Renaud Camus, Michel Houellebecq, Edgar Morin, Olivier Pétré-Grenouilleau,
Max Gallo, Elisabeth Lévy, Paul Nahon, Alain Finkielkraut... la liste devient
longue et inquiétante des journalistes, écrivains, universitaires et intellectuels
poursuivis ou menacés de poursuites pénales par des associations vindicatives
et sectaires pratiquant l'intimidation judiciaire soit pour faire taire toute
opposition à leurcause, soit tout simplement pour interdire à l'avance
le moindre débat sur leur conception particulière de l'amitié entre les peuples.
Ces lobbies, que l'écrivain Philippe Muray qualifie à juste titre de "groupes
d'oppression", défendent le plus souvent un communautarisme narcissique
dégénérant en paranoïa identitaire et victimaire et prétendent détecter des
atteintes à leur dignité à tous les coins de rue.
Le terrorisme de ces croisés de l'hygiénisme mental consiste désormais à
qualifierde "phobie" toute expression d'une opinion contraire à leurs prétentions
ou revendications.
Une phobie étant l'expression d'un trouble mental, on comprend bien qu'il s'agit
detraiter le dissident en malade dont l'accompagnement psychiatrique devrait
sans doute être recommandé en parallèle à la répression pénale.
Cette situation ridicule est indigne d'une démocratie libérale et donne de la
France l'image d'un pays immature dérivant dramatiquement vers la mise sous
tutelle judiciaire de l'intelligence et de l'esprit critique, où le sectarisme
conduit les mêmes à vouloir expédier un philosophe en prison et distraire de la
justice un terroriste italien ou des incendiaires de banlieue.
La responsabilité première de cette dérive incombe aux gouvernements
successifs, de gauche comme de droite, qui, par lâcheté, complaisance,
clientélisme et aliénation aux oukases médiatiques, ont multiplié à l'infini
ce qu'il faut bien appeler les délits d'opinion.
Le législateur français semble ainsi avoir oublié que "la libre communication
des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de
l'homme" (article 11 de la Déclaration de 1789) et que " la liberté d'expression
vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou
considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui
heurtent, choquent ou inquiètent l'Etat ou une fraction de la population" (arrêt
Handyside, Cour européenne des droits de l'homme, 1976).
Mais non content d'avoir restauré la censure, ce même législateur a décuplé
son efficacité en permettant systématiquement à des associations se proposant
par leurs statuts de lutter contre le fléau de la mal-pensance, de porter plainte
contre les dissidents.
POLITIQUEMENT CORRECT
Cette tendance lourde du législateur français, ajoutée à sa propensionparallèle à
décréter des vérités officielles (reconnaissance à portéerétroactive de
génocides ou de crimes contre l'humanité, prescriptions de contenus
pédagogiques à caractère idéologique ou moralisateur, logorrhée normative
à vocation compassionnelle, etc.), soulève de très sérieuses questions mettant
en cause nos principes constitutionnels.
Outre leur caractère liberticide plusieurs fois dénoncé par la Commission
nationale consultative des droits de l'homme, ces dispositifs aboutissent à une
véritable privatisation de l'action publique, la politique pénale se trouvant
ainsi quasiment déléguée à des associations corporatistes au mépris des
principes républicains.
C'est aussi le principe d'égalité et d'universalité des droits qui estremis en
cause par la multiplication de groupes de personnes faisant l'objet de protections
juridiques spécifiques.
Le Conseil constitutionnel a jugé en 1999, au sujet de la Charte européenne des
langues minoritaires et régionales, que la reconnaissance de groupes était
incompatible avec l'universalisme de la Constitution française.
Mais le politiquement correct qui préside à l'adoption de ces législations
pénales catégorielles dissuade les parlementaires de l'opposition comme
ceux de la majorité de les déférer au Conseil.
En outre, la sélection opérée par les associations entre les personnes qu'elles
décident de poursuivre et celles qu'elles préfèrent ignorer crée évidemment
une rupture arbitraire de l'égalité des citoyens devant la loi.
Enfin, la définition vaseuse des incriminations par le code pénal laisse une
large place à l'appréciation subjective des juges auxquels le pouvoir
politique abandonne ainsi lâchement nos libertés.
Il devient urgent que nos gouvernants et représentants politiques, et
notamment ceux qui prétendent se réclamer de la droite "libérale" ou de la
gauche "libertaire", se ressaisissent et prennent conscience de la gravité des
atteintes aux libertés fondamentales qu'ils ont contribué à introduire au
pays de Voltaire et de Zola.
Une remise à plat de l'arsenal répressif accumulé depuis la loi Pleven de
1972 et un retour aux principes initiaux et libéraux de la loi de 1881 sur la
presse doit être envisagée.
Il en va de la crédibilité de la France sur la scène internationale :
comment pourrions-nous donner des leçons à la Turquie ou à la Chine
en matière de droits de l'homme si nous laissons envoyer nos
journalistes et nos intellectuels en correctionnelle ?
Qu'on ne nous rétorque surtout pas que cet arsenal serait nécessaire pour
enrayer la montée en puissance de partis extrémistes.
L'expérience a parfaitement montré la vanité et les effets pervers de ce type de
législation. La liberté d'expression étouffée dans le prétoire se venge plus
tard dans l'isoloir.
Anne-Marie Le Pourhiet
Professeur de droit public à l'université, Rennes-I
Adresse:
Université de Rennes I, Faculté de droit et de science politique
9, rue Jean Macé, CS 54203, 35042 Rennes cedex, tél. 02 23 23 76 76.
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Pour un vrai
Nuremberg
et pour que les vrais
négationnistes soient démasqués
Gayssot,
l’Histoire, et le Crime :
Par
Mondher Sfar
historien, Paris
La critique de la Loi
Gayssot consiste de nos jours à lui reprocher de
légiférer en matière d’histoire. Nous ne sommes
pas sûrs que ce soit là une bonne formulation de
la question.
La Loi Gayssot nous invite
en fait à respecter la chose jugée en
l’occurrence les conclusions du Tribunal de
Nuremberg.
Cette démarche ne nous
déplait pas du tout, pour la simple raison qu’un
crime relève de la justice et non de la
discipline historique. Il n’y a aucun reproche à
ce que la question du génocide relève de la
justice et de son investigation, avant d’aboutir
sur la chaire de l’historien.
Or, justement, c’est là où
gît toute l’affaire : Sommes-nous sûrs que le
Tribunal de Nuremberg auquel se réfère la loi
Gayssot ait fait sérieusement son travail
d’investigation et de jugement ?
Lisons l’Article 18 du
Statut du Tribunal : « Le Tribunal devra : (a)
limiter strictement le procès [des ‘Grands
criminels de Guerre’] à un examen rapide des
questions soulevées par les charges. » Ainsi,
malgré la gravité des charges, des accusations
et de l’envergure internationale du procès,
voici que l’on décide comme règle de jeu
d’escamoter l’étude des preuves des charges.
L’Article 19 enfonce encore plus le
clou : « Le Tribunal ne sera pas lié par les
règles techniques relatives à l'administration
des preuves. Il adoptera et appliquera autant
que possible une procédure rapide et non
formaliste et admettra tout moyen qu'il estimera
avoir une valeur probante. »
Encore plus explicite, l’Article 21 stipule : « Le Tribunal n'exigera pas
que soit rapportée la preuve de faits de
notoriété publique, mais les tiendra pour
acquis. Il considérera également comme preuves
authentiques les documents et rapports officiels
des Gouvernements des Nations Unies, y compris
ceux dressés par les Commissions établies dans
les divers pays alliés pour les enquêtes sur les
crimes de guerre, ainsi que les procès-verbaux
des audiences et les décisions des tribunaux
militaires ou autres tribunaux de l'une
quelconque des Nations Unies. »
Ainsi pas moins de trois
articles des statuts du Tribunal pour insister
sur cette extraordinaire décision de juger
sans examiner les preuves.
De plus, le Statut a fermé
la porte à la mise en question de la légitimité
du Tribunal : Article 3 : « Ni le Tribunal, ni
ses membres, ni leurs suppléants ne pourront
être récusés par le Ministère Public, par les
accusés, ou par leurs défenseurs. »
Autre important déni de
justice, l’instauration de la rétroactivité des
lois, juger selon des lois postérieures aux
crimes ou délits commis, comme le crime contre
l’humanité.
Les dégâts ne s’arrêtent
pas là. Le Statut a interdit aux accusés de se
défendre au cours des débats : Article 18 :
« (b) prendre des mesures strictes pour éviter
toute action qui entraînerait un retard non
justifié [dans le cours du procès], et écarter
toutes questions et déclarations étrangères au
procès de quelque nature qu'elles soient ; (c)
agir sommairement en ce qui concerne les
perturbateurs, en leur infligeant une juste
sanction, y compris l'exclusion d'un accusé ou
de son défenseur de certaines phases de la
procédure ou de toutes les phases ultérieures,
mais sans que cela empêche de décider sur les
charges. »
Donc, des lois
rétroactives et un procès sans preuves, sans
possibilité de récuser le tribunal, sans débat,
mais aussi sans appel : Article 10 : « Dans tous
les cas où le Tribunal aura proclamé le
caractère criminel d'un groupe ou d'une
organisation, (…), le caractère criminel du
groupe ou de l'organisation sera considéré comme
établi et ne pourra plus être contesté. » Il en
est de même des décisions finales du Tribunal :
Article 26 « La décision du Tribunal relative à
la culpabilité ou à l'innocence de tout accusé
devra être motivée et sera définitive et non
susceptible de révision. »
Autre violation du droit
humain : la loi édictée par ce Tribunal a établi
un principe ségrégationnel, en spécifiant
l’origine politique ou nationale des prévenus,
et par conséquent, en excluant tous les autres
criminels qui sont susceptibles de tomber sous
le coup de la loi instituée par le Tribunal. Un
criminel qui aurait commis le même crime de
guerre ou contre l’humanité et qui
appartiendrait aux Alliés pourrait dormir
tranquille.
Le Tribunal de Nuremberg a
battu le record mondial du déni de justice et
des violations des droits humains les plus
élémentaires, et en particulier de ceux établis
par la Déclaration universelle des Droits de
l’homme. C’est pourtant ce Tribunal qui est
établi par la loi Gayssot comme source du droit.
En fait, il n’y a pas eu
de jugement des criminels, mais il y eut
seulement une parodie de justice. L’objectif
inavoué du Tribunal de Nuremberg a été de
légitimer la décision prise par les puissances
alliées d’exécuter les vaincus en tant que
vaincus et non en tant que criminels. La
conséquence la plus paradoxale en a été que les
crimes, tous les crimes, n’ont jamais été jugés,
ni même entièrement identifiés.
Il n’y a
jamais eu de
jugement du crime de génocide
La Loi
Gayssot qui s’en prend à « ceux qui auront
contesté, (…) l'existence d'un ou plusieurs
crimes contre l'humanité » est inopérante, car
« l’existence » de ce crime contre l’humanité
n’a pas été jugée en tant que telle. Il faut
rappeler ici que le Tribunal de Nuremberg a eu
pour objet officiel et spécifique le « Procès
des Grands Criminels de Guerre » et il n’a eu à
juger du crime contre l’humanité qu’en termes
subsidiaires et incidents et non principalement.
On peut donc affirmer
qu’il n’y a jamais eu de jugement du génocide
juif. Même le jugement du Commandant Hoess
d’Auschwitz l’a été dans le cadre du jugement
des ‘criminels’ et non du jugement du crime
contre l’humanité. Ainsi, les crimes des
déportations n’ont jamais fait l’objet de
jugements. Les crimes commis au sein des camps
de concentration n’ont jamais fait l’objet de
procès, y compris le camp d’Auschwitz. Les juifs
eux-mêmes, survivants ou parents des morts dans
les camps n’ont pas intenté de procès pour ce
qui leur est arrivé durant la Deuxième Guerre
mondiale. De tels procès auraient été l’occasion
de détailler les crimes et de déterminer les
responsabilités. Dans la réalité, tous ces
crimes qui auraient dû faire l’objet de procès,
ont été traités sous forme de protestations des
victimes à travers des ‘témoignages’ privés
édités dans des périodiques ou des livres. Les
victimes n’ont été écoutées au cours de tous les
procès de Nuremberg qu’en qualité de témoins,
pas en qualité de victimes. Tout s’est passé
comme si les crimes dont les juifs ont été
victimes – pour ne parler que d’eux - ne
pouvaient faire l’objet de procès. Même les
crimes de guerre n’ont été jugés : ni ceux
commis par l’Axe ni ceux commis par les Alliés.
Une des principales
raisons en est que le sionisme, de connivence
avec les vainqueurs, a fait main basse sur les
‘crimes contre l’humanité’ pour les sortir du
cadre classique du droit criminel national. Le
but a été d’en faire des crimes ‘spécifiques’
non pas tant pour leur ampleur ‘inimaginable’
comme le prétend la propagande sioniste, mais
pour leur prétendu genre nouveau différent des
crimes connus des législations existantes. Ce
genre nouveau est le ‘génocide’ spécifié par
Nuremberg sous le vocable de ‘crimes contre
l’humanité’. Pourquoi créer cette nouvelle
catégorie de crimes ? C’est pour donner
naissance à une entité juridique nouvelle qui
est la prétendue ‘race biologique juive’. C’est
celle-là même qui a été inventée par l’idéologie
raciale nazie. Le sionisme a cherché à perpétuer
le bénéfice de la nouvelle entité raciale juive
instituée par Hitler afin qu’elle soit reconnue
par le droit international. La reconnaissance de
la nouvelle catégorie ‘raciale juive’ à travers
de l’institution de la nouvelle catégorie de
crime qu’est le ‘génocide’ a été une des
principales raisons d’être du Tribunal de
Nuremberg, sous prétexte de juger des ‘Grands
Criminels de Guerre’.
Ainsi, le Tribunal de
Nuremberg (1) a parodié un procès contre les
criminels de guerre, il a exclu les crimes
perpétrés par les vainqueurs ; (2) le Tribunal a
escamoté les crimes réels commis dans les camps
de concentration grâce au concept nouveau et
anti-juridique de ‘génocide’ et de ‘crime contre
l’humanité’, spoliant les victimes de leurs
droits à la justice de leur pays ; (3) le
Tribunal a consacré grâce au concept de
‘génocide’ l’idéologie raciale nazie qui a
prétendu que les ‘juifs’ sont une race
biologique ; (4) la chambre à gaz est devenue un
point de fixation dans l’esprit des sionistes
pour ce qui est des crimes commis dans les camps
de concentration, car pour eux la destruction
‘chimico-biologique’ des juifs est la preuve
‘scientifique’ de l’existence d’une prétendue
‘race’ juive qui ne peut obéir aux lois
habituelles du droit international connu jusque
là. Cette invention juridique a ouvert en
conséquence la voie au ‘droit à un Etat’.
L’enchaînement de cette logique est : un crime
unique – un crime contre l’humanité – un crime
contre une race – une race – un Etat.
Voilà donc l’aberration
des procès dits des ‘Grands criminels’, ou même
des petits ‘criminels’ comme Eichmann. Les
victimes ont été leurrées par ces procès à
sensation qui n’ont pas jugé des faits
historiques mais des faits politiques qui
relèvent des affaires d’Etat et non des affaires
des femmes et des hommes victimes de crimes
personnels. Au lieu du concret, on a fabriqué le
fantastique et on leur a dit : vous avez été
victimes d’un Holocauste, d’une Shoah, vous
n’avez pas à vous en soucier, c’est nous qui
s’en chargerons.
C’est que les sionistes
n’ont eu aucun intérêt à juger véritablement les
crimes de déportation, ou ceux commis dans les
camps de concentration, ou même le régime nazi.
En plus de l’instrumentalisation politique des
crimes, les sionistes ont eu peur que ces procès
ne se retournent contre eux, en révélant la part
de leur responsabilité politique dans ces
persécutions qu’ils favorisèrent en sous main,
car ils ont vu qu’elles allaient dans le sens de
leurs objectifs politiques : la création d’un
Etat prétendument juif, dans une perspective
idéologique que les nazis étaient loin de
désavouer.
Toujours est-il que ce
stratagème, combiné avec l’idéologie horrifique
de la Shoah, a fini par faire croire aux
victimes, comme aux autres, que toute la vérité
a été dite.
La négation des crimes
commis commence ici : par la négation du droit
des victimes individuelles, quelles qu’elles
soient, à un procès juste, authentique,
exemplaire et équitable pour les torts qu’elles
avaient subi durant la Deuxième Guerre mondiale
et avant. Cette négation se double par celle des
crimes politiques et militaires commis à la fois
par les puissances alliées et par la puissance
sioniste montante.
C’est
pourquoi il est urgent :
D’abroger la loi Gayssot
qui avalise un crime de déni de justice
qu’incarnent le Tribunal de Nuremberg et ses
Statuts.
Que les promoteurs du
Tribunal de Nuremberg et leurs exécutants soient
jugés et punis.
Que les victimes de tous
les crimes commis durant la Deuxième Guerre
mondiale et avant à l’encontre des populations
civiles - quelle que soit leur nationalité, leur
religion, leur appartenance nationale ou
ethnique - poursuivent en justice leurs
bourreaux, et que leurs plaintes soient
acceptées.
Que le crime contre la
paix soit jugé en toute équité et que ses
commanditaires et leurs exécutants soient
poursuivis devant la justice, quelle que soient
la nationalité de leurs auteurs.
Avant Gayssot, avant
l’Historien, exigeons d’abord que justice soit
faite, et que les vrais négationnistes soient
démasqués.
Mondher Sfar
Des historiens réagissent aussi en
Belgique
Lu dans "La Libre
Belgique" du 25 janvier 2006, p. 30,
(http://www.lalibre.be/article.phtml?id=11&subid=118&art_id=264826)
cette déclaration
d'historiens (on remarquera le projet d'envoi à
Auschwitz de centaines de
collégiens belges à la fin de ce mois, EN AVION
MILITAIRE!):
________________________________________________________
L’histoire
n’est pas un nouveau catéchisme
25/01/2006
L’histoire a la
cote. L’engouement du public et les convoitises
du monde politique sont indéniables. Ministres
fédéraux et régionaux, députés et sénateurs
multiplient les initiatives à portée historique,
invoquant le plus souvent un « devoir de mémoire
». En témoignent pour ne citer que quelques
exemples récents l’enquête initiée par le Sénat
à propos de la responsabilité des autorités
belges dans la persécution des juifs
(...), les plans du gouvernement flamand
pour un « musée, centre d’archives et
(...) le programme « Écoles pour la
démocratie », organisant le voyage à Auschwitz
en avion militaire pour des centaines de
collégiens belges à la fin de ce mois. Largement
de quoi combler le bonheur des historiens
belges, donc ?
(...)
Pourtant, cet
engouement nous laisse quelquefois sceptiques,
il peut même à d’autres moments nous inquiéter,
parce qu’au-delà des effets médiatiques
manifestement visés, il n’apporte pas de souffle
nouveau à la recherche historique et tend
surtout à construire une obligation de mémoire.
Quel doit être le rôle des pouvoirs publics dans
la « transmission de la mémoire du passé » tel
que l’invoquent des projets en cours ?
Premièrement, la
commémoration, qui organise le souvenir dans un
but politique, est une action tout à fait
légitime d’un État, d’une région ou d’une
commune. Seulement, elle ne peut être
confondue avec la promotion de la recherche
historique, qui est une discipline critique et
indépendante des usages politiques du souvenir.
S’il y a bien un lien entre mémoire et histoire,
les deux démarches obéissent à des exigences
différentes. La mémoire ne donne pas accès à la
connaissance, elle mobilise le passé dans un
projet politique ou civique au présent.
L’histoire, elle, revendique un statut de
scientificité. L’histoire n’est pas au service
du politique, elle n’est pas émotion. Elle
n’accepte aucun dogme et peut être dérangeante.
Si l’histoire tient compte de la mémoire, elle
ne s’y réduit certainement pas. Plutôt que le
devoir de mémoire tant invoqué, nous aimerions
voir plus souvent invoquer le devoir d’histoire
et de savoir. (...)
Gardons-nous pourtant de toute pensée magique
croyant transformer des écoliers en citoyens
tolérants et antiracistes le temps d’un
aller-retour à Auschwitz. Cette démarche
n'a de valeur qu'ancrée dans un savoir
historique qui dépasse l'émotion née du choc des
horreurs. Non, l’histoire n’est pas un nouveau
catéchisme. Une
mémoire exclusivement « négative », faite de
l’énumération des Grandes Tragédies de
l’Histoire, contribue peu au développement d’une
réflexion critique et elle peut même cultiver un
sentiment d’autosatisfaction morale d’un présent
rédimé face à un passé d’horreurs et de
brutalités.
Appartient-il
au parlement et au gouvernement d’élaborer une
nomenclature des catastrophes dans un inventaire
toujours plus exhaustif, partant du génocide des
juifs ? Une judiciarisation croissante du
débat historique constitue une atteinte à la
liberté d’expression et de la recherche et elle
porte en elle des effets pervers qui ne
bénéficient qu’aux menteurs et fomenteurs de
haine.
Il est bon
que les historiens soient appelés comme experts,
si nécessaire, à condition que cela ne produise
pas une nouvelle histoire officielle et que les
archives soient accessibles à l’ensemble de la
communauté scientifique. Pourtant, la
démarche qui consiste à accorder un accès
exclusif à des chercheurs triés sur le volet,
pour ensuite aussitôt refermer les archives aux
autres chercheurs est fondamentalement
problématique pour une discipline qui tient sa
scientificité du contrôle contradictoire des
sources, de la critique et du débat sur les
interprétations.
Quand la recherche sur
commande se généralise, elle comporte aussi
un grave danger pour les équilibres thématiques
dans une toute petite communauté d’historiens
comme en Belgique, car des pans entiers de la
recherche qui ne correspondent pas aux priorités
politiques du moment risquent d’être abandonnés.
Victimes de phénomènes de mode,
les historiens pourraient y perdre une des
principales libertés dont ils disposent, celle
de poser leurs propres questions au passé.
En conclusion,
nous ne demandons pas aux autorités politiques
d’en faire plus qu’il n’en faut, mais de remplir
leurs missions essentielles pour permettre aux
historiens de faire leur travail. Plutôt
que d’envisager la multiplication des
commissions il serait plus urgent que les
responsables politiques permettent l’accès aux
archives à tous les chercheurs. Si
l’histoire importe tant, pourquoi ne pas mettre
notre législation en conformité avec celle d’une
démocratie moderne, raccourcir les délais de
consultation de 100 ans à 30 voire 20 ans et
veiller à la conservation de notre patrimoine
archivistique. Nous ne pouvons d’ailleurs que
soutenir les démarches des archives de l’Etat et
d’autres institutions d’archives allant dans ce
sens.
Le sursaut pour
la sauvegarde de toutes nos mémoires mondiales,
nationales, régionales ou locales, nous ne
l’attendons pas des grandes déclarations, des
nouvelles initiatives législatives pour
codifier l’histoire ou d’ambitieux
programmes éducatifs, mais bien d’une politique
efficace de transparence, d’accès aux archives
et de respect pour l’autonomie et la liberté
des chercheurs. Ne nous trompons pas de
priorités.
Liste des
signataires:
José
Gotovitch, professeur de l'Université ULB, Guy
Vanthemsche, hoogleraar VUB, Jean-Pierre
Nandrin, professeur FUSL et ULB, Pieter Lagrou,
chargé de cours ULB, Kenneth Bertrams, chercheur
FNRS/ULB, Valérie Piette, chargée de cours ULB
et FUSL , Jean-Marie Duvosquel, professeur ULB,
Hervé Hasquin, professeur ULB, Eliane Gubin,
professeure ULB, Jan Art, hoogleraar UG, Balace
Francis, Professeur ULg, Herman Balthasar,
emeritus hoogleraar UG, Els Witte, hoogleraar
VUB, Didier Viviers, professeur ULB, Bruno
Bernard, chargé de cours ULB, Michel Dumoulin,
professeur UCL, Franz Bierlaire, professeur ULg,
Claire Billen, Professeur ULB, Marc Boone,
hoogleraar UG, Eric Bousmar, professeur FUSL,
Marie-Thérèse Charlier, professeur ULB, Luc
Courtois, chargé de cours UCL, Antton De Baets,
hoogleraar Univ. Groningen, Raf De Bondt,
hoogleraar KUL, George Declercq, Hoogleraar VUB,
Jean Puissant, professeur ULB, Thérèse De
Hemptine, hoogleraar UG, Jan De Maeyer,
hoogleraar KUL, Machteld De Metsenaere,
hoogleraar VUB, Gita Deneckere, hoogleraar UG,
Guy Zelis, professeur UCL, Hilde De
Ridder-Symoens, hoogleraar UG, Bruno De Wever,
hoogleraar UG, Michel de Waha, professeur ULB,
Paul Wynants, professeur FUNDP, Claude Desama,
professeur extraordinaire ULg, Brigitte
D'Hainaut-Zveny, chargée de cours ULB, Alain
Dierkens, professeur ULB, Michele Galand,
chargée de cours ULB, Helmut Gaus, hoogleraar
UG, Lieve Gevers, hoogleraar KUL, Dirk Herbaut,
hoogleraar UG, Serge Jaumain, professeur ULB,
Ginette Kurgan, professeur de l'université ULB,
Emiel Lamberts, hoogleraar KUL, Rina Lis,
Hoogleraar VUB, George Martyn, Hoogleraar UG,
Anne Morelli, professeure ULB, Philippe
Moureaux, professeur hon. ULB, Carmélia Opsomer,
professeur ULg, Isabelle Parmentier, chargée de
cours FUNDP, Patrick Pasture, hoogleraar KUL,
Xavier Rousseaux, professeur UCL, Jean-Marie
Sansterre, professeur ULB, Jean-Philippe
Schreiber, chargé de cours ULB, Hugo Soly,
hoogleraar VUB, Jacques Stiennon, professeur ém.
ULg, Axel Tixhon, chargé de cours FUNDP, Jo
Tollebeek, hoogleraar KUL, Nathalie Tousignant,
professeure FUSL, Eric Vanhaute, hoogleraar UG,
Hermlan Van Goethem, hoogleraar UA, Leen Van
Molle, hoogleraar KUL, Luis Vos, hoogleraar KUL,
Marnix Beyen, docent UA, Eric Buyst, hoogleraar
KUL, Dirk Luyten, werleider SOMA, gastdocent UG,
Véronique Pouillard, chargée de recherches
FNRS/ULB, Céline Vanderpelen, chargée de
recherche FNRS/ULB, Daniël Vangroenweghe, docent
UG, Monique Weiss, chercheure qualifiée
FNRS/ULB, Kaat Wils, docent KUL, Gie Van den
Berghe, gastodocent UG, Philippe Destatte, dir.
Inst. J. Destree, prof. UMH, Wouter Steenhaut,
directeur amsab, Harald Deceulaer, archivaris
ARA, Rik Opsommer, stadarchivaris Ieper, Rolande
Depoortere, chef de travaux Archives de l'Etat,
Didier Devriese, archiviste de l'ULB, Noel
Geinaert, archivaris stad Brugge, Catherine
Henin, attachée scientifique AGR, Nicole
Haesenne-Peremans, dr. hist Conservateur ULG,
Madeleine Jacquemin, attachée scientifique AGR,
Chantal Kesteloot, chef de travaux CEGES,
Fabrice Maerten, chef de travaux CEGES, Griet
Marchal, archivaris (o.r.) ARA, Dirk Martin,
werleider SOMA, René Plisnier, Directeur
Bibliothèque UMH, Flore Plisnier, attachée AGR,
Isabelle Sirjacobs, attachée scientifique AGR,
Pierre-Alain Tallier, chef de service AGR,
Michel Trigalet, archiviste AGR, Paule
Verbruggen, archivaris Amasab, Juul Verheslt,
archivaris (o.r.)ARA, Martine Vermandere, Amsab,
Alexis WILKIN, Aspirant FNRS-ULg, Geneviève
Warland, assistante UCL, Sophie Vrielinck,
Amasab, Etienne Verhoeyen, medewerker SOMA, Gil
Bartholeyns, doctorant ULB/EHESS Paris, Lamya
Ben Djaffar, resp. archives Carhop, Bruno
Benvido, doctorand ULB, Luis Angel Bernardo Y
Garcia, attaché archives de l'Etat, Benoît Beyer
de Ryke, Assistant ULB, Alain Collignon, 1er
assistant CEGES, Bruno De Baenst, assistent UG,
Gauthier de Villers, chef.Sn. Hist. temps
Présent MRAC, Virginie Devillez, première
assistante ULB, Marc D'Hoore, Assistant
Bibliothèque Royale, Irène Di Jorio,
post-doctorante ULB, Denis Diagre, coll.
scientif. ULB, Ann Diels, KBR, Anette Felix,
Attac. Hon. CNHS, Pierre-M. Gason, coll.
scientif. ULg, Florence Gillet, chercheuse
CEGES, Thomas Glesener, assistant ULg, Catherine
Jacques, assistante ULB, Lissia Jeurissen,
chercheuse CEDEM Ulg., David Kusman, chercheur
ULB, Catherine Lanneau, assistante ULg, Julie
Marck, FNRS/ULB, Natacha Massar, chercheuse ULB,
Lisbeth Nys, assistent KUL, Luc Peiren, amsab,
Caroline Sägesser, chercheuse CRISP, Jacob
SCHMUTZ, dr. ULB, maître conf. Paris IV, Kurt
Vandaele, postdoc. UG,Gerd De coster, archivaris
SOMA, Jacques Wynants, président Soc.
verviéroise d'Histoire, Bregt Vermeulen, student
geschiedenis UG, Jean-Marie Caprasse, Histoire
collective Rossignol, Gorik Goris, lector KUL,
Els Conix, lector KUL, leraar SO, Hannelore
Coulembier, leraar SO, Joris De Bremme, leraar
SO, Odette Decombele, leerkrachten gesch.,
Stephane Demeter, Monuments et Sites Bxl, Sophie
De Zutter, licentiaat UG, Bart Hellinck,
licentiaat geschie., Aurèle Looman, licentiaat
geschie. UG, Ruben Missine, licentiaat geschie.
UG, Jack Phlipps, leraar SO, Hendrick
Pinxten,licentiaat geschie. UG, Guy Putzeys,
lector KUL, Koen Schoutteten, licentiaat
geschie., Jeroen Van den Borre, archeoloog,
Geert Vandercruys, Leraar SO.
Un procès en
sorcellerie
En application de la loi Fabius
- ( loi juive, Fabius juif) - Georges Theil
a été lourdement condamné
à Lyon le 3
janvier
2006. Il est
intéressant de publier
- ici - une note
d'audience qui a été publiée dans "Le Pamphlet"
(journal suisse, Case
postale 998,
CH-1001
LAUSANNE), dans son n° 350
de décembre 2005: |
<START>
Le voyage dans le
temps existe, il est possible d'en faire
l'expérience à
Lyon, à la VIe chambre correctionnelle (délits
de presse) où nous avons pu
assister, le 29 novembre 2005, à un procès en
sorcellerie. Y était jugé
un révisionniste que d'aucuns, des parties
civiles, avides d¹effets spécieux
requalifiaient en "négationniste... un peu comme
l'on tente désormais de
noircir l'étiquette d'extrême droite en
"droite-extrême". L'inculpé devait
répondre d'infraction à l'une de ces
lois-bâillons qui font désormais florès
dans nos démocraties éclairées. Fort de sa
formation d'ingénieur chimiste,
l'imprudent, au détour d'un couloir du Conseil
régional Rhône-Alpes, avait
émis des doutes quant à la possibilité
d'utilisation du gaz insecticide
"cyclone B" pour toute autre fin que son emploi
normal: l'épouillage des
vêtements infestés de ce dangereux parasite
vecteur du typhus qu'est le
pediculus, le pou, si meurtrier, si
redoutablement omniprésent en temps de
guerre. Il ne saurait être question de relever
ici les considérations
scientifiques développées par l'ingénieur, il
suffit de préciser que ses
déclarations furent filmées et enregistrées par
un journaliste et
reproduites à l'occasion d'un journal télévisé
régional, déclenchant la
réaction automatique du ministère public
français et le réflexe pavlovien
d'une bonne demi-douzaine d'associations
spécialisées. Il fut en revanche
intéressant d'observer les différentes attitudes
et stratégies des parties
en présence avec, comme caractéristique
dominante, une attaque souvent
gesticulante et vociférante s'appuyant, pour
l'essentiel, sur des éléments
d'ordre émotionnel et une défense en droit toute
en souplesse. Cinq avocats
pour la partie civile suffisaient à peine contre
Me Eric Delcroix, un nom
qui est déjà entré dans les annales du droit
français aux côtés des grands
maîtres du Barreau (1). Ce cinq-contre-un ne
rendait pas la partie facile à
un président que l'on devinait très préoccupé de
garantir la sérénité des
débats. Il nous fut donné d'entendre en qualité
de témoin pour la défense le
professeur Faurisson, serein, droit comme un i,
doté d'une mémoire
inaltérable, impavide aux provocations des
parties civiles. Sans cesse
contenu par le juge dans son rôle de témoin des
faits et de moralité, il sut
néanmoins se faire entendre. Pour lui, l'inculpé
est un révisionniste de
bonne foi, quelqu'un d'honnête dont il approuve
pleinement les propos. Dans
une atmosphère gesticulatoire de danse macabre,
quelques outrances des
parties civiles: "Les Allemands utilisèrent le
gaz parce qu'ils n'avaient
pas assez de balles" ou encore, "Ces gens-là
[les révisionnistes], il n'y a
rien qui leur fasse plus mal que de verser de
l'argent à SOS Racisme et à la
LICRA" causèrent des mouvements dans
l'assistance, vite réprimés par le
président. Passées les plaidoiries évidemment
répétitives des parties
civiles et le réquisitoire du procureur qui
demanda six mois fermes assortis
d'une amende proportionnée aux revenus, de la
privation des droits civiques
et de l'astreinte à publication du jugement, Me
Delcroix plaida.
Le parallèle avec les procès en sorcellerie, où il était
interdit de
remettre en cause la foi en Dieu, la réalité
diabolique et l'existence des
sabbats, était inévitable. Avec l'aisance et
l'élégance qui le
caractérisent, le défenseur fit valoir
l'exception de tyrannie prévue par
l'article 2 de la Déclaration des droits de
l'Homme de 1789 (pilier des
"valeurs républicaines") qui autorise la
résistance à l'oppression. Il
s'opposa à l'application de la loi Gayssot
(équivalent de notre étrange art.
261 bis CPS), se basant sur le nouveau code
pénal français de 1994 qui
prévoit qu'un juge ne peut plus être poursuivi
pour forfaiture au motif
qu'il s'estimerait juridiquement fondé à refuser
d'appliquer une loi. En
outre, pour l'avocat, le visionnage en Cour de
la bande vidéo, arraché en
dépit des efforts appuyés et réitérés des
parties civiles, démontrait le
caractère privatif des déclarations de son
client. Il était en effet
manifeste que l¹inculpé croyait faire un aparté
(comparable aux commentaires
"off" émis par les politiciens prudents en mal
de confidences) au détour
d'un couloir et que sa bonne foi avait été
surprise par le journaliste.
Cette observation était renforcée par la totale
indifférence de tiers
déambulant ou vacant à leurs occupations en
arrière-plan. L'avocat conclut à
la non-constitution du délit et donc à la
relaxe.
Sans surprise, le jugement a été mis en délibéré au 3 janvier
2006.
En tout état de cause et en l'état actuel des droits
"démocratiques"
respectifs (2), force est de constater que le
prudent Voltaire, si soucieux
d¹éviter les lettres de cachet de l'Ancien
Régime qu'il s'était établi à
quelques dizaines de mètres de la frontière
suisse, serait bien emprunté, de
nos jours, pour élire domicile...
Max l'Impertinent
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Notes
(1) Outre ses talents de plaideur, Me Delcroix,
irréductible défenseur de la
liberté d'expression, s'est distingué en faisant
passer à l'Ouest, en
décembre 1973, l'appel au secours de la femme du
"dissident" Leonid
Pliouchtch, interné dans une institution
psychiatrique d'Ukraine soviétique.
(2) Contrairement au droit suisse, en France,
les avocats de la défense,
n'étant pas encore bâillonnés par les
dispositions légales, sont toujours en
mesure de défendre les révisionnistes.
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