A la page 21
du rapport Bergier, on affirme qu’entre janvier 1940 et
mai 1945 il y a eu quelque 24 500 refoulements à nos
frontières; le nombre des refoulements effectifs
ayant toutefois été plus élevé.
Limitons-nous à cette précision: comme on ne
s’intéresse vraiment qu’aux seuls
réfugiés juifs, dont on soutient avec force
qu’ils étaient menacés, en tant que
Juifs, d’être exterminés collectivement 7,
nous limiterons nos recherches à ces derniers. Le
nombre de Juifs, parmi les 24 500 refoulés et plus,
n’est pas mentionné dans le rapport, parce
qu’il ne fait aucun doute que ce chiffre serait bien
trop faible pour satisfaire aux discours de propagande de la
commission Bergier à propos des «plusieurs
milliers», la mention de ces «plusieurs
milliers» devant donner une apparence de consistance
à la thèse de la complicité de la
Suisse dans l’assassinat des fugitifs.
Serge Klarsfeld,
lui-même, cite un nombre maximal de 5 000 pour les
fugitifs d’origine juive refoulés à nos
frontières 8 . Il n’est guère
imaginable que Serge Klarsfeld réduise
intentionnellement ce chiffre par égard à la
réputation de la Suisse; par contre, ce que nous
pouvons très bien nous représenter, c’est
qu’il le majore. Un indice de cette majoration nous est
fourni par un article paru le 5 janvier 1998 dans le Blick,
où l’on peut lire:
Jusqu’à
présent on a tablé sur un chiffre arrondi
de quelque 30 000 Juifs refoulés.
D’après l’estimation des documents
concernant les fugitifs s’étant
présentés à Genève (…),
ce nombre peut concerner entre 5 000 et 10 000 personnes
(…). Ce serait alors plus de 10’000 fugitifs
qui ont été refoulés à la
frontière genevoise, entre
l’été 1942 et 1945, parmi lesquels
seulement 500 Juifs. La plupart de ceux qui cherchaient
un refuge étaient des frontaliers français,
qui voulaient échapper à l’obligation
d’aller travailler en Allemagne. Un tiers des
fugitifs obtinrent l’admission à
Genève.
Les opérations
arithmétiques des rédacteurs du Blick laissent
à désirer, car si un tiers des fugitifs ont
été admis à la frontière
genevoise, parmi ceux-ci il y avait seulement 500 personnes
d’origine juive; par conséquent le total des
Juifs qui se sont vu refuser l’entrée, à
partir de l’été 1942, estimé
«entre 5000 et 10 000», s’élève
en fait à un chiffre global de quelque 1 500
personnes! Comme les Juifs qui ont été
refoulés avant l’été 1942 ne sont
pas pris en considération dans cette statistique,
admettons par précaution que ce chiffre doit
être doublé, ce qui, les concernant, nous donne
un chiffre global de 3’000 refoulements. Afin de ne pas
encourir l’accusation inconsidérée de
minimiser le nombre de ces personnes, nous acceptons le
chiffre d’un «maximum de 5 000» avancé
par Klarsfeld comme un éventuel plafond. Demeure la
possibilité, parfaitement envisageable, que maints
fugitifs ont demandé l’asile à plusieurs
reprises en différents lieux et sous
différents noms, et qu’ils figurent ainsi
plusieurs fois dans la statistique, ce dont on n’a pas
forcément tenu compte.
Presque tous ces Juifs
fuyaient la France; les frontières du Reich
étaient à peu près imperméables,
et parmi les Italiens d’origine juive qui ont
cherché refuge dans notre pays un très petit
nombre se sont vu interdire l’entrée 9 . En
juin 1940, environ 300 000 Juifs vivaient en France
10 , parmi lesquels un nombre important
possédaient un passeport étranger (Europe
orientale, Allemagne, etc.). Un peu plus de 75 000
d’entre eux environ, soit globalement un quart de ceux
qui résidaient en France en juin 1940, ont
incontestablement été déportés
et, à la vérité, dans une proportion
prépondérante, à Auschwitz11. Il
n’existe aucune source qui permette de supposer que le
pourcentage des déportés, parmi lesquels des
Juifs refoulés aux frontières suisses, ait
été significativement plus
élevé; en fait, il est frappant de constater
que dans le rapport Bergier un petit nombre seulement de ces
cas sont mentionnés. On peut donc déduire de
cette statistique que, selon toute apparence, entre 750 et 1
250 de ces Juifs (soit un quart du nombre minimal de 3 000,
et du nombre maximal de 5 000), dont la Suisse a
refusé l’entrée, ont été
déportés - nombres à partir desquels le
mensonge des «plusieurs milliers» de victimes de
la politique d’asile de la Suisse serait
déjà éventé.
Klarsfeld prétend
encore que seulement 2 190 Juifs déportés de
France ont survécus avec certitude 12 ; le
nombre des survivants ne pourrait toutefois dépasser
2 500. Pour en arriver là, Klarsfeld procède
comme suit: il tient pour morts tous les Juifs qui, au 31
décembre 1945, ne s’étaient pas
annoncés auprès du ministère des
Anciens Combattants - quand bien même cette
formalité n’avait rien d’obligatoire
13 ! - ou encore ceux dont il ignorait le retour. La
majorité des Juifs déportés de France
étaient des étrangers 14 ; n’ayant
aucune attache particulière avec la France, ils
n’avaient par conséquent aucune raison de
retourner dans ce pays. Après la guerre ils
émigrèrent en masse, la plupart à
destination de l’Amérique, de la Palestine ou
d’autres pays d’outre-mer.
Un exemple à ce
propos, celui de l’Autrichienne d’origine juive,
Jenny Spritzer. Jenny Spritzer émigra en Hollande
avant la guerre, et quitta ce pays pour la France, via la
Belgique, quand éclata le conflit. Elle est
arrêtée alors qu’elle tente de franchir la
frontière espagnole, puis envoyée à
Auschwitz. Libérée, elle émigra en
Suisse. Après la guerre, elle publia sur les
événements qu’elle avait vécus
à Auschwitz 15; un récit où elle
évoque quatre millions 16 de victimes pour ce
seul camp et où elle raconte comment les pommes de
douches «répandaient du gaz à la place de
l’eau» 17.
Une survivante beaucoup plus
connue que Jenny Spritzer n’est autre que Simone Veil,
née Simone Jacob. A son sujet, le Centre de
documentation juive contemporaine, à Paris, affirmait
qu’elle avait été gazée à
Auschwitz, où elle fut déportée le 16
avril 1944. Le fondement de cette affirmation était
simple: ce centre de documentation n’avait
trouvé aucun document concernant le destin
ultérieur de Madame Jacob 18 . Plus tard, la
«gazée» sera nommée en France
ministre de la Santé publique. A ced titre, Simone
Weil se fera connaître lorsqu’elle
légalisera l’avortement, que l’on peut
aussi considérer comme une forme de génocide.
Plus tard, la «gazée» fut présidente
de l’Assemblée des communautés
européennes de 1979 à 1982.
Que la déportation ne
signifiât pas, comme le prétendent les membres
de la commission Bergier, «une mort certaine», on
peut le déduire sur la foi de leur propre rapport. A
la page 132, nous faisons la connaissance d’Elie Carmel
qui, après après avoir été
expulsé vers l’Allemagne, survécut
à sa détention au camp de Sachsenhausen, de
Joseph Spring, qui revint d’Auschwitz, et des enfants
Sabine et Charles Sonabend qui «ont
survécu». Le fait que des enfants, justement,
aient survécu, des enfants qui ne pouvaient
guère servir aux travaux auxquels étaient
voués les détenus pour soutenir
l’économie de guerre allemande, n’est
guère compatible avec une politique
d’extermination. D’autre part, le rapport Bergier
affirme à propos de plusieurs Juifs refoulés
aux frontières suisses qu’ils ont
été tués à Auschwitz
(«tué» équivaut pratiquement
toujours, dans ce cas, à avoir été
«gazé», car c’est de cette
manière qu’à Auschwitz les assassinats
doivent avoir été perpétrés).
Selon le rapport Bergier, la famille Sonabend fut
déportée à Auschwitz : les parents
furent tués, alors que les enfants survécurent
(page 132). Enfin fut assassinée, toujours selon le
rapport Bergier, une jeune fille de quinze ans, que la
«gendarmerie de l’Armée a reconduite
à la frontière près de
Genève» (page 157). Ici, il faut se poser la
question: ces affirmations ont-elles quelque
fondement?
Quant aux gazages homicides
ayant eu lieu à Auschwitz (et dans d’autres
camps) il n’existe pas l’ombre d’une preuve
matérielle et documentaire. Alors que pour tout
procès criminel une expertise de l’arme du crime
est exigée, aucun tribunal n’a jamais
ordonné la moindre enquête judiciaire sur les
lieux où des centaines de milliers, voire des
millions d’êtres humains sont censés avoir
été tués. Les documents en provenance
d’Auschwitz19 et d’autres camps de
concentration, conservés en nombre, ne nous
fournissent pas d’indication sur les gazages homicides.
C’est Jean-Claude Pressac qui, bien involontairement,
apporte une contribution en faveur de la thèse que je
défends avec d’autres. Dans l’introduction
d’un livre porté au pinacle par les
médias, Les Crématoires d’Auschwitz 20,
il garantit de ne pas dépendre des seuls
témoins oculaires qui sont «toujours
faillibles» pour prouver les gazages homicides, mais,
au contraire, de s’être appuyé sur des
documents originaux. A la lecture de ce livre, le lecteur
remarque avec étonnement, que chaque fois que Pressac
parle de gazages, il allègue comme source les
déclarations d’un témoin!
Les documents de guerre
allemands exposent sans mystère les projets de la
politique nationale-socialiste à l’égard
des Juifs: il s’agissait de les expulser d’Europe.
Après que le projet de Madagascar, qui envisageait
leur établissement sur cette île située
à l’est de l’Afrique, se fut
révélé impossible à
exécuter, on décida leur expulsion vers les
territoires de l’Est. Le 10 février 1942, Franz
Rademacher, responsable pour la question juive au
Département allemand du ministère des Affaires
étrangères, affirmait dans un document que le
Führer avait décidé «que les Juifs
ne seraient pas expulsés à Madagascar mais au
contraire vers les territoires de l’Est», et il
ajoutait 21: «Madagascar, par conséquent, ne
peut plus être envisagé dans le cadre de la
solution finale». La «solution finale»
signifiait donc, sans équivoque, le
déplacement des populations d’origine juive vers
d’autres territoires que celui du Reich.
La preuve irréfutable
que Hitler n’a jamais ordonné
l’extermination des Juifs se trouve dans un document
reproduit dans le livre de David Irving Nuremberg. The Last
Battle 22. Dans ce document datant de 1942, le
secrétaire d’Etat, F. Schlegelberger, transmet
à ses collaborateurs23 que «Monsieur le
Reichsleiter Lammers m’a communiqué que le
Führer lui avait personnellement rappelé
qu’il voulait repousser la solution de la question
juive au lendemain de la guerre». A ce moment, la
conférence de Wannsee, durant laquelle, selon une
légende particulièrement tenace,
l’extermination des Juifs est censée avoir
été décidée 24 , appartient
déjà au passé, et à cette
époque, deux «camps d’extermination»,
Chelmno et Belzec, devaient déjà être en
fonction, à en croire l’historiographie
officielle25 . Que des meurtres de masse aient pu
être perpétrés dans des camps
d’extermination sans l’aval de Hitler
relève de l’impossible; et croire que
n’importe quel agent subalterne aurait pu de sa propre
initiative organiser un camp d’extermination pour y
gazer des centaines de milliers de gens est parfaitement
absurde - à plus forte raison dans un Etat aussi
hiérarchisé que leTroisième Reich.
En raison de la
pénurie de main d’oeuvre, mais aussi pour des
questions de sécurité 26 , une grande
partie des Juifs ont été internés dans
des camps de concentration. La documentation allemande sur
les camps de concentration, datant des années de
guerre, ne fournit non seulement aucune preuve d’une
politique d’extermination des Juifs, mais elle la
contredit radicalement. Les exemples suivants sont
éloquents 27 :
¨ Le 25
janvier 1942, soit cinq jours après la
conférence de Wannsee, Himmler écrivait
à Richard Glücks 28 , inspecteur des
camps de concentration: «Préparez-vous
à recevoir dans les prochaines semaines 100 000
Juifs et jusqu’à 50 000 Juives dans les camps
de concentration. De grandes tâches seront
dévolues aux camps de concentration dans ces
prochaines semaines.»
¨ Le 30 avril 1942,
Oswald Pohl, chef de la SS-WVHA (Bureau principal pour la
planification de la production), déclarait dans un
document adressé à Himmler que les camps de
concentration avaient désormais à remplir
avant tout des fonctions économiques, et que la
mobilisation de toute la force de travail des
détenus pour l’industrie de l’armement
constituait une priorité 29 .
¨ Le 21 août
1942, Martin Luther, chef du Département des
Affaires étrangères, écrivait que le
nombre de Juifs déportés à
l’Est se révélait insuffisant pour
couvrir les besoins en force de travail
30 .
¨ Le 28
décembre 1942, R. Glücks, inspecteur des
camps, envoya aux commandants de l’ensemble des
camps une circulaire, dans laquelle il exigeait 31 :
«Les médecins-chefs des camps doivent engager
tous les moyens qui sont à leur disposition pour
que le taux de mortalité soit
considérablement diminué dans chaque camp
(…). Plus que jamais, les médecins doivent
veiller à l’alimentation des détenus
et présenter, en accord avec la direction
administrative de chaque camp, les propositions
d’amélioration nécessaires. Ces
propositions ne devront pas rester lettres mortes, mais
être régulièrement appliquées
et contrôlées par les médecins des
camps (…). Le Reichsführer SS [Himmler]
a ordonné qu’il fallait absolument
réduire la mortalité.» Par suite de
cet ordre, la mortalité dans les camps a en effet
chuté de presque 80 % en huit mois
32 .
¨ Le 26 octobre 1943
Pohl adressa aux commandants de dix-neuf camps de
concentration une circulaire dans laquelle il est dit
33 : «Durant les années
précédentes, et dans le cadre des
activités de rééducation, il
était indifférent qu’un détenu
fournisse ou non un travail utile. Mais à
présent, la force de travail des détenus
revêt toute son importance, et toutes les mesures
de l’état-major (Kommandantur), de la
direction du service administratif et des médecins
doivent tendre à la conservation de la
santé et au maintien des capacités de
travail des détenus. Et cela non pas par
compassion, mais parce que nous avons besoin de leurs
bras et de leurs jambes, et qu’ils doivent ainsi
contribuer à ce que le peuple allemand obtienne
une grande victoire. Voilà la raison pour laquelle
nous devons nous préoccuper de la santé des
détenus.» Exactement huit jours plus tard,
les Allemands sont censés avoir fusillé
à Maïdanek et dans deux autres camps plus que
40.000 travailleurs Juifs affectés aux usines
d’armements! Tout commentaire semble ici superflu
34 .
¨ Le 11 mai 1944,
Hitler ordonna l’engagement de 200 000 travailleurs
dans le cadre du programme de construction d’avions
de chasse 35 .
¨ Le 15 août
1944, le Bureau principal pour la planification de la
production (SS-WVHA) fit savoir que l’admission de
612 000 personnes, dont 90 000 Juifs hongrois,
était imminente 36 .
Le manque
avéré de preuves matérielles et
documentaires en faveur de la thèse d’une
politique d’extermination à l’encontre des
Juifs motiva, en 1996, la mise au point suivante de
l’historien antirévisionniste français
Jacques Baynac37: Pour l’historien scientifique, le
témoignage n’est pas réellement
l’Histoire, il est un objet d’histoire. Et un
témoignage ne pèse pas lourd si aucun document
solide ne le confirme. Le postulat de l’histoire
scientifique, c’est, pourrait-on dire en forçant
à peine le trait: pas de papier(s), pas de fait
avéré. (…) Soit on abandonne le primat de
l’archive au profit du témoignage et, dans ce
cas, il faut déqualifier l’histoire en tant que
science pour la requalifier aussitôt en tant
qu’art. Soit on maintient le primat de l’archive
et, dans ce cas, il faut reconnaître que le manque de
traces entraîne l’incapacité
d’établir directement la réalité
de l’existence des chambes à gaz
homicides.
Ni le Nouveau Quotidien, ni
Jacques Baynac n’ont été accusés
d’avoir enfreint la loi dite antiraciste pour ces
lignes lourdes de sens! Il convient donc d’ignorer les
affirmations qui reposent exclusivement sur les
déclarations de témoins relatives aux
«gazages» et autres «meurtres» de Juifs
déportés à Auschwitz, et de poursuivre
notre enquête en suivant la logique des questions que
nous pose l’étude de la documentation.
Dans les camps de
concentration, à l’Ouest, une part importante
des cas de mortalité apparaît durant les
derniers mois de la guerre, au moment où, par suite
des terribles bombardements alliés
l’organisation du ravitaillement et de soins
s’était effondrée, et où, en
raison du transfert des détenus des camps
évacués de l’Est,
l’épidémie de typhus s’était
propagée dans les baraques surpeuplées sans
rencontrer d’obstacle. Dans la période qui
s’étend de janvier à avril 1945, 15 384
détenus moururent à Dachau, plus que durant
les cinq précédentes années de guerre
38 . Par contre, à Auschwitz, c’est la
seconde moitié de l’année 1942 qui fut la
plus terrible. Une épidémie de typhus
transforma alors ce camp en enfer: des 44 000 à 47
000 39 détenus qui sont
décédés en 1942, la plupart moururent
dans la seconde moitié de l’année. Entre
le 7 et le 11 septembre de cette même année,
375 prisonniers en moyenne moururent chaque jour 40 !
Le fait que les autorités du Troisième Reich
aient continué d’envoyer des prisonniers
à Auschwitz témoigne certes d’une
irresponsabilité déplorable. Les tentatives
désespérées des responsables du camp
pour juguler l’épidémie en
s’attaquant à la transmission du typhus par les
poux – à cette fin on installa des chambres de
désinfection, dans lesquelles les habits des
détenus étaient épouillés au
moyen de l’insecticide Zyklon-B – n’obtinrent
qu’un succès limité.
Les Juifs de France
désignés par le rapport Bergier comme ayant
été «tués» ou
«gazés» – ceux-ci nous
intéressent au premier chef, parce que ceux qui ont
été refoulés aux frontières de
notre pays appartiennent assurément presque tous
à cette catégorie – ont succombé
en grande partie au typhus, durant l’année 1942.
A l’occasion de plusieurs transports plus de 70 % des
déportés arrivés au terme de leur
voyage moururent dans un délai très bref
41 . A partir de novembre 1942, le taux de
mortalité parmi ce groupe de détenus chuta
rapidement et demeura, durant toute l’année
1943, relativement bas 42 , ce qui s’explique en
partie comme une conséquence de l’ordonnance de
Pohl, mentionnée ci-dessus, relative aux mesures
sanitaires, et du fait que les détenus ayant
survécu à l’épidémie
avaient développé une certaine
résistance contre la maladie.
Déjà pendant
la guerre beaucoup de Juifs quittèrent Auschwitz
vivants, soit pour être transférés dans
des camps à l’Ouest 43 , soit pour
être déplacés vers les territoires
occupés en Russie. Une conférence eut lieu
à Berlin sur la «question juive», le 28
août 1942 il y fut question des déportations.
Un des participants, le sous-lieutenant SS Ahnert,
rédigea, le 1er septembre, un document où, en
rapport avec la conférence, il est exposé
44 :
Le
lieutenant-colonel SS Eichmann révéla, au
cours de la conférence, que le problème que
pose actuellement l’expulsion des Juifs apatrides
doit être résolu au terme de cette
année civile. On pressent la fin du mois de juin
1943 comme ultime délai pour l’expulsion des
Juifs étrangers restants. (…) Le
lieutenant-colonel SS Eichmann a demandé que
l’on fasse immédiatement l’acquisition
des baraques commandées par le commandant de la
Police de sécurité à La Haye. Le
camp doit être érigé en Russie. Le
transfert des baraques peut être
réalisé de sorte que chaque transport
ferroviaire emporte avec lui trois à cinq
baraques.
La raison pour laquelle ce
document, particulièrement gênant pour les
partisans de la thèse de l’extermination,
n’est jamais cité dans la littérature
officielle sur l’ «Holocauste» est facile
à concevoir. En outre, nous savons tous que le camp
d’Auschwitz servait aussi de camp de transit pour
beaucoup de Juifs qui y étaient
déportés. A propos de
l’établissement du camp en Russie même,
mentionné dans ce document, nous ne disposons
d’aucun support documentaire, les documents ayant
été vraisemblablement détruits par les
Polonais ou les Soviétiques après la
libération d’Auschwitz, parce qu’ils
contredisaient la thèse officielle. Que beaucoup de
Juifs français aient été en
réalité refoulés dans les territoires
repris ou conquis par les Soviétiques, ce
communiqué, paru en avril 1944 dans le journal
clandestin communiste Notre Voix, tend à le prouver
45 :
Une nouvelle qui
réjouira tous les Juifs de France parvient par les
ondes de Radio-Moscou, Qui d’entre-nous n’a pas
un frère, une soeur, un époux, un parent
parmi les déportés de Paris? Et qui ne
ressentira pas une joie intense à la pensée
que huit mille Juifs de Paris viennent d’être
sauvés de la mort par la glorieuse Armée
rouge. C’est un d’eux qui raconta à la
Radio-Moscou comment il avait été
sauvé de la mort, en même temps que huit
mille autres Juifs parisiens. Ils se trouvaient tous en
Ukraine au moment de la dernière offensive
soviétique et les bandits S.S. devaient les
fusiller avant de quitter le pays.
A cette époque, il
est vrai, la version qui allait faire d’Auschwitz un
camp d’extermination pour les Juifs n’avait pas
encore pris corps. Et après la guerre, les Juifs qui
sont retournés en France ont été
fermement invités à adopter cette
version.
En résumé:
1) Selon toute
apparence, le nombre de Juifs français,
d’abord refoulés aux frontières
suisses, ensuite déportés, se situe entre
750 et 1 250.
2) Une partie importante
d’entre eux moururent à Auschwitz, la plupart
du typhus ou d’autres maladies.
3) Beaucoup de
déportés ont survécu, une partie
d’entre eux en Union soviétique, où
ils furent envoyés via Auschwitz.
Selon ces conjectures, les
«plusieurs milliers de fugitifs tués avec la
complicité de la Suisse» trouvés par
Bergier et consorts se réduisent à quelques
centaines de fugitifs décédés.
(Personne ne contestera que parmi eux certains ont pu
être exécutés pour des actes de sabotage
ou de résistance armée.) Le sort de chacun de
ces hommes est, certes, tragique, comme d’ailleurs
celui de chacun des plus de deux millions d’Allemands
décédés lors de l’expulsion
brutale des territoires de l’Est, des Sudètes et
des Balkans, comme les quelque 250 000 civils
sacrifiés à Dresde, peu avant la fin de la
guerre, comme celui de ces centaines de milliers de Russes
affamés dans Léningrad, comme est terrifiant,
enfin, le sort des quelque 200 000 Japonais qui moururent
à Hiroshima et à Nagazaki sous le feu
atomique. Mais que le sort tragique de ces quelques
centaines de fugitifs juifs soit aujourd’hui
abusivement utilisé pour vilipender un petit Etat qui
à cette époque luttait pour son existence et
sa survie, et qui ne pouvait, par conséquent,
accueillir tous les étrangers qui frappaient à
ses portes, cela ne peut qu’inspirer de la
méfiance à tout homme lucide.