Entretien
IRIB: Comment jugez-vous le récent rapport du Directeur général de l'AIEA, Mohammad El-Baradei sur le programme nucléaire civil iranien ?
Pierre
Dortiguier: Il
s'agit d'un sursaut d'indignation et d'honnêteté contre les
pressions qui sont exercées contre lui. Nous en voulons pour preuve,
les réactions, suscitées contre lui, non seulement de la part des
Etats-Unis, mais aussi de la part de notre propre Ministère des
Affaires étrangères. Le Directeur général de l'AIEA a établi des
points importants dans son rapport où il a évoqué l'incapacité de
l'Iran d'atteindre le programme nucléaire militaire, dans les années
à venir. Ceci a été, interprété, malheureusement et de façon mal
honnête, comme une crainte que M. Baradei avait de voir l'Iran
s'engager dans une sorte de processus d'acquisition de l'arme
atomique. Mais, il s'agit là d'un mensonge et d'une
mésinterprétation. Car, le Directeur général de l'AIEA avait
souligné dans son rapport que l'Iran n'avait aucune intention de se
doter d'un programme nucléaire militaire. Ce constat technique a
suscité contre lui la colère des Etats-Unis et de tous ceux qui sont
au service de la campagne d'intoxication anti-iranienne. IRIB: Ne pensez-vous que certaines puissances ne voulant pas avoir un regard réaliste envers l'affaire nucléaire iranienne, demandent à El-Baradei de leur fournir un prétexte pour s'acharner contre l'Iran ?
Pierre
Dortiguier: Oui,
en effet, c'est la raison pour laquelle nous sommes indignés face à
la lecture de la presse d'ici. Car, la presse occidentale et
américaine prennent prétexte du rapport du Directeur général de
l'AIEA, pour lancer une campagne d'intoxication contre l'Iran. Mais,
comme la presse occidentale et américaine avait vu qu'elle ne
pouvait tirer rien de ce rapport, elle a retourné sa haine contre la
personne de M. El-Baradei. IRIB: En réaction à l'attitude hostile de certains pays au programme nucléaire civil iranien, le Président Ahmadinejad a souligné qu'ils ne sont pas inquiets de la fabrication de la bombe, mais ils craignent que l'Iran ne devienne pas un exemple à suivre par les autres nations. Est-ce votre avis aussi ?
Pierre
Dortiguier: Oui,
c'est tout à fait juste. C'est le progrès de l'Iran qui fait peur à
ceux qui, après deux guerres mondiales, veulent imposer un statu
quo, qu'on disait autrefois, l'impérialisme. Les grandes puissances
ont pris conscience que l'avenir les condamne et que l'impérialisme,
tout comme le sionisme issu du même moule est condamné par le
temps et par l'histoire. IRIB: Mais, est-ce possible de vaincre une nation, très déterminée, à faire valoir ses droits ?
Pierre
Dortiguier: Non,
c'est absolument impossible. L'histoire démontre le contraire. Car,
une nation déterminée suscité du courage et entraîne avec elle, des
alliés. Elle réveille des énergies. Une nation courageuse n'est pas,
seulement, une nation qui se mobilise, mais mobilise également,
toute une coalition avec elle. 06/09/2006 IRIB: Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan a effectué une visite en Iran pour parler avec les autorités iraniennes du dossier nucléaire civil iranien et de la résolution 1701 sur le Liban. En ce qui concerne le dossier nucléaire, Il est partisan de la poursuite des négociations tout comme les Européens qui se sont récemment prononcés pour la poursuite du dialogue avec Téhéran. Qu’en pensez-vous ? Pierre Dortiguier: C’est en effet, le cas. Nous pouvons parler d’une attitude raisonnable voire rationnel des Européens, d’autant plus que les sanctions dont évoquent les Américains se retourneraient contre l’Europe avec l’augmentation des prix des matières premières et contre le corps social le plus fragile qui est déjà victime d’une spéculation monétaire générale dans le cadre de la globalisation. Je crois que les Européens ont agi de façon rationnelle. Nous avons également des opinions louables de l’Espagnol Felipe Gonzales et du ministre italien des AE, Massimo D’Alema à ce sujet. IRIB: A propos du Liban, lors de son entretien avec Kofi Annan, le président iranien a insisté sur la participation de l’Iran à la reconstruction du Liban tout en déclarant que les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le régime de Tel-Aviv qui ont cautionné et mené la guerre contre le Liban devaient payer à ce pays des dommages et intérêts, dans le cadre de sa reconstruction. Comment analysez-vous les propos du président Ahmadinejad ? IRIB: En terme philosophique, cela signifie que la charité n’exclut pas la justice, mais elle la suppose. La grande charité à montrer envers les peuples libanais et palestinien c’est de prêter assistance à des gens malheureux qui ont besoin de retrouver leur liberté et leur bien. Mais il faut qu’il y ait la justice, c'est-à-dire la racine même de notre attitude. Il faut que ceux qui ont commis ces erreurs, ceux qui ont des dettes envers ces deux peuples, à savoir les Anglais qui ont fait transiter des armes de destruction massive chez eux, les Américains qui ont toujours mis un veto à la volonté des peuples contre l’expansion d’Israël et tous ceux qui ont contribué à la tyrannie d’Israël, y compris les sionistes qui ont réalisé ces dégâts, soient les premiers à payer les réparations. Le président iranien s’adresse à la raison humaine et à la raison des dirigeants.
Entretien
réalisé par Nikjou |
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