SOLUS
LES PAVÉS
DE L'ENFER
L'enfer est pavé
de bonnes intentions, nous serine-t-on. Mais que sont ces pavés?
Ce sont des oeuvres que la bonne société les
bonnes moeurs, les bons sentiments, les bons apôtres, et
tous les autres qui font profession de bonté préfèrent
oublier, refouler, cacher dans ce qu'on appelait justement les
"enfers" des bibliothèques. Ce sont des livres,
des articles, des films, des pièces de théâtre,
des dessins, des tableaux, des objets, tous scandaleux à
quelque titre, matière à scandale, objet de poursuites,
de répression, de suppression. Ces oeuvres sont brûlantes.
Elles ne pavent l'enfer que parce que ce que John K. Toole, appelait
joliment "la conjuration des imbéciles" rejette
toutes ces affirmations dérangeantes dans les flammes éternelles.
De François Villon, François Rabelais, Agrippa d'Aubigné
à Charles Baudelaire, Gustave Flaubert, Alfred Jarry, Léon
Bloy, Louis-Ferdinand Céline, Jean Genet, la liste est
longue de ceux qui ont apposé sur les pavés de l'enfer
le signe du génie littéraire. Beaucoup d'autres
auteurs ne volent pas si haut, mais tous ont une chose urgente
à dire. Tous ne sont pas traînés devant les
tribunaux ou censurés, mais les censeurs potentiels voudraient
bien les éliminer.
Nous demandons à nos lecteurs et amateurs de participer
à l'aventure. Qu'ils veuillent bien saisir (à l'aide
d'un ordinateur quelconque) le ou les textes de leur choix, ceux
qui leur paraissent dignes de figurer dans cette collection des
pavés de l'enfer, nous les envoyer par e-mail et nous les
afficherons avec plaisir pour le bénéfice de tout
le monde.
Notre adresse: <solussolus@hotmail.com>
Mais ATTENTION: Le lecteur de passage s'avance à ses risques
et périls. Certains textes ont été écrits
à coups de marteau. Dans la plupart d'entre eux, on trouvera
le poids de la vie, la chair, l'os et le sang que les écrivains
ont utilisé pour dire leurs mots à ce monde qui
ne les mérite peut-être pas. Le lecteur peut être
choqué, bouleversé, renversé. Les âmes
sensibles doivent s'arrêter ici. Nous ne sommes pas responsables
du contenu des textes, qui appartiennent pleinement aux auteurs.
Nous ne faisons qu'en offrir la possibilité d'une consultation.
Les plaintes qui viendraient à être émises
par des esprits faibles ou tortueux seront aussitôt mises
à la poubelle de l'idiotie politiquement correcte de notre
époque. Nous regrettons que les mines de sel soient pour
le moment fermées. Nous demandons leur réouverture,
en raison du grand nombre d'impétrants chez les soi-disant
intellectuels parisiens et leurs émules
VIVENT LES MINES DE SEL
!.
Une bande de lycanthropes sans qualités
(qui ne sont nullement tenus d'approuver ou de désapprouver
le contenu de textes qui ont été écrits par
de vrais écrivains.)
NOUVEAU : BAGATELLES EST
LA, SUR LE SITE, EN ENTIER !!! (20 oct. 1999)
Ils n'arrêtent pas de râler, les lecteurs. Qu'ils
en veulent plus, que c'est formidable, qu'ils ne peuvent pas trouver
les bouquins, qu'ils en redemandent, à la louche. Les pamphlets,
ça tape fort; ça donne des vertiges, mieux qu'à
CNN. Nous, ici, on se frottait les mains, on attendait que ces
enthousiastes retroussent leurs manches, qu'ils se mettent au
turf, numériser, corriger, recorriger, en partant de ces
saloperies d'éditions Denoël ou des pirates qui se
sont trouvé un petit blot pépère... Rien
du tout. Feignants, les lecteurs, vraies couleuvres, ils veut
juste en profiter, lire les pamphlets dans le hamac qu'ils ont
acheté à Nouvelles Frontières. Alors on est
reparti à la mine.
D'autant que du turbin il en reste. Notre idée de derrière
la tête est d'afficher les huit pamphlets. Vous me direz,
y'en a trois. Ou y'en a quatre. Mais pas huit! D'accord, mais
c'est une idée à Nicole Debrie. Nous, ici, nous
lisons Céline. Mais à l'égard des céliniens,
nous avons une petite méfiance. Après tout, si les
pamphlets ne sont pas republiés ce n'est pas, comme un
vain peuple le pense, parce qu'ils seraient interdits, ou que
Gallimard s'y opposerait. C'est parce que la veuve s'y oppose.
Nous l'aimons beaucoup la Lucette! Pensez donc, une danseuse!
Mais elle est entourée de céliniens gommeux, de
ces avocats ou littéraires qui sentent bon la brillantine
Yardley et boivent le Cointreau en levant le petit doigt. Elle
qui vivait avec le fauve dans sa tanière, elle est flattée
par tout ce beau linge. Les pamphlets, ça leur colle des
boutons à ces pommadés. Alors on lui fait risette
à la Lucette, on l'embrasse sur ses miches desséchées
et on lui dit que les pamphlets, ça n'est plus son affur.
Des bonnards, chez les céliniens, il y en a, Monnier, Mazet,
d'Arribehaude, et toute une tapée d'excellents esprits
et de rétifs poilus. Mais la plus vraie, la meilleure,
c'est la môme Debrie. Elle vous a un côté Piaf.
Mais l'esprit, très raffiné, le verbe sûr.
Pas de taille, juste l'estoc. Elle a fait quelques petits bouquins
qui vous perforent la connerie ambiante, que c'est un plaisir
de nabab. La Debrie, donc, dit qu'il y a huit pamphlets, c'est
à dire huit textes dans lesquels Céline a tenté
de faire comprendre comment il fallait voir les choses. Il y a
tout un tas de mots abstraits qui viennent aux lèvres pour
désigner ce genre d'exercice. De l'abstrait abstenons-nous.
"Voir les choses" nous suffira. En voici la liste
Semmelweis -- Hommage à Zola -- Mea Culpa -- Bagatelles
pour un massacre -- L'Ecole des cadavres -- Les beaux draps --
A l'agité du bocal -- Entretiens avec le professeur Y.
Le premier et le dernier sont assez faciles à trouver.
Mais les autres, il faut avoir les bonnes adresses et du fric.
Petit commerce oblige. Ce qui est rare est cher.
Pas chez nous. C'est gratos. A terme, nous les afficherons tous.
Pourquoi nous le faisons? Nous n'avons pas peur. Peur de quoi?
Peur de nous-même. Ceux qui ont peur des pamphlets, de leur
incontestable antisémitisme, c'est qu'ils ont un petit
truc en eux qui leur crie qu'ils pourraient y succomber, si les
circonstances s'y prêtaient. Ce n'est pas notre cas ni celui
de très nombreux lecteurs. Ces pamphlets sont aussi et
d'abord de formidables moment de littérature, parce qu'ils
disent des choses terriblement vraies sur notre monde et notre
société. Contre cette société à
pâte molle, cette disneyfication, cette idolâtrie
des pouvoirs en place, nous avons tous besoin de Céline,
et de Céline tout entier, complet, non châtré.
Comme nous faisions remarquer au mainteneur d'un site Céline
sur Internet l'existence du début de Bagatelles,
il nous a répondu avec de petits cris d'écouillé.
Il veut pouvoir plastronner dans les couloirs des maisons d'édition. Son site n'est pas entièrement
dénué d'intérêt.
Allez le voir. Et dites
lui ce que vous pensez des céliniens
respectueux. TROP TARD, GALLIMARD A DEJA FRAPPE.
Voici donc les pages suivantes de Bagatelles et Mea Culpa.
(Nous avons fait référence à un essai de Nicole Debrie, Quand la mort est en colère -- L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens, publié, nécessité faisant loi, en 1997 par elle-même (pour la honte éternelle des Zéditeurs), 127 p., Editions Nicole Debrie, 23 rue du Cherche-Midi, 75006 Paris. ISBN 2-9505836-5-2. Vous y apprendrez quelque chose.
GALLIMARD CENSURE CELINE ET OBTIENT LA SUPPRESSION D'UNE SITE CONSACRE A CELINE SUR LE WEB (25 avril 1999)
Ce site mou a été ensuite rétabli, purgé de tout ce qui pourrait ressembler à un élément de propriété de Gallimard.
BIDONNAGE
"Chez Auchan, on parle d'une "énorme
boulette". Une boulette à 10 millions d'exemplaires,
glissée dans la boîte aux lettres de presque un foyer
sur deux. Bagatelles pour un massacre, le pamphlet violemment
antisémite de Louis-Ferdinand Céline, figure, photographié
dans une édition luxueuse, en décor d'une publicité
d'ambiance pour une bouteille de whisky. Auchan se dit consterné.
L'éditeur du catalogue de publicité parle d' "une
bêtise humaine".
Explique que c'est une styliste free-lance qui a déniché
l'ouvrage dans son grenier. "Elle n'est pas française,
et elle n'a pas mesuré l'énormité de son
choix", excuse-t-il. Elle a retenu l'ouvrage à cause
de la reliure, superbe, en demi-cuir avec trois caissons. Soit,
mais comment la reproduction pleine d'une page d'un ouvrage aussi
sulfureux -- et qui n'a pas été réédité
depuis
la guerre -- a-t-elle pu déjouer tous les contrôles?
La chaîne est longue, pourtant, qui mène de la styliste-lampiste
à l'imprimeur, en passant par l'éditeur, le maître
d'ouvrage, avec l'imprimatur du commanditaire, Auchan."
C. Ms.
++++++++++++++++++++++++++++++
Libération, samedi 16 et dimanche 17 octobre 1999,
p. 24.
Dans le même temps, le journal
Le Monde, qui ressemble de plus en plus au Parisien
libéré, fait une liste des livres qui seraient
le plus appréciés de notre époque. Il classe
Le Voyage au bout de la nuit de Céline, au sixième
rang. Et que se passerait-il si Bagatelles était
republié??????????????????
pages: 11-20 ------ pages 21-30 ---- pages 31-40 ----- pages 41-50 ---- pages 51-60 ---- pages 61-70 ----
pages 71-80 ---- pages 81-90 ---- pages 91-100 ---- pages 101-110 ---- pages 111-120 ---- pages 121-130
-- 12 bis ---- pages 131-140 ---- pages 141-150 ---- pages 151-160 ---- pages 161-170 --- pages 171-180
--- pages 181-190 --- pages 191-200 --- pages 201-210 --- pages 211-220 --- pages 221-230
--- pages 231-240 --- pages 241-250 --- pages 251-260 --- pages 261-270 --- pages 271-280
--- pages 281-290 --- pages 291-300 -- pages 301-310 --- pages 311-320 -- pages 321-330
--- pages 331-340 --- pages 341-350 --- pages 351-360 --- pages 361-370 --- pages 371-379
Version intégrale: les passages supprimés par la rédaction de la Revue d'Etudes Palestiniennes, lorsqu'elle publia ce texte dans son n° 6, le 1er janvier 1983, ont été rétablis ici, à partir des notes contenues dans le volume posthume de Jean Genet, L'Ennemi déclaré -- Textes et entretiens, Gallimard, 1991, p. 408.
Nous avons aussi la version anglaise .