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INTRODUCTION:L'image de la France ternie par ce genre de procès
Chapitre I - Sionisme contre judaïsme
A - Le projet colonial de Herzl
B - Les conséquences politiques de cette sacralisation du nationalisme
1) - Epuration ethnique: expulsion et oppression des Palestiniens
2) - Collaboration des sionistes avec Hitler
a) - L'accord de transfert (Haavara)
b Les Conseils juifs (judenrat)
d) - Du mépris à la sacralisation des victimes
3) - La contradiction fondamentale du sionisme et sa politique terroriste
a) - Déconstruire les mythes sionistes
b) - Démasquer le Lobby sioniste
II - QUI MINIMISE LES CRIMES D'HITLER?
(Ceux qui les situent dans l'histoire juive? ou ceux qui les situent dans l'histoire universelle?)
1) - Note sur l'exemplarité du Tribunal de Nuremberg
a) - Le refus du "tu quoque"
b) - Le refus d'examiner les causes historiques de l'ascension d'Hitler
c) - Le refus d'un examen critique des témoignages (Note sur les chambres à gaz)
d) - Le refus de la critique des textes.
2) - La dernière infamie: un million de juifs contre 10000 camions, et une paix séparée avec Hitler.
III - LA POLITIQUE ISRAELIENNE, DETONATEUR D'UNE NOUVELLE GUERRE MONDIALE
a) - Sa position stratégique au carrefour de trois continents
b) - Sa surveillance des pays pétroliers du Golfe.
c) - Son mythe pseudo-thélogique de peuple élu
d) Une éducation néo-nazie
Qui est coupable?
- Celui qui commet le crime?
- Celui qui le démasque?
- Celui qui veut étouffer cette protestation et qui se fait ainsi complice?
***
INTRODUCTION
L'image de la France ternie par ce genre de procès
********* Mon livre porte sur la politique israélienne et sur ses fondements idéologiques.
Je suis accusé:
1·- De diffamation de personnes ou de communautés en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse. Or je défie quiconque de trouver une seule ligne de mon livre où le mot juif soit employé dans un sens péjoratif. Je critique uniquement ceux (personne ou parti) qui ont utilisé la religion pour justifier une politique. Si je condamne la politique des talibans, je ne diffame pas l'Islam, je le défends au contraire contre ceux qui le déshonorent.
Dans le même esprit, lorsque je critique les talibans israéliens ou pro-israéliens, précisément pour leur instrumentation de la religion juive au service d'une politique de guerre, ma lutte contre eux fait partie de ma lutte contre l'antisémitisme que je considère comme un crime punissable par la loi, et que leur politique est en train de déchaîner.
2· Je suis accusé aussi de minimiser les crimes d'Hitler alors que ce sont mes adversaires qui les minimisent:
a - en les réduisant à ses seuls crimes contre les juifs alors que sa guerre a coûté 50 millions de morts.
b en faisant une fixation obsessionnelle contre une de ses méthodes de meurtre, en occultant une multitude d'autres formes d'assassinat.
"Comment se sont déroulées les séances de cet absurde jugement?"
C'est la question que me posait Yehudi Menuhin lorsqu'il reçut le texte du jugement contre lequel je fais aujourd'hui Appel.
Le grand musicien n'était pas le seul à dénoncer l'absurdité du procès: l'ancien président de la République Suisse, M. Chevallaz, historien d'origine, caractérisait déjà ce procès comme un nouveau Mac Carthisme et une nouvelle "chasse aux sorcières". Il parle d'Inquisition. 20 professeurs des plus grandes Universités italiennes, de Rome, de Turin, de Naples, de Milan, de Pise, de Florence, dans la Stampa du 28 mars 1998, protestent contre le jugement sous le titre: Ce livre n'est pas raciste!
"La condamnation, en France, de Roger Garaudy pour avoir écrit un livre sur Les mythes fondateurs de la politique israélienne, constitue un épisode grave de répression culturelle. Dans les considérants de la sentence le philosophe français a été condamné pour contestation de crimes contre l'humanité.
Mais cela, justement est absurde, et constitue un motif de grande préoccupation: il est notoire que cet écrivain est étranger à toute forme de racisme; c'est une aberration qui révèle un risque de barbarisation (imbarbarimento) du climat culturel en Europe, de l'avoir condamné pour avoir discuté et réinterprété sur la base notamment d'une vaste documentation, puisée souvent chez les auteurs juifs - l'ampleur et les modalités spécifiques de ce qu'il reconnaît comme le martyre des juifs et les crimes immenses d'Hitler contre les juifs.
Nous sommes favorables à une discussion libre sur les thèses de Garaudy - ce qui, évidemment ne signifie pas que nous les partageons et nous protestons contre ce jugement pour délit d'opinion et contre la Loi qui l'a inspiré: la loi Gayssot.
Nous exprimons notre crainte pour les risques que courent la culture et l'édition non seulement en France, mais dans le reste de l'Europe si se répandait la mode, pour les tribunaux, de se substituer à ce qui relève de la recherche scientifique."
Je me réjouis de cet Appel, demandé conjointement par moi-même et par nos adversaires, car malheureusement, les événements ont vérifié ma thèse sur les dangers d'une interprétation intégriste de la Bible et de l'histoire, de la transformation du mythe en histoire. Mes prévisions sur le rôle d'Israël comme détonateur d'une troisième guerre mondiale, sont vérifiées dans les faits par la politique de M. Netanyahou. La traduction de mon livre en 29 pays a montré que des millions d'hommes et de femmes ont conscience de ce danger. L'ouverture des archives israéliennes a permis à des historiens israéliens de détruire ces mythes, et de passer, en Israël même, de la mythologie à l'histoire.
Des historiens de toutes les nations ont protesté contre la tentative d'étouffement de mes réflexions sur la malfaisance de cette mythologie.
Ce qui reste du premier procès, issu de la Loi Gayssot, c'est que l'image de la France comme patrie des droits de l'homme et de la liberté d'expression, a été ternie auprès des nations.
J'espère que ce procès, en appel, permettra de restaurer cette image.
*** Chapitre I -
Sionisme contre judaïsme*****
Je n'ai, malheureusement pu donner qu'un portrait attristant de mes accusateurs dont la seule obsession était d'identifier Sionisme et Judaïsme et, par conséquent, de traiter d'antisémite quiconque portait un jugement critique sur la politique d'Israël ou de ses idéologues.
Par exemple, le seul témoin appelé par eux, M. Tarnero, un universitaire pourtant, n'hésite pas à falsifier grossièrement une citation de mon livre se terminant, disait-il, par la formule: "Être juif aujourd'hui signifie être lié à Israël" dissimulant à l'auditoire que cette formule était, non pas de moi, mais d'un écrivain israélien: Schlomo Avineri, citation que je donnais en italique et avec ma source: The making of modern sionism 1981. p. 197.
Le président de la LICRA, M. Pierre Aïdenbaum a donné le ton dans son communiqué du 24 avril 1996:
- "Certains... sous couvert d'un antisionisme, ne cachent plus leur véritable antisémitisme, cela a été jugé dans notre pays par les tribunaux."
Oui, cela a été jugé par les tribunaux et précisément pour condamner la LICRA qui cherche à faire croire que le Sionisme, qui est une politique, s'identifie avec le Judaïsme, qui est une religion.
Je rappelle seulement la sentence rendue par le Tribunal de grande instance de Paris, le 24 mars 1983, (confirmée en appel et par la Cour de Cassation) dans le procès qu'avait intenté la LICRA contre le père Lelong, le pasteur Matthiot, Jacques Fauvet (Le Monde) et moi-même:
- "considérant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie qui l'inspire et non de provocation raciale... déboute la LICRA de toutes ses demandes, et la condamne aux dépens."
Deuxième contrevérité: dans la même déclaration il affirme:
- "Roger Garaudy, comme Robert Faurisson ont fait du négationnisme leur nouvelle Bible."
Etrange assimilation, au moment même où M. Faurisson écrivait contre moi un violent pamphlet. Assimilation d'autant plus mensongère que le problème de M. Faurisson n'est pas le mien: mon livre, comme son titre l'indique, est dirigé contre la politique israélienne qui peut constituer, comme les événements, depuis lors, l'ont montré, le détonateur d'une guerre mondiale; l'histoire dans mon livre n'est pas l'objet central: je ne l'évoque qu'en citant les analyses des spécialistes, surtout israéliens ou sionistes, comme Reitlinger, Poliakov, Hillberg, Bedarrida, comme aujourd'hui les nouveaux historiens d'Israël. L'un d'eux, Benny Morris, dit même:
- "Il ne s'agit pas de nouvelle histoire mais d'histoire tout court, puisqu'avant il n'y avait que de la mythologie."
En 1997, le professeur Zeev Sternhell, de l'Université hébraïque de Jérusalem, écrit un livre intitulé: Les mythes fondateurs du nationalisme israélien. Ce livre est édité aux très sérieuses Princeton University press (article du Monde Diplomatique de mai 1998.)
En 1998 la librairie Gallimard publie La nouvelle histoire d'Israël, d'Ilan Greilshammer, professeur de sciences politiques à l'Université Bar Ilan, où le mot mythe est employé 101 fois. Je ne prétends pas être un précurseur ni donner des leçons aux historiens. Nous y reviendrons à propos du mythe où l'on voit une injure de ma part, mais je souligne au contraire:
1· - que mon procès n'est pas celui de M. Faurisson ni d'aucun autre historien critique.
2· - que l'on ne pourrait pas me faire un tel procès, même en Israël, où, selon Le Monde du 4 avril, dans un article intitulé: De la mythologie à l'histoire, des chercheurs ont entrepris un travail de déconstruction des mythes. M. Zeev Sternhell en loue "l'influence salutaire "et ajoute que "jamais la remise en cause de nos mythes fondateurs n'avait été si répandue"."
Troisième contrevérité de M. Aïdenbaum: il écrit dans sa déclaration:
"Abbé Pierre, vous avez dit ne pas avoir lu ce livre. Je reste pour ma part persuadé qu'après sa lecture, ce livre suscitera de votre part la même réprobation et indignation que la nôtre."
Et voici la réalité: l'abbé Pierre écrit, pour une interview que lui avait demandée Le Monde, ce texte dont il m'a adressé une copie le 28 juillet 1996, et que j'ai publié, avec son accord, dans mon livre Mes témoins.
... Au monastère, j'ai pu, au calme, lire et annoter le livre incriminé. N'ayant rien pu y trouver de blâmable et me sachant bien peu savant, j'ai demandé aux Recteurs de deux des plus grandes universités catholiques en Europe, de bien vouloir remettre le livre, traduit en leur langue, à trois maîtres hautement spécialistes d'histoire, de théologie et de science biblique. Leurs avis m'importeront plus que ceux de la Licra.
Lorsque commence le lynchage contre le travail et la personne de Garaudy, je n'avais pas pu lire encore le livre. C'est à la personne que je témoignais, dans ma lettre du 15 avril, ma confiance en sa conscience dans tout ce qu'il entreprenait, et en ses compétences.
La Licra l'a attaqué en justice, je suis tenté de dire: "tant mieux"! Mais j'ai compassion pour les juges qui auront à décider en fonction d'une loi, dite Gayssot, déclarée par Simone Veil: "loi qui affaiblit la vérité historique en essayant de lui donner une valeur légale." Loi contre laquelle votèrent, avec Chirac, Juppé, Seguin, Deniau, Jean de Gaulle, Barre, Balladur, les actuels ministres de la justice Toubon et de l'intérieur Debré, et plus de 250 députés,
La Licra (ce qui veut dire: Ligue Internationale contre le racisme et l'antisémitisme) jouit depuis juillet 1972 d'un privilège exorbitant lui donnant pouvoir de faire dire qui est raciste et qui ne l'est pas (cf. Journal Officiel, Assemblée Nationale, 2e séance du 2 mai 1990, déclarations de Jacques Toubon pp. 936 et 948).
Le mouvement sioniste avec ses puissants chefs fixés aux Etats-Unis, et comptant très lourd dans toute élection américaine, a pour volonté de posséder tout ce territoire tracé par la Bible: du Nil à l'Euphrate.
En tous les lieux stratégiques des politiques concernant ces Etats, le mouvement sioniste a ses agents secrets, en France comme ailleurs, et leur doctrine se montre de plus en plus raciste et impérialiste à l'égard des Palestiniens.
Les méthodes aussi deviennent de plus en plus celle des tyrannies, depuis les meurtres de Bernadotte, Rabin... les massacres: Deir Yassin, Sabra et Chatila, Hébron, Cana...
Enfin l'Aumônerie de l'armée israélienne dépend entièrement de rabbins sionistes. Les soldats s'entendant répéter le but: l'empire défini par la Genèse, et s'entendant sans cesse prêcher le modèle qu'est Josué.
Evidemment, dans un tel projet fou, ni l'Etat d'Israël, ni surtout un refuge palestinien, ne peuvent avoir place.
Il est clair qu'un grand nombre de citoyens israéliens sont hostiles à de tels projets, car ils veulent la paix.
Enfin, il ne faut pas ignorer que depuis Herzl, jusqu'à quelques-uns des plus hauts dans l'Etat d'Israël aujourd'hui, se disent non croyants mais, cyniquement, invoquent la Genèse pour justifier leur position.
Où en sont les espoirs de paix? Israël échappera-t-il à une guerre civile? Il n'est pas possible de laisser oublier que dans un procès analogue, voulu par cette ligue, contre Fauvet (Le Monde) Garaudy et un Pasteur, elle fut déboutée aux dépens. Certes les termes de la Loi Gayssot sont si nouveaux et si absurdes, qu'ils placent les juges dans une situation impossible selon les propos de M. Toubon (cf. Journal Officiel, Assemblée nationale, 3e séance du 21 juin 1991. p. 3572) déclarant cette "Loi inapplicable". Seul un "non-lieu serait digne de notre démocratie."
Telle est, monsieur Aidenbaum, après qu'il a lu le livre, l'opinion de l'Abbé Pierre.
De même Yehudi Menuhin, m'écrit le 27 novembre 1997 dans un courrier de plus de 10 pages:
"Mon cher Garaudy,
J'ai apprécié votre lettre excellente et compréhensive et je partage vos sentiments de frustration et votre déception pour le cours des événements qui nous conduisent, je le crains, à un futur conflit..." (Il me joint à ce sujet un article qu'il a publié dans Haaretz sur Jérusalem, et, rappelant le beau livre de son père le rabbin Moshe Menuhin sur The Decadence Of Judaism, qui condamne durement le sionisme et prévoit la politique de guerre), il dit: "sans aucun doute mon père avait un sûr instinct et prévoyait les développements auxquels nous assistons avec horreur et crainte."
Et il ajoute:
"Puis-je vous dire que vous êtes mon père réincarné (impersonated) dans une idéologie musulmane?"
"Je ne sais pas ce qu'est la LICRA, mais tenez-moi informé, et je suis tout à fait prêt à dire exactement ce que je pense de votre bon travail... et mon expérience personnelle de votre intégrité." (Fin de citation)
Voici cette lettre.
Ajouterais-je à mon tour qu'une dépêche d'Associated Press, du 10 septembre 1996, communiquait dans sa rubrique nécrologique, que le rabbin Elmer Berger, ancien président de la Ligue pour le judaïsme aux Etats-Unis et fondateur de la revue Alternative au sionisme, avait décidé d'écrire la Préface à l'édition américaine de mon livre sur Les mythes fondateurs de la politique israélienne.
Telle était l'opinion des plus grandes figures juives du monde: Einstein, Martin Buber, Judah Magnes, fondateur de l'Université hébraïque de Jérusalem, le professeur Leibowitz dirigeant de l'Encyclopaedia Judaïca, et les deux grands historiens de l'antisémitisme: Bernard Lazare et Hannah Arendt.
Déjà, en 1938, Albert Einstein avait condamné cette orientation1
:
"Il serait, à mon avis, plus raisonnable d'arriver à un accord avec les Arabes sur la base d'une vie commune pacifique que de créer un Etat juif... La conscience que j'ai de la nature essentielle du judaïsme se heurte à l'idée d'un Etat juif doté de frontières, d'une armée, et d'un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que le judaïsme subira en raison du développement, dans nos rangs, d'un nationalisme étroit..."
Martin Buber déclarait à New York2
:
"Le sentiment que j'éprouvais, il y a soixante ans, lorsque je suis entré dans le mouvement sioniste, est essentiellement celui que j'éprouve aujourd'hui... J'espérais que ce nationalisme ne suivrait pas le chemin des autres - commençant par une grande espérance - et se dégradant ensuite jusqu'à devenir un égoïsme sacré, osant même, comme Mussolini, se proclamer "sacro egoïsmo", comme si l'égoïsme collectif pouvait être plus sacré que l'égoïsme individuel... Lorsque nous sommes retournés en Palestine, la question décisive fut: voulez-vous venir ici comme un ami, un frère, un membre de la communauté des peuples du Proche-Orient, ou comme les représentants du colonialisme et de l'impérialisme?"
A l'université hébraïque de Jérusalem, dont il était président, depuis 1926, Judah Magnes, prononçait, à la rentrée de 1946, son allocution d'ouverture3
:
"La nouvelle voix juive parle par la bouche des fusils... Telle est la nouvelle Thorah de la terre d'Israël. Le Monde a été enchaîné à la folie de la force physique. Le ciel nous garde d'enchaîner maintenant le judaïsme et le peuple d'Israël à cette folie.
Nous ne pouvons pactiser avec une société où le nationalisme est devenu un credo imposé... A la lumière notre conception universaliste de l'histoire du destin juif, et aussi parce que nous sommes préoccupés par la situation et la sécurité des juifs dans les autres parties du monde, nous ne pouvons souscrire à l'orientation politique qui domine le programme sioniste actuel, et nous ne la soutenons pas. Nous croyons que le nationalisme juif tend à créer la confusion chez nos compagnons sur leur place et leur fonction dans la société, et détourne leur attention de leur rôle historique: vivre en communauté religieuse partout où ils sont."
Personnellement, je n'ai pris conscience que fort tard de l'opposition radicale du sionisme et du judaïsme et de la contradiction fondamentale du sionisme: né, avec Théodore Herzl, des nationalismes du XIXe siècle européens, cette doctrine politique, professée par des athées, tels que Herzl lui-même, Ben Gourion, Golda Meir et tous les Pères fondateurs du sionisme, avait besoin, pour sa justification fondamentale, de la récupération de postulats bibliques (ou se disant tels) d'une terre promise. Il ne pouvait donc se développer qu'avec l'appui des éléments les plus intégristes et littéralistes du rabbinat pour faire croire qu'une terre conquise était une terre promise.
Ils revendiquent la propriété de cette terre qui leur aurait été donnée par un Dieu auquel ils ne croient pas. Pour ma part je n'ai compris cette contradiction qu'en faisant l'expérience de ses conséquences criminelles.
C'est par la lecture de la Bible que je suis entré, en 1933, dans la grande famille abrahamique universaliste, que je n'ai, depuis lors, jamais abandonnée.
J'ai appris, du sacrifice d'Abraham, qu'au-delà de nos petites morales, et de nos petites logiques, il y avait des valeurs absolues, divines, qui les dépassaient.
J'ai appris, des récits de l'Exode, ce que l'on appellera plus tard les théologies de la libération à l'égard de toutes les oppressions et de toutes les tyrannies.
J'ai appris de l'épopée de Josué qu'un homme habité par Dieu est invincible, capable, selon les paraboles du récit biblique, d'arrêter le soleil ou d'anéantir le mal parmi les hommes, bien que cela fut dit dans le langage barbare de l'époque, car un Dieu transcendant ne peut parler à l'homme que par paraboles et l'homme ne parler de Dieu que par métaphores.
C'est en puisant dans cette foi notre force que, dans notre camp de concentration où je me trouvais avec le fondateur de la LICA (devenue la LICRA) Bernard Lecache, nous faisions, la nuit, des cours clandestins sur les Prophètes d'Israël.
Ce n'est que plus tard que je pris conscience du détournement sioniste du mythe grandiose en une fausse histoire destinée à justifier une politique nationaliste, raciste et d'expansion coloniale.
La magnifique promesse d'Abraham, de l'alliance de Dieu avec l'Homme, avec, comme dit la Bible "toutes les familles de la terre", devenant promesse d'une terre, selon le rite tribal de tous les dieux de Canaan.
Le grandiose mythe de l'Exode prototype universel de toutes les libérations, devenant un miracle de la puissance d'un Dieu des armées et d'un Dieu de la vengeance appelant au massacre des populations autochtones.
En 1974, dans le journal Yediot Aharonot, Menahen Barash utilisait les textes bibliques pour définir l'attitude israélienne à l'égard des Palestiniens:
"Cette peste déjà dénoncée dans la Bible... Pour nous emparer de la terre promise par Dieu à Abraham., nous devons suivre l'exemple de Josué pour conquérir la terre d'Israël et nous y installer, comme le commande la Bible... Il n'y a pas de place, en cette terre, pour d'autres peuples que celui d'Israël. Ce qui signifie que nous devons en expulser tous ceux qui y vivent... C'est une guerre sainte exigée par la Bible."
Lorsque j'écoute, à la télévision française, l'émission israélite du dimanche matin, une conférence sur Les qualités morales et spirituelles de Josué, je suis bien obligé de conclure que la dénaturation de la parabole en récit biblique conduit au crime.
Et de dire à des sectaires de ce genre ce que Jean Jacques Rousseau leur disait déjà dans son Emile:
"Votre Dieu n'est pas le nôtre. Celui qui commence par choisir un seul peuple pour détruire les autres n'est pas le Père de tous les hommes."
Le sionisme entrait ainsi dans le droit commun de tous les nationalismes utilisant la religion pour justifier leur politique. "Gesta Dei per Francos" (ce sont les Français qui accomplissent l'oeuvre de Dieu), depuis les Croisades jusqu'aux conquêtes coloniales; "Got mit uns", Dieu est avec nous, disaient les ceinturons des soldats de Bismark ou d'Hitler, pour vaincre par le fer et par le feu. "Nous avons une mission divine de civilisation", disaient les Afrikaners en créant l'apartheid. Les colons puritains d'Amérique, dans leur chasse à l'indien pour s'emparer de leurs terres, invoquaient Josué et les exterminations sacrées des Amalécites et des Philistins. (Thomas Nelson "The Puritans ef Massachussets", Judaism. vol. XVI, n· 2, 1967.)
Le nationalisme sioniste israélien n'échappe pas à cette règle, avec cette variante originale chez ses dirigeants athées: ils prétendent que cette terre leur a été donnée par un Dieu auquel ils ne croient pas.
Cet apparent paradoxe est expliqué par Nathan Weinstock dans son livre: Le sionisme contre Israël:
"Si l'obscurantisme rabbinique triomphe en Israël, c'est parce que la mystique sioniste n'a de cohérence que par référence à la religion mosaïque. Supprimez les concepts de "Peuple élu" et de "Terre promise", et le fondement du sionisme s'effondre. C'est pourquoi les partis religieux puisent paradoxalement leur force dans la complicité des sionistes agnostiques. La cohérence interne de la structure sioniste d'Israël a imposé à ses dirigeants le renforcement de l'autorité du clergé. C'est le parti social-démocrate "Mapai", sous l'impulsion de Ben Gourion, qui a inscrit les cours de religion obligatoires au programme des écoles, et non les partis confessionnels." (Source: Le sionisme contre Israël. Maspéro, 1969, p. 316.)
A - Le projet colonial de Herzl
Le Père fondateur du sionisme, Théodore Herzl, est la plus parfaite illustration de cette déchéance du mythe en une fausse histoire au service du nationalisme.
Herzl ne cache pas son athéisme: dans son journal (Tome I, p. 270 de l'édition anglaise) il écrit, le 23 novembre 1895):
"J'ai dit au grand rabbin de Londres, comme je l'avais dit à Zadoc Kahn, Grand rabbin de Paris, que je n'obéissais à aucun mobile religieux dans mon projet."
"26 novembre 1895: Asher Myers (du Jewish Chronicle de Londres), m'a demandé: quelle est votre relation avec la Bible?
Je lui ai répondu: Je suis libre penseur."
Son entreprise est uniquement coloniale. Il écrit à Cecil Rhodes en janvier 1912 (T. III; p. 1194):
"Pourquoi je m'adresse à vous? Parce qu'il s'agit d'une affaire coloniale. je vous demande de donner le poids de votre autorité au projet sioniste."
Ce projet consistait, dans son esprit, à créer, comme l'avait fait, à ses débuts, Cecil Rhodes, une Compagnie à charte sous la protection d'une grande puissance coloniale comme l'Angleterre, ou à ambition coloniale, comme l'Allemagne de Guillaume II.
Et ceci, n'importe où: Ouganda, Mozambique, Argentine, Chypre ou Tripolitaine.
Ses amis lui font remarquer que la Palestine constituerait un mot d'ordre mobilisateur plus efficace.
Herzl, en diplomate réaliste, se rallie à leur suggestion pour utiliser ce qu'il appelle la puissante légende (T. I, p. 5) celle du retour, qui est pour lui, pure légende, mais force mobilisatrice pour des juifs pieux.
La Palestine a si peu, pour lui, une signification religieuse qu'il écrit:
"Je peux tout vous dire sur la "Terre promise", sauf l'endroit où elle sera située... nous devons tenir compte de toutes sortes de facteurs naturels... Pour notre futur commerce mondial nous devons nous placer sur la mer, et, pour notre agriculture hautement mécanisée, nous devons disposer de larges étendues... La décision sera prise par notre Conseil d'administration." (13 juin 1895. T. l, p. 133)
Voilà l'origine du sionisme proprement dit.
La définition la plus officielle, se trouve dans L'Encyclopédie du sionisme et d'Israël publiée à New York, par Herzl Books en 1971, sous le patronage du président d'Israël, M. Salman Shazar. A l'article Sionisme (p. 1262 du Volume II) se trouve cette définition:
"Terme forgé en 1890, pour le mouvement qui se donne pour but le retour du peuple juif sur la terre d'Israël (Palestine). Depuis 1896, "sionisme" se rapporte au mouvement politique fondé par Théodore Herzl."
Lorsque Théodore Herzl fonde ce mouvement politique il se heurte à l'opposition de l'immense majorité des juifs et de leurs rabbins.
La preuve: la plus grande partie du premier volume des Diaries de Théodore Herzl, couvrant la période 1896-1898, est consacrée aux réponses faites à des déclarations de rabbins dirigeants de l'époque comme le Dr Gudeman, Grand rabbin de Vienne; le Dr Mayerbaum, président de l'Association rabbinique Allemande; le Dr Vogelstein, Fondateur et président de l'Association des rabbins libéraux et des rabbins de Pilsen et de Stettin; le Grand rabbin Adler de Londres, et le rabbin Bloch de Bruxelles. Une large place est également consacrée à une réponse à Claude Montefiore, président du Mouvement libéral juif en Angleterre et président de l'Association anglo-juive. Il y a encore une réponse à une déclaration du Comité exécutif de l'Association des rabbins d'Allemagne et signée par les rabbins de Berlin, Francfort, Breslau, Halberstadt et Munich, qui conteste les "notions erronées" sur les "principes du judaïsme et les objectifs de ses croyants".
Rufus Learsi résume la première réaction des organisations juives européennes au message de Herzl:
"les importantes organisations juives de l'Europe occidentale l'Alliance Israélite Universelle de France, sa branche autrichienne, l'lsraëlitische Allianz, l'Association de la communauté Juive de Londres s'y opposèrent..." Rufus Learsi: Israel: A History of The Jewish People. (Cleveland. 1966 p. 521-522)
Résumant cette critique théologique fondamentale, le rabbin Hirsh, disait avec véhémence, dans le Washington Post du 3 octobre 1978:
"Le sionisme est diamétralement opposé au judaïsme. Le sionisme veut définir le peuple juif comme une entité nationale... C'est une hérésie."
C'est en continuité avec cette critique théologique du sionisme (que je m'abstiens de faire par respect de la foi juive qu'il appartenait de définir à des rabbins plus qualifiés que moi pour cela) que je reprends seulement sa position religieuse à la première ligne de mon livre:
"Ce livre est l'histoire d'une hérésie"
Le rabbin Elmer Berger: Prophecy, Zionism and the state of Israël Ed. American Jewish Alternatives to Zionism. Conférence prononcée à l'université de Leiden (Pays Bas) le 20 mars 1968, dénonçait la double idolâtrie de la terre et de la race:
"Sion n'est sainte que si la loi de Dieu règne sur elle. Et cela ne signifie pas que toute Loi édictée à Jérusalem est une Loi sainte. Ce n'est pas seulement la Terre qui dépend de l'observance et de la fidélité à l'Alliance: le peuple réinstallé à Sion est tenu aux mêmes exigences de justice, de droiture, de fidélité à l'Alliance de Dieu.
Sion ne pouvait attendre une restauration d'un peuple s'appuyant sur des traités, des alliances, des rapports militaires de force, ou d'une hiérarchie militaire cherchant à établir sa supériorité sur les voisins d'Israël.
La tradition prophétique montre clairement que la sainteté de la terre ne dépend pas de son sol, ni de son peuple, de sa seule présence sur ce territoire.
Seule est sacrée, et digne de Sion, l'Alliance divine qui s'exprime dans le comportement de son peuple.
Or l'actuel Etat d'Israël n'a aucun droit à se réclamer de l'accomplissement du projet divin pour une ère messianique...
C'est là pure démagogie du sol et du sang.
Ni le peuple ni la terre ne sont sacrés et ne méritent aucun privilège spirituel du monde."
L'utilisation de la religion comme instrument politique pour cautionner son entreprise coloniale, est évidente chez Herzl: Cet agnostique comme il s'appelle lui-même, écrit:
"Les rabbins seront les piliers de mon organisation... Ils constituent une fière hiérarchie, qui, bien sûr, sera toujours subordonnée à l'Etat." (14 juin 1895. T. I, p. 114)
L'objectif est nationaliste. Relatant son entretien à Paris, le 16 novembre 1896, avec le grand rabbin Zadoc Kahn il précise: "Un homme doit choisir entre Sion et la France." (p. 272) et il ajoute le 18 novembre: "Les Français israélites - s'il en est ne sont pas des juifs à nos yeux, et notre cause n'a rien à voir avec leurs affaires" (T. I, p. 275)
Herzl exclut ainsi la foi juive comme étrangère au projet sioniste. L'essentiel pour lui, est de rassembler les juifs dans une nation. C'est pourquoi l'antisémitisme est pour lui un allié objectif puisqu'il incite leurs concitoyens de religion juive à l'émigration. Herzl en a parfaitement conscience: "les antisémites, écrit-il, seront nos meilleurs alliés." (T.I, p. 287)
Il dit par exemple au ministre russe Von Plehve, au lendemain même du terrible pogrom de Kichinev organisé par lui, qu'il le débarrassera de ses révolutionnaires juifs (Diaries T. I, p, 387. sqq).
Il s'agissait avant tout d'exploiter les rivalités coloniales des grandes puissances: il promet aux Anglais de protéger, contre les visées allemandes au Proche Orient, la route des Indes à partir de l'Ouganda ou de la Palestine situées au carrefour de trois continents, tout comme il promettait à Guillaume II de protéger, contre les Anglais, son projet "Berlin, Byzance Bagdad."
Aux deux rivaux avides de partager les dépouilles de l'homme malade, c'est-à-dire l'Empire ottoman, il propose de protéger sa Compagnie à charte:
"Une autre puissance pourrait aider ce mouvement. J'ai d'abord pensé que ce pourrait être l'Angleterre. Mais, je serais heureux que ce fut l'Allemagne." (T. I, p. 234.)
Le 19 octobre 1898, grâce a ce chantage, il obtient une audience avec le Kaiser:
"Lorsque je lui ai proposé mon affaire: la Compagnie à Charte et protectorat allemand, il opina favorablement." (T.I, p. 267).
Herzl fait miroiter devant le Kaiser le rôle que pourrait jouer le sionisme pour le débarrasser du socialisme. La seule crainte de l'Empereur c'est que "si les juifs ont le sentiment d'être sous sa protection ils ne voudront plus quitter l'Allemagne." (T.I.p. 268)
A cela Herzl avait déjà trouvé la réponse. En avril 1896, il avait répondu au Duc de Bade, qui craignait, "en soutenant notre cause, de passer pour antisémite." (Idem. p. 118). "Les juifs allemands accueilleront bien notre mouvement. Car il détournera l'afflux des Juifs d'Europe orientale." (Id. p. 12)
Mais, au-delà de ces tractations, le chef d'oeuvre de la diplomatie de Herzl fut de découvrir le dénominateur commun de tous les colonialistes occidentaux. Il écrit dans son livre: L'Etat juif (Ed. Lipschutz. Paris 1926, p. 95):
"Pour l'Europe nous constituerons là-bas un morceau de rempart contre l'Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie."
Dès lors la création de l'Etat jouant ce rôle au Proche Orient était, à plus ou moins long terme, assurée de l'appui de tous les colonialistes occidentaux.
B. Les conséquences politiques de cette sacralisation du nationalisme juif.
1 Nous verrons plus loin les conséquences de cette politique sous Hitler: la coopération de son antisémitisme et du sionisme qui aidait à "vider l'Allemagne de ses Juifs" (Judenrein) au détriment des "Allemands de religion juive" contre lesquels il s'acharna parce qu'ils voulaient rester en Allemagne et qu'on y respectât leur religion et leur culture.
Néanmoins cette revendication pseudo-biblique demeurera liée à la politique intérieure et extérieure du sionisme pour en consacrer l'unicité, au nom d'un privilège divin.
C'est par exemple au nom de cette unicité métaphysique que je suis accusé de minimiser les crimes nazis parce que je les relie à l'histoire universelle et non pas seulement à l'histoire juive. C'était déjà le reproche adressé à Bernard Lazare, puis à Hannah Arendt lorsqu'elle parlait de la banalité du mal.
L'on est invariablement accusé de minimiser les crimes nazis lorsqu'on replace la Shoah c'est-à-dire la persécution sanglante et incontestable des citoyens Juifs par l'antisémitisme hitlérien, dans le contexte de l'histoire universelle.
Mon livre ne cesse de dénoncer ce massacre catastrophique (Shoah signifiant catastrophe) perpétré par les nazis. Je n'ai jamais songé à le nier.
Mon livre ne cesse de dénoncer "le dessein monstrueux d'Hitler" (p. 62 et 251, sa sauvagerie (p. 97); ses "crimes immenses n'ont besoin d'aucun mensonge pour révéler leur atrocité" (p. 135). Ayant décrit "les conditions horribles qui firent des dizaines de milliers de victimes" je conclus:
"Tel fut le martyrologe des déportés juifs et slaves et la férocité des maîtres hitlériens les traitant en esclaves n'ayant même pas valeur humaine" (p. 257)
J'ajoute (p. 257): "Ces crimes ne peuvent être sous estimés, ni les souffrances indicibles des victimes."
"Sans aucun doute les juifs ont été l'une des cibles préférées d'Hitler en raison de sa théorie raciste de la supériorité de la race aryenne." (p. 152)
Mais j'ai commis un crime impardonnable aux yeux des sionistes: j'ai étudié la Shoah comme un fait historique, c'est-à-dire situé dans le contexte de l'histoire universelle qui, hélas a multiplié les Shoah: celle des Indiens d'Amérique, des captures d'esclaves africains, celles plus récentes, du Vietnam et de l'Irak, et de tant d'autres Rwanda.
Cette désacralisation d'une catastrophe historique est insupportable pour ceux qui veulent en faire un apax messianique échappant à l'histoire.
Quel est le postulat fondant cette colère et proclamant la Shoah uniquement unique selon l'expression de Roy Eckark, en 1974, dans son livre Is the holocaust unique?
Il s'agit d'un corollaire du dogme du peuple élu, de la volonté, disait Hannah Arendt de "ne raconter que le côté juif de l'histoire."
Le massacre des juifs par les nazis est unique, sans précédent, hors de l'histoire, parce que Dieu en a jugé ainsi par son élection d'un peuple unique, au-dessus de l'humanité, de ses lois et de son histoire: "Être juif c'est être un peu plus homme", écrivait Steiner; "On est d'autant plus homme, qu'on est juif" reprend le rabbin Eisenberg (directeur des émissions juives à Antenne II). dans son livre Une histoire des juifs. Elie Wiesel, dans son ouvrage Célébration Talmudique: "Le juif est plus proche de l'humanité qu'aucun autre."
De quel côté sont le racisme et la discrimination raciale?
Mgr. Grégoire Haddad écrit, dans une brochure du 15 août 1996:
"le massacre d'un seul juif par le nazisme est inacceptable... Mais la sacralisation de ce massacre, de cette Shoah, est, elle aussi, inacceptable."
1. La Shoah est un fait historique, abominable, exécrable, pour les morts, pour les rescapés et leurs parents, pour l'humanité tout entière, mais elle est un fait historique, objet d'étude, d'analyses, de statistiques, comme tout autre fait historique. En faire un phénomène sacré un tabou intouchable, c'est la sacraliser... Que révèle la sacralisation de la Shoah? Peur? Intérêt de prestige ou de finances? ou bien les deux à la fois "car, ajoute-t-il, le génocide, le massacre collectif, appelé Shoah et Holocauste a été non seulement sacralisé, mais aussi monopolisé, pour ne pas dire confisqué...
La Shoah juive est un massacre horrible, mais il n'est pas le seul dans l'histoire, même dans l'histoire contemporaine... les autres victimes du nazisme... atteignirent les 56 millions... Les Palestiniens, héritiers de peuples massacrés, auraient droit à réclamer des indemnités aux héritiers de ceux qui ont exterminé leurs ancêtres. Mais même s'il n'y a pas de prescription pour la Shoah, les Palestiniens ont passé l'éponge sur le passé.
Les sionistes ont des moyens puissants politiques, financiers, médiatiques, visibles et cachés pour rappeler au monde entier leur drame. Un matraquage exceptionnel par tous les mass médias y compris les films hebdomadaires sur les petits écrans, qui font un lavage de cerveau terrible, un matraquage programmé afin que personne n'oublie. Et le phénomène rare, sinon unique, résultant de cette culpabilisation est l'indemnité annuelle et perpétuelle qui est versée à Israël..."
Cette instrumentalisation de la religion, que ce soit par des fanatiques intégristes ou par des athées, est à la base de tous les mythes fondateurs de la politique israélienne.
Le rabbin, Moshe Menuhin (le père du musicien) dans son livre: The decadence of judaïsm, décadence engendrée par l'hérésie sioniste, écrivait:
"Les peuples sont aujourd'hui écoeurés par les notions de races supérieures, de peuples élus, du fardeau de l'homme blanc, des alliances avec Dieu et des terres promises, prétentions qui sont aujourd'hui exploitées par les forces agressives et immorales des nationalistes contre les peuples les plus faibles." (p. 244). "Ils n'ont plus qu'un Dieu: l'espace vital (Lebensraum), le nationalisme chauvin." (p. 496) Il montre qu'à l'encontre de l'universalisme des prophètes juifs, l'interprétation tribale et nationaliste de l'alliance et du peuple élu, par ceux qu'il appelle "les barbares tribaux comme Ben Gourion, Moshe Dayan, et tout le gang militaire qui a dévoyé Israël" (p. XIII) ont fait de l'Agence juive et des organisations sionistes, dans Le Monde entier "des organes du gouvernement d'Israël" (p. 350, 429 et 457) avec la même idéologie raciale que les antisémites. (p. 308)
P. 506. "J'ai le coeur brisé par les preuves de décadence continue du judaïsme actuel: le judaïsme universel, moral et humain de nos Prophètes qui se mue en nationalisme prétendu juif, avide de "Lebensraum", d'espace vital... je voudrai dire aux Israéliens: revenez vers le Dieu de vos pères, au judaïsme prophétique, répudiez le régime du napalm. Retournez aux frontières qui vous ont été données en 1947 par les Nations Unies aux dépens d'Arabes indigents, et vivez d'une vie constructive et non destructive."
Même analyse chez le professeur Israël Shahak, de l'Université hébraïque de Jérusalem: (Le racisme de l'Etat d'Israël p. 76.): "La religion juive est utilisée par le gouvernement sioniste à des fins politiques."
Suggérant les remèdes à cet intégrisme littéraliste et sanglant Monseigneur Haddad suggère:
"Une nouvelle compréhension du concept de "peuple élu", qui ne considère pas les autres peuples comme "non élus" par un Dieu discriminatoire et injuste.
L'Eglise catholique, au concile Vatican II, insistant sur son caractère communautaire, pour le distinguer de son aspect institutionnel, a redécouvert le mot de "peuple de Dieu". Présent à sa dernière session en 1965, j'ai proposé, comme motion d'amendement, le remplacement de "peuple de Dieu" par "les disciples du Christ" pour éliminer toute conséquence dévaluante des "autres peuples", qui ne seraient plus peuples de Dieu."
Nous l'avons montré: l'origine du sionisme politique n'a rien à voir avec le judaïsme dont il se sert comme d'un masque: il découle entièrement, depuis Herzl, du nationalisme européen et colonialiste du XIXe siècle.
Ainsi le professeur Kimmerling, de l'Université hébraïque de Jérusalem, écrit-il que: "ce régime n'est ni juif ni démocratique." (Haaretz 27.12.1996)
Mais telle étant l'origine, les conséquences politiques sont désastreuses.
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Ce texte est extrait du livre de Roger Garaudy intitulé Le Procès du sionisme. Il reproduit le système de défense de l'auteur dans son procès en appel à la suite de sa condamnation en janvier 1998 pour la publication d'un autre ouvrage, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Paris, 1e éd., La Vieille Taupe, 1995, 2e éd., samizdat Roger Garaudy, 1996. Il est affiché entre la première et la deuxième séance de la 11e Chambre de la Cour d'appel de Paris. Il est édité par les éditions Vent du Large et sera prochainement en librairie (ISBN : 2-912341-20-5).
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