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Lettre du Grand Moufti de Palestine
Haj Amin Housseini à Adolf Hitler

A son Excellence le Führer de la Grande Allemagne
Adolf Hitler,
Berlin
 
Bagdad, le 20 janvier 1941,

Excellence,

 L'Angleterre, cette ennemie acharnée et rusée de la véritable liberté des peuples, ne s'est jamais lassée de forger au peuple arabe des chaînes pour l'asservir et le subjuguer, tantôt au nom d'une perfide Société de Nations et tantôt par l'affichage de  faux et hypocrites sentiments d'humanité pour les autres, mais toujours en vérité pour les plus impérialistes desseins camouflés derrière les principes d'une démocratie et d'un internationalisme mensongers.

Le peuple Arabe s'est trouvé par une coïncidence géographique au milieu des carrefours terrestres et maritimes qui forment, d'après les Anglais,  le noeud principal des "Communications Impériales Britanniques".Pour cela, rien ne fut épargné pour créer des obstacles perpétuels entravant la liberté et le développement du peuple Arabe. On peut même dire que la paix relative qui dure depuis plus d'un siècle entre la France et l'Angleterre était due en bonne partie à l'entente tacite entre ces deux Puissances pour tenir sous leur joug les populations Arabes, observant ainsi la loi d'un ignoble partage qui créait en tout cas un équilibre d'ambitions sans toucher à l'artère sensible des communications britanniques "sacrées"!  D'ailleurs ce partage d'influence entre la France et l'Angleterre servait à briser la résistance et les réactions des Arabes en les laissant aux prises avec des Puissances différentes et fortes. Mais la politique anglaise n'a pas pu à la longue défier  le réveil du nationalisme arabe, d'où l'activité incessante de l'Angleterre pour créer aux Arabes de nouveaux obstacles contre l'acquisition de leur indépendance et de leur liberté. Et alors c'est l'histoire lugubre des dernières décades, qui offre aux yeux du monde le spectacle d'une lutte continue et acharnée.

En Irak, l'Angleterre dans sa politique traditionnelle de diviser pour régner, conçut le projet d'installer quelques millions d'Hindous apportés des Indes Britanniques, ceci à côté de la population Arabe autochtone. Le projet fut déjoué par une révolution sanglante et l'Angleterre a dû alors se plier devant le fait accompli, et vouer ses soins à l'exploitation immédiate du pétrole irakien. En un mot, le roi Fayçal Ier a accepté un modus vivendi et signa, malgré l'opposition de la majorité du peuple, un traité avec l'Angleterre, achetant ainsi l'indépendance relative du pays au prix de concessions pétrolifères. L'attitude de la Turquie pour adjoindre Mossoul à son territoire, dictait au feu roi la nécessité de cette politique

(Un écrivain et journaliste belge proche de l'illustre Léon Degrelle (1903-1994),  Pierre Daye  écrit, en 1934, de Bagdad: "Ne sommes-nous pas dans la ville de la conteuse Shéhérazade? Pour l'oublier, il nous faut apercevoir la voiture de l'ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté Britannique. Hier encore, il s'appelait le Haut-Commissaire. Mais l'Irak est devenu ,assure-t-on, tout-à-fait indépendant: Fayçal était un habile homme, trop habile. Il est mort de façon bien subite.

Cela n'arrivera pas à Son Excellence l'Ambassadeur qui n'a aucune raison d'éveiller les suspicions de l
'Intelligence Service."("Par le Monde qui change,"1941, Les Écrits, Bruxelles, 375 pages,p.92. Le roi Fayçal Ier fut, en effet, tué d'un accident de voiture dont on suspecta l'Angleterre). Pierre Daye brosse ce tableau concordant avec celui du Mufti présenté à Hitler:"La Grande-Bretagne qui jadis possédait sous sa protection les contrées situées entre Mascate et Koweit , voudrait enrayer les mouvements d'indépendance qui se manifestent: elle a besoin, pour développer sa politique de liaison par voie terrestre avec les Indes, de pouvoir agir librement. Il s 'agit de prendre des garanties au cas où le canal de Suez viendrait à être bloqué. I l s'agit aussi, mais on le dit moins haut ,de s'assurer la possession des puits de pétrole.

Comme le temps des conquêtes est passé, que l'on ne peut plus songer à des annexions pures et simples et à la transformation de ces contrées en colonies, il ne reste qu'à s'assurer sur elles une autorité qui puisse se concilier avec leurs désirs grandissants d'indépendance. C 'est pour ce motif qu'avec son habileté et son sens des réalités habituelles, la Grande-Bretagne voudrait présider elle-même à la naissance, et puis au développement d'une fédération arabe. Elle se voit déjà dominatrice d'un empire arabe, pendant de l'empire des Indes, le tout formant une sorte d'empire de Tamerlan....Aujourd'hui déjà depuis les victoires d'Ibn Séoud, on peut dire que l'unité de la péninsule arabique est réalisée sous la domination des Wahabites, et que l'aide apportée par l'Intelligence Service ne fut pas étrangère à la réussite du conquérant.

 Lorsque l'Angleterre  possède des créatures qui furent élevées par elle et sur lesquelles elle croit pouvoir compter (tel était d'abord le feu roi Fayçal en Irak) elle entend se servir de celles-ci pour arriver à ses desseins. Il y a quelques années, sur un navire de guerre mouillé dans le Golfe Persique, fut ainsi arrangée une entrevue entre Fayçal et Ibn Séoud, l'indépendant sultan du Nedjd. Un premier accord en résulta, proclama bien haut la presse anglaise.

Seulement voilà... Ibn Séoud, depuis lors déclara que s'il était tout-à fait partisan de la fédération des États arabes et prêt à s'entendre à cette fin avec le roi d'Irak et le frère de celui-ci, le roi de Transjordanie, il désirait, avant tout, que les Etas-fédérés se rendissent libres de toute forme, même dissimulée, de protectorat européen. Perspective qui épouvante les Anglais et affligea beaucoup leur ami Nouri Pacha, premier ministre du roi Fayçal. Et puis celui-ci, peut-être séduit par les idées d'Ibn Séoud, succomba..

D'autre part, il apparaît que jamais les Israélites, de plus en plus nombreux depuis le développement des efforts sionistes en Palestine, ne voudraient s'accommoder d'un monarque musulman. Dans ces pays de la presqu'île arabique, tout le monde rêve d'autonomie et de souveraineté. Mais personne n'est d'accord. Et c'est cela, sans doute, qui fait la sécurité momentanée des occupations européennes, de celle de la Grande-Bretagne en particulier, qui ailleurs, aux Indes par exemple, n'est jamais aussi rassurée que lorsque les Mahométans se querellent avec les Hindous." (ibidem,pp.93-95)

Quant à la Syrie, elle était livrée à la France pour briser son unité nationale et l'appauvrir économiquement afin de pouvoir mieux mâter son esprit nationaliste. Après dix-huit ans de lutte, elle a pu arracher à la France le traité boiteux de 1936, reconnaissant son indépendance, mais au prix de concessions et de réserves unilatérales. Et alors l'Angleterre surgit pour barrer la route de la liberté à la Syrie, et se mit d'accord avec la Turquie (la Turquie kémaliste)  pour neutraliser l'effet du traité franco-syrien, ceci de concert avec les Juifs qui craignaient une Syrie indépendante à côté de sa soeur, la Palestine en révolte. C'est de ce temps-là que naquit l'accord anglo-franco-turc contre les Puissances de l'Axe. Ainsi fut le prélude en 1936 de la question d'Alexandrette et d'Antioche qui devait aboutir à la cession par la France de la dite région à la Turquie d'une part, et à l'abolition sine qua non du traité de 1936 entre la France et la Syrie. Donc, de nouveau un jeu "très démocratique" de l'Angleterre aux dépens de la Syrie, ceci malgré les commissions et les rapports d'enquête de la Société des Nations, tous favorables à la thèse syrienne.

Par tour de rôle je passe à l'Égypte. Déjà depuis 1882, l'Angleterre s'y est installée "provisoirement". Parce que le peuple en révolte demandait au Khédive une constitution nationale qui devait mettre un frein à la prodigalité du prince et organiser le budget selon les intérêts et les besoins du pays. Mais la soi-disant démocratique Angleterre occupe le pays pour sauver le trône du Khédive sous prétexte d'assurer l'ordre à Alexandrie, tandis que la perfide Albion tissait de ses propres doigts les intrigues et fomentait les troubles et les désordres au moyen de ses propres agents provocateurs. La vérité est qu'il s'agissait du Canal de Suez et de la sûreté des communications impériales. L'Égypte a attendu jusqu'en 1936 pour obtenir elle aussi un traité boiteux avec les réserves connues. Ce n'était pas dû à la générosité britannique, loin de là, mais tout simplement à la rupture de l'équilibre des forces en Méditerranée; l'Italie se dressant plus fort et plus menaçante aux "intérêts" britanniques.

Vient maintenant après tant d'autres pays encore de la péninsule Arabe, la Palestine. Vous connaissez bien, Excellence, sa cause, car elle a dû elle aussi souffrir de la perfidie anglaise .Il s'agit de créer un obstacle à l'unité et l'indépendance des pays Arabes en les mettant aux prises directes avec les Juifs du monde entier, ennemis dangereux dont les armes secrètes sont la finance, la corruption et les intrigues qui s'ajoutent, par ailleurs, aux baïonnettes britanniques. Depuis vingt ans nous nous trouvons face à face avec ces forces différentes. Armés d'une foi invincible pour leur cause, les Arabes de la  Palestine ont combattu avec les moyens les plus rudimentaires. En outre, la question palestinienne a réuni tous les pays arabes dans une haine connue contre les Anglais et les Juifs. Si l'ennemi commun est le prélude de la formation de l'unité nationale, on peut dire que le problème palestinien a hâté cette unité. Au point de vue international, les Juifs du monde entier se sont inféodés à l'Angleterre dans l'espoir que, victorieuse, elle puisse réaliser leurs rêves en Palestine et même dans les pays Arabes environnants. En aidant les Arabes à abattre les visées sionistes, (c'est-à- dire, par l'aide qu'Hitler pourrait apporter aux Arabes)  les Juifs et surtout ceux des Etats-Unis, seront tellement démoralisés en voyant l'objet de leur rêve tomber dans le néant, qu'ils perdraient leur enthousiasme à aider la Grande-Bretagne et se rétracteraient devant la catastrophe.

Je prie Votre Excellence de ne pas m'en vouloir d'avoir relaté ci-dessus d'une manière sommaire l'histoire de l'antagonisme Arabe avec l'Angleterre, car il me paraît nécessaire de mettre en relief les causes essentielles qui agitent le monde Arabe contre les Anglais. J'ai tenu surtout à préciser que ces causes ont leurs racines profondes dans des intérêts primordiaux et des problèmes vitaux et non dans des questions futiles à effets superficiels et passagers. La sympathie la plus chaleureuse des peuples arabes pour l'Allemagne et l'Axe (c'est-à-dire l'axe anticommuniste Berlin-Rome-Tokyo)  est d'ores et déjà chose acquise. Aucune propagande ne peut changer cette vérité. Libérés de certaines entraves matérielles, les peuples Arabes seront partout prêts à réagir, comme de juste, contre l'ennemi commun et à se dresser avec enthousiasme avec l'Axe pour l'accomplissement de leur part dans la défaite méritée de la coalition anglo-juive.

Le nationalisme Arabe doit à Votre Excellence, une dette de gratitude et de reconnaissance pour avoir soulevé à plusieurs reprises dans de retentissants discours la question palestinienne. Je tiens par la présente à réitérer mes remerciements à Votre Excellence, et à vous assurer,Excellence, des sentiments d'amitié, de sympathie et d'admiration que le peuple arabe voue à Votre Excellence,ô grand Führer, et au courageux peuple Allemand.

Je saisis cette occasion pour déléguer auprès du Gouvernement Allemand mon secrétaire privé pour entamer, au nom de la plus forte et vaste organisation Arabe et en ma propre personne, les négociations nécessaires pour une coopération sincère et loyale dans tous les domaines.

Je peux résolument ajouter que les Arabes sont disposés à se jeter dans la balance et offrir leur sang dans la lutte sacrée pour leurs droits et leurs aspirations nationales, pourvu que certaines préoccupations d'ordre moral et matériel soient assurées. Il s'agit de précautions nécessaires à prendre devant un ennemi perfide et puissant  dont il est nécessaire de bien calculer les moyens et la force, afin d'engager la lutte avec la plus grande chance de succès. Cette prévoyance est de rigueur, surtout que l'Angleterre est appelée à agir et réagir avec toute sa force, vu le caractère stratégique des pays Arabes qui pourraient alors mettre en danger les communications impériales et rendre caduc tout contact des Indes avec la Méditerranée et Turquie par le Golfe Persique, tout en amenant la cessation de l'exploitation et de l'écoulement du pétrole au profit de l'Angleterre.

Je conclus en souhaitant à Votre Excellence une longue et heureuse vie, et la victoire éclatante et la prospérité pour le Grand Peuple Allemand et pour l'Axe dans l'avenir le plus proche.

Je prie Votre Excellence de croire à mes sentiments de grande amitié, de reconnaissance et d'admiration.

Grand Moufti de Palestine
Mohammed Amin El Husseini

Version originelle de cette lettre en Allemand
(
Sources: BArchB, AA, Nr.61123,Bl.55-63, Archives fédérales etc. cf ."Mufti-Papiere",
publiés par feu Gerhard Höpp, Klaus Schwarz Verlag, 2004, Berlin, 243p, pièce numéro 3, p.17-19
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