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Alain Ménargues:

Je suis un homme libre
 et j’entends le rester

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Les Etats-Unis:
une province d’Israël

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Israël, peut paraître comme un gros
gabarit, parce qu’il n’a  personne en face

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Les pays arabes n’ont pas
compris l’importance des media
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( This article in English )
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La vie d’Alain Ménargues - vice directeur de Radio France Internationale - a basculé d’un jour à l’autre, en octobre 2004. En effet, à peine son livre « Le mur de Sharon » était-il sorti, qu’il s’est brutalement trouvé pris dans une de ces campagnes idéologiques, où le mensonge se mêle à l’irrationnel. Accusé d’ « antisémitisme », Alain Ménargues a été demi de ses fonctions ! Le soupçon d’antisémitisme - avec toutes les manipulations qui peuvent s’ensuivre - pèse lourdement sur la tête des personnages publics qui osent critiquer Israël. Il peut détruire des carrières, briser des vies. Alain Ménargues en est la preuve vivante la plus récente.

Les journalistes intègres ne courent pas les rues
Par Silvia Cattori
 le 16 octobre 2004
www.ism-france.org  www.ism-suisse.org

En voilà un qui échappe à la règle. Qui a osé dire la stricte vérité. Qui a osé qualifier Israël « d'Etat raciste ». (2) Tirons-lui notre chapeau.

Il s’appelle Alain Menargues. Il s’agit ici d’un homme qui occupe une position de pouvoir; il est directeur-général adjoint de Radio France Internationale (RFI. Un honnête homme qui a risqué gros) .

Pour avoir dit cette vérité inattaquable Alain Menargues se trouve aujourd’hui attaqué par les sionistes. Et par des confrères qui de toute leur carrière n’ont fait que de colporter des vérités officielles, donc des mensonges.

Pas étonnant si le quai d'Orsay - mensonges et hypocrisie d’Etat obligent - aqualifié d'"inacceptable" ce qu’a affirmé Alain Menargues. 

Mais quand les syndicats de journalistes, censés soutenir leurs confrères, réagissent vivement contre les journalistes intègres qui affirment - ici Alain Menargues - qu’Israël est un Etat raciste, cela est incompréhensible.

Le devoir de tout journaliste est de rechercher la vérité. Mais il faut le savoir : « Les journalistes intègres ne sont pas foison» disait Roger de Diesbach il y a quelques jours à laTélévision suisse romande.(2)

Qu’ont-ils fait ces journalistes « peu intègres » qui, aujourd’hui, blâment Alain Menargues, pour informer correctement leurs lecteurs/auditeurs en ce mois d’octobre où quasiment tous les médias ont passé sous silence un des massacres les plus monstrueux perpétrés par Israël ? Un massacre tiré sur des semaines qui a dépassé en horreur le massacre de Jenin en 2002.

Je veux parler du massacre contre le camp de réfugiés de Jabaliya. Un des camps les plus miséreux et malheureux de laplanète. Plus de 100 civils tués. Plus de 500 blessés, dont de nombreux enfants et jeunes adolescents. Sans parler des milliers de sans abris.

Nul n’a pu percevoir la souffrance réelle de la population de Gaza durant ces années. Le Quai d’Orsay et les syndicats des journalistes devraient condamner les journalistes qui nous cachent lavérité sur les crimes commis par l’Etat d’Israël ; un Etat colonial qui amis en place un effrayant système d’apartheid.

Protestons contre le Ministère des Affaires étrangères français qui a jugé vendredi "inacceptables" les propos du journaliste Alain Menargues.Protestons contre ces journalistes complices des crimes de guerre israéliens qui condamnent Alain Menargues !

Rendons hommage au courage d’Alain Menargues en offrant son livre à nos amis.

(1) A l'occasion de la présentation de son livre "Le mur de Sharon » le 6 octobre 2004

(2)   Roger de Diesbach, rédacteur en chef du quotidien La liberté, est ce que la Suisse romande possède de plus remarquable en matière de journalisme d’investigation  

Interview avec Alain Menargues
 réalisé par Silvia Cattori

N’avez-vous pas brisé sciemment un tabou en affirmant qu’Israël est un Etat raciste ?

Les textes sont là. Je n’ai rien inventé. L’Etat juif d’Israël est considéré comme juridiquement raciste par les Nations Unies.

 

Vous l’avez chèrement payé. Etes-vous atteint ?

Je suis résolu à me battre contre tous ceux qui accusent injustement des gens honnêtes. Vous savez je m’occupe de longue date de l’information sur le Moyen Orient. Je sais très bien, pour l’avoir observé de près, comment Israël exerce son contrôle sur l’information. Depuis les années 1970, il existe un service de renseignements militaire. Il y a un département qui s’occupe exclusivement de la presse. Tout journaliste qui va en Israël est muni d’une carte de presse délivrée par un service de presse qui dépend de l’armée. C’est donc bien l’armée israélienne qui est chargée, entre autres, de façonner l’image d’Israël dans le monde. Toutes les ambassades israéliennes ont un service de communication, des diplomates qui sont chargés de veiller à ce que la bonne image d’Israël soit sauvegardée. Dans l’affaire qui me concerne, les ambassades d’Israël à Paris et à Bruxelles sont intervenues. Elles ont fait pression sur des journalistes par le biais de ce que l’on appelle les agents d’influence ; pour faire dire que je suis antisémite, donc pour me décrédibiliser et dissuader les journalistes de donner un écho à mes propos. 

 

Cela vous a-t-il été rapporté de bonne source ?

Oui je peux en apporter la preuve. Il y a des journalistes qui peuvent le confirmer.

 

Comment un Etat peut-il intervenir aussi ouvertement ?

C’est ce qui s’appelle, en communication, de la manipulation. Dans mon cas cela s’est fait sur un axe bien précis. Je représente un cas d’école. Avec mon dernier livre (1) je touche à un point sensible. D’autant que l’image d’Israël se détériore de plus en plus. Il y a un rapport du Ministère des Affaires étrangères, daté d’août dernier, qui analyse l’image d’Israël. Ce rapport révèle qu’Israël a bel et bien perdu la bataille médiatique mondiale. Qu’Israël risque d’être classé, sous peu, au même rang que l’Afrique du Sud de l’apartheid. Mon livre tombe à pic.

 

Pourquoi ce déchaînement contre vous alors que tant de choses ont déjà été écrites dans des médias spécialisés ou sur les sites Internet ?

Je n’ai pas la réputation de quelqu’un qui transige sur l’exigence d’informer correctement. En ce qui concerne la politique israélienne je suis assez rigoureux dans ce que j’écris. Je parle du droit de l’enfant, de la femme et des abus qu’ils subissent en ce qui concerne Israël comme pour d’autres pays. Israël n’est pas un pays à part. J’en appelle donc simplement à l’application des résolutions de l’ONU, qu’Israël ignore. Par conséquent, m’éliminer, me chasser du poste de responsabilité qui était le mien, un poste médiatique, c’est pour mes détracteurs faire d’une pierre deux coups. Je prépare un document à ce sujet.

 

Donc vous ne baissez pas les bras ?

Je vais me battre. Je ne vais pas me laisser faire.

 

Vous battre pour vous faire réintégrer à RFI ?

Non, retourner à RFI c’est impossible. Je veux me battre pour que l’on me rende justice.
 

Vous avez un projet concret ?

Oui nous sommes en train de mettre sur pied une fondation regroupant 100 journalistes au minimum, qui auront pour tâche de vérifier que ceux qui, sont accusés d’antisémitisme le sont pour de bonnes raisons.

 

Des journalistes qui sont à l’intérieur des rédactions en France ?

Oui, des journalistes qui ont une renommée professionnelle en France aussi bien que dans d’autres pays. Le but est que, chaque fois qu’une personne est soupçonnée d’antisémitisme et décriée comme telle par les médias, son cas soit soumis à examen par notre fondation. S’il s’avère que cette personne est accusée à tort, nous allons intervenir pour exiger que l’on rétablisse la vérité des faits. Une manière de dire que nous n’acceptons plus la manipulation.

 

Pensez-vous intervenir uniquement quand on accuse une personne d’antisémitisme ou dans tous les cas de racisme ?

Je pars de l’idée qu’il y a, en France, un racisme anti-arabe et un racisme anti-juif latents. Le nier serait malhonnête. A partir de là, il peut y avoir des dérives de l’une ou l’autre partie. Toutefois, dans la majorité des cas ces accusations sont infondées. On utilise le terme d’antisémitisme, comme dans mon cas, pour briser des volontés, des carrières ou pour écarter les « gêneurs ». Donc le comité que nous mettons sur pied aura pour tâche de dénoncer les manipulations. Dès qu’une affaire éclate elle sera immédiatement prise en compte par notre « comité des cent ».

 

Quand serez-vous opérationnels ?

Bientôt. J’espère d’ici décembre 2004.

 

Pensez-vous vraiment que les médias vont donner un écho conséquent à votre action ?

Oui. Je le crois. Je crois en l’honnêteté des gens. Cela fait 30 ans que j’exerce ce métier. Personne parmi mes collègues n’aurait jamais pu penser, avant que ces attaques contre moi ne se déchaînent, que je puisse un jour être traité de raciste ou d’antisémite. Ces qualificatifs n’ont rien à voir avec ma carrière et mon souci d’informer. J’ai des amis qui, comme moi, ont travaillé sur le terrain comme correspondants de guerre et sont toujours sur le terrain. Tous ces professionnels qui me connaissent, savent que je dis vrai. Ils ne peuvent que me soutenir.

 

Vous ne vous attendiez pas à de telles attaques ?

Dans mon livre « Le mur de Sharon », page 11, je pressentais ce qui allait m’arriver. Mais pas dans ces proportions. Curieusement, mon livre n’a pas été attaqué. C’est ce que j’ai déclaré dans une conférence qui a été mis en cause.

 

Le fait que vous ayez touché à des questions religieuses vous a-t-il également desservi ?

Je travaille en effet sur l’influence des religions dans le monde. En Irak on peut parler des différentes tendances religieuses. Bush fait entrer le religieux dans toutes ses déclarations. Mais dès que vous dites qu’Israël est ce qu’il est, un Etat théocratique, il y a une levée de boucliers. J’ai parlé en effet du « Lévitique », de l’impur et du pur, qui sépare et qui a un lien avec le mur. Pour moi c’est un élément constitutif. Il a suffit que j’évoque cela sur une radio pour que les choses dégénèrent en un vrai pugilat. Si, au départ, les théoriciens de l’Etat sioniste étaient laïcs, et les religieux avaient condamné le concept même de sionisme, le religieux a pris désormais un poids extrêmement important. Surtout depuis 1987. Toutes les lois passent par le religieux. Il s’agit au surplus d’une religion qui se considère comme supérieure aux autres. Moi je me sens libre de parler de toutes les religions. Les gens de confession juive parlent eux mêmes de « peuple élu ». Pourquoi n’aurais-je pas, moi, le droit d’évoquer cette notion de « peuple élu » ?

 

En persistant à vous exprimer de la sorte ne risquez-vous pas d’aggraver votre cas ?

Ce que vous me suggérez est de me taire, de ne pas me battre. Il y a des gens qui manipulent l’information en France. Le quotidien « Libération » m’a assassiné. Et je devrais me taire ? J’ai commencé ma vie professionnelle au Vietnam. J’ai traversé bien des difficultés. J’ai l’habitude de relativiser. Mon affaire n’est rien par rapport à ce qui se passe ailleurs et notamment en Palestine. Je ne suis pas un homme de pouvoir. Dans une interview à un quotidien Belge « Le soir », j’ai dit que ma liberté d’_expression ne valait pas quelques galons sur l’épaule. Je suis un homme libre et j’entends le rester. Ni les honneurs, ni l’argent, ni la fonction, ne m’empêcheront de dire ce que je veux. Quand j’ai signé mon contrat avec RFI, il y avait une clause de réserve que j’ai fait supprimer. Que je sois tenu à être discret sur les affaires internes c’est normal, mais, pour le reste, on ne peut pas exiger d’un journaliste qu’il se taise.

 

Vous a-t-on blessé en vous interdisant de travailler ?

Blessé n’est pas le mot. Je suis fortement irrité de voir qu’en France, il y a une liberté fondamentale qui est en train de disparaître. Et cela est un fait qui ne peut que m’amener à réagir, à lutter. Dans mon pays, qui est la France, je n’arrive pas à concevoir qu’il y ait un terrorisme intellectuel qui contraigne les gens à se taire sous peine d’être complètement broyés. Je suis outré de constater cela. Donc blessé à titre personnel, non. Je savais que cette pression existait. Mais depuis que cela m’est arrivé à moi, j’en mesure toute l’importance.

 

Vous référez-vous à ces campagnes destinées à blanchir Israël et à noircir les Arabes musulmans qui déferlent, surtout depuis le 11 septembre ?

Oui. Je crois que cela procède de la manipulation pure au sens de la communication. Israël a pu évoluer, depuis plus d’un demi siècle, sur une image de victime. Or cette image de victime a commencé à fortement s’effriter. Surtout depuis 1982, après les massacres de Sabra et Chatila. Depuis ce moment là, les responsables de la propagande israélienne ont été obligés de financer des campagnes pour ne pas perdre ce statut de victime. Pour y arriver, ils ont utilisé toutes les techniques de communication possibles et imaginables. Exemple : alors qu’en France et aux Etats-Unis en tête, on interdit aux chaînes télévisées de montrer les cadavres, les cercueils et les enterrements de soldats en cas de conflit, les TV israéliennes, quand il y a un attentat dans leur pays, font l’inverse. Chaque fois qu’il y a un attentat en Israël, leur service d’information diffuse en boucle des images de corps déchiquetés, pour choquer et mobiliser l’opinion. C’est la technique de la manipulation par l’image. Les Palestiniens font la même chose. Je ne fais pas de distingo. Mais, dans le cas d’Israël, ces images de bus explosés, abondamment diffusées, sont distribuées gratuitement à toutes les chaînes du monde. Donc, alors que chez nous on montre les cadavres de manière très floue, justement pour amoindrir le choc, en Israël, on vous commente ce choc psychologique.

 

Comment procèdent-ils dans les faits ?

Il y a dans leur mode de communication quelque chose d’extraordinaire. Israël compte, dans chaque ambassade, des chargés de communication qui interviennent systématiquement, à l’aide des agents d’influence. Cela s’est avéré dans mon cas. L’ambassade israélienne intervient auprès des journalistes pour signaler qu’un tel est antisémite, qu’il faut le faire taire. Ici, en France, l’avocat Goldnadel, (2) est un de ces agents d’influence qui agissent  pour le compte d’Israël. Cet avocat m’a reproché d’avoir parlé du « Lévitique » sur Radio Courtoisie. Or le « Lévitique » est le quatrième livre de la Torah où il est question de la séparation du pur et de l’impur. Tora qui fait partie de la Bible. Mais qu’est-ce qui m’empêcherait de parler de la Torah ?

 

Mais aller à radio Courtoisie, marquée politiquement,  n’était-ce pas prêter encore plus le flanc à la critique ?

Il s’agit d’une radio catholique située à l’extrême droite. Or, quand M. Goldnadel m’a accusé, il a omis de dire qu’il s’est lui même exprimé quatre fois sur radio Courtoisie. Il ne s’est pas gêné de faire des associations du genre « Ménargues parle du « Lévitique » sur une radio d’extrême droite, donc il est d’extrême droite ». Tout cela, qui procède de l’amalgame, a pour but précis d’entretenir la confusion. Les choses se sont produites de la même façon en Belgique, quand je suis allé faire la promotion de mon livre. L’ambassade d’Israël a téléphoné à un journaliste pour lui dire de ne pas m’interviewer car j’étais « antisémite ». Or, de quoi m’accuse-t-on ? Quand je parle du sionisme je me réfère au sionisme en tant que théorie politique coloniale. Une politique qui veut créer un Etat juif pour les Juifs dans une zone déjà habitée. Dire cela n’est pas une contre vérité. C’est malheureusement la vérité. Le sionisme est né à Bâle dans un contexte d’expansion coloniale. Le monde a changé de vision par rapport au colonialisme. Quand Sharon dit que « la guerre d’indépendance de 1948 n’est pas terminée et que chaque mètre de gagné est un gain pour Israël» c’est une attitude coloniale. Mais quand des gens dénoncent ce genre d’affirmation ils sont vilipendés. Pour moi, Israël est un pays comme un autre. Je ne vois pas pourquoi on lui réserverait un traitement spécial. Il faut dire ce qui s’y passe. Je le répète. Sur les ondes de cette radio associative, qui a une connotation de droite très marquée, s’expriment toutes sortes de gens. Monsieur Philippe de Saint Robert, qui m’a interrogé pour radio Courtoisie, est un gaulliste de gauche.

 

Donc ceux qui se sont déchaînés contre vous, après votre passage à radio Courtoisie, ont participé à une manipulation ?

Absolument. Manipulation surtout dirigée par un homme comme M.Goldnadel, qui avait été lui-même interviewé maintes fois sur cette radio. Tout le monde peut voir aujourd’hui comment on fait des amalgames pour détruire un homme. M.Goldnadel a fait un amalgame en mettant dans la même dépêche mon nom, le Lévitique, Gollnish, qui est le numéro deux du Front national, la Shoa. Tout cela avec l’intention claire de me diffamer et de semer la confusion. Chez les citoyens de confession juive il y a deux mondes. Ceux qui se sentent d’abord français de religion juive. Et ceux qui se sentent d’abord juifs, israéliens et ensuite français. Ce sont deux mondes totalement différents. Il faut déterminer lequel a un esprit nationaliste exacerbé et lequel considère sa religion comme une simple religion. Il y a toute une ambiguïté du message et du langage là autour.

 

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de journalistes qui disent les choses telles qu’elles sont ?

Parce que, pour certains, il faut assurer les fins de mois. Il y a beaucoup de journalistes qui partagent la même compréhension des choses que moi. Mais ils ne sont pas libres. Les patrons de presse ont peur de perdre des abonnés, les recettes de la publicité.

 

Dans votre mise à pied, l’attitude de la Société des journalistes n’a-t-elle pas pesé en votre défaveur ?

Radio France internationale c’est 400 journalistes à Paris, et 300 correspondants dispersés dans le monde. Cette société de journalistes comprend 15 personnes, dont seulement 3 sont actives. Voici ce qui s’est passé. J’avais lancé une réforme de fond qui mettait les plus méritants en avant. Cela avait dérangé les habitudes. Il y avait déjà un malaise.

 

Donc, certains en ont profité pour prendre leur revanche ?

Dès que j’ai été accusé d’antisémitisme le mécontentement latent s’est exprimé.

 

Pourquoi si peu de journalistes sortent-ils du lot ?

Cela tient à ce qui, dans les médias, correspond au « politiquement correct », et qui est, à dire vrai, l’_expression d’une intolérance totale. La France est tombée dans l’intolérance intellectuelle. Ce qui est extraordinaire est que, quand on regarde la TV, les gens qui incarnent le « politiquement correct » sont des gens incultes. Ma grand-mère disait « La culture c’est comme la confiture. Plus on l’étale moins il y en a ». Il est loin le temps où on avait des débats, où les gens s’affrontaient avec des arguments ! Aujourd’hui on ne s’affronte pas. Il n’y a plus de débat de qualité. C’est une pluie continue d’anathèmes ce à quoi l’on assiste sur toutes les chaînes télévisées et dans les médias en général. Le « politiquement correct » ne réfléchit pas, ne lit pas, n’a pas de références. Regardez ce qui est arrivé à Dieudonné qui est un artiste. A-t-il été trop ou pas assez provocateur ? Mais la provocation ne fait-elle pas partie de l’échange d’arguments ? Est-ce qu’il ne faut pas provoquer pour faire réagir ? Le rôle des médias n’est pas celui de condamner. Quand Tariq Ramadan développe une idée, pourquoi l’accabler ? Si l’on n’est pas d’accord avec lui on engage un débat. Mais pas un lynchage. Et si on l’écoutait ? Ce serait plus constructif que de le noircir et de le rejeter.

 

Vous évoquez des figures sur  lesquelles les accusations d’antisémitisme pleuvent en continu. N’est-ce pas ce qui vous attend ?

Dès que l’on critique Israël on est accusé d’antisémitisme. A force d’accuser tout le monde on finit par banaliser le terme d’antisémitisme. Ces excès finiront par se retourner contre l’Etat d’Israël et, malheureusement, contre les citoyens de confession juive qui acceptent tous ces abus. Suite à ce que j’ai subi, j’ai reçu des milliers de mails qui me disaient leur sympathie et aussi leur exaspération. L’intolérance des uns risque de faire le lit d’une flambée de haine sur d’autres. Tout cela doit nous faire réfléchir.

 

Cette intolérance est-elle entretenue et l’antisémitisme exagéré d’après vous ?

Je ne crois pas à la spontanéité des réactions. Il y a, à l’évidence, une manipulation. Regardez ce qui s’est passé en France ces derniers mois. Il y a eu des actes attribués à l’antisémitisme qui se sont avérés être des actes organisés par des personnes de confession juive. Il y a un fond d’antisémitisme qui s’inscrit dans la tradition chrétienne. Un fond qui est minime. Or, il est certain qu’à force de mobiliser à tort et à travers toute la société sur le thème de l’antisémitisme on ne peut qu’exaspérer les gens. Nous avons vu ces derniers mois des ministres se déplacer et s’émouvoir au moins quatre fois sur des actes provoqués, contre eux-mêmes, par des citoyens de confession juive qui se disaient victimes. Il y a eu le cas d’un rabbin qui s’est poignardé, d’une synagogue incendiée parce qu’un juif ivre y a mis le feu. Et tout le monde s’est agité sans vérifier la véracité des faits.

 

Comment en finir avec ces manipulations ?

Par la raison et la tolérance. Tout un chacun devrait mieux vérifier, mieux faire la part du vrai et du faux et ne condamner que si il y a lieu de le faire. Mais pas comme cela se fait actuellement où toute la société est mobilisée a priori, autour de l’antisémitisme. On est sur une pente très dangereuse. Les gens accusent trop vite et les journalistes ne font pas leur travail de vérification et d’explication. Cela comporte des dangers.

 

Donc vous attribuez la responsabilité, d’une part à ceux qui agitent le spectre de l’antisémitisme, et d’autre part à l’ignorance ?

Oui. Et à l’a-culture des journalistes et des faiseurs d’opinion. Je crois qu’il y a volonté de manipulation. Quand Bernard Henri Levy se permet de ferrailler avec des mots pour démontrer qu’être antisioniste cela veut dire être antisémite, c’est un non sens. C’est faux. Est-ce que les anti-gaullistes étaient anti-français ? Les anti-communistes étaient anti-slaves ? Cela agite et confond inutilement.

 

Le rapport Ruffin qui enfonce davantage le clou de l’antisémitisme vous a-t-il surpris ?

Le rapport Ruffin est un scandale. On ne pourra plus avoir le droit de critiquer un seul pays, donc on ne pourra plus penser. Une chose devrait nous interpeller ici. Le seul pays qui a comme géniteur légal le Conseil de sécurité des Nations Unies c’est Israël. Les Nations Unies ont voté quantité de résolutions qui n’ont jamais été appliquées. Pourquoi ? Est-ce que cela est tolérable dans un monde qui a besoin de justice et d’équilibre? Il y a là un grand problème.

 

Plus je vous écoute plus je vous sens déterminé à réagir. Donc on n’est pas parvenu à vous briser ?

Ola là-là. Non. J’estime que ce qui m’est arrivé est un accident de parcours. On ne m’a pas brisé. On ne va pas me faire taire. Je vais continuer de m’exprimer pour dire, avec les moyens que j’ai, ce que je vois tout simplement. Si je fais des fautes je suis prêt à accepter toutes les condamnations. Mais mes propos n’ont jamais été démentis. On m’a condamné parce que j’ai parlé.

 

Le vide ne s’est-il pas fait autour de vous ?

Non, non. Tout au contraire. Il y a énormément de gens qui m’ont rejoint pour me demander de continuer.

 

Avez-vous du ressentiment à l’égard de ceux qui vous ont attaqué ?

Non aucun. Les médias c’est collectif. J’en voudrais éventuellement aux rédacteurs en chef qui laissent diffuser des textes sans en vérifier les termes. Pas aux journalistes. Eux, ils font leur métier comme ils peuvent. S’ils sont manipulés, à eux de savoir quelles sont les limites. Les vrais responsables ce sont les rédacteurs en chef.

 

Ce qui vous est arrivé ne vous a-t-il pas rendu pessimiste ?

Pas du tout. Il va y avoir inévitablement une évolution des choses. Certes, tout est mis en œuvre par Israël pour empêcher les gens de savoir ce qui se passe. C’est ce que font les ambassades israéliennes et leurs agents de communication ou d’influence : empêcher la base de savoir et de réagir auprès de leurs dirigeants. On ne peut pas mentir tout le temps. Israël a perdu la bataille médiatique. Israël ne peut plus se faire passer pour la victime. Israël est l’agresseur. Les gens ne vont pas tarder à comprendre qui sont les meurtriers. Malgré tous les  moyens engagés pour étouffer la vérité, les récits des témoins finiront par sortir. Je suis convaincu que les hommes politiques, en Europe, finiront par être poussés par leur base. Ils seront obligés de prendre des décisions le jour où les gens se mettront réellement à bouger. En démocratie, tant que les gens ne bougent pas le pouvoir ne bouge pas.
 

Comment est-il est possible d’exercer un tel pouvoir sur les rédactions et sur une aussi longue durée ?

En faisant ce qu’ils ont fait jusqu’ici : des campagnes médiatiques basées sur le mensonge. Ils y mettent les moyens et ils ont l’argent pour le faire.

 

Avez-vous un exemple ?

Il y a une personne qui rédige une dépêche qui accuse un tel d’ « antisémitisme ». Cette dépêche est reprise par des journalistes qui ne vérifient pas d’où cette information vient. C’est aussi simple que cela. Il y a bien évidemment des sujets qui reçoivent un écho particulier.

 

Mais ces dépêches, fruit d’une manipulation, d’où partent-elles ?

Il y a une organisation non gouvernementale qui s’appelle « Avocat sans frontières ». Créée par M.Goldnadel cette ONG est une sorte de leurre, car il existe déjà en France une autre ONG appelée « Avocats sans frontières de France ». Quand M.Goldnadel envoie une dépêche au nom d’« Avocats sans frontières » le journaliste ne va pas vérifier qui il y a derrière cette ONG. Donc l’appellation donnée par M.Goldnadel prête à  confusion. M.Goldnadel a attaqué tout le monde d’antisémitisme. Daniel Mermet, Pascal Boniface, et tant d’autres. Tous les médias ont abondamment parlé des accusations qu’il avait proférées, mais quand M.Goldnadel a perdu les procès qu’il a engagés contre eux, les médias n’en ont pas fait état. Voilà comment les choses se passent.

 

Voyez-vous une évolution possible dans la manière d’informer ?

Si tout le monde disait ce qu’il sait, le vrai, nous n’en serions pas là. Si tous les journalistes faisaient vraiment leur travail honnêtement, nous pourrions arrêter le flot de mensonges qui déferle sur tout ce qui touche au monde arabe. Ce qui est rassurant c’est que les lecteurs et auditeurs sont plus intelligents et cultivés que ceux qui les informent. Je découvre cela avec bonheur dans des rencontres et des mails que je reçois.

(1) Le mur de Sharon. Presse de la Renaissance, Paris, 2004.
(2) L’
association « Avocats sans frontières » que M. Goldnadel dirige en France, s’en prend à ceux qui le critiquent.

Paris, Novembre 2004


Les Etats-Unis: une province d’Israël


Alain Ménargues:
"Je me demande si les Etats-Unis ne sont pas une province d’Israël. Si vous regardez le gouvernement américain, beaucoup sont des juifs américains avec la double nationalité israélienne"

Entretien avec Alain Ménargues (grand-reporter, envoyé spécial permanent au Moyen-Orient et directeur adjoint chargé des antennes et de l’information à RFI

La Nouvelle République : Que voulez-vous dire par "je suis résolu à me battre contre tous ceux qui accusent injustement des gens honnêtes" ?

Alain Ménargues: Je dis tout simplement que je suis fondamentalement, viscéralement, opposé à l’intolérance. J’écris des choses sur les Israéliens et sur le mur de Sharon, c’est parce que j’ai fait des recherches, j’en suis arrivé à ces conclusions et je suis honnête. Il ne s’agit pas pour moi de renier ce que j’ai dit. Si quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, je trouve cela normal, c’est le débat démocratique, mais on n’accuse pas les gens de choses qui ne sont pas uniquement pour Israël. Mais c’est une méthode de communication propre aux Israéliens et à leur gouvernement, qui a un service de l’armée, le 5e bureau, avec des agents d’influence comme le fameux avocat Goldnadel à Paris. Je vais essayer de me battre contre ces gens-là, et je le fais avec détermination. C’est le type de combat qu’il faut réfléchir. J’ai commencé maintenant à faire un certain nombre de déclarations, à faire construire un site à ce sujet de manière à arrêter ce type de propagande complètement fasciste. Ces gens-là sont de l’extrême-droite israélienne, ils sont pires que Le Pen.

Quelle a été la réaction de votre hiérarchie à l’accusation d’antisémitisme ?

A.M.: Ils m’ont licencié. Pour faute grave, c’est un prétexte, car c’est un licenciement politique. Mais j’attaque le président Schwartz sur la base de l’article 122/45 du code du travail qui dit que nul ne peut être licencié pour ses opinions politiques. C’est la première fois depuis 32 ans que la justice devra se prononcer sur l’application de ce texte. Je trouve scandaleux que dans un pays de liberté, il y ait des bavures comme cela de la part d’un commis de l’Etat. Le porte-parole du quai d’Orsay a, lui, déclaré que mes propos étaient scandaleux. Mais je crois qu’il va être obligé de s’expliquer devant la justice.

Comment pouvez-vous expliquer les mécanismes qui ont provoqué votre licenciement ?

Cela s’est passé très vite, c’est un des facteurs. C’est d’abord 4 ou 5 journalistes que j’appelle, moi, des fonctionnaires, sans grande valeur professionnelle et militants pro-israéliens de droite qui ont protesté en interne contre mon livre, puis ont fait appel à Goldnadel, l’avocat, dont le communiqué a été repris par ces journalistes. Et en s’appuyant mutuellement, ils ont fait monter la mayonnaise : en petite assemblée générale (100 journalistes sur 600), le PDG, en grand fonctionnaire et énarque qu’il est, a eu peur et a préféré ne pas avoir de problèmes. Schwartz n’a pas été seul, le porte-parole du quai d’Orsay a pris position parce que c’est arrivé le jour où le ministre des Affaires étrangères, Barnier, partait en Israël. La question qui lui a été posée, c’est parce que Barnier allait en Israël. C’est un montage, il y a une manipulation derrière, c’est évident.

Mais face à une manipulation telle que vous en avez été victime, on se demande si on est France, pays de Victor Hugo et d’Emile Zola, figures emblématiques d’un humanisme universel, ou en Israël, un gros gabarit ?

On est en France, et j’estime que mon affaire est une bavure, je demande à la France de la réparer. Cela ne veut pas dire autant qu’elle ait changé de statut, la France reste un pays de liberté, mais la liberté, il faut se battre tout le temps pour la conserver. Pour ce qui concerne Israël, elle peut paraître comme un gros gabarit, parce qu’ils n’ont personne en face d’eux, le monde arabe n’a pas de communication.

Jusqu’à la mondialisation, ceux qui détenaient le secret, détenaient le pouvoir. Depuis la mondialisation, ceux qui détiennent la communication détiennent le pouvoir : l’Amérique a fait la guerre sur une communication de mensonges, mais les dirigeants du monde arabe n’ont pas compris qu’il faut communiquer sainement.

Quel est ce lobby qui manipule l’information, en France, selon vous ?

Pour ce qui concerne le Proche-Orient, il y a un lobby juif d’extrême-droite, pro- Sharon, de colons qui sont plus à droite que Le Pen. Pourtant, la France a peur de Le Pen, mais elle devrait avoir plus peur de l’extrême-droite israélienne qui est terrible. La gauche israélienne, notamment vis-à-vis des Palestiniens, est encore plus à droite que Le Pen. L’extrême-droite israélienne , elle, est un véritable fascisme.

Lors de votre passage sur LCI, vous repreniez votre interlocuteur sur la définition de l’Etat d’Israël, présenté comme un Etat démocratique, en lui précisant qu’on avait plutôt affaire à un Etat raciste et lui expliquant la discrimination dont sont victimes les Arabes fichés comme arabes sur leurs papiers d’identité…

Ils sont fichés comme non-juifs. Israël n’a pas de Constitution pour des raisons religieuses parce que la religion dit qu’il n’y aura d’Etat d’Israël que lorsque le messie arrivera. Donc ils sont régis par des lois fondamentales au nombre de 12. Il y en a une qui a été votée en 1952 qui définit une citoyenneté israélienne pour les habitants d’Israël et cette citoyenneté est subdivisée en nationalités : ils disent que le peuple juif est une nation, que les musulmans sont une nation et les chrétiens, une troisième nation.

Ce que nous appelons une religion, eux l’appellent une nation. Donc les papiers d’identité et en particulier les passeports de citoyens israéliens de confession autre que juive ont leurs religion spécifiée pour que la police voit s’il s’agit de juifs ou non.

Sur LCI, parliez-vous comme l’envoyé spécial au Moyen-Orient qui a été témoin des humiliations dont sont victimes les Palestiniens ou comme un homme de bon sens ?

Les deux. L’homme que je suis a été formaté par mes études, par mes parents, par mon environnement. A ce titre, c’est Ménargues qui parlait en tant qu’invité, auteur venant parler de son livre et pas en tant que directeur de l’information. D’ailleurs, je n’ai jamais donné la moindre consigne aux journalistes de RFI, ni dans un sens, ni dans un autre, mais j’estime que les journalistes ont un droit d’expression, à commencer par les dirigeants de ces journalistes.

Vos collègues vous ont-ils défendu ?

(Sourire).

Sourire très éloquent, monsieur Ménargues !

Certains m’ont passé des coups de téléphone, d’autres ont agi dans la discrétion, mais personne publiquement.

C’est par peur de représailles ou… ?

Par terreur, parce qu’il y a une véritable terreur et je reproche au gouvernement français d’avoir laissé cette peur s’installer. Il faut savoir que jamais quelqu’un qui a été traîné devant les tribunaux par les associations d’extrême-droite israéliennes pour antisémitisme, jamais ces associations n’ont gagné, elles ont toujours perdu, les victimes ont gagné leurs procès. Mais c’est une campagne de pression et les journalistes ne sont pas courageux.

C’est du terrorisme intellectuel !

Oui, du terrorisme intellectuel ! Je regrette que les hommes politiques français n’aient pas beaucoup de courage, eux aussi. C’est la bêtise et la lâcheté des hommes politiques et fonctionnaires français et la disparition d’une fibre de philosophie politique. Il n’y a plus de valeurs ! Je vous donne un exemple, on vient de passer le soixantième anniversaire d’Auschwitz, il y a beaucoup de Français, de résistants, dans le Vercors, à Paris, qui ont été tués ou amenés en déportation, ils sont morts dans les camps de concentration parce qu’ils étaient résistants.

On a barré leur fonction de résistants pour les installer comme juifs. C’est de la manipulation de l’Histoire et c’est fait par ces associations-là qui sont en train d’installer dans les écoles françaises des listes d’enfants juifs morts en déportation. Pourquoi ne met-on pas les noms de ceux qui n’étaient pas juifs morts en déportation aussi ?

Comment expliquez-vous cette attitude des autorités françaises ?

Le clientélisme politique, la bêtise politique.

Comment pouvez-vous expliquer une réaction aussi rapide à l’évocation d’Israël, Etat théocratique, ne serait-ce pas lié à la shoah ?

Oui et non. Il faut remonter dans l’histoire et prendre cela en géopolitique : jusqu’en 1982, à la guerre du Liban, Israël était un Etat victime, puis il y a eu Sabra et Chatila et la première et surtout la deuxième Intifada. Du coup, dans l’image, Israël est devenu un Etat agresseur qui fait tout maintenant pour que cette image d’Etat agresseur disparaisse. Tous ceux qui accusent Israël sont attaqués de même que le rapporteur des Nations unies qui parle du camp de Jénine. Pourtant, il y a une résolution des Nations unies qui dit que le sionisme est une philosophie politique raciste, Israël a mis 13 ans pour rayer cela. Quand je dis, moi, qu’Israël est un Etat raciste, je suis attaqué.

Pourquoi maître Goldnadel, qui a changé l’intitulé de son "Association des avocats juifs" en "Association des avocats" semant ainsi la confusion avec celle des Avocats de France, persécute-t-il ainsi les journalistes ?

Qui est M. Goldnadel ? C’est un agent d’influence, en termes de renseignement. Un combattant sioniste extrémiste de droite. Il a tenté de lier des liens entre Sharon et Le Pen, mais ce dernier a refusé. Je suis attaqué parce que je suis passé sur Radio Courtoisie alors que lui y est passé en août. Etre attaqué par lui est pour moi un honneur.

Pourquoi, en France, y a-t-il autant d’attaques de la sorte et pas dans les autres pays européens ?

Parce que sur le plan géostratégique, l’Amérique est trop proche des Israéliens et il n’y a que l’Europe qui pose problème, et qui en Europe ? Pas l’Allemagne, pour cause de camps de concentration, pas les Britanniques, pour cause de mandat, alors ils essaient de rappeler à la France qu’il y a eu les trains de la déportation. Cela avait marché longtemps quand les hommes politiques avaient connu cette époque de la guerre.

C’est une façon d’imposer insidieusement un pouvoir…

Non, un contrôle. Israël fait partie du monde arabe et ce n’est pas parce que les dirigeants sont des Ashkénaze venus d’Europe que l’équipe de football joue en Coupe d’Europe qu’ils vont rentrer dans l’Europe. Ils poussent actuellement la Turquie à rentrer dans l’Europe pour la déstabiliser, mais cela ne les fera pas rentrer, eux, dans l’Europe. Ils se disent la tête de pont de l’Occident, dans le monde arabe, mais il n’y a pas de tête de pont dans le monde arabe. On n’a pas besoin d’intermédiaire israélien avec le monde arabe.

Parlons lexique maintenant, si vous le permettez. Pourquoi les Israéliens s’approprient-ils le concept de "sémites", les Arabes, le sont aussi, sémites ? Même les intellectuels et les journalistes abondent dans cette idée-là ?

Même Arafat a été traité d’antisémite. Mais les Arabes ne leur ont jamais dit, nous aussi, nous sommes des sémites. Ils n’ont jamais défendu leur position, il faut qu’ils revoient leur méthode de communication. Voyez comment les Américains sont entrés en guerre sur un coup de communication de mensonges.

Votre fondation, M. Ménargues, des 100 journalistes, s’agit-il d’un comité d’experts chargé du traitement de ce type d’accusation, de son décryptage et de son explication dans le contexte géopolitique de l’heure ?

Non. Par expérience, c’est en étudiant les dossiers précédents que je me suis aperçu que les accusateurs mettaient en lumière les accusés d’antisémitisme et disparaissaient.

Moi, je veux qu’ils restent à la lumière, c’est pourquoi je veux créer un site où je dirais M. Goldnadel c’est ceci et cela. Je veux démonter les processus. Il ne m’appartient pas et n’appartient pas aux journalistes le droit de dire ceci est bien et cela est mal, mais on peut dire qui est qui et qui fait quoi. Si vous prenez Dieudoné, il a eu 17 procès, en France. Je veux connaître les 17 personnes qui l’ont traduit en justice et mettre leurs photos sur internet. Que tout le monde les voit.

Les journalistes qui vous ont rejoint partagent-ils tous vos opinions ?

Ils partagent totalement mes opinions de ras-le-bol de cette pression et de ce terrorisme intellectuel.

Ont-ils connu ou peuvent-ils connaître des frondes semblables ?

Non, ils sont écœurés par cette espèce d’attaques sans consistance. Donc ils ont décidé de collecter toutes les informations. Par exemple, je dis Goldnadel, tout le monde va chercher qui est cette personne, où elle habite, qui est sa femme, dans quelle association milite-t-il, qui le paye, comment il le paye et on dit, M. Goldnadel, c’est lui. Croyez-moi, cela va changer beaucoup de choses.

Quand les gens attaquent en étant sûrs de leur impunité, ils peuvent attaquer n’importe qui, mais quand ils seront simplement connus, cela va être différent. C’est une affaire de communication. Faisons de la communication.

Cette fondation est-elle ouverte à tout le monde ?

A tout le monde ! Savez-vous que les premiers journalistes à adhérer à cette fondation sont des journalistes israéliens. J’ai des journalistes arabes et américains. C’est ouvert à tout le monde. Ce que je contrôle, c’est l’honnêteté des journalistes. Pour moi, c’est le critère; objectif ne veut rien dire. Qu’ils disent ce qu’ils pensent comme ils le pensent, même s’ils ne sont pas d’accord entre eux.


Comment pouvez-vous expliquer ce manque de considération d’Israël pour l’ONU ?

Pourtant, Israel est né grâce à l’ONU, dont les israeliens ont décidé de passer outre. Ils ne peuvent pas le faire longtemps, on ne peut pas faire partie d’une société sans en respecter les règles. Il y a la société internationale, elle a des règles, ils vont être obligés de rentrer dedans sinon ils vont être boycottés.

Quel est le rôle des Etats-Unis dans cette arrogance ?

Pierre Jémayel, un leader arabe chrétien, a dit un jour à Itzhak Rabin: "vous êtes le 51e Etat des Etats-Unis". Je me demande si les Etats-Unis ne sont pas une province d’Israël. Si vous regardez le gouvernement américain, beaucoup sont des juifs américains avec la double nationalité israélienne.

Les lectures de Bush, dit un article du Monde, sont des philosophes du Likoud. Le vice-ministre de la Défense americains (juifs), Wolfowitz, est conseiller de Sharon.

 

Dans votre ouvrage "Les secrets de la guerre du Liban" vous écriviez qu’Ariel Sharon ne voulait qu’une chose, pouvoir entrer en force à Beyrout Ouest et "nettoyer". Croyez-vous que Sharon soit revenu actuellement à de meilleurs sentiments en acceptant de rencontrer Abou Mazen et de céder certaines parties des territoires occupés ?

Sharon n’a absolument pas changé d’avis, mais c’est un réaliste. Il y a 7 000 colons à Ghaza, il faut trois fois plus de soldats pour les protéger. Les villes qui vont être cédées coûtent très cher en hommes et en argent.

Cela renvoie la responsabilité sur les palestiniens. Si Sharon avait envie de quitter Ghaza, il l’aurait fait tout de suite, pourquoi attendre des mois jusqu’à ce que les colons s’organisent. Il les connaît bien puisqu’il a été leur ministre.

Comment voyez-vous la suite des événements en Palestine ?

Le climat a changé, certes, mais la réalité est la même sur le terrain. Sharon a besoin de convaincre les Israéliens, comme Abou Mazen de convaincre les palestiniens. Chacun s’organise vis-à-vis de sa propre population. Sharon a besoin de faire croire qu’il va faire la paix, il n’attaque plus les palestiniens.

Quand Abou Mazen va dire à Sharon, il faut détruire le mur, que va-t-il se passer ? A mon avis, chacun d’entre eux est en train de se retourner dans son camp pour assurer ses arrières. Je ne crois pas à la paix pour l’instant. Quel signe y a-t-il eu vers la paix ? On ne tire plus, mais est-ce pour autant la paix ?

Ce mur de la honte…

Israël veut en faire sa frontière, cela veut dire qu’il n’y a pas d’Etat palestinien viable. Quand Sharon dit: "il faut un Etat palestinien laïque", Israël est-il laïque ? Il y a beaucoup de contradictions. C’est pour masquer ces contradictions que les organisations extrémistes manipulent le côté judaïque.

Et cette montée au créneau du gouvernement américain concernant l’Iran qu’il accuse de développer l’arme atomique ?

Parce que c’est la crainte d’Israël. On ne peut pas parler des relations des Etats-Unis avec quelque pays arabe que ce soit sans inclure la donnée israélienne.

Si nous parlions du métier de journaliste dans un pays comme l’Algérie…

Il y a un grand coup de chapeau à donner à la presse algérienne, en général. Elle a su se battre pour garder sa liberté. Bravo ! Qu’il y ait une rivalité entre journaux, c’est normal, que le gouvernement mette sa main dedans, je trouve cela anormal. Dans la loi algérienne, comme la française, il y a assez de règlements pour permettre de punir ceux qui mentaient, mais encore faut-il prouver qu’ils aient menti ou diffamé. L’histoire a montré que chaque fois, par exemple, où on a voulu interdire au nom de la morale, c’était au nom de la politique. Il y a 15 ans à peu près, dans les pays arabes, il n’y a jamais eu de grandes signatures si ce n’est dans l’ombre d’un chef d’Etat. Depuis la guerre du Golfe et la création d’Al Jazeera, les choses ont beaucoup changé. Mais les pays arabes n’ont pas compris l’importance de la communication: la Syrie, par exemple, a été désignée comme un pays terroriste par Bush, qu’a-t-elle répondu ? Rien. Comment voulez-vous que les attaques ne se poursuivent pas ?

Que pensez-vous de l’interdiction d’El Manar ?

C’est encore de pression juives qu’il s’agit. Le feuilleton pour lequel Al Manar a été interdite est passé en Syrie et en Egypte, pourquoi Israël n’a pas réagi ? Baudis, le directeur du Conseil supérieur de l’audivisuel (CSA) est membre du bureau de l’Association juive France-Israël .

Pourquoi ce flirt continuel entre la France et Israël ?

Parce que la France a joué un rôle dans la création et l’armement d’Israël. La France soutenait les juifs jusqu’à la bombe atomique.

Le jour où ils en ont trop fait, De Gaulle a tapé du poing sur la table en disant "ça suffi" dans son discours du 12 novembre 1967, après la guerre (de 1967) où il prend acte de l’occupation des territoires occupés et dit, je le cite de mémoire : "Dans ce pays, une résistance va naître que les Israéliens auront appelée terrorisme, mais jamais ils ne parviendront à bout de ce terrorisme." Aujourd’hui, la France a bien changé et ce n’est pas un homme comme Barnier qui va marquer l’histoire, dans ce côté lénifiant.

Entretien réalisé par F. Amalou
15-02-2005

F. Amalou

 


Alain Ménargues "démissionné" après ses
propos sur Israël

PARIS - lundi 18 octobre 2004 - (extraits des differentes agences de presse) - Alain Ménargues a démissionné lundi 18 octobre 2004 de ses fonctions de directeur de l'information de Radio France Internationale (RFI) et de vice président de RMC-Moyen Orient, en réponse aux attaques juives suscitées par ses opinions et propos sur Israël et les ghettos juifs.

Selon la direction de RFI, il n'y a pas eu faute sur l'antenne de RFI, où M. Ménargues a été nommé fin juillet.

Longtemps correspondant de Radio France au Moyen-Orient, M. Ménargues, 57 ans, a fait ces derniers jours la promotion de son livre "Le mur de Sharon", dans plusieurs médias français. Il a tenu des propos comme "Israël est un Etat raciste" ou encore, sur Radio Courtoisie, "Quel a été le premier ghetto au monde? Il était à Venise. Qui est-ce qui l'a créé? C'est les juifs mêmes pour se séparer du reste".

Ces déclarations ont provoqué de très vives réactions d'associations juives françaises et du ministère français des Affaires étrangères.

M. Ménargues, interrogé par des journalistes à la suite de sa démission, a expliqué "avoir décidé de se taire". "On a (à RFI) un actionnaire qui s'appelle le ministère des Affaires étrangères. Dès l'instant où le porte-parole (du ministère), à mon sens piégé par une question, répond que ce que j'ai dit est intolérable, j'en tire les conséquences", a-t-il ajouté.

La polémique s'est développée alors que le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier effectue depuis dimanche et jusqu'à mardi une visite en Israël.

La démission de M. Ménargues a été rendue publique alors qu'il venait de s'expliquer devant les rédactions de RFI et RMC-MO réunies en assemblée générale à l'appel de l'intersyndicale CFDT, SNJ et SNJ-CGT.

Lors d'une AG houleuse dans une salle de rédaction bondée, M. Ménargues a notamment déclaré: "ce que je peux penser ne s'est jamais traduit sur l'antenne, il n'y a jamais eu de dérive éditoriale".

"Je n'ai pas été invité (dans ces émissions, ndlr) au titre de directeur, j'ai été invité au titre d'auteur", a-t-il souligné.

"Je pense que le directeur de l'information n'a pas de liberté d'expression (...) parce qu'il incarne RFI", a rétorqué une journaliste juif.

"Pourquoi est-ce que dès qu'il s'agit d'Israël il y a cette inquisition ? ", a demandé un autre journaliste.

"Je pense qu'il s'est créé pas mal d'inimitiés assez rapidement (...) et que (...) ces propos sont aujourd'hui l'occasion de lui faire la peau dans un tribunal populaire", a estimé un autre participant.

L'intersyndicale a "pris acte" lundi dans un communiqué "de la démission d'Alain Ménargues annoncée "alors qu'une demi-heure avant le PDG lui accordait +son entière confiance".


Les francais libres sont indignés par la campagne de calomnies et les pressions en vue de sanctions à l’encontre de M. Alain Ménargues, directeur de l’information de RFI pour ses propos condamnant la politique raciste du gouvernement Sharon.

En effet, au moment où l’armée israélienne vient une fois de plus, dans la quasi indifférence des gouvernements démocratiques, de montrer le mépris qu’elle a de la vie des Palestiniens, de l’opinion internationale mais aussi de la paix en menant une invasion meurtrière des territoires palestiniens (120 morts et 500 blessés lors de l’opération « jours de pénitence »), au moment où seules des sanctions internationales pourraient freiner cette escalade de la violence et un déni de justice menaçant les deux peuples, nous dénonçons avec vigueur les tentatives de faire taire ceux qui, comme M. Alain Ménargues, en dépit du lâche silence de la plupart des média et des multiples intimidations, refusent d’étouffer leur conscience.

Face au racisme, à l’injustice et au cynisme guerrier, l’histoire nous l’apprend, il ne peut y avoir de devoir de réserve comme le prétendent ses détracteurs. Il y a en revanche, une obligation d’indignation et c’est tout à l’honneur de M. Ménargues de s’y être conformé..

Il est urgent de nous mobiliser et de protester contre les calomnies, les pressions et les menaces qui pèsent sur ce dernier et qui n’ont pas d’autre objectif que d’infléchir la ligne éditoriale de RFI au détriment du peuple palestinien.


Alain Ménargues viré de RFI
pour... "antisémitisme " verbal ?

Lundi 18 octobre 2004,
par François Xavier
 écrivain, spécialiste de l’Orient, critique, chercheur, essayiste et éditeur.

Alain MENARGUES, Directeur Général adjoint chargé de l’information et des antennes de RFI, et Vice-président de RMC Moyen-Orient a démissionné ce lundi 18 octobre sous la pression et des journalistes de RFI et du Quai d’Orsay. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’il avait osé dire lors d’un entretien sur une radio française (Radio Courtoisie) que l’état d’Israël est un état raciste ! Propos repris lors de la présentation de son dernier livre, Le mur de Sharon devant le Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape).

Attention ! Il n’a pas dit que c’était un pays raciste, mais un état raciste et que l’administration israélienne est raciste. Tollé générale de certains journalistes sionistes qui dénoncent des propos "inacceptables" (SNJ et CFDT). sic !
Lundi matin, lors d’un point de presse, le porte-parole du quai d’Orsay, monsieur Hervé Ladsous, en remet une couche en disant que "tel est bien aussi notre opinion".

On se fait insulter par le gros baril d’Ariel qui ose clamer haut et fort que la France est un pays dangereusement antisémite et qu’il faut que les Juifs fuient ce pays de fous furieux pour trouver la sérénité en Israël (tu parles !) ; surtout dans les colonies, tiens donc ! Histoire de continuer à pourrir la vie aux Palestiniens et à la voler leur terre aux sus de tous. Et en guise de bras d’honneur on envoie ces jours-ci notre ministre des Affaires extérieurs faire le guignol alors que Tsahal vient de terminer une énième opération de purification ethnique en rasant près d’une centaine de maison dans le camp de Jaffah, au nord de la bande de Gaza, de manière préventive, on ne sait jamais ... une pierre qui tomberait sur un blindage, ça peut rayer ...

J’ai rencontré Alain Ménargues à la fin de l’été pour m’entretenir avec lui au sujet de son livre sur la guerre du Liban. L’homme est rude dans ses propos, mais juste. Il ne fait de cadeau à personne, ni aux chrétiens, ni aux musulmans, ni aux israéliens. Et c’est là que la bas blesse ... Que l’on fracasse quelques nègres ou bicots dans nos cités, dans le métro, c’est pas grave, z’ont qu’à rentrer chez eux tous ces ploucs ! Mais que l’on ose dire que l’état d’Israël est raciste, ola !
Du temps de l’apartheid ne disait-on pas que l’Afrique du Sud était un pays raciste, xénophobe, honnis de tous ? Oui, et c’est à force de la dire que la donne a changé.

Israël qu’est-ce donc ? Un état religieux intégriste. Tu es juif tu as tous les droits : acheter une maison, un appart, un terrain, un commerce ; tu as un passeport, du blé, tu manges à ta faim. Tu as arabe (donc souvent originaire du bled, pas comme tous les autres venus des quatre coins du monde) tu n’as que le droit de te taire ... ou de partir. Tu n’as pas le droit à la propriété, tu n’as pas le droit de construire, d’acheter un commerce, d’avoir un passeport, de voyager, d’exprimer tes opinions, etc. Tu la fermes ! ...
Je ne dois pas avoir la même notion de l’égalité démocratique mais pour moi cela est le signe du racisme.

Israël est, selon moi, un état raciste. Et en l’état, je le condamne, je le vomis, je le combattrais toujours ... Il n’y aura jamais de répit tant que la religion dominera cette administration de fanatiques dangeureux.  Il n’y aura jamais de clémence envers cet etat dictatorial qui nie l’ONU et ne jure que par les USA, la violence, la domination du blanc sur l’indigène ...

La question alors qui se pose : Vais-je devoir démissionner du Mague ?

Alain MENARGUES a débuté sa carrière au début des années 1970. Il fut notamment grand reporter entre 1981 et 1997 en Asie, Afrique, Amérique du Sud et Moyen-Orient ; puis envoyé spécial permanent au Moyen-Orient pour les stations de Radio France. Il est ensuite chargé de mission à la Direction Générale de Radio France de 1997 à 1999, grand reporter entre 1999 et 2001, puis rédacteur en chef de la tête de réseau de France Bleu. Alain Ménargue a également collaboré à Paris Match, Sciences & Avenir, Radio Canada, Radio Suisse Romande et au Figaro Magazine.
Il "était" Directeur Général adjoint chargé de l’information et des antennes de RFI ; et Vice-président de RMC Moyen-Orient.



Alain Ménargues au Salon du livre francophone de Beyrouth

Alain Ménargues a entrepris, avec ses Secrets de la guerre du Liban, un travail colossal : cinq ans de recherches, près de 350 entretiens avec des personnalités liées de près à la période concerné, une collecte de documents inédits, un souci quasi maniaque de s’en tenir aux faits et de multiplier les détails... Le résultat a été à la mesure du travail abattu par le journaliste : un best-seller et plus de deux cents signatures au Salon du livre le week-end dernier. La publication du deuxième tome, qui couvre la période allant de l’accession d’Amine Gemayel à la présidence de la République jusqu’à sa visite à Damas, en février 1984, est prévue pour bientôt.

En attendant, Alain Ménargues a publié un nouvel ouvrage, Le Mur de Sharon, sur le mur israélien de séparation en Cisjordanie. Il précise d’ailleurs d’entrée qu’il reste journaliste avant toute autre chose, comme le dénotent d’ailleurs la sobriété de ses propos, sa modestie et son extrême lucidité quant à la manière d’envisager et d’écrire l’histoire.

Sur les motivations qui l’ont conduit à écrire Les secrets de la guerre du Liban, Alain Ménargues rappelle qu’il a été correspondant au Liban : « Je suis arrivé au Liban en 1982, six heures avant que les Israéliens ne bloquent Beyrouth-Ouest. Durant toute la guerre, j’ai vécu avec ce sentiment frustrant de ne pas tout savoir. Et, durant des années, mon souci a été de combler les trous. Par ailleurs, durant la guerre, j’ai été frappé de voir que beaucoup de gens subissaient la guerre sans savoir ce qui se passait. J’ai voulu leur apporter certaines réponses. J’avais des choses à me dire, à dire à ma femme libanaise. Et puis je me suis posé la question : si aucun des Libanais ne peut écrire un livre d’histoire sur ces événements, pourquoi un étranger ne le ferait-il pas ? »

Et de poursuivre : « Le livre idéal est celui qui serait accepté par toutes les communautés. Et c’est possible, à condition qu’il y ait deux notions appliquées : la tolérance et la recherche de l’exactitude des faits. L’histoire est une multitude de faits. C’est l’addition de ces faits dans leur contexte qui permet de décrire d’une manière incontestable ce qui s’est passé. Ensuite, c’est le droit le plus strict du lecteur d’évaluer et de porter des jugements. »

La peur des Libanais...

Alain Ménargues explique d’une manière très pragmatique pourquoi son livre a reçu un bon accueil au Liban : « Parmi les lecteurs, il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas connu la guerre et qui sont venus me remercier pour avoir pu lire ce qu’ils ne trouvaient pas dans leur famille. Les jeunes veulent savoir comment leurs ancêtres ont vécu. L’identité et l’avenir d’un jeune dépendent du passé de ses parents. » Alain Ménargues estime que les Libanais ne pourront faire le deuil de la guerre tant qu’ils ne savent pas ce qui s’est produit. « Par ailleurs, personne ne veut parler de la guerre. Ni ses acteurs ni ses victimes. On dresse un voile pudique. Mais il va bien falloir un jour le lever », dit-il.

En réponse à ses détracteurs, qui déplorent, entre autres, le timing choisi par l’auteur pour la parution de son livre, il répond : « Ce livre n’a porté préjudice à personne. Mes détracteurs sont des politiciens de salon qui se gargarisent de leurs propres mots et qui ne savent pas faire une analyse de la situation. Il n’était pas question pour moi de porter préjudice à quiconque. La situation régionale, la présence syrienne ou sa non-présence n’ont rien à voir avec un livre. On n’écrit pas un livre par rapport à un timing politique. »

Qu’est-ce qui empêche les Libanais de se réapproprier leur mémoire ? « Vous voulez que je vous dise franchement ? La peur d’eux-mêmes. L’incompréhension de ce qui s’est passé. Quand on veut analyser des faits, il faut s’analyser soi-même. Il faut donc se juger par rapport à des événements, et c’est très difficile », répond-il. Il faut aussi avoir la liberté de le faire, non ? « Personne n’empêche quelqu’un de s’asseoir à une table devant un miroir et de se demander ce qu’il a fait », souligne-t-il.

Antisémitisme et non-sens

Évoquant son nouvel ouvrage, Le Mur de Sharon, Alain Ménargues affirme : « Il existe en Palestine autonome une balafre hideuse, incompréhensible, et j’ai voulu savoir pourquoi. Que ce livre plaise ou non, ce n’est pas mon problème. J’ai voulu coller à la réalité. » Et cet anathème antisémite qu’on lui a lancé ? « Il est maintenant de bon ton, dès qu’on critique le gouvernement israélien, d’être traité d’antisémite, ce qui ne veut rien dire. Les sémites sont aussi les Arabes. Mon livre n’est absolument pas critiqué, et on prétend pourtant que je suis antisémite. C’est une espèce de voile pour cacher la réalité - en termes de manipulation de l’information. Le terme “antisémite” commence à ne plus vouloir rien dire », souligne-t-il.

Et de préciser qu’il a reçu des centaines de lettres de soutien : « La France profonde est très irritée par ces accusations qui sont portées à tort et à travers dès lors que le gouvernement israélien est critiqué. La France est un vieux pays de libertés, et la liberté se gagne tous les jours. Mais il y a des accrocs. Mon cas en est un. »

Alain Ménargues ne se sent nullement investi d’une mission. Ce n’est pas un journaliste « engagé », au sens précieux du terme. Son seul but est d’informer, d’expliquer aux Français ce qui se produit ailleurs.

Son message aux Libanais est simple, direct : « Les Libanais ont la chance d’avoir un pays merveilleux. Ils doivent s’en occuper. Le dialogue et la tolérance sont les deux concepts qui mènent à la paix et à la sécurité. »

( Michel HAJJI GEORGIOU, de l’Orient le Jour - édition du 27 octobre 2004 )



TENTATIVE D’INTIMIDATION DU JOURNALISTE ALAIN MENARGUES, QUI A RAPPELE QU’ISRAEL EST UN ETAT RACISTE
 
La « Société des Journalistes » de Radio France Internationale (RFI) est sortie de sa torpeur vendredi, pour s’en prendre au journaliste de la même radio, Alain Ménargues, Directeur de l’Information de RFI, après que ce dernier eut rappelé publiquement qu’Israël est un Etat raciste.

L’offensive de la Société des Journalistes de RFI contre Alain Ménargues ne mériterait pas d’être relevée, car il s’agit d’une instance croupion, dominée par la maffia juive et dépourvue de toute légitimité et de toute activité dans la vie réelle de l’entreprise, si elle n’avait bénéficié d’un relais conséquent, l’Agence France Presse publiant son communiqué.

Qu’a donc dit Alain Ménargues,  directeur de l’Information de RFI, après avoir été longtemps correspondant de Radio-France à Beyrouth, notamment lors de l’occupation israélienne du Liban ?

Invité d’un débat sur la chaîne LCI, à l’occasion de la prochaine sortie d’un de ses livres, « Le Mur de Sharon », Alain Ménargues a répondu textuellement à l’un des participants : "vous dites qu’Israël est un Etat démocratique, permettez-moi de dire très rapidement, c’est aussi un Etat raciste. Si vous prenez la loi  fondamentalede l’etat juif: sont citoyens israéliens ceux qui sont juifs. La  nationalité  y est divisée en termes de religion. La loi du retour, elle ne concerne que les Juifs. Qu’est-ce que c’est que la base du sionisme ? C’est de faire un Etat pour les Juifs".
 


Diplômé de l'Institut d'études politiques de Strasbourg et du Centre universitaire international de journalisme de Strasbourg, Alain Ménargues, né le 23 janvier 1947, a commencé sa carrière en 1969 au bureau de l'AFP à Strasbourg, puis au Nouvel Alsacien (1970), à l'ORTF Alsace (1972) et à FR3 Picardie (1973). Entre 1974 et 1979, il est reporter à France Inter, puis envoyé spécial permanent de Radio France à Strasbourg auprès des institutions parlementaires européennes. Entre 1981 et 1997, il est grand reporter (Asie, Afrique, Amérique du Sud, Moyen-Orient), puis envoyé spécial permanent au Proche Orient (1982 à 1997) pour les stations de Radio France.

Il exerce également des responsabilités au sein du Syndicat des journalistes de l'audiovisuel (SJA)-FO, étant notamment représentant du personnel journaliste au sein du conseil d'administration de Radio France. "Son grand truc a été la guerre du Liban" (1975-1991), raconte Michel Moutot, lui même journaliste à Beyrouth pour l'AFP de 1990 à 1994. Alain Ménargues acquiert "une vraie connaissance de la guerre du Liban et de toutes les complexités de ce pays", ajoute Michel Moutot.

Le journaliste de radio en tire notamment un roman (Les larmes de la colère, Presse de la Renaissance, 1991), très instructif sur les premières années de la guerre, et récemment Les secrets de la guerre du Liban (Albin Michel 2004), fruit de nombreuses années de travail. Alain Ménargues est ensuite chargé de mission à la Direction Générale de Radio France (1997-1999), grand reporter (1999-2001), puis rédacteur en chef de la rédaction tête de réseau de France Bleue. Grand reporter, grande gueule, capable aussi bien de la plus grande affabilité que des colères les plus épouvantables, Alain Ménargues suscite souvent des jugements très tranchés -et parfois sévères- sur sa personne.

"C'est un fort en gueule qui a ses fidélités, quelqu'un de très représentatif de ces journalistes de l'ancienne école, baroudeurs, qui ne rentrent plus forcément dans les moules actuels. Mais on n'a pas assez de ce genre de journalistes aujourd'hui", estime pour sa part Olivier Martocq, secrétaire général du SJA-FO à Radio France. Selon la direction de RFI, M. Ménargues a en quatre mois "ouvert des chantiers, avec la grande réforme de l'organisation de la maison, de la continentalisation. Cela mettra des mois à se faire. Il a beaucoup redynamisé l'antenne de RMC Moyen-Orient".

Le Prix Palestine-Mahmoud Hamchari 2004  à Alain Ménargues

Le Prix Palestine-Mahmoud Hamchari 2004 a été décerné à Alain Ménargues pour son livre Le mur de Sharon. Le jury du Prix Palestine-Mahmoud Hamchari –du nom du Délégué de l’Organisation de Libération de la Palestine, assassiné à Paris en 1972 par le Mossad- s’est réuni le mercredi 17 novembre à Paris en vue de désigner son lauréat 2004.

Après avoir rendu un hommage unanime à la mémoire du Chef de l’Autorité Palestinienne disparu, le jury, que présidait cette année, Madame Huguette Pérol, Prix de l’Amitié Franco-Arabe 1975, a porté son choix dès le premier tour de scrutin sur le livre de Alain Ménargues, Le Mur de Sharon. Publié en octobre dernier aux Presses de la Renaissance avec le concours de France Inter.

Grand reporter, reconnu comme l’un des plus éminents spécialistes du monde arabe dont il a «couvert» pendant de nombreuses années les événements les plus marquants, Alain Ménargues s’est vu attribuer le Prix Pierre Mille (1985) et Scoop (1988) pour son traitement de la guerre du Liban et de l’actualité du Monde arabe. Il est l’auteur de: Les Larmes de la colère (Presses de la Renaissance, 1991) et de Les Secrets de la guerre du Liban: du coup d’État de Bachir Gemayel aux massacres des camps palestiniens (Albin Michel, 2004).

Initié par les Travaillistes, réalisé par le Likoud au mépris du Droit international, des résolutions de l’ONU et dans l’indifférence quasi générale, Le Mur de Sharon apparaît sous la plume avertie et sans concession d’Alain Ménargues, dans toute son aberration avec, pour inévitable conséquence, un nouvel exode pour des dizaines de milliers de Palestiniens … Le pire est à craindre, selon l’auteur, cette réitération du mur de la honte risquant d’anéantir toute chance de réconciliation. D’où son interrogation quelque peu angoissée: «de quoi demain sera fait, sachant que l’injustice frappera l’un, plus l’autre qui en souffrira?»

Le jury qui est confronté au fil des années à un choix de plus en plus difficile, compte tenu de la diversité et de la qualité des ouvrages qui lui sont présentés (treize en 2004), s’est plu à souligner les mérites de plusieurs livres parmi lesquels: Le Cri des oliviers de Sumaya Farhat Naser (Labor et Fides), Made in Palestine de Fanny Germain (Ramsay) qui a suscité «un coup de cœur» de plusieurs membres du jury, Palestine. Chroniques d’une occupation de Mari Otxandi (Gatuzain) ou encore Capuccino à Ramallah de Souad Amiry (Stock) et Checkpoint de Azmi Bishara (Actes Sud/Sindbad).

Auparavant, les membres du jury ont exprimé tout le bien qu’ils pensaient -et toute l’estime que leur inspire son auteur- de la biographie de Yasser Arafat, Yasser Arafat, l’Irréductible (Fayard 2004), rédigée de main de maître par un autre éminent journaliste Amnon Kapeliouk et excellemment préfacée par Nelson Mandela.

Ils ont enfin manifesté leur gratitude aux éditeurs qui, chaque année, par des services de presse renouvelés, contribuent de manière déterminante à la pérennité du Prix Palestine-Mahmoud Hamchari. Avec, en 2004, une reconnaissance particulière pour les Éditions Sindbad/Actes Sud qui «ont mis en compétition» pas moins de quatre ouvrages dont le très beau recueil de poèmes de Mahmoud Darwish, traduit de l’arabe par Elias Sanbar: État de siège, écrit pendant le siège de Ramallah, en 2002.

Alain Ménargues se verra remettre son prix samedi 4 décembre à 18h15 dans les salons du Centre Culturel Syrien, 12 Avenue de Tourville à Paris 7è. Il se prêtera ensuite à une séance de dédicaces.

Rappelons que le jury du Prix (créé en 1979 à l’initiative de l’ASFA, Association de Solidarité Franco-Arabe et de la revue France Pays Arabes) est constitué de neuf membres: Mesdames Marie-Claude Hamchari, Kenizé Mourad et Huguette Pérol; Messieurs Paul Balta, Lucien Bitterlin, Henri Loucel, Jean Rabinovici, Philippe de Saint Robert et Robert Vial (Secrétaire permanent du jury).

Le jury du Prix 2005 sera présidé par Jean Rabinovici, journaliste et critique de cinéma.

(Communiqués des deux prix)

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