
informée des constats faits par la
gendarmerie et a déposé plainte contre X
pour débit d'ouvrage contrefait,
l'identité du vendeur ne nous étant pas
connue à ce moment."
Nous (UniversBD) avons déjà dit par
ailleurs tout le mal que nous pensions
de "Tintin et l’alcool ", un livre d’une
médiocrité affligeante qui serait passé
inaperçu s’il n’avait fait l’objet d’un
procès.
Nous n’avons pas lu "Tintin mon copain
", mais si l’on en croit les sites Ras l’ Front et
Resistance.be, il n’est pas plus crédible. Deux
livres probablement sans intérêt, mais voilà… ils
sont interdits et ils deviennent donc inestimables
aux yeux des spéculateurs
En ce qui concerne le second titre
litigieux, Moulinsart explique : "TINTIN
MON COPAIN (auteur mentionné en
couverture: Leon Degrelle) est un
ouvrage contenant des propos pouvant
tomber sous le délit de "négation de
crimes contre l'humanité" (négation de
l'existence des chambres à gaz),
(imputations anti-juives). Il n’a été
tiré, si on en croit le site "Tintin est vivant",
qu’à mille exemplaires. Pas de quoi créer une
diffusion à large échelle.
Sauf, bien sûr, lorsqu’on apprend que
850 ont été brûlés. De quoi, soudain,
donner une inestimable valeur aux 150
restants.
Notre avis est que ce n’est pas en
censurant et en brûlant des livres, ni en les
empêchant de circuler que l’on sert l’oeuvre
d’Hergé.
Vous pouvez retrouver entièrement cet
ouvrage (236p) sur pdf:
http://flotintin59.free.fr/ebooks/Leon%20Degrelle%20Tintin%20Mon%20Copain.pdf
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