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Serge Thion

VÉRITÉ HISTORIQUE
OU
VÉRITÉ POLITIQUE?


 [116]

CHAPITRE IV

DE LA MISERE EN MILIEU ENSEIGNANT



On a vu le côté cour. Voyons le côté jardin, celui de la Mère des Arts, notre bonne université. Il n'est pas inintéressant de s'arrêter un instant pour voir comment, dans notre société au libéralisme avancé (?), au cur du bastion des franchises universitaires, se trouve traité quelqu'un qui a des opinions déviantes.

L'article du Matin est du 16 novembre. Le lendemain, M. Bernadet, président de l'université Lyon 2, où enseigne R. Faurisson, prend un arrêté qui suspend « provisoirement » l'enseignement de celui-ci et lui interdit l'accès des locaux, à compter du 20. On a vu, dans la lettre de Faurisson au Monde (16-12-78), les incidents qui se sont produits ce jour-là à l'université, où Faurisson était venu faire son cours, dans l'ignorance où il était encore de l'interdiction qui lui en était faite. Le président Bernadet justifiait sa décision de la manière suivante :
Considérant d'une part, l'émotion provoquée dans l'université et en dehors d'elle par le caractère désormais public des thèses que vous exprimez, émotion qui peut donner naissance à des troubles sérieux si vous vous présentez à l'université pour y donner vos enseignements, considérant, d'autre part, que Mme le ministre des Universités a prescrit l'ouverture d'une enquête et qu'il paraît souhaitable de prendre toute mesure conservatoire dans l'attente des résultats de cette enquête, j'ai décidé

Les universitaires lyonnais ont toujours protesté qu'il ne s'agissait pas d'une sanction. Il n'empêche que le résultat était de rejeter le trublion et de créer une sorte d'isolement sanitaire Certains de ses collègues, longtemps après, ont parlé d'un « climat de peur » qui leur a interdit de manifester à la brebis devenue soudainement galeuse la sympathie qu'ils éprouvaient jusque-là pour l'homme ou le collègue, dans l'ignorance des convictions qu'il tirait de recherches dont il ne s'ouvrait guère auprès d'eux.
[117]
Après la période de suspension, Faurisson devait reprendre ses cours de littérature (le programme portait sur Proust) le 8 janvier 1979. Les autorités universitaires avaient fait recouvrir les inscriptions : « Faurisson assassine les morts ». A l'heure dite se pressaient dans la salle une cinquantaine de manifestants que la presse a généralement qualifiés de « juifs ». Il semble en effet que, sous la houlette du Dr Aron, coordinateur des organisations juives de Lyon, beaucoup de ces manifestants appartenaient à l'Union des étudiants juifs de France, qui distribuaient un tract, « Halte au mensonge et à la haine », titre curieux si l'on s'avise que le texte n'était dépourvu ni de haine ni de mensonge :
Jusqu'à quand devrons-nous encore protester contre le réveil de la violence, du racisme et de l'antisémitisme, et se heurter chaque fois à la même indifférence, indifférence de celui qui n'est pas touché dans sa chair, dans son être, ou plutôt qui n'est pas encore touché dans son individualité ?

Le silence est complice d'où qu'il vienne. Mais plus grave que tout est le silence de ceux qui savent et qui ont pour fonction d'enseigner. Pire que tout est le silence des intellectuels.

Ainsi à Lyon un paisible professeur de lettres nie les chambres à gaz. Incroyable mais vrai, comme ces croix gammées qui prolifèrent un peu partout faisant de la violence raciste une réalité banale et quotidienne.

Mais quoi ? ne soyons pas trop sensibles : le professeur de Lyon M. Faurisson ne nous explique-t-il pas, arguments pseudo-scientifiques à l'appui, que « jamais Hitler n'a ordonné la mort d'un seul homme en raison de sa race ». M. Faurisson peut-il aussi facilement expliquer le sort réservé à des millions de victimes parmi lesquelles six millions de Juifs déportés et disparus ? A moins que « ces millions de victimes ne soient encore une invention sioniste » (Libération 18 septembre 1978).

M. Faurisson se défend d'être antisémite et partisan du nazisme, mais ses propos diffamatoires et sa collaboration à des publications qui éditent entre autres le Mensonge d'Auschwitz et le Protocole des Sages de Sion l'inscrivent dans une longue tradition antisémite.

Il ne s'agit pas pour nous de polémiquer avec M. Faurisson ni avec aucun fanatique de son espèce mais nous devons tirer la leçon des récents attentats antisémites car Faurisson n'est pas seulement un personnage dont le délire fait hausser les épaules, c'est un homme dangereux.

Il convient qu'hommes et femmes de bonne foi ne soient pas les victimes d'un apologiste du nazisme qui, abusant de la tribune que lui offre sa profession, multiplie les affirmations fallacieuses.

C'est pourquoi nous demandons son exclusion définitive de l'université Lyon 2 et sa radiation du corps enseignant.

[118]
Les présidents de l'université, M. Bernadet, et de l'U.E.R. M. Claude Martin, s'étant déclarés incapables d'assurer sa sécurité physique, le professeur Faurisson réussit, en prenant maintes précautions, à quitter le bâtiment sans encombres. Déçus les manifestants affirmèrent qu'ils avaient seulement voulu « discuter » avec Faurisson, ce que ne laissait pas augurer leur tract.

La semaine suivante, le 15 janvier, Faurisson se présente directement à la présidence de l'université. La salle de cours est à nouveau emplie de manifestants de l'U.E.J.F. mais aussi de l'U.N.E.F., de la Ligue communiste, d'associations d'anciens déportés auxquels s'est joint le député Hamel (U.D.F.). Ils déclarent hautement qu'ils veulent « poser des questions » et distribuent le tract suivant :
Lundi dernier nous étions cent. Aujourd'hui nous revenons Pourquoi ?

- Parce qu'il est intolérable que R. Faurisson, cet individu dangereux, puisse propager impunément une idéologie raciste et pernicieuse en déclarant notamment « jamais Hitler n'a ordonné la mort d'un seul homme en raison de sa race », « les prétendus massacres en chambres à gaz et le prétendu génocide sont un seul et même mensonge » ;

- Parce que accumulant des affirmations pseudo-scientifiques, il s'efforce de gommer la vérité historique ;

- Parce qu'il est une insulte à la mémoire des disparus et une injure aux témoins encore vivants de ces atrocités ;

- Parce que la présence de R. Faurisson à l'université de Lyon 2 est une offense au corps enseignant ;

- Parce qu'il est une expression de la recrudescence du racisme et de l'antisémitisme en France.

C'est pourquoi aujourd'hui nous réclamons que des sanctions à la mesure de ses propos diffamatoires soient pris. (sic)

Nous vous demandons de sortir d'une indifférence qui vous rend complices et de nous rejoindre.

Union des étudiants juifs de France, avec le soutien de : A.G.E.L.U.N.E.F., A.N.A.C.R., Cercles Barricades, Comité de coordination des organisations juives de Lyon, Comité d'union de la Résistance F.N.D.I.R.P., Impression, L.C.R., M.A.S.

M. Claude Martin et d'autres engagent Faurisson à aller « répondre à des questions, fournir des explications » mais reconnaissent très vite qu'ils ne peuvent pas assurer « des conditions normales d'enseignement », ni sa sécurité. Peu soucieux de rencontrer seul ces questionneurs musclés, Faurisson se retire. Il se souvient avec amertume du début de lynchage du [119] 20 novembre, où l'une de ces « brutes électrisées de haine », selon ses propres termes, lui criait : « Maintenant qu'on connaît ta gueule, t'es foutu. » Au dire d'un témoin, certains manifestants cherchaient sans doute la discussion mais se révélaient vite incapables de se maîtriser.

La semaine suivante, il reçoit des informations confidentielles selon lesquelles des militants juifs doivent venir de Paris et qu'il y a des risques pour sa vie. Il se présente néanmoins à son cours mais au moment de commencer il est averti de l'arrivée des manifestants. Il sort, ils ne le reconnaissent qu'après l'avoir croisé ; c'est alors la chasse à l'homme dans les couloirs, puis dans la rue jusqu'à ce qu'il s'échappe en se cachant sur un chantier. Le soir, au téléphone, Claude Martin lui reproche de chercher à se faire passer pour une victime, et de mentir en disant que les incidents ont commencé dans l'enceinte de l'université.

On jugera plus à loisir des positions que prend Claude Martin, le supérieur hiérarchique direct de R. Faurisson, par un « document de la semaine » publié par le Nouvel Observateur #, un texte qui « n'était pas destiné à la publication » mais qui avait été néanmoins « adressé pour information à la L.I.C.A. ainsi qu'à plusieurs quotidiens parisiens ». C. Martin y explique longuement dans quelles conditions R. Faurisson a été nommé à Lyon en 1973, au détriment d'un autre candidat « dont les travaux, d'autre part, étaient reconnus largement supérieurs ». On saura, par la réplique de Faurisson, que ledit candidat malchanceux était M. Claude Martin en personne #. Mais à toute chose malheur est bon puisque M. Martin allait se faire élire, pendant cette affaire, premier vice-président de Lyon 2. On conçoit que des gens pressés n'aiment pas ce qui vient en traverse. Aussi C. Martin cherche-t-il à mettre entre lui et son proche collaborateur la plus grande distance possible. Tout en essayant, sans trop se compromettre, d'accréditer l'idée que Faurisson serait un antisémite de longue date, il relate toute l'affaire par le menu afin de montrer qu'il était impossible aux universitaires responsables, comme lui, d'agir autrement qu'ils ne l'avaient fait, c'est-à-dire, grosso modo, de faire passer le gêneur à la trappe pour ne pas être critiqué par les antifaurissoniens. On peut passer sur les petites mesquineries qui sont monnaie courante entre « chers collègues » pour ne relever que le trait principal d'une mentalité qui se donne ainsi à voir crû[120]ment : une surdité intellectuelle totale. Elle permet de discourir sans fin et d'inventer les arguments que l'on combat. M. Martin a bien mérité de la rhétorique, en particulier de la figure dite « ouverture du parapluie ».

Cet exercice de la désolidarisation active devait aller, dans la réponse qu'il fit à la réplique de Faurisson # jusqu'au travestissement complet de la réalité, puisqu'il affirmait, in cauda venenum # :
Suspendu le 20 novembre pour un mois, il s'est ensuite abstenu de revenir à l'université, faisant signifier par son avocat qu'il ne voulait pas « courir de risques mettant son intégrité physique, voire sa vie, en danger ». En dépit des garanties qui lui ont été formellement et officiellement données que l'université assurerait (comme elle l'a fait le 22 janvier) sa sécurité éventuellement menacée, M. Faurisson n'a pas reparu à Lyon 2 depuis deux mois et demi. Les règlements interdisant de rémunérer un autre enseignant pour assurer les cours pour lesquels M. Faurisson continue à être rémunéré, les étudiants ainsi abandonnés s'inquiètent

Une nouvelle tentative de reprise des cours s'est soldée, le 7 mai, de la même manière que les autres. Vus par le côté de Faurisson, les prestiges de l'université sortent de cette affaire plutôt ternis. Personne, ou presque, ne prend sa défense au nom de la liberté de penser. Car les défenseurs attitrés de cette liberté sont coincés : à trop appuyer sur le principe, ils pourraient faire figure de « partisans » de Faurisson, mais à trop le laisser malmener, ils font figure de pleutres. Il leur reste une voie étroite : affirmer que Faurisson a le droit de penser ce qu'il veut, dire que dans tous les cas ce qu'il pense est aberrant, et suggérer mezzo voce qu'il ferait mieux de penser en silence car on ne peut désapprouver trop fort les réactions qu'il suscite en s'exprimant ouvertement. Il n'est évidemment pas question un instant de se poser la question de savoir s'il y a un grain de vérité dans ce qu'il dit. On parle beaucoup mais on ne dialogue pas. Que les voies du conformisme sont parfois bien difficiles

La suite des événements et leur commentaire ressortent d'une lettre écrite par Faurisson le 21 mai 1979 au ministre des Universités, pour le motif que l'on verra à la fin :
A ma suspension de droit allait alors succéder une suspension de fait parfaitement illégale. La situation l'exigeait puisqu'on se déclarait incapable d'assurer le déroulement normal de mes cours. Le patron m'envoyait, le 29 janvier 1979, une lettre recommandée pour m'accuser [121] de lâcheté (je n'avais pas osé affronter mes « contradicteurs », disait-il) et pour me faire savoir qu'un collègue assurerait mon cours de licence « jusqu'a la fin de cette année ».

Tous ces événements se produisaient alors qu'allait s'ouvrir la succession de notre patron socialiste à la tête de l'université Lyon 2. Un candidat se présentait parmi d'autres : mon directeur d'U.E.R., avec lequel il était de notoriété publique que j'entretenais jusque-là d'excellentes relations. Mais l'ambition peut conduire à des égarements. Le nouveau candidat à la présidence faisait savoir publiquement que, dans mon affaire, il épousait les vues de l'ancien président. Il allait même plus loin. Il publiait dans un hebdomadaire de tendance socialiste un très long article, puis un texte en réponse à ma réponse, où j'étais présenté comme un homme médiocre, comme un enseignant ayant reçu autrefois non pas un « blâme » mais - nuance ! - des « reproches verbaux » pour de prétendus propos antisémites. Cette pure affabulation s'accompagnait d'une insinuation plus perfide et plus grave : on insinuait que j'étais un professeur qui avait déserté son poste et qu'on payait à ne plus rien faire.

J'élevais une vigoureuse protestation contre cette ignominie. On me proposait alors d'essayer de reprendre mes cours pour les deux dernières séances de l'année, soit le 7 et le 14 mai. J'acceptais immédiatement cette proposition sans égard pour les risques que j'aurais peut-être une fois de plus à courir.

Malheureusement, par un fait dont j'aimerais bien avoir l'explication, les manifestants étaient mis au courant de mon retour. Une fois de plus, le 7 mai, ils envahissaient les lieux et s'y déplaçaient comme à demeure. Comme d'habitude, aucun contrôle de cartes n'était même tenté à l'entrée de ma salle de cours, où je ne pouvais d'ailleurs accéder ce jour-là. Le 14 mai, les manifestants revenaient sur place. Cette fois-ci enfin, pour la dernière séance de l'année, on se décidait à pratiquer un contrôle des cartes. Je pouvais faire cours mais seulement à une étudiante, car une seule étudiante avait pu franchir le barrage des manifestants. C'est sur ce nouvel échec que se terminait une année universitaire où je n'avais pu en fin de compte, donner que trois cours de licence : les 6 et 13 novembre et le 14 mai. Pour ce qui est des autres enseignements (cours de maîtrise et de certificat C 2), c'est clandestinement que j'ai pu les assurer dans l'arrière-salle d'un café de la ville à un petit groupe d'étudiants courageux.

Ce n'est pas vous, Madame, qui allez vous soucier de prendre ma défense.

Mon avocat a cherché à vous saisir de mon affaire quant il est devenu évident que les autorités de Lyon 2 étaient incapables de la résoudre. A la même époque je crois savoir que les autorités de police vous ont fait savoir que j'étais en danger de mort. Vous êtes restée totalement insensible aux appels qui vous étaient lancés. Vous avez fait répondre qu'il nous fallait passer par la voie hiérarchique, c'est-à-dire par le recteur. Mais vous saviez que le recteur nous avait depuis longtemps déclaré qu'en vertu du principe de l'autonomie des universités il ne pouvait intervenir dans cette affaire.

Tout cela est dans l'ordre des choses. Je ne vois là ni complot, ni conjuration, mais un conformisme de fer. Aussi longtemps que j'ai paru rester [122] dans le rang, j'ai été, paraît-il, un « très brillant professeur », un « chercheur très original », une « personnalité exceptionnelle ». Du jour où j'ai heurté le tabou des « chambres à gaz », ma situation professionnelle est devenue intenable. Aujourd'hui, je me vois contraint à solliciter de votre haute bienveillance ma relégation dans l'enseignement par correspondance.

A la veille de la rentrée universitaire, il était nommé dans l'enseignement par correspondance.

Seule note rassurante, une pétition, suivie parmi d'autres de la signature du professeur Culioli, qui s'élève contre les mesures qui frappent Faurisson, réclame un débat public, tout en se désolidarisant complètement de ses opinions #. Réclamer la liberté pour soi-même est chose normale. Réclamer la liberté pour les autres, paraît tout à fait extraordinaire : c'est pourtant le minimum dont une démocratie ait besoin.

1.- La droite, la gauche
L'extrême droite, de ses bulletins confidentiels à Minute s'est évidemment réjouie. Elle ne cherche pas à examiner l'argumentation de Faurisson puisque pour elle le nazisme est calomnié, probablement par une conjuration judéo-quelque chose. On notera que si elle peut faire usage, entre mille choses, des conclusions de Faurisson dans le cadre de son idéologie elle n'a pas utilisé l'homme. Il ne s'est prêté à rien.

Plus intéressantes sont les réactions du « monde politique », c'est-à-dire des partis qui battent l'estrade parlementaire. Un survol rétrospectif amène quelques surprises : à côté des manifestations prévisibles d'associations d'anciens déportés, d'organisations juives et de mouvement antiracistes, la gauche est restée à peu près silencieuse. La modération du P.C.F., [123] en particulier #, est remarquable. Certes, il a depuis longtemps abandonné le mythe du « parti des 75000 fusillés » et il n'essaie plus de faire croire que la Résistance, c'était lui, et lui presque seul. Mais il ne perd habituellement pas une occasion, dans ce genre de circonstances, de faire monter aux créneaux ses Rol Tanguy et ses médaillés à l'accent rocailleux. On l'a bien vu au moment où Giscard a fait supprimer les célébrations du 8 mai. Le P.S., dont l'influence est grande à l'université de Lyon 2, ne s'est guère manifesté non plus. Tous ces gens ont visiblement d'autres chats à fouetter.

A droite, côté gaulliste, on ne bouge guère non plus, à part Joël Le Tac qui affirme avoir « vu fonctionner la chambre à gaz du Struthof # ». Ce sont les giscardiens qui sont en flèche. Pierre Sudreau (apparenté U.D.F.) demande, au nom du groupe des anciens résistants et déportés de l'Assemblée nationale, d'ouvrir une enquête sur « les propos scandaleux qui constituent une véritable apologie des crimes de guerre # ». C'est Mme Saunier-Seïté qui répond que le « gouvernement partage l'indignation exprimée par M. Sudreau # ». En bonne position, on trouve aussi un député U.D.F. de Paris, Jean-Pierre Pierre-Bloch, qui signe un article dans le Matin de Paris #. Un député U.D.F. du Rhône, M. Hamel, se joint aux gros bras qui veulent « questionner » Faurisson à l'université et, déclarant que « la liberté elle-même est altérée par certaines tolérances envers les falsifications graves de l'histoire », demande, angoissé, à Mme Saunier-Seïté, ce qu'elle va faire. Hélas ! elle se déclare « peinée » de son « impuissance # ». Le pompon, c'est certainement au Dr Gilbert Barbier, député U.D.F. du Jura, qu'il échoit, avec sa question écrite au Premier [124] ministre demandant, « à propos des troubles internes à l'université de Lyon 2 » quelles sont « les mesures qu'il estime souhaitables pour introduire dans le droit positif français un système d'interdictions professionnelles ». Vive et tardive protestation de l'Humanité# silence prudent de cet autre député giscardien de Lyon, M. Barre.
A première vue, on peut trouver étrange, et même paradoxal, que monte en première ligne la famille politique qui est par tradition et par héritage la moins liée à la Résistance et à la lutte contre le fascisme. A vrai dire, ils sont pratiquement les premiers depuis la guerre qui ne fondent pas leur droit de nous gouverner sur les services qu'ils diraient avoir rendus à la patrie aux heures sombres de l'occupation allemande. On se souviendra peut-être que M. Giscard d'Estaing, au moment de la campagne présidentielle, avait recruté son service d'ordre dans des groupes habituellement considérés comme fascistes. On a pu entendre, au cours d'un débat télévisé, M. Alain Krivine reprocher en personne à M. Poniatowski, le Père Joseph du président Giscard, d'avoir été, en son temps, un informateur de l'O.A.S., sans s'attirer d'autre réplique qu'un sourire benoît. Je ne veux pas dire par là que la politique giscardienne serait fasciste, ce serait sot, mais simplement que les giscardiens ne sont jamais apparus comme des obsédés de l'antifascisme. Ce sont pourtant eux qui sont les plus violents dans les attaques contre les opinions professées par Faurisson.
La seule cause que je vois à cette infraction à la logique politique, c'est leur situation d'hommes au pouvoir. Notre régime politique est fondé, en religion, sur la victoire, en 1945 des forces du Bien sur celles du Mal. Quoi que nous fassions (guerres coloniales, exploitation des pays pauvres, traitement des étrangers), nous appartenons à une généalogie du Bien et notre devoir, notre fidélité, est de frapper le Mal dès que, sournoisement, il relève la tête. J.R.R. Tolkien a déjà raconté cela, sur un mode plus gothique. Les détenteurs du pouvoir ont à charge, implicitement mais incontestablement, le maintien de cette pureté originaire. L'outil de ce maintien, c'est, indéfiniment repris, le récit des origines, le mythe fondateur dont la répétition renouvelle l'efficace. Comme les prêtres de Pharaon et de l'Inca, comme les griots des émirs soudanais, une caste de clercs doit veiller à l'orthodoxie de la récitation. Comment croire autrement qu'un petit prof tranquille puisse par quelques phrases soulever l'ire de nos modernes vestales en veston ?
2.- Plus loin, à gauche
Normalement, toute manifestation d'antisémitisme soulève les protestations unanimes de la gauche. Mais là, il y a eu des fausses notes : quelques individus, quelques groupes se sont avisés que l'antisémitisme n'était pas en cause, que la question était ailleurs et que l'on ne pouvait évacuer à si bon compte des interrogations irrépressibles.

Le journal Libération allait un temps servir de scène à ce théâtre d'un genre nouveau. On a déjà dit que, dans Libé, l'affaire commence par un simple démarquage du Matin, puis par quelques articles de la même eau. En marge de l'affaire, Serge July donne un commentaire qui rend un autre son. Il voit plutôt en Faurisson une sorte de pauvre prof poursuivant une marotte mais, surtout, il pose la question de ce que signifie l'interdiction de l'expression du racisme. Il y a là une volonté de voir certaines choses en face, qui, pour beaucoup, est assez nouvelle # :
Il y aurait désormais une affaire Faurisson, du nom de ce maître de conférences lyonnais qui entretenait la hiérarchie universitaire et ceux de ses élèves que cela intéressait, de ses recherches sur le « mensonge » des camps d'extermination nazis. Cette affaire repose dans les mêmes termes les problèmes déjà soulevés par la publication dans l'Express de l'interview de Darquier de Pellepoix : fallait-il ou non la publier, ou cet enseignant a-t-il le droit de s'exprimer sur ce qui constitue manifestement chez lui une obsession ?

Il faut se méfier des unanimismes. Trop c'est trop, et à en croire les clameurs, il n'y aurait pratiquement plus d'antisémites en France, à l'exception de Darquier et de cet enseignant. La France est vierge et le mal a des visages, contre lesquels le consensus national a pu enfin se reconstituer. La façade nationale, faite des pierres communistes, présidentielles, socialistes, gaullistes et intellectuelles est immaculée. Excellente opération où tout un chacun gagne l'absolution à peu de frais : « Contre le racisme, j'ai déjà donné au moment de l'affaire Darquier. » Un jeune a été condamné pour homosexualité ? Non j'ai déjà donné ; et si l'unanimité contre les gâteux de l'antisémitisme servait a relativiser les autres manifestations de racisme ? Comme un gigantesque exutoire, comme une opération par laquelle notre société se cache à elle-même, ses cancers, ses horreurs, ses perversions.

Naturellement, cela ne va pas sans terrorisme intellectuel. Robert Faurisson a été présenté par la presse, et par Libération en particulier, comme un dangereux antisémite. Si l'on en juge par la lettre qu'il nous a adressée (Libération du mardi 21), ce maître de conférences évoque plu[126]tôt l'universitaire malade de l'enseignement supérieur, à l'image de centaines ou de milliers de ses collègues, qui véhiculent des obsessions au fonctionnement similaire. Qui dans ses études n'en a pas rencontré un, se donnant quotidiennement, pitoyable, en spectacle à des élèves qui n'en sont pas dupes et qui en rient ? Les journalistes connaissent bien cette multitude de paranoïaques qui font le siège de leurs rédactions, de volumineux dossiers sous le bras, et qui sont capables de raconter pendant des heures le complot dont ils seraient les victimes. Et si Robert Faurisson n'avait pas plus d'importance que cela ? Les détracteurs des asiles, qui militent, avec raison, pour la psychothérapie en milieu ouvert, connaissent bien ce type de situation, ils n'en sont pas pour autant des fourriers du racisme, ou du fascisme. L'université de Lyon a-t-elle fait autre chose en conservant à Robert Faurisson son poste ?

En retour, la manière dont on a fait « toute une affaire » de ses propos, prouve s'il en était encore besoin la volonté générale de se trouver un antisémite quasiment caricatural - ce ne sont pas évidemment pas les plus dangereux - sur qui se libérer des angoisses d'une société.

La hiérarchie de l'horreur

Car en fin de compte, est-il pire de proclamer que « Hitler n'a pas tué un seul homme en fonction de sa race », comme l'affirme cet enseignant lyonnais - ce qui est tout simplement une contre-vérité définitive - ou d'affirmer, comme le faisait encore Henri Krasucki le numéro 2 de la C.G.T., lors de la visite de M. Kadar en France, que le soulèvement hongrois de 1956 était une contre-révolution, ce qui semble indiquer que la répression soviétique était justifiée ? Contre-vérité et contre-vérité : six millions de morts contre 25 000 : l'arithmétique impose-t-elle une hiérarchie de l'horreur ? La première affirmation serait-elle insupportable et pas la seconde ? Au nom de quoi ?

Est-il pire de faire comme certains gauchistes l'éloge du régime cambodgien - ce qui est une manière tout aussi insupportable de faire l'éloge d'un massacre - ou d'écrire comme ce journaliste de l'Humanité (16 novembre 1978) à propos des réfugiés du Hai Hong : « Le Vietnam blessé, saignant encore des plaies de la guerre, ne peut s'offrir le luxe d'une bourgeoisie créée par des fonds étrangers ? » Cet éditorial récent de l'Aurore assimilant les responsabilités de René Bousquet et de Jean Leguay dans la déportation des Juifs vivant en France, sous l'occupation nazie, à des « sottises » est-il pire que tel ou tel éditorial de François Brigneau sur l'immigration arabe, ou tel écrit hebdomadaire de Jean Cau dans Paris-Match sur les femmes ?

Les agressions et les contre-vérités contre telle ou telle catégorie sociale, nationale, culturelle ou sexuelle sont notre lot quotidien. Mille racismes, mille haines plus injustes les unes que les autres, mais tout autant douloureuses pour ceux qu'elles visent.

Les tartuffes modernes se recrutent dans tous les partis, et peu importe l'idéologie à laquelle ils émargent, se retrouvent à peu près tous pour interdire à ces exhalaisons de haine le droit de s'exprimer. A les suivre en bonne logique, il faudrait poursuivre inlassablement en justice une bonne partie de la société française, interdire de nombreux journaux, à commencer par Minute, l'Humanité, le Quotidien du peuple, l'Aurore, etc. Impensable naturellement, et il va de soi que cela serait intolérable. [127] Et sans fin. A la base de leur raisonnement, le refus de regarder la réalité en face, d'entendre ces milliards de paroles quotidiennes qui renvoient l'écho d'une société gangrenée profondément par tous les racismes.

Faut-il alors s'en remettre définitivement à la justice, lui confiant la gérance de l'ensemble des rapports sociaux, quotidiens, des opinions et des pensées ? L'état de droit n'est pas loin. Effrayant lorsqu'il s'agit des interdictions professionnelles et de l'Allemagne, il aurait cessé de l'être dès lors qu'il s'agirait du racisme en tout genre

Interdire l'expression du racisme, c'est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement, et la conspiration. Et à terme, pour plus d'attentats, plus de meurtres. La spirale de l'état de droit est sans fin, et chacun sait que l'interdiction se généralisant, se nourrit de violences et entraîne de nouvelles interdictions. Je ne vois pas pourquoi, la violence ne serait pas aussi dans ce domaine un substitut à la parole alors qu'on l'admet pour le délinquant des grands ensembles par exemple. Quitte à choisir, mieux vaut à tout prendre, et en l'état de société, que l'antisémitisme et tous les racismes s'expriment plutôt qu'ils se pratiquent.

Tout se passe en fin de compte comme si les partisans de l'interdiction générale avaient peur, par les effets de la tolérance, de découvrir combien toutes les catégories de racisme imprègnent notre société. Outre leurs superbes, ils y perdraient l'illusion d'une société aseptisée, sans conflits, sans affrontements, sans risques, sans vérités, et dont les citoyens seraient des assistés émasculés de toutes possibilités de rébellion.

Qu'on cesse enfin de nous empêcher de voir la France telle qu'elle est. C'est le plus sûr moyen de laisser les racismes proliférer en sourdine et à l'ombre des unanimismes officiels du moment. Il en coûtera ce qu'il en coûte généralement aux apprentis sorciers de l'amnésie : des lendemains qui déchantent dans la surprise générale.

A beaucoup d'égards, cet article est plutôt injurieux et a pu être ressenti comme tel par le professeur Faurisson. Il est cependant intéressant dans la mesure où, à l'inverse des commentaires habituels, il examine les conséquences de la liberté d'expression, y compris le droit au délire, et qu'il ne cherche pas à trahir ses principes à l'instant où leur application devient difficile. La seule hypothèse qu'il reste incapable d'affronter, c'est précisément qu'il y aurait quelque chose à considérer, bien en deçà du délire, dans les propos de Faurisson. Comme on le verra plus loin, Libération s'en est tenu là.

Revenant à Faurisson, nous trouvons une lettre de deux de ses anciens élèves # qui tourne en dérision les attaques parues dans la presse et se termine ainsi :
[128]
Quant à nous, anciens élèves ayant subi l'enseignement du très ignoble M. Faurisson, on serait plutôt contre tous les impérialismes, tous les fascismes, tous les racismes, pour le libre débat, pour le droit à la recherche et au doute.

Les autorités universitaires ont d'ailleurs dû, à plusieurs reprises, reconnaître qu'aucun élève, aucun étudiant ne s'était jamais plaint de leur professeur # et qu'ils ne semblaient même pas se douter, pauvres naïfs, que leur maître était aussi « nocif » (pour reprendre un terme employé par Alice Saunier-Seïté à R.T.L. le 18 novembre 1978.) Nombreux même - sûrement des inconscients - qui lui ont fait connaître leur estime et leur soutien.

Une nouvelle dimension de l'affaire apparaît avec une lettre collective, publiée sous le titre « Connaissez-vous Rassinier ? », en réplique à l'article de J.-P. Pierre-Bloch (voir note 36), lettre vraisemblablement provoquée par le regain d'actualité donnée à cette question par l'affaire Darquier de Pellepoix et l'affaire Faurisson, chez d'anciens lecteurs de Rassinier # :
Les déclarations d'un crétin particulièrement odieux, recueillies on se demande pourquoi, ont relancé la campagne sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis pendant le second conflit mondial - c'est-à-dire les crimes nazis - puisque les nazis et leurs complices sont les seuls à en avoir commis (?!). Mais ce Darquier de Pellepoix est tellement odieux et sa « pensée » tellement indigente que le débat nécessaire, s'est situé d'emblée à un niveau si lamentable qu'il n'est pas question d'y participer dans la forme et pour le moment.

Pourtant, un article de J.-P. Pierre-Bloch, député U.D.F. de Paris, (le Matin 22 novembre 1978), dont nous extrayons la phrase : « le mensonge laisse toujours des traces », qui tente une assimilation entre Darquier de Pellepoix et Paul Rassinier, auteur de plusieurs ouvrages et articles sur les camps de concentration allemands, nous oblige à prendre la plume.

M.J.-P. Pierre-Bloch a parfaitement le droit, dans sa conception du monde personnelle, d'assimiler l'un et l'autre - ce qui ne manque pas d'être révélateur de sa conception du monde elle-même. Par contre, il n'a pas le droit de couvrir cette assimilation par un mensonge, qu'il commet peut-être de bonne foi, mais que nous vous demandons de corriger.

M. J.-P. Pierre-Bloch écrit en effet dans les colonnes du Matin :

« Cette "thèse"", que reprend Darquier de Pellepoix, c'était celle de ce faussaire de Rassinier, dont la L.I.C.A avait obtenu que ses abominables mensonges soient clairement condamnés par la justice de notre pays. C'est celle de Robert Faurisson, maître assistant à l'université de Lyon 2 »
[129]
En ce qui concerne R. Faurisson, nous ne savons rien de ses thèses, autrement que par ouï-dire et attendons donc que la meute s'apaise pour en prendre connaissance et en discuter si elles le méritent. Quant à Darquier de Pellepoix s'il avait quelque chance de redevenir virulent, tous les moyens susceptibles de l'empêcher de nuire nous paraîtraient hautement souhaitables.

Mais pour ce qui est de Paul Rassinier, la formulation très équivoque de J.-P. Pierre-Bloch laisse entendre que celui-là aurait été condamné par la justice française pour ses uvres.

En fait la L.I.C.A. n'a jamais « obtenu que ses abominables mensonges soient clairement condamnés par la justice de notre pays » pour la simple raison que c'est au contraire Paul Rassinier qui avait porté plainte en diffamation contre le directeur du Droit de vivre, organe de la L.I.C.A., qui le qualifiait notamment d'« agent de l'Internationale nazie ». A ce procès, dont on trouvera un long compte rendu très objectif dans Le Monde du 7 octobre 1964, les témoins de la partie civile faisaient « l'éloge de M. Rassinier, le pacifiste, le socialiste anarchisant et aussi le "malade de la vérité", selon l'expression de Me Raymond Geouffre de la Pradelle ». La preuve d'une quelconque collusion avec des nazis, anciens ou néo, ne fut nullement apportée.

Paul Rassinier fut cependant débouté de sa plainte et le prévenu Bernard Lecache relâché.

L'affirmation de J.-P. Pierre-Bloch est donc rigoureusement fausse.

Quel crédit lui reste-t-il pour se permettre de qualifier Paul Rassinier de faussaire sans donner la moindre preuve, sans avancer la moindre citation d'une falsification dont Rassinier se serait rendu coupable ?

Pour notre part, la lecture attentive et bouleversante des ouvrages de Paul Rassinier ne nous a pas permis de déceler de falsification, ni rien qui justifie un refus de discuter ses thèses.

Pour reprendre la fin de la plaidoirie de l'avocat de la partie civile à ce procès : « On peut discuter les thèses de M. Rassinier, s'y opposer et même les combattre mais on ne peut tenir le langage [de M. Lecache] » que tient J.-P. Pierre Bloch dans les colonnes du Matin, et lors d'une récente émission de télévision, ainsi que nous venons de l'apprendre.

Ces assertions sont d'autant plus graves qu'elles semblent relever d'une véritable campagne d'automystification, puisque P. Viansson-Ponté, dans le Monde du 34 octobre 1978, p. 9, affirme la même contre vérité: « La L.I.C.A. avait en 1964 fait condamner l'un de ces diffamateurs, P. Rassinier. » Affirmation totalement démentie par les articles du Monde de l'époque.

Avant d'entreprendre un débat sur le fond, rappelons simplement que Rassinier fut un militant communiste révolutionnaire, animateur du Travailleur de Belfort avant la guerre, qu'il rompit très tôt avec le stalinisme et était en relation avec La Révolution prolétarienne de Monatte, Rosmer et Louzon ainsi qu'avec les Cercles communistes démocratiques à l'époque où il animait la Fédération communiste indépendante de l'Est. Il fonda, avec le commandant Lierre et Georges Bidault, le premier réseau de résistance efficace : le mouvement Libération-Nord, et [130] s'occupa plus particulièrement d'aider les Juifs persécutés. Il fonda le journal clandestin la IVe République, auquel Radio Londres et Radio Alger faisaient écho. Déporté de la Résistance (19 mois) à Buchenwald et Dora, invalide à 95 % des suites de la déportation, il était titulaire de la carte de résistant, de la médaille vermeille de la reconnaissance française et de la rosette de la Résistance, décorations qu'il ne portait pas, précisait-il en note d'un de ses livres.

Il fut aussi socialiste. Secrétaire général de la fédération socialiste du territoire de Belfort pendant quinze ans, il fut député socialiste à la deuxième Constituante. A partir des années cinquante, il se rapprocha des courants pacifiste et anarchiste. Après 1968, René Lefeuvre, éditeur des Cahiers Spartacus, nous dit l'avoir rencontré quelques années auparavant au banquet annuel de la Révolution prolétarienne. Il nous le décrivit comme un homme ulcéré par les attaques dont il était l'objet et conscient du fait que ses thèses avaient été utilisées par des courants d'extrême droite. Il n'avait pourtant rien perdu de sa détermination. Nous ne sommes pas parvenu à le rencontrer lorsque la découverte de ses livres attira notre attention. Nous avons appris son décès sans pouvoir en préciser la date.

Nous n'adhérons pas aux thèses de Rassinier.

Nous affirmons qu'elles méritent d'être connues et discutées. L'assimilation de Paul Rassinier à un commissaire aux Questions juives de Vichy est intolérable.

Jacob Assous, Joseph Benhamou, Hervé Denes, Pierre Guillaume, Christine Martineau, Jean-Luc Redlinski, auxquels se joignirent Jean Barrot, Alain Caillié et Jean-Pierre Carasso.

Tout ceci n'empêche pas le tâcheron de service, le lendemain, de rapporter la tentative que fait Faurisson de reprendre ses cours en termes parfaitement diffamatoires #. Le 21 février, Libération rend compte en termes ironiques du manifeste des « trente-quatre laboureurs de la recherche historique » : faux débat, serpent de mer honteux, élucubrations. Le plumitif ne comprend pas pourquoi tout ce beau monde s'agite.

D'autres le comprennent, et qui ne sortent pas du marais gauchiste. Résistant de la première heure, gaulliste de toujours, infatigable polyglotte et spécialiste éminent des cultures musulmanes, Vincent Monteil, qui a toujours eu son franc-parler, que ce soit vis-à-vis de l'armée dont il a été exclu ou du régime gaulliste qu'il a fustigé au moment de l'affaire Ben Barka, Vincent Monteil, donc, dresse l'oreille. Il écrit une lettre à Témoignage chrétien (29 janvier 1979) où il dit voir un « piège » dans les accusations portées contre Faurisson :
[131]
Je ne connaissais pas Faurisson. Mais ses travaux sur la déportation me paraissent mériter la plus grande attention. Ce n'est pas en le traitant d'antisémite et en le comparant à Me Ambre (?) [un ancien pétainiste qui siège au conseil municipal de Lyon] que « justice et vérité » seront servies « quoi qu'il en coûte ». Tout ce que demande Faurisson - et que je demande pour lui - c'est qu'il puisse s'exprimer, s'expliquer.

La vérité doit être dite. S'il y a eu beaucoup moins de Juifs tués par les nazis (sûrement pas six millions !), s'ils ont été exterminés par tous les moyens possibles (comme les autres déportés), et si Faurisson a finalement raison sur le « mythe des chambres à gaz », cela ne change pour moi absolument rien aux crimes des nazis et de leurs complices. Mais ce n'est pas en mentant, en truquant les faits, les photos et les chiffres qu'on évitera « le retour » des trop réelles abominations.

Mais ce son de cloche est bien isolé. Ce sera donc pour certains une surprise douloureuse quand explose la bombe Gaby Cohn-Bendit. Sa lettre, intitulée « Question de principe », a été refusée par le Monde, mais elle a été lue au cours du procès opposant Faurisson au Matin de Paris. Selon des témoins, elle a fait taire une claque venue spécialement au tribunal pour huer Faurisson # :
Il fut un temps qui dure encore où tout antisémite récusait un témoignage, une recherche historique, venant d'un Juif et décrétait vendue aux Juifs toute recherche allant dans le même sens (qu'on se souvienne de l'affaire Dreyfus). Mais aujourd'hui nous commençons à assister au phénomène inverse : tout Juif, tout homme même de gauche, d'extrême gauche, récuse n'importe quel témoignage, n'importe quelle recherche historique venant d'un antisémite (ce qui me paraît déjà grave) et, pire, décrète antisémite n'importe quelle recherche qui, à propos des camps de concentration sur tel ou tel point important, sans doute, met en cause la vérité devenue quasi officielle, ce qui est inacceptable.

Juif d'extrême gauche, libertaire pour tout dire, je tiens à affirmer quelques principes auxquels je tiens d'autant plus aujourd'hui que tous ceux auxquels j'ai cru pendant vingt ans se sont effondrés les uns après les autres (il est long le chemin qui, du jeune communiste, opposant en 1956, m'a mené, ma dose de scepticisme augmentant à chaque étape, à des idées libertaires en passant par le trotskysme, I'ultra-gauche). De tous ces principes, il en est un qui peut se résumer en une seule phrase : la liberté de parole, d'écrit, de réunion, d'association doit être totale et ne supporte pas la moindre restriction. Ce qui implique qu'on laisse paraître et diffuser les textes les plus ignobles à mes yeux, qu'on refuse l'interdiction d'un seul livre, fût-ce Mein Kampf (ou demain le moindre texte de Staline ou du bêtisier de Mao), qu'on refuse l'interdiction d'un seul meeting, fût-ce de l'Eurodroite, qu'on refuse même d'empêcher la diffusion d'un seul tract, fût-il ouvertement fasciste ou raciste. Ce qui ne signifie nullement rester silencieux ou inactif. Si les fascistes avaient le droit de distribuer leurs tracts dans les facultés, on pourrait se battre, physiquement même, si nécessaire, pour que la faculté d'Assas ne reste [132] pas leur monopole. La seule façon efficace de combattre les ennemis de la liberté est de leur accorder la liberté que nous revendiquons pour nous et de nous battre s'ils veulent nous la contester. Le fameux « pas de liberté pour les ennemis de liberté » est en fait le fourrier de tous les systèmes totalitaires et pas, comme on l'a cru, le rempart le plus efficace contre eux.

Pas le moindre mythe, pas le moindre mensonge

Alors que ceux qui nient l'existence des camps de concentration et du génocide le disent ! A nous d'empêcher que ce mensonge devienne crédible. En a-t-il fallu des années à la gauche pour trouver le courage de combattre les mensonges du P.C. sur l'existence des camps en U.R.S.S. ! En 1948, qui l'osait, mis à part quelques isolés d'extrême gauche, quelques libéraux, et la droite ? Si nous voulons être crédibles pour la génération à venir, et d'autant plus que le temps passera, il ne nous faut pas laisser subsister le moindre mythe, le moindre mensonge, la moindre erreur. Battons-nous donc pour qu'on détruise ces chambres à gaz que l'on montre aux touristes dans les camps où l'on sait maintenant qu'il n'y en eut point, sous peine qu'on ne nous croie plus sur ce dont nous sommes sûrs Les nazis avaient des camps modèles à montrer aux bonnes âmes de la Croix-Rouge ; ne nous laissons pas aller à faire l'inverse.

Je ne veux pas ici entrer dans la discussion sur les chambres à gaz : y en eut-il ou pas ?

S'il y en eut, dans quel camp exactement ? Ont-elles été l'instrument systématique ou accessoire du massacre ? Car pour moi, si ce fait a son importance, j'avoue ne pas comprendre l'attitude qui consiste à penser que si cette pièce était enlevée en partie, voire en totalité, au système concentrationnaire, tout s'écroulerait.

Le nazisme cesserait-il alors d'être une horreur ? Deviendrait-il justifiable ? Les chambres à gaz, voilà l'horreur, et non les millions de morts ? Sans gaz, plus d'horreur, simplement de graves entorses à la légalité, comme diraient nos staliniens de service ?

Même problème quand on discute du chiffre des victimes juives du nazisme. La difficulté de fixer un chiffre, que cela choque ou non notre sensibilité, apparaît à tout historien et rend tout chiffre discutable, là encore, je ne comprends pas qu'il faille atteindre absolument un certain seuil au dessous duquel on semble craindre que tout puisse devenir aoceptable et donc, fasse le jeu du nazisme.

Une logique absurde

On peut, quand on a vécu cette époque, et vu disparaître une partie de sa famille, répugner à la discussion sur le mode d'extermination et le nombre des victimes. Mais l'historien ne peut évacuer ce problème. Je trouve monstrueuse cette conclusion d'un certain nombre d'historiens (le Monde, 21 février 1979 : « Il ne faut pas se demander comment techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu'il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n'y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l'existence des chambres à gaz. »
[133]
Malgré le respect que j'ai pour les historiens signataires de cet article dont certains ont même joué un rôle non négligeable dans mes positions actuelles, je me demande : « Mais quelle est donc cette logique absurde ? » C'est justement parce que le meurtre de masse a eu lieu, ce que pour leur part, ni Rassinier, ni Faurisson ne mettent en doute, qu'on peut se demander justement comment, y compris techniquement, il a pu avoir lieu. Il n'y a que ceux qui nient le génocide qui n'ont pas en toute logique à se poser la question du comment.

Il serait trop long et pourtant fondamental d'étudier tout ce qu'on a depuis plus de trente ans, justifié au nom de la lutte contre le nazisme, à commencer par feu le stalinisme ; les millions de Juifs morts sont utilisés constamment comme contre-argument à toute critique de la politique d'Etat d'Israël par exemple.

Quant à moi je préfère pour garder leur souvenir, défendre sans relâche le droit à la liberté, empêcher toute velléité de chasse aux sorcières, de persécutions vis-à-vis de groupes, minorités, individus, pensant et agissant autrement que moi. Ce que je me refuse à faire, y compris aux néonazis, je ne suis pas prêt à accepter qu'on le fasse à des hommes comme Rassinier ou Faurisson dont je sais qu'ils n'ont rien à voir avec eux, et le procès intenté à ce dernier me rappelle plus l'Inquisition qu'une lutte contre le retour du pire.

Deux jours après, arrive une autre lettre, de Pierre Guillaume, un ancien membre du groupe Socialisme ou Barbarie qui fut ensuite longtemps le tenancier d'une librairie borgne, la Vieille Taupe # :
Que savent les Français des massacres de Sétif ?

Le téléfilm Holocauste est un crime contre la vérité historique. En dépit des bonnes intentions de ses zélateurs, c'est surtout un crime contre la mémoire des victimes, de toutes les victimes, des atrocités de toute les guerres.

Des millions de Juifs ont été victimes de persécutions abominables par le seul fait qu'ils étaient juifs. Des centaines de milliers de nationaux américains ont été persécutés et internés aux U.S.A. pendant la guerre du seul fait qu'ils étaient d'origine japonaise. Des millions d'Allemands sont morts parce qu'ils étaient allemands, des millions de Russes, de Polonais, d'Ukrainiens sont morts parce qu'il étaient russes, polonais, ukrainiens.

La guerre consiste toujours à tuer des gens simplement parce qu'ils sont dans l'autre camp. Et à s'inventer les meilleures raisons du monde pour se justifier. C'est le rôle de la propagande de guerre, qui est toujours dans une large mesure une auto-intoxication.

Les Juifs se trouvaient dans une situation particulièrement atroce du seul fait que leur communauté transnationale entrait en conflit avec l'internationalisme auquel l'Allemagne avait été conduite, et parce que leur culture les conduisait à résister à la logique totalitaire, bien qu'ils fussent pour la plupart totalement intégrés à la société allemande.
[134]
La déportation sans nuance d'une minorité gênante n'est pas un fait exceptionnel dans l'Histoire. C'était le cas des Sino-Vietnamiens dès avant le conflit en cours. Certains s'en arrangent en se persuadant que ce sont des membres de la bourgeoisie Miracle de l'idéologie !

Les Français savent-ils qu'Eichmann, lors de sa visite en 1943, a été scandalisé des conditions de vie faites aux Juifs dans le camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) ? Savent-ils que dans ce même camp, créé sous le gouvernement Daladier, pour les accueillir, les républicains espagnols avaient connu des conditions identiques à celles des camps allemands ? Ils sont morts de froid et de faim selon la même mécanique inexorable et « involontaire ».

Il n'est pas établi, sur le plan de l'histoire scientifique, qu'Hitler ait ordonné « l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif ».

De même, lorsqu'il ordonna le bombardement de Dresde, inutile sur le plan militaire, Winston Churchill n'a pas ordonné « l'exécution d'un seul Allemand par le seul fait qu'il fût allemand ».

Que savent les Français des massacres de Sétif le 8 mai 1945 et de la répression à Madagascar ? Ni plus ni moins que ce que les Allemands savaient d'Auschwitz. Sont-ils collectivement coupables ? Ni plus, ni moins.

La manipulation morbide de la mauvaise conscience ne mène à rien, sinon à de nouvelles croisades.

La propagande de guerre nazie pouvait manipuler pour entretenir le moral des troupes, des policiers, des gardiens de camp, autant d'atrocités commises par les ennemis de l'Allemagne que la propagande alliée, de son côté, pouvait manipuler des atrocités commises par les Allemands. Ni l'un ni l'autre camp ne s'en est privé. La surenchère dans la description horrifique de l'ennemi est le ressort des guerres devenues « démocratiques ».

L'antinazisme sans nazi qui règne sur le monde est devenu l'exutoire d'une société déboussolée qui ne parvient pas à affronter ses problèmes réels.

On ne lutte pas contre les mécanismes inexorables des oppressions réelles avec des images d'Epinal. Ce ne sont pas les scènes porno-horrifiques qui permettent de comprendre les mécanismes réels sauf par le fait qu'Holocauste présente en lui-même, et se dévoile comme une tentative grossière de prise de pouvoir idéologique par l'union sacrée des directeurs de conscience patentés.

Voilà ce qu'il faut penser !

Regardez où cela vous mènera si vous résistez à nos leçons !

Les manipulations de l'atrocité conduisent le spectateur sensible à l'hébétude ou engendrent une cuirasse d'insensibilité qui constitue le meilleur allié de n'importe quel totalitarisme.

La réaction : « Tout ça c'est du passé » ou encore : « Hitler ? Connais pas » est une réaction de santé.

Le seul résultat durable de la projection d'Holocauste sera celui de toute propagande de guerre :
[135]
Persuader tous ceux qui participent à des mécanismes bien concrets d'oppression que ce à quoi ils participent est négligeable en regard de ce qu'a déjà fait l'ennemi mythique : les nazis. Les discours et les intentions des zélateurs d'Holocauste n'y changeront rien.

Que savent les Français de l'effroyable répression de la manifestation des « Français d'origine nord-africaine » contre le couvre-feu, le 17 octobre 1961, dans Paris et la région parisienne ?

Que savent les Français des conditions de vie des centaines de milliers d'Algériens de tous âges regroupés dans les camps, et de ce qu'ils seraient devenus si la France avait été engagée dans une guerre paroxystique mettant l'existence de la nation en jeu ?

Ce n'était pas le cas, et la bourgeoisie française et son Etat sont parvenus à faire la paix sans que même le niveau de « vie » des Français soit sérieusement compromis. Cependant, dans ce contexte relativement bénin, M. Alex Moscovitch déclarait au conseil municipal de Paris : « Cinq millions de Français peuvent être du jour au lendemain atteints dans leurs biens et dans leur vie en raison de circonstances qu'ils n'ont ni voulues ni déclenchées. » Pour pallier cette menace, M. Moscovitch proposait une solution radicale : « Tous les agents de l'ennemi doivent être renvoyés du territoire métropolitain. Voici deux ans que nous demandons la possibilité de le faire. Ce qu'il nous faut, C'est très simple et très clair : l'autorisation, et suffisamment de bateaux. Le problème qui consisterait à faire couler ces bateaux ne relève pas, hélas ! du conseil municipal de Paris #a  »
Après avoir vu Holocauste, n'importe quel soldat français ayant fait la guerre d'Algérie, même s'il a participé à des « corvées de bois », sera persuadé qu'il demeure radicalement différent des nazis. Il n'est différent que de l'image qu'on donne des nazis, comme les nazis eux-mêmes en sont différents. En tout cas il se dira : « Il n'y avait quand même pas de chambre à gaz. »

Pourtant, dans l'Oranais, plusieurs centaines d'Algériens furent enfermés dans des caves à vin et furent asphyxiés par des émanations de gaz carbonique. Ceux qui les ont enfermés entassés dans un local exigu le savaient-ils ? Rien ne les a-t-il alertés pendant l'agonie des malheureux ?

On n'a pas cherché à le savoir. L'enquête a été très sommaire et ne permet pas de conclure. Mais, s'ils avaient été allemands, et à plus forte raison nazis, personne n'aurait douté une seconde qu'ils fussent coupables.

Inévitable réponse du type qui croit sans doute qu'on s'est trompé et qu'en écrivant à Libération on pensait s'adresser en réalité à Minute  #b :
[136]
Quand l'antisémitisme transpire

On a encore, hélas ! décroché le pompon à Libération. On a publié en champ libre, hier, un texte à propos d'Holocauste qui pue, qui transpire l'antisémitisme. C'est le droit de l'auteur, P. Guillaume. d'être antisémite, consciemment ou non. Mais c'est notre droit, et cela aurait dû être notre devoir, de ne pas le publier. D'autant que l'auteur est lui-même directeur d'une maison d'édition la Vieille Taupe, qui publie notamment les Cahiers Spartacus, et qu'il peut donc publier son « opinion » chez lui. La liberté d'expression, en ne le publiant pas, n'aurait donc en rien été altérée. Cette fameuse liberté d'expression ne peut en effet servir de paravent au fait qu'à Libération, ce n'est pas la première fois qu'un tel incident se produit. De temps à autre, des relents antisémites émergent à la surface, se cachant maladroitement derrière les voiles du nonconformisme. Ce n'est pas seulement une question d'idée : c'est une question de ton. Il y a déjà eu l'affaire Flatto Sharon : l'objectif n'était pas d'exposer des thèses antisémites, mais le ton était antisémite. Ensuite, l'incident VXZ 375, qui passait en revue les nouveaux philosophes du seul point de vue de ce qu'ils sont : homosexuels ou juifs. Aujourd'hui encore, dans le numéro que vous avez entre les mains, Guy Hocquengheim commente le débat sur un ton si léger, si roquet - quoi qu'on pense du débat, que cela fait mal au ventre : il est des fois où l'antisémitisme se suggère plus qu'il ne se dit et c'est le cas Avec le texte d'hier : « Que savent les Français des massacres de Sétif ? » cela fait, décidément, une fois de trop. De même que je n'ai rien à faire, rien à discuter avec des antisémites, et je continue à ne pas voir ce que Libération, mon journal, peut avoir à faire ou à discuter avec eux. Minute peut très bien les accueillir, sans qu'on s'en mêle.

Il y a deux choses dans l'article cité plus haut, dans Libération daté d'hier, et intitulé « Que savent les Français des massacres de Sétif ? ». Il y a d'abord l'argument bien connu qui consiste à dire que les Juifs n'ont pas été les seuls, et qu'en conséquence de quoi ils commencent à nous pomper en exigeant toujours la première place au « hit-parade de l'horreur », comme le dit si ignoblement Guy Hocquengheim. On peut discuter de l'argument et il a d'ailleurs été discuté au cours du débat des dossiers de l'écran. Là où la généralisation de l'horreur devient suspecte, c'est lorsque son objectif manifeste est de noyer le poisson, c'est-à-dire le Juif. En renvoyant tout le monde à dos, en se lamentant sur les multiples horreurs dont le monde est le théâtre, en écrivant comme Pierre Guillaume que « la déportation d'une minorité gênante n'est pas un fait exceptionnel dans l'histoire », en rappelant les Algériens de Sétif, les Allemands de Dresde ou les républicains espagnols, on ne vise pas à parler de tout cela, on vise à ce que les Juifs ferment leurs gueules. Car tout naturellement, sous la plume de ce genre d'auteur, quand les Juifs l'ouvrent, cela devient immédiatement de la « propagande », selon une association d'idée désormais classique : Juif/propagande : « La manipulation morbide de la mauvaise conscience ne mène à rien, sinon à de nouvelles croisades. » Le tour est joué : c'est de la « manipulation ». Tout cela n'est encore qu'opinion. Mais à lire de plus près le texte on s'aperçoit qu'en plus il y a une thèse historique : « Il n'est pas établi sur le plan de l'histoire scientifique, qu'Hitler ait ordonne l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif » Non seulement il y a eu d'autres qui ont été exterminés, mais en plus les Juifs n'ont pas été exterminés « parce qu'ils étaient juifs. » C'est le miracle de l'argument du seau [137] percé : on ajoutera bientôt qu'en plus, les Juifs n'ont pas été exterminés du tout. J'arrête là. Il n'y a pas lieu de discuter avec P. Guillaume : ce n'est pas véritablement une « libre opinion » C'est une assertion, une affirmation, qui en plus est manifestement fausse. On peut penser ce que l'on veut de l'extermination des Juifs ou des Tziganes. Mais on ne peut pas tenter de faire croire, comme Faurisson, qu'il n'y a pas eu extermination, ou comme ce P. Guillaume, qu'elle n'a peut-être pas eu lieu (il ne parle que de déportation), et que si elle a eu lieu, ce ne serait pas sur des critères « Juifs » ou « Tziganes ». Il n'y avait aucune raison pour que Libération publie ce faux champ libre; Il y avait au contraire toutes les raisons, que j'ai exposées plus haut, pour qu'on ne le publie pas. La liberté d'expression n'est pas liberté de dire n'importe quoi, en tout cas pas dans notre journal.

L'apprenti-censeur se fait moucher par Jean-Pierre Carasso, ce qui semble clore provisoirement le débat public puisque ensuite personne ne se hasarde à en reparler # :
Quand l'antisémitisme transpire
la bonne conscience respire
 !
Il n'y avait pourtant pas longtemps que Libé avait publié - question de principe - la lettre de Gaby Cohn-Bendit. Et bien, voilà, plouf ! Ça n'a pas raté, et dans Libé même, faut le faire ! Notre camarade Pierre Guillaume - dont nous n'avons pas à étaler les états de service devant le premier Julien Brunn venu - émet-il le moindre son discordant dans le grand concert de lamentations holocaustiennes, le martyr de service ne l'a pas raté : les grands mots sont lâchés, c'est un antisémite. Retors, l'accusateur ne manque pas de prendre les précautions d'usage : c'est peut-être un antisémite inconscient. Alors, merde, il faut que ce terrorisme, ce chantage - et je pèse mes mots -cesse.

Je me nomme Carasso et, si mon père n'avait pas réussi à convaincre un employé de l'état civil complaisant, en 1941, du fait que Lévi était le prénom musulman de son père !!! je me nommerais Lévi-Carasso. Cela suffit-il aux docteurs de la loi ? Puis-je prendre la parole ?

Je suis un partisan convaincu de l'éradication du judaïsme (eh ! les linguistes, traduisez donc ca en allemand, S.V.P.) comme de l'éradication du catholicisme, du christianisme, du mahomé, etc. jusqu'à l'animisme inclusivement. Quand je lis, en tête du Monde (daté du 8 mars) « Nouvelles exécutions d'homosexuels en Iran » je me dis qu'Adolf doit rigoler sous les débris du bunker et ma conviction antireligieuse se renforce. Quand j'entends dire - car je ne suis pas vicieux au point d'assister à ces guignolades - que Mme Veil a déclaré que les camps en U.R.S.S., ce n'est pas pareil parce que les déportés le sont pour délit d'opinion et que je constate, le lendemain, que l'antisémite (notoire, celui-là, mais faut pas le dire, c'est amnistié !!!!) Hersant, dans un titre barrant tout le journal qu'il possède illégalement décerne à la ministre un satisfecit qui la déclare bouleversante, je me dis qu'il devrait y avoir des limites, ne serait-ce que de décence au confusionnisme débridé qui tient lieu d'idéo[138]logie et de béquilles au capitalisme moribond (oui, oui, je prends mes désirs pour des réalités).

Je pense aussi, avec un antisémite célèbre, enterré en Angleterre #a , que « la véritable Gemeinwesen de l'homme, c'est l'homme ». Je pense que tout ce qui s'oppose à la réalisation de cette Gemeinwesen (communauté, être ensemble) fait le jeu de mes ennemis et que lorsque ces ennemis sont juifs, c'est précisément parce que je ne suis pas antisémite et ne peux pas l'être que je ne crains pas de les désigner comme ennemis.

Quand le baron Guy de Rotschild écrit qu'il se sent étranger en Israël, le célèbre couple de chasseurs de nazis Beate et Serge Klarsfeld (c'est quand même plus excitant que de chasser le bébé phoque, non ?) vont-ils le déclarer antisémite ? Presque En tout cas, il s'est rétracte vite fait, le baron ! Devant le tollé qu'il a naïvement déclenché.

Eh bien ! moi, dont l'ambition serait de ne me sentir étranger nulle part, je déclare que je me sens strictement étranger partout, dépossédé de mon être et de mon humanité par le système abject qui règne sur la planète entière et que j'exige, vous m'entendez, monsieur Brunn, j'exige pour mes amis et moi, comme pour tous les autres, le droit de le clamer sans me faire abreuver d'insultes ineptes par ceux-là mêmes qui font profession de lutter pour un monde meilleur, comme on dit.

Dans le même temps, se poursuivait à Libération une discussion qui n'est pas apparue dans ses colonnes. En même temps que Julien Brunn remettait son article au journal, Pierre Guillaume lui soumettait le texte de la lettre que l'on trouvera ci-dessous. Elle révélait certains aspects inattendus de l'affaire, et en particulier que le texte publié le 7 mars, « Que savent les Français des massacres de Sétif ? », était en réalité corédigé par Faurisson. C'était rendre possible l'hypothèse selon laquelle Faurisson n'était pas fou - un pas que Libération, à ce moment-là, ne pouvait sans doute pas franchir. Cette lettre n'a donc jamais été publiée :
Je vous remercie d'avoir bien voulu publier mon texte en « champ libre ». Je regrette un peu que vous n'ayez pas maintenu le titre que je lui avais donné : déconstruire un délire ou atrocités : mode d'emploi. Car ce texte a une histoire. Il est inachevé. Il expose de façon très sommaire les thèses classiques du mouvement révolutionnaire sur la guerre, la propagande de guerre et le nazisme. Mais il n'a pas été écrit dans le calme, par un directeur de conscience qui expose ce qu'il faut penser. Il a été écrit dans une situation très concrète, et particulièrement tragique, pour trouver une issue pratique à cette situation.

J'avais rencontré le professeur Faurisson fin novembre. J'ai trouvé un homme désespéré et sur le point de s'enfermer définitivement dans un [139] délire paranoïaque caractérisé, bien que très explicable. J'ai aussi trouvé un homme possédant à fond son sujet (200 kg de documents de travail représentant le dépouillement de plusieurs tonnes de textes) et dont les travaux allaient très au-delà, mais dans le même sens que les thèses de la Vieille Taupe. (En deux mots, depuis 1970, la Vieille Taupe partageait pour l'essentiel les thèses de Paul Rassinier.)

Il fallait donc, impérativement, sous peine de subir une nouvelle défaite difficilement réversible, affirmer dans la pratique :
1° le droit à l'hypothèse et à l'erreur pour tout travail scientifique -
2- le droit au délire pour tout homme, tant que ce délire ne nuit pas concrètement à autrui,
et ce, même si Faurisson avait été fou, antisémite ou nazi.

Par un bonheur immérité, il n'était ni l'un ni l'autre.

Pourtant, la fraction la moins radicale (à mon sens) de la Vieille Taupe répugnait à lier son sort à une cause qui paraissait perdue d'avance. Oubliant qu'il ne s'agissait pas de défendre Faurisson mais bien de défendre nos principes, en pratique.
Mes forces ne suffisant plus à la tâche, et notamment mes forces caractérielles (j'étais moi-même sur le point de craquer), il devenait vital pour le développement de la situation d'obtenir de l'appui et donc d'obtenir l'accord de tous sur un même texte, sans concession ni double pensée.

Ce texte devait donc intégrer la fameuse phrase qui semblait rendre Faurisson indéfendable : « Hitler n'a jamais ordonné l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif », en montrant que cette phrase était strictement vraie, même si Hitler se foutait pas mal de ce que devenaient les Juifs en pratique.

Ce faisant, je prouvais en pratique que j'étais prêt à suivre Faurisson jusqu'au bout, et je lui montrais également qu'on était arrivé à un point où il ne pouvait plus se désintéresser de la signification humaine de ses vérités scientifiques. Accessoirement, il s'agissait de prouver à tout le monde que Pierre Vidal-Naquet, qui prenait dans le Monde du 21 février 1979 la tête de la croisade anti-Faurisson des historiens, n'était pas une crapule, et qu'au contraire nos objectifs, à terme, coïncidaient.

Ce texte fut donc lu et approuvé par la Vieille Taupe. Il fut ensuite lu et corrigé par Faurisson (la version originale contenait des chiffres insuffisamment étayés) et approuvé sans réserve.

Se sentant soutenu, Faurisson recommença à s'alimenter normalement et ses symptômes paranoïaques disparurent complètement.

Le texte que vous avez publié constitue donc un texte commun Faurisson-la Vieille Taupe. Il constitue l'affirmation pratique de ce qui permettra la renaissance de la théorie révolutionnaire pratique : « Ne jamais rejeter ce que contient de vrai le discours de l'adversaire au nom de ce que l'on sait qu'il contient de faux. « Tout homme a toujours d'une certaine manière, raison. » (Reich, introduction à la Fonction de l'orgasme, cité de mémoire.)
[140]
C'est en allant au-delà des vérités partielles, en les approfondissant, qu'on arrive à l'universalité, pas en niant ce qui gêne et en faisant des compromis (politiques). J'espère ne pas vous avoir trop agacé par mes exigences de rigueur.

P.S. : La Vieille Taupe a été une libraine dont j'ai été le fondateur, fermée en 1972.

Au sens historique, la Vieille Taupe n'appartient à personne et n'est pas un groupe formel. C'est le mouvement même qui transforme les conditions existantes, ce concept recouvre donc tous ceux qui participent, individuellement, sous leur seule responsabilité personnelle, au développement d'une situation. L'idée d'une « fraction » plus ou moins « radicale » n'est qu'une plaisanterie, non dénuée de sens.

Devant le refus opposé par Libération à la publication de cette lettre qui montre que le journal a publié du Faurisson sans le savoir, situation qui n'est pas sans créer des remous, comme le départ discret de Pierre Goldmann qui ne supporte plus de collaborer, même épisodiquement, à un organe où il voit qu'écrivent des « antisémites », Pierre Guillaume et Jean-Gabriel Cohn-Bendit proposent le texte suivant au service des « petites annonces » de Libération, qui le refuse aussitôt. Le Monde accepte de la passer en placard publicitaire (1500 F) puis se ravise, sur intervention de la direction :

Le soutien apporté par Jean-Gabriel Cohn-Bendit et la Vieille Taupe au professeur Faurisson a constitué pour beaucoup un traumatisme et créé une situation aux développements potentiels incalculables.
La L.I.C.A. accuse le professeur Faurisson d'etre un faussaire.

Si quiconque apporte la preuve que le professeur Faurisson a commis un seul faux, Jean-Gabriel Cohn-Bendit et la Vieille Taupe s'engagent à rompre immédiatement avec le professeur Faurisson et à consacrer autant d'efforts à le faire savoir qu'ils en ont consacré à le soutenir jusqu'ici.

Cette offre de mars 1979, pour autant que l'on sache, est toujours valable

C'est finalement ailleurs que se poursuit cette entreprise d'éclaircissement mené par quelques éléments de ce que l'on peut appeler peut-être l'ultra-gauche. On voit ainsi apparaître, en mars, en particulier à Lyon, un tract intitulé : « Les chambres à gaz sont-elles indispensables à notre bonheur ? » Après avoir résumé les débuts de l'affaire, il se continue ainsi :

Le professeur Faurisson est un homme seul.
Aucun groupe, aucune organisation ne l'a soutenu et ne le soutient. Parmi ceux qui se sont manifestés en sa faveur, à des titres divers par des [141] lettres à la presse ou des témoignages, on ne relève que des antifascistes et des antiracistes convaincus. (Entre autres Jacob Assous, José Benhamou, J.-P. Carasso, J.-P. Chambon, J.-G. Cohn-Bendit, H. Denés, P. Guillaume, C. Martineau, V. Monteil, J.-L Redlinski, etc.

Ne serait-il pas temps de réfléchir ?

Tous ceux qui ont pris la peine de s'informer ont découvert que le professeur Faurisson est viscéralement antitotalitaire. Ils savent aussi qu'il n'a fait que poursuivre le travail de déconstruction de la rumeur commencé par Paul Rassinier (résistant irréprochable) sur les camps de Buchenwald et de Dora, où il a été lui-même déporté 19 mois (arrêté en octobre 1943, torturé 11 jours par la Gestapo, revenu invalide à 95 %) et par J. Ginsburg, sur le camp de Maïdanek, où il fut lui-même déporté racial avec toute sa famille.

Tous ceux qui ont pris la peine de s'informer savent que Faurisson est de bonne foi, et qu'il est convaincu, comme Rassinier et Ginsburg, qu'avec ou sans chambres à gaz, les camps de concentration hitlériens ont atteint le paroxysme de l'horreur, horreur différente, horreur peut-être plus fondamentale, plus radicale que la représentation à sensation qu'on en donne.

Alors, si « le ventre est encore fécond, qui donna naissance à la bête immonde », croit-on réellement lutter contre le « retour au pire » en luttant sans risque contre un homme seul ou en s'acharnant contre le cadavre qu'on déterre d'un nazisme fantasmé, au lieu de s'attaquer au ventre lui-même, qui nulle part sur la planète n'a été détruit, et qui continue d'engendrer des horreurs et des atrocités, évidemment différentes du nazisme fantasmé et du nazisme réel, qui ne renaîtra jamais dans la forme.

Au fait Une atrocité peut en cacher une autre

La mise en spectacle de l'horreur absolue n'a-t-elle pas servi à masquer tous les autres ?

Il ne saurait y avoir de vérité officielle en histoire.

Le principe de l'interdiction professionnelle est pire que le mal qu'on prétend abattre.

Des personnes sans qualité.

Circulait également cette « Ultime suggestion venue de la maison des morts après un long débat entre Galilée, P. Rassinier, Jésus-Christ, K Marx et C. von Clausewitz » :
Moi, Robert Faurisson, fils de feu Robert Faurisson, âgé de cinquante ans, comparaissant en personne devant ce tribunal et debout devant vous, Très éminents et révérends Juges, assigné par la Sainte L.I.C.A. et les Très Saintes Associations de déportés et victimes, Grands Inquisiteurs dans toute l'Humanité contre la Perversité Nazie, les yeux sur le Rapport Gerstein que je touche de mes propres mains.

Je jure que j'ai toujours cru, que je crois à présent et que, avec la Grâce de l'Antifascisme, je continuerai a l'avenir de croire tout ce que la Sainte L.I.C.A., apostolique et résistante, tient pour vrai, prêche et enseigne.
[142]

Mais parce que - après que la Sainte Télévision m'ait notifié l'ordre de ne plus croire à l'opinion fausse que l'existence des chambres à gaz pour exterminer les juifs est une simple conjecture basée sur des rumeurs et des aveux contradictoires, dont certains ont été reconnus mensongers par la Sainte L.I.C.A. elle-même ; et ne pas maintenir, défendre, ni enseigner, soit oralement, soit par écrit cette fausse doctrine ; après avoir été notifié que ladite doctrine était contraire à la Sainte Thèse Officielle ; parce que j'ai écrit et fait imprimer divers textes dans lesquels j'expose cette doctrine condamnée, en présentant en sa faveur une argumentation très convaincante, sans apporter aucune solution définitive ; j'ai été, de ce fait, soupçonné véhémentement d'hérésie, c'est-à-dire d'avoir maintenu et cru que les chambres à gaz, conçues expressément comme abattoirs humains industriels, n'avaient jamais existé.

Pour ce, voulant effacer dans l'esprit de ces Inquisiteurs et de tout Antifasciste fidèle, ce soupçon véhément, à juste titre conçu contre moi, j'abjure et je mande d'un cur sincère et avec une foi antifasciste non simulée, les erreurs et hérésies susdites, et en général toute autre erreur et hérésie et entreprise contraire à la Sainte Résistance ; je jure à l'avenir de ne plus rien dire, ni affirmer de voix et par écrit, qui permette d'avoir de moi de semblables soupçons, et s'il m'arrivait de rencontrer un hérétique ou présumé tel, je dénoncerai à ce Tribunal, à la Sainte L.I.C.A., ou à la Police de mon lieu de résistance.

Je jure aussi et promets d'accomplir et d'observer strictement les pénitences qui m'ont été ou me seraient imposées par ce Tribunal ; et si je contrevenais à l'une de mes promesses et serments, je me soumets à toutes les peines et châtiments qui sont imposés et promulgués par la Sacrée Résistance et les autres Constitutions générales et particulières contre de semblables délinquants.

Avec l'aide de la Sainte Télévision et du document Gerstein original que je touche de mes mains.

Moi, Robert Faurisson, soussigné, j'ai abjuré, juré, promis et engagé comme ci-dessus ; et en foi de quoi pour attester la vérité de ma propre main, j'ai signé la présente cédule de mon abjuration et je l'ai récitée mot à mot à Paris au Palais de Justice le...

Les bordiguistes de Programme communiste republient un article de 1960 : « Auschwitz ou le grand alibi », avec cette note liminaire # :
L'article que nous reproduisons met à nu les racines réelles de l'extermination des Juifs, racines qu'il ne faut pas chercher dans le domaine des « idées », mais dans le fonctionnement de l'économie capitaliste et les antagonismes sociaux qu'il engendre. Et il montre aussi que si l'Etat allemand a été le bourreau des Juifs, tous les Etats bourgeois sont coresponsables de leur mort, sur laquelle ils versent maintenant des larmes de crocodiles.

Chez les fantassins de la Guerre sociale, on imprime une affiche-tract qui reprend de larges extraits d'un arti[143]cle #, précédé d'une présentation (en gras dans le texte) pour les besoins d'une distribution à Lyon, en juin 1979. Faisant très bien le tour de la question, elle s'intitule : « Qui est le Juif ? » :
Il y a quelques décennies. l'Europe était en proie à une vague d'antisémitisme. Avant que les nazis déportent une partie de la population juive, les Juifs étaient déjà menacés dans leurs biens et leurs emplois. Ainsi les professeurs juifs étaient empêchés d'enseigner. Si aujourd'hui tout le monde déplore ces persécutions, il faut remarquer qu'à l'époque il n'y avait pas tant de monde que ça pour s'y opposer.

Les temps semblent avoir bien changé. Toute résurgence d'antisémitisme en Europe se heurte bien vite à la gauche, au milieu universitaire, à l'Etat. Ainsi il suffit que l'on apprenne qu'un professeur de Lyon 2. Robert Faurisson, partagerait des idées semblables à celles de l'ancien commissaire de Vichy aux questions juives, Darquier de Pellepoix, pour que l'heure de son cours soit publiée dans la presse, que des bonnes volontés l'empêchent de poursuivre son enseignement de littérature française et que la direction de son U.E.R.. pour protéger le calme universitaire, suspende cet enseignement. Sans doute finira-t-on par le pousser cette année ou l'année prochaine hors de l'Université. Faurisson n'est pas seulement attaqué dans sa vie professionnelle, mais aussi dans sa vie privée, à travers sa famille, en tant que « sale nazi ». Certains trouveront ces méthodes déplorables, mais enfin quand même considéreront que l'on ne peut défendre en toute impunité n'importe quelle opinion. On sait trop où cela peut mener. Le fascisme, le racisme sont déjà passés une fois. Maintenant ils ne passeront plus.Les lignes Maginot vont tenir.

Et si les lignes Maginot, comme il est dans leur nature de l'être. étaient déjà tournées ? Et si c'était Faurisson qui était devenu le Juif ?

Darquier de Pellepoix, qui finit tranquillement ses jours en Espagne.a organisé la déportation des Juifs.. Robert Faurisson serait un émule de Darquier de Pellepoix. mais enfin Faurisson a-t-il préconisé la déportation de qui que ce soit ? Non, le crime de Faurisson est de soutenir que l'on ne peut parler au sens strict de génocide et qu'à propos des « chambres à gaz » on peut parler de légende. Cela se rapproche effectivement des déclarations de Darquier à un journaliste de l'Express. Mais que faut-il reprocher à Darquier : d'avoir participé à la déportation des Juifs. ou de tenir maintenant de tels propos ? Darquier de Pellepoix et Faurisson peuvent se retrouver sur un certain nombre de points sans que cela suffise à faire de Faurisson le complice de Darquier.

A la base de tout cela, il y a le postulat que l'existence des « chambres à gaz » est un fait absolument irréfutable. Ensuite que toute remise en cause de ce fait absolument irréfutable ne peut avoir directement ou indirectement qu'une origine nazie ou antisémite. Ainsi Faurisson emboîterait-il le pas à Darquier, et s'il n'est pas un antisémite plus ou moins bien déguisé, c'est dans la mesure où il est un hurluberlu, et de toute façon un hurluberlu dangereux. On écarte au départ l'idée que la remise en cause de l'existence des « chambres à gaz » peut avoir comme origine, non le [144] fait de camoufler des atrocités et de se disculper comme c'est le cas pour Darquier mais le désir de la vérité.

Or il suffit d'avoir le goût de la vérité et de s'être penché sur cette question pour savoir que l'existence des « chambres à gaz » est un fait beaucoup moins évident que ce qu'on nous en dit. L'étude des conditions techniques d'une telle opération, les contradictions dans les aveux des S.S.rendent les « preuves » bien fragiles. Ceux qui se sont érigés en spécialistes de la question et sont soutenus par l'ensemble de la presse le savent, et c'est pourquoi ils cherchent à empêcher le débat.

Le doute sur l'existence des « chambres à gaz », n'est pas d'origine d'extrême droite. Il fut d'abord le fait de Paul Rassinier dont il n'est pas inutile de rappeler que, résistant de la première heure, il a été arrêté et torturé par la Gestapo, puis déporté à Buchenvald. Le passage de l'affaire Darquier de Pellepoix à l'affaire Faurisson instruit sur le fonctionnement des mass media, mais non sur le processus de remise en question de l'existence de « chambres à gaz ». Darquier utilise Rassinier pour se disculper et la presse utilise Darquier pour mieux discréditer des vérités et ne pas affronter les positions de Rassinier.

La légende des « chambres à gaz »a été officialisée par le Tribunal de Nuremberg où les nazis étaient jugés par leurs vainqueurs. Sa première fonction est de permettre au camp stalino-démocratique de se distinguer absolument de celui des nazis et de leurs alliés. L'antifascisme et l'antinazisme leur ont permis de justifier leurs propres actes de guerre et ont continué à justifier aussi beaucoup d'ignominies depuis. Chez ceux qui auraient réussi à préserver le monde de la barbarie.

Les temps angoissés que nous vivons, et qui se rapprochent par certains côtés de la situation d'avant-guerre, à défaut de pouvoir affronter réellement les causes de leurs problèmes, ont besoin de se trouver des boucs émissaires et de se rassurer sur leur légitimité. Dans un premier temps, avec le prétexte de se prémunir contre un recommencement. on réutilise les vieux ennemis, on ravive la propagande de guerre contre le barbare vaincu hier. Mais le capital au fur et à mesure qu'il va s'enfoncer dans la crise et sentira le danger révolutionnaire va chercher à donner aux populations des ennemis plus concrets et concentrer les responsabilités sur tel groupe social interne ou tel ennemi extérieur.

Notre position est d'empêcher autant que possible l'expérimentation des états de tension et la mise en place de mécanismes de haine. Nous n'avons qu'un ennemi : les rapports de production capitalistes qui dominent toute la planète et non tel ou tel groupe social. Les bourgeois et les bureaucrates eux-mêmes ne doivent pas être attaqués en tant qu'hommes. mais seulement dans la mesure où ils s'identifient à leur fonction et à leur profit et défendent la société de classes.

On s'est interrogé pour savoir qui manipulait Faurisson. en soupçonnant l'extrême-droite. Nous qui sommes révolutionnaires entendons en tout cas le soutenir. Et certainement pas en vertu d'un droit général à la liberté d'expression ou d'enseignement. Pas seulement non plus par réflexe de solidarité humaine, mais parce que Faurisson est attaqué pour avoir cherché et fait progresser la vérité.

Mais soutenir Faurisson et ses recherches n'est-ce pas permettre à l'anti[145]sémitisme de se rallumer ? Le premier impératif reste celui de savoir quelle est la vérité. Et cette vérité, faudrait-il risquer pour empêcher une remontée d'antisémitisme d'en laisser le monopole aux antisémites ? Jeux suspects et dangereux. La vérité ou sa recherche ne saurait être antisémite.

Ne serait-ce que par les remous provoqués par la presse, la question de l'existence des « chambres à gaz » ne pourra plus être longtemps refoulée, et le doute sur la vérité officielle fera inévitablement son chemin. Par rapport à cette situation de fait, nous pensons qu'il faut d'abord précipiter les choses. Que l'évolution ne se fasse pas en douceur, de réajustement en rectification de détails, comme cela a déjà commencé depuis quelques années, ménageant les mensonges des uns, la bonne conscience des autres, et permettant aux troisièmes d'alimenter quelque nouvelle philosophie. Ce qui est en cause, ce n'est pas tant tel mensonge particulier que le fonctionnement de ce qui produit, fait évoluer et remplace les contrevérités quand elles ont fait leur temps. Ensuite il faut empêcher que cela puisse alimenter l'antisémitisme. La meilleure leçon est de ne pas laisser la vérité à l'extrême droite, de montrer que des Juifs aussi défendent ce qui leur paraît être la vérité, même si elle contrevient à la mythologie de l'holocauste. Il faut expliquer les mécanismes sociaux réels qui ont produit l'antisémitisme, la déportation et la décimation en camp de concentration des internés juifs ou non-juifs. Montrer que la lutte contre les racismes de toute nature s'épuise vite et reste superficielle si elle n'est pas directement lutte contre le capital.


Sur cinquante livres consacrés à l'Allemagne dans une bibliothèque municipale ordinaire, trente portent sur 1939-1945, dont vingt sur la déportation. La vision des camps projetée pour le grand public est celle du règne de l'horreur à l'état pur, guidée par une seule logique, celle de la terreur. Elle repose sur une description apocalyptique de la vie en camp et sur des analyses historiques affirmant que les nazis ont planifié l'extermination de millions d'hommes, en particulier six millions de Juifs. Certains auteurs, comme David Rousset, vont plus loin : les nazis ne voulaient pas seulement tuer, mais dégrader, faire prendre conscience à des « sous-hommes » de leur condition par un avilissement mesuré et de leur sous-humanité par une déchéance organisée. [...]

La mise en avant des crimes nazis a pour première fonction de justifier la Seconde Guerre mondiale et plus généralement la défense de la démocratie contre le fascisme : la Seconde Guerre mondiale ne serait pas tant un conflit entre des nations ou des impérialismes qu'une lutte entre l'humanité d'une part et la barbarie de l'autre ; les dirigeants nazis étaient, nous dit-on, des monstres et des criminels qui s'étaient emparés du pouvoir. Ceux qui ont été pris après la défaite ont été jugés à Nuremberg par leurs vainqueurs. Il est essentiel à cette vision de montrer chez les nazis une volonté de massacre. Bien sûr, il y a des tueries dans toutes les guerres, mais les nazis, eux, voulaient tuer. C'est là le pire et c'est d'abord cela qu'on leur reproche. Le moralisme aidant, on ne les blâme pas tant pour avoir fait la guerre, car un Etat respectable peut s'y laisser aller, mais pour avoir été sadiques. Les bombardements intensifs et meurtriers de Hambourg, Tokyo, Dresde, les deux bombes A, tous ces morts sont justifiés comme un mal nécessaire pour éviter d'autres massacres dont l'horreur viendrait de ce qu'ils auraient été, eux, systéma[146]tiques. Entre les crimes de guerre nazis et les pratiques de leurs vainqueurs, il n'y aurait aucune comparaison possible. Laisser entendre le contraire serait déjà se faire le complice, conscient ou inconscient, de ces crimes et permettre qu'ils se reproduisent. La justification de 39-45 n'est pas une petite affaire. Il faut donner un sens à cette tuerie inégalée qui a fait des dizaines de millions de victimes : car peut-on admettre que c'était pour résorber la crise économique de 1929 et permettre au capitalisme de repartir d'un bon pied ? Cette justification soutient l'antifascisme d'aujourd'hui et de demain et donc la gauche qui s'en nourrit en excusant ainsi sa participation au système. [...]

Les morts en déportation sont mis en avant au détriment des millions d'hommes qui meurent de faim chaque année à travers le monde. Nannen, le rédacteur en chef du magazine allemand Stern. déclare, à propos des persécutions antisémites : « Oui, je le savais, et j'étais trop lâche pour m'y opposer. » Il nous confie que sa femme, à la suite des images d'Holocauste, s'est mise a pleurer, en se souvenant qu'ayant à peine vingt ans, elle dépassait les femmes juives qui faisaient la queue et qu'elle se faisait servir avant elles. Aujourd'hui, il y en a encore qui continuent à être servis avant les autres et nous ne pouvons ne pas le savoir. Récemment, Jean Ziegler, présentant le livre de René Dumont Paysans écrasés, Terres massacrées, nous apprenait que « la seule récolte mondiale de céréales de 1977 - un milliard quatre cent millions de tonnes - aurait suffi à nourrir correctement entre cinq et six milliards d'êtres humains. Or, nous ne sommes pour l'instant qu'un peu plus de quatre milliards sur terre, et tous les jours douze mille d'entre nous meurent de faim ».

On reprochera aux nazis d'avoir organisé la mort de façon scientifique et d'avoir tué au nom de la science avec des expériences médicales sur des cobayes humains, mais ces pratiques ne sont nullement leur monopole. Le journal le Monde titrait au lendemain d'Hiroshima : « Une révolution scientifique ».

Mais l'idéologie, ce n'est pas seulement la mise en avant de certains faits pour soutenir les vainqueurs contre les vaincus, les souffrances passées contre les souffrances présentes. Ces justifications sont sous-tendues par toute une conception qui est le produit des rapports sociaux capitalistes et tend à en mystifier la nature. Cette conception est largement commune aux démocrates et aux fascistes. Elle ramène les divisions sociales à des questions de pouvoir et considère la misère et l'horreur comme le résultat de crimes. Elle est systématisée par une pensée antifasciste, antitotalitaire, mais d'abord contre-révolutionnaire. C'est l'inexistence révolutionnaire du prolétariat bien plus que le danger nazi ou fasciste, actuellement assez faible qui donne à cette idéologie sa force et lui permet de reconstruire l'histoire à son profit. En effet, la mise en scène et la falsification historiques ne sont pas un monopole stalinien. Elles s'épanouissent aussi dans une ambiance démocratique de liberté de pensée et d'expression.

Notre souci n'est pas de rééquilibrer, dans un esprit de justice, les torts et le nombre de cadavres et de renvoyer tout le monde à dos puisque les crimes nazis ne seraient dans le fond que des crimes du capital, dont on pourrait allonger indéfiniment la liste en espérant ainsi mieux condamner le système. Il n'est pas non plus d'excuser les crimes d'Etat au nom d'une fatalité socio-économique qui se servirait de la main des hommes en leur évitant de devoir rendre des comptes à qui que ce soit. On ne sort pas de la vision politico-judiciaire en répétant que le grand responsable c'est la société, c'est-à-dire tout le monde et personne. Si cette vision doit être critiquée, c'est que le mode d'accusation du capital est tout autant son mode de justification. Il s'agit de démonter cette mise en scène par laquelle le système, c'est-à-dire aussi des politiciens, des intellectuels, se sert de la misère et de l'horreur qu'il produit pour se défendre contre la critique réelle de cette misère et de cette horreur. [...]

Lire Rassinier

Les camps sont un produit du capitalisme non seulement dans leur origine mais aussi dans leur fonctionnement. L'intérêt des ouvrages de Paul Rassinier et notamment du Mensonge d'Ulysse est de permettre une conception matérialiste de la vie, et donc de la mort, à l'intérieur des camps.

Paul Rassinier (1906-1967) adhère au Parti communiste en 1922.11 ralliera l'opposition de gauche et sera exclu en 1932. Il milite à la gauche du P.C. puis passe à la S.F.I.O. pour participer à la Gauche révolutionnaire de Marceau Pivert. Devant la montée des périls, il défend les thèses pacifistes. La guerre ayant éclaté, il sera résistant de la première heure. Arrêté par la Gestapo en octobre 1943, torturé puis déporté à Buchenwald et Dora durant dix-neuf mois, il reviendra grand invalide.

Après la guerre, Rassinier écrivit dans des organes pacifistes et libertaires mais aussi dans des revues d'extrême droite. Ses ouvrages sur la question concentrationnaire furent édités à compte d'auteur ou par des éditeurs d'extrême droite. Ceux qui en tirent argument contre lui sont ceux qui auraient voulu qu'il ne soit jamais édité. La plupart des ouvrages de Rassinier sont épuisés. La Vieille Taupe (B.P. 9805, 75224 Paris Cedex 05) vient de rééditer le Mensonge d'Ulysse.

En 1962, dans l'introduction au Véritable Procès Eichmann, P. Rassinier s'explique ainsi : « Les hostilités terminées, s'il n'y eut sur le moment que peu de gens à penser qu'il était nécessaire de passer au crible les horreurs et les responsabilités de la Seconde Guerre mondiale, il est remarquable que ces gens aient été surtout de droite et qu'ils aient, en outre, fondé leur attitude sur les principes au nom desquels les intellectuels de gauche avaient refusé Versailles vingt-cinq ans plus tôt. Quant aux intellectuels de gauche, dans leur écrasante majorité, ils ont approuvé et exalté Nuremberg au nom de principes dont, au temps de Versailles, ils reprochaient le caractère réactionnaire à ceux de la droite qui les faisaient leurs, et le phénomène n'est pas moins remarquable. Il y a là, en tout cas, un assez curieux chassé-croisé dans le secteur des principes et c'est dans ce chassé-croisé que s'inscrit mon drame personnel. » Et il explique sa démarche : « Tout était à recommencer à partir de zéro : prendre les faits un à un, les étudier dans leur matérialité et enfin les replacer correctement dans leur contexte historique Je commençai donc par un fait historique sur lequel, pour l'avoir vécu, je me croyais le mieux renseigné : le phénomène concentrationnaire. Comme il était au premier plan de l'actualité et que tous les débats publics s'y ramenaient, on m'excusera si j'ai pensé que jamais l'occasion ne serait plus favorable. [148] Le Mensonge d'Ulysse fut donc mon premier acte de fidélité aux principes de la gauche de 1919. » [...]

Les « chambres à gaz »

Rassinier est d'abord connu ou plutôt attaqué pour avoir osé nier que des « chambres à gaz » aient été l'instrument d'un meurtre de masse. Il n'est pas question ici de reprendre l'ensemble de ses arguments et de vouloir régler définitivement la question. Comme tout un chacun, nous tenions pour un fait établi l'utilisation de « chambres à gaz » en vue d'un massacre aux proportions industrielles. Si contestataires et si méfiants que nous puissions être, l'idée que l'on ait pu organiser un bluff à pareille échelle et sur un sujet aussi macabre ne nous était pas venue spontanément. Pourtant, à la lecture de Rassinier, nous avons été fortement ébranlés. Et nous avons été encore plus ébranlés par le débat qui a eu lieu récemment dans la presse, ou plutôt par la façon dont on l'empêche d'avoir lieu. [...]

On joue sur le respect dû aux morts et aux souffrances des survivants. Et sur la peur de tous de se retrouver du côté des bourreaux. Pour ne pas couvrir des crimes, certains seraient même prêts à tuer. Le bon sens, qui nous dit par la bouche de Lénine que l'on ne peut tromper beaucoup de gens très longtemps, est-il prêt à reconnaître que, dans cette affaire des « chambres à gaz », il s'est peut-être abusé ? Ce serait « trop gros », se dit-il, et il se rendort dans les bras de la bonne ou de la mauvaise conscience

Mais n'y a-t-il pas les témoignages des déportés et les aveux des bourreaux ? Beaucoup de gens ont effectivement « vu » des « chambres à gaz », même là où il est reconnu qu'il n'y en avait pas. En fait, ils en avaient surtout entendu parler. Les aveux ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Les S.S. étaient vaincus, leurs illusions et leur cause étaient écroulées. Une menace d'exécution pesait sur eux et ils cherchaient à se disculper en invoquant des ordres introuvables et un projet qui les aurait complètement dépassés. La complaisance à l'égard de leurs interrogateurs s'est dans plusieurs cas révélée payante. Il n'est pas besoin d'évoquer la torture, même si son utilisation paraît établie dans certains cas. La torture d'ailleurs ne suffit peut-être pas à venir à bout d'hommes qui croient encore en leur cause. Quand celle-ci s'est effondrée, des pressions physiques et morales minimes suffisent à anéantir ceux pour lesquels il ne reste plus que l'identification aux vainqueurs et l'instinct de conservation. Ce que l'on admet pour Boukharine peut valoir aussi pour Hss, commandant d'Auschwitz, détenu dans une prison en Pologne, et qui a été exécuté en 1947.

Rassinier s'est appliqué à montrer que les documents sur lesquels repose la foi en l'existence des « chambres à gaz » et en leur fonction exterminatrice étaient suspects à cause de leur origine et aussi de leurs contradictions. Les contradictions les plus graves apparaissent entre leurs descriptions du « gazage » et les contingences réelles d'une telle opération.

La rumeur des « chambres à gaz » se développe à l'intérieur des camps de concentration. Elle s'explique, notamment par la mortalité extraordinairement élevée qui règne, par les transferts fréquents de camp à camp, par la pratique de Selektion qui avait pour objectif de séparer les inaptes au travail de la masse des détenus et par la confusion entre crématoires [149] et « chambres à gaz ». Des témoignages de détenus montrent que, croyant être gazés parce que l'on avait changé le lieu des douches ou parce qu'ils étaient contraints d'aller à l'infirmerie, il n'en était finalement rien. A quoi s'oppose évidemment l'argument choc que ceux qui auraient effectivement été gazés ne sont plus là pour le raconter. Cette rumeur a été systématisée après la guerre, notamment parce qu'elle permettait aux membres de la H.-Fuhrung de se disculper et d'occulter son rôle.

Mais la fonction idéologique des « chambres à gaz » dépasse de loin les intérêts particuliers de certains. Et c'est là qu'il n'est pas inutile de quitter le terrain mesquin de la recherche historique pour s'élever avec Jean Daniel au plan de la philosophie politique.

Selon le directeur du Nouvel Observateur dans son éditorial du 6 novembre 1978, « L'oubli interdit » : « La campagne a commencé dans les années 1950, avec le livre minutieux de Paul Rassinier, un parlementaire français, de formation socialiste, et qui a fait lui-même - mais oui ! - un court séjour dans un camp. » La manière de J. Daniel ne s'embarrasse pas de minutie. Elle est plutôt lyrique. Et J. Daniel ne se soucie pas de réfuter Rassinier. Il lui suffit de dénoncer les « croisés du racisme » qui utilisent les argumentations de Rassinier. D'ailleurs Rassinier est difficilement réfutable puisque les nazis, et c'est ce qui fait toute l'horreur de la chose, auraient réussi à commettre un crime parfait : « Rêve démoniaque s'il en fût, conçu par un Lucifer technocrate dans la plus hautement scientiste des hystéries. Le regroupement des damnés, leur acheminement, l'organisation des camps, la sélection pour l'extermination : rien n'est laissé à l'improvisation. Rien ne laissera de trace : c'est l'infernal processus du crime parfait. Sa spécificité, c'est sa perfection ; son essence, sa radicalité ; son horreur magique, son aptitude à évoquer le néant et l'infini. Les racistes ont toutes les raisons de craindre d'en être accusés. C'est un acte sans précédent, né de rien et qui ne va nulle part ».

Mais, à en croire J. Daniel, nous avons eu de la chance, car la France s'est ressaisie pour son salut : « Il y a eu dans le mystérieux inconscient collectif, comme l'obscur sentiment qu'il suffisait que s'écroule la croyance au génocide pour qu'aussitôt reparût, libéré et torrentiel, non seulement l'antisémitisme mais ce racisme latent, dont peuvent être victimes toutes les minorités, ce racisme qui plonge l'esprit dans les ténèbres avec l'irrépressible mouvement de la marée noire sur l'océan. » Le poète, ou mieux l'albatros, les ailes encore pleines de goudron, par un audacieux renversement transforme une pollution à la surface des mass media en un sursaut venu des profondeurs l'être social.

Un journaliste en mal de copie et de célébrité a été interviewer, le micro et l'appareil-photo dissimulés, une vieille crasse qui avait plus ou moins réussi à se faire oublier. Toute la presse s'empare de l'affaire avec le prétexte de discuter sur l'utilité ou la nocivité pédagogique de la publicité au racisme de Darquier de Pellepoix, préférant évidemment s'alimenter des propos d'un Darquier que de devoir discuter sérieusement des positions d'un Rassinier. Mais, de toute façon, on ne voit pas très bien dans toute cette banalité où peut se trouver le mystérieux inconscient collectif.

L'inversion de Jean Daniel en soutient une autre qu'il reprend à un vola[150]tile de son espèce, Louis Martin-Chauffier, cité par l'archevêque de Marseille dans son homélie de la Toussaint - peut-être pour faire oublier les silences du Vatican à l'égard du nazisme. Martin-Chauffier, nous dit l'archevêque, est 1'« auteur de l'une des plus belles méditations sur la déportation : "On ne doit pas répondre à la violence par la haine. Mais l'oubli serait démission. L'oubli est interdit. On ne saurait oublier tout ce qui s'est commis, sous peine de voir se recommencer tout ce qui aura été ou oublié ".».

A la compréhension des conditions économiques et sociales qui engendrent la destruction d'êtres humains avec une telle ampleur, on oppose le mythe d'un plan conscient et démoniaque. A la lutte contre ces conditions économiques et sociales, on oppose la nécessité de se souvenir. Il suffirait qu'on oublie pour que tout recommence. L'inconscient collectif, alias les mass media, se feront donc les gardiens de ce cauchemar. Voilà légitimé un spectacle de l'horreur qui, loin de prémunir contre quoi que ce soit, ne fait que banaliser l'atrocité et donner au public le sentiment de l'impossibilité d'intervenir. C'est du passé ou c'est trop loin, de toute façon cela se passe derrière l'écran de télévision. Mais cela n'est pas simplement passivité et distance, il y a aussi une complaisance et une fascination pour l'horreur qui ne manquent pas de se trouver de bonnes raisons.

C'est que l'horreur n'existe pas seulement à la périphérie de notre monde et derrière les barbelés où on la concentre, elle suinte de notre mode de vie sous les images de la tranquillité heureuse pour parfois surgir sous la forme du crime, de l'accident bête ou de comportements pathologiques. Et cette horreur confusément ressentie, il faut la cerner, lui donner un sens, en faire un spectacle pour tenter de la maîtriser. Renvoyer à une pulsion de mort, expression fondamentale de l'inconscient collectif ou individuel, ne fait que cacher comment ce mode de production précis fait effectivement peser sur les hommes une permanente menace de destruction. Et nous ne parlons même pas de l'armement nucléaire ou de toute autre menace plus limitée et réelle de mort mais du sentiment diffus qui habite les hommes coupés de la communauté humaine et réduits à une insertion sociale précaire (le couple, l'entreprise) de risquer d'être et en fait d'être toujours plus ou moins en trop. La crise accentue l'insécurité économique et affective. On cherche à se débarrasser de ceux supposés prendre les places et à concentrer le rejet de la destruction sur des boucs émissaires.

Si malheureusement une situation semblable à celle de l'Allemagne, qui s'est retrouvée au paroxysme de la crise avec sept millions de chômeurs se reproduisait sans qu'il y ait de possibilité d'abattre les rapports de production capitalistes, il y a toutes les chances qu'un fort racisme et même un racisme d'Etat renaîtrait. Il y a aussi toutes les chances que pour la plupart, les intellectuels antinazis d'aujourd'hui seraient prêts à lui chercher et à lui trouver des justifications.

L'antisémitisme hitlérien est et doit être présenté comme un fait unique dans l'histoire, puis servir à faire oublier et surtout mystifier la nature de toutes les horreurs que notre monde produit. On évoque les conditions particulières qui ont présidé à l'avènement du nazisme, mais c'est pour mieux s'en dégager et atteindre à l'universel. Raymond Aron dit [151] (France-Soir, journal de l'ex-antisémite Hersant, du 15 février 1979) : « Si on veut éviter la barbarisation, il faut insister sur le fait que le nazisme a représente d'unique. Il a été le seul à concevoir, sur la décision de quelques personnes, l'extermination d'une population entière. Peut-être Staline a-t-il sacrifié encore plus de gens. Mais c'est depuis les exterminations hitlériennes que nous avons peur des hommes. Que cette chose ait été possible, nous en sommes tous encore terrifiés. C'est pourquoi, plutôt que de partir de banalisation, il faut dire que, dans une certaine mesure, nous avons tous participé à cela. »

Avec Jean Daniel, nous avons appris que cette extermination avait quelque chose de satanique. Raymond Aron nous dit que, depuis que cela s'est passé, nous avons peur des hommes et que chacun de nous y a participé. Satan est à l'intérieur de chacun d'entre nous : c'est le retour du péché originel.[...]

L'histoire est elle-même historiquement produite. L'image que l'on se fait du passé est le résultat de la sélection et de l'interprétation des faits, suivant la nature des forces qui se sont affrontées et suivant les rapports de forces qui se sont successivement établis. Ainsi, en France, l'histoire scolaire met en scène, de Vercingétorix à De Gaulle, l'affirmation du fait national en effaçant la lutte de classe. Le conformisme général considère qu'aujourd'hui la science historique a décisivement rompu avec toute légende des origines pour constituer une enchaînement chronologique de faits établis. Mais si la reconstitution du passé prend une allure scientifique, elle s'opère aussi plus que jamais sous l'égide de l'Etat.
La vision projetée de la Seconde Guerre mondiale et de l'univers concentrationnaire, avec toute la force que lui assure les mass media, est là pour légitimer le présent, comme ce présent du capital tend aussi à se légitimer immédiatement par la représentation qu'il impose sans cesse de lui-même à travers les mécanismes de production de l'actualité. Cette vision est d'ailleurs susceptible d'évoluer. Le capital cède à la vérité quand il n'a plus besoin de tel mensonge particulier. Une révélation qui vaut de graves ennuis aujourd'hui à ses « auteurs » sera approuvée chez d'autres, ou à titre posthume quand les temps seront mûrs. Mais le problème pour la théorie révolutionnaire n'est pas seulement de dénoncer tel ou tel mensonge particulier, mais de démonter les mécanismes qui assurent la production et la reproduction de l'idéologie et de ses délires.


3.- La L.I.C.A., c'est quoi ?


« La Ligue contre l'antisémitisme déclare antisémites tous ceux qui prononcent le mot "juif" (à moins que ce ne soit dans les conditions rituelles d'un discours aux morts). La Ligue refuse-t-elle tout débat public, et se réserve-t-elle le droit de décider sans aucune explication de ce qui est antisémite ou non ? »

Gilles Deleuze, « Le Juif riche », le Monde, 18 février 1977, p. 26.

[152]

La L.I.C.A. poursuit Faurisson pour falsification de l'histoire. Il faut disposer d'une très haute autorité morale pour s'ériger ainsi en gardien jaloux de la vérité. Je suis tout à fait disposé à faire crédit à cette vénérable institution, que je ne connais guère. Ayant participé en 1963 à la création d'un comité anti-apartheid, je me suis trouvé ensuite pendant plusieurs années en relation « de travail » avec des organisations antiracistes. Je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré dans ces occasions des gens de la L.I.C.A. Mais nous étions parfois en relation avec le M.R.A.P. et je crois comprendre que les rapports qu'entretiennent le M.R.A.P., et la L.I.C.A. ne sont pas précisément ceux de la plus franche camaraderie. Cela explique peut-être la curieuse défaillance de la L.I.C.A. à certains moments de l'action publique contre l'apartheid. J'ignore le pourquoi de ces antagonismes, et peu m'importe. Pour en savoir plus, je n'ai pas trouvé mieux que d'examiner quelques numéros de son mensuel, le Droit de vivre.

J'ai tiqué au compte rendu du film Voyage au bout de l'enfer de M. Cimino, non certes parce que le critique y prend des Ukrainiens pour des Polonais, mais parce qu'il le dit « plus qu'un excellent film. Un monument # ». Pour moi, c'est un monument de bêtise et de racisme. Il n'est sûrement pas besoin d'avoir traîné ses bottes dans les rizières viêtnamiennes pour s'en rendre compte. L'insupportable caricature de ces Asiatiques hurlants, ces « jaunes robotisés et inhumains », comme le dit le critique, ne lui a pas tout à fait échappé : « Michaël Cimino ne se donne pas la peine d'entrer dans la vie, dans la peau des Viêtnamiens. Manque d'intérêt ? Pas le sujet ? Racisme ? » On ne tranche pas. Ce point d'interrogation est vertigineux. Que la grande presse bêtifie devant ce tissu de falsifications, qu'elle flatte la bonne vieille idée de « péril jaune » ravivée par le fait que ces jaunes sont des rouges, rien là que de très normal. Mais qu'un journal dont la raison d'être est l'antiracisme ne soit pas fichu d'identifier et de dénoncer le racisme très explicite de cette superproduction, voilà qui me rend songeur. Le critique souhaite même que l'on fasse un film du même genre sur la guerre d'Algérie. On voit d'ici les ratonnades à la sortie des cinémas

Deuxième surprise, de taille celle-ci, la présence dans la rédaction du Droit de vivre de Paul Giniewski, chargé de la critique littéraire. C'est un sioniste fervent dont les idées semblent [153] s'accorder assez bien avec les vues exprimées dans ce journal. Qu'il trouve sa pâture dans des livres qui veulent démontrer que « l'antisémitisme est consubstantiel à l'idéologie de gauche », en faisant des anarchistes des précurseurs d'Hitler et en affirmant, contre l'évidence quotidienne, que « la gauche est antisioniste par nature # », tout cela ne fait que refléter des positions politiques pour le moins conservatrices. Mais il y a autre chose. J'ai déjà rencontré les écrits de ce pourfendeur de la gauche à propos de l'Afrique du Sud et j'ai eu l'occasion, à propos d'un de ses livres de l'épingler pour quelques perles #. Il faut dire que les défenseurs de l'apartheid en France sont assez rares. A l'époque, à part quelques militants d'extrême droite, Giniewski était le seul propagandiste de Prétoria, bien avant Jacques Soustelle. « Il faut aider l'Afrique du Sud, non l'attaquer » (p. 131 de l'ouvrage cité en note) car pour lui l'apartheid (comme tout se retrouve !) est une sorte de « sionisme obligatoire » par le retour des « Bantous » vers les « foyers nationaux », ces bantoustans dont il se déclare un chaud partisan. Les dirigeants sud-africains, comme MM. Soustelle et Giniewski refuseront certainement l'étiquette de « racistes ». Mais qui niera que la politique qu'ils soutiennent est l'expression la plus achevée du racisme contemporain et que l'une de ces racines plonge précisément dans la politique hitlérienne ? Qu'un journal dont l'antiracisme serait la raison d'être accepte dans sa rédaction un écrivain qui met sa plume au service de l'apartheid est un paradoxe qui dépasse mon entendement.

[154]Mais si leur antiracisme est à éclipser, peut-être les gens de la L.I.C.A. sont-ils des historiens pointilleux, des gardiens sévères de l'objectivité. Certes, ce n'est pas bien grave, quand on évoque la chute d'Idi Amin #, qualifié de « digne émule du nazisme raciste », d'oublier de mentionner qu'il était parvenu au pouvoir avec l'appui actif des services israéliens qui l'ont fait longtemps bénéficier de leur aide et de leur soutien. Bokassa aussi. Simple oubli sans doute.

Mais quand je tombe sur une photo montrant quelques Arabes, assis, en train de deviser, avec la légende suivante : « Quelques-uns des 500 000 non-Juifs qui vivent en Israël dans des conditions de parfaite égalité civique », je me dis que l'enthousiasme pour la vérité le cède à des préoccupations où sa place est réduite. Si, dans l'article qui accompagne cette photo #, je lis les lignes suivantes : « Pour opposer au sionisme un message politique d'une nature semblable on inventa le mythe du panarabisme fondé sur une prétendue unité où furent rassemblés pêle-mêle les pays les plus divers » et, plus loin, que la notion illusoire de « monde arabe est un racisme, sournois ou déclaré », je comprends que nous sommes dans une officine de propagande sioniste, où l'on se soucie de la vérité historique comme d'une guigne. On peut pourtant concevoir un sionisme qui n'aurait nul besoin de ce genre de propagande grossière. Mais comme tous les doctrinaires, ces gens de la L.I.C.A. se servent de l'histoire quand elle les arrange, sinon ils la déforment brutalement. On commence à trouver curieux que ce journal puisse en même temps s'appeler le Droit de vivre et brûler d'une haine si violente à l'égard des Palestiniens qui, après tout, ne demandent que ce « droit de vivre » chez eux.

Cette haine à l'égard de ses ennemis, la L.I.C.A. la pousse au delà des limites que les lois imposent. Par exemple, ceci : « François Brigneau est nuisible à une société civilisée. Par souci d'écologie, il serait utile de le priver du droit d'écrire des insanités # » ; ce qui justifierait évidemment ledit Brigneau, qui écrit dans Minute, à formuler les mêmes souhaits à l'égard de la L.I.C.A. On va même plus loin : « Ceux qui marcheront sur ses traces [celles de Darquier de Pellepoix] ne feront pas [155] d'aussi vieux os #. » Et c'est la L.I.C.A. qui s'arroge le droit de désigner ceux qu'elle croit voir marcher sur les traces de Darquier. Je crois que cela s'appelle des menaces de mort. Il me semble que les tribunaux répriment ce genre de délit.

Quant à moi, je ne vois pas très bien ce qui qualifie la L.I.C.A. pour s'ériger en gardien de la vérité historique. Elle la confond un peu trop avec la propagande politique et ce mélange des genres est assurément très fâcheux.




Voir suite





TABLE DES MATIÈRES



Première partie : Le comment du pourquoi
   I. - L'aspect historique
   II. - L'air du temps, le temps se couvre

Deuxième partie : Le dossier de l'affaire Faurisson
Chapitre premier : A-t-on lu Faurisson ?
Chapitre II : Ce qu'est l'affaire Faurisson
Chapitre III : L'éclatement de l'affaire
Chapitre IV : De la misère en milieu enseignant
   I. - La droite, la gauche
   II. - Plus loin, à gauche
   III. - La L. I. C. A., c'est quoi ?
Chapitre V Le révisionnisme à l'étranger
Chapitre VI : De la nécessité de l'affaire Faurisson

Documents
Document I : Interview de Robert Faurisson parue dans la revue Storia illustrata
Document II : Le Journal d'Anne Frank est-il authentique ? par Robert Faurisson
Annexes
Document III : Chambre à gaz du pénitencier de Baltimore
Document IV : Iconographie
Document V : Vérité historique, vérité humaine

Un texte capital
Conclusion provisoire des éditeurs
Orientation bibliographique
Index (des noms)


"Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal; nous avons pris leur pays. [...] Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ?"

- David Ben-Gourion, premier ministre israélien, cité par Nahum Goldmann dans "Le Paradoxe Juif", page 121.


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"Les Juifs [...] étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur."

- Charles de Gaulle, conférence de presse du président de la République, 27 novembre 1967.

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