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Qui est Léon Degrelle ?
Un grand résistant contre la domination juive

Qu´importe de souffrir si on a eu dans sa vie quelques heures immortelles. Au moins, on a vécu!

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Visite à Léon Degrelle
(Bouillon, Belgique 1906 - Malaga 1994)
Par:
Robert Brasillach

Vous avez su, ma chère Angèle, que j'ai passé en Belgique la semaine où les cafés parisiens ont fait grève, non point, comme vous semblez l'insinuer, par un amour immodéré de la bière belge, laquelle est excellente, ni pour placer en des banques sûres des capitaux que je n'ai pas. Je vous raconterai quelque jour ce voyage, mais il faut d'abord que je réponde à la question un peu anxieuse que vous me posez: "Avez-vous vu Léon Degrelle?" Je reconnais bien là l'illogisme charmant de votre coeur et de votre esprit: vous aimez le Front populaire, et vous levez volontiers, au thé de vos amies, un poing d'ailleurs menu et délicieux, mais vous êtes sensible aux meneurs d'hommes, et le dernier-né de ces chefs, secrètement, ne vous déplaît pas.

Eh bien, rassurez-vous, ma chère Angèle, j'ai vu l'homme dont vous me parlez. J'aurais, je l'avoue, quelque scrupule à vous le décrire, si je m'adressais à une autre: les Français sont assez maladroits à parler des choses de Belgique, et j'aurais peur de me tromper. J'ai lu dans le journal Rex un pastiche fort malicieux: le récit d'une entrevue avec Léon Degrelle par un journaliste parisien de grande information. Croyez-moi, c'était tout à fait cela: mais j'aimerais autant ne pas être ce journaliste.

J'ai donc vu Léon Degrelle, le jour exact où il atteignait sa trentième année, le 15 juin dernier. Ce jeune chef, à vrai dire, ne parait même pas beaucoup plus de vingt-cinq ans. Et ce qu'il faut avouer d'abord, c'est que, devant ce garçon vigoureux, entouré d'autres garçons aussi jeunes, on ne peut se défendre d'une assez amère mélancolie. On a cru déconsidérer Rex en l'appelant un mouvement de gamins. Aujourd'hui, il y a autour de Léon Degrelle des hommes de tout âge, et la seule jeunesse qui importe est celle de l'esprit. Mais l'essentiel reste dans la jeunesse réelle, la jeunesse physique des animateurs, qui s'est communiquée à tout l'ensemble. Hélas! ma chère Angèle, quand aurons-nous en France un mouvement de gamins ?

A d'autres observateurs plus âgés, peut-être, après tout, les bureaux de Rex seraient-ils pénibles, comme ces bureaux du quotidien Le Pays Réel où j'irai tout à l'heure acheter quelques brochures et cet insigne rexiste par quoi j'étonne les passants, à Paris. J'ai déjà vu de ces permanences d'étudiants, désordonnées, vivantes, où semblent régner la blague et l'humour. Et puis, on se dit que ces étudiants ont derrière eux des centaines de milliers d'hommes, qu'on les écoute, qu'ils peuvent être l'aube d'une très grande chose, et que nous avons, en tout cas, beaucoup à apprendre d'eux.

Je vois s'avancer vers moi ce jeune homme agile, bien portant, dont les yeux brillent si joyeusement dans un visage plein. Il me parle de sa grosse voix faite pour les foules, éclatante mais naturelle. Je ne sais pas encore ce qu'il me dit, ce qu'il vaut: je sais seulement qu'il respire une joie de vivre, un amour de la vie, et en même temps un désir d'améliorer cette vie pour tous, de combattre, qui sont déjà choses admirables. Je ne crois pas, ma chère Angèle, qu'il y ait de grands chefs sans une sorte d'animalité assez puissante, de rayonnement physique. J'ignore si Léon Degrelle a d'autres qualités: il a d'abord celles-là.

I1 en a d'autres aussi visibles d'ailleurs et tout aussi instinctives.

- Je ne suis pas un théoricien politique, dit-il avec force. La politique, c'est une chose qui se sent, c'est un instinct. Si on n'a pas cet instinct, il est inutile de chercher quoi que ce soit. Mais bien sûr, il faut travailler, il faut faire des efforts. I1 y a plusieurs années que nous nous faisons connaître. I1 ne vient pas en un jour, l'été.

Comme cette phrase semble lui convenir, cette vision saisonnière de la politique, cette grande façon de sentir le vent, de chercher le courant charnel des choses. C'est par là que Léon Degrelle a touché tant d'esprits en Belgique, et même au-delà des frontières. Il a cristallisé dans Rex non point des idées, mais des tendances. Tendances qui sont traduites d'ailleurs dans le détail d'une manière beaucoup plus précise qu'on ne le croit. Car c'est justement parce qu'il se méfie de l'abstraction, et qu'il a des réclamations de détail que Rex a du succès: c'est le détail qui est notre vie quotidienne, et non le général, et les femmes, ma chère Angèle, devraient comprendre cela.

- C'est ce que les partis de droite, en France comme en Belgique, n'ont pas su voir, me dit-il. Ils ont un programme social, bien sûr, mais jamais ils ne l'appliquent à la vie. Ils ignorent cette vie. La seule classe qui ait une éducation politique, bonne ou mauvaise, c'est la classe ouvrière: c'est la seule qui assiste à des réunions, qui lise des journaux, qui sache réclamer ce qu'elle veut. Les partis de droite se sont exclus de cette participation du peuple à la vie. Et sans le peuple, voyons, que voulez-vous faire?

Seulement, pour cela, il faut commencer par comprendre.

"Notre mouvement est un mouvement populaire. I1 ne faut pas croire que ce sont les socialistes qui font quelque chose pour les ouvriers. La semaine de quarante heures? Elle existe depuis deux ans en Italie. Et à partir de l'an prochain, en Allemagne, on va emmener les ouvriers en croisière de trois semaines, aux Canaries, aux Açores, sur des bateaux aménagés pour eux. Ce sont les régimes d'autorité qui instituent des fêtes du travail, qui font comprendre sa dignité à l'ouvrier. Voilà pourquoi il vient à nous."

Et il se met à rire, soudain, avec cette jeunesse qui ne l'abandonne jamais.

- Ah! les communistes sont furieux! Ils ne peuvent plus organiser de réunions, ils sont obligés de venir porter la contradiction aux nôtres. Le drapeau rouge? C'est notre drapeau! Le Front populaire? Il n'y en a qu'un en Belgique: "Le Front populaire Rex".

L'Internationale? Nous la chantons - avec d'autres paroles. Les grèves? Nous revendiquons tout ce que demandent les ouvriers. Je vais déposer une proposition de loi pour l'augmentation des salaires de 10%. Seulement, pas de démagogie: il faut en même temps déposer une proposition pour augmenter les recettes du même chiffre.

Devenu plus grave, il ajoute:

- L'important., c'est l'esprit dans lequel tout est fait. Lors d'une catastrophe dans nos mines, notre roi Albert a demandé à un ouvrier: "Que voulez-vous?" Et l'ouvrier a répondu: "Nous voulons qu'on nous respecte." Voilà l'essentiel. Voilà ce que ne comprennent pas les partis de droite, ni chez vous ni chez nous.

Léon Degrelle s'est mis à marcher dans son bureau. I1 a une sorte de colère contre toute cette incompréhension des hommes de droite, des hommes de gauche, toutes ces vieilles formules, tout ce qui irrite, à l'intérieur de toutes les frontières, à la même heure, tant de jeunes gens. Pêle-mêle, il m'explique ses projets, où se marient si curieusement le corporatisme moderne, les principes chrétiens. Il veut créer un service social pour les femmes, envoyer en journée chez les malades, les accouchées, des jeunes filles bourgeoises, il veut faire aimer leur travail à tous ceux qui travaillent. Et peut-être, sur certains principes économiques, des spécialistes auraient-ils à discuter. Je ne suis pas spécialiste, je ne suis pas venu pour discuter. Pas plus que je ne discuterais (en aurais-je le droit?) la politique proprement belge de Léon Degrelle, flamingante en Flandre, wallonne en Wallonie. Qui sait si elle ne sauvera pas la Belgique? Tout ce qui me touche est ce journal qu'il me tend, le numéro d'aujourd'hui du Pays Réel: "Travailleurs de toutes les classes, unissez-vous!" puis-je lire en titre. C'est l'accent direct, le vocabulaire neuf de ce parti de gamins. On peut en penser tout ce qu'on voudra, on les sent proches de soi.

Et puis, la Révolution de Léon Degrelle est une Révolution morale. I1 n'y en a point d'un autre ordre. Léon Degrelle veut ranimer les hauts sentiments, l'amour du roi, l'amour de la nation, aider la famille, accorder le bonheur terrestre, autant qu'il se peut, à celui qui travaille. C'est ce qu'ont fait Mussolini ou Salazar. Qu'on ne s'étonne pas s'il soulève autour de lui tant d'espérances, et aussi tant de haines. Nous parlons ensuite de la France, de sa culture, envers qui il reconnait tant de dettes, de ses hommes, du désir que doit avoir tout civilisé de voir notre pays sortir de ses formules usées et de ses dangereuses illusions. Je vois bien que nos partis, quels qu'ils soient, ne disent rien qui vaille à ce jeune homme violent et direct. "I1 n'y a qu'un parti à droite qui sait ce qu'il veut chez vous, me dit-il, c'est l'Action française". Et il ajoute: "Naturellement, nous avons tous lu Maurras". Puis il retourne à son amour de l'action, à ses réunions immenses, à ses projets matériels, qu'enflamme un grand espoir. Soudain, il s'arrête encore, revient à la France, pour me jeter: "I1 est possible que vous n'ayez qu'un homme, en France, dans le personnel politique proprement dit: c'est Doriot."

Pourquoi vous cacherais-je, ma chère Angèle, que j'ai quitté Léon Degrelle avec une certaine amertume. L'autre semaine, j'étais à la Chambre, devant des fossiles jeunes et vieux. Ici, il y aurait peut-être beaucoup à discuter, et bien des points demeurent encore obscurs dans ce rexisme, même après avoir lu les livres de ses jeunes docteurs. Je ne veux rien juger sur une heure de temps. Mais il n'y a pas au monde seulement les livres. Cette jeunesse, morale et physique, cette assemblée de jeunes gens qui semblent presque s'amuser à construire un univers, et qui, en fait, travaillent avec acharnement, parlent, écrivent, se battent, courent sans cesse sur les routes et dans les trains, s'arrêtent aux moindres villages, et dorment deux ou trois heures par jour, mais sans jamais abandonner leur joie, tout cela, pourquoi ne le dirais-je pas? m'émerveille et m'attriste. De toutes les tendances confuses qui agitent la France ne pourrait-il sortir quelque jeunesse enfin?

Je ne sais pas ce que fera Léon Degrelle, et je ne suis pas prophète comme M. Blum. Mais croyez-moi, ma chère Angèle, il est assez émouvant de s'arrêter au seuil de quelque chose qui commence, qui est encore menacé par tant de dangers, de regarder une espérance qui commence à germer - et, ma foi, même si nous ne devions pas tout en aimer dans l'avenir - de l'envier.

Robert BRASILLACH

(Je Suis Partout, 20 juin 1936.)


Homme politique, écrivain, directeur de presse et journaliste belge, ancien combattant du front de l'est, Obersturmbannführer des Waffen S.S., volksführer de Wallonie Léon Degrelle est le fondateur du rexisme, une idéologie au départ nationaliste belge, qui, durant la guerre, se rapprocha du national-socialisme.
 

Avant la guerre

Léon Degrelle fut fortement influencé par l'œuvre et la pensée de Maurras. Il étudia le droit à l'Université Catholique de Louvain, mais ne termina pas ses études. Il fut durant l'année scolaire 1927-1928 le secrétaire de rédaction d'une revue d'action wallonne appellée L'Avant-Garde. Il est à noter que cette revue ne fit plus partie du mouvement wallon lorsqu'elle fit retour à l'unitarisme belge, ce qui provoqua la création du journal L'Ergot, organe de la Fédération wallonne des étudiants de Louvain, qui lui resta ouvert à la discussion sur le fédéralisme.

Après ses études, il devint directeur en 1930 de la maison d'édition Christus-Rex, maison dépendant de l'Action catholique. Issu d'un milieu conservateur, il se radicalisa assez rapidement.

Degrelle fonde, en 1932, la revue nationaliste Rex, qui se transforme progressivement en instrument d´information destiné à la diffusion de son idéologie: le rexisme. Le parti politique Rex, très influencé par Mussolini (Degrelle a rencontré plusieurs fois Mussolini.) À la tête du quotidien Le Pays Réel, il réussit à faire élire 21 députés Rexistes lors des élections législatives du 24 mai 1936.
 

Léon Degrelle et les problèmes communautaires

Parmi les élus de Rex on relève deux militants wallons notoires : Paul Collet, membre de l'Assemblée wallonne, et Joseph Mignolet, écrivain patoisant wallon, qui resta chef de Rex-Liège jusqu'en 1943.
Le 10 avril 1937, le Pays Réel publiait un accord entre Degrelle et Staf De Clercq, président du Vlaamsch Nationaal Verbond qui était titré «Rex défend le programme suivant: la transformation du régime unitaire belge en un Etat fédéral». Lors des élections législatives de 1939, Degrelle est élu député de Bruxelles.

Le succès de Rex reposait pour une grande part sur son programe radicale.  De nombreux votes rexistes provenaient de membres patriotes de la classe moyenne, victimes de la dépression, qui s'estimaient également victimes des politiciens. Mais il n'y avait pas de place aux côtés du Roi,  pour un leader charismatique et révolutionnaire. Degrelle se rangea pendant la Deuxième Guerre mondiale aux côtés des nationaux socialistes allemands. Il créa la Légion Walonne et se rendit lui-même au front de l'Est. Degrelle, se mit à proclamer que les Wallons et les Français du Nord, bien que romanisés, étaient en fait, eux aussi, des Germains.

La stratégie politique de la part de Léon Degrelle en faveur d'une fédéralisation de la Belgique semble s'inscrire dans la tradition du Mouvement wallon ou, plus largement, dans la manière dont les Wallons réagirent au Mouvement flamand. Bien que depuis 18 avril 1898, la loi Coremans-De Vriendt dite «Loi d'égalité» n'ait pas réellement donné un statut de langue officielle au néerlandais jusqu'alors réservé à la langue française, égal au statut de celle-ci, la menace est perçue. Pour une certaine partie des wallons il devient impossible de faire carrière en Flandre sans être bilingue. Plus fondamentalement, pour le monde politique wallon, il s'agit d'échapper à une minorisation tant politique que linguistique (les Flamands sont plus nombreux), en revendiquant l'autonomie de la Wallonie au sein de la Belgique: c'était la Flandre catholique qui maintenait en selle le gouvernement catholique, alors que le verdict des urnes était tout différent dans la Wallonie de gauche.
 

La guerre et l'engagement
ans la Waffen-SS

Après l'occupation de la Belgique,un vif débat se déclancha au sein du parti rexiste sur la forme de résistance à tenir.

Degrelle fut rrêté le 10 mai 1940 comme suspect, il est emmené en France, et échappe de peu au massacre d'Abbeville. Il est libéré au début de l'Occupation. Il retourne en Belgique et tente alors d'engager le rexisme dans une collaboration plus étroite avec le national socialisme allemand. Le 21 juin 1941, lorsque commence l'invasion de l'URSS, Degrelle décide de s'engager dans la guerre contre l’URSS. Il rejoint à cet effet  la Légion Wallonie (mise sur pied par Fernand Rouleau), qui combat au sein de la Heer (armée de terre - août 1941 - juin 1943), puis des Waffen-SS (juin 1943-mai 1945) sur le front russe. Parti comme simple soldat, il gagne ses galons, jusqu'à ceux de SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel) au début de 1945. Hitler l'avait également nommé Volksführer der Wallonen (chef du peuple wallon) en novembre 1944. Le 17 mars 1944, Adolf Hitler le décore de la Ritterkreuz (croix de fer), une des plus hautes distinctions allemandes, à laquelle vient s'ajouter les feuilles de chêne (août 1944). Hitler a même dit à Degrelle que  : « Si j'avais eu un fils, j'aurais aimé qu'il fût comme vous."
 

L'exil en Espagne

À la fin du mois d'avril 1945, Léon Degrelle gagne, avec son chauffeur et deux officiers de son État-major (le Cpt Robert du Welz et le Lt Charles Generet) le Danemark puis la Norvège, deux pays qui étaient alors toujours sous contrôle allemand. Il atteint Oslo, où le Gouverneur allemand Joseph Terboven leur propose un avion Heinkel He 111 (celui du ministre allemand Speer). Accompagné du capitaine du Welz et de quatre membres d'équipage, Degrelle survole la Hollande, la Belgique et la France, sans être le moins du monde inquiété par la chasse de nuit alliée. Le TQ+MU (immatriculation du Heinkel) finit par atterrir en catastrophe, en panne d'essence, sur une plage de Saint-Sébastien dans le nord de l'Espagne. Seul Degrelle est blessé dans le crash (5 fractures). Il y trouve refuge; les demandes d'extraditions n'aboutiront jamais.

Après la victoire des alliés sionistes sur l´Allemagne Degrelle est jugé (pour "trahison" envers eux et pour avoir été fidèle à son idéal et à son psays) et condamné à mort par contumace. Comme tout Belge inculpé pour "faits de collaboration" (art. 113, 114, 115, 116, 118bis, 119sq, 121bis du Code Pénal), les membres de la famille Degrelle convaincus des mêmes préventions ont été arrêtés, jugés et incarcérés.

Jusqu'à son dernier souffle, Léon Degrelle exaltera les réalisations d'Hitler et de la révolution national-socialiste. Il s'inscrira en outre dans la mouvance révisionniste le mouvement de résistance intellectuel contre la propagande juive, niant en particulier l'existence et la matérialité du mythe juif de  l'"holocaust".

Léon Degrelle s'éteint à l'âge de 87 ans dans la soirée du jeudi 31 mars 1994 à la clinique de Parque de San Antonio où il avait été admis le 10 mars 1994 en raison d'insuffisance cardiaque. Il est incinéré le lendemain et ses cendres sont dispersées au-dessus de la Belgique par un ancien capitaine de la SS Wallonie.
 

Degrelle et Tintin

Degrelle a affirmé, dans une interview en 1981, puis dans son ouvrage Tintin mon copain, paru après son décès, avoir inspiré le personnage de Tintin à Hergé.

Lorsque Degrelle publie Jeunes plumes et vieilles barbes, il attire l'attention de Monseigneur Schyrgens, dont l’article élogieux incite l’abbé Wallez, pour son journal, à l'embaucher. Il y rencontre Georges Rémi, qui n'est pas encore Hergé.

Des photos de Degrelle en 1929 montrent la similitude de traits avec le petit reporter.

En 1931, Degrelle publie la brochure Histoire de la guerre scolaire illustrée par Hergé en personne. Ce livre est un triomphe : 100 000 exemplaires sont vendus en quelques mois. Hergé avait illustré également Les grandes farces de Louvain l'année précédente. En 1936, c'est Hergé qui compose le logo du journal rexiste Le pays réel. Le 2 avril 1936, la bande dessinée de Quick et Flupke évoque la campagne électorale avec une foule immense entrant dans une salle de cinéma au-dessus de laquelle une grande banderole proclame REX VAINCRA (le slogan de Rex). En 1937, Hergé dessine le logo de l'hedomadaire rexiste L'Oasis dirigé par le fameux Jam (Paul Jamin, dessinateur du Petit XXème qui donna ensuite dans la critique anti-juive). Ainsi, la parenté idéologique entre Hergé et Degrelle est évidente.

Œuvres de Léon Degrelle

  • Léon Degrelle, Les flamingants, Louvain, A l'Avant-Garde, 1928
  • Léon Degrelle, Jeunes Plumes et Vieilles Barbes de Belgique, Louvain, A l'Avant-Garde, s.d. 1928
  • Léon Degrelle, La Belle vie à Louvain, Louvain, A l'Avant-Garde, 1928
  • Léon Degrelle, Mon pays me fait mal, Louvain, A la Nouvelle Équipe, 1928
  • Léon Degrelle, Les taudis, Louvain, Ed. Rex, 1930
  • Léon Degrelle, Les tristesses d'hier, Louvain, Ed. des jeunes auteurs, 1930
  • Léon Degrelle, Les grandes farces de Louvain, Louvain, Ed. Rex, 1930
  • Léon Degrelle, Histoire de la Guerre Scolaire 1879-1884, Louvain, Ed. Rex, 1930
  • Léon Degrelle, Contre l'incinération ; va-t-on, chez nous, rôtir les morts?, Louvain, Ed. Rex, 1931
  • Léon Degrelle, Méditations sur Louis Boumal, Louvain, Ed. Rex, 1931
  • Léon Degrelle, Vive le Roi! Pour le centenaire de notre dynastie, Louvain, Ed. Rex, 1931
  • Léon Degrelle, Mes aventures au Mexique, Louvain, Ed. Rex, 1933
  • Léon Degrelle, Prière a Notre-Dame de la Sagesse, Louvain, Ed. Rex, 1934
  • Léon Degrelle, Rex et la Flandre, Bruxelles, Ed. Rex, 1936
  • Léon Degrelle, Philips, sénateur catholique, commandeur de l'Ordre de Saint Gregoire-le-Grand, banquier louche et faussaire démasqué., Kessel-Loo, Ed. Degrelle, 1936
  • Léon Degrelle, Le message de Rex, Bruxelles, B.D.C.I., 1936
  • Léon Degrelle, Face au danger, Bruxelles, Ed. Rex, 1936
  • Léon Degrelle, Mœurs de banksters rouges. Les 300 millions de la Banque du Travail, Coll. « J'accuse » n°3, 1936
  • Léon Degrelle, Les voleurs de la banque nationale, Bruxelles, Ed. Rex, 1937
  • Léon Degrelle, Franck, Barmat, Van Zeeland, Bruxelles, Ed. Rex, 1937
  • Léon Degrelle, État d'âme, Bruxelles, Ed. Rex, 1938
  • Léon Degrelle, L'Affaire Sindic: que répond Degrelle?, Bruxelles, Ed. Rex, 1939
  • Léon Degrelle, J'accuse Marcel-Henri Jaspar, menteur, pilleur et faussaire, Bruxelles, Ed. Rex, 1939
  • Léon Degrelle, Degrelle avait raison, Bruxelles, Ed. Rex, 1941
  • Léon Degrelle, La guerre en prison, Bruxelles, Ignis, 1943
  • Léon Degrelle, Feldpost, Bruxelles, Ed. Rex, 1944
  • Léon Degrelle, La campagne de Russie, 1941-1945, Le Cheval Ailé, 1949
  • Léon Degrelle, Les âmes qui brulent, À la feuille de Chêne, 1964
  • Léon Degrelle, Front de l'est, 1941.1945, La Table Ronde, 1969
  • Léon Degrelle, Hitler pour mille ans, La Table Ronde, 1969
  • Léon Degrelle, Tintin mon copain, Editions du Pélican d'or, 1994
  • Léon Degrelle, Lettre à Jean-Paul II

Série "Le siècle de Hitler" en plusieurs volumes :

  • I- Hitler, né à Versailles
  • Léon Degrelle, Le traquenard de Sarajevo, Arts et Histoire d'Europe, 1986
  • Léon Degrelle, La pseudo-guerre du droit, Arts et Histoire d'Europe, 1987
  • Léon Degrelle, Les Tricheurs de Versailles, Arts et Histoire d'Europe, 1988
  • II- Le Hitler de la paix
  • Léon Degrelle, Hitler démocrate (en deux tomes), L'Homme Libre, 2002
  • Léon Degrelle, Hitler, unificateur des Allemands, L'Homme Libre, 2007

Selon la quatrième de couverture du premier livre, la série "Le siècle de Hitler" prévoyait 20 volumes. Dans le troisième livre "Les Tricheurs de Versailles", le nombre de volumes est ramené à 9 (dont 5 ont actuellement été publiés, on ne saurait dire s'ils ont tous été terminés, puisque Degrelle est décédé en mars 1994 et qu'il est fait mention dans "Hitler démocrate" que ce volume, le quatrième, a été rédigé en 1993).

Les volumes prévus non-édités et peut-être non écrits sont les suivants :

  • 6. Hitler, créateur du Grand Reich
  • III- Le Hitler de la guerre
  • 7. Hitler piégé à Dantzig
  • 8. Hitler, génie militaire
  • 9. Hitler et ses Waffen SS

Ouvrages consacrés à Degrelle

  • « Léon Degrelle et le rexisme, de Pierre Daye», 1937
  • « Léon Degrelle et l'avenir de Rex de Robert Brasillach, 1936
  • « Ainsi parla Léon Degrelle » Par Wim Dannay -édition en 13 volumes-(1973- éditeur responsable: H. De Graer-81 Obberg-Wemmel)
  • « Les Wallons meurent à l'Est » d'Eddy De Bruyne (1992, ISBN 2-87088-740-X)
  • « Dans l'étau de Degrelle » d'Eddy De Bruyne (1994, ISBN 2-930011-11-4)
  • « For Rex and Belgium. Léon Degrelle and Walloon Political & Military Collaboration 1940-1945  » d'Eddy De Bruyne&Marc Rikmenspoel (2004, ISBN 1-87462232-9)

 


15 juin 1906

Naissance, à Bouillon (Belgique), de Léon Degrelle. Léon Degrelle fut fortement influencé par l’oeuvre et la pensée de Maurras. Il étudia le droit à l’Université Catholique de Louvain, mais ne termina pas ses études.

Après ses études, il devint directeur en 1930, de la maison d’édition Christus-Rex, maison dépendant de l’Action catholique. Issu d’un milieu conservateur, il se radicalisa assez rapidement et évolua vers des positions anti-sionistes.

Fondateur, en 1932, de la revue Rex, cette dernière ce transforma petit à petit en instrument d´information pour diffuser son idéologie, un véritable mouvement politique : le rexisme, parti très influencé par Mussolini (Degrelle a rencontré plusieurs fois Mussolini). En étant à la tête du quotidien le Pays Réel, il réussit à faire élire 21 députés Rexiste lors des élections législatives de 1936. Arrêté en 1940, il fut emmené prisonnier en France, fut torturé mais échappa de peu au massacre d’Abbeville.

Degrelle combattit plus tard en URSS. Il créa à cet effet, en 1941, la légion Wallonie, qui combattit sur le front russe. Parti comme simple grenadier, il gagna tous ses galons, jusqu’à ceux de général et de Volksführer (il fut promu général de brigade en 1944). À la fin du mois d’avril 1945, Léon Degrelle abandonne la Légion Wallonie (qui était resté hors de Berlin) et prend la fuite vers le nord.

Il traverse le Danemark et la Norvège, deux pays qui sont toujours sous contrôle allemand. Il atteind Oslo, là il réquisitionne un avion léger (celui du ministre allemand Speer). Avec cinq compagnons, il survole une grande partie de l’Europe libérée avant d’atterrir en catastrophe sur une plage de San Sebastian dans le nord de l’Espagne.

Toute sa famille fut emprisonnée ou tout simplement massacrée (son frère a été assassiné, ses soeur et belle-soeur ont été emprisonnées, dont l’une avec son bébé) notamment ses parents, âgés de 79 et 81 ans, torturés à mort en prison. Il trouva refuge en Espagne et les demandes d’extraditions n’aboutirent jamais, ainsi que les tentatives d’enlèvements, la duchesse de Valence allant jusqu’à menacer Franco de mort s’il devait être extradé.

Léon Degrelle s’éteint à l’âge de 87 ans dans la soirée du jeudi 31 mars 1994 à la clinique de Parque de San Antonio ou il avait été admis le 10 mars 1994 en raison d’insuffisance cardiaque. Il est incinéré le lendemain et ses cendres seront dispersées au-dessus de la Belgique par un ancien capitaine de la SS Wallonie, son corps ayant été interdit de retour sur ordre du Roi.

Il affirme, dans son ouvrage Tintin mon copain, paru après son décès, avoir inspiré le personnage de Tintin à Hergé (Tintin mon copain, Editions du Pélican d’or). Degrelle avait effectivement connu Hergé lorsqu’ils étaient tous deux employés par le même journal, mais selon plusieurs historiens de la bande dessinée, la contribution de Degrelle à l’œuvre de Hergé se serait limitée à ramener des États-Unis divers illustrés américains qui influencèrent le style du dessinateur. Des photos de Degrelle en 1929 montrent une certaine similitude de traits avec le petit reporter.


Les racines ardennaises
de Léon Degrelle
par Daniel Cologne

Léon Degrelle est issu d’une très ancienne famille française dont l’arbre généalogique porte trois fruits de la Compagnie de Jésus. Les jésuites jouent un rôle important dans sa vie. L’Institut Saint-Pierre de Bouillon (études secondaires inférieures), le collège Notre-Dame de la Paix de Namur (études secondaires supérieures), les facultés universitaires namuroises et l’échec à la candidature en philosophie et lettres : autant de jalons d’un parcours estudiantin marqué par la rude école des disciples d’Ignace de Loyola. C’est finalement à l’Université de Louvain que Degrelle devient candidat en philosophie et lettres, mais ces deux années louvanistes (1926-1927), où il rêve déjà d’une « autre Belgique » et de « remodeler le monde », pèsent moins lourd dans sa tragédie personnelle que le cycle namurois précédent, où s’esquisse une vocation littéraire qu’il aurait peut-être dû approfondir. Car les Jésuites ne sont pas seulement experts en discipline et en activités sportives. Ils sont aussi de remarquables initiateurs à la lecture, à l’écriture et à l’acquisition d’une grande culture générale.

Le père de Léon, Édouard Degrelle, naît en France, à Sobre-le-Château en 1872. Il reprend une brasserie à Bouillon, épouse une demoiselle Baever et voit sa famille s’agrandir rapidement : huit enfants, dont Léon, né le 15 juin 1906. Le prénom paternel ne porte pas chance aux descendants. Un premier petit Édouard meurt à vingt mois. Le second Édouard perd une main dans un accident, devient pharmacien et est abattu par des résistants dans son officine bouillonnaise, le 8 juillet 1944.

Léon découvre le monde au travers des imprévisibles courants de la Semois et de la giboyeuse forêt où la traque du sanglier des Ardennes semble préfigurer la « chasse aux pourris » lancée plus tard par le rexisme. Ses promenades d’enfant le conduisent d’un quartier à l’autre d’une ville partiellement bâtie selon un modèle cosmique. La zone Est de Bouillon se nomme « Le Point du Jour », le quartier Ouest s’appelle « Le Terme », la fin du cycle journalier de visibilité solaire, quand le luminaire diurne se couche.

Souvent il fait encore nuit lorsque le petit Léon traverse la ville pour aller sonner les cloches de la première messe. Il apprend à vaincre sa peur. Il est gaucher. Dès l’âge de sept ans, une entrave lui tient le bras gauche derrière le dos pour forcer la main droite à écrire.

La Première Guerre mondiale éclate. Léon a huit ans. L’état-major allemand s’installe dans la maison Degrelle. La famille s’accommode vaille que vaille des mansardes.

Bouillon est comme l’épicentre de la vieille Europe de l’Ouest lacérée par le conflit fratricide. À quelques kilomètres à l’Est, voici Arlon, chef-lieu de la province belge du Luxembourg. Le Grand-Duché du même nom et la frontière française sont à quelques encablures. On parcourt cent kilomètres à travers le Gutland et via Meldert, et on se retrouve en Allemagne.

Édouard Degrelle est conseiller provincial et député catholique du Luxembourg. Au cours de ses déplacements, notamment à Liège, Édouard Degrelle anime avec le père jésuite Bégasse un réseau de renseignements sur les trains allemands de munitions en partance pour Verdun. Cette activité lui vaut la reconnaissance française sous la forme d’une Légion d’Honneur.

Peu après l’armistice de novembre 1918, Philippe Pétain vient rendre hommage à Bouillon, ville alliée. Sans complexe, le jeune Léon va serrer la main du héros. Celui-ci garde l’enfant près de lui durant toute la traversée de la cité au célèbre château.

Un professeur dit à Degrelle : « Vous serez un grand écrivain ». Léon s’attelle à la rédaction d’un roman intitulé Le vieux pont où, nous rappelle Jean-Marie Frérotte, « il aborde naïvement certains aspects de la société industrielle ». La revue Notre Jeunesse accueille ses premiers contes signés Noël d’Auclin. Il choisit son pseudonyme en inversant son prénom et en se référant à la côte d’Auclin, chemin montant et boisé qui domine Bouillon.

Voici les vers qu’il rédige à seize ans au verso de sa photographie d’étudiant : « Voici plus ou moins vrais les traits de mon visage.

Le papier ne dit pas le feu brûlant et fier

Qui me brûle aujourd’hui, qui me brûlait hier,

Et qui demain éclatera comme un orage. »

On peut y voir une inspiration tâtonnante, une maladresse d’adolescent, une triple et déplorable répétition verbale, mais les alexandrins de douze pieds sont presque parfaits, tandis qu’affleure la quête de l’authenticité dans une tension intérieure brisant le miroir des apprennes.

En mars 1927 paraît le recueil Mon pays me fait mal. On peut notamment y lire une superbe méditation crépusculaire dont la versification est de facture classique. Une mélancolie de type lamartinien se mêle à un désespoir analogue à celui des Nuits d’Alfred de Musset. Il y est question de « fragile jeunesse » et il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il s’écrie, comme le poète du Lac : « Ô temps, suspends ton vol ! » « J’aime les sanglots lourds gonflant mon cœur morose » : complaisance romantique dans la douleur, à l’instar du René de Chateaubriand et de ses « orages désirés ».

Degrelle évoque le « désespoir » comme un « rôdeur » dont les agressions ne sont plus évitables, car le refuge au cœur de la forêt (thème également cher à Jean-Jacques Rousseau) n’est plus possible. En effet : « Le mystère des bois me semble de la prose ». C’est donc bien la poésie qui constitue le havre de paix dont l’espoir se dérobe, qui revêt le souvenir tragique d’un « rêve brisé », tandis que la « chair se déchire » et que « la tristesse plane » sur un « front alourdi ».

Le « feu clair » qui « brillait depuis longtemps », c’est-à-dire l’aspiration solaire à la poésie qui traverse toute la jeunesse de Degrelle, ainsi que l’amour incarné par des « cheveux noirs » où « j’épinglais des baisers fous », tout cela « se décompose » dans le « cœur fiévreux » du poète, à qui s’applique à merveille la formule de « ténébreux romantique ».

En effet, devant le spectacle de « la terre qui s’endort », face aux « soirs drapant de noir l’horizon rose », Degrelle rejoint dans une commune inspiration un Ivan Gilkin, « poète de la nuit » (Raymond Trousson) ou un Aloysius Bertrand (Gaspard de la Nuit). Orphelin de la clarté diurne, l’inconsolable jeune homme de 21 ans s’abandonne à la sombre fatalité des « mauvais sorts » dont la « cavalcade » nocturne peut désormais « broyer de leurs maux » le monde ensommeillé. « Je voudrais être de ceux qui passent dans la nuit sur des chevaux sauvages », écrit aussi Rainer Maria Rilke. Dorénavant, Degrelle vivra pour « triompher », et non plus pour « aimer ». C’est la devise qu’il fait graver sur sa bague d’étudiant. Il se laisse emporter par une rage destructrice : « J’aime écraser les fruits et piétiner les roses ».

Dès l’âge de treize ans, Léon degrelle fait montre d’une étonnante maîtrise du langage oral. Il prononce son premier discours à l’inauguration d’une église Sainte-Cécile, dans un village sis à la frontière de l’Ardenne bouillonnaise et de la Gaume que l’on désigne parfois comme la « Lorraine belge ». Il s’inscrit dans une troupe théâtrale de patronage et y joue une pièce de Racine. Il récite un poème en l’honneur de l’évêque de Namur issu de l’ordre monastique des Prémontrés. L’équivocité du dernier vers suscite l’hilarité générale :

« Et dans l’arbre brillait l’écu des Prémontrés. »

Jean-Marie Frérotte commente à juste titre : « Il serait mauvais de croire que les exigences pédagogiques du temps rejetaient les moments d’humour. » Dans l’enseignement catholique des années 1920, il arrive aussi qu’une allusion quelque peu grivoise déchaîne un rire de bon aloi.

L’objectif du présent article n’est pas de présenter Degrelle sous un jour plus ou moins sympathique. On peut déplorer le durcissement de sa pensée au tournant de 1930, le virage fascisant qui plonge en plein désarroi le bon abbé Picard, un autre jésuite, futur évêque, aumônier de l’Association catholique de la jeunesse belge, protecteur du jeune Léon au poétique printemps de 1927. On peut le juger impardonnable d’avoir pactisé avec ce qui restera peut-être, pour plusieurs générations encore, le symbole de l’horreur absolue.

7 mai 1945. Capitulation. Via Copenhague, degrelle s’enfuit en Espagne par voie aérienne. Son avion est forcé d’atterrir dans la baie de San Sebastian. Plusieurs fractures nécessitent l’hospitalisation de Degrelle. Sur son lit de la clinique de La Mola, il a dix jours pour faire le point, penser à sa maman qui agonise, à la répression qui s’abat sur sa famille en Belgique, à ses souvenirs bouillonnais d’enfance et de jeunesse, à l’étudiant de Namur, à son entrée en littérature et en poésie. Osons paraphraser Jacques Brel s’imaginant à Macao et se remémorant « le temps où [il s’appelait] Jacky » :

" Être une heure, une heure seulement..."

En composant La Chanson ardennaise dans son hôpital du Pays basque, Degrelle se rappelle le temps où il était « Le Léon » :

Être une semaine, rien qu’une semaine durant,

Lamartine et Musset tout à la fois.

Pour appréhender la personnalité de Léon Degrelle, il faut la mettre en perspective dans le paysage de son Ardenne natale : « le remous de la Semois brutal » rimant, dans un poème de 1927, avec « mon pays me fait mal », les murailles du château de Bouillon résonant encore des fureurs du croisé Godefroy, les chemins forestiers conduisant à la toute proche frontière française, les routes escarpées menant au Grand-Duché voisin, l’Allemagne que le jeune Léon découvre à bicyclette, les premières neiges d’automne sur le plateau où trônent les points culminant du relief de Belgique. Dure Ardenne, écrit aussi Arsène Soreil, un des meilleurs écrivains régionalistes. Léon Degrelle : un enfant du terroir dont on regrette in fine qu’il ait délaissé la plume du poète pour l’invective politique, qu’il ne se soit pas obstiné devant le défi du « vide papier que la blancheur défend » (Mallarmé), qu’il ait préféré la boue des tranchées où toujours vainqueurs et vaincus s’enlisent, qu’ils soient « seigneurs de la guerre » ou « rêveurs casqués ».


Tintinologue
"Tintin mon copain" par Léon Degrelle

  Le livre qui évoque de manière détaillée un passage controversé de la vie d'Hergé existe bel et bien mais il est introuvable. Il ne s'agit pas d'une BD mais d'une véritable encyclopédie de 231 pages avec des photos, de nombreuses reproductions de planches et écrits d'Hergé. Lombard
 Pourtant le titre n'a rien d'agressif d'ailleurs il s'agit d'un hommage! L'auteur de ce livre est Léon Degrelle, le célèbre militant révolutionnaire belge.
Tintin et Milou
Dans la notice du livre on peut lire le texte suivant : "Degrelle entreprend ici de démontrer que Tintin c'est lui ! Preuves à l'appui, il nous raconte quand et comment est né le jeune reporter intrépide, mais aussi le contexte culturel, social et politique de l'époque: la montée de Rex, la guerre, l'épuration (qui a touché également Hergé). Les versions censurées de Tintin (après la guerre) sont ici reproduites, ainsi que les nombreux clins d'oeil de Hergé à Léon Degrelle, plus de 400 illustrations et de nombreuses révélations..." !

Le dessin de couverture est de Léon Degrelle lui-même ! Il n'hésite pas à nous montrer le jeune reporter dans un uniforme de l'armée belge !

Le livre, achevé en 1992, est aujourd'hui interdit. Il a été imprimé à 1000 exemplaires dont 850 ont été saisis et brûlés. Il reste 150 exemplaires en circulation. Il a été entièrement rédigé par Léon Degrelle.

Livre imprimé en offset, en noir et blanc avec 2 couvertures couleur. Il est broché et imprimé sur papier glacé, couvertures mates.

La vie d'Hergé pendant l'occupation est connue. Mais Léon Degrelle remonte plus loin dans le passé.
Les idées du jeune Hergé forgées dans un mileu catholique et boy-scout joueront un grand rôle dans sa vie. Grâce aux recommandations d'un chef scout il sera embauché dans le journal conservateur catholique, le "XXème siècle". Il n'est au début qu"un simple employé mais l'abbé Norbert Wallez, le patron du journal, remarque très vite les dessins qu'Hergé réalise encore pour le "Boy-scout Belge". Sa carrière de graphiste prend une nouvelle dimension. L'abbé Wallez, anti-communiste vicéral, aura une grande influence sur Hergé. Et tous les détails qui apparaissent dans "Tintin au Congo" ou dans "Tintin au pays des Soviets" s'expliquent plus facilement. Le jeune Hergé n'est pas à gauche loin de là ! Le premier virage s'effectuera grâce à une autre rencontre : Tchang Tchoung-Jen ! Avec le "Lotus Bleu", l'influence de l'abbé Wallez semble avoir du plomb dans l'aile ! Les impérialismes conquérants et racistes passent à l'ennemi... Tout au long des années 30, Hergé dénoncera les traffics d'armes, de drogue, d'argent ou le rôle des sociètés secrètes. Ces thèmes apparaissent dans ces récits (Tintin en amérique, L'oreille cassée, Les cigares du pharaon). Hergé a su montrer un visage différent après une enfance bien cadrée.

Pendant ces années les révolutionnaires de la  droites européennes ont de l'audience ! Le jeune Hergé écoute avec bienveillance les propos du jeune Léon Degrelle en pleine ascension. En 1932, avant la fondation du parti "rexiste" de Degrelle, Hergé illustre son "Histoire de la guerre scolaire". Ceci n'apparaît pas toujours dans les biographies d'Hergé. Hergé n'était pas un militant, ni un homme engagé, mais il était bien dans les années 30 dans la mouvance "rexiste". En 36, Degrelle fait un score remarquable aux éléctions. Mais les instances catholiques s'opposent à lui. Sa popularité va alors nettement baisser dès 1937. Devant un Degrelle qui se radicalise, Hergé prendra peu à peu ses distances.

La suite, on la connaît. Hergé aura bien des ennuis à la libération. Son retour au journal Le Soir contrôlé par les allemands ne fut pas apprécié par tout le monde. Léon Degrelle qui avait fini par endosser l'uniforme national socialiste allemand, ira se réfugier en Espagne.

Le site Universbd nous apprend cette nouvelle incroyable :

Sept heures du matin. Des coups sur la porte. La gendarmerie investit un appartement. Qu’elle fouille de fond en comble. Pour finir par trouver ce qu’elle était venue chercher : deux livres interdits. Un délit suffisant pour emmener le propriétaire des lieux en garde à vue. Et, après une demi-journée passée dans ses locaux, pour l’inculper.

Mais quels sont ces livres si terribles qu’ils justifient un tel traitement ? Des manuels de terrorisme ? Un recueil de secrets d’Etat ? Un traité sur l’art d’empoisonner une ville au cyanure ou d’assassiner un Président au bretzel? Non. Deux livres consacrés à Tintin. "Tintin et l’alcool" et "Tintin mon copain". Deux titres qui ont fait l’objet, chacun, d’un procès et d’une interdiction. Et le délit de cette personne ? Les avoir exposés sur un site d’enchères sur Internet.

"Moulinsart venait de porter plainte contre moi, pour avoir mis en vente ces ouvrages sur le net", explique le délinquant involontaire. "Résultat, je suis dans l'attente d'un procès futur et je ne sais absolument pas quelle en sera l'issue." Ses livres sont saisis et il ignore s’il les récupèrera un jour.

Chez Moulinsart, on explique différemment la chronologie des événements: "La gendarmerie française a effectué une enquête au sujet de la vente d'objets/d'ouvrages contrefaits sur un site de vente aux enchères. A l'occasion de cette enquête un particulier vendant les ouvrages précités sur ce site a été interpellé par la gendarmerie. Moulinsart a été informée des constats faits par la gendarmerie et a déposé plainte contre X pour débit d'ouvrage contrefait, l'identité du vendeur ne nous étant pas connue à ce moment."

Nous (UniversBD) avons déjà dit par ailleurs tout le mal que nous pensions de "Tintin et l’alcool ", un livre d’une médiocrité affligeante qui serait passé inaperçu s’il n’avait fait l’objet d’un procès.
Nous n’avons pas lu "Tintin mon copain ", mais si l’on en croit les sites Ras l’ Front et Resistance.be, il n’est pas plus crédible. Deux livres probablement sans intérêt, mais voilà… ils sont interdits et ils deviennent donc inestimables aux yeux des spéculateurs

En ce qui concerne le second titre litigieux, Moulinsart explique : "TINTIN MON COPAIN (auteur mentionné en couverture: Leon Degrelle) est un ouvrage contenant des propos pouvant tomber sous le délit de "négation de crimes contre l'humanité" (négation de l'existence des chambres à gaz),  (imputations anti-juives). Il n’a été tiré, si on en croit le site "Tintin est vivant", qu’à mille exemplaires. Pas de quoi créer une diffusion à large échelle. Sauf, bien sûr, lorsqu’on apprend que 850 ont été brûlés. De quoi, soudain, donner une inestimable valeur aux 150 restants.

Notre avis est que ce n’est pas en censurant et en brûlant des livres, ni en les empêchant de circuler que l’on sert l’oeuvre d’Hergé.

Vous pouvez retrouver entièrement cet ouvrage (236p) sur pdf:
http://flotintin59.free.fr/ebooks/Leon%20Degrelle%20Tintin%20Mon%20Copain.pdf

Qu´importe de souffrir si on a eu dans sa vie quelques heures immortelles. Au moins, on a vécu!

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