Les deux auteurs et journalistes français, natif des Charente, Jérôme (1874-1953) et Jean (1877-1952) élus membres de l’Académie française, Jérôme et Jean Tharaud narrent dans un style relevé qui les fit apprécier de leur temps, des événements dont ils furent les contemporains et aussi, pour l’un d’eux, Jérôme, ex- universitaire maîtrisant la langue hongroise, le témoin direct, étant présent aux jours qui suivirent l’écroulement de la dictature sanglante de Budapest installée en Mars 1919. Ce journaliste et philologue connaissait la Hongrie depuis l’automne 1899, quand il avait été nommé lecteur de français à l’Université de Budapest Nul ne peut comprendre l’Europe centrale et les dispositions légales prises dans l’entre-deux guerres, pour y limiter l’influence juive, s’il ignore la Terreur exercée par ce que les auteurs français nomment des « israélites audacieux » qui mobilisèrent les miséreux, les sans-travail, mais aussi s’assurèrent de la complicité des « Alliés » pour vider entièrement, comme des vampires, le sang de la Hongrie, piller les banques etc, déchristianiser l’instruction publique, corrompre la morale publique sous prétexte d’éducation sexuelle etc . Ce sont ces mêmes agitateurs se faisant la main en Hongrie qu’ils transformaient en Palestine occupée d’aujourd’hui, qui fourniraient les cadres de la colonisation sioniste et de la dictature soi-disant « communiste » déjà avant et près la Seconde Guerre Mondiale. La Hongrie resta fidèle
à l’alliance allemande, qui était pour elle une protection
contre le « communisme » qu’elle avait subie, jusqu’à
l’écroulement. A l’entrée de l’Armée Rouge, en revanche, deux cent cinquante mille Juifs (250.000 !) accueillirent comme leur Messie les « libérateurs » envoyés par Staline, qui leur redonnaient le pouvoir absolu de 1919, sous la direction de Rakosi. Les dits frères Tharaud ont évoqué une terreur similaire, à la même époque, à celle de Bela Kun, en Autriche, dans le livre « Vienne la Rouge »(1934) Leur présent livre s’intitule : "Quand Israël est Roi" ; ils ont aussi écrit un « Quand Israël n’est plus Roi », sur l’Allemagne où il y avait eu aussi la dictature communiste de Bavière avec Gustav Landauer (né à Karlsruhe en 1870 et fusillé le 1er mai 1919, lors du retour des troupes allemandes ) manipulée par la Russie, avec des agitateurs juifs bien sélectionnés par Lénine, venus de Saint Petersbourg et des Pays Baltes. Les deux auteurs français ont décrit également la Palestine occupée par l’Anglo-sionisme et le mandat français en Syrie-Liban, dans « Le Chemin de Damas » Paris, Plon, 1923, 289pp « L’An Prochain à Jérusalem ! » (1924, 303pp ), « La Rose de Sâron », « Alerte en Syrie » (1937, 244pp). Leur « Petite Histoire des Juifs » de 1927,(282pp), parue chez Plon, à Paris, contient aussi plusieurs pages dénonciatrices de l’utopie messianiste et du crime fanatique de la colonisation sioniste. Le livre « Alerte en Syrie » évoque la figure du résistant palestinien et co-fondateur du Haut-Comité arabe de Résistance Hadj Amin El Husseini(1895-1974) « le chef du parti nationaliste musulman le plus influent en Palestine » (op.cit.p.132) ,et ils évoquent aussi, par contraste, le Abbas de l’époque qui s’illusionnait d’un accommodement avec le Sionisme spoliateur, à savoir l’ancien maire de Jérusalem : « M. Nachachibi accepterait assez volontiers la division du pays en deux zones,la région côtière réservée aux Juifs, et l’arrière-pays réservé aux Arabes, à condition que la Palestine musulmane fût réunie à la Transjordanie sous le sceptre de l’Emir Abdallah. Conception qui a le défaut de soulever autant d’indignation chez les Juifs que chez les Arabes,et qui n’a pour elle, je crois, que M. Nachachibi lui-même,l’Emir (qui, lui, ajouterait volontiers la Syrie à ce royaume palestino-jordanien) et aussi le Foreign Office (op.cit. p.139) » Voici le chapitre consacré par les frères Tharaud au dictateur de Hongrie et membre également de la franc-maçonnerie, Bela Kun (Cohen ou Kohn). Ce Bela Kun était né en 1886 en Transylvanie hongroise , à Szilagycseh, fils de notaire de village et fut déserteur de l’armée autrichienne, endoctriné au bolchevisme dans son camp de prisonnier ; entré dans l’Armée rouge, familier de Lénine, il fonda à Moscou le parti communiste hongrois. A la chute de son gouvernement terroriste qui dura un semestre, Bela Kun se réfugia en Autriche où il fut protégé par ses liens maçonniques et retourné en Russie,il paye et fomente les agitations en Allemagne et en Autriche, puis disparaîtra un jour condamné pour escroquerie, en URSS, dans le goulag de Staline au temps des « purges » de 1937, mais certains parlent de 1939.! L’on notera aussi la présence d’un patronyme « Keri », agitateur venu de Galicie, qui est identique à celui du candidat démocrate aux élections présidentielles américaines !Le monde est petit !: « La tête ronde,complètement rasée, de vastes oreilles pointues, les yeux gros et saillants, le nez court, les lèvres énormes, une bouche largement fendue, pas de menton, l’air d’un lézard, tel apparaît Bela Kun. Au moral, un petit employé juif, débrouillard et rusé,comme on en voit des milliers à Budapest. C’était, avant la guerre, un journaliste obscur qu’on avait vu passer, ça et là, dans les salles de rédaction, faisant d’infimes reportages et qui avait un jour disparu On le retrouve en province, à Koloszvar, dans les fonctions de secrétaire d’une mutualité ouvrière. Accusé d’avoir détourné une petite somme de la caisse,ses camarades l’avaient chassé de ce poste de confiance, et on allait instruire son procès lorsque la guerre éclata. Avec son régiment il partit pour les Carpathes, où il fut fait prisonnier au cours de l’année 1916. On l’envoya en Sibérie, au camp de détention de Tomsk.Il y apprit le russe,et quelque temps après la révolution de Kerensky, il se lia d’amitié avec le fameux propagandiste Radek, de son vrai nom Sobelsohn, aujoud’hui gros personnage du ministère des Affaires Étrangères à Moscou, et qui alors était chargé de la propagande bolcheviste parmi les prisonniers. Bela Kun fonda avec lui et un autre Juif (qui se faisait appeler Ernest Por) une revue hebdomadaire, "Le Socialiste international ", rédigé en hongrois, et pour laquelle ils recevaient à titre de subventions une somme de vingt mille roubles. Un peu plus tard, quand les armées allemandes,pénétrant profondément en Russie,parurent mettre en péril le gouvernement des Soviets, Kun proposa de former avec des prisonniers un bataillon international, pour l’organisation duquel il toucha encore trente mille roubles. Trente volontaires seulement répondirent à son appel : vingt deux décampèrent sitôt qu’ils eurent en poche leurs primes de 150 roubles. Avec les huit hommes qui restaient, Bela Kun et Ernest Por marchèrent à la frontière, mais au bout de trois jours, ils rentraient à Petrograd. Là, Bela Kun devint rapidement un des familiers de Lénine. On le voit en 1918, fonder à Moscou le Congrès des prisonniers de guerre et toucher 46.000 roubles pour payer les frais généraux. Mais sans doute, une fois encore, ces comptes ne furent pas très corrects, car en pleine séance les camarades le traitèrent d’escroc. C’est à ce congrès que fut voté la création d’un cours d’agitateurs. Ce cours durait quatre semaines ; chaque auditeur recevait cinquante roubles par jour et sa nourriture en plus. Bela Kun et Perlstein mirent la haute main sur cet enseignement d’une importance capitale dans la pensée de Lénine. Successivement, ils fondèrent un groupe hongrois, un groupe roumain avec Pascariu à sa tête, un groupe français avec le capitaine Sadoul, un groupe tchèque, un groupe allemand, un groupe finnois etc. auxquels Bela Kun remettait soixante mille roubles de subvention pour chacun. En même temps, il s’occupait de la Fédération des troupes communistes étrangères, dont il était le président, et qui avait pour but le racolage des soldats. Je ne sais s’il faut attribuer la réussite de Bela Kun à ses talents d’orateur (qui étaient fort médiocres) ou seulement au désir qu’avaient de pauvres diables de s’assurer, dans leur misère, des conditions de vie un peu plus favorables, le certain c’est que les Magyars furent de tous les prisonniers ceux qui entrèrent le plus volontiers au service de l’armée rouge .On raconte même que plusieurs fois, dans des circonstances critiques, les bolchevistes hongrois sauvèrent le régime des Soviets. Quelques semaines après la révolution de Karolyi, Bela Kun, sous le nom de Major Sebstyen, rentrait à Budapest, avec un groupe de médecins et d’infirmiers. Il avait reçu à son départ, une somme de trois-cent mille roubles, pour commencer l’agitation communiste en Hongrie. La Croix-Rouge russe de Vienne devait lui fournir de l’argent au fur et à mesure de ses besoins. De son aveu, ces douze millions de roubles qu’il toucha, de novembre 1918 à mars 1919, où s’établit en Hongrie la dictature du prolétariat. Il eut d’abord peu de succès. Son journal « Le Journal Rouge » effrayait moins les gens paisibles qu’il ne les amusait par des violences du genre de celles-ci : « il ne suffit pas de tuer les bourgeois, il faut encore les mettre en pièce. » Les réunions strictement privées, où il exposait les méthodes de la Révolution russe, n’attiraient que quelques intellectuels, étudiants et étudiantes, israélites pour la plupart. Les syndicats ouvriers lui étaient franchement hostiles. Et même parmi les soldats, où le régime des Conseils, aidés d’ « hommes de confiance » s’était déjà substitué à l’ancienne hiérarchie, il était mal accueilli, comme le prouve l’échauffourée du 1er janvier 1919. Ce jour là, à la tête d’une bande d’environ six cents individus composés de sans –travail, de démobilisés, de forçats en rupture de ban et de prisonniers russes, il envahit la cour d’une caserne et harangue les hommes qui s’étaient mis curieusement aux fenêtres. D’une chambrée partit un coup de feu. Ce fut aussitôt le signal d’une assez vive fusillade entre soldats et communistes. Bela Kun abandonna la place et se rendit alors dans une autre caserne,où son échec fut plus piteux encore. Les soldats l’enfermèrent dans le poste de police. Vainement, pour le délivrer, ses partisans essayèrent de forcer l’entrée de la caserne. Il ne fut remis en liberté que sur l’intervention de son coreligionnaire,le dr. Josef Pogany. Ce Pogany, qui s’attribuait le tire de président de Soviets de soldats,était le même personnage qui, le soir du 30 octobre, avait pris la tête de la petite troupe qui assassina le comte Tisza. C’était le fils du laveur de cadavres d’une synagogue de Pest. Il avait suivi les cours de l’Université, et reçu le grade de docteur- ce qui ne laissait pas de surprendre, quand on voyait ses allures de boucher et sa figure brutale,où deux yeux mal éveillés avaient peine à se faire jour dans la graisse. Féru de succès dramatiques, il était l’auteur d’une pièce, refusée d’ailleurs partout, intitulée « Napoléon »,dans laquelle il montrait un Empereur pacifiste, nourrissant dans son coeur des rêves idylliques de vie à la campagne, mais toujours contraint à la guerre par une fatalité malheureuse. Pareil à ces cabotins qui, pour avoir un jour tenu sur les planches d’un théâtre le rôle du Petit Caporal continuent dans la vie à se croire l’Empereur, le dr. Josef Pogany, la main gauche dans son gilet, et la droite derrière le dos, l’oeil plissé comme s’il regardait au loin dans une lunette imaginaire les charges d’Austerlitz, posait à l’homme légendaire, et dans les salles de rédaction ses camarades juifs se montraient, en riant, ce Napoléon de ghetto. Lorsqu’éclata la guerre, il se débrouilla comme il put pour être exempté du service (ce fanatique du dieu des combats n’aimant dans l’Empereur qu’un petit bourgeois débonnaire). Il collaborait alors au journal socialiste « La Voix du Peuple ».Chaque grand quotidien de Budapest était autorisé par le Ministre de la Guerre à conserver les rédacteurs estimés indispensables .Mais le directeur de la « Voix du Peuple » ne jugea pas indispensables les services de Pogany, qui se rabattit sur une feuille d’allure bourgeoisie et modéré. Grâce au comte Tisza, il obtint l’autorisation de rester au journal « Le Soir ». Durant toute la guerre, il se distingua par l’ardeur de son patriotisme verbeux et sa servilité envers le moindre sous-lieutenant, toutes les fois que d’aventure il allait faire un reportage sur le front. Ses camarades se souviennent encore d’un certain toast qu’il prononça lors du passage à Budapest du général Böhmermoli, exécré des Hongrois qui l’accusaient le les choisir toujours, de préférence aux Autrichiens, pour les envoyer à la mort. Aucun journaliste de Pest n’ayant voulu prononcer un discours en son honneur, ce fut Pogany qui s’en chargea. Au moment de la débâcle, il se trouva aussi à l’aise pour insulter les officiers qu’il était empressé naguère à les couvrir de louanges. Le même instinct bizarre qui le poussait à faire de sa personne une caricature abjecte de Napoléon, l’entraînait invinciblement vers les gens et les choses de l’armée. C’est pour plaire aux soldats, en satisfaisant leurs rancunes contre l’ancien premier ministre, qu’il prit sur lui d’assassiner Tisza, avec le même zèle qu’il célébrait Böhmermoli. Ce crime lui avait valu une sorte de prestige ignoble ; et le gouvernement de Karoyi lui témoignait à la fois de la reconnaissance et du dégoût, pour l’avoir délivré de son plus redoutable adversaire. Quinze jours après l’affaire manquée de la caserne Marie-Thérèse, Bela Kun remporta son premier grand succès dans le centre minier de Salgotaryan, à la lisière des Carpathes , où il avait des parents. La population ouvrière, excitée par ses harangues, pilla la ville pendant trois jours. De retour à Budapest, il entraîne sa petite troupe de sans-travail et de démobilisés à l’assaut des imprimeries de deux journaux bourgeois. Ici encore succès complet : toutes les machines sont cassées. Karolyi demanda alors au chef de la mission militaire de faire venir à Budapest quelques régiments français, pour maintenir l’ordre dans la ville. Le lieutenant-colonel Vix, qui avait reçu récemment une pierre dans sa voiture,lui répondit en l’invitant à arrêter Bela Kun. » Rendez-nous le service de l’arrêter vous-même », répliqua le comte Karolyi. A quoi le colonel objecta qu’il n’était pas chargé de la police de la ville. Mais à quelques jours de là, l’occasion s’offrit au Président de la République hongroise de faire l’acte d’énergie devant lequel il hésitait. Au sortir d’une de leurs réunions, les sans-travail s’étant porté à l’attaque de la « Voix du Peuple », l’organe des Social-démocrates, il fit marcher la police, avec l’appui de Garami, ministre du Commerce et directeur du journal. Ce fut un vrai combat. Huit agents tués, d’autre blessés. Bela Kun eut beau protester qu’il n’était pour rien dans la bagarre, et que toute la responsabilité en retombait sur le chef du syndicat des sans- travail, il n’en fut pas moins emprisonné,et si rudement passé à tabac par les agents de police désireux de venger leurs camarades, qu’on dut le mener à l’hôpital. Le lendemain,plusieurs milliers d’ouvriers, portant leur chapeau et sur leurs bannières corporatives des numéros du journal outragé,organisèrent une manifestation en masse contre les communistes,qu’ils traitaient de déments et de voyous irresponsables. Mais dans la presse israélite, on représentait Bela Kun comme un martyr, un nouveau Christ et au Gouvernement même deux ministres juifs bolchevisants, prenaient énergiquement la défense de leurs coreligionnaires brutalisés par la police .Ainsi voit-on tous les jours, sur la frontière galicienne, un juif de Hongrie,apercevant entre les mains des gendarmes quelqu’un de ses frères de Pologne arrivé sans papiers,voler à son secours et le tirer d’affaire avec ce pieux mensonge : je le connais,c’est mon parent,c’est mon hôte. Lâchez-le, je le recevrez chez moi. » L’un de ces ministres bolchevistes était le ministre de la Guerre, Guillaume Böhm, ancien représentant d’une fabrique de machines à coudre et l’un des principaux chefs du syndicat des métallurgistes ;l’autre,Sigismond Kunfi, ministre de l’Instruction publique, le docteur Sigismond Kunf, de son vrai nom Künstätdter, avait abjuré le judaïsme pour la religion protestante,plus propre à favoriser sa carrière universitaire. l enseigna quelques années au lycée de Temesvar ;mais ayant adhéré au parti socialiste, il fut mis en demeure par le comte Apponyi,ministre de l’Instruction publique, de choisir entre l’Université et ses idées politiques. Avec éclat, il donna sa démission et vint à Budapest grossir le nombre des journalistes juifs qui pullulent dans la ville. Sa culture et son esprit l’élevait fort au-dessus de ce médiocre milieu. Mais la crainte maladive de paraître enlisé dans les petites opinions bourgeoises où il avait été élevées le poussait vers les opinions extrêmes.
La seule pensée de se sentir en arrière d’un homme ou d’une idée lui était insupportable,et ses yeux qui louchaient dans une figure qui d’ailleurs ne manquait pas de finesse, semblaient toujours épier de deux côtés à la fois si quelqu’un ou quelque chose ne l’avait pas dépassé. Avec cela très jouisseur,et de tous les ministres celui qui se carrait dans son automobile avec le plus de fatuité désinvolte.
Böhm et Kinfi allèrent dans la maison d’arrêt visiter Bela Kun et les autres chefs communistes incarcérés,Laszlo,Corvin-Klein, Rabinovitz,etc. israélites eux aussi. Ils firent nommer des camarades à le direction de la prison, en sorte que les détenus s’y trouvaient en fait les maîtres,pouvaient librement communiquer avec leurs amis du dehors,et prenaient, dans leur soi-disant cachot,cet air de héros malheureux,qui plaît toujours beaucoup à l’imagination populaire.
Les imprimeurs, les typographes, le syndicat des cheminots et celui des métallurgistes, deux-mille ouvriers qui travaillaient aux usines de munition de Csepel dans la banlieue de Pest, s’organisaient en Soviet. Dans les casernes, Josef Pogany continuait sa propagande,chassé du bâtiment où ils étaient logé, les officiers de troupe, et décidait qu’à l’avenir les régiments choisiraient leurs chefs. On voyait des soldats déambuler en grands nombre avec des rubans rouges,une tête de mort à leur casquette. D’immenses cortèges de chômeurs parcouraient la ville en chantant des hymnes révolutionnaires. On distribuait ouvertement dans les rues et les tramways des brochures communistes. Les étudiants antisémites étaient expulsés de la salle où ils tenaient leur séance, et contraints de défiler entre deux rangs de matelots qui giflaient au passage ceux qui ne se découvraient pas. Enfin, pour contre-balancer l’arrestation de Bela Kun et de ses compagnons, le Gouvernement donnait l’ordre d’opérer des perquisitions chez tous les gens suspects d’esprit contre –révolutionnaire,et faisait jeter en prison un général et un évêque. Pendant ce temps, les troupes roumaines ,serbes, tchécoslovaques, pénétraient tujours plus avant sur le territoire hongrois. Karolyi représentait vivement au lieutenant colonel Vix que si cette invasion continuait, elle rendrait inévitable le triomphe du bolchevisme en jetant les patriotes magyars aux solutions désespérées. Mais au lieu d’envoyer des régiments à Budapest et d’y rétablir le calme,l’Etat-Major français de Belgrade faisait rentrer de Bude où il était caserné, le détachement des spahis marocains venu, il y avait quielques semaines pour arrêter Mackenzen. Et presque en même temps,Vix recevait l’ordre de communiquer au président de la République Hongroise une note du conseil suprême autorisan les Roumains à s’avancer d’environ cent kilomètres en Hongrie. Sans aller jusqu’à penser que cette décision de l’Entente pût déchaîner le bolchevisme, le colonel sentait bien qu’elle était inopportune. Il hésistait à la transmettre, essayait de gagner du temps,parlementait avec Belgrade et demandait,à tout le moins, que l’on confiât à un autre,qu’à lui le soin de faire connaître aux Hongrois une modification si profonde du texte dont il était chargé d’assurer l’exécution. En attendant, ces paroles dilatoires ne donnaient guère de réconfort au Président de la République hongroise.Karolyi en était réduit à épier dans le ciel,du haut de son palais de Bude,les sines annonciateurs d’un cataclysme universel,où la Hongrie pourrait trouver quelque chance de salut. Un jeune juif qu’il avait envoyé à Berne en mission,entretenait dans son imagination cette sorte d’espoir messianique.IL s’appelait Keri, de son vrai nom Krammer.Ce n’était pas une vieille perruque dans le genre de Diener Denes, ni comme Pogany, un grotesaue méchant. C’était le type, si commun en Israël, du faux talent qui aveugle comme l’entrée d’un cinéma. Un de ces compagnons de jeunesse,qui subit longtemps son prestige,m’a rapporté sur luiquelques traits assez frappants. Comme ses origines lui semblaient trop peu reluisantes (juif et fils d’un marchant de graisse et d’huile) Keri faisait circuler la fable que sa grand-mère avait été la maîtresse de Petöfi, le grand poète madgyar,tombé à Segesvar dans la guerre de l’Indépendance,et qu’il avait du sang de ce héros dans les veines. Il se vantait aussi, par un baroque point d’honneur, d’avoir des vices monstrueux ou des perversités dégradantes. Et d’ailleurs ce n’était pas là imagination toute pure.Il ne pouvait approcher,paraît-il, un femme jolie, ou seulment bien habillée,sans essyer de la salir ou de cracher dessus. A ses yeux, le besoin d’argent justifiait les pires bassesses.Il empruntait à tout le monde, à des gens qu’il connaissait depuis cinq minutes à peine,à tous les garçons de café et de salles de rédaction.Au reste assez cultivé,avec un goût du romanesque qui lui avait fait choisir pour se loger, les restes d’un vieux cloître perdu dans l’île Marguerite, un des endroits les plus plaisants de Pest,sur lequel flotte le souvenir de la sainte reine de Hongrie. Une nonchalance souveraine lui paraissait une élégance indispensable de l’esprit et l’un de ses bonheurs,c’était de jeter dans l’angoisse le directeur de son journal par les retards qu’il mettait à lui envoyer sa copie.L’insolence du ton et la satisfaction de contredire et de déplaire complèter cette physionomie de littérateur dandy vers laquelle il s’évertuait.On le voyait par exemple, élever l’Allemagne aux nues, mais si son interlocuteur avait la fâcheuse idée d’entrer dans son opinion,changeant aussitôt de point de vue, il dépeignait une Teutonie qui n’était que platitude,balourdise et brutalité. Tantôt il traînait dans la boue l’aristocratie magyare,tantôt il célébrait en elle une élégance raffinée, qui conservait, disait-il, dans le monde, des germes de pourriture précieux. Et dans tous ces bavardages, qu’il écrivît ou qu’il parlât, il apportait un curieux don de grossir, de déformer,de passionner toute chose au grè de la fantaisie la plus insincère, mais qui semblait à son public ingénu un intéressant effet de la nature et de l’art. Uu tel homme était bien fait pour éblouir Karolyi.Pendant longtemps, Keri avait tourné autour du magnat naïf et prodigue pour tirer de lui quelque argent.Un jour enfin, il avait réussi à se faire envoyer à Berne avec une mission bien payée. Superbement vêtu, logé dans le meilleur hôtel,il menait la vie de grand seigneur qu’il rêvait, en compagnie de bon nombre de ses coreligionnaires. Ce qui faisait dire à un magnat : « Aujourd’hui les juifs vivent comme des comtes,et nous, nous vivons comme des juifs ».Pour justifier sa mission et entretenir son patron dans ses idées illusoires, il lui adressait des rapports d’une truculente fantaisie sur la situation de l’Europe et de la France en particulier. Dans une forme brillanteet vide, il lui montrait les tourbillons bolchvistes entraînant le monde dans leur vertige ; il amusait son esprit de mirages apocalyptiques,nés de la fumée d’un cigare et des vapeurs d’un bon repas ;et quand il était à bout d’inventions et d’arguments,il recourait à ces mots décisifs : « c’est un fait établi par l’histoire. », formule qui revenait si souvent dans ses propos que ses amis ne l’abordaient qu’en le saluant par cette phrase dont ils avaient fait une scie. Keri revint à Budapest, et ses conversations,plus encore que ses lettres, persuadèrent Karolyi, qu’un étincelle sufirait à embraser l’Europe, et que, nouvel Attila, il tenait dans ses mains, par la menace du fléau bolcheviste, le sort de l’Occident tout entier.Dans le même temps, le bruit courait qu’une armée russe s’avançait vers le Carpathes au secours du communisme hongrois. Un mémoire du colonel Stromfeld, futur commandant de l’armée rouge, présentait à Karolyi ses rumeurs comme des faits véridiques, et ces Russes fantômes comme un force que rien ne pouvait plus arrêter.Et le comique, c’est que, de leur côté,les bolchevistes russes répandaient, au milieu de leur population affamée,la nouvelle que les Magyars s’avançaient vers la Russie, poussnat devant eux, pour la ravitaller, d’immenses troupeaux de cochons ! Juste à ce moment, le colone Vix reçut l’ordre de remettre sans délai, sous la forme d’un ultimatum exécutable dans les dix jours, la fameuses notes dont il appréhendait les suites et qu’il aaurait tant souhaiter ajourner encore quelque temps. L’ordre était catégorique. Il n’avait qu’à obéir.Le 20 mars, il se rendit donc au Palais Royal de Bude pour porter son message au Président de la République hongroise.Dès qu’il en eûr pris cnnaissance, Karolyi convoqua tous les ministres,en présence du colonel Vix, pour leur demander leur avis. Ils déclarèrent à l’unanimité ne pouvoir prendre sur eux de souscrire à des conditions qui préjugeaient d’une paix inacceptable pour leur pays .Quelques uns même,Böhm en particulier, s’exprimèrent si violemment que le colonel dut déclarer qu’il était là pour présenter un ordre et ,non pas engager des discussions. Et il se retira, laissant le Président et ses ministres à leur délibération. Queles furent alors les sentiments de Michel Karolyi ? Certainement un désespoir sincère de voir s’évanouir sa dernière espérance de conserver dans ses frontières anciennes, la Hongrie millénaire ; et certainement aussi une rancune personnelle à l’égard des Alliés qui, disait-il,l’avaient trahi et le récompensaient bien mal de la paix séparée qu’il avait faite et du désarmement vontaire de son paix. Mais ce n’est pas forcer,la psychologie du personnage d’imaginer que dans ce désarroi, il dut connaître une sorte d’ivresse, car cette fois il se trouvait bien devant un de ces événements tragiques,inattendus,dont il parlait jadis à la comtesse Teleky et qui faisait pour lui tout le prix de la vie... L’Entente le lâchait ! Il allait lui monter ce qu’il pouvait contre elle à son tour, en déchaînant sur le monde un bolchevisme dont l’Europe entière crèverait- ce sont ses propres paroles. Il y avait en lui la fureur du paysan de la fable hongroise, qui,debout sur le seuil de sa maison,voit une tempête de grêle s’abattre sur sa vigne,détruisant tout l’espoir de la récolte. Silencieux,calme en apparence, mais le coeur rempli de colère, il contemple la bourrasque. Puis l’orage passé, il murmure : « Maintenant regarde, Bon Dieu, ce que moi aussi je sais faire ! »Il prend sa hache,sort de chez lui,s’élance dans sa vigne,cogne ne aveugle à droite, à gauche,et saccage en quelques minutes ce que l’orage avait laissé ...Ainsi Karolyi s’écriait : « Maintenant l’Europe va voir ce que moi aussi, je sais faire ! »Il allait décrocher la hache, faire sortir de la prison Bela Kun et ses amis, leur remettre le pouvoir et massacrer, comme un dément,ce qui restait de la Hongrie. Mais les Juifs,qui l’avaient soutenu jusque là (car dans cette Hongrie féodale, même pour faire une révolution, il faut toujours le grand nom d’un magnat),les Juifs ne lui laissèrent pas même la satisfaction amère de faire délibérément le geste du paysan hongrois. La révolution bolcheviste du 20 mars, comme naguère celle du 30 octobre qui l’avait porté au pouvoir,se passa presque sans lui,et cette fois encore sur l’initiative d’une poignée d’israélites audacieux. Dans la journée, tous les ministres avaient démissionné, les uns pour ne pas souscrire au démembrement de la Hongrie, les autres parce qu’ils sentaient l’heure venue de faire triompher les idées pour lesquelles ils travaillaient depuis longtemps en secret. Assurés maintenant d’entraîner,à la faveur de l’indignation patriotique la masse jusqu’ici récalcitrante des ouvriers socialistes Böhm et Kunfi allant retrouver dans sa prison Bela Kun et arrêtèrent avec lui les dernières mesures à prendre pour établir à Budapest, la République des Conseils. Toute la nuit, les autos de l’armée, dont disposait Pogany, parcoururent les faubourgs pour convoquer les membres des Soviets d’ouvriers et de soldats. Au matin, l‘assemblée proclamait la dictature du prolétariat hongrois. Aussitôt Kunfi et Keri, quittant la réunion,se rendirent chez Karolyi pour lui porter cette nouvelle et lui demander sa démission. Mais au moment de quitter ce pouvoir qu’il avait tant désiré, l’ambitieux magnat hésitait. Kunfi craignit même un instant qu’il se rendît au Conseil pour faire revenir les Soviets sur la décision qu’ils avaient prise. Alors, de son ton péremptoire, Keri lui représenta que la ville toute entière était acquise au bolchevisme et qu’il devait quitter la place.On croit entendre son discours, ses phrases favorites : « C’est un fait établi..toute l’histoire nous enseigne... » et quel plaisir pour un Keri d’humilier le grand seigneur dont hier encore, il quémandait les prébendes ! Etourdi sinon convaincu, Karolyi finit par répondre : »Soit, faites ce que vous voudrez ! ».Les deux hommes passèrent dans la pièce voisine et rédigèrent la proclamation qui suit :
« Au peuple hongrois, « Le Gouvernement a démissionné. Ceux qui jusqu’ici ont tenu le pouvoir par la volonté du peuple et avec l’appui du prolétariat se rendent compte que la force des événements réclame une nouvelle ligne de conduite .La production ne peut être assurée que si le prolétariat prend la direction des affaires. L’état économique est critique, la situation extérieure ne l’est pas moins. La Conférence de la Paix de Paris a pris en secret la décision d’occuper militairement la presque totalité du territoire hongrois. La mission militaire interalliée a déclaré qu’à partir d’aujourd’hui la ligne de démarcation devait être considérée comme une frontière politique. (ce que démentit le colonel Vix).Le but évident d’une telle opération est de faire de notre pays une base stratégique contre l’armée des Soviets russes qui combat sur la frontière de Roumanie. Le territoire qui nous est dérobé doit être le salaire des troupes roumaines et tchèques,avec lesquelles ont veut abattre les forces de la Révolution. Moi, Président provisoire de la République populaire hongroise, en face de cette décision de la Conférence de Paris,je m’adresse au prolétariat du monde pour obtenir aide et justice. Je démissionne et je remets le pouvoir au prolétariat du peuple de Hongrie. » Quand ils eurent achevé de rédiger ce manifeste,Keri et Kunfi vinrent retrouver Karolyi.Il avait près de lui ses deux secrétaires particuliers, Simonyi et Oscar Gellert,israélites l’un et l’autre. Nonchalance de grand seigneur, scrupule de conscience ou suprême regret du pouvoir, il n’apposa pas lui-même sa signature au bas du document. Simonyi le signa pour lui. Et ce furent ces quatre juifs qui mirent fin à la République hongroise et étouffèrent les derniers soubresauts de l’ambition du magnat. A peine Keri et Kunfi étaient-ils sortis du palais, que l’ancien Président de la République hongroise voulut retirer sa démission. Top tard ! Les choses avaient été rapidement menées. Sa proclamation au peuple était déjà connue des soviets et on l’avait communiquée au monde entier par radio. Une heure après, Bela Kun et ses amis quittaient triomphalement la prison. Ce fut seulement le lendemain matin- car depuis quarante huit heures les journaux ne paraissaient plus- que la population de Budapest apprit ce qui s’était passé. Sur tous les murs, des placards rouges annonçaient la démission de Karolyi et la dictature du prolétariat. D’autres décrétaient l’état de siège,défendaient les rassemblements, ordonnaient la fermeture immédiate de tous les magasins, dont on allait dresser l’inventaire,à l’exception des boutiques de denrées alimentaires, des marchands de tabac ,des papetiers, des pharmaciens, des droguistes et des bandagistes !D’autres encore interdisaient la vente de l’alcool. Et comme refrain à tout cela :peine de mort, exécution sur-le-champ. Stupéfaits de cette révolution plus rapide encore que la première,et qui les inquiétait davantage, les passants s’arrêtaient une seconde, parcouraient des yeux ces affiches et filaient rapidement sans échanger de réflexion. Devant les banques et les édifices publics,seuls quelques gardes rouges qui n’avaient de militaire qu’un brassard et un fusil, donnaient une physionomie un peu singulière à la rue. Mais déjà les conducteurs de tramway vous appelaient « camarades », ce qui ne manquait pas de sonner étrangement dans ce pays où le respect du titre et du rang social est, pour ainsi dire,congénital, et où la veille encore,on vous donnait du Monseigneur à tout le moins de l’Excellence,si l’on savait être arrogant et distribuer de généreux pourboires. Passant dans le même quart d’heure du régime de la prison au gouvernement de l’Etat, Bela Kun et ses amis installaient à la place de l’ancien Cabinet, un Conseil exécutif, dont les membres prenaient le nom de Commissaires du peuple. Bela Kun en donna la présidence à Alexandre Garbaï,personnage tout à fait obscur,mais qui avait à ses yeux l’avantage d’être chrétien et de masquer le caractère sémitique de ce gouvernement communiste. Sur vingt-six Commissaires, dix-huit en effet étaient juifs. Chiffre inouï si l’on songe qu’en Hongrie il n’y avait que quinze cent mille israélites sur vingt et un millions d’habitants .Ces dix-huit personnages prirent en main la direction du gouvernement bolchevique ; les autres n’étaient que des comparses, et l’on disait plaisamment à Budapest qu’ils ne figuraient au conseil de la République juive que pour expédier les ordres le saint jour du Sabbat – en tout cela pareils à ces domestiques chrétiens, qui du Vendredi au Samedi, font dans les maisons d’Israël les besognes domestiques que la loi de Moïse interdit ce jour là. Bela Kun s’était contenté du titre de Commissaire aux Affaires Etrangères. Rouerie naïve qui ne trompait personne. Après la dynastie d’Arpad, après saint Etienne et ses fils, après les Anjou, les Hunyade et les Habsbourg, il y avait aujourd’hui un roi d’Israël en Hongrie. (Jérôme et Jean Tharaud,”Quand Israël est Roi » Paris, Plon, 1921, 291pp. Chapitre VIII, » Bela Kun »,p.171-198)
« Les Sages de Sion » en Hongrie. A l’Université,la plupart des professeurs avaient été expulsés. On les remplaça par de jeunes Juifs,dont beaucoup venaient de passer leurs examens.Les facultés de droit et de théologie, qui ne répondaient plus à rien, furent naturellement suprimées. Quant au système des examens, on l’abolit pour la raison qu’il entraînait une inégalité tout à fait incompatible avec l’esprit moderne. Dans les lycées, dans les écoles, professeurs et instituteurs durent suivre pendant quatre semaines un cours d’instruction bolcheviste. Après quoi, les camarades instructeurs (comme on les nommait maintenant) étaient autorisés à reprendre leur fonction. Dans chaque école, un directoire composé de dix élèves veillait à la pureté de l’enseignement communiste, proposait aux Soviets les révocations nécessaires, on signalait au tribunal, comme empoisonneurs de la jeunesse, les maîtres qui avaient prononcé quelque parole imprudente. Le latin et le grec avaient été rayés des programmes, et les livres classiques de la société Saint-Etienne envoyés au pilon. D’instruction religieuse, il n’était naturellement plus question ; et comme une théorie à la mode attribuait les principaux maux dont souffrait la famille, à l’ignorance où les enfants étaient laissés des rapports entre les sexes, on institua pour les garçons et les filles, des cours d’hygiène qui donnèrent lieu à des exhibitions scandaleuses, tantôt dans les hôpitaux, tantôt dans de soi-disant musées d’art plastique, tantôt au cinéma, le tout accompagné de discours sur l’amour libre. Officiellement toutefois, le bolchevisme se défendit de vouloir rien entreprendre contre l’exercice des cultes et la liberté de conscience. Les Juifs de la république soviétique n’entendaient pas être accusés de mener contre le christianisme une guerre de religion. Ce n’était d’ailleurs que prudence dans ce vieux pays où catholiques, luthériens et calvinistes sont très attachés à leur foi. Kunfi, le Commissaire du peuple à l’instruction publique, protesta par décret que le Gouvernement des Conseils laissait à tout le monde la liberté de ses croyances ; que les églises et autres bâtiments religieux ne seraient pas convertis en cinémas, théâtres ou cabarets ; qu’on ne changerait rien au mariage ni à l’organisation familiale et que la République n’avait jamais eu l’intention d’établir la communauté des femmes. Curés, pasteurs et rabbins durent lire à leurs fidèles ce mandement laïque, qui montre bien l’état d’esprit régnant alors en Hongrie,et qu’au regard des plus simples, le bolchevisme, apparaissait comme une volonté de ruiner tout ce que le temps et la vie ont fondé sur la pensée et le sentiment chrétiens. Quelques semaines avaient suffi pour jeter bas, à Budapest, le vieil ordre séculaire. Des gens qui n’éprouvaient ni scrupules ni regrets à sacrifier un monde auquel ils demeuraient profondément étrangers, avaient tout bouleversé pour reconstruire à leur guise. Une Jérusalem nouvelle s’élevait au bord du Danube,sortie du cerveau juif de Karl Marx et bâtie par des mains juives sur de très anciennes pensées. Depuis des siècles et des siècles,à travers tous les désastres, le rêve messianique d’ue cité idéale, où il n’y aura ni riches ni pauvres et où règneront la justice et l’égalité parfaites, n’a jamais cessé de hanter l’imagination d’Israël. Dans leurs ghettos remplis d’une poussière de vieux songes, les Juifs sauvages de Galicie s’obstinent toujours à épier, les soirs de lune, au fond du ciel, quelques signes avant-coureurs de la venue du Messie. Trotzky, Bela Kun et les autres ont repris, à leur tour, le rêve fabuleux .Seulement, las de chercher au ciel ce royaume de Dieu qui n’arrive jamais, ils l’ont fait descendre sur terre. L’expérience a montré que leurs anciens prophètes étaient mieux inspirés en le plaçant dans la nue. (les frères Tharaud, ibidem, p.220) |