-->
No hate. No violence
Races? Only one Human race
United We Stand, Divided We Fall
Know Your enemy!
-No time to waste. Act now!
Tomorrow it will be too late
You are what you know and what you do with what you know -¤- Freedom of Speech - Use it or lose it!

 

 

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L'EXPERIENCE REVOLUTIONNAIRE ALGERIENNE

 

- Vous avez été l'un des fondateurs de la Révolution algérienne, la menant à la victoire, faisant de cette révolution un fait unique en son genre dans notre histoire, dans la mesure où elle a forgé une épopée populaire avec autant de violence et de profondeur que le djihad, réussissant même à battre la pire forme de colonialisme d'implantation connue avant le sionisme en Palestine. Pouvez-vous nous parler des débuts culturels de cette révolution ? Où se situait la zone de fécondité et de fertilité intellectuelles? Comment cette révolution a-t-elle réussi, avec une telle rapidité, à réunir le peuple algérien ? Comment a-t-elle pu remporter la victoire en un temps record, même si elle a dû payer une lourde rançon avec le nombre élevé de martyrs ?

Le ler Novembre 1954 fut le fruit d'une action collective portée par tout un peuple. Plutôt que le terme de fondateur, je trouve plus juste de dire que je fus l'un des dirigeants organisateurs du ler Novembre. Ceci étant précisé, pour le reste de la question, il n'est pas possible de retracer ici l'histoire de la révolution armée, des faits qui la justifièrent ni du cours politique dont elle fut le couronnement. De nombreux livres ont été écrits là-dessus qui n'ont pas épuisé le sujet. Je me contenterai donc ici

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de poser quelques jalons, d'un survol pour l'intelligence générale de ce qui s'est passé.

La révolution du ler novembre 1954 est le point d'orgue d'un long mûrissement politique, l'aboutissement d'un combat qui, de 1926 à 1954, aura duré vingt-huit ans. C'est le courant de pensée né au sein de la branche algérienne de l'Etoile nord-africaine créée en 1926 et animée par Messali Hadj qui prendra la responsabilité historique du ler Novembre. A l'Etoile nordafricaine qui vit le jour en France dans les milieux maghrébins émigrés, succédera, onze ans après, le Parti du peuple algérien, sous la présidence de Messali Hadj, qui transplantera en terre algérienne l'idée de l'indépendance dans les années 1936-1937. Mais l'histoire véritable des débuts de la diffusion de cette idée d'indépendance dans les milieux populaires algériens commence réellement en ce jour historique où Messali Hadj réussit à prendre la parole lors d'un meeting tenu à Alger par le Congrès musulman. Ce Congrès regroupait des élus dits "indigènes" autour de Ferhat Abbas, le Parti communiste et l'Association des oulémas qui, tous, soutenaient des thèses assimilationnistes et réclamaient la citoyenneté française pour les Algériens. Ayant réussi à prendre la parole, ce qu'on lui avait tout d'abord refusé, Messali Hadj, venu le matin même de France, saisissant une poignée de terre, s'écria au micro : "Cette terre n'est pas d vendre !" Ce cri était le cri du coeur de tout un peuple. Un cri surgi du tréfonds de la mémoire collective qui se refusait de continuer à vivre et à mourir à genoux. Cela déclencha alors l'enthousiasme général de l'assistance. Les organisateurs du meeting furent oubliés à leur tribune et Messali Hadj porté en triomphe. La graine de l'idée de l'indépendance avait pris sur le terreau algérien. Le PPA dès lors était né dans les consciences, ce fut véritablement celui de sa naissance.

L'échec des revendications assimilationnistes qui se virent opposer un refus sans appel de la part de la gauche française, venue au pouvoir avec le Front populaire, renforça la position du PPA. La répression ne se fit pas attendre et dès 1937, le PPA fut interdit et ses dirigeants poursuivis. Avec la guerre de 19391940, le gouvernement de Vichy ne fit qu'accentuer la répression, condamnant les responsables du PPA à de lourdes peines de prison et de travaux forcés.

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Le débarquement des troupes alliées en Afrique du Nord en 1942 et la perspective d'une victoire des Alliés créèrent une nouvelle situation politique. Le PPA, durement frappé par l'administration coloniale, redoubla son activité clandestine. Une nouvelle génération de responsables avait remplacé, aux postes de direction, ceux qui étaient en prison. Cette nouvelle génération, mieux armée intellectuellement, faisait preuve d'une grande détermination dans l'organisation du Parti et la réalisation des tâches fixées.

L'efficacité d'organisation du Parti, l'exemplaire courage et la ténacité de ses dirigeants emprisonnés face aux tribunaux d'exception de même que l'apparition d'un nouveau climat politique en Algérie, déterminèrent un bond important de l'idée nationale dans les consciences. Mêmes ceux qui, hier encore, se faisaient les partisans de l'assimilation, en vinrent à accepter, puis à défendre l'idée nationale.

Cette maturation politique se traduit dans les faits par la création, en 1943, de l'association des "Amis du Manifeste". Cette association regroupait, outre le Parti du peuple algérien qui en était l'âme, Ferhat Abbas et ses amis et l'Association des oulémas. L'annonce de la création de cette association suscita un enthousiasme extraordinaire qui, telle une vague de fond, déferla sur le pays. L'indépendance devenait plausible, à portée de la main semblait-il, d'autant que les exploits des soldats nordafricains sur le front d'Italie, puis en France qui composaient en majorité l'armée française, rendaient encore plus juste la revendication d'indépendance.

C'était mal connaître la cupidité et la sauvagerie de l'occupation colonialiste qui, froidement, prépara la riposte. Elle fut des plus sanglantes. A la revendication de justice et de liberté répondit un bain de sang qui fit 45 000 victimes. En ce jour où le peuple français fêtait dans l'euphorie, l'armistice qui marquait la victoire des Alliés, le peuple algérien, sans lequel cette victoire n'eût certainement pas été possible, était assassiné par l'action conjuguée des armées françaises de terre, de l'air et de la marine. Cette date du 8 mai 1945 marque un moment important de l'histoire de l'Algérie.

Désormais, il devenait clair que l'utilisation de moyens violents devenait indispensable pour arracher l'indépendance et

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que l'ère des actions pacifiques était révolue. C'est en tous cas cette conviction qui s'imposa aux éléments les plus lucides et les plus déterminés du PPA. Après les massacres de Sétif, Guelma, Kherrata, Héliopolis, des arrestations furent effectuées, mais le Parti y survécut. Au fond, rien n'avait changé, si ce n'est que l'idée nationale en était sortie consolidée au sein du peuple et qu'une immense colère rentrée attendait son heure pour éclater. Il fallait venger le sang versé.

L'administrateur colonialiste était conscient de l'irréversible rupture et savait que jamais rien de sérieux ne pourrait désormais être entrepris, 45 000 martyrs dressaient une barrière infranchissable. Mais consciente aussi des failles de l'association des "Amis du Manifeste", les autorités coloniales entreprirent une ouverture politique auprès des éléments nationalistes les plus timorés, en particulier Ferhat Abbas et l'Association des oulémas dont les positions politiques avouées ou inavouées, épouseront désormais celles de Ferhat Abbas.

C'est dans ce contexte que Ferhat Abbas se démarqua publiquement des revendications défendues par le PPA et créa l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). Il ira même jusqu'à imputer au PPA la responsabilité indirecte des massacres du 8 mai 1945. pour l'UDMA, la revendication nationale s'inscrit dans le cadre de l'appartenance à une union française, et prône l'utilisation de moyens légaux.

L'administration coloniale ne tardera pas à se rendre compte que malgré ses manoeuvres, la situation politique n'en était pas débloquée pour autant. L'aspiration à l'indépendance était bien trop ancrée dans tous les coeurs et les esprits et, le PPA restait l'incarnation de cette volonté. L'impact de ses mots d'ordre sur les masses était puissant et les coups qui lui avaient été portés, loin de l'affaiblir, l'avaient au contraire revigoré. Les autorités coloniales s'apercevaient que le ralliement de Ferhat Abbas et de Bachir el-Ibrahimi, président de l'Association des oulémas, à des positions plus accommodantes ne résolvait pas le problème; il lui fallait convaincre le PPA d'agir dans la légalité. D'où l'idée de permettre la création d'un mouvement politique à travers lequel le Parti pourrait agir légalement. Dans l'esprit des stratèges colonialistes, il valait mieux avoir affaire à un mouvement agissant au grand jour, en chair et en os, plutôt qu'à une armée de

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fantômes insaisissables contre lesquels toute riposte restait vaine. Les événements du 8 mai 1945 et la terrible répression qui s'en était suivie le confirmaient : le PPA était resté fort. S'il devenait légal, son système nerveux deviendrait apparent, donc plus vulnérable et les coups qui lui seraient portés pourraient être mieux ajustés.

Ce raisonnement était partagé par les éléments les plus lucides du PPA. La légalisation du Parti était un piège même si elle ne comportait pas que des inconvénients. Bien sûr, le Parti pourrait alors faire porter sa voix plus haut et plus loin, ses mots d'ordre, son idéologie seraient mieux diffusés. Mais les risques n'étaient pas négligeables non plus. La répression pouvait, en toute logique, se déclencher à tout moment, les coups portés plus précis pouvaient être mortellement dangereux pour l'existence du Parti. Un fort courant au sein du Parti se dressait résolument contre la légalisation.

La libération de Messali, en résidence surveillée en Afrique, son retour au pays, firent pencher la balance. Messali, pour les raisons exposées plus haut, était partisan de la légalisation. Cependant, les dangers de l'âction légale étant évidents, le congrès du Parti, réuni pour prendre une décision; adopta une position intermédiaire. Un parti légal serait créé sous le nom du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) qui oeuvrerait pour la création d'une Constituante algérienne souveraine, mais corollairement, une Organisation spéciale (OS), clandestine, serait mise sur pied. Cette Organisation spéciale constituerait une garantie pour la survie du Parti et un recours ultime si une action armée s'avérait indispensable. Mohammed Belouizdad, membre du bureau politique et militant unanimement reconnu pour ses profondes qualités morales et intellectuelles sera choisi pour être le premier dirigeant de l'OS. Tombé gravement malade, il sera remplacé par Ait Ahmed mais restera un recours indispensable lorsque des problèmes importants se poseront. Par la suite, je serai désigné à la tête de l'Organisation spéciale. Mais, même après sa mort et bien qu'il ne vécut pas assez longtemps pour voir le déclenchement de la révolution qu'il avait appelée de tous ses voeux, Mohammed Belouizdad restera pour moi, tel un phare. Je

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le considère comme le véritable père de l'acte historique du ler Novembre.

Le parti, sous un nom différent, avec ses deux branches, va poursuivre son action sur deux niveaux : l'un légal, préparant les élections proches ; l'autre clandestin, para-militaire, se préparant à l'action armée. Deux situations vécues différemment, voire opposées quant aux mentalités et à l'état d'esprit, vont y coexister tant bien que mal, non sans difficultés.

Des sensibilités différentes, présentes dans tout mouvement, fut-il révolutionnaire, vont s'y exacerber. L'électoralisme implique une certaine souplesse, une certaine mesure dans les paroles et le comportement qui, à l'occasion, deviennent même compromissions.

Cela deviendra évident après les élections municipales de 1947 avec le raz de marée du MTLD qui rafflera toutes les grandes municipalités du pays. Avec ce succès éclatant, le MTLD confirmait la prépondérance de ses thèses. Le peuple avait répondu positivement à son appel. Mais, à la direction de ces municipalités, le MTLD n'était pas seul ni même majoritaire puisque les 3/Sèmes des élus étaient d'origine européenne, pour la plupart des colons français. Accepter une gestion commune des municipalités avec cette majorité de Français, impliquait d'accepter que de sérieuses limites et contraintes entravent une action qui ne pouvait être réellement efficace. Les risques d'une souplesse trop grande, voire d'un certain laxisme dans les positions des militants, étaient réels. Ils se vérifièrent effectivement à plusieurs occasions, même si la majorité de nos élus resta fidèle à une attitude conforme aux idéaux du parti.

Mais le danger le plus grand était ailleurs. La persistance de l'action dans la voie électorale risquait de renforcer des tendances latentes pour des solutions de compromis. Renforcer aussi l'idée que la solution à la question de l'indépendance pouvait être politique et qu'on pourrait y parvenir par la vertu du bulletin de vote. Dans le même temps, la branche de l'Organisation spéciale qui comptait dans ses rangs une part importante des cadres et des militants du parti ne songeait qu'à se préparer à la solution de force. Deux démarches, censées au départ se compléter, s'opposaient, pour ne pas dire s'affrontaient, au sein du parti. Le succès éclatant des élections municipales renforça le

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courant légaliste électoral ; les contradictions internes s'en trouvèrent renforcées. Alors que les moyens humains et financiers étaient mobilisés en faveur de l'action légale du MTDL, ils étaient attribués chichement à l'Organisation spéciale. Faute de moyens, l'OS était contrainte de rester à l'état embryonnaire.

Les élections à l'Assemblée algérienne fut l'événement qui provoqua une clarification politique au sein du parti. Ces élections, qui suivaient d'une année le scrutin municipal, s'inscrivaient dans la perspective de décrispation entreprise par les autorités coloniales et devaient donner un statut à l'Algérie. Les élections municipales avaient permis à l'administration de prendre le pouls politique de l'Algérie et il s'avérait évident que toute autre élection libre enregistrerait le triomphe du MTDL. Allait-elle laisser faire, ce qui revenait pratiquement à accorder l'indépendance par le bulletin de vote ? Croire cela, c'était oublier que l'Algérie était une colonie, oublier la présence d'un million et demi de français pour la plupart colons, disposant d'un pouvoir considérable, tant sur le plan financier que politique avec un impact considérable sur la vie politique en France même.

Il fallait donc trouver le moyen de barrer le chemin au Mouvement. Le jour des élections, tous les trucages furent employés sans vergogne pour fausser le verdict du vote. Quand la manière douce ne suffisait pas, on utilisait la manière forte. C'est ainsi qu'un grand nombre de candidats présentés par le parti se retrouvèrent sous les verrous, laissant le champ libre aux hommes liges présentés par l'administration coloniale qui, évidemment, furent élus à une écrasante majorité. Pour sauver la face et donner une certaine crédibilité aux élections, on laissa passer tout de même un nombre infime de candidats du parti et de l'UDMA de Ferhat Abbas.

Parachevant cette action, une répression féroce s'abattit sur les membres et les sympathisants du parti. Arrestations, suppressions d'emplois se multiplièrent pour contenir et juguler l'élan jugé trop impétueux du nationalisme le plus radical. Cette répression eut un double effet sur le mouvement. Premièrement

la diminution de ses effectifs qui fondirent rapidement. En effet, avec ses succès électoraux, le parti avait vu ses rangs gonfler d'une manière considérable au détriment de la qualité. La

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répression provoqua la désertion des nombreux adhérents et sympathisants les moins motivés. Deuxièmement : un grave malaise s'installa qui remettait en cause la justesse de la voie électorale.

Le comité central se réunit en 1949 pour analyser cette situation. Il décida alors le renforcement de l'Organisation spéciale, faisant pencher la balance au profit, cette fois, du courant favorable à l'usage de la violence pour répliquer à la violence constituée par le système colonial. De fait, l'Organisation spéciale se trouva considérablement renforcée. L'attaque de la poste d'Oran organisée pour procurer les moyens financiers nécessaires à la lutte armée s'inscrivit dans cette ligne.

Ce n'est qu'en 1950 que les autorités coloniales parvinrent à découvrir l'existence de l'Organisation spéciale. Le cycle infernal de la répression et des tortures systématiques s'abattit sur fOS entraînant des centaines d'arrestations. Un coup sévère fut porté à l'OS avec mon arrestation, mais la majorité de ses membres et de ses dirigeants purent s'y soustraire. La nouvelle situation politique ainsi créée au sein du mouvement conduisit à la dissolution de l'Organisation spéciale et une fois de plus le balancier pencha en faveur des partisans de la voie électorale. Cette dissolution entraîna un malaise au sein du parti. Il est possible que cette organisation para-militaire devait être refondée, peut-être même des erreurs avaient-elles été commises, mais en prendre prétexte pour la dissoudre, cette décision paraissant définitive, était une faute grave. La voie électorale, c'était clair, était totalement bouchée. Les événements qui se dérouleront par la suite le prouveront amplement. Le malaise profond qui s'appesantissait sur le parti ira en s'aggravant.

La nouvelle situation créée en Tunisie et au Maroc accentuera sérieusement ce malaise. Les dirigeants du Destour en Tunisie furent arrêtés, puis le sultan Mohammed V au Maroc fut placé en résidence surveillée à Madagascar. Le parti va finalement traverser une crise qui le divisera au sommet. Un courant important qui prendra le nom de "courant centraliste" s'opposera à Messali Hadj. Messali accusant les "centralistes" d'être des réformistes soutenant une ligne politique de démission face au fait colonial. Les centralistes répliquaient en critiquant les

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cours des révolutions précédentes. Reste le problème de la langue que je situe, pour ma part, dans le cadre que j'ai dessiné à propos des minorités et de leurs droits. Cependant ce problème ne doit pas devenir une pseudo-justification pour s'attaquer à l'arabisme et à l'Islam. La France s'est déjà essayée à ce jeu là, en vain. Elle a échoué dans sa tentative justement à cause de l'attachement inébranlable des Kabyles à l'Islam. Dois-je rappeler que ce sont des confréries soufi de Kabylie qui ont donné de grands résistants révolutionnaires. Le cheikh Ben Haddad qui fut la seconde figure de la révolte d'El Mokrani, mais qui, en fait, fut plus important que El Mokrani, était issu de la confrérie kabyle de la Rahmaniya. Dois-je rappeler aussi que le père de Aït Ahmed dirigeait une confrérie religieuse ? L'héroïne Lalla Khadidja, qui dirigea une insurrection armée en Kabylie dans les années 18561857, appartenait à une confrérie religieuse.

Voilà pourquoi je ne crains pas que l'Islam soit jamais menacé en Kabylie. L'histoire de l'Islam et des Kabyles est une histoire d'épousailles réussies, définitives.

Reste la question de la langue qui doit être placée dans son cadre réel. Les Kabyles peuvent parfaitement étudier le berbère parallèlement à l'arabe ; rien ne s'y oppose. Et surtout pas l'Islam qui respecte de tels droits. On ne peut pas dire, en tout cas, que cette question est une affaire montée de toutes pièces de l'extérieur. S'il est vrai que certains francophones ont joué un certain rôle, il n'en est pas moins vrai que la langue berbère existe bel et bien depuis quatorze siècles.

Il s'agit donc, avant tout, d'un problème de méthode régissant les rapports avec les minorités.


- Au lendemain de l'indépendance, en septembre 1962, l'arabisation était devenue le symbole de la dimension culturelle...

Il a fallu faire face à un premier problème urgent. Il nous fallait trouver des enseignants pour la première rentrée scolaire de l'indépendance, au mois de septembre. J'ai donc demandé aux frères arabes de nous aider. Ils ont répondu à mon appel et nous ont envoyé une armée d'enseignants et le lendemain même, nous entamions la révolution de l'arabisation.

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- Revenons d l'expérience du Parti du peuple. Comment voyez-vous ce parti aujourd'hui ? Comment considérez-vous votre expérience dans ses rangs ?

Je dois dire que je suis encore marqué à ce jour par l'influence de ce parti. La méthode de formation et d'éducation des membres du PPA était supérieure à celle des autres mouvements politiques, y compris du Parti communiste, pourtant réputé pour ses méthodes d'organisation. Le Parti du peuple comptait dans ses rangs les meilleurs éléments du peuple algérien ; des militants sincères et intègres, des hommes prêts à payer de leur personne. Ce parti a forgé ma vie et a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Je regrette qu'il n'y ait eu, à ce jour, aucune étude profonde et sérieuse de l'histoire de ce parti.


- C'est aussi le cas de Messali Hadj, peu d'études ont été faites sur lui?

Contrairement à Ibn Badis et al-Brahimi, les deux pôles de l'assemblée des oulémas qui ont suscité un intérêt grandissant, la personnalité de Messali Hadj a été peu étudiée. Il est pourtant une source de fierté pour tous les Arabes, dans la mesure où il est à lui seul une grande école. L'unique école d'où sont sortis les organisateurs du ler novembre 1954.


- D'où le Parti du peuple algérien a-t-il tiré cette aptitude d l'organisation, l'éducation et l'orientation ?

Il l'a tirée de l'esprit de bataille qui était le nôtre, de la férocité de la confrontation, ainsi que -je le dis sans parti pris pour les Algériens- de leur esprit intransigeant qui a joué un grand rôle. Les Algériens, tout comme jadis les Hachem de la tribu de l'émir Abd el-Kader face à Bugeaud, ont cultivé l'art de la Mimiya, cette poésie qui débute par le Mim, première lettre de la négation et du refus en arabe. "Garde le Mim et le Mim te gardera" dit un vers de la poésie. Le peuple algérien a su garder le Mim et le Mim l'a gardé.

 

 
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